Quand j’ouvris les yeux, la première chose dont je pris conscience fut le froid. Décidemment, l’automne chaud et réconfortant était parti, laissant place à un automne froid qui n’aller qu’en empirant jusqu’à ce que l’hiver arrive. Me levant difficilement, j’allai fermer toutes les fenêtres de la maison qui avaient pu rester ouvertes pendant la nuit. Sûrement était-ce seulement cela. Comme plusieurs autres fois ces derniers jours, je sortirais et serais accueillis par le soleil qui réchaufferait aussitôt mon visage. Ouais, voilà, pensée positive; c’était ça le secret. Gardant cette énergie positive, je me fis un bon déjeune comme je n’en avais pas fait depuis longtemps et partageai même un peu plus que d’ordinaire avec Aka, qui avait aussitôt été attiré par l’odeur de la nourriture que je préparais. Une fois tous les plats et les vols vidés, je me penchai vers l’arrière et m’accotai sur le dossier de ma chaise. Un bon déjeuner, c’était la clé pour un entraînement fructueux. Eh oui, aujourd’hui c’était la journée d’entraînement.

Il fut un temps où j’allais m’entraîner pratiquement tous les jours, mais avec le temps j’avais trouvé que ce n’était plus autant nécessaire de s’entraîner aussi intensivement. Il ne fallait toutefois pas complètement arrêter de s’entraîner, c’était pourquoi j’avais simplement distancé mes entraînements. Enfin, je ne vous raconterai pas mon programme d’entraînement, je passerai plutôt au moment où je m’habillai de mes vêtements d’entraînement – ou de sport, peu importe comment vous voulez les appeler – et quittai mon appartement, seulement pour me rendre compte qu’il ne faisait pas si chaud que ça à ma grande déception. Avant d’être trop loin pour changer d’avis, j’allais tout de suite chercher une couche de plus. Là, c’était vraiment la direction du terrain d’entraînement.

Avant même d’arriver au terrain, mon nez m’avertit qu’il y avait déjà quelqu’un se pratiquant. Non pas une personne, mais bien deux; il y avait deux personnes déjà en train de s’entraîner. Je ne devais pas oublier de louer leur dévotion à l’entraînement, il était rare que je rencontre des gens aussi tôt. Cependant, plus j’avançais, plus je me rendais compte que cette odeur m’étais d’une étrange familiarité, que j’avais déjà senti cette odeur quelque part. Vous me direz que c’est normal comme je connais beaucoup de gens, mais il y avait autre chose. Ce n’est que lorsque j’arrivai finalement dans le terrain d’entraînement lui-même que je compris pourquoi j’avais trouvé cette odeur familière : il s’agissait de nul autre que de Dôbutsu Kuma-san, le chef du clan Dôbutsu, accompagné de son compagnon ours. Je les avais très brièvement rencontrés lorsque j’avais accompagné mon père et d’autres membres du clan et service funéraire du père de Dôbutsu-san. M’approchant plus près de l’homme et de son compagnon, je remarquai qu’il y avait quelque chose de changé dans le paysage. Je mis quelques secondes pour réaliser que plusieurs fleurs et arbres en tout genre avait été rajoutés depuis mon dernier passage. Je devinai facilement au faciès concentré du Dôbutsu qu’il était l’origine cette verdure.

- Bonjours à vous, Dôbutsu-san. Bonjour, à vous également dis-je à l’intention de l’ours, ne connaissant pas son nom. Un peu d’aménagement paysager, à ce que je peux voir? C’est vrai que ça fait beaucoup plus accueillant.

Je lui offris un sourire, mais je vis tout de suite à son air que lui n’était pas d’humeur à sourire. Avais-je dit quelque chose de travers? Ou bien peut-être s’était-il levé du mauvais pied ce matin? Il serait ainsi venu ici de bonne heure afin d’être certain de ne pas être dérangé? Quel que soit la raison, j’espérai ne pas être celui sur qui il venterait sa mauvaise humeur; ce n’était pas pour cette raison que j’étais venu ce matin. Quoi que ça ferait sans nul doute un entraînement beaucoup plus intéressant que ceux de d’habitude…