Ca y était ! Quelques jours après sa fraîchement nouvelle attribution de Genin, notre héros avait reçu le Saint-Graal : sa première mission. Celle-ci n’était peut-être pas la plus difficile, ni la plus dangereuse, et très certainement pas la plus intéressante… Quoique ce travail d’instigation relevait des polars qu’il aimait tant lire… mais c’était une mission qui lui avait été confié personnellement. Un premier pas vers la réussite et l’ascension de son entreprise, avide et en quête de puissance. Il fallait bien commencer quelque part, après tout.
Ainsi débuta l’ère de Hyûga Issei.
Levé depuis l’aube, affublé de ses vêtements usuels, où le bandeau de la Feuille resplendissait à son genou gauche, le garçonnet avait été invité par l’un de ses tuteurs à prendre la route du bureau des missions, afin de recevoir une première quête. C’était donc avec célérité et envie qu’il avait pressé son pas vers les hautes instances de Konoha.
Là, il avait été reçu par un petit vieux rabougri, avachi sur sa chaise, sa longue barbe reposant sur le bureau. L’homme lui avait alors remis un document scellé où, en quelques mots, était inscrit les indications qu’il devait suivre. Visiblement, un document avait été égaré, pris par une personne âgée dont le nom avait été effacé ou oublié. Ni une ni deux, le garçonnet était sorti en trombe, direction les quartiers résidentiels. Une adresse avait au moins été retrouvée.
Manque de chance, une fois sur place, Issei put constater que la demeure avait laissé place à un très joli parc. Aussi menu que bien entretenu. La petite fontaine de marbre en son cœur était de toute splendeur. Dommage que cela ne faisait pas avancer son shmilblik. Regardant alentours, une rangée de maisons à l’aspect vétuste et vieillot, contrastant horriblement avec les habitations modernes parsemées autour du parc indiquèrent au Hyûga que, peut-être, des informations pourraient lui être confiés. Que ses résidents étaient là depuis longtemps. Ainsi commença un long porte-à-porte, renforcé d’un solide interrogatoire.
Les pas du gamin l’avaient mené vers les vieux quartiers. Ses questions avaient trouvé réponse. Là où reposait maintenant le parc avait autrefois abrité une large demeure, habitée par une femme férue de la mer et de l’océan. Le rachat de son terrain lui avait permis de réaliser un rêve : l’acquisition d’un bateau. De cet achat avait découlé alors un choix : elle n’aurait les moyens de s’offrir de vrais appartements en ville. Aussi s’était-elle alors terrée dans les bas-quartiers de Konoha, où les loyers étaient bien plus raisonnables. Une fois arrivé au cœur du secteur, il se posta en son point le plus haut, avant d’activer son Œil. En une fraction de seconde, l’œil parcouru chaque recoin du quartier, visitant chaque maison, chaque pièce. Il ne cherchait pas la femme, non. Seulement des indices. Des choses et objets rappelant la mélodie de la mer. Bingo ! Là, à quelques deux cents mètres de sa position, un appartement fourmillait de coquillage, de maquettes de bateaux, de livres et ouvrages marins. D’un bond, il fonça vers la baraque, jusqu’à arriver tout haletant vers la porte.
Un toquement. Un long silence. Une poignée de porte qui vibre. Le long grincement de la porte qui s’ouvre. Devant lui, Issei sourit à la vieille dame tant recherchée. Elle n’avait vraiment pas l’air d’une brigande des grands chemins, avec son châle de soie sur les épaules, son chignon sévère et l’odeur de gâteaux au miel qui la suivait. Lorsqu’il lui dit l’objet de sa visite, la vieille dame tomba dans la consternation. Depuis ce temps, elle avait totalement oublié le menu détail qu’avait été l'ouvrage "Les lieux de reproduction des baleines à bosse" dans ses folles lectures. Après un léger temps d’attente, trifouillant dans son bazar organisé, la femme s’acquitta de sa dette en rendant au Shinobi son dû.
C’est donc sur un au revoir et un large sourire que notre enfant prodige retourna sur ses pas, avec l’allégresse juvénile d’avoir réussi sa première tâche.