Le soleil était bien haut dans le ciel. Il avait presque atteint son zénith. Le désert était chaud, et une première escouade de ninja rentrait déjà au village. La fine équipe souffla au porte, avant de vaquer à ses occupations. Le village du sable était déjà bien actif. Les rues se remplissaient, et l'heure de pointe venait de se terminer. Les commerces, en particulier les stands de nourriture et les restaurants -plus ou moins- gastronomique fermaient leurs portes, ne laissant que quelques tables aux retardataires. Alors que les civils accouraient à leurs vaines occupations, les ninjas du sable parcourraient les rues à la recherche de la juste tâche. C'était une journée comme les autres dans le village du Sable.

Lors de cette belle journée ensoleillée, un jeune marionnettiste se dirigea vers le plus grand bâtiment administratif du village. Il n'attendit point longtemps dans l'étrange bâtisse. Akage craignait en effet d'être submergé par une nouvelle mission ennuyeuse. Garder des enfants ? Jouer au gros bras dans un musée ? Surveiller un examen inutile ? C'était loin d'être la vocation du génie du clan Chikamatsu. Il était un homme d'action. Il voulait être un homme d'action, être celui qu'on appelait à l'aide. Il voulait être un héros, et avoir les avantages qui en découler. Il voulait surtout les avantages.

Arrivé dans le bâtiment, le ninja s'approcha de l’accueil. Deux hommes se ressemblant étrangement, des administratifs probablement, discutaient. Leurs voix étaient si désagréable qu'Akage tapota avec plaisir sur le dispositif sonore chargé de les prévenir de l'arrivé d'un visiteur.

« Sale affaire.
- Ils ont confiés l'affaire à des aspirants ?
- Ouai.. A deux marionnettistes. »

Les deux hommes ignorèrent le bruit avant de se diriger vers le jeune marionnettiste. Ils ne dirent mot, et rapidement virent lui transmettre un petit rouleau. Akage s'empara rapidement de celui-ci. Brisant le sceau du bureau d'attribution, le membre du clan Chikamatsu en parcouru le contenu. Visiblement, il semblerait que des voleurs de grands chemins sévissent non loin de Sûna, près des villages périphériques. Ces manants avaient un trait distinctifs. Ils pendent leur victime. Trois braves hommes étaient déjà morts. Akage comprit rapidement le sens des paroles des administratifs. Le village avait besoin de lui.

Lisant plus en détail le parchemin, Akage s'aperçut alors que son coéquipier était un dénommé Satoru. Inconnu au bataillon. Peu importe. Ils devaient se retrouver le plus rapidement possible devant la grande muraille, près de la voie illusionnée.

Sans perdre de temps, Akage se dirigea vers cet endroit.

***

Adossé contre un mur, Akage attendait sagement son camarade. Il s'ennuyait légèrement, et s'amusait à faire tourner son immense parchemin d'invocation sur lui même. Son immense cape beige recouvrait ses épaules, et seuls le bout de ses doigts étaient visibles.

Très rapidement, Akage fut interpellé par un homme. Tournant la tête, le marionnettiste observa son interlocuteur. Sans lui laisser le temps de vraiment se présenter, le ninja brilla par son entrain.

« Je suis Chikamatsu Akage. Tu es Hidame Satoru ? »

Poli, le génie sembla sûr de lui. Ces récents succès le galvanisait. Il écouta sagement la réponse de son partenaire. Mais malgré ça, il garda sa mauvaise habitude. Akage s'imposa immédiatement en donnant un ordre à son interlocuteur. Il était comme ça Akage. C'est un solitaire, un meneur, un petit chef. Il n'aimait pas qu'on lui dise quoi faire, alors il grillait la priorité aux autres petits chefs. Il avait tendance à prendre les commandes.

« Mettons-nous en route. »

Sous l'impulsion du jeune marionnettiste, la petite escouade se mit en route. Leur destination était lointaine, et une bonne heure de marche à travers le désert paraissait nécessaire. Une bonne chose en somme. Les deux adeptes du Kugutsu pourraient faire connaissance.

Les deux shinobis du sable ne tardèrent point et se mirent en route sans perdre de temps. Leurs parchemins respectifs leur avait compté une situation intenable, et rapidement les marionnettistes se lancèrent dans une tâche qui pourrait s'avérer complexe. Le parchemin qu'avait reçu Akage était expresse, et les précisions étaient loin d'être suffisante. Ces détails trôttaient dans la tête du Chikamatsu, et il ne fit guère attention à son partenaire ou à l'impression qu'il lui donnait. Focalisé sur sa tâche, le jeune génie pensait davantage à ce village où démarerait cette mission.

Alors que les deux ninjas progressaient dans le désert, son partenaire du jour, Satoru, vînt se présenter. Akage tourna la tête, vers son compagnon. Il le regarda. Une fois. Deux fois. Trois fois. Rien n'avait changé, si ce n'est que le jeune homme avait revêti une capache, probablement pour se protéger du sable. Akage regarda de nouveau devant lui, puis s'arrêta brusquement. Il allait clarifier quelques détails avec Satoru.

« Je manie, en effet, une marionnette. »

Akage était immobile, debout et il dévisageait à présent Satoru. Il n'avait besoin de bouger, et le calme du désert semblait apporter une atmosphère froide. Le village de Sûna, et son activité, avait tendance à réchauffer les rapports entre ninjas. On s'y sentait bien, protégé. Ici, il n'y avait que le silence, le chaos. Le jeune Chikamatsu en avait fait l'expérience peu de temps avant de rejoindre le village, et il avait rencontré à cette occasion Akuzu Shinji. Le désert était un endroit dangereux. Il ne fallait pas le prendre à la légère. Debout, donc, le marionnettiste observa son partenaire avant de poser un genoux à terre. Avec son doigt, Akage dessina sur le sable un grand cercle. Ce dernier était supposé représenter le désert. Il s'appliqua à réaliser le symbole du village, représentant le village caché puis fit un cercle. Il tapota ce dernier dessin.

« Notre premier objectif sera de rejoindre le village de Kareki. Nous enquêterons là-bas pour obtenir un maximum d'information sur ces voleurs. Nous devrons également nous renseigner sur une scène de crime, pour obtenir des indices. »

Son explication donné, Akage regarda son schéma. Il devait d'abord accomplir la distance entre Sûna et le village de Kareki. Là-bas, il serait préférable de se reposer. Si la distance était acceptable pour des ninjas valablement entraîné, il ne connaissait pas la valeur de son partenaire. De plus, enquêter était de loin la seule occupation qu'il pouvait envisager.

Akage prit alors un instant de réflexion, silencieusement. Il ignorait la valeur de l'aspirant qui l'accompagnait, et de bonne humeur il se décida à se justifier.

« Selon le rapport, ils attaquent dans la zone. Ils ont probablement un repère. Nous le trouvons, nous gagnons. »

L'idée était simple. Le jeune marionnettiste avait une idée pré-conçu des ces voleurs. A défaut d'en avoir l'expérience, il réagissait de façon logique. Imprégné dans un coin de sa tête, ce préjugé était pourtant loin d'être erroné. Il était acceptable de baser cette traque sur ce détail. Les voleurs -ou barbares- opèrent dans une zone géographique plus ou moins restreinte. Ils avaient donc potentiellement une base secrète pour amasser leurs richesses, voir même se regrouper. C'était la pensée du Chikamatsu.

Puis, relevant le regard vers son interlocteur, Akage toussota. Il se releva doucement avant d'ajouter sereinement.

« La difficulté, c'est que nous ne connaissons point l'identité de nos voleurs. A vrai dire, nous ne savons strictement rien sur eux. Mais le contraire est vrai. Ils ne savent pas que nous arrivons. Soyons discrets. »

Proposant ainsi une manière d'agir, discrète, Akage observa la réaction de son coéquipier à qui il distilla un léger sourire. C'était difficile à avouer pour le marionnettiste associal, mais pour une fois, il éprouvait un plaisir qu'il n'assumait pas. Il était Akage du clan Chikamatsu, celui qui ne s'entendait avec personne. Et aujourd'hui, faire cette mission avec un ninja maniant le Kugutsu comme lui, c'était une joie. Baissant légèrement le regard, il gratta à l'aide de son pied le sable afin de détruire son schéma. On ne laissa pas impunément un plan sur le sol, fut-il éphémère.

« Attends. »

D'un naturel précautionneux, Akage empêcha son camarade d'agir précipitamment. La hâte pouvait avoir son importance, le marionnettiste en était convaincu. Néanmoins, agir trop rapidement ne serait guère positif pour les deux ninjas. Même s'ils forçaient l'allure, le Chikamatsu restait persuadé qu'ils ne pourraient rien faire de plus. Les déplacements étaient la partie primordiale d'un combat. Un bon stratège savait qu'ils pouvaient être périlleux, et forcer une allure pouvait changer le cours d'une mission. Akage l'avait entendu de nombreuses fois de la bouche des vieux militaires de son clan, eux qui se vantait d'être la dernière génération de guerrier des Chikamatsu.

Akage stoppa donc son camarade. Bien que ce dernier accélera, le ninja refusa de faire de même. Si Satoru voulait mourir -comme de nombreux imbéciles avant lui-, c'était son problème. Néanmoins, il semblerait que l'adepte du kugutsu avait réussi à obtenir ce qu'il désirait. Revenant à hauteur de son partenaire, sans se presser, le ninja vînt lui dire ce qu'il pensait.

« Il est préférable qu'on interroge pas les commerçants.. dans leurs commerces. »

Poli et neutre, une fois n'est pas coutume, le marionnettiste écouta si son partenaire avait des remontrances. Une fois ce silence terminé, le ninja posa son raisonnement dans sa tête. En effet, il hésitait à considérer les villageois comme des alliés. Attaquer une route commerciale est aisé, mais attaquer des routes commerciales non loin d'un village militaire; c'est osé.

Akage songea à cet occasion à leur mission. Il était parfaitement logique que des voleurs s'attaquent à des commerçants. Néanmoins, la proximité avec le village du Sable était problématique. Ils ne pouvaient contrôler les requêtes allant à leur encontre. Ces voleurs devaient être bien organisé, et mener des expéditions éclairs pour éviter toutes réponses majeurs des ninjas voisins. Intelligente et brillante stratégie pensa Akage. Le marionnettiste songea alors qu'il serait difficile de les attraper sur le fait et de sauver des vies. C'était une mission qui allait requérir une approche discrète et tout aussi intelligente que la stratégie des voleurs.

Toujours en pleine réflexion, le Chikamatsu savait que les villageois ne parleraient pas à des ninjas. Un voleur vole. Un assassin tue. Un voleur ne tue pas sa cible à moins de pouvoir en tirer un bénéfice. Le marionnettiste pensa alors que les crimes violents étaient une sorte d'avertissement, un moyen d'expliquer aux commerçants locaux de ne pas se plaindre aux autorités. Régner par la peur était un moyen efficace de limiter les révoltes. Un citoyen avait eu le courage de prendre part à une révolte à l'égard de ces voleurs, il était donc inutile de prévenir les voleurs. Personne ne pouvait savoir comment il réagirait.

Et c'est sur cette réflexion qu'Akage donna ses recommandations.

« Rangeons nos bandeaux et nos signes distinctifs. Ils parleront plus facilement à des commerçants qu'à des ninjas. »

Il laissa une poignée de seconde à Satoru pour s'opposer à son idée, puis il fit glisser son rouleau par terre, de façon à ce que la partie en bois touche le sol. Il dévissa doucement le haut du parchemin, et en fit sortir un large récipient caché. Il y glissa son bandeau et ses outils ninjas. Il tendit le récipient afin que son partenaire fasse de même. Il ajusta également son tanto de manière à ce qu'il ne soit pas visible. Akage ressemblait désormais à un parfait explorateur nomade. Il faut dire que sa grande cape beige aidait bien. Elle était si ample qu'elle cachait parfaitement Akage. S'infiltrer dans le village n'en serait que plus facile.

Akage inclina sa tête. Il accepta immédiatement la proposition de son camarade. Rejoindre la route commerciale était la suite logique du plan des deux compères. Néanmoins, dans son esprit, Akage se méfiait de cette mission. Il ignorait la capacité au combat de son camarade, et il ne pouvait que la supposer. Quant à la sienne, il savait pertinemment que c'était loin d'être sa première qualité. Il fallait espérer que « Shirôrô » soit suffisant face à ces bestiaux.

La route commerciale fut étonnamment paisible. Satoru et Akage marchèrent silencieusement, croisant quelques marchants ambulants. Ces derniers marchaient tels des braves destriers de sa majesté le commerce. Sans avoir cure du danger, il bravait ce qui pouvait être leur dernière journée. En les observant, Akage comprit immédiatement qu'il n'était pas question de débuter un quelconque contact avec eux. Ils avaient probablement pas envie de parler aux étrangers.

Remontant doucement la route, les deux ninjas furent aussi discret que possible. Akage, à défaut d'enquêter explicitement, ne chercha point à obtenir des informations précises. Il se mêla à divers groupes, sans vraiment leur parler. Il se contentait de tendre l'oreille. Il faut dire que la méfiance serait probablement de rigueur, et le marionnettiste n'était pas le ninja le plus sociable qu'on puisse trouver. Les ragots seraient un bon début. Mais, alors qu'il avançait avec des groupes de marchands, les rumeurs tenaient plus des petites histoires sans intérêts que des informations précises dont les shinobis avaient besoin.

Marchant sur un chemin taillé à même le sable, le Chikamatsu se faisait discret au possible. Soudain, il entendit un bruit et les marchands s'écartèrent naturellement sur le bord de la route. Le marionnettiste fut surpris de ce comportement, et il se retourna. Un homme, chauve, avançait sans prendre gare aux ambulants. Son grand chariot lui permettait d'avancer rapidement. Akage fit un pas de côté, de peur d'être renversé. Néanmoins, à sa grande frayeur, le chauve s'arrêta en rigolant.

_ Holà !

Akage l'observa, le fixa. Il ne savait que répondre. Le pilote rigola encore plus fort. Sa voix était désagréable, mais son apparence le rendait fort intéressant. Il paraissait agréable, voir même gentillet. Akage ne prit mot, et attendit que Satoru le rejoigne.

_ Eh bien ! Mes amis, je ne vous ai jamais vu ici, et je connais tous le monde..
_ On voyage pour présenter des produits du clan Kogâ, des rouleaux en réalité..

Akage montra son rouleau, derrière son dos. Il préféra se présenter comme une sorte de présentateur de produit, un commerçant qui commercait avec d'autres commerçants. Il s'identifia comme un ami du clan Kogâ, un petit clan commerçant jouxtant le village des Chikamatsu. C'était une bonne couverture, et la proximité du clan Kogâ avec la village de Sûna rendrait ces éléments quasiment impossible à vérifier.

_ Eh bien, mes amis.. Montez ! Faisons connaissance avec un vin !

C'était une occasion parfaite. Akage ne tarda à profiter de l'occasion pour grimper sur le chariot, puis il tendit sa main afin que Satoru fasse de même. Posant son rouleau, précautionneusement à l'arrière, Akage observa son acolyte.

_ Je suis Kogâ Akage, du clan Kogâ.. dans le nord. Je vais à Kareki pour présenter mes produits.

Courte présentation, puis Akage se contenta de laisser Satoru se présenter à son tour. Il le laisserait discuter avec ce brave marchand. Après tout, il n'était pas vraiment du genre sociable, et le voyage n'en serait pas plus long. Akage ne pouvait, néanmoins, rien faire si ce n'était écouter.. écouter et encore écouter. Néanmoins, le brave marchand lui tendit une bouteille de ce qui semblait être du vin. Akage porta le goulot à sa bouche avant de passer la bouteille à Satoru.

Le voyage serait long.

Une vive douleur perça le sommeil latent du marionnettiste.

Inutile.

Il avait déjà vu. La vision d'horreur se déroulait devant ses yeux. Les trois corps étaient suspendus à l'arbre. Il ne bougeait point, et un corbeau avait commencé à annoncer la funeste nouvelle. Pendu à ce qui semblait être un arbre desséché, la famille reposait pour l'éternité dans les souvenirs des deux marionnettistes.

Satoru s'avança vers les trois corps. Il semblait perturbé. Akage, quant à lui, baissa la tête et serra le poing très fort. Les monstres existaient. Les monstres étaient terribles. Alors que le jeune Hidame prononça quelques mots, Akage se racla la gorge pour se re-concentrer. Il voulait dire quelque chose, mais il n'y avait rien à dire. L'horreur ne méritait de mot, elle méritait des actes. Il n'y aurait de justice, il y aurait une retalliation.

« Je rentre. »

Akage savait pertinemment qu'il n'y aurait pas d'indice sur cette scène, pas d'indice qu'il ne pourrait trouver. Il serait bien trop concentré sur sa rage, et sur cette vision d'horreur.

Reculant, il laissa la scène entre les mains expertes du marionnettiste. Peut-être qu'il trouverait quelque chose. Sans paraître véritablement optimiste, Akage apposa sa main sur l'épaule de son coéquipier. Un geste social ?! Peut-être qu'il était au fond pas si asocial que ça..

S'avançant devant le véhicule de son guide, touché visiblement, Akage fronça les sourcils intérieurement. Ce gars, ce Buntaro, avait gagné toute la méfiance d'Akage. Il avait parlé bien facilement des problèmes de ce village, et il avait en quelques secondes été promu au rang de suspect numéro un. C'était vraiment étrange pour un commerçant, quelqu'un qui savait comment la réputation était si importante, de venir raconter des problèmes aux nouveaux commerçants. Il n'y avait pas à dire. L'attitude de cet homme ne favorisait pas la confiance d'Akage..

S'approchant de lui, le marionnettiste lui glissa quelques mots.

« Buntarô-san.. Il va rester ici un moment..» Akage se fit aussi chaleureux que possible dans cette situation, mais il garda un œil inquisiteur sur le gros marchand. « Ne vous inquiétez pas.. Il est du genre .. persistant. »

Ses mots trouvèrent vaguement preneur, et le marchand se contenta de dire « Ah ». Akage grimpa alors sur le chariot, puis fit signe au chauffeur de continuer sa route. Ce dernier jeta un dernier regard au second ninja, Satoru, avant de faire signe à son cheval de reprendre la route. Il souffla plusieurs fois sur le reste du chemin, alors qu'Akage restait silencieux. Ce dernier pensait à la fois à l'attitude suspicieuse dont il faisait preuve à l'égard de ce bon Buntarô, mais également au crime crapuleux que les bandits avaient menés. C'était littéralement des monstres, mais leur geste n'était pas dénué d'explication. Un crime d'une telle monstruosité était parfait pour mettre en avant un régime de terreur. Ses mots firent réfléchir Akage. Pourquoi ? C'était le meilleur de contrôler une population, mais également un bon moyen d'attirer les autorités du village du sable sur les lieux. Même sans répondre à une requête, le village enverrait forcément quelqu'un pour enquêter. C'était étrange comme situation.

Akage jeta un regard, discret, vers le commerçant. Il avait de la joie de vivre précédemment et il semblait avoir perdu son appétit pour les plaisanteries. Le jeune ninja ne savait comme s'y prendre. Peut-être aurait-il dû rester avec Satoru ? Le marionnettiste apposa gentillement sa main sur l'épaule de l'homme. Ce dernier prît un léger sourire, comme rassuré par le geste de bonté du marionnettiste.

Très rapidement, et dans un silence pesant, le petit groupe arriva dans la ville de Kareki. Loin d'être la petite bourgade qu'il avait imaginé, Akage fut surpris par la taille de la ville. Loin d'être comparable au grand Village des Sables, le jeune ninja observa la grande rue. Le grand boulevard était peuplé d'activité commerçante, et malgré le regard triste des habitants, on distinguait pas mal de soldat. Visiblement, de nombreux mercenaires avaient élus domicile dans la place commerçante.

« Bien. Je vais réserver une chambre dans la taverne du coin.. Passez-nous voir, Buntarô-san.. »

Akage, sans prendre le temps d'obtenir une réponse, salua avec vergogne le brave commerçant puis se dirigea vers le lieu de vie. Avec un peu de chance, il obtiendrait des informations.

Akage pénétra ainsi dans l'auberge, sans avoir de nouvelle de son coéquipier. Dès son arrivé, les regards se tournèrent vers lui. Mince. Lui qui n'était pas familier avec ces lieu de débauches n'avait peut-être pas rempli une sorte de rituel que l'ensemble des alcooliques faisaient. Double mince. Peut-être n'aimaient-ils pas les voyageurs. Allez savoir. Le jeune marionnettiste resta sur ses jambes, sans bouger. Il attendait une réflexion, ou une remarque. Rien. Ils étaient silencieux. Quel bande de paysan.. A Sûna, quand quelqu'un avait un problème avec vous, vous le saviez dans la seconde..

Droit, Akage attendit sagement que les regards s'éteignent. Très rapidement, les villageois commencèrent à détourner le regard. Ils recommencèrent leurs activités sans intérêts. Le marionnettiste ne salivait pas à l'idée de se mêler à eux, mais le village l'avait ordonné. Foutu village.

Avançant d'un pas décidé, lent, Akage se devait de choisir le groupe qui lui apporterait un maximum d'information. Marchant doucement, le marionnettiste observa doucement les différents groupes. Il y avait celui qui était le plus évident : les alcooliques du bar. Il était toujours aisé de leur soutirer des informations, tant leur état était mauvais. Il y avait également le barman qui rôdait autour d'eux afin de leur verser un petit verre supplémentaire. C'était un aimant à histoire, celui qui devait tout savoir à force d'entendre des histoires. Le choix semblait facile, mais pouvait attirer l'attention. En un coup d’œil, Akage pu voir les observateurs, ceux qui regardait les alcooliques. C'était donc aussi un bon moyen d'attirer les soupçons.

Le ninja observa alors le second groupe qu'il avait repéré. C'était une femme entouré d'homme. Elle semblait pleurer toutes les pauvres larmes de son corps. Abuser d'une femme ne plaisait pas vraiment au marionnettiste, mais il paraissait évident que la jeune femme était une cible facile. Les observateurs semblaient précautionneusement éviter son regard. Akage se douta de la situation. Elle avait perdu un proche, et les observateurs se sentaient coupables. Intéressant pensa immédiatement le marionnettiste.

Tournant son attention vers un dernier individu, Akage n'y prêta pas plus d'attention. L'homme était un mercenaire, entouré par des hommes de sa trempe. Évident. Leurs épées n'avaient pas de fourreaux, ou alors ils voulaient effrayer les concitoyens en se définissant eux même comme des brutes. Un groupe bien particulier qui tenait à l'image de leur chef.. L'homme, chauve, semblait s'appuyer sur sa lame. Le regard sévère, il regardait l'ensemble des personnes présentes. C'était clairement un observateur. Ah quel ennui.

Akage, sans prendre garde, vînt s'approcher de la dame. Ses larmes semblaient si sincère. S'approchant, le jeune marionnettiste fit semblant de perdre son équilibre et effleura la jeune pleurnicharde.

« Oh.. madame. Désolé.
Je suis sincèrement désolé. »

Levant la tête, la jeune femme observa Akage. Elle fit signe qu'il n'y était pour rien, avant de fondre encore en larme. Le marionnettiste s’agenouilla pour être au même niveau que la dame, qui le surplombait de quelques centimètres. Il lui tendit un mouchoir soyeux, enfin l'espérait-il.

« Tenez Madame. Prenez.
Je suis Akage, du clan Kôga. »

Prenant l'air désolé, Akage attendit sagement que la jeune femme s'empare du mouchoir. Alors qu'elle le fît, elle remercia difficilement le Chikamatsu. Dans un sourire intérieure, le jeune homme savait qu'il avait son approche, il avait son entrée.

Attrapant le siège le plus proche, il vînt s'asseoir à côté de la jeune femme. Les deux hommes qui l'entourer lui firent de la place.

« C'est mon frère..
Il a disparu.. il est .. »

Akage s'empara alors des mains de la jeune femme pour la réconforter.

« Racontez-moi..
ça vous fera du bien. »

La jeune femme était brune. Alors qu'elle regardait le sol, elle leva son regard vers le marionnettiste.

« Il ne pouvait pas.. avec sa famille.
ils l'ont tués.. »

Mais de quoi parlait-elle se demanda Akage.. L'observant en silence, il lui caressa doucement le dos de sa main pour la mettre en confiance. Les deux individus autour d'Akage semblaient le laisser faire. Il en profita. La jeune femme souria, puis refonda en larme.

« Le club..
c'est à cause du club.. »

Sur ces mots, la jeune femme refondit en larme soudainement. Elle se leva et quitta la pièce en courant, accompagné par ces deux chevaliers servants. Ils croisèrent à la porte de brave Satoru, alors qu'Akage lui fit signe de le rejoindre.

Alors que la jeune femme quitta précipitamment la pièce en pleurant, les joyeux lurons qui essayaient vainement de la réconforter quittèrent la zone avec eux. Le jeune marionnettiste poussa un soupir de soulagement. Il n'aurait pu supporter la pleureuse une seconde de plus, et chaque seconde passée en sa compagnie était une seconde où il refrénait son envie de trancher sa jolie langue. Observant la femme en deuil quitter la pièce, elle croisa rapidement Satoru. Le coéquipier d'Akage avança vers la table, et Akage lui raconta immédiatement les informations qu'il avait pu obtenir.

Les informations furent ainsi mises en commun. Faisant attention de ne pas être véritablement écouté, Akage discuta très rapidement avec son compère. Cette mission était un véritable piège. Non seulement ils ignoraient l'identité du client mais il semblerait que ce village était un endroit bien dangereux.

Comme à son habitude, le Hidame proposa à Akage de prendre une chambre afin de pouruivre leurs investigations le lendemain. Globalement, le marionnettiste ne pouvait être que d'accord. Le voyage, à défaut d'être véritablement fatiguant, avait néanmoins usé physiquement les deux ninjas. Puis, il faut dire que la vision des corps se balançant sur une corde avait également usé psychologiquement le brave membre du clan Chikamatsu. Une nuit de sommeil lui ferait du bien.

« Tu as raison. Prenons une chambre. »

Akage s'occupa de faire les démarches nécessaires auprès de la jeune hôtesse qui vînt leur apporter des verres d'eaux. En regardant le verre, le jeune ninja se dit que c'était un des rares établissement qui ne provoquait pas l'ire général après une telle commande.

Le jeune marionnettiste se redressa sur son siège et termina son verre d'eau. Observant une dernière fois le bar bondé, les gens se regadaient les uns les autres sans aucune raison. Un homme semblait le garder avec intérêt, et pas un bel intérêt. Le regard fermé, l'étrange individu jouait avec son sabre en le faisant tourner sur lui-même. Les deux hommes échangèrent un court regard, et leurs yeux se battirent en duel pendant ce court instant. La jeune hôtesse approcha alors avec un objet distinguable sur son plateau d'argent. Alors qu'elle avança de quelques pas, elle posa celui-ci sur la table.

« Votre chambre messieurs. C'est au premier étage. Je peux vous y conduire immédiatement si c'est votre souhait.. »

Akage se leva immédiatement, non sans jeter un dernier regard dans le coin du mercenaire, avant d'affirmer que c'était bien son souhait d'un signe approbateur de la tête. L'hôtesse avait beau être assez jeune, elle avait une démarche confiance et sérieuse. Akage la suivait, tout en restant à bonne distance. Il était comme ça le marionnettiste. Il se méfiait de tous le monde, pour une raison ou une autre.

La jeune femme arriva alors au premier étage devant une porte en bois classique. Elle inséra la clé dans le trou prévu à cet effet, et invita respectueusement les ninjas à entrer. Akage observa la chambre d'un regard avant d'y rentrer. Tout semblait plutôt normal. Akage s'avança alors dans la grande salle. Rapidement, il observa les lieux classiques. Deux fûtons pour dormir, une table basse et plusieurs oreillers pour dormir. Au final, c'était plutôt coquet. Avançant légèrement dans la pièce, il sentit une sensation bizarre sur son pied.

Il avait déclenché un fil. La porte se ferma alors brusquement, et les deux ninjas se retrouvèrent coincé à l'intérieur. Et, clou du spectacle, un étrange gaz vert fit son apparition dans le piège.

La porte claqua, et un gaz gluant fit son apparition. Comme une chanson écrite par un modeste troubadour, les ninjas agirent par réflexe. Non seulement ils agirent, mais ils montrèrent au monde leur véritable nature. Qui était-il ? Akage s'attaqua immédiatement aux effets du problème tandis que le brave Satoru s'attaqua aux origines. Etaient-ils si différents ? Probablement. Ils sauvèrent la journée. Eliminant un tel stratagème -bien que peu élaboré-, un grand mercenaire fit son apparition. Il raconta son histoire, l'histoire; mais quelle histoire ! Il était question de rackett à peine dissimulé et d'un commerce illégal.. Cet homme savait-il que les ninjas représentaient Sûna, le village du Sable et qu'il était de leur devoir de rapporter un tel fait ?! Oui. Il devait le savoir. Il y avait anguille sous roche.

C'est durant cette histoire que le marionnettiste vit son compagnon perdre légèrement son sang froid. Il lui révéla beaucoup trop d'information, mais en obtint également en échange. Etait-ce une bonne chose ? Bonne question.

Les deux shinobis furent finalement "invité" à un club, plus tard dans la soirée du lendemain. C'était étrange. L'homme quitta alors la pièce, et Akage s'approcha de Satoru. Il lui posa gentillement la main sur l'épaule avant de décréter simplement -et inhumainement-.

« Tu lui en a trop dit.. » Akage recula alors vers la fenêtre pour observer la foule qui marchander dans la rue. « Nous n'avons pas vraiment le choix. »

Akage savait pertinement que cette offre semblait être un piège, un piège tendu pour les shinobis de Sûna. Cependant, le jeune ninja osa se demander ce qui pouvait être fait.. Comment aurait agit un grand ninja ? Bonne question.

« En admettant que ce qu'il nous a dit soit vrai, nous devrons mettre un terme à cette millice par nos propres moyens. Nous avons besoin de leurs informations. »

Akage respira un coup, et profita de l'ambiance austère qu'il avait imposé.

« Bien. J'irais seul à ce rendez-vous. »

Il ne précisa pas les raisons de son choix, mais son objectif était clair. Il était probable que Satoru l'ait parfaitement compris. Il se devait d'éviter de tomber si facilement.

Akage se retourna une dernière fois vers la rue, et ferma la fenêtre.

« De ton côté, la meilleure option est de contacter ce groupe mercenaire.. Il faut avoir leur version. »

Akage resta silencieux, puis lâcha son rouleau sur son lit. Il s'agenouilla près de la table et entama l'écriture d'une lettre, calmement. Il fallait bien avertir le village. Dans un code bien particulier, enseigné à beaucoup de ninja du clan Chikamatsu, il écrivait à sa sœur qui s'occuperait de transmettre la lettre aux autorités compétentes. Puis, une fois sa tâche accompli, il dormirait. Ils allaient avoir besoin de repos avant de s'attaquer au problème. En bon ninja, il ferma l'oeil, un seul œil.