Pour s'éviter l'ennui des justifications sur les terres d'autres Nations, le binôme de l'Empire atteint les côtes du Pays des Rizières par bateau. La traversée fut épuisante, non pas du fait d'un climat exécrable, ni même d'une houle déchirant l'estomac de plusieurs passagers, mais bien de la difficulté de faire prendre conscience, à l'un des marins, de l'immuabilité du Nord. Mais la notion même de point cardinal semblait bien vague pour ce petit homme trapu et dégarni, persuadé que "c'est un coup à se planter ! Parce que selon comment on est tourné, ça change tout !"

Certaines personnes prouvaient avec une aisance déconcertante toute la relativité du temps... le voyage fut incroyablement long pour Fuusho. Alors c'est d'une joie non dissimulée qu'il se laisse accueillir par Tahori, et son silence prompt à la méditation soufflant dans ses rues.

La cité portuaire, point de départ de leur quête. Car l'appel à l'aide des Moines s'offrit aux deux shinobis comme l'invitation à la découverte d'une région emplie de mystères. Et l'autarcie des religieux de Maskine nourrit depuis bons nombre d'années la curiosité du trentenaire ; depuis sa lecture des "Contes de Benkei le Géant", à vrai dire.

Il y est dit qu'un ascète du nom de Benkei, interdisant l'accès au seul pont menant à son temple, aurait tenu en respect pas moins de quatre-vingt-dix-neuf guerriers. Tour à tour, les hommes s'étaient présentés, l'avaient défié et avaient perdu. Seul le centième, armé d'une simple plume, parvint à défaire le moine. Et à travers les lignes d'une légende tournée vers l'abnégation d'un prêcheur, le fumeur lit en l'outil de sa défaite toute la légèreté nécessaire et suffisante à la réelle puissance.

-"La plume existe." Avait-il confié à Hiko avant leur départ du Shozaichi. "Et nous la trouverons." D'aucuns y verraient là le caprice d'un adulte piégé dans son enfance faite de magie. Un mirage de plus. Une perte de temps. Mais au fond de lui-même, c'est avant tout un désir à jamais inassouvi qu'il cultive : celui de la découverte de l'inconnu.

* * * *
* * *

À moins de deux heures d'Entei, et après n'avoir croisé aucune âme en dehors du village côtier, le duo s'arrête sur l'initiative du gamin. "Qu'est-ce qu'y a ?" Demande le fumeur, sans ôter la cigarette de ses lèvres.

Spoiler:

Hrp:

Les présentations étant faites⁽¹⁾, Fuusho pivote la tête sur le côté pour apercevoir l'ampleur de son erreur. "Ca... c'est pas Entei." Non, effectivement. La toiture du Temple de Maskine prône fièrement un peu plus loin, devant eux. Expirant la fumée de sa cigarette par les narines, tout en extirpant une carte bon marché de sa veste, il la tourne dans tous les sens pour trouver l'origine de cette bavure. "Rappelle moi de pourrir l'autre grouillot du bateau, une fois rentrés." Demande-t-il à Hiko. D'un autre côté, il fallait aimé le risque pour acheter une carte de la région à un marin incapable de pointer deux fois le même Nord en fonction de l'orientation de son corps.

Ses premiers indices sur l'objet convoité devaient pourtant lancer leurs investigations sur Entei. Par dépit ou simple fainéantise, le trentenaire se dit que les moines du temple sauront lui donner quelques informations utiles, en échange de leur aide.

-"C'est étonnant tout de même..." l'origine exacte de cet appel à l'aide semble perturber Fuusho. "...que les moines demandent du soutien à tous les villages pour empêcher on ne sait qui d'entrer au temple." Un paradoxe lui apparaît, mais ne trouvant réponse dans l'immédiat, il partage son interrogation. "Ils font venir plein de gens, pour empêcher plein de gens de venir." Eteignant sa cigarette au sol avant de la ranger dans une poche intérieure de la veste, il s'en allume une nouvelle. Les mystères et les énigmes lui ont toujours imposé de créer une bulle de réflexion, une atmosphère embrumée propice à l'isolement.

-"À croire qu'ils créent leur propre destin et réalisent leur propre prédiction en voulant, au contraire, l'éviter. Cela ne vous semble pas... louche ?" Ses yeux scrutent chacun des trois autres interlocuteurs.

_____
⁽¹⁾J'ellipse le passage où je me présente à mon tour. Dites vous que vous connaissez ma vraie identité à présent.

-"Des excuses ?"

Sous l'impulsion du trentenaire, le ciel gronde, la terre tremble, et de l'obscurité longeant les rizières et recouvrant peu à peu l'ensemble du terrain pour avaler les silhouettes des quatre hommes, nait le chaos. Tonnerre déchirant les cieux pour s'abattre sur un sol fissuré, d'où jaillissent les entrailles de ce monde. Le Yomi, le Monde des Morts, se déverse telle une vague enflammée et vengeresse sur ceux faisant obstacle et les emporte dans un sillages de souffrances et de remords.

Une vision apocalyptique. Une rêverie, pure affabulation de l'esprit du fumeur qui, dans les faits, comprend parfaitement la situation délicate des deux missionnés, et ne bronche pas. Il s'agit tout de même d'un trentenaire flemmard, lent et certainement pas suffisamment puissant pour déchainer les enfers... .

-"Haha, faut pas s'excuser. La mission avant tout, on peut comprendre." Quelques pas sur le côté, Fuusho se défait de cette proximité entre les deux binômes, n'étant clairement pas à l'aise dans ce genre d'atmosphère. "Nous n'avons aucune raison d'entacher la bonne entente entre Hiko-kun et Wada-san, à l'image de celle liant Suna au Shukai. N'est-ce pas ? Et puisque vous nous le proposer, Wada-san, Aburame-san, le fumeur s'incline respectueusement, nous acceptons de vous porter main forte dans votre rôle de gardiens. Car ainsi est leur mission, tenir une position au profit de la sérénité d'un lieu saint. "Et puis, les moines verront peut-être en nos actes et notre patience le gage de nos intentions pacifistes, et nous aideront-ils en retour dans notre quête."

Une fois tous présents à la position exacte à défendre, Fuusho extirpe de son sac quatre parchemins sur lesquels figure le même sceau. "Tenez..." Leur annonce-t-il, en tendant les morceaux de papier "Prenez-en un, cela permettra de déterminer une barrière de protection sur toute une zone. La protection n'a rien de légendaire, mais aura le mérite d'exister et d'éviter toute mauvaise surprise dans le cas d'une éventuelle première attaque."

Prenant ses distances avec la façade Nord du temple, autre signe qu'il ne souhaite aucunement forcer le passage, il enfonce son parchemin dans le sol et les invite à faire de même. "Essayez de vous mettre le plus prêt du mur, ça permettra de bloquer l'entrée."

Puis se tournant vers Hiko, lui précise un peu mieux la fin de sa stratégie. "Tu devrais te dissimuler sur cet arbre là..." Lui indique-t-il du bout du doigt. "Afin d'utiliser tes capacités pour nous prévenir si toute personne ou groupe s'approche."

Puis, d'un simple pas, Fuusho entre dans la zone.

Spoiler:

dessin:

Ah bah ça, il ne s’y attendait pas du tout. Eichi venait de faire un déplacement pour barrer la route au jeune garçon en y interposant son bras. Hiko fut surpris par cette réaction, n’étaient-ils pas censés être amis ? Il posa donc son regard sur le Jônin de Suna et le jaugea du regard. Il vit néanmoins quelque chose qui le rassura un peu, Eichi souriait. Ouf, il voulait pas vraiment combattre hein ?

Mais bon, le problème ne semblait pas vraiment en être un finalement car Eichi proposa d’y aller tous ensembles car ils ne pouvaient pas laisser passer le duo du Shukai. Tant mieux, Hiko en fut le premier ravi. Faisant abstraction de la concentration dont avait fait preuve Eichi comme pour émettre un avertissement, Hiko se plaça aux côtés de Fuusho, les mains derrière la tête. Ils étaient maintenant un peu plus loin du duo leur faisant face, mais Hiko n’était pas vraiment inquiet. Il en avait vu d’autres et puis il connaissait un peu Eichi… Et il ne paraissait pas être quelqu’un attaquant sans aucune raison.

« Ouep, Fuusho a raison ! Si tu veux on peut vous aider, moi ça me pose aucun souci ! »

Le jeune garçon avait été sincère, il n’avait aucun problème à protéger le Temple contre des intrusions et cela serait un plaisir de mettre à contribution ses talents de senseurs pour aider Eichi ! Hiko les regarda alors avec un grand sourire. Le deal semblait conclu car le duo de shukaijins avait accepté d’y aller avec Eichi et Kei. C’est donc pourquoi ils prirent tous les quatre la route pour se rendre au fameux Temple… Là où se trouvait un secret des plus intéressant !

***

Une fois arrivés, le nouveau quatuor put observer le magnifique bâtiment. Hiko en avait le souffle coupé tellement le Temple était majestueux. Rien que pour l’avoir vu, il ne regrettait absolument pas sa visite au pays du Riz. Il comprenait maintenant pourquoi les moines de ce Temple voulait empêcher les intrus d’y pénétrer, cela se comprenait, vu la beauté magnifique du Temple !

Hiko en avait presque des étoiles dans les yeux et il fallut attendre l’intervention du barbu pour le ramener à la réalité. Il le regarda, et prit un des parchemins qu’il tendait. Le jeune garçon trouvait que cela était une bonne idée, une protection en plus. Il sourit alors à son ami, et tout en prenant le parchemin en main, il sourit à Eichi et Kei comme pour les inciter à lui faire confiance. Le jeune Sairyo faisait confiance à Fuusho, c’est donc pourquoi il n’avait pas hésité à se saisir du parchemin. Ensuite, il commença à se déplacer afin d’aller placer son parchemin dans le sol, en imitant Fuusho pour protéger au mieux le temple.

Puis, il entendit alors le conseil du barbu, c’est vrai que ce n’était pas bête. S’il montait dans un arbre, il pourrait ainsi utiliser au mieux ses talents de senseurs pour prévenir de l’arrivée de personnes ou de groupes étrangers. C’est donc pourquoi il sourit à Fuusho et s’exécuta. Il sortit donc de la zone de protection et monta dans l’arbre avec agilité.

« Voyons voir… »

Hrp:

hrp:

Son dos tourné vers l'entrée, le regard porté vers la route descendant jusqu'à eux, un frisson parcourt l'échine de Fuusho. Il ressent cette impatience éphémère juste avant d'achever son plan, son piège. Les deux autres shinobi sont dans la zone en pensant y être en sécurité, malheureusement la sournoiserie du trentenaire les a attirés dans l'obscurité d'un profond sommeil.

À moins que... . "Bordel...." Le râle murmuré résume tout son échec. La technique ne fonctionne pas et les quatre sceaux apposés n'enclenchent aucune illusion sur les cibles. Une rage folle et peu commune le consume de l'intérieur, comment a-t-il pu échouer si lamentablement ? La prise de risque dans pareille situation a été contrôlée, minimisée, mais ce déconvenue... coince en travers de la gorge. À présent, ne lui reste plus qu'à avorter, pour la seconde fois, son plan. Le voyage porté par la curiosité se montre des plus frustrant pour le barbu.

-"Ok, on s'occupe des civils !" Crie Fuusho à l'attention d'Eichi, malgré l'aspect foncièrement vide du chemin qu'ils regardent plus qu'ils ne gardent.

Où sont donc les marchands et autres visiteurs lambda qui doivent parcourir ces terres ? Les mythes des moines n'intéressent donc personne ? Leur culte proche du sectarisme effraie-t-il plus qu'il n'appâte ?

Et après dix interminables minutes écoulées face à l'absence d'âme voyageur, le fumeur, perdant patience, décide alors de rebrousser chemin pour s'approcher d'Eichi.

-"Au fait..." L'interpelle-t-il, avant de poursuivre. "...on est censé empêcher quiconque d'entrer depuis que nous sommes arrivés, mais..." Son regard se plonge dans celui du Sunajin, un sourcil relevé. "... et si certains étaient déjà rentrés ? Ne devrions-nous pas nous assurer que l'intérieur est tout aussi sauf avant de porter notre attention sur l'extérieur ?"

Et pour lever toute tentative de passage en force transparaissant à travers sa question, Fuusho précise son idée et lève le doute. "Vous semblez assez proche avec Hiko-kun, faites une ronde à l'intérieur du temple tandis que nous poursuivons notre surveillance extérieure avec Kei-san."

Spoiler:

Spoiler:

L'impatience de l'enfant joue en sa faveur et finit de convaincre le gradé de Suna de couper l'équipe en deux. Si jamais Hiko devait le retrouver, il saurait comment s'y prendre pour sentir le chakra du barbu, ce-dernier n'en doutait aucunement.

Eichi prend la peine de frapper avant d'entrer. Seul risque de cette attitude, bienséante et polie, annoncer sa présence à de possible intrus... . Tant pis pour l'effet de surprise, suppose Fuusho.

* * * *
* * *

Les minutes défilent, hormis un voyageur cherchant sa route jusqu'au Mont Hiodoru et naturellement orienté à rebrousser chemin vers le Nord, rien n'égaille leur garde. Kei et Fuusho se contente de patienter en silence depuis l'entrée d'Hiko et Eichi dans le temple.

Initialement, le barbu avait souhaité piégé le Sunajin comme le Konohajin dans un genjutsu. Pour leur permettre, au gamin et lui-même, d'entrer sans blesser quiconque. Mais l'échec de sa tentative l'a forcé à la ruse et au dialogue. Et si son idée semble avoir porté ses fruits, qu'est-ce qu'il l'empêcherait, à présent, d'assommer le jeune Konohajin pour s'engouffrer à son tour dans ce saint lieu ? Rien, rien sinon l'absence de motivation à se battre. Il n'est pas là pour ça. Alors une nouvelle fois, il tente de forcer le destin par les mots.

-"Ca va faire un petit moment qu'ils sont partis..." Simple constatation alors qu'il s'approche de Kei. "Il serait peut-être plus prudent de s'assurer qu'il ne leur est rien arrivé. Je propose d'aller voir." Une invitation à la curiosité.

-"Oui, c'est ce que je comptais proposer." Ce jeune a beau être quelque peu distant, Fuusho se réjouit de la réponse qu'il vient tout juste de lui fournir. D'une part parce qu'il n'aura pas à tenter le conflit et d'autre part parce qu'il ignore se qu'il découvrira à l'intérieur.

Ainsi, sans prendre la peine de s'annoncer en frappant, ils ouvrent la grande porte puis entrent.