C'était le grand soir. Pour Hasü, c'était désormais le moment de faire ses preuves. De montrer qu'elle pouvait endosser le rôle de serveuse. Plusieurs plats dans la main et sur les avants bras, la jeune femme slalomait à travers la foule importante qui s'était invitée dans l'établissement du Père d'Emishi. De toute évidence, ses Okonomiyaki avaient un succès certains auprès de la population Sunajin. Habillée de sa tenue de travail qu'était sa robe beige et blanche à manches longues et ses collants, la jeune femme tentait comme elle pouvait de débarrasser le plus de table possible. Elle n'avait pas eu le temps de souffler depuis que l'aiguille avait dépassée les 18 heures. Ce soir, le service était assuré par Emishi et elle même. De temps à autre, la jeune femme jetait un regard à son chef de rang. Le voir travailler et être à ses côtés étaient des choses totalement différentes. La sueur qui perlait le long de son front était la pour témoigner de ce changement.

Le souffle court, la Demoiselle traversait les portes battantes qui menaient à la cuisine. Posant les assiettes dans le évier massif de la plonge, elle observa de ses pupilles de jade, les deux cuisiniers qui composaient le cœur du restaurant. Le patron travaillait d'arrache pied sur sa table adaptée à son handicap, tandis que Medhi faisait ce qu'il avait à faire. Il était actuellement en train de confectionner une sauce à la couleur brunâtre. De la vapeur s'échappait des nombreuses casseroles qui cuisaient sur l'imposante gazinière. Une chaleur bien supérieure à la moyenne émanait des fourneaux. S'exfiltrant de la pièce étouffante, la jeune femme regagna la chaleur des conversations et des rires ambiant. Elle afficha une mine légèrement blasée lorsqu'elle vit que l'endroit ne désemplissait pas... C'était même l'inverse. En tout cas c'est ce qu'elle pensa lorsqu'elle vit deux garçon entrer par la porte d'entrée. S'emparant du menu et s'épongeant le front d'un revers de main, elle s'empressa de rejoindre ce duo masculin. Connaissant son texte après une dizaine de clients accueillis, elle afficha un sourire commercial :

— Bienvenue dans notre établissement messieurs !

Elle toisa rapidement ces deux personnages et continua d'une mine curieuse :

— Vous n'êtes que deux ?

Leur laissant le temps de répondre, la Demoiselle afficha à nouveau un sourire, plus large que le premier :

— J'ai parfaitement ce qu'il vous faut ! Suivez-moi...

Avec aisance, elle les mena à une petite table isolée située à l'intérieur. Très simple, le support, petit et nappé, était accompagnée de deux chaises en bois sculptées. Déposant les menus devant chacun des clients, elle joignit ses mains derrière son dos, professionnelle.

— Je vous laisse décider et je reviens dès que vous aurez choisis.

Un clin d'oeil et elle termina :

— Je vous souhaite une agréable soirée en notre compagnie !

S'éloignant, elle rejoignit Emishi afin de le tenir au courant de la situation. Elle espérait ne pas trop l'ennuyer. Voyant qu'il n'était pas aux prises avec des clients, elle se lança sur un ton timide :

— Hum... Emishi-san ? La terrasse est quasiment vide. Et la majorité des clients dans la salle ont déjà commandés... Du coup tu pourrais m'épauler pour ces deux là ?

D'un mouvement de pupille, elle lui indiqua les deux sujets de son regard. Ils arboraient comme la plupart des habitants le bandeau frontal du Sable. Des Sunajins.

Musique:

Le trajet du retour avait été beaucoup plus fluide et donc beaucoup plus rapide. Je parlais évidement du trajet de retour que j'avais effectué après ma mission avec Hidame Satoru, un marionnettiste très appréciable. Si habituellement je n'arrivais pas à me lier aisément d'amitié avec une personne, je pouvais dire que j'étais dans la bonne voie avec ce partenaire. J'appréciais son sérieux, sa tactique et sa gentillesse à mon égard. Je n'en espérais pas moins et pour être honnête, je n'aurais jamais fait de même avec une autre personne. En quelque sorte il m'avait montré la voie à suivre pour réussir le comprendre et en même temps à me comprendre. La mission était un succès et nous avions mis sous les verrous le criminel Juro. Les subordonnés étaient malheureusement morts mais je n'éprouvais aucun remord ni aucune empathie. Le fait d'avoir ôté la vie ne me dérangeait pas, cela faisait parti du rôle du Shinobi. J'aspirais à protéger mon village jusqu'à ma mort et avec tous les moyens possibles, seulement protéger sans faire couler le sang ou égorger, c'était tout bonnement impossible et utopique.

Enfin, nous avions quittés les contrés vertes pour retrouver notre bon vieux sable. J'avais pu pendant quelques jours apercevoir de belles plaines, ce n'était comparable en rien avec les autres pays que j'avais traversé durant mon périple avec Kibo mais cela était appréciable. Nous marchions côte à côte mais il était sûr qu'au bout d'un moment, nos chemins allaient se séparer. Nous devions rentrer chez nous après tout. Du moins je pensais ça avant que mon équipier ne propose de nous rassasier dans un bon petit restaurant. Il précisait même la spécialité de la maison ; Des « Okonomiyakis » disait-il, j'esquissais un sourire à l'entente de ses mots. Il me disait vouloir en manger mais il avait du mal ne serait-ce qu'à définir le plat en lui même. Je regardais le soleil quelques secondes pour me repérer temporellement avec d’acquiescer à sa proposition en hochant la tête de haut en bas. Le voyage m'avait ouvert l'appétit, j'étais bien prêt à dépenser quelques sous pour un bon plaisir. Je ne le faisais pas tout le temps, je pouvais faire alors de temps à autre des exceptions.

«  Oui, ça peut être une bonne idée, allons-y partenaire. »

Je suivis ses pas qui nous menèrent tout droit au restaurant. La vue de celui-ci en plus de la devanture avait sûrement dû attiser sa faim d'autant plus. Voici la réelle raison de sa proposition, je l'observais retirer sa capuche. Il l'avait gardé durant son voyage et aimait être à l’abri, des regards peut-être ? Ne faisant pas dans la psychologie ni dans le social, je ne pouvais répondre à cette question. Nous étions accueilli par une damoiselle rousse, une serveuse sûrement. En signe de respect, je fis un signe de tête pour la saluer tandis que le maître du Kugutsu confirma notre nombre. Une table plutôt éloignée, dans un coin de la salle nous attendait patiemment. Suivant la serveuse et mon compatriote, je pris place face à lui en examinant l'établissement. La simplicité faisait la beauté de celui-ci, c'était le cas de le dire. Un restaurant plutôt familial pensais-je avant de voir les portes de la cuisiner s'ouvrir et se fermer à répétition, un restaurant familial réputé osais-je penser à nouveau. L'attitude de la serveuse était parfaite, elle connaissait parfaitement son métier, j’espérais que les cuisiniers allaient faire de même.

Je tendis ma main droite pour prendre le menu avant de le feuilleter que très rapidement. Je n'aspirais pas à manger quelque chose spécialement, n'étant pas trop difficile avec la nourriture et j'étais prêt à m'essayer à de nouveaux plats et à ce charmant restaurant que je ne connaissais pas. La serveuse s'était retirée le temps de nous laisser choisir, mon partenaire en profita pour me poser une question par rapport à la mission. Il évoqua le voyage du retour, plutôt éprouvant en effet.

«  Je suis d'accord, cela a été assez éprouvant. Enfin, je suis tout de même content que cette mission fut remplie. L'homme loup n'était pas un adversaire à prendre à la légère, on a essuyé des blessures mais lui il a essuyé une défaite.  J'étais même à deux doigts de lui ôter sa tête, le bon sens m'a pousser à lui laisser la vie sauve.»

Je n’espérais tout de même pas rompre l'ambiance chaleureuse du restaurant. C'était comment dire-.. seulement ma façon de penser et de parler ; J'étais honnête en toute situation, un trait de caractère vous me direz. Le fils Hidame semblait toujours chercher un plat intéressant dans la carte, amusé je riais face à cette situation. Le plat du jour pouvait être une bonne alternative dans ce genre de cas, je comptais le faire depuis le début et c'était bien pour ça que j'avais regardé que succinctement le menu. Je le laissais s’empêtrer dans ses recherches tandis que je voyais la serveuse revenir. Je pris alors les devants pour mon partenaire et moi, ne voulant pas l'enquiquiner plus que ça.

«  Satoru ne t'embête pas ! Nous allons prendre le plat du jour, je vous remercie.  »

Je tendis les deux menus à la damoiselle qui avait sûrement besoin pour la suite. J'observais mon interlocuteur en espérant ne pas l'avoir dérangé en prenant les devants. Je faisais aussi cela pour son bien, c'était mon rôle en tant que partenaire si j'ose dire. Un souvenir me revint, je ne lui avais pas demandé si il était parant du Hidame créateur de pantins même si j'avais déjà la réponse. J'imaginais en vu de son âge qu'il devait être le fils mais survenait quelques doutes. Je comprenais aussi la raison de sa maîtrise au Kugutsu, son père avait du lui inculquer l'amour du bois et le don de maîtriser ces marionnettes. C'était tout comme avec mon père qui m'avait tant entraîné dans le passé .

«  Dis moi Satoru, par déduction tu es parent avec l'homme qui tient la boutique Hidame, donc son fils non ? Je m'en suis rappelé lors de la mission.  »

Maintenant, nous attendions avec impatience nos plats.

information supplémentaire:

Hasü grimaça lorsque la réponse d'Emishi entra en contact avec son ouïe. La Belle bouda légèrement face à ce refus, mais ne pu pas dire grand chose face à son argument. Il était le chef après tout. Sans compter que c'est, en grande partie, grâce à l'Ecarlate qu'elle avait de nouveau un foyer dans ce nid de vipère qu'était Suna. Les yeux baissés, elle avait désormais honte de sa demande. C'est alors que son interlocuteur continua de lui parler. Expérimenté et d'humeur à se faire passer pour un voyant, Emishi après avoir décrit plus que nécessaire le duo récemment installé à table, il se mit à prédire leurs prochains mots. La Sirène haussa un sourcil lorsqu'il lui annonça qu'il connaissait déjà la commande de l'un d'eux. Le plat du jour hein ? Le serveur était une personne qui avait probablement un caractère plein d'assurance. Mais de là à se croire clairvoyant à ce point...

Après l'avoir tout de même écouté, la jeune femme haussa légèrement les épaules. Déposant les menus, elle retourna auprès des clients. Surveillant du coin de l'oeil les deux derniers arrivants, elle s'occupa du débarrassage des tables qui se vidaient enfin. Ce n'est qu'au bout de quelques dizaines de minutes que la Belle se décida enfin à revenir auprès d'eux. Sourire aux lèvres et humeur joyeuse, la Koken jouait son métier du mieux qu'elle pouvait.

— Alors messieurs ?

Immédiatement le jeune homme aux yeux hivernaux prit la parole en demandant le plat du jour. Affichant un air satisfait, la Sirène commença à noter leurs désirs gastronomique sur un calepin qu'elle avait sorti de sa poche quelques instants plus tôt. Se rappelant ce que lui avait le Nishouri pour la mettre en confiance lors de leur première rencontre, elle ne put s'empêcher de sortir ce même commentaire :

— Très bon choix.

C'est à ce moment qu'elle tilta. Ils venaient de commander le plat du jour... Comme l'avait prédit son chef de rang. La jeune femme resta incrédule quelques secondes quand elle se décida à se reprendre. Emishi était doué d'une capacité d'analyse surprenante. Elle posa ses yeux sur le duo, son regard allant de l'un à l'autre. Voyant qu'ils n'avaient rien d'autre à ajouter, elle ferma son bloc-note d'un mouvement et le rangea dans la cache de sa robe.

— Ce sera prêt d'ici quelques minutes !

Nouveau clin d'oeil, et la jeune femme tourna les talons. Elle se dirigea à nouveau vers la cuisine d'un pas rapide. Sans attendre, elle y déposa le papier où était inscrit la commande avec toutes les autres encore en état de création. Cette dernière entre les mains de la cuisine, la jeune femme retourna en salle en poussant un soupir. Ce n'était que son premier jour et elle en avait déjà bavé. Pour un petit restaurant modeste, les clients s'étaient bousculés...

C'est alors que le moment où les plats des Sunajins furent prêt à être dégustés. Plateau à la main, elle y posa les deux assiettes en porcelaine encore fumante ainsi qu'une carafe d'eau et deux verres translucide. Prenant soin de ne rien casser, elle slaloma à travers la foule et le mobilier pour arriver à son point de livraison. Se postant à côté de chacun de ces deux jeunes gens, elle plaça les plats devants chacun d'eux. Une fois que tout était là, elle plaqua le plateau contre son ventre et termina par le discours classique du :

— Je vous souhaite un bon appétit !

Toujours un tantinet curieuse et histoire d'être certaine de ce qu'avait avancé Emishi, elle ne quitta pas sa position directement. Hésitante, les joues rougissants légèrement, elle se reprit la parole.

— Pardonnez ma curiosité... Mais vous êtes des Sunajins qui viennent de rentrer de mission non ?

La chaleur de la grande pièce était vraiment agréable après une mission de quelques jours, la nourriture des clients dégageaient aussi une bonne odeur et le mélange de tout cela était tout simplement exquis. Cela faisait un moment maintenant que je n'avais plus remis les pieds dans un restaurant, je mangeais habituellement au réfectoire se trouvant au quartier général des Midorhato ; Et quand je n'étais pas à l'établissement, je trouvais un stand me servant de restauration rapide. Enfin, après la commande j'avais débuté une discussion avec mon partenaire le marionnettiste. Mes doutes étaient dorénavant confirmés, il était bien parent avec le dirigeant de la boutique et mieux, il était réellement son enfant. En plus de lui avoir appris l'art de maîtriser les pantins, il lui avait aussi enseigné à confectionner ces armes. L'armure de son patin avait été précédemment endommagé par Juro, l'ayant vu de mes propres yeux je pouvais confirmer que le choc n'était pas sans conséquences. Les affaires n'étaient pas fleurissantes d'après lui, je comprenais ses dires. Malgré que le Kugutsu soit un art bien utilisé à Suna, il n'empêche que beaucoup utilisent leurs propres marionnettes, sans parler d'une concurrence assez forte.J'avais bonne mémoire et je me souvenais parfaitement de son nom de famille. Mon interlocuteur était étonné, moi pas.

«  J'ai une bonne mémoire, du moins je le pense. Ton nom, je l'avais déjà vu ou entendu quelque part. Je n'ai pas mis longtemps à faire le lien si tu vois ce que je veux dire.  »

Comme une discussion basique, on se parle à tour de rôle et vu que le sujet de la famille était abordé par moi ; Il n'était pas étonnant que Satoru en fasse de même. Les Toshiro étaient en effet réputés, nous sommes une grande famille à la base. Même si nous n'avons aucun don, aucune particularité, nous n'avions pas eu de mal à nous développer à Suna. Aborder ma famille me fit revenir dans le passé, je revoyais le moment de mon exclusion. Baissant la tête, je posais mon regard vide sur mon assiette. Une malédiction, voilà comme on m'avait nommé jadis. Mon père était mort indirectement à cause de Makka, cela avait donné naissance à mon envie de me battre pour mon village. Ma mère quant à elle est morte en me donnant la vie, cependant mon père ne m'en tint pas compte à contrario des anciens de ma famille. Le coup de grâce fût la mort de ma grande-sœur emportée par la maladie. J'étais le seul en vie, en parfaite santé, ils ne mirent pas longtemps à me considérer comme une malédiction. Tel était la raison de mon évincement, selon eux les personnes autour de moi périssaient.

Perdu dans mes pensées, je mis quelques secondes à adresser un nouveau regard au maître patin. Me parler de ça m'avait ramené à des envies meurtrières, j'avais laissé en suspend trop longtemps à mon goût. J'eus des envies fortes de les tuer à ce moment-là, de les découper-.. Cependant, ça ne pouvait concorder avec mon rôle en tant que Shinobi. Cette affaire était une nouvelle fois, remise à plus tard. Je repris mes esprits pour parler d'un ton légèrement plus sérieux.

«  Comment dire-.. à la base il est vrai que nous sommes une famille assez réputée. Nous n'avons aucun don particulier mais notre famille dispose d'affaires assez onéreuses. De plus, quelques Shinobis ont percé, ce n'est pas faux. »

Je croisais les bras et marquais une petite pause avant de reprendre.

«  Cependant, je ne fais plus parti de cette famille. Je fus évincé, il y a quelques années maintenant. Je vais reformer le clan à ma façon mais pas tout de suite, j'ai le temps. »

Je n'exprimais aucune peine, on ne pouvait rien transcrire sur mon visage. N'étant pas du genre à montrer mes émotions, je les refoulais jusqu'à explosion. Notre commande arriva, la damoiselle rousse de toute à l'heure revient avec des plats. Je n'avais aucune idée de mon plat, j’espérais juste qu'il soit délicieux. Tout ce que je pouvais dire pour l'instant c'est la préparation dégageait une bonne odeur. La présence de la serveuse ne s'estompa pas, je la sentais toujours à nos côtés. Je plantais mes yeux dans les siens en l'attente de la raison de son comportement. Les joues légèrement rosées, elle nous interrogea. Curieuse, elle se demandait si on revenait de mission. En effet elle n'avait pas tort. Peut-être que notre corps portait toujours les marques de notre voyage, le sens de la déduction de cette femme était intéressant. Satoru répondit à sa question tandis que moi je hochais la tête de haut en bas.

— Oh pour rien, pour rien...

Damn. Emishi avait réellement eu raison sur toute la ligne. C'était impressionnant à un point tel que la jeune femme en eu le souffle coupé... Encore troublée par la clairvoyance de son chef de rang, la jeune femme était restée immobile et silencieuse. Finalement, elle secoua la tête de droite à gauche rapidement histoire de se remettre les idées en place. Soupirant, elle se disait que ce n'était pas juste qu'ils ne sache pas la vérité. N'ayant aucun discours de prêt en tête, la jeune se montrait sous sa réelle apparence : Beaucoup plus incertaine et timide. Deux choses, qui à son départ de Kawa n'avait jamais fait parti de son caractère. Hélas le destin avait fait que la Sirène avait changée du tout au tout...

— C'est juste que... Et bien, je voulais vérifier si mon collègue disait vrai ou non. Et il avait tout juste...

Lorsqu'elle vivait à l'auberge familliale, la Koken n'avait jamais pris la peine de jauger les clients, ou du moins tenter de comprendre leurs venues. Certes, elle y passa 20 ans de sa vie là bas et comme c'était souvent les mêmes qui s'amenaient, elle arriva tout de même de savoir qui était qui, qui faisait quoi, etc... Mais c'était un petit village paumé, isolé. Là, on parlait de Suna. Une cité shinobi qui représentait au moins 100 fois plus que son petit hameau. Des centaines de personnes allaient et venaient et ce n'était donc jamais les mêmes visages que le Nishouri avait dû rencontrer. C'était fou. Finalement, le choc passé, la Belle termina :

— Il a un bon sens de l'observation...

La Koken réarbora son sourire :

— Mais vous devez avoir faim ! Je vais donc vous laisser profiter de ses Okonomiyaki à la seiche. Bon appétit !

Elle s'apprêta à faire volte-face lorsqu'elle oublia un détail :

— Oh ! Et bien sûr, si il vous manque quoique ce soit, n'hésitez pas à faire appel à moi ou à mon chef de rang !

Elle s'éloigna définitivement de la table et s'adonna à nouveau à ses tâches. L'endroit se vidait mais, il y avait encore quelques clients tardifs qui comme le duo Sunajin, n'attendaient que de manger. Elle prit donc soin de ces derniers et profita de ses instants seule pour souhaiter la bonne soirée à tous ceux qui s'en allaient. Les minutes passèrent, et la Belle se rendit compte que la fermeture du restaurant serait pour bientôt. Une trentaine de minutes pour être plus exact, et la salle de restauration était quasiment vide. Il n'y avait plus que les shinobis encore à table. Voyant que leurs assiettes étaient vides depuis un moment déjà, elle s'approcha d'eux, la fatigue amoindrissant son sourire :

— Un dessert, messieurs ?

Calepin en main, elle attendait leurs réponses.

J'observais la damoiselle à nos côtés, elle était plantée là l'attente de notre réponse. Quand finalement elle vint, elle nous laissa sur notre faim en ne nous donnant pas le pourquoi du comment. Je haussai un sourcil avant de prendre une nouvelle bouchée de mon plat. Toujours un œil rivé sur elle je pouvais déceler une certaine timidité, pourquoi était-elle comme ça face à nous ? Je ne pensais pas être un monstre et j'avais face à moi un manieur de pantins plutôt agréable. Si j'avais du mal à comprendre son comportement, Satoru lui était plutôt enclin à la discussion.

Son collègue avait vu juste d'après elle, un homme avait été assez fin pour émettre l'hypothèse qu'on venait d'effectuer une mission. Nos vêtements, les traces d'usures sur notre visage et notre corps, ces indices l'avaient sûrement amené à cette conclusion. Il avait en effet un bon sens de l'observation, à cette affirmation je hochai la tête avant de reprendre une bouchée. Vraiment agréable cette nourriture, c'était plutôt bien préparé je n'avais rien à redire. Je ne pouvais pas me considérer comme un très bon cuisiner voir même un chef mais je me débrouillais tout de même, j'avais vécu quelques temps seul alors il fallait bien se nourrir tout simplement. Je n'avais pas attendu son invitation pour commencer à manger, après tout le voyage de retour m'avait grandement ouvert l'appétit et ça faisait quelques minutes que j'attendais. Toujours sans parole, je la remerciais d'un geste de la tête avant de reposer mon regard sur mon interlocuteur puis mon plat.

Satoru me souhaita un bon appétit dans les formes avant un grand sourire, je fis pareillement même si comme un mal éduqué j'avais déjà débuté mon plat. Finalement, je n'étais pas à l'heure en cette soirée. J'en profitai pour discuter à nouveau avec mon partenaire, ça m'entraînait il fallait le souligner. Des efforts, j'en faisais encore et encore pour au final avoir un bon entourage. Je m'étais lié d'amitié avec certaines personnes et je ne le regrettais pas, comment le pourrais-je ? Si certaines fois, je laissais ressortir mes émotions à cause de eux, d'autre fois je me sentais comme protéger par eux. Enfin, ça personne ne pourrait l'entendre, je ne pouvais le crier à tous les toits, j'étais bien trop fier pour ça.

Finalement, nos plats étaient terminés, c'était plutôt agréable et l'ambiance de salle toujours aussi plaisante. Dorénavant, il ne restait que quelques fantômes dont le Hidame et moi. La salle s'était vidée peu à peu, après tout nous étions venus un peu plus tard que les autres apparemment. Satoru en alla de son petit compliment, je ne pouvais que acquiescer à ses paroles. Le plat du jour était simplement délicieux, on ne pouvait le qualifier autrement.

«  J'ai apprécié ce repas, moi par contre je ne suis pas habituellement difficile avec la nourriture, je mange un peu de tout. Je t'avoue qu'ils sont su me faire apprécier leur plat du jour ! »

La serveuse revenait finalement à nous, on pouvait tout de même apprécier ses beaux yeux et sa belle chevelure. C'était jolie à voir même si finalement j'étais totalement désintéressé par une quelconque fille. Je n'avais pas le temps pour ce genre de loisir, vraiment pas. Il y avait des choses bien plus importantes comme ma profession et mon entraînement. De petits cernes s'étaient glissées sous ses yeux, la fatigue commençait à l'abattre. Le métier de serveur n'était pas des plus faciles, arpenter la salle encore et encore, faire le même chemin un nombre incalculable de fois. Je l'observais de temps en temps et je voyais un manque d'expérience certain à travers elle.

Enfin, cette fois elle était simplement revenue à nous pour nous proposer un désert. Satoru n'en voulait pas et c'était de même pour moi. Levant doucement ma main droite vers elle, je réfutais un bon petit dessert.

«  Ça ira, je vous remercie pour le repas et l'accueil. Nos compliments aux chefs et à l'équipe.  »

De ce fait, je me levai pour rejoindre le petit pupitre à l'entrée. Elle nous avait accueilli à cet endroit et il nous incombait aussi de régler à ce même endroit. Je m'avançai légèrement pour me laisser l'honneur de payer pour nous deux. Après avoir cherché mon porte-monnaie dans mon sac, je déposais quelques ryos sur le pupitre en bois avant de rajouter quelques pièces de pourboire. Ils l'avaient mérité après tout, il était normal de payer à la hauteur du service. Je m'abaissai alors légèrement en avant pour remercier la serveuse.

«  Merci pour le repas, bonne fin de soirée.  »

De ce pas, je pris la direction de la porte, j'étais suivi par le manieur de pantins. Ce fut une soirée agréable, j'avais pu apprendre à connaître un peu mieux le Hidame et d'avoir essayé un nouveau restaurant. Nous étions maintenant dehors, devant l'établissement. Face à lui, je m'abaissai une nouvelle fois en signe de respect. Il était temps que nos chemins se séparent, il était évident que ce n'était pas la dernière fois que je le voyais. En vu de notre synergie et de notre entente, notre collaboration n'était pas finie.

«  Ce fût agréable Satoru, à la prochaine et n'hésite pas si tu as besoin de moi. Un de ces jours je risque de passer au magasin de ton paternel ! »

Citation :

Merci pour ce RP, simple mais c'est aussi ce qui a été intéressant.