Alors que je travaillais dans mon nouveau bureau du Kakumeigun – et anciennement celui de Kioshi -, un Jonin frappa à la porte entrouverte, m'apprenant ainsi que le Rokudaime voulait me voir. J'arquais un sourcil, cherchant dans ma mémoire ce que j'avais pu faire de mal mais rien ne vient, si bien que, plutôt que d'être suspicieuse de la raison de mon appel : je m'en réjouissais.

Il voulait sûrement s'entretenir avec moi sur l'enquête pour savoir comment elle avançait mais ce que je retenais surtout, c'était que j'allais le voir et cette simple idée me donnait du baume au cœur. Je ne laissais rien paraître devant le porteur de message, me contenant de dire que je finissais la lecture du dossier en cours pour venir : il paraissait qu'il fallait laisser se faire désirer auprès des hommes...

Comme promis, après avoir terminé ce que j'étais en train de faire, je me rendis devant le Palais pour annoncer ma présence à Kioshi auprès des deux Jonins qui gardaient la tente et me laissaient y pénétrer.
Il était assis là, à même le sol, dans une tenue guère différente de ce qu'il avait toujours porté, ne voulant trop en faire depuis son élection, il se montrait modeste pour se rapprocher du peuple. C'était une bonne initiative : les Sunajins avaient besoin de se sentir rassurés et écoutés en cette période de trouble.

« Bonjour... »

Il avait bien meilleur mine qu'il y avait quelques semaines voir quelques jours. Il commençait à se réalimenter normalement et il avait retrouver de son énergie. Son visage était toujours le témoin de sa fatigue et de sa lutte intérieure mais il y avait du mieux, ce qui me rassurait et me soulageait. Je lui avais rendu visite chaque jour depuis la mort de Zanshi pour prendre de ses nouvelles et le soutenir. Je n'avais pas changée mes habitudes depuis qu'il était Kage mais mes visites se montraient tout de même un peu moins régulières bien que j'en effectuais souvent : nous avions tout deux beaucoup de travail et pas mal de retard à rattraper dans les affaires à traiter.

Les yeux rivés sur lui, je m'approchais et m'asseyais face a lui et une sorte de table basse qui faisait office de bureau, sur laquelle reposait bons nombres de documents également.

« Tu as demandé à me voir Kioshi ? »

Que pouvait-il bien avoir à me demander pour que ce soit en face a face ?

Kioshi ne perdait pas de temps pour entrer dans le vif du sujet et je dois dire que je ne m'attendais pas vraiment à ce sujet de conversation... Moi qui arborais un sourire depuis mon entrée sous la tente, fuyais son regard et dévoilais une mine bien ternie.

Je serrais mes poings, machinalement avant de redresser la tête et de lui répondre.

« Je ne sais pas. Plus beaucoup je suppose... Le temps qui passe n'aide pas la chose... »

Que pouvais-je lui répondre d'autre ? Mon temps de vie était écourtée et ma maladie, bien que je tâchais de ne rien laisser paraître, gangrenait mon corps, m'infligeait des douleurs atroces et affaiblissait mon organisme au quotidien.

Toutefois, il existait un moyen de me guérir, mais après réflexion et une discussion avec Oniri...

« Je pourrais te dire que bientôt je serais sortie d'affaire mais ce n'est plus vrai... »

Je marquais une pause avant de reprendre :

« La solution que j'avais à porté de main... J'ai décidé de ne pas l'employer. »

Mon regard se détourna un instant du sien avant de le fixer de nouveau d'une lueur de détermination.

« J'ai pris conscience de certaines choses. L'immortalité me soignera mais me changera probablement : je ne serais sans doute plus jamais la Yami d'aujourd'hui. Je ne veux pas vous perdre. Je ne veux pas perdre tout ce que j'ai si difficilement acquis après mes nombreux efforts... »

J'avais appris à apprécier, à me lier d'amitié et même à aimer alors même que tous ces sentiments m'étaient étrangers il y avait de cela trois années. Je ne voulais pas ruiner mes efforts.

Je sentais bien que Kioshi était affecté par sa propre question et quelque part, cela me fit plaisir de voir qu'il s'inquiétait pour moi et donc qu'il tenait à moi.

Le Yamada me demandait de boire un peu mais je n'avais pas vraiment soif... Toutefois j'attrapais le verre d'eau et le portais à mes lèvres. Lorsque le liquide entra dans ma bouche dans une mince gorgée, mes papilles sentirent quelque chose d'anormal. J'avais l'habitude de boire du sang pour l'analyser et discerner son arôme, cette fois-ci, ce n'était pas du fluide écarlate mais je ne pouvais tout de même pas passer à côté de cette trace étrange présente dans l'eau : d'autant plus que j'avais l'impression d'avoir déjà goûté ce produit...

J'arrêtais de boire, après ma maigre gorgée ingérée, et regardais Kioshi d'un air suspicieux :

« Il y a quoi là dedans ? Bois le d'abord... »

C'était un sérum de vérité ou bien ? Il était obligé de me droguer pour avoir confiance en mes réponses ? Ou bien voulait-il m'endormir pour me mener je ne sais où et me guérir d'une façon ou d'une autre, m'isolant du reste du monde... Ces théories étaient farfelues mais l'idée qu'il verse quelque chose dans mon verre l'était tout autant et pourtant il l'avait fait...

Je lui tendais mon verre « d'eau ». S'il voulait que je le bois il devrait en boire au moins la moitié. Je savais aussi que s'il pouvait dé-saoulé à sa guise, il pouvait sûrement anéantir ce produit de son corps via son pouvoir de Yamada...
Je soupirais.

« Oublie ça. Tu tricherais en utilisant la maîtrise de ton clan pour éliminer ce produit... C'est quoi ? Inutile de le nier je sais qu'il y a quelque chose là dedans... »

Peut-être voulait-il mettre un terme à ma vie sans laisser le temps faire son office de lui même... Non, ce n'était pas le genre de Kioshi... Mais alors pourquoi ? Venant de Kioshi c'était sûrement une sorte de test...

« Qu'as-tu besoin de vérifier ? Tu ne peux pas tout simplement me demander ce qui te tracasse plutôt que d'utiliser des stratagèmes pour l'apprendre par toi même ? T'ais-je déjà menti sur quoi que ce soit ? »

J'estimais que l'honnêteté et le franc parler était pourtant bien les traits qui me caractérisaient...

Kioshi ne semblait pas comprendre...

« J'ai dit que je n'allais pas utiliser la solution que j'avais a porté de mains parce qu'elle ferait de moi une autre personne : je n'ai pas dit que j'arrêterais de chercher le moyen de guérir. Je ne suis pas du genre à me laisser abattre et encore moins à attendre la mort gentiment. »

Tu devrais pourtant le savoir que j'étais une battante... Il était tendue. Etait-ce ma décision qui lui faisait se mettre dans cet état ?

« Ecoute Kioshi... Si j'acceptais la proposition de mon père, je deviendrais une vraie Ketsueki, comme tous mes ancêtres : froide, calculatrice, égoïste et sans morale. Je n'ai pas envie de redevenir une coquille vide et froide de tout contact avec autrui. C'est ce que mon père voudrait et j'aimerais pouvoir le rendre fier de moi mais j'ai grandi seule... J'ai tracé ma propre route et suivi ma propre voie grâce à vous tous qui êtes entrés dans ma vie : je ne peux pas juste accepter tout ce que mon père me raconte sur mon clan et les appliquer alors même qu'il n'a jamais été là pour moi. Je serais une puissante Ketsueki mais à ma manière : l'instigatrice du changement. »

Je possédais déjà certains traits évoqués bien qu'en surface et je n'avais aucune envie de les avoir totalement.

« Si je choisis de vivre pour l'éternité mais dans la solitude puisque je n'aurais plus que faire de l'amitié ou des sentiments, ce ne serait pas vivre... Je ne veux pas de cela. »

Peut-être comprendrait-il mieux ainsi.
Il m'expliquait à son tour pourquoi il avait mis une substance dans mon verre : il voulait vérifier les capacités de mon organisme a utiliser un produit pour voir jusqu'à quel point j'étais affaiblie...

« Eh bien je vais te répondre à la place de mon corps. Je ne peux presque plus me servir de ma maîtrise du sang où je défaillis rapidement. En somme, si un produit quelconque est présent dans mes veines je suis en mesure de sentir sa présence mais je pourrais difficilement le stopper et l'éliminer. J'y parviendrais parce que je suis ninja médecin mais je n'y arriverais pas ou plus via ma maîtrise du sang. »

J'étais franche et honnête. Il n'y avait pas besoin de vérifier mes propos : pourquoi mentirais-je en affirmant volontairement mon état lamentable ? J'étais plutôt du genre à me valoriser pas m'enfoncer...

Kioshi me posa une nouvelle question qui me laissa sans voix l'espace d'un instant parce que je ne comprenais pas où il voulait en venir... A quoi je jouais avec lui ? J'étais censée jouer un jeu ? Je le laissais poursuivre, interrogatrice, tâchant d'y voir un peu plus clair.

Il me tourna le dos, signe qu'il s'apprêtait à me dire des choses qu'il ne parvenait pas a assumer de dire en face. Ce qu'il annonçait ensuite me laissait d'autant plus perplexe... Je comprenais que ce qui le tracassais était le fait que je puisse disparaître du jour au lendemain mais le fait qu'il évoque mes sentiments à son égard... Sa dernière phrase fini de m'achever, me faisant écarquiller les yeux alors que je me trouvais là, face à son dos, tremblotante. Avait-il fini par s'attacher... à moi ? Etait-ce une façon générale de parler ? Il avait pourtant évoquer mes sentiments... Cela le gênait de savoir ce que j'éprouvais pour lui au vue de ma condition ? Aurais-je du me taire et ne rien dire ? Je ne savais plus.

Je restais là, gardant le silence un moment avant de lui répondre depuis ma position :

« Il y a bien trop de noms écrits sur ton pendentif... Je ne te laisserais pas ajouter le mien... »

Je me levais et passais par dessus la table basse qui faisait office de bureau et posais mes mains sur ses épaules et collais ma tête contre son dos.

« Je ne joues pas avec toi Kioshi... Mes sentiments n'ont jamais été aussi sincères... »

Je m'y perdais moi même tant cela était nouveau et surréaliste...

« Que veux-tu dire par là ? Tu aurais préféré que je ne te dise rien ? Ainsi tu aurais eu la conscience plus tranquille ? Ne sois pas ridicule... Tu n'as pas a t'en préoccupé davantage... Ce sont de mes sentiments dont il est question … »

Pas des tiens... Tu ne ressens pas pour moi le même amour que je te porte alors pourquoi devrais-tu t'en faire davantage ?
Mes mains vinrent se poser sur son buste pour que je puisse l'étreindre.

« Je te fais la promesse de trouver une solution pour ma guérison : sans changer de personnalité en plus... Peut-être que tu préférerais le contraire ? Que je puisse changer... Puisque ainsi je n'aurais probablement plus de sentiments pour toi ni même une quelconque once d'amitié... »

Peut-être que mes sentiments étaient un trop lourds fardeaux à porter pour lui qui ne ressentait pas tout cela... En soit je le comprenais puisque je vivais une situation similaire avec Oniri.
Parle moi Kioshi... Confie toi... N'ai pas peur : je suis là...

Je cherchais à comprendre. Finalement, sa plus grande crainte résidait dans mon manque de temps pour trouver une solution. Je resserrais mon étreinte un instant, tout en lui répondant, la joue toujours collée a son dos.

« Je cherche depuis le début, mais j'avais cessé lorsque j'avais appris cette solution et que je m'étais résolue à la suivre. Je cherchais seule. Désormais Oniri m'aidera à trouver cette solution. Le Yuukan regorge de technologie et de médecins qualifiés, il n'est pas impossible de trouver une personne susceptible de me guérir. »

Après réflexion, je préférais encore mourir que de subir de le rituel de mon clan qui me changerait à tout jamais... Ce ne serait qu'une renaissance dans le corps d'une autre alors que j'aimais ma vie désormais et que je voulais la conserver.

Kioshi ajouta qu'il voulait simplement que je vives. Ses paroles me touchèrent et je ne savais pas quoi y répondre. Il me témoignait son affection et me prouvait, à travers ses propos, qu'il tenait à moi. Il l'affirmait même ouvertement ensuite en explicitant que je m'occupais de lui chaque jour et qu'il ne restait pas insensible à ces intentions qui me venaient du fond du cœur. Au fond, il avait peur de se retrouver seul de nouveau.

« Je ne mourrais pas de ma maladie... Et même si cela devait être le cas : tu n'as pas a avoir peur, tu ne seras jamais seul. Tu as des amis sur qui compter : tu es bien entouré. »

Sa main se posa sur les miennes, les maintenant comme s'il voulait me montrer qu'il ne voulait pas que je partes. Je parvenais à caresser sa main de mon pouce comme pour lui affirmer à mon tour que je n'en avais pas l'intention. Il n'avait aucune crainte à avoir, il ne connaîtrait jamais la solitude. Pourtant, je comprenais que ce n'était pas tant du manque de présence dont il parlait. Il m'avait déjà avoué par le passé, alors qu'il possédait déjà sa relation avec Zanshi : que même s'il était entouré il se sentait affreusement seul. Je comprenais ça. Il avait besoin de chaleur, il avait besoin d'amour. Il n'en éprouvait pas pour moi mais si je pouvais lui en apporter un tant soit peu alors cela m'allait : son bonheur comptait pour moi.

Son discours se portait désormais sur mon interdiction de partir en mission en dehors du village tant que je ne serais pas guérie. Ce qui aurait pu m'offusquer autrefois me fit simplement étirer un sourire : il prenait soin de moi encore une fois et accentuait mes chances de survies. C'était en quelque sorte motivant : il me fallait retrouver ma forme pour pouvoir partir de nouveau... Voulait-il justement que cela agisse comme un coup de boost pour me faire trouver rapidement une solution ?

«  A vos ordres... »

Finalement rien n'avait changé. Nous avions monté en grade mais il restait mon supérieur dans nos fonctions respectives. Pourtant, il demeurait mon égal et je n'avais que faire de nos rangs lorsque nous n'étions que tous les deux. Nous étions simplement Yami et Kioshi.

Je redressais la tête, laissant juste mon front reposer contre son dos lorsqu'il me proposa de son sang. J'eus un petit rictus tout en continuant de cajoler sa main de mon pouce.

« C'est gentil de t'inquiéter Kioshi. Mais tu es déjà affaibli et ma maladie me demande de renouveler mon sang beaucoup plus souvent et en plus grande quantité. Cela ne changerait rien si ce n'est que t'affaiblir plus... J'irais à l'hôpital ce soir, ne t'en fais pas. »

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas goûté son sang... En fait la dernière fois c'était... oui c'était durant notre première fois... Je secouais imperceptiblement la tête pour tenter de penser à autre chose.

Mon souffle caressait son dos, mes mains étaient toujours plaquées sur son ventre et maintenues par la sienne et tout en fermant les yeux, je déposais mes lèvres sur son omoplate, laissant ensuite ma joue reposer dessus. Son corps était chaud, son contact était apaisant, je me sentais en parfaite plénitude en sa compagnie, comme à chaque fois... Je parvenais à libérer l'une de mes mains et je laissais mes doigts courir sur son torse dans des caresses doucereuses. Qu'importait le temps qu'il me restait, quand j'étais avec Kioshi, il demeurait suspendu...

C'était étrange... Le discours qu'il tenait là, je l'avais déjà entendu de sa bouche... « Tu parles comme si tu n'étais déjà plus là... » Il m'avait aussi dit cela lorsque je lui avais appris pour ma maladie, après notre premier ébat... Cette idée me faisait me remémorer des souvenirs de ce matin là
où j'étais aller lui porter un petit déjeuner que j'avais préparé moi même, assistée par Hotep alors que je n'étais pas du tout douée en cuisine...

Kioshi se sentait impuissant et cherchait désespéramment un moyen de me venir en aide... C'était gentil de sa part mais il n'y avait pas grand chose à faire si ce n'est trouver cette fameuse solution pour que je puisse m'en sortir.

Il affirmait ne plus être affaibli que cela et c'était vrai comparativement à ce qu'il avait pu être mais il n'était pas encore le Kioshi vaillant et plein d'énergie d'autrefois. Si physiquement il allait mieux, psychologiquement il lui faudrait encore du temps...

Subitement, il stoppa mes caresses et se tourna face à moi, m'observant dans les yeux. Son regard rubis sondait le mien presque comme s'il y cherchait quelque chose... Ses paroles elles, firent écarquillées les miens. Si boire de son sang avait une signification pour moi... Bien sûr... Et il m'en proposait en le sachant pertinemment... Maintenant c'était à moi de te retourner la question Kioshi : à quoi tu joues ? …
Les Ketsueki qui boivent le sang de l'être aimé est le symbole de la communion de leurs âmes : leur corps ne fait plus qu'un partageant le sang de l'autre dans ses veines, il s'agit du témoignage du partage de sa vie qui prouve la confiance et l'amour qu'il porte à l'autre... Leur cœur et leur âme sont liés par leur fluide de vie : un lien puissant les unis. Ils sont capables dès lors de veiller sur l'autre même au loin en percevant les difficultés rencontrés par l'être aimé...

Je déglutissais et détournais le regard.

« Si j'ai envie de ton sang... Bien sûr que oui... Et toi tu me l'offres en sachant pertinemment ce que cela représente ? Pourquoi me laisserais-tu faire alors ? »

Tu n'éprouves pas de sentiments à mon égard. Pourquoi accepterais-tu de créer ce lien avec moi ? Uniquement pour te rendre utile et m'offrir du réconfort ? Ce n'était pas ainsi que je voyais les choses...

Ses bras maintenaient fermement mon dos, me collant contre son buste, pour me prouver qu'il ne voulait pas que je m'enfuis... Qu'allait-il faire si je refuse ? Il serait probablement capable de s'entailler de lui même pour me forcer à boire ou à le guérir... Mon regard se reposait de nouveau sur le sien bien qu'il se montrait quelque peu fuyant.

« Je doute que ce soit un lieu approprié... N'importe qui pourrait demander à te voir. »

Nous sommes dans ta tente de Kage, pas chez toi... Je doute que des personnes qui me verraient les crocs plantés dans ton cou dégoulinant de sang trouveraient ça approprié...

Alors qu'il me donnait une réponse allant dans le sens contraire de ma réflexion, mes yeux se posèrent sur son cou duquel je me rapprochais. Une main sur sa nuque et l'autre dans son dos pour le coller à moi, j'approchais ma bouche de son cou et dévoilais mes canines pour mordre sa chair. Son sang ne tarda pas a affluer dans ma bouche. Je fermais les yeux, me délectant de son arôme si parfait que j'avais déjà goûté à plusieurs reprises et qui m'avait manqué... Mon cœur palpitait sous l'excitation tandis que ma bouche récoltait son fluide écarlate, tout comme la pointe de ma langue. Il avait accepté de m'en donner en sachant ce que cela impliquait... Cela ne rendait son sang que plus délectable encore. Il ne me donnait pas simplement de son sang par son geste, il me confiait également une part de sa vie et m'autorisait à créer un lien avec lui. Bien sûr il n'éprouvait pas ce genre de sentiments pour moi mais cela me suffisait et me comblait de joie.

Chaque rasade était une délivrance, mon organisme en réclamait davantage et mon cœur ne voulait cesser de créer cette connexion. La main posée sur sa nuque cajolait désormais l'autre côté de son cou tandis que notre proximité était totale. Après plusieurs minutes, et à contre cœur, je m'éloignais de la plaie sur laquelle j'apposais deux doigts qui luisaient d'une lueur verdâtre : je le soignais pour qu'il n'y paraisse plus.

D'un revers de main, j'essuyais le sang qui s'était échappé de ma bouche tandis que mon regard brillant de malice ne quittait plus le sien. Ma main se cramponna a sa nuque pour l'attirer à moi alors que je maintenais fermement ma prise dans son dos, laissant nos corps collés l'un à l'autre. Mon visage s'approchait du sien, nos nez étaient côte côte et mon front était posé contre le sien. Ma respiration était légèrement haletante tandis que mes yeux toujours rivés aux siens, laissaient clairement exprimer le désir que j'avais pour lui...
Mes lèvres se rapprochèrent des siennes pour lui donner un baiser langoureux et passionné qui finissait de sceller pour moi, la symbolique de cet échange écarlate...

Kioshi ne répondait pas vraiment au baiser... C'était simplement comme s'il se laissait faire... Je crus un instant que lui laisser quelques secondes de plus le ferait y répondre mais ce ne fut pas le cas. Je reculais alors légèrement, rompant notre contact tout en l'avisant d'un regard inquisiteur. Ce n'était pas la première fois que je buvais son sang : je sentais que quelque chose n'allait pas... Si son attitude me le disait, son sang parlait lui aussi...

« Qu'est-ce qui ne va pas Kioshi ? Tu sembles... tracassé... C'est le baiser qui te met dans cet état ? »

Je cherchais à comprendre. Il se sentait mal et pourtant il ne m'avait pas repoussé... Avait-il agit comme pour le sang ? Voulant m'en donner pour me faire plaisir simplement alors même que lui même n'en avait pas envie ?

« Pourquoi tu agis ainsi ? Je ne veux pas prendre ce que tu m'offres alors même que tu n'en as pas envie... »

Nos bustes étaient toujours collés l'un à l'autre et ma main était toujours posée sur sa nuque. Je savais que je pourrais sans doute poursuivre notre étreinte et même nous mener plus loin : il me laisserait sans doute faire pour une raison obscure... Juste pour que je sois heureuse ? Mais qu'en était-il de son bonheur à lui ? Je commençais à comprendre sa réflexion...

« Tu dis que je parles comme si je n'étais déjà plus là mais toi tu agis de la même façon... Je suis encore vivante et je le resterais ! La solution existe quelque part et le rituel est déjà en cours de préparation ! Je pourrais toujours y avoir recours si je ne trouvais pas d'autre alternative plutôt que de mourir. »

Je marquais une pause avant de reprendre, les yeux suppliants et presque larmoyants :

« C'est injuste de penser à moi comme si je n'existais déjà plus ! Je suis là et bel et bien vivante ! Une battante qui ne laissera pas la maladie l'emporter alors arrête de me voir ainsi ! Ne peux-tu pas simplement profiter du moment présent ? »

Mon ton n'exprimait aucun reproche, juste des affirmations pour tenter de le lui faire comprendre.
Je posais de nouveau mon front contre le sien et fermais les yeux en soupirant, poursuivant presque dans un murmure :

« Tu m'as dis apprécié les instants que je passais avec toi. Mes visites quotidiennes et nos conversations partagées... Ne peux-tu pas simplement profiter de ces instants sans te poser d'autres questions ? Je ne vais pas mourir...Ôtes-toi cette idée de la tête... »

Parce que je n'arriverais pas a supporter de te savoir mal à cause de moi. Parce que je n'aime pas ce regard et cette tristesse que je décèle aux fonds de tes yeux...

Music ♫:

Il avait les mains qui tremblaient alors je les prenaient au creux des miennes pour l'apaiser et l'encourager a parler et m'expliquer ce qui le tourmentait vraiment. Il avait peur... Peur de quoi ? De me perdre ? Ou bien était-ce la crainte d'un cumul de choses dont ma mort faisait partie ? De quoi d'autres encore ?

Il disait avoir peur justement parce qu'il tenait à moi. Ses paroles me touchaient une fois de plus, me faisant même étirer un léger sourire alors même qu'il ne me regardait plus, fuyant mon regard. Il s'attachait sans doute à moi à force de visites et d'attentions que je lui portais... Peut-être devais-je espacer mes visites voir ne plus lui en faire.. Cela soulagerait peut-être sa conscience... En avais-je envie ? Non. Si j'avais d'abord pris l'habitude de venir le voir pour juger de son état et l'aider à remonter la pente tout en passant du temps avec lui et lui prouver qu'il était aimé et entouré, aujourd'hui c'était moi qui avait plus besoin de ces visites que lui... L'idée même de simplement le voir me mettait du baume au cœur et suffisait à me rendre heureuse : je n'avais pas besoin de plus et je n'en espérais pas plus.

Une larme miroitait au bord de son œil, me fendant le cœur à sa vue. Il voulait me redonner le sourire jusqu'à la fin... Je soupirais.

« Tu recommences à parler comme si j'étais condamnée et sans solution... J'en trouverais une alors cesse de penser à cela ! Ne m'enterre pas trop vite... »

Après tout j'étais Ketsueki Yami et je n'avais pas pour principe de me laisser abattre à la moindre difficulté : aussi insurmontable paraissait-elle. Je ne laisserais certainement pas une maladie de sang avoir raison de moi... J'avais toujours vécu avec jusqu'à présent... Peut-être même que les médecins se trompaient sur la réduction de mon espérance de vie... Il me donnait cinq années, les divisant par deux du fait de mon utilisation de ma maîtrise et de ma combativité mais je n'avais pas tant menée de batailles que cela depuis. Il me restait peut-être encore plusieurs années pour trouver une solution.

C'était donc là, la motivation de Kioshi : me faire sourire, me rendre heureuse sans l'être lui même, accomplissant juste ce qu'il pouvait faire pour m'aider sans même en éprouver de lui même le besoin ou l'envie... Il s'agissait là de quelque chose de plus douloureux qu'un amour à sens unique : c'était de faire semblant. Cette situation ne me donnait nullement envie de sourire...

Pourtant, il s'approcha de moi et me donna un baiser à son tour. Je ne le repoussais pas mais ce baiser n'avait aucune saveur particulière, il ne transmettait aucun sentiment si ce n'était la tristesse : ce n'était pas le principe de ce genre d'échange...

Après quelques instants, ma main vint se poser sur son torse pour le reculer. La tête penchée vers le sol, je n'étais pas parvenue à apprécier cet instant qu'il m'offrait :

« Je n'y arrive pas... »

Comment le pourrais-je alors que tu fais semblant ? Que tu n'y mets aucune conviction . Et surtout que je sais que tu agis de la sorte juste pour me faire plaisir ?!
Je relevais la tête pour l'observer de nouveau et poursuivais :

« Je ne peux pas sourire alors que je sais que cela te rend triste. Ça me rend également triste de savoir que tu ne penses qu'à ma mort, qui n'arrivera sans doute pas, ou en tout cas pas des suites de ma maladie. Je ne veux pas que tu me regardes comme étant en sursis ! »

Je soupirais.

« Comment pourrais-je garder la force, le courage et l'espoir de m'en sortir si tu n'es que désespoir en pensant à ma fin ? Je ne parviendrais jamais à sourire ou être heureuse dans ces conditions... Aide moi plutôt a trouver cette solution pour me guérir avec Oniri. »

Parce que m'imaginer ta pitié ne m'aide aucunement à avancer et à me battre.

« Peut-être préférerais-tu que je ne viennes plus te voir ? Tu n'aurais pas a penser sans cesse à ma maladie si tu ne me vois plus... »

Peut-être était-ce une solution pour l'aider à retrouver le sourire à son tour...

Music ♫:

Il ne voulait pas que je cesse mes visites, jugeant qu'il penserait tout de même à moi. Peut-être mais au moins il ne m'aurait pas sous les yeux et il y penserait un peu moins souvent...

Il changeait de ton, il s'impliquait, tâchait de trouver des solutions pour ma maladie comme je le lui avais suggéré en me demandant des précisions et tout ce que je savais sur ce mal qui gangrenait mon corps depuis ma naissance.
J'acquiesçais concernant le fait de m'examiner.

« Si tu veux mais je n'ai rien trouvé moi même... Tout ce passe à l'intérieur de mon corps. De mes veines, de mon sang... »

Il avait un goût de plus en plus détestable... J'avais tenté d'identifier son arôme changeant pour y déceler un indice sur le possible moyen de le rendre pur de nouveau : sans succès. Je l'avais analysé et tâcher de lui faire subir plusieurs tests : sans succès non plus.
Je soupirais.

« C'est une maladie sanguine rare appelée bêta-thalassémie qui est une maladie incurable potentiellement mortelle qui détruit mes globules rouges . J'en suis atteinte depuis ma naissance et j'ai toujours dû subir des transfusions sanguines régulièrement pour renouveler mon sang impur. Ma vie n'était pas mise en jeu avant parce que j'avais Megami en moi... Elle m'était nuisible mais elle était puissante et elle m'aidait à renforcer mon organisme sans que je ne m'en rendes compte. Maintenant qu'elle est scellée et qu'elle n'a plus d'influence sur mon corps, ma maladie reprend ses droits et affaibli mon organisme à force d'utiliser mon sang... Les médecins estiment que mon espérance de vie est de cinq années mais étant une shinobi ils parent du principe de diviser ce temps par deux... Sauf que j'ai fait en sorte d'utiliser ma maîtrise le moins possible depuis l'annonce de cette nouvelle. »

Je marquais une pause, mon regard devenait fuyant.

« Cela se manifeste par « crise »... Au jour d'aujourd'hui c'est une douleur constante mais que j'ai appris à gérer et qui fait presque partie de moi tant je m'y suis habituée si bien qu'elle ne parvient plus à me faire souffrir. En revanche, mon organisme s'affaiblit beaucoup plus rapidement. Je suis plus fatiguée, il m'arrive de cracher du sang en plus ou moins grande quantité parce que mon corps rejette ce qui le fait souffrir... »

Pourtant je me tenais là devant lui, l'air de rien. Qui pouvait dire en me voyant que mes jours étaient comptés ? Personne excepté ceux qui le savaient.

« Voilà tout ce que je peux te dire sur ma maladie. J'ai déjà fouillé le manoir de fond en comble a l'exception d'une pièce qui est scellée et qui regorgerait pourtant sans doute d'informations importantes... La chambre de Megami. Oniri a fait installer une porte blindée qui ne s'ouvre qu'avec un code : un système Saibogu. Sauf qu'entre temps elle a perdu la mémoire et il est donc impossible d'ouvrir cette porte...»

Et dont je n'avais aucune envie d'y aller... Mais si je devais y pénétrer pour trouver un moyen de me guérir, je n'hésiterais sans doute pas, bien que mes craintes de la voir ressurgir grâce à ses affaires ne me quitteraient pas... Elle s'était après tout réveillé subitement après qu'Oniri ait actionné sa boite à musique... Ce qui avait d'ailleurs valut la cicatrice a l'abdomen qu'arborait aujourd'hui ma meilleure amie, désormais incapable d'enfanter plus ou moins par ma faute...

Sa dernière question me fit me raidir car elle sortait subitement de nulle part alors que nous parlions d'autre chose... Comme à mon habitude je me montrais honnête et plongeais de nouveau mes yeux dans les siens.

« Tu sais très bien que non ce n'est pas ce que je veux... Si au début je venais te rendre visite chaque jour pour t'apporter mon soutien et te prouver que tu n'étais pas seul c'est aujourd'hui davantage moi que toi qui ait besoin de ces visites... »

Parce que ça me rendait heureusement de simplement te voir.

« Mais peut-être que toi ça t'aiderait à moins penser à moi si c'était le cas... Tu y penserais encore mais tu n'aurais pas a me voir alors que ça te forcerait à penser à moi et mon état qui te rend triste... »

Je l'observais intensément avant de reprendre :

« C'est comme si tu exprimais une lueur de culpabilité pour tout ça... Et je n'arrive pas a comprendre si c'est vraiment le cas et surtout pourquoi tu penses ainsi ? Tu n'es en rien responsable de mon état et tu ne peux malheureusement pas faire grand chose pour que j'aille mieux alors tu n'as pas a te culpabiliser, tu n'as absolument rien à te reprocher... »

Absolument rien...

« Tu as toujours été là pour moi et tu m'as aidé plus d'une fois... »

Je lui adressais un sourire en repensant à sa bienveillance constante.

« Tu vois... Il me suffit de penser à toi pour sourire... »

Kioshi avait l'air déterminé à trouver le moyen d'ouvrir la porte de la chambre de Megami sans le code d'Oniri... Je ne savais pas vraiment si cela était possible...

« Oniri m'avait dit, après avoir rénové le manoir suite à son combat contre Megami, qu'elle avait renforcé grandement la sécurité pour sceller la pièce. Elle a mis les moyens pour que plus jamais je n'en à l'intérieur, craignant que les affaires personnelles de ma mère ne l'éveillerait une fois de plus, comme cela avait été le cas la première fois. »

Après s'il voulait vraiment tenter...

« Tu pourras l'inspecter si tu le veux... Peut-être même qu'un grand haussement de température pourrait faire fondre le métal de la porte... »

A vrai dire je n'en avais aucune idée mais quand je me souvenais à quel point ses brûlures m'avaient été douloureuses, j'imaginais sans mal que l'acier aurait pu en souffrir. Les murs adjacents à la pièce brûleront sans doute mais qu'importait si là dedans se trouvait une solution ou un indice quant à ma maladie ou ma guérison... Megami avait beau être ce qu'elle était, elle possédait une certaine part maternelle à mon égard et elle avait parfois tenter de faire en sorte que j'accède au bonheur... à sa façon.

« Cette maladie attaque uniquement mes globules rouges je crois... Mon père a déjà bu mon sang et, bien qu'il le trouvait infecte, il n'en avait pas été affecté outre mesure. Et oui la maladie est sanguine, elle ne réside que dans mon sang. »

Je ne m'étais jamais vraiment posée toute ces questions... Mais j'en possédais déjà les réponses.

« Mmh le sang que je bois a une saveur différente d'une personne à une autre. Je vois où tu veux en venir mais cela ne fonctionne pas comme cela... Lorsque je subis des transfusions sanguines, tout mon sang est remplacé par un nouveau pour le décontaminé et le rendre plus pur mais le processus recommence dans le nouveau sang ensuite. Ce sont sans doute ce qu'il reste de mes propres globules rouges qui le contamine de nouveau et s'attaque à mon propre organisme. »

Je n'avais jamais tenté de retiré toute trace de mon propre sang avant de m'en injecter un nouveau : cela reviendrait à mourir. Alors forcément, il restait de mon sang quelque part pendant les transfusion qui me retirait le mien pour m'en assimiler un nouveau. C'était comme changer les légumes commençant à pourrir tout en ne nettoyant pas le récipient où ils avaient séjourné : il subsistait des traces de moisissures des anciens qui contaminaient les nouveaux...

Heureusement quelque part... Je n'avais nullement envie de devoir me repaître du sang de Kioshi pour me soigner, le laissant presque mort à son tour...
La méthode dont il parlait ensuite pourrait sans doute marcher mais elle était risquée... Me retirer tout mon sang jusqu'à la dernière goutte, n’alimentant plus mon cœur ni mon cerveau pendant qu'il refroidirait mon corps pour tâcher de me maintenir en vie le temps qu'on modifie totalement ma structure sanguine avec un nouveau... Est-ce que cela me ferait perdre ma maîtrise ? Mon chakra résidait majoritairement dans mon sang... Si on me le retirait, pourrait-il tout de même se renouveler ?

« Cela pourrait sans doute fonctionner... »

Si j'avais peur du risque encouru ? Pas vraiment... Si c'était la seule autre solution qui s'offrait à moi autant tenter le coup et possiblement mourir que d'attendre tout simplement que la mort vienne me chercher d'elle même...

Il avait répliquer quelque chose dans un murmure alors que je lui parlais de mon sourire... Kizoku ? C'était ce que j'avais entendu sans plus de détail... Nous parlions de mon sourire.. Je lui évoquais quelqu'un ? Le ton dans lequel il l'avait employé me faisait dire de ne pas le pousser sur cette piste au risque de lui rappeler quelque chose de triste et ou de douloureux... Je me contentais juste donc d'une réplique sans insister :

« Tu as dit quelque chose ? »

Je l'avisais de grand yeux ronds, me demandant s'il allait tout de même en parler ou si le mystère demeurerait entier... Un silence pesant s'installa alors si bien que je cherchais à détendre l'atmosphère. J'attrapais ma robe par le bas et l'ôtait entièrement en la faisant glisser le long de mon corps, me retrouvant en sous vêtements légers rouge et noir face à lui.

« Tu avais parlé de m'examiner non ? Eh bien vas y. »

Un nouveau sourire, cette fois ci taquin, s'afficha sur mes lèvres alors que je collais mon buste contre lui. Je m'asseyais ensuite sur le sable chaud, dos à lui et à ses pieds, laissant reposer ma tête contre ses cuisses.
Je n'étais pas pudique alors si quelqu'un entrait alors même que j'étais dans cette tenue... eh bien je m'en moquais. En revanche, son expression légèrement gênée m'amusait...

Il était gêné. Il déglutissait. La chaleur augmentait. C'était absolument le genre de réaction que je m'attendais à voir. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres alors qu'il m'avisait en bégayant, m'annonçant qu'il ne pouvait pas se concentré ainsi et qu'il était certain que je l'avais fait exprès : ce qui accentuait mon sourire. J'avais simplement voulu détendre l'atmosphère après son murmure en reprenant sa propre proposition.

Toujours aussi gêné, le visage rougeoyant de honte, il rajoutait qu'il serait sans doute préférable de d'abord alors visiter le manoir avant de passer à l'examen. J'avais envie de protesté et de le voir mal à l'aise encore quelques instants, juste pour m'amuser mais j'abdiquais.

« Dans ce cas si tu insistes nous devrions peut-être... »

Je ne pus terminer ma phrase car je le vis attraper le verre d'eau sur la table et l'avaler d'une traite. Sauf que je savais qu'il y avait quelque chose dans ce verre qui aurait servi a voir si mon organisme était capable de réagir rapidement... du poison ?
J'écarquillais les yeux de stupeur, me redressant rapidement et me ruant sur lui, posant les mains sur son torse qui s'enveloppaient d'un halo médicinal. Je voyais parfaitement la substance mais elle était difficile à déterminer.

« Au moins ce n'est pas du poison... »

Je poussais un soupir de soulagement. Il ne semblait pas avoir trop d'urgence pour lui ôter ce produit. Je commençais à m'y affairer mais il prenait mes avec la sienne et me les tenaient en l'air tout en se collant à moi.

Suspicieuse, j'arquais un sourcil.

« Euh... Kioshi ? A quoi tu joues là ? »

Son regard avait changé, tout comme ses intentions, j'en aurais probablement été flattée et aurais sauté sur l'occasion si je ne savais pas qu'il agissait ainsi non pas par envie mais à cause de la substance présente dans le verre qui semblait être un aphrodisiaque...

Il avait voulu me faire boire ça ? Et il aurait espéré quoi ? Que je m'en sortes sans tenter quoique ce soit avant d'y parvenir ? Ou peut-être qu'il s'agissait là d'un moyen détourné pour lui de me faire comprendre qu'il avait envie de moi... Non... Impossible ! Il se montrait bien trop distant sur ce plan là pour vouloir user de ce genre de stratagème...

Je l'observais dans les yeux, mourant d'envie d'en profiter mais me rappelant que ce n'était pas ainsi que je le voulais. Je l'aimais ! Je ne voulais pas qu'il me désire par le biais d'une substance qui faisait qu'il n'était plus lui même ! Je voulais qu'il en ait vraiment envie !

« Kioshi écoute moi... Tu le sais non, que c'est un aphrodisiaque qui régit tes pensées ?! Tu es médecin : tu peux aisément éliminer ce corps étranger pour retrouver ton état normal ! Et tu es un Yamada, tu peux donc aussi t'en débarrasser tout aussi simplement. »

Est-ce qu'il m'entendait vraiment ? J'étais toujours en sous vêtement devant lui sans possibilité de me dérober... Il devait retrouver la raison !

Il n'avait que faire de mes remarques. Il avait pris conscience de la présence de l'aphrodisiaque dans ses veines mais il ne désirait visiblement pas s'y soustraire... Je déglutissais. J'aurais sans doute beaucoup de mal à prendre sur moi et le repousser s'il continuait sur cette voie là...

Je l'aimais... Le voir si désireux, observer cette lueur sulfureuse dans son regard, tout ça accroissait mon propre désir. Bien sûr que j'avais envie de lui, de son corps, de ses attentions, de ses caresses que je voulais lui rendre au centuple !

Mon cœur accroissait ses battements et la température de la pièce augmentait sensiblement. Moi même je commençais à bouillonner, me terrant dans le silence tout en lui renvoyant le regard envieux qu'il m'adressait. Je n'y arrivais pas ! Comment pourrais-je lui résister ?! Au même moment, il arrache mon soutien gorge, comme pour me prouver ce qui lui traversait l'esprit alors même que mes mains étaient maintenues au dessus de ma tête, me laissant à la merci du prédateur qu'il était devenu...

J'avais précisé qu'il était un Yamada et qu'il pourrait facilement retirer cette substance, le fait qu'il ne le faisait pas me signifiait qu'il appréciait cet état grisant qui le tenait loin de tous ses soucis... Etait-ce mal d'abuser de lui dans ces conditions ? Ce n'était pas vraiment lui qui se tenait face à moi et il agissait ainsi à cause d'une substance : ce n'était pas naturelle... La phrase qu'il employa finissait de m'achever... Puisque j'étais une Ketsueki il m'avait dans le sang... Je déglutissais. Le voir si entreprenant, si désireux de ma personne, c'était ainsi que je voulais le voir ! Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion !

Pourtant... je voulus protester mais l'un de ses doigts effleura ma bouche pour m'intimer de me taire, comme s'il craignait que je gâche ce moment... Il y tenait donc vraiment ? Son regard me dévisageait de la tête en bas et j'appréciais particulièrement la façon dont il me dévorait. Il m'avait pourtant déjà vu dans mon plus simple appareil mais il semblait que la vue ne lui déplaisait pas pour autant... Ses doigts caressaient mon corps, explorant ma poitrine, me faisant me cambrer sur place alors que j'avais de plus en plus chaud. Mon regard embrasé ne quittait plus le sien. Je savais que tout cela n'était pas raisonnable puisqu'il n'était pas vraiment lui même mais j'espérais dorénavant qu'il reste sous son effet sans me frustrer d'un retour en arrière...

Je voulus l'arrêter une dernière fois tout en poussant un râle d'extase mais même cela il ne voulait pas l'entendre par crainte de mes protestations, échangeant un baiser langoureux et sulfureux qui fit monter ma propre température d'un nouveau cran encore. J'étais haletante, ressentant des picotements chaleureux éparpillés dans tout mon corps sous le coup de l'excitation mais particulièrement concentré dans mon bas ventre.

Je voulais dévorer son corps à mon tour, le caresser et le découvrir une nouvelle fois mais il ne me le permettait pas, reculant sans plus me toucher alors que je restais interdite devant cet arrêt. Tu ne pouvais pas m'infliger cela... La frustration me gagnait alors que je voulais qu'il me touche encore, qu'il ne me lâche plus une seconde et qu'il me laisse à mon tour lui donner chaud...

Au lieu de cela, il proposa d'aller examiner le manoir : pièce par pièce... Si je faillis protester devant le début de sa requête, la fin me plaisait davantage... Mon attitude a moi avait également changée, je n'étais plus que désir et passion. Je m'approchais de lui, collant ma poitrine nue contre son buste musclé en l'empêchant de s'esquiver, mes doigts parcourant son corps et les yeux plongeant dans les siens, incandescents de plaisir.

« Cela me semble être une bonne idée... »

Ma langue effleurait son cou avec sensualité, remontant sur le lobe de son oreille que je gratifiais du même châtiment avant de lui adresser un regard provocateur.

Je m'éloignais à mon tour de lui, attrapant ma robe au sol et la repassant aussi vite que je l'avais enlevé. Tant pis pour mon soutif déchiré, j'allais devoir faire sans. Je le couvais des yeux, l'intimant à me suivre. Nous quittâmes la tente du Kage ainsi, les gardes nous regardant tour à tour.

« Le Rokudaime doit s'éclipser un moment pour une affaire... urgente. »

Me contentais-je de dire en lançant un sourire à l'intéressé.
Les gardes nous observaient, ahuris mais ne cherchaient pas plus loin. Nous voilà, déambulant dans les rues de Suna, désireux de l'un et l'autre alors que je voyais déjà le trajet jusqu'au manoir durer une éternité...

Nous déambulions dans les rues de Suna percevant mutuellement le désir de l'autre... Son regard se faisait pesant sur ma silhouette qu'il reluquait allégrement, ayant sans doute mille et une pensées lui traversant la tête. Les regards que je lui lançais étaient eux aussi explicites et taquins.

J'avais toujours chaud. Plus rien n'existait autour de moi si ce n'était lui. Je ne prêtais plus aucunement attention à l'environnement, me focalisant uniquement sur le désir que je lui portais. Le chemin allait être long...

La frustration me gagnait tant et si bien que je pensais me retourner à chaque instant pour l'embrasser et poursuivre notre affaire, ici, en plein milieu du passage. Ce n'était évidemment pas conventionnel mais je n'avais que faire des autres, seul nous comptions.

Heureusement, Kioshi m'y dissuada en me proposant d'emprunter un chemin faisant office de raccourci. J'étais tout de même celle la mieux placée pour connaître le trajet jusqu'à mon manoir et je ne voyais pas en quoi nous allions arriver plus vite en passant par là... Mais je compris rapidement lorsque je lui emboîtais le pas et qui se stoppa net, se retournant face à moi pour m'attirer contre le mur du bâtiment dans l'obscurité d'une ruelle.

Son regard de nouveau sulfureux me faisait fondre, je ne pouvais me détacher de ses yeux. Il m'embrassait une nouvelle fois, exprimant ouvertement son envie tout en caressant ma joue. Je ne savais que penser de son attitude à la fois prédatrice comme l'homme qu'il était et qui avait envie de jouir des plaisirs charnels et cette attitude passionnelle emplie de douceur... Je n'avais de doute façon pas la tête à réfléchir là dessus d'autant plus que cela me plaisait...

Il était beaucoup moins timide depuis qu'il avait bu cette substance dont il avait connaissance mais de laquelle il ne voulait pas se soustraire pour autant. Pour toute réponse à sa question concernant la reprise de l'examen, je l'embrassais fougueusement et amoureusement tout en ôtant les boutons de sa chemise, me laissant à loisir caresser son torse musclé. Je pivotais, le plaquant à mon tour contre le mur en poursuivant la valse effrénée de nos langues, mes bras passèrent autour de sa nuque sur laquelle j'exerçais une pression pour lui intimer de s’asseoir, là sur le sable chaud, dans l'ombre d'une ruelle déserte, dissimulés par deux caisses empilées.

L'adrénaline quant à ce lieu inopiné ne faisait que renforcer mon excitation: nous jouions à un jeu dangereux qui nous coûterait probablement si nous étions repérés. Nous pouvions entendre les bruits de pas des sunajins déambulant dans la ruelle adjacente sans se douter de notre présence ici.

Assis dos contre le mur et moi à califourchon sur lui, je stoppais nos embrassades tandis que ma langue se perdait dans son cou, gratifiant ses épaules avant de descendre sur ses tétons que je mordillais allégrement.

« Laisse toi faire... »

Lui susurrais-je. C'était à moi de m'amuser et de faire grimper sa température...
Mes doigts se perdaient dans la redécouverte de son corps qui m'avait tant manqué, le caressant depuis la pointe de leur pulpe pour lui donner quelques frissons. Ils descendaient ensuite sur le premier bouton de son pantalon que je retirais : les laissant a loisir descendre plus bas encore, effleurant sa virilité.

Ma langue remonta le long de son corps, mes dents se posaient doucement sur son cou et capturaient sa lèvre inférieure. Mon corps était bouillant d'excitation, ma respiration se montrait saccadée, mon regard n'était plus que passion et désir. J'avais envie de lui...

Je me redressais légèrement, ôtant le bout de tissu dont je n'avais que faire et ouvrais les autres boutons de son pantalon. J'attrapais sa virilité au creux de ma main et effectuais un mouvement de va et vient pour accentuer son excitation alors que ma bouche se perdait une nouvelle fois sur son corps, le gratifiant de baisers sulfureux à de multiple endroits qui finirent par rejoindre ma main...

Ce que j'improvisais avait l'air de lui plaire... J'avais bien vu qu'il avait tenté de protester plusieurs fois sans que je ne comprenne vraiment pourquoi : il était définitivement trop pressé. Au moins j'étais parvenu à lui faire cesser ses plaintes pour entendre des soupirs satisfaits à la place.

Il me fit comprendre de stopper mes gestes, ce que je fis dans la seconde, le laissant me rapprocher de lui. Son regard était toujours aussi enflammé si ce n'était plus. Il m'embrassa dès lors fougueusement et longuement, parvenant à accroître ma température toujours un peu plus...
S'il se montrait prédateur, pour ma part, je continuais de le couvrir de douceur et d'affection, passant mes doigts dans ses cheveux que je caressais d'une main, l'autre effleurait sa peau, plus lisse par endroit du fait de ses cicatrices. Plus je le regardais, plus je le désirais et plus je l'aimais...

Je m'installais de façon à m'unir avec lui, retenant un soupir en me mordant la lèvre inférieure : nous étions dans une ruelle en pleine journée, il n'était pas question de faire de bruit pour se faire repérer...

Mon bassin ondulait et je me cambrais de plaisir. Je le redécouvrais une nouvelle fois ainsi, ne me sentant plus honteuse pour le coup d'abuser de son état qu'il avait lui même choisi de conserver tout en en ayant connaissance... Peut-être avait-il besoin de cela pour aller mieux ? Ce n'était pas ce que moi je voulais puisque j'aurais préféré qu'il partage les sentiments que j'éprouvais pour lui mais si cela le rendait heureux et lui permettait de ne pas penser à l'affliction qui meurtrissait son cœur, alors cela me satisfaisait.

Je ne pouvais pas résister à ses avances de toute façon... J'étais la marionnette de mes sentiments, me laissant totalement contrôler par ces derniers. Cela m'agaçait, me déplaisait, mais je ne voulais pas m'y soustraire car il s'agissait de lui et que j'étais sans doute prête à tout pour lui. Quel supplice de feindre l'indifférence alors que j'espérais secrètement la moindre attention de sa part lorsque j'étais en sa présence.

Nos corps se mouvaient en parfaite harmonie alors que nous nous dévorions du regard, échangeant de temps à autre des baisers sulfureux et des caresses chaleureuses. Je rejetais ma tête en arrière sous l'extase, fermant les yeux tout en m'efforçant de me taire : ce qui s'avérait difficile tant le plaisir ressenti se révélait intense.

Pourquoi fallait-il que cet amour soit à sens unique ? Pourquoi avais-je appris à aimer ?
Tout serait plus beau et plus intense s'il était partagé... Tout serait plus simple si je ne m'étais pas épris de lui...
Or, je l'aimais...