Personnage joué : Naninomai:

Kawa no Kuni, début de l'année 12...

C’était par une missive qu’il avait reçu ses instructions. Les mots figurant dans cette lettre étaient d’une utilité dérisoire sachant que comme d’habitude, les réelles informations avaient été dissimulées derrière un code dont seul l’intéressé connaissait la clé en plus de l’auteur. C’était de cette manière qu’Howaito avait communiqué à « Rien » ce qu’il attendait de lui pour les prochains jours, tandis que le moine semblait s’intéresser à Suna.

Les quelques informations portant sur un dénommé clan Zen’Ryou signifiaient que ce dernier luttait sur divers plans de façon plus ou moins discrète mais que l’ensemble de leurs actions semblaient pacifiques, et bien souvent motivées par des sommes qui devaient constituer le gagne pain de leurs membres. Katsuo Takusanken, le principal acteur de ce groupuscule, semblait avoir entamé un voyage qui lui vaudrait un passage auprès de plusieurs pays, dont Kawa no Kuni.

C’était compréhensible, Howaito s’était intéressé à ce pays car la plupart des voyageurs s’arrêtaient forcément à la mégalopole. Et si Naninomai se mettait rapidement en route, il pourrait y arriver dans le même temps. Les estimations semblaient avoir été assez pesées, et l’homme plein de maturité savait que le moine n’avait rien laissé au hasard. S’il lui assurait qu’il y avait de grandes chances que le dénommé Takusanken soit là-bas, alors il fallait tenter. Et de toute façon, voilà longtemps que Naninomai avait prêté allégeance au Gekei.

Une fois sur place, le membre de la Ruche n’eut pas de réelle difficulté à trouver celui qu’il cherchait. En effet, ce dernier avait réservé une chambre dans une auberge en utilisant son nom. Ce n’était pas très prévoyant, mais au vu des activités de l’intéressé, il n’y avait en vérité aucune raison pour qu’il dissimule son identité. Il semblait être un homme bon, mais « Rien » aimait se fier au visage.

« Bonsoir monsieur Takusanken, puis-je me permettre d’interrompre votre repas ou de m’asseoir à votre table pour le partager ? »

Il était parti demander à l’aubergiste où se trouvait la personne qu’il recherchait et ce dernier lui avait montré une table du restaurant du doigt. Naninomai avait choisi de l’aborder d’une façon extrêmement courtoise, car il s’était douté que si c’était lui qui avait été envoyé et non Hachi, le recruteur attitré, c’était pour des raisons bien précises.

« J'aimerais vous parler. »

Depuis mon départ de Kumo, j’ai rencontré une tonne de personnalités colorées.  Une fois arrivé au Pays des Rivières, j’ai eu la chance de rencontré cet homme perdu, ce Kibō et mon vieil ami Shinji. Ce dernier, une fois notre aventure avec le journaliste complétée, devait m’aider à pénétrer dans l’enceinte de Suna, mais une affaire urgente l’a appelé et, depuis, je suis sans nouvelle.

N’ayant aucun autre allié en ces terres arides, si ce n’est que les nomades du désert, je n’ose pas me lancer corps et âme comme la toute première fois. C’est pourquoi j’ai bifurqué vers Kawazoi, une cité aux dimensions incroyables dans laquelle, selon la rumeur, il y a toujours des activités. Voulant, d’une part, prendre une sorte de pause et, de l’autre, tisser des liens avec les peuplades à proximités de Kaze no Kuni, j’arrive dans la ville grandiose. Les chemins sont largement assez grands pour que je puisse chevaucher Boke sans crainte de blesser qui que ce soit. Il y a des centaines de styles de personnes différentes, certaines armées et d’autres non.

En quelques minutes, je trouve une auberge bien accueillante qui possède une étable ressemblant plutôt à une grande cabane où toutes sortes de bêtes s’y trouvent. Laissant ma vieille bourrique là, j’attrape mes carquois contenants quarante Katanas. Je discute pendant quelques secondes avec l’aubergiste. Je me réserve une belle chambre à mon nom et je commande une bouteille de vin en plus d’un repas consistant.
Enfin installé à une table, sans un seul souci.

Même si je sais pertinemment qu’il s’agisse d’une situation temporaire, c’est plaisant de pouvoir souffler pendant un moment. Depuis la mission trouble avec Goren, ce criminel immense, je n’ai pas eu une seule chance de pouvoir me détendre. Ma tête se secoue doucement, craquant quelques vertèbres de ma nuque, et je pousse un long, très long, soupire.

Un repas chaud composé de pommes de terre, de choux, de carottes, de deux viandes différentes et d’une large quantité de riz arrive. La bouteille de vin est simple, voire banale, mais la nostalgie me prend quand je réalise qu’il s’agit bel et bien de celle que j’avais partagée avec Shinji. Souriant, je paye mon dû au serveur avec un large pourboire. J’avale rapidement quelques bouchées avant de me verser une coupe.

« Bonsoir monsieur Takusanken, puis-je me permettre d’interrompre votre repas ou de m’asseoir à votre table pour le partager ? »

Je lève un sourcil, observant qui m’adresse la parole. C’est un homme d’un certain âge chaudement vêtu. Il me regarde intensément alors que mon expression est plus ridicule puisqu’une patate légèrement trop grosse venait tout juste d’entrer dans ma bouche. Je la cache de revers de ma main gauche et présente la chaise m’opposant de l’autre main, signifiant ainsi à l’homme qu’il peut prendre place.

« J'aimerais vous parler. »

Je déglutie finalement ma bouchée et, alors que j’approche la coupe de mes lèvres, je prends parole.

« Bien sûr, monsieur! Appelez-moi Taku! Dites-moi, qu’est-ce qui vous amènes ici? Puis-je vous être utile? »

Par la suite, je prends une longue gorgée de vin. La coupe, doucement, retrouve sa place sur la table et je m’avance sur la chaise, m’intéressant à la conversation, mais restant tout de même sur mes gardes.

Fallait-il lui accorder ce plaisir et réellement l’appeler par son diminutif ? Qu’aurait-fait Howaito à sa place ? L’homme à la barbe imposante s’en moquait, au final. Il était ici pour une tâche précise, et tout le reste n’était formé que d’éventuels artifices. Et il détestait les faux-semblants. Il allait le faire à sa manière. Il retira son chapeau.

« Non merci, ce sera bel et bien Takusanken. Quant à moi, je m’appelle Naninomai. »

Détachant son regard froid de celui du Nukenin qui semblait plus proche du jeune homme sans conviction qu’un leader d’un petit groupe comme on lui en avait fait le portrait, le membre de la Ruche contourna sa chaise et s’y assit avant d’adresser un regard significatif à un des serveurs.

On lui apporta la carte et il passa commande de leur meilleure viande ainsi que de leur meilleur vin. Naninomai avait un manoir bien garni, et il était sans doute le membre de l’organisation le plus riche, et il aimait en profiter dans toutes les circonstances. Ses dépenses étaient équilibrées par un sérieux à toute épreuve. Un comportement qui n’allait pas manquer lors de cette entrevue.

« Votre clan Zen’Ryou – excusez-moi d’avance si j’écorche ce nom – commence à se faire une certaine réputation. Et l’homme qui m’envoie aimerait m’assurer que vous avez compris certaines choses qui sont justement implicites avec cette… popularité. »

Comme d’habitude, et c’était comme ça dans quasiment tous les restaurants et tavernes, on lui apporta le vin avant le reste qui n’était naturellement pas prêt. On le servit, il goûta, aima et salua. Lorsque son verre fut plein et l’employé reparti, « Rien » souleva sa coupe en insistant le regard vers le Katsuo. Après une gorgée, il toussota un court instant puis reprit.

« Nous vivons dans un monde aux règles plus strictes qu’il n’y paraît. Les villages shinobis sont rapidement au courant des agissements des groupuscules comme le vôtre. Et lorsqu’ils en trouvent un, il vaut mieux pour ce dernier qu’il ne leur oppose pas de résistances, si vous voyez ce que je veux dire… »

L’homme reprit une gorgée. Cela ne se voyait peut-être pas au premier regard, mais pas un seul des poils n’avait été humidifié ou malencontreusement trempé dans la boisson. Naninomai était un homme d’expérience et d’une propreté irréprochables.

« Mon employeur aimerait savoir si, maintenant que vous savez que tôt ou tard les villages shinobis voudront vous approcher vous et votre clan, que choisirez-vous ? Les aider, vous opposer à eux ou faire quelque-chose de totalement différent, à moins qu’un des villages cachés ait déjà tenté une approche ? »

J’écoute l’homme à la barbe s’exprimer. Selon les informations qu’il mentionne, il se nomme Naninomai, il a un employeur et, donc, ne travaille pas seul. Cet employeur s’intéresse à notre groupe, au Clan Zen’Ryou, et à la gestion que j’en fais. Selon les dires de mon invité impromptu, notre organisation se fait remarquer de plus en plus et elle risque la foudre des villages Shinobis qui n’aimeraient pas que nous agissions comme nous le faisons. Mon sourcil se lève.

*Nous sommes un groupe d’individus qui protègent les plus faibles et ceux qui souffrent, comment les nations Ninjas pourraient prendre ça comme un affront?* Me dis-je, intérieurement.

À la mention du fait qu’un des villages cachés aie approché le Zen’Ryou, un sourire gêné apparaît sur mon visage. Ma main droite se rend derrière mon crâne et caresse doucement l’arrière de ma tête avant que je ne réponde.

« En fait, oui. Nous avons des termes avec l’Alliance des Pays neutres et Kumo. Là, justement, j’étais en route en direction du Désert pour former une alliance similaire et les autres membres, quant à eux, se rendent dans la nation du Feu pour faire de même. »

J’avale une gorgée de vin et me verse une nouvelle coupe. Je la lève à Naninomai, déguste le liquide une nouvelle fois et reprends parole.

« Mais, je comprends! Notre objectif, avec le Zen’Ryou, est de pouvoir aider tout le monde peu importe leur origine ou statut social. Si nous arrivons à faire alliance avec tous les villages Shinobis et ceux civils, nous pourrons facilement ouvrir des portes de dialogues ou bien servir de médiateurs! »

J’hoche rapidement de la tête et redépose mes avant-bras sur la table.

« Je m’opposerai toujours à celui qui tente de blesser des innocents. J’essayerai toujours de sauver le plus grand nombre de victimes. Au final, je veux simplement que le monde soit paisible! Je n’ai pas peur des choix difficiles à faire pour y arriver. »

Je regarde directement l’homme dans les yeux, conservant tout de même mon sourire.

« Vous semblez bien informé, monsieur. Dites-moi, votre employeur, a-t-il un point de vue sur notre groupe? Sur moi? »