Rencontre au restaurant [ Feat. Nishouri Emishi ]

Dernière édition par Koken Hasü le Mer 11 Mar 2015 - 5:31, édité 1 fois

Un soleil de plomb, une chaleur impardonnable. Des éléments auxquels Hasü devrait s'habituer tôt ou tard. En effet, Suna allait être sa demeure pendant un moment... Avoir passé plusieurs jours sous terre n'avait pas été à son avantage. Fragile, sa peau était devenue très sensible suite à son emprisonnement souterrain. En conséquence, la Belle avait dû se couvrir davantage pour éviter d'exposer son épiderme. C'est donc emmitouflée dans un épais manteau de couleur beige que la rousse progressait dans les rues sablonneuses du village. Elle pouvait sentir le regard interrogateurs des passants sur sa nuque. Parce que bon qu'on se le dise : Se balader avec ce genre d'accoutrement, c'était limite considéré comme du suicide hein... Je m'étonnais d'ailleurs que personne n'ai tenté de l'arrêter pour lui expliquer que c'était pas le Pôle Nord ici. Mais passons. Hasü était comme une Inuit dans la ville. C'était tout ce qu'il y avait à savoir.

La marche de la Koken la mena droit dans le quartier gourmet : Une zone où les restaurants se faisaient plus présents. De nombreuses odeurs parvinrent aux nez de la Koken qui pouvait sentir les arômes tous plus appétissants que les autres lui caresser l'odorat. C'est à ce moment précis que la jeune femme entendit son estomac gargouiller. Elle crevait la dalle. Ne connaissant pas les établissements réputés, elle entra dans le premier bâtiment qu'elle croisa. Poussant la porte, la Koken entra dans la salle de restauration. L'endroit était plutôt calme, vide. La DJ posa alors son regard émeraude sur une horloge clouée à un mur. 10h. Voilà qui expliquait pourquoi l'endroit était quasiment désert... Pourtant malgré ce détail temporel, les fourneaux de cet établissement marchaient à plein régime, et ce que la rousse avait sentit auparavant s'était accentué davantage, faisant hurler son ventre vide.

C'est alors qu'un homme s'approcha de notre protagoniste. D'un geste, ce serveur manifesta ses intentions à l'égard de la Belle : Il voulait la délester de ses affaires. D'un hochement de tête, Hasü s'exécuta. Enlevant son énorme manteau, elle se dévoila. Ses cheveux de feu virevoltèrent lorsqu'elle remit de l'ordre dans sa coiffure. Elle était habillée d'un simple débardeur et d'un pantacourt bouffant, une ceinture en cuir maintenant solidement le bas. S'époussetant, la chanteuse se dirigea alors la table indiquée par ce même homme qui l'avait libéré du poids de son survêtement. Ses talons stoppèrent de claquer sur le plancher lorsqu'elle s'installa sur sa chaise. Croisant les cuisses, la Belle attendit en silence qu'une autre personne vienne s'occuper de son cas. Vu le peu de monde présent, ce ne serait pas long...

Mes cheveux étaient convenablement nettoyés et peignés. Mon regard était terne mais fixé sur ses objectifs. Mes mains agrippaient la boite et mes jambes tentaient de me relever avec l’énorme caisse. La mission rang B m’avait renforcé et j’étais maintenant capable de prouesse que je ne pouvais auparavant. Je le sentais de mon corps l’excitation même qui exaltait mon corps entier d’un parfum familier et oublié depuis des décennies. Mes pas se faisaient sur et rassurés, me permettant d’avancer calmement et sans peine jusqu’à la chambre froide d’où je sortirais les condiments et autres aliments à réfrigérer. Le soleil était haut déjà alors que je faisais ça et nous avions pris du retard. Heureusement pour nous les clients du matin ne sont pas de fin gourmet et leur appétit n’est généralement pas ce qu’il y a de plus célèbre si ce n’est leur soif et leur envie de se réveiller. Nous aimions discuter des gens que nous servions et nous avions de nombreux codes internes ainsi qu’une manie de le faire même durant le service. Aujourd’hui c’était mon cousin Taku qui était du matin jusqu’à 11 heures. Le jeune homme avait une mission à accomplir dans les heures suivantes tandis que je me taperais l’horripilante et cauchemardesque ruée du midi. La réputation de notre restaurant se faisait petit à petit mais l’intérêt y était fortement pour le menu libre-service du midi qui amassait foule et succès.

L’un des serveurs, dénommé Raku, se trimballait un manteau lourd et féminin… Aux premières réflexions désobligeantse de s’être envoyer en l’air avec une inconnue et après quelques rires et brimades entre homme c’est avec surprise que nous apprenions l’arrivée d’une serveuse des plus….singulière. On pouvait affirmer avec certitude de par le manteau ses origines externes à Suna et son teint clair en était d’autant plus le reflet. Sa beauté, quant à elle, était éblouissante. Ses cheveux étaient d’un roux luminescent et l’on aurait dit de nombreux épis brûlant d’un éclat jeune et vif. Son regard était ennuyé mais la couleur de ses yeux était d’un vert azuré, éclatant même. Son menton triangulaire lui donnait cet air jouvenceau d’une jeune fleur et ses lèvres pulpeuses appelaient le mâle à venir les empoigner. C’est ci visage éclatant malgré un air des plus simples qui chavirait le cœur de la troupe. Aphrodite avait daigné rentrer dans notre restaurant.

Mais bien qu’elle fût des plus jolies aucun n’avaient l’envie ou le courage d’oser parler avec elle. On les surnomme les « intouchables » dans notre milieu. Elle faisait partie de ceux que l’on ne pouvait regarder qu’avec les yeux et d’une magnificence même qu’imaginer être en leur compagnie ne semblait pas pouvoir effleurer les esprits. Néanmoins j’étais d’humeur taquine et je pariais ainsi ma paie de midi que je tiendrais la conversation plus de dix minutes avec elle. Certains étaient hésitant mais Raku prit le pari avant que mon père ne vienne nous faire la morale. Prenant mon carnet entre les mains il ne me restait plus qu’à réfléchir. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Je devais aller prendre sa commande et à chaque pas qui écourtait ma distance avec ma cible je jubilais de perdre ma paie bêtement et des risques encourus. Au fond ce que j’appréciais le plus en ce monde, c’était l’adrénaline.

Arrivé à hauteur de la jeune femme je pus remarquer un autre point qui ne fut pas révélé à cause d’une chaise qui nous avait permis de ne voir que sa tête déjà bien faite mais il fallait croire que le corps avait subi les même sévisses de la déesse de l’amour et de la beauté : un bonnet au moins D, voir E pour un tour de taille….mmmm…

Bonjour Mademoiselle, désirez-vous manger ou boire ?

Mon regard était neutre mais mon for intérieur s’époustouflait d’une paire de sein pareil. Ce n’était pas de l’obsession sexuelle, non c’était un étonnement particulier sur le physique de la jeune femme. Est-ce que c’était humainement possible de se déplacer avec ça ? Sa se trouve elle doit complexer là-dessus. En tous les cas ce n’était pas le genre de sujet sur lequel il faudrait partir. Vite, vite, vite , vite… Un truc bateau allé :

Vous êtes étrangères non si je puis me permettre ? Si c’est le cas je vous conseille notre thé au jasmin avec des pignons.

Quelques minutes passèrent pendant qu'Hasü tuait le temps en observant les quelques clients qui parsemaient la salle. Profitant du fait que l'endroit était quasiment désert, certaines personnes ne se gênaient pas pour rigoler à haute voix. C'étaient leurs droits après tout. De toute manière, la distance plus que raisonnable qui séparait la Belle du reste du troupeau la rendait totalement indifférente à ces élévations vocale. Son regard se posa alors sur une fenêtre qui ouvrait sur l'extérieur. Elle pouvait voir les passants s'activer. Certains marchaient simplement. D'autres traînaient charrettes et autres cargaisons plutôt lourde, laissant sur leurs sillages une petite montée sablonneuse. C'était la première fois que la jeune femme côtoyait un village caché. Sans compter qu'elle se trouvait en plein désert, le dépaysement était total... Mais la jeune ne devait pas oublier ce pourquoi elle se trouvait ici : Récolter des information. Non pas sur ce restaurant. Mais plutôt sur les environs. Son identité et sa mission était connue des hautes instances du Sable, aussi allait elle devoir se montrer encore plus précautionneuse. Elle avait mit les pieds à l'Ergastule une fois. Elle ne pourrait pas tenir un deuxième voyage dans ce pénitencier souterrain. La curiosité d'Hasü était quelque chose de naturel. C'est d'ailleurs grâce à cet état d'esprit qu'elle était partie à l'aventure. Elle espérait que son intérêt naturel ne soit pas préjudiciable pour elle. Mais surtout pour quelqu'un d'autre...

C'est alors qu'elle fut coupée dans ses pensées par l'arrivée d'un serveur. Quittant le sujet de sa contemplation et de ses rêveries, la jeune femme posa ses yeux de jade sur le jeune homme qui lui faisait face. De taille moyenne, l'individu possédait une carrure enviable. Une bonne musculature devait se distinguer sous ces vêtements sans imperfection. Des cheveux écarlates harmonieux et bien coiffés sur un visage aiguisé, laissaient voir des pupilles limpide semblable à une eau parfaitement immobile. Si Hasü n'avaient pas été autant répugné par la gente masculine, elle aurait pu certainement dire que ce garçon, qui devait avoir son âge, était mignon ou beau. Un petit sourire poli apparut alors sur les lèvres de la chanteuse lorsque le serveur lui souhaita la bienvenue. Evidemment en bon employé, il enchaîna sur ce qu'elle voulait boire ou manger. C'est à ce moment que le visage de la rousse se transforma. A trop penser ou observer, on en oubliait de choisir ce qu'on voulait avaler. Surprise et gênée, la jeune femme s'empara de la carte qui n'attendaient que d'être lue. Sa voix était troublée et des rougeurs apparaissaient sur ses joues lorsqu'elle tenta de s'expliquer auprès de l'inconnu.
— Oh ! Je... Je suis désolée ! J'étais ailleurs ! En fait, je n'ai encore rien choisi...
Le jeune homme reprenait alors de plus belle. S'intéressant à la DJ, il lui demanda si elle était une citoyenne de Suna ou une voyageuse. Une question bienvenue, sachant que la jeune femme devait trouver une boisson ou un plat intéressant à proposer...
— Oui... Oui...
Il conseilla alors un thé que la Belle ne connaissait pas. Et puis, c'était quoi un pignon ? Moi même chers lecteurs, je n'en savais rien... N'ayant pas forcément apprécié les infusions que sa mère préparait, la Koken était plutôt partagée... Cependant, ne souhaitant pas faire perdre plus de temps à son interlocuteur, la jeune femme ne tarda pas chuchoter, comme vaincue :
— D'accord... Va pour le thé...
Un sourire en guise d'excuse, elle laissa le jeune homme accomplir sa tâche.

La vie est un consensus infini où de nombreux êtres se rencontrent, se lient et se dé fonds de leurs liens mais il y a une vérité inébranlable : on ne peut pas détruire les dits liens. Ils sont immortels et à l’instar de la malédiction de la chair et du temps le passé est toujours ancré en nous, dans le propre même de nos gènes. La gêne occasionnée par la jeune femme m’ébranla un instant comme une brise nouvelle et fraiche. En vérité c’était la réminiscence de sœurs perdus au loin. Il était rare de voir des gens roux et encore moins rouge comme les miens mais l’apparat du orange avait la particularité d’être une teinte chaude comme le rouge. De plus la jeune fille semblait innocente au premier abord et les souvenirs de mes sœurs m’étaient revenus un instant. De fait les conditions requises à ce que je sois surpris un instant de par son caractère et son physique. Ce fut court et bref mais très vite je me repris. De toutes les manières elle était bien plus perdu que je ne pus l’être à cet instant.

La voyageuse répondait ainsi à mes questions et ne savait pas quoi choisir. Je lui avais donc proposé notre thé au jasmin assortis de pignons. Elle avait ainsi fait son choix et je la rassurais.

Très bon choix.

Je retournais aux autres tables avant de donner sa commande avec celle d’un jeune couple d’habitué du matin. Le regard de Raku et son large sourire suivi des rires de Taku me laissaient perplexe. Le défi n’était pas fini et je me devais de tenir les 10 minutes. Il fallait que j’y retournes et trouve une excuse pour m’asseoir à sa table. De toutes les manières elle ne devait pas connaître grand monde. Mes chances n’étaient pas nulles. Je prenais le thé avant de demander à Taku de m’aider au service au moins durant les 10 minutes où je serai assis à discuter si tel était le cas.

Revenant à la table de la belle inconnue je montrais le plateau d’argent d’où étaient posés une théière et son verre. Prenant la théière je remontais cette dernière jusqu’à hauteur de ma tête pour la servir tandis que le verre posé sur le plateau était au niveau de mon torse. J’arrêtais le débit, déposais la théière sur sa table puis le verre. Je sortais ensuite une petite bourse que j’avais sur moi. Je posais le plateau sur le côté de la table et ouvrait la bourse devant ses yeux. Des petites graines d’un blanc opaque et de la taille d’un petit poids étaient visibles. Ils avaient la forme d’une larme. J’en mettais quelques un dans son verre. La voyant intriguée par nos coutumes je l’informais en bon serveur.

Ce sont les pignons. Il s’agit de graine d’un pin très particulier dans nos contrées puisqu’il s’agit du pin palmier. On les utilise en pâtisserie et même dans le thé. Elles sont légèrement croquantes et douce à l’intérieur.

Je prenais place devant elle et m’asseillant je la questionnais.

Et qu’est-ce que vous venez faire ici si ce n’est pas trop indiscret mademoiselle ?

Souriant je rajoutais tout de même.

Si cela vous dérange que j’ai pris place je peux comprendre.

Comme pour la rassurer, le serveur appuya sa réponse en déclarant que ce fut un bon choix. Ayant désormais une mission à accomplir, le jeune homme tourna les talons et s'en alla. Du coin de l’œil, Hasü regarda l'employé s'occuper du reste des personnes présentes. De toute évidence, il n'y avait qu'elle qui était une étrangère. Tout le reste de la pièce était probablement constituée d'habitués... C'est alors qu'une pensée bouscula toutes les autres. La Koken pourrait payer ce repas, c'était certain... Mais bientôt, la Belle serait à court d'argent. Elle ne devait pas quitter le village, mais la cité du Sable n'avait jamais dit vouloir la subventionner. Si elle ne pouvait pas devenir Shinobi, il allait falloir qu'elle se trouve un boulot pour pouvoir profiter de sa chambre d'hôtel plus longtemps. Vivre dans la crasse et la misère était quelque chose qu'elle connaissait, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne souhaitait plus revivre cela... Peut être que ce restaurant recherchait des employés ? Une demande que la rousse n'hésiterait pas à poser au serveur lorsqu'il reviendrait.

Quelques minutes plus tard, ce dernier revint avec tout un attirail. Armé d'un plateau forgé dans un métal argenté, une théière magnifique et un verre trônaient au sommet. De la vapeur s'élevait de l'embout, montrant bien que le liquide avait été préparé il y avait à peine quelques secondes. S'approchant à nouveau de la table de la DJ, le jeune homme posa l'ensemble de métal et de verre et commença à servir. D'un geste fluide, il versa le thé tout en élevant le conteneur au fur et à mesure que le récipient, posé sur le plateau, se remplissait. Encore une fois, la Chanteuse observait une spécificité du Sable. C'est comme hypnotisée que la jeune femme observait le processus qui se déroulait devant ses yeux. Mais une fois que le sujet de sa contemplation stoppa, une question toute bête lui vint à l'esprit : A quoi ça servait ? Était-ce juste quelque chose de respectueux, de coutumier ? Ou autre chose ? Avant même qu'elle se décide à exprimer le fond de sa pensée, l'écarlate dévoila une bourse. Des Ryos ? Non, le son de la monnaie sonnante et trébuchante n'était pas pas audible. Comme pour répondre à son interrogation, il ouvrit le sujet de son intrigue. A l'intérieur se trouvait des sortes de... graines ? Ayant la forme des gouttes, ces petits éléments étaient d'un blanc ivoire. C'était ça des pignons ? Au courant des nombreuses questions que la rouquine se posait, le jeune homme, clairvoyant, se lança dans son explication. Il confirma ses pensées et lui appris deux-trois détails que la Belle ne connaissait pas. C'est alors que l'entreprenant serveur se décida à s’asseoir juste en face de la rouquine. Était-ce encore les modalités de son travail de serveur ? Hasü se força à le croire. Après tout, personne ne s'était insurgé de son geste...

Son interlocuteur se remit alors à la questionner. En curieux ordinaire, il demanda la raison de sa venue à Suna. Hasü grimaça lorsque ses souvenirs de l'interrogatoire lui revinrent en mémoire. Elle se souvenait qu'une Vampire lui avait posé le même genre de colle... Elle avait atterrit à l'Ergastule quelques temps après. Directement après, la paranoïa s'empara de la Belle. Etait-il un shinobi envoyé par le Kakumeigun ? Quel était leur intérêt à créer ce genre d'altercation ? Essayant de ne pas changer les traits de son faciès d'un poil, la jeune femme répondit :
— Je suis une voyageuse. A l'origine, j'étais venue profiter de l'enseignement des Shinobis. Mais il faut croire que Suna ne partage pas ses secrets...
Elle hésita à ajouter "excepté les plus douloureux", mais elle n'était pas ici pour s'afficher. Tout le monde n'était pas au courant de ses mésaventures... Empoignant sa tasse, Hasü y colla ses deux mains afin de se réchauffer. Bizarrement, elle était prise de frisson.
— J'ai eu quelques "problèmes" avec les autorités... Du coup je ne peux pas quitter le village pour le moment. Et j'ai actuellement besoin d'argent.
Consciente que sa déclaration ne menait nulle part, la jeune femme ajouta :
— Vous savez si votre patron recherche une cuisinière en ce moment ?

Une grimace se dessina sur son visage. Ses lèvres se pincèrent un instant et son regard fuyait. Ses joues se firent légèrement creuses et ses yeux s’illuminèrent à ma question désobligeante, il semblerait. De fait cela devenait intéressant de voir que l’hypothèse des réminiscences ne touchait pas que moi mais elle aussi. Néanmoins je n’étais pas là pour faire un état des lieux de son passé et chacun avait des secrets qu’il valait mieux garder pour soi. Je jugeais de la valeur des gens par moi-même et je ne me trompais jamais. Je suis hautain, arrogant et égoïste de penser que mes yeux voient mieux ou que je suis plus réaliste que d’autres. Je suis critique et mon jugement est tranchant. Néanmoins il ne s’abattait pas aussi vite qu’il ne pourrait y paraître. Tout ce que j’avais entrevu dans ce rictus de mes yeux d’un rouge brunie c’est une histoire compliqué qui avait impacté son mental.

Je soupirais un instant et mon regard se posa sur la théière avant de lui faire comprendre que si elle n’avait pas envie de parler elle n’avait pas besoin d’en dire. Concrètement je n’en avais rien à foutre. A la base je devais juste tenir dix minutes à lui parler pour gagner une paye supplémentaire et priver Raku de son gagne-pain de ce jour. L’être qui s’imposait devant moi avait des charmes mais elle était une personne brisée et dénuée de sens. Pourquoi vaquer dans les environs sans but ? J’avais l’impression qu’elle se cherchait elle-même et qu’elle n’était pas très confiante. En tous les cas ce n’est pas son assurance et son charisme qui m’auront impressionné une fois que je lui aurais parlé. Cette beauté avait un goût fade. Néanmoins…..

Néanmoins elle avait mentionné un nouvel objectif et une nouvelle raison d’être. Aussi petit fusse-t-elle elle avait décidé de continuer à vivre et à continuer d'aller de l’avant. Je fus pris de court par sa question. Je n’avais pas les pouvoirs d’en décider malheureusement et il n’était pas certains que nous puissions la payer convenablement. Payer Raku était déjà une source supplémentaire. Le restaurant marchait convenablement maintenant mais le prêt n’était pas encore remboursé et le loyer était cher car il était placé dans une longue allée, ce n’était donc pas encore suffisant pour se permettre une serveuse. Je souriais tout de même à la jeune femme mais ce n’était pas le même sourire que celui du serveur. C’était un sourire intrigué, curieux et même joueur.

Je ne suis pas qualifié pour vous permettre d’accéder à ce poste. Le gérant est mon père et les spécialités de notre restaurant sont les Onomyikakis ainsi que le thé. Une cuisinière, aussi talentueuse soit-elle, devrait pouvoir être en mesures de faire nos spécialités. Nous n’avons pas les moyens de diversifier pleinement nos menus je pense. La seule chose que je peux tenter de faire pour vous c’est éventuellement d’être serveuse avec nous mais nous ne pourrions vous offrir que le gîte et le couvert en échange. Je peux m’arranger directement avec mon paternel pour ça.

Ce qu’elle ne savait pas c’est qu’actuellement le gérant était mon père. Il était en cuisine avec un autre homme qui était salarié. Nous avions deux salariés : Raku et Mehdi. Mehdi cuisine avec mon père et Raku aide Taku mon cousin et moi-même au service. Je lui expliquais ainsi notre situation présente et nos employés. Un troisième salarié à moindre coût pourrait être possible, d’autant plus que cela me permettrait de partir en mission plus sereinement. A terme, mon père étant infirme, si elle était capable d’appréhender nos recettes elle pourrait accéder à la cuisine mais c’est tout ce que je pouvais lui proposer.

De fait mon père était le gérant mais dans son état et désireux de me léguer son héritage je gérais en nu propriété avec lui le restaurant et j’avais autant mon mot à dire que lui. Taku n’étant que mon cousin il n’hériterait pas du restaurant.

La réaction du serveur ne se fit pas attendre. Confortablement installée sur sa chaise, le jeune homme, suite à la demande de la rousse, ne savait plus vraiment sur quel pied danser. Cependant, il se remit en selle plutôt rapidement. Son attitude changea également. il était toujours souriant... Mais ce sourire avait quelque chose de différent, plus familier. Les yeux d'émeraude de la rousse, posés sur le faciès de son interlocuteur, elle remarqua ce petit changement mais n'y prêta pas une importance particulière. Tout ce qu'elle voulait c'était une réponse. Rien de plus, rien de moins. Attrapant son verre désormais tiède, la jeune femme apporta le récipient à ses lèvres. Une moue surprise put se lire sur son visage pendant que le liquide à base de jasmin coulait dans sa gorge. Elle qui n'avait jamais été fan des boissons chaude de sa Mère, elle trouvait que ce thé était excellent. C'était la première fois qu'elle goûtait à une telle saveur sucrée. Un vrai bonheur pour ses papilles qui n'avaient pas goûté quelque chose d'aussi délicieux depuis son départ d'Hi no Kuni.

Toujours attentive, les paroles du serveur ne lui échappèrent pas. Malheureusement pour notre protagoniste, le jeune homme ne pourrait pas décider du choix final. En effet, cet établissement n'était pas le sien. Mais celui de son Père. Face à ce début de réponse, la Belle ne put que ce féliciter. Pas une aussi mauvaise pioche que ça après tout... Cet écarlate, pourrait faire pencher la balance. Il annonça alors que si jamais son acte volontaire pour travailler dans cet établissement était accepté, la Belle ne serait probablement pas une cuisinière dans le Back-Office, mais plutôt une homologue du mystérieux individu qui lui faisait face : Serveuse. Hasü regrimaça, pas vraiment emballée. Elle se souvenait lorsque son frère devait taper la conversation avec les ivrognes qui mettaient les pieds dans l'auberge familiale. Lorsque ce dernier se faisait traiter en moins que rien par la clientèle parfois loin d'être agréable... La Koken poussa un soupir. Bah... Il y avait un début à tout après tout... Sans compter que, faute d'avoir un véritable salaire, la jeune femme serait logée et nourrie. Une offre alléchante. Ses traits prirent un air solennel, comme si elle allait prendre une importante décision qui déterminerait l'avenir de la planète :
— C'est d'accord ! Remerciez votre Père pour le temps qu'il accordera à mon cas.
Une fois qu'elle donna sa réponse, la jeune femme posa ses yeux sur ces fameux pignons. Y'avait-il une manière de manger ces graines ou pouvait-elle les avaler comme de simples bonbons ? Afin d'en avoir le cœur net, la rousse jeta un regard sur les tables voisines. Et par chance, une bande de Sunajin assis non loin étaient en train de savourer exactement le même ensemble que la Belle. Elle pouvait voir les larmes blanches tremper dans les verres de chacun des shinobis. Les imitant, la DJ versa une dizaine de pignons dans son propre récipient. Voyant qu'aucun rite ou quoique ce soit d'autre était nécessaire, la rouquine rebut alors une gorgée. Elle pouvait sentir les graines sur sa langue. D'un mouvement de la mâchoire, la jeune femme mâcha lentement ces drôles d'aliments. Le goût avait changé, mais restait tout de même très appréciable. Peut-être, même, qu'elle adorait ce mélange davantage...

Je ne savais pas trop quoi penser de la suite des évènements si ce n’est qu’elle devait être plus confiante et rassurée à première vue. Ce qui était à la base un simple pari c’était retourné en heureux évènement pour la demoiselle. Je me relevais enfin afin de ne pas passer pour un tire-au-flanc. J’étais rigoureux et je ne tenterais pas d’entacher notre restaurant. Je pris la théière et versa le reste dans son verre avant d’en boire la fin sans les pignons. La bourse avait été remise à sa place tandis que je partais un instant.

Patientez un instant s’il vous plaît.

Je retournais au niveau du comptoir où je déposais l’assiette d’argent puis je ramenais la théière et le verre en cuisine. Là je ferais la plonge un court instant avant d’aller voir mon paternel. L’homme était assis sur sa chaise rehaussé. Il continuait de cuisiner sur son espace. Aidé par Mehdi le duo en symbiose agissait de concert pour pallier au manque de mobilité de l’homme qui fut autrefois un soldat. Ses sens aiguisés lui avait permis de me remarquer et déjà me questionnait-il sur ma venue. Je lui faisais part de la visite d’une jeune femme et de l’offre que je lui avais proposée. Un débat vif s’ensuivit sur le fait que je prenne des décisions seuls. Le ton n’était tout de même pas assez haut pour sortir de la cuisine et une fois le calme en partie revenu et mon père un tantinet agacé nous en revenions à l’avantage économique de n’avoir qu’à la loger et nourrir. Son visage se déforma et un air plus sérieux prit place. La réflexion dura un instant assez long avant qu’il n’approuve la décision. Nous convenions de l’accueillir plus tard.

Je revenais dans la salle et vérifiait que la jeune femme était toujours présente. Arrivé devant elle et n’ayant que peu de temps à lui accorder, une dizaine de minute lui étant alloué auparavant, je lui disais calmement et d’un air plus maussade et banale qu’elle était accepté. J’enjoignais notre future serveuse à revenir néanmoins plus tard.

15 heures cela vous conviendrait-il ?

Une fois mis d’accord sur l’horaire il ne me restait plus qu’à m’occuper de mon travail. Ainsi une journée divergente de la banalité un court instant aura su nous éblouir un temps avant que nous ne revenions à nos affaires. Le service de midi fut intense comme à l’accoutumé. Non pas que le nombre de gens soient aussi énormes mais le service étant géré exclusivement par nous trois pour la salle entière ainsi que l’extérieure, c’était toujours très dur et éprouvant. D’autant plus qu’il n’était que deux en cuisine. Les plats étaient toujours lents à être apporté et j’étais toujours obligé d’aller en cuisine et de prendre un peu d’espace pour aider mon père et Mehdi. Heureusement que nous avions une bonne formation au taijutsu et notre endurance et notre efficacité palliait à ce manque. Ainsi j’arrivais à servir un nombre inférieur de gens en partie et je m’occupais d’un espace moins grand que les autres serveurs mais je préparais à manger par la même occasion pour les tables désignées et cela allégeait mon père. Si elle devenait cuisinière cela nous seraient certainement profitable mais la restauration ce n’est pas la cuisine pour cinq personnes, c’est un véritable travail et le menu devait être connu par cœur ainsi que la recette pour retranscrire un goût exacte chaque jour.

Le soleil était toujours haut comme à son habitude et sa chaleur écrasante. Dire qu’elle n’était pas exténuante à cette heure où la foule était supérieure serait un mensonge et nous avions bien sué durant le service comme à notre habitude. Il était 14 heures et il nous restait encore à nettoyer et ranger. Vers 16 heures une autre foule vient en ce lieu pour prendre le thé. Généralement il s’agit d’une clientèle plus âgée ou de passants. C’est plus calme et plus simple de les servir. Une partie du thé était préparé à l’avance et les infusions étaient prêtes à être servis. Le thé au jasmin et celui à la menthe était de ceux préparé en plus grande quantité. Les pâtisseries étaient elle acheté à un traiteur du village et camarade de mon père, ancien nomade. Nous finissions ainsi tout ce que nous avions entrepris vers 15h30. Nous puons et nous transpirons et il faut que nous puissions nous laver. Je venais chercher mon père à cette heure-ci et le transportait jusqu’à la douche situé au premier étage. C’était toujours une épreuve pour moi de voir les blessures profondes sur ses jambes. Ce poids m’alourdit mais ces derniers temps et depuis ma rencontre d’un trio d’abrutis cela devenait plus léger que de continuer de rêver et de continuer de s’occuper de cet homme. Il pouvait aller se reposer tandis que Mehdi s’occuperait seul de cet après-midi. Mehdi aidait et épaulait mon père durant tout le service et continuait de s’occuper du restaurant l’après-midi. Il était très important aux yeux du restaurant mais n’était pas forcement content de la reconnaissance de mon père envers son travail puisque j’avais une grande partie des biens du restaurant. Heureusement Mehdi avait connaissance de mon envie d’être shinobis et de progresser. Il espérait ainsi des arrangements et un futur plus serein pour lui et sa famille. Je me devais d’être rassurant envers lui et de lui montrer toute ma gratitude. Il était conscient que sans lui nous n’irions pas loin et cet homme avait grand cœur. Sa paye était celle la plus élevé d’entre nous tous. Je parlais donc avec ce dernier de la décision et lui demandait son avis. Il semblait d’accord lui aussi. Aussi petit aurait pu paraître mon acte, lui demander était une preuve de son ancienneté. Nous formions une équipe entre la salle et la cuisine mais bien que mon père et moi-même fussions les propriétaires du restaurant, nous donnions à Mehdi les moyens de diriger aussi. Raku quant à lui est un civil ayant rejoint Suna pour éviter les conflits car son ancien habitat était situé entre lieux de conflits de plusieurs clans et le pays du vent n’était pas à même d’arrêter les ninjas. En soi l’indépendance des ninjas vis-à-vis du pays où il se situe étaient un problème récurrent et de nombreuses questions se posaient, même maintenant.

J’eu un peu de retard et je descendais avec toute l’équipe pour accueillir la beauté étrange qui servirait avec nous. Taku et Raku étaient sur le cul et j’avais gagné ma paye. La tronche qu’ils faisaient me donner du baume au cœur et j’attendais simplement son arrivée. Peut-être cela pouvait-il sembler pompeux d’être tous présents mais il était important que l’équipe de la salle et les anciens ou propriétaires soient là. Je tenais fermement la chaise roulante de mon père tandis que ce dernier tenait un contrat de travail à ses mains. Elle était peut-être gênée mais elle vînt et discuta avec ce dernier avant qu’il ne l’informe des détails.

Une période de test est obligatoire de deux semaines. Le contrat peut être révoqué durant ce délai. La paye est donnée à chaque fin de semaine le dimanche. Dans le cadre de notre contrat un peu singulier la paye ne sera pas conséquente mais nous nous engageons à vous loger et nourrir. Je me nomme Hakuryuu et je suis le père d’Emishi. Taku est mon neveu. Raku et Mehdi sont des employés. Vous serez serveuse avec Emishi et Taku. Emishi est le responsable service. Il vous indiquera tous les détails et sera votre tuteur durant la période d’essai.

Hasü savourait sa boisson, lorsque son interlocuteur lui demanda de patienter. Hochant la tête en signe de confirmation, la jeune femme observa l'écarlate s'éloigner de sa position, pour finalement le voir disparaître derrière les portes battantes qui menaient à la cuisine. Entre deux gorgées, la rousse jeta un regard aux alentours. La salle se remplissait. Un coup d'oeil à l'horloge, et la jeune femme pouvait voir que la petite aiguille s'approchait dangereusement du nombre onze. Son estomac avait bien fait de gargouiller aussi tôt... Elle n'aurait jamais eu la chance de proposer ses services autrement. En effet, son messager actuel, trop occupé à accomplir son devoir pendant le rush, n'aurait, probablement, pas pu consacrer autant de temps à la Belle. Et peut-être bien qu'elle décrocherait un boulot du premier coup...

Dans un grincement familier, la Koken put apercevoir son interlocuteur s'exfiltrer de la cuisine. Leurs yeux se croisèrent pendant une seconde, quand finalement le jeune homme se dirigea de nouveau vers la table de notre protagoniste. Une fois à hauteur, une phrase dépassa les lèvres de l'individu. Pas un oui, ni un non. Mais c'était tout de même un horaire. Un rendez-vous. Une confirmation. Un sourire sur le visage, Hasü voyait ses problèmes de logement s'envoler.
— Comptez-sur moi !
Ayant toujours faim, la jeune femme commanda alors quelque chose à se mettre sous la dent. Les pignons étaient excellent, cependant ces malheureuses graines ne pouvaient pas remplacer le goût et la consistance de la chair cuite. Interpellant un autre serveur qui se déplaçait avec agilité à travers le mobilier de la salle, la Belle commanda un plat de résistance qu'elle ne connaissait pas. Une sorte de galette-omelette spécialement disponible à Kaze no Kuni. Elle avait été agréablement surprise par le thé, elle espérait que le prochain met soit tout aussi bon. Et elle ne fut pas déçue.

Son déjeuner se passa sans encombre. Et lorsque la rouquine quitta les lieux, le restaurant était plein à craquer, à un point tel qu'il était difficile de s'entendre à travers le brouaha ambiant. Hasü regagna son hôtel afin de faire ses bagages. Pliant le peu d'affaire qu'elle avait, elle rangea l'ensemble de ses vêtement dans son sac de voyage. N'ayant plus rien à faire à part patienter, la jeune femme s'étendit sur son lit, laissant son esprit vagabonder. Les yeux rivés sur un réveil situé sur la table de chevet, la Belle commença à se relever lorsque 14h30 pointait le bout de son nez. Gagnant la salle de bain, Hasü se décida à disposer ses cheveux en queue de cheval. Une coupe simple et qui ne la gênerait pas dans ses futurs slaloms. Empoignant son sac et remerciant le réceptionniste pour son hospitalité une fois en bas, la rousse se dirigea vers son tout nouveau lieu de travail.

Elle arriva quelques minutes en avance. L'endroit était vide, cependant la Koken, voyant la porte ouverte, se décida à rentrer. Quelques minutes plus tard, un trio de garçon déboula des escaliers. C'est alors que l'inconnu à la chevelure de braise dévoila un homme musclé assis sur une chaise roulante. Surprise par tout cet attroupement, Hasü put reconnaître l'homme aux cheveux de feu qui s'était occupé d'elle. Elle reconnaissait le deuxième serveur qui s'était occupé de son plat de résistance. Le troisième ne lui disait rien... Tandis que l'homme infirme, qui était d'ailleurs armé d'une feuille, devait être le fameux père de l'entreprenant serveur. Ils papotèrent rapidement quand finalement le vieil homme lui expliqua les clauses du contrat. Hochant la tête au fur et à mesure qu'elle comprenait les termes établis, la Belle commença à s'incliner respectueusement devant chacun de ses futurs collègues, lorsque leurs noms furent prononcés. Son regard émeraude s'attarda un petit peu plus sur celui avec qui elle avait discuté plus longuement, et plia le dos en avant comme précédemment. Elle se tourna alors vers son employeur, et répéta l'opération.
— Merci Monsieur. Je suis honorée. Je tâcherai de faire de mon mieux.
Elle se tourna alors vers le trio masculin, un sourire resplendissant sur son doux faciès :
— Je m'appelle Hasü... Enchantée !
Finalement, elle posa alors ses pupilles de jade sur Emishi alias son chef de rang :
— Dois-je garder mes vêtements ou est-ce que vous avez des uniformes ?

On aurait pu croire que je me fiais un peu trop à mon instinct à cet instant et ceci était bel et bien le cas. Ma force est mon assurance et mon sang-froid qui me permettent de jauger avec mon instinct et un raisonnement le fait de la présence d’une personne. J’avais eu la journée pour y réfléchir et je n’avais rien contre le fait qu’elle puisse rester. Je n’imaginais pas ses actes nuire au restaurant. Mes intentions à l’égard de mon village étaient minimes mais le havre de paix factice où nous nous situions avait une réelle valeur à mes yeux. Le bonheur de la demoiselle se lisait sur son sourire qui chavira un instant le cœur de mes compatriotes. Pour ma part cela ne m’atteignait plus. Si aux premiers abords j’avais pu la trouver belle de par son physique, je n’avais rien trouvé d’intéressant dans son comportement, s’en était même louche.

Nous n’avons pas de costume. Néanmoins je te conseille de porter une tenue plus ample et qui te couvrira moins. Aucun piercing ou tatouage ne doit être à vue du client ainsi qu’aucun signe ostentatoire. Suit-moi maintenant, je vais te montrer ta chambre.

Tout avait été dit d’un ton monocorde et l’on sentait que je connaissais mon texte par cœur. J’avais appris toutes les ficelles et directives lié à ma fonction afin d’assurer la relève. Je pris congé du groupe et marchait silencieusement en espérant qu’elle eut le tact de ne pas rester planté avec eux. Ces derniers feront la réunion sans moi et prépareront l’heure du thé ensemble. Je lui expliquerais les détails plus tard. Il me fallait tout d’abord commencer par la chambre comme je lui avais indiqué. Je prenais un escalier en colimaçon qui menait à un étage supérieur.

Nous arrivions ainsi au milieu d’un couloir où quatre salles étaient interposées de manière équitable entre la gauche et la droite.

La première à droite c’est la chambre de Taku et moi-même. La porte d’après c’est la douche. Il n’y en a qu’une seule et nous la partagerons tous ensemble. Mon père sera toujours le premier à se laver et s’ensuivra toujours la personne qui l’a aidé à se laver, c’est-à-dire Taku ou moi.

Je pris un instant de pause avant de reprendre sur une précision.

Comme tu as pu le voir mon père est handicapé. Nous devons l’aider dans ses déplacements. Pour ce qui est de la cuisine une place lui est assignée et sa table de travail a été aménagée à sa hauteur. Pour ce qui est des escaliers si nous ne sommes pas là ce sera à toi de te charger de lui pour lui permettre de remonter. Nous ne te demanderons jamais de l’aider pour ses besoins personnels ou physiologiques, c’est nous qui nous nous en chargerons ; tout du moins pour l’instant. Il est possible que tu sois sollicité par la suite pour nous aider dans des cas exceptionnels.

La parenthèse finit et une fois que mon hôte eut le temps d’y méditer je décrivais la suite.

A gauche il s’agit de la chambre à mon père. La pièce d’après est une espèce de foutoir qui nous sert de salon. Viens je vais te montrer.

Une fois l’ayant enjointe de me suivre à gauche j’ouvrais la seconde porte de ce flanc pour lui montrer la pièce. Elle était assez spacieuse pour une personne, environ vingt mètre carré. Le sol était fait du même bois que le couloir et les murs étaient d’un blanc décrépi et légèrement rongé par endroit. La lampe du dessus était à l’instar des autres pièces une simple ampoule et les fils électriques étaient visibles. Un tapis central très bien brodé était au centre et quelques coussins étaient apposés par-dessus. Une télévision faisait face au tapis, mise légèrement en hauteur grâce à un meuble. Il n’y avait pas de lit mais un matelas était disposé sur le côté. Une petite table basse était posée sur le côté diamétralement opposé à la disposition du matelas. En dessous de la table basse se trouvait une plaque chauffante qui n’était pas branché et légèrement sale. Un paquet de chips à peine entamé était encore visible à côté de la télévision. Il n’y avait pas de placard mais des étagères avec vitres où étaient disposés de l’argenterie.

J’éclairais mon hôte dans le doute où elle n’aurait pas compris.

Comme tu peux le voir cela ne ressemble pas spécialement à une chambre. A la base c’est notre salle commune où nous déjeunons et vivons. Il faudrait que tu l’aménages à ta manière mais évites de trop grignoter l’espace près de la télé et de la table basse puisque c’est là que nous préparons à manger. Malheureusement les étagères sont remplies d’argenterie et condiments. Un petit frigo de bar est intercalé à l’intérieur d’une des trois étagères, je ne me souviens jamais laquelle. Il n’y a pas vraiment la place d’y mettre ce que tu souhaites et évites de grignoter dedans en dehors des repas. Si tu as faim va plutôt dans la cuisine en bas.

Une fois les présentations faites entre son logis et elle, il me restait à lui joindre nos règles de vie.

Ici tout le monde est libre de faire ce qu’il souhaite. Si tu veux amener quelqu’un à la maison tu peux mais je te conseille de nous prévenir à l’avance. Dans ce cas-là on vous laissera la salle commune et on ne viendra pas squatter chez toi jusqu’à des heures trop tardives en plus de laisser le couloir sans aucun bruit, c’est préférable pour n’importe qui. Pour ce qui est de manger, on mange tous ensemble, c’est une règle obligatoire de vie entre nous tous. Si tu n’es pas là tu laisses un post-it sur le frigo de la cuisine en bas. Le petit-déjeuner se prend dans ta nouvelle chambre sur la table basse ainsi que le repas du soir. La première semaine tu n’auras pas besoin de cuisiner ou de nettoyer la vaisselle mais on a un petit programme de lister que je te montrerais plus tard, tu n’auras qu’à t’insérer dans certains jours. Pour la lessive chacun est responsable et il y a un lave-linge gratuit mis à la disposition des habitants non loin de là et payer par le village. Vu qu’il n’y a que deux machines gratuites il faut se lever aux aurores ou y aller le soir mais on s’expose au vol. De fait on le met plutôt à l’aurore. Quand je disais responsable, c’est-à-dire que tu t’occupes de ton propre linge. Si jamais tu n’as pas le temps l’un d’entre nous s’en chargera, hormis si cela te gène.

Je réfléchissais ensuite un instant comme pour être sûr de n’avoir rien oublié sur la vie commune.

Mmmm… Tu as des questions ? Sinon on se revoit ce soir après le service à 18heures, je vais aller aider les autres.

Une tenue plus ample et qui la couvrirait moins. Durant les explications d'Emishi, Hasü essaya de se faire un inventaire mental de sa garde robe. Après avoir passé en revu l'ensemble de ses achats vestimentaire, la Koken pensa à une tenue qui serait parfaite pour répondre à ses besoins professionnels. Une robe courte, banale, de couleur beige allant vers le blanc d'une manière dégradée. Les manches longues allaient lui permettre de cacher les cicatrices qu'elle arborait sur ses bras. Des collants suffiraient à dissimuler celles qui se trouvaient sur ses cuisses. Ne laissant pas le dos nu, sa brûlure dorsale massive serait elle aussi sous le tissu de son costume. Tirée de ses pensées, elle vit alors son chef de rang s'éloigner du groupe et monter à l'étage. Lui ayant demandé de le suivre, la Chanteuse s'empressa de le rejoindre. Ses talons résonnèrent lorsqu'elle entama son ascension de l'escalier en bois qui la mènerait au niveau supérieur.

Elle se retrouva dans un couloir où 4 portes se trouvaient sur chaque côtés de ce dernier. Attentive, Hasü écouta les explications de l'écarlate qui lui fit une description de chacune des pièces qui constituaient leur lieu de vie quotidien. Ils avaient une façon de fonctionner et la Belle allait devoir s'habituer à ce train-train qui allait devenir son ordinaire. Il aborda alors le sujet de son père. Éclaircissant certains points par rapport à cet homme malchanceux, la Koken se montra davantage à l'écoute. Elle fut légèrement surprise lorsqu'elle entendit que ce serait son travail de lui porter assistance si jamais son interlocuteur ou Taku était absent. Finalement, elle afficha une mine déterminée. Elle ne savait pas trop si elle serait à la hauteur, mais elle ferait de son mieux. Lui indiquant le rôle des deux dernières pièces, ils entraient tout deux dans la seconde : Le salon.

D'un regard circulaire, Hasü contempla la pièce avec intérêt. Arrivaient-ils à rentrer tous les 4 dans ce placard à balai ? La Koken raya cette question rapidement. Petite, la salle était vieille, décrépie et de nombreuses rénovations seraient nécessaire pour rendre cet endroit un tantinet plus Feng Shui... Cependant, certains détails tel que la magnifique tapisserie ou les coussins brodés donnaient un petit charme artificiel. Les canapés et la télé montraient bien que cette zone était la salle de détente... Elle se demanda bien ce que les Sunajins pouvaient regarder d’intéressant à Kaze no Kuni. Finalement ses pupilles s'arrêtèrent sur le matelas, bien isolé et écarté du reste du mobilier. Son petit espace rien qu'à elle. S'approchant de sa couche, elle y posa son sac et se posa sur le moelleux support. C'était, à ses yeux, parfait. Elle qui avait côtoyé les cellules de l'Ergastule, elle n'était pas du genre difficile.

Elle se tourna vers Emishi qui lui raconta les dernières anecdotes qui devaient être inscrite dans son esprit. Hochant pour la énième fois la tête, la Belle montra bien qu'elle avait assimilé le fonctionnement de cette petite fourmilière. Finalement, il lui demanda si elle avait des questions. Seule une lui semblait intéressante à étaler :
— Hmmm... Juste une... Un peu indiscrète.
Elle marqua une pause puis reprit :
— Qu'est-il arrivé à votre Père ?
Elle regretta tout de suite son interrogation. Rougissant légèrement, elle baissa les yeux.
— Euuuuh... Oubliez ce que je viens de dire ! J'aurai du me taire... Pardon...
Fouillant dans son paquetage, elle chercha à tâtons sa robe dans les méandre du bordel qui sévissait dans son sac. Elle voulait disparaître ou devenir invisible... A force d'être curieuse, elle allait s'attirer des ennuis.

Je regardais la jeune femme rougir et, elle avait bien raison. Elle avait été intrusive à souhait et semblait prendre ses aises mais elle s’était ravisée. Néanmoins cela ne me dérangeait pas dans le sens où nous étions amenés à vivre ensemble. Je la rassurais et lui indiquait que cela ne m’offusquait pas.

C’est simplement des blessures de guerre.

Il n’y avait rien d’autre à ajouter si ce n’est cela. Je n’avais pas grand-chose à cacher de ma vie de toutes les manières et je n’étais pas de nature curieuse, je ne m’immisçais que peu dans la vie des gens mais je me permettais de juger fréquemment leur valeur une fois sous les yeux. Les paroles et les actes présents avaient une signification bien plus forte en mon sens que je jugeais selon mes propres critères et que je ne pouvais qu’en être content. Au fond l’image qu’ont les gens d’eux-mêmes influe certainement sur le paraître mais ce qu’il en ressort reste ce que la société en pense et donc ce que j’en pense. De fait il n’y avait pas grand intérêt à savoir si j’avais raison ou non sur une personne mais il y avait fort à parier que ce n’était pas dit au hasard et que tout avait une cause.

Je la laissais dans le salon tandis que je descendais aider au service. Je souriais aux gens, j’étais plus avenant et je prenais les commandes. Le service fut court et deux heures passèrent tranquillement tandis que je prenais la peine de ranger et nettoyer avec Raku. Taku partait dehors voir des amis et pour ma part je devais aller voir une amie aussi après de longue date. Je remontais en haut afin de prévenir la demoiselle.

Là pour l’instant maintenant je vais voir une amie. Je rentrerais pour reprendre le service du soir donc je ne serais pas trop disponible et après on est dimanche et le dimanche on est fermé. J’en profiterais pour te montrer ce jour-ci le déroulement du service. Sur ce, bye.

Une fois prévenue je m’en allais avant de revenir en courant et rajouter.

Ah au fait, arrête de me vouvoyez, on va vivre ensemble à partir de maintenant.

Je repartais de ce pas.

Spoiler:

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