Quatre jours de marche. C'était le temps qu'Hasü avait mit pour atteindre la Capitale du Pays de la Rivière. Une personne qui connaissait le territoire comme sa poche aurait mit largement moins de temps, mais notre protagoniste ne faisait pas partie de cette catégorie... Pas forcément des plus habiles avec une carte et une boussole, la jeune femme ne compta plus le nombre de fois où elle se perdit durant son voyage vers Kawazoï. Pourtant oui, Hasü était bien une fille de Kawa. C'est juste que la Belle n'avait jamais quitté son village. C'était le premier voyage de la Koken.

C'est donc une rouquine fatiguée qui arriva dans la plus grande ville de la Rivière. Ici, l'architecture n'avait rien à voir avec ce que la Belle avait pu voir auparavant : Les bâtiments étaient imposants faisant bien ressentir à la DJ qu'elle était vraiment petite. Déjà qu'elle était naturellement pas bien bien grande du haut de ses 1m55... La peintures des habitation, plutôt usées et sombre donnait une sensation d’oppression qui ne rassura pas la voyageuse. Inspirant un bon coup, la jeune femme s'enfonça davantage dans la mer de maison qui lui faisait face, se mélangeant à la foule massive qui se bousculait dans les rues de la Capitale. Cette ville était une véritable fourmilière. Alors qu'Hasü avait été habitué à un village tranquille très peu peuplé où tout le monde se connaissait et s'appréciait plus ou moins. Ici, cependant, la Koken doutait fortement que ces milliers de personnes qui marchaient d'un regard fixe, n'hésitant pas à se bousculer pour se frayer un chemin, puissent avoir connaissance des uns et des autres... C'est donc une Hasü en peine, à la recherche d'un refuge, qui tentait de traverser cette masse humaine. Parcourir une distance à Kawazoi était un véritable parcours du combattant ! Heureusement, les pancarte indiquant la nature des bâtiments étaient situées bien au dessus des têtes de la populace, ce qui permit à notre protagoniste de repérer une auberge non loin de sa position. Jouant des coudes, la rouquine arriva à destination. Ouvrant la porte violemment, elle posa son dos sur cette entrée désormais fermée derrière elle. Levant le visage au plafond, elle respira lentement, se rendant compte qu'elle était essoufflée. Un homme arriva à sa rencontre quelques secondes plus tard. Frêle, jeune, ce dernier toisa notre protagoniste puis parla, un petit sourire aux lèvres:

— Nouvelle à Kawazoï hein ?

Souriant à son tour, Hasü posa ses yeux de jade sur le nouvel arrivant :

— Ouais. Pfiouu... Ben on peut dire qu'ici vous êtes pressés !
— Hahaha ! Je n'vous le fait pas dire m'dame ! Allez venez, j'vais vous emmener à une table !

Acquiesçant d'un signe de tête, la rouquine suivit son hôte dans une grande salle de restauration. De nombreuses tables étaient disséminées de part et d'autres de la pièce, le tout décoré par un style très simplet. Mais bon, à l'heure actuelle, le Feng Shui n'était pas trop la préoccupation première pour une Hasü qui ne souhaitait qu'une chose : Un support confortable et un truc à se mettre sous la dent. D'un geste de la main, son guide lui indiqua sa place. Sans attendre, la Belle s'affala sur sa chaise dans un soupir de satisfaction. Confortablement installée, la rousse en profita pour observer les autres personnes présentes dans la pièce. Il y avait du monde, chacun s'affairant à discuter ou à manger. D'autres gus présents près du bar s'empilaient des pintes de bière, riant grassement de leurs voix gutturales. Un homme plus atteint que les autres n'hésitait pas à gueuler, sans raison, comme un abruti. Plutôt éloignée, la DJ n'était pas spécialement gênée par le tapage du gros lard, mais ce n'était pas le cas pour tout le monde. C'est à ce moment qu'elle vit un gamin dont le visage était recouvert par un semi-masque bien curieux. Se levant, il fonça en direction du saoulard et lui colla un direct qui mit K.O la victime en un seul coup. Incrédule, Hasü regardait avec de gros yeux l'adulte touché s'affaler sur le comptoir. Plus aucun sons ne s'échappèrent de ce trouble-fête. L'agresseur qui était vraiment jeune, retourna s’asseoir à sa place tranquillement se plongeant à nouveau dans l'écriture d'un petit carnet. Décidement le monde extérieur était totalement fou. Depuis quand les enfants arrivaient à oneshot des adultes, même bourrés ? Hasü était encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Son regard allant du gamin à sa victime et vice-versa. De toute évidence, ce n'était pas normal puisque tout ceux qui avaient assistés à la scène étaient aussi sur le cul.

Soudain, une serveuse plus nerveuse et stressée que la moyenne surgissait de l'entrée de la cuisine et déboula dans la pièce d'une marche maladroite. Les mains chargées de plats, son torse se balançait de manière dangereuse. La chute était inéluctable aux yeux de la Koken. Comme pour affirmer les pensées de cette dernière, la femme tomba sur le gamin étrange dans un concert d'assiette brisée. Une fois cette souffrance auditive passé, Hasü constata les dêgats : la nourriture était étalée sur le sol, les morceaux de porcelaines se mélangeant avec ces ingrédients. Alors que la responsable se relevait difficilement, le garçon, lui ne bougeait plus. Inquiète, la Koken se leva de sa chaise et accourut, comme plusieurs autres personnes, aux côtés du pauvre enfant. Approchant son oreille près de ce dernier, elle se rendit compte qu'il respirait encore : Il n'était qu'assommé. Soupirant de soulagement, la jeune femme étendit le jeune homme sur une surface propre. Levant les yeux vers la foule, Hasü s'écria :

— Ecartez-vous ! Il a besoin de respirer !

Elle reposa alors ses pupilles d'émeraude sur l'enfant :

— Hey ! Gamin. Tu m'entends ?

La rouquine porta alors son attention sur le masque que ce gamin arborait. Elle hésitait à l'enlever...

La serveuse était vraiment maladroite ! J'étais à présent inconscient à cause d'une serveuse assez stressé. Dans mon inconscience, je rêvais profondément, il était dans un endroit sombre, le silence régnait dans la pièce, je regardais autour de moi, je ne vis rien, même pas un objet. Il faisait complètement noir, je commençais à m'inquiété, ne savant pas où j'étais, cela me paraissait normal de s'inquiéter. Subitement, j'entendis un bruit sans voir d'où ça provenait, le bruit grandissait lentement, je continuais de tourner ma tête un peu partout. J'essayais de rester d'être le plus calme mais lorsque le bruit devenait insupportable, c'était vraiment difficile de garder son sang froid.

J'entendis un hurlement brusque ! Dans le rêve, le paysage changea, ça ressemblait vraiment au village natale de mes parents : Ame no Kuni, les nuages gris et le grondement de tonnerres plongeait le village dans un profond désespoir, j'entendis des hurlement de guerre, le sang des combattants jonchait le sol... Dans la réalité, j'étais toujours inconscient, je transpirais en tournant ma tête un peu partout, j'avais toujours les yeux fermés. Tandis que dans le rêve, je me voyais , ce qui n'était pas normal, car je n'étais pas encore né, je vis une silhouette sans apercevoir ses vêtements ni son visage. La personne hurla en disant aux autres de s'écarter, pour que moi je respire puis..

Rien, il n'y avait qu'une tâche de sang. Je me réveilla en attrapant une personne par le cou, mes yeux s'intensifiait, j'avais pris une jeune femme rousse, je la lâcha rapidement, son regard était attentionné, c'était sûrement elle qui avait hurlé. Ce qui avait mélangé les rêves et la réalité. Je la pris par la main, puis je m'enfuis le plus rapidement possible, je sautais pour atteindre le toit d'un bâtiment. Arrivée là-bas, je m'inclina pour m'excuser avant de me justifier.

« Excusez- moi, je vous ai pris pour un ennemi... J'étais plongé dans un rêve. »

Mon ton restait neutre, mais le souffle métallique qui s'échappait de mon casque rendait mon ton froid. Je me releva, en plongeant mon regard inexpressif et froid dans le sien, puis je repris.

« Je vous en suis reconnaissant de m'avoir aidé à respirer correctement. Je m'appelle Keitarô et vous ? »

Hasü commençait à douter. Le garçon ne bougeait toujours pas, et ça, ça l'inquiétait. Le choc avait, peut-être, été plus violent que ce qu'il avait laissé paraître. Sans compter ce masque bizarre qui devait l'empêcher de respirer correctement... D'un geste de la main, Hasü entreprit de défaire les liens qui retenait ce morceau de métal du faciès du garçon. Alors qu'elle s'attaquait à la première attache, la victime inconsciente se réveilla violemment, faisant sursauter la rousse. N'ayant pas les réflexes nécessaire, Hasü n'arriva pas à éviter la dextre du gamin qui enlaça brutalement la gorge de la Belle de ses doigts fin. Le regard désormais totalement éveillé, le champ de vision du gamin et de sa prisonnière se croisèrent. Se rendant compte que la DJ n'était probablement pas dangereuse, l'ex comateux relâcha le cou de la chanteuse aussi vite qu'il s'en était saisit. Posant une main sur le sol, l'autre massant son cou, Hasü toussota suite à cette soudaine coupure d'air. Qui était donc ce gamin ? La Koken n'avait même pas vu le mouvement de son bras, sans compter cette poigne... Elle avait été solide et forte. Ce gosse n'avait d'enfantin que l'apparence... Jetant un regard en arrière, elle vit l'enfant sortir de la pièce en trombe sous les yeux d'une foule totalement indignée.

Se remettant de son état de surprise, Hasü emboîta le pas du gosse. Prenant, elle aussi, la direction de la porte, ses talons claquèrent sur le sol bétonné lorsqu'elle gagna l'extérieur. Jetant un regard dans toutes les directions, elle essaya de distinguer le petit énergumène à travers la masse humaine impressionnante qui lui faisait face. Balayant visuellement la rue, elle ne vit pas l'ombre d'un gamin. Il avait de toute évidence disparu... C'est alors que la DJ entendit une voix dans son angle mort. Faisant volte-face, la Belle leva les yeux en direction de la voix plutôt froide qui l'avait interpellé. C'était bien celle de celui qu'elle cherchait. Il se trouvait sur le toit de l'auberge, au calme. Hasü n'en croyait pas ses yeux. Comment ce garnement avait-il pu arriver à cette position en aussi peu de temps ? Était-il un Ninja ? La Dj avait entendu que les guerriers de l'Ombre étaient capables de bien des prouesses. Mais jamais la Chanteuse n'aurait cru qu'elle verrait une démonstration des talents d'un shinobi par l'intermédiaire d'un petit garçon. La voix déformée par son drôle de masque métallique, l'enfant s'excusa pour sa réaction quelque peu déplacée et remercia notre protagoniste pour son aide. Il enchaîna rapidement en se présentant : Il s'appelait Keïtaro. Les présentations étant un échange de formalités, il invita la Koken à faire de même. Toujours incrédule, la DJ secoua la tête rapidement afin de remettre ses idées aux clairs. Finalement, elle toisa l'étrange marmot :

— J'm'appelle Hasü.

Regardant par dessus son épaule, elle vit que le gamin commençait à attirer l'attention. En effet, certaines personnes, de plus en plus nombreuses, s'arrêtaient pour regarder le garçon tranquillement posé sur un toit. Ne souhaitant pas s'afficher davantage, la Koken reposa ses pupilles de jade sur son interlocuteur :

— Et si tu descendais d'là ? J'suis sûre qu'on pourra discuter plus simplement assis à une table...

Immobile et légèrement nerveuse, la Belle attendait la réponse de ce petit inconnu.

Je restais sur le toit, le vent calme et doux effleurait ma peau, je restais ainsi quelques minutes toujours en pensant. Je regardais le ciel et les différentes formes nuages pour imaginer un objet ou une personne déjà rencontré. La Dame qui me sauva à sa manière me disait son prénom. Elle se nommait Hasü, un prénom qui était encore inconnu pour moi, mais je trouvais original et simple. Les habitants de cette ville me remarqua sur le toit et la femme me demanda de descendre pour parler. Je ne savais pas trop quoi lui dire, je fis un bond pour descendre, puis je leva la tête pour regarder la femme. Je restais quelques minutes sans dire un mot.

Ses yeux avaient une couleur émeraude, je n'en avais jamais vu de tel. Dans son regard, j'ai put voir qu'elle était assez nerveuse et puisque qu'elle était étonnée de me voir bouger dans tout les sens, je pensais que ce n'était pas une kunoichi... Elle était plus faible que moi... Sûrement. Après de longues minutes, je luis répondis d'un ton neutre avec un regard inexpressif.

« Je ne pense pas qu'être assis à une table, on pourra discuter tranquillement sans que les regards se posent sur moi. Surtout dans ce restaurant... Après tous les dégâts que j'ai causé ici. Je préfère que nous discutions dans un autre restaurant si vous le voulez bien. »

Je marchais sans savoir où j'y allais et sans attendre sa réponse. Je cherchais juste un autre restaurant. Nous étions en train de marcher puis je commençais à la questionner.

« Hasü, vous n'avez pas de nom de famille ? ou vous ne voulez pas me le dire car on vient à peine de se connaître. »

Je regardais le chemin essayant d'esquiver tant que possible les bousculades avec les autres. Ils y avaient beaucoup trop de monde dans cette ville à Kawa no Kuni. Avant qu'elle me réponde, je la fixais d'un regard intense pour encore plus l'intimider car j'avais remarqué, elle avait un peu peur de moi... Tout cela m'amuser.

Je vis un autre restaurant, je l'ouvris la porte puis je dis avec ton neutre.

« Après vous. »

J'étais jeune, mais je connaissais les manières d'être poli.

Hasü restait plantée là, involontairement à la tête d'une foule qui grossissait de plus en plus au fur et à mesure des minutes. Elle attendait la réponse du garçon avec un certain agacement. Si ça continuait, elle allait vraiment avoir la honte. Elle venait juste d'arriver en ville et elle allait passer pour la grosse conne de service. Vivement que ce garnement se décide à bouger ses fesses ! Finalement le marmot se leva et descendit agilement de son perchoir. C'est une Hasü mi-impressionnée, mi-effrayée qui vit cet étrange petit personnage se placer à ses côtés comme ci de rien n'était. Restant silencieux, le petiot se décida, après quelques minutes à ouvrir sa bouche. De sa voix déformée par le masque, le gamin ne semblait pas dès plus d'accord avec la demande de la Koken. En tout cas, il ne souhaitait pas reposer les pieds dans l'auberge où il avait déjà fait forte impression. La Belle acquiesça d'un signe de la tête : Evidemment, qu'elle n'allait pas l'embarquer à nouveau dans la source de ses problèmes. Ils allaient trouver un autre endroit plus calme où la jeune femme espérait que cet enfant se tienne tranquille. Parce que bon, qu'on se le dise coller un pain à un gars qui vous agacez, c'était relaxant. Mais le coup de pied au cul que vous receviez dans la seconde d'après l'était beaucoup moins ! Cette fois c'était passé, mais qui sait sur qui ce gosse passera ses nerfs ? Un champion de boxe ? Voire pire...

Finalement le garçon s'en alla, prenant les devants quant à la recherche de leur futur refuge. Dépassant la foule qui lui barrait la route, Hasü suivit l'entreprenant gamin sans attendre. Pas question de le perdre à travers les rues surpeuplées de la Capitale. Se faufilant à travers cette masse humaine, la Koken arriva à coller aux basques du marmots. Se trouvant désormais à sa hauteur, elle put entendre cet étrange enfant lui poser une question sur son nom de famille. Elle vit alors le regard intense de ce gamin. La nuque de la rouquine s'hérissa légèrement. C'était quoi ces yeux ? Il allait encore l'étrangler si elle ne lui répondait pas ? Hasü grimaça. Tout ça parce qu'elle n'avait pas dit le mot "Koken". Pfff, les gens étaient vraiment bizarre dans cette ville.

— Euuuuh... C'est juste que, d'habitude, on en a pas grand chose à faire du nom... Mais bon si ça peut t'faire plaisir... Le mien, c'est Koken. Koken Hasü. Voilààà... Content ?

C'est alors que la DJ vit l'enfant se diriger vers un nouvel établissement culinaire. S'approchant de la porte, ce dernier ouvrit l'entrée et se mit sur le côté gardant l'ouverture... ouverte. D'un geste et d'un gentleman "Après vous", il invita la Belle à entrer en première. Plutôt surprise, c'est, tout de même, une Chanteuse méfiante qui passa le pas de la porte, entrant alors dans une pièce plus "chicos" que le dernier restaurant qu'ils avaient côtoyés quelques trentaines de minutes plus tôt. Se plaçant tous deux à une table, Hasü put de nouveau reprendre la conversation à son point d'arrêt. Tendant son cou, la Kojen vérifia qu'aucune personnes ne les toisaient bizarrement. La zone étant plutôt tranquille elle se risqua à poser des questions :

— Bon et sinon, tu m'expliques comment un garçon de ton âge arrive à être aussi rapide et agile ?

Pour sur que ça, ça intéressait la DJ. C'est vrai quoi. Comment un gamin aussi jeune pouvait accomplir des prouesses physique de ce genre. Il le faisait avec tellement d'aisance. Comme ci ce genre d'exercice était, pour lui, aussi simple que de respirer...

Elle me disait son nom de famille, C'était Koken, j'en avais jamais entendu parler, j'essayé de creuser ma mémoire pour savoir d'où provenait ce nom de clan mais rien à faire. Content, je tourna ma tête vers elle puis je la fixais avec un regard foudroyant pour qu'elle sois encore plus nerveuse.

« Je suis très content. »

Nous étions à présent assis sur une table, elle regarda autour d'elle pour savoir si on nous regardait toujours aussi bizarrement puis elle me posa une question. Comment je pouvais être aussi rapide et agile pour mon âge. Se moquait elle de moi, elle ne peut pas me dire qu'elle ne connait pas les ninjas quand même. Le monde est peuplé majoritairement de ninja que de civil. Si on enlève les civils, ça ne changera presque rien dans ce monde de combat et de sang. Je fis semblant de ne pas entendre sa question puis je leva la main pour que le serveur vienne vers moi. Arrivé à ma position, je lui demanda un délicieux ramen aux légumes avec un supplément de pomme de terre sauté et de la bonne soupe au potiron. Dès qu'il a tout noté, il repartit, puis je regarda enfin la femme pour lui dire d'un ton neutre.

« Vous ne mangez pas ? Ce restaurant m'a l'air mieux que l'autre, vous ne trouvez pas ? »[/b]

[b]Je continuais de la regarder avec intensité puis je changea mon regard pour la répondre à sa question car elle voulait le savoir, à moi de satisfaire sa curiosité.

« Moi, agile et rapide, je suis plutôt très lent par rapport aux expert qu'ils maîtrisent mieux cette art. Je suis un shinobi, vous n'en avez jamais entendu parler ? C'est étrange... Ce monde est majoritairement peuplé de shinobi. »

Je marqua une courte pause pour la visualiser puis je reparla.

« Ah oui, votre style d'habillement ne ressemble pas du tout à un ninja. »

Le serveur revenait avec ce que j'ai commandé, je pris un morceau de pomme terre et de salades entre mes bâtonnets, avant de le mettre en bouche je disais d'un ton neutre.

« Bonne appétit si vous mangez. »

Je mâcha lentement puis j'avala. Je laissa quelque seconde de silence puis je repris.

« Si vous êtes pas shinobi, vous faites quoi alors ? »

Salopiaud. Ce gosse n'hésitait pas à se servir de la crainte qu'il inspirait à la Koken. Sans compter qu'il était plutôt doué dans le domaine de l'effronterie. En effet, lorsque Hasü lui révéla son nom et lui demanda s'il était satisfait, ce dernier n'hésita pas à confirmer, qu'effectivement, il était content de cette réponse. Tsss, si seulement il n'avait pas manifesté une force supérieure à la Chanteuse, cette dernière n'aurait pas hésité à lui foutre une bonne grosse fessée ! Mais bon, à croire que ce gamin s'attirait la forte curiosité de la Belle, celle-ci lui collait encore aux basques afin de le mitrailler de question. De toutes manières, c'était équitable puisque ce gamin lui en posait autant qu'elle.

Perdue dans ses pensées comme elle était, la Belle ne vit pas le serveur qui passa pour prendre commande. Ce n'est que lorsqu'elle le vit s'éloigner que la jeune femme se rendit compte qu'elle venait de louper l'occasion pour se remplir la panse. Elle fusilla le garçon du regard lorsqu'il constata qu'elle ne voulait pas manger. Car non, en réalité, elle crevait la dalle ! Il changea rapidement de sujet en abordant la décoration du restaurant, comme quoi cet établissement était bien mieux que le prédécesseur qu'ils avaient foulés. Coudes sur la table, une joue appuyée sur la paume de sa main, Hasü regardait les alentours d'un oeil blasé. Son estomac gargouilla, montrant bien qu'il réclamait de la nourriture. Finalement, le jeune homme recommença à parler, se décidant enfin à répondre à la question de la Koken. Cette dernière fut surprise d'apprendre, que ce marmot se disait plus faible comparé aux véritables "spécialistes". C'est alors qu'il annonça être un Ninja. C'est une DJ septique qui accueillit cette réponse. Se foutait-il d'elle ? Il était vraiment jeune pour être un assassin... Certes, il était plutôt fort pour son âge et très habile de son corps... Mais de là à dire qu'il faisait parti d'une caste de guerrier sans foi ni loi... Non. La Chanteuse avait du mal à y croire.

Elle n'eut pas le temps d'exposer ses idées, que le jeune homme commença... à la mater ? Gênée, la Koken resta cependant muette, posant tout de même des yeux interrogateurs sur son interlocuteur. Finalement, le garnement exprima ses pensées. Il annonça tout simplement que la DJ n'était pas accoutrée comme une Kunoichi, prouvant, pour lui-même, qu'elle n'en était pas une. Et sur ce coup, il avait totalement raison. A part son don plutôt exceptionnel pour le chant, Hasü n'était en aucun cas une guerrière de l'ombre. Très loin de là !

C'est ce moment, que le serveur revint à leur table. Porteur d'une seule assiette, il déposa cette pièce de porcelaine devant l'enfant. Le ventre de la chanteuse résonna de nouveau dans une mélodie grave à la vue du plat succulent qui se pavanait devant elle.

— Excusez-moi ! La même assiette s'iouplaît.

D'un signe affirmatif de la tête, le serveur s'éloigna pour accomplir sa nouvelle mission. C'est avec un regard envieux que la Belle observait le jeune homme se repaître. Qu'il était ignoble d'observer quelqu'un manger quand on était soi-même affamé... C'est alors qu'entre deux bouchées le garçon lui demanda ce qu'elle faisait si elle n'était pas Shinobi. Un petit sourire se dessina sur le visage parfait de la DJ : Enfin une question intéressante !

— Je suis chanteuse ! Ou barde, j'sais pas comment tu appelles ça... J'fais le tour des tavernes et contre une somme d'argent, je fais le show !

Elle leva un index en signe d'avertissement.

— Mais attention ! Rien à voir avec les abrutis qui te chante des chansons à dormir debout. Moi, je fais dans un style totalement différent ! Du jamais vu ! J'compte bien devenir une Star d'ici quelques années !

Finalement, après ces paroles pas forcément très modeste, elle reposa son regard de jade sur son interlocuteur attendant de voir sa réaction. Son premier fanboy ?

Cette femme était donc une chanteuse ou barde, j'appellerais plutôt ça une casseuse d'oreille. J'avais jamais aimé réellement la musique, mais il y a quelques styles que j'aime plus au moins. Des styles de musique classique, qui nous séduit simplement par de jolis sons sans qu'on soit obligé de rajouter des paroles horribles. Nos voix à nous les humains n'étaient pas faits pour la musique. Changer d'intonation, de passer à l'aigu à grave... Trop compliqué pour moi. C'était bien trop dur. Dès que la femme aux cheveux rouges me disait qu'elle était chanteuse, j'ai failli m'étouffer en mangeant mon morceau de bœuf, je toussai un petit peu puis je m'excusa en faisant un signe de la tête. C'était irrespectueux de ma part... Mais bon. Je dis d'un ton neutre.

« Ce n'ai pas pour vous offenser, mais la musique n'est pas trop... »

Je ne pus terminer ma phrase, car elle leva son index en signe d'un avertissement. Elle faisait un autre style... Elle ne faisait pas de musique à dormir debout, je commençais à avoir légèrement peur pour, car si elle croit qu'elle vient de recruter son premier, elle se trompe. Les phrases de la femme pleine d'enthousiasme et confiance. Elle voulait devenir une star, c'était ça son objectif.

Comme quoi, chacun avait son objectif, mais le sien était plutôt le rêve d'un enfant qui n'a jamais connu la souffrance, comme ci ce mot n'existait pas dans son vocabulaire... Le monde n'est pas rempli de souffrance et de haine alors ? Je ne pus terminer ma phrase, car elle leva son index en signe d'un avertissement. Je la regardais avec intensité sans cligner des yeux. Je disais d'un ton neutre en la fixant avec un regard intimidant.

« Comment vous voulez devenir une star alors que ce monde est rempli de sang, de guerre, de haine et de souffrance. On ne peut devenir une star si personne ne vous reconnaît. Le monde ne s'occupe plus de ce genre d'inutilité, le monde est plongé dans le désespoir et vous, vous voulez devenir une star ? »

Mon regard devenait progressivement intense.

« Dans ce monde, il n'y a pas de place pour l'amusement... En tout cas, pas maintenant, je vous conseille d'apprendre à vous défendre au lieu de rester caché derrière un micro. Un jour, vous verrez, vous serez en mauvaise posture, et ce jour-là, vous allez dire que l'enfant au masque avait raison. »

Je m'arrêtai là en attendant sa réaction, allait-elle continuer à se voiler la face ou elle allait comprendre la dangerosité de ce monde ?

Peut-être que ce gosse voudrait un autographe suite à cette déclaration. Ou peut-être qu'il était du genre suspicieux et qu'il réclamerait une démonstration gratuite. Ce que la Koken était prête à concéder après tout. Pour son premier fanboy, pourquoi pas... Finalement, le gosse annonça d'un ton réservé que la musique "c'était pas trop"... Pas trop quoi ? Son truc ? Comment pouvait-il dire ça ! Qui dans ce monde n'aimait pas la musique ?! Ce n'était pas possible ! La Dj ne pouvait pas concevoir que ce gamin ne puisse apprécier les sons produits par un shamisen ou la mélodie d'un barde. La musique était une source d'énergie, d'inspiration pour tous les êtres humains . Elle était sûre que ce marmot mentait. Il y avait bien un son dans ce monde qui avait pu faire chavirer son coeur de bambin. Oui, il bluffait... C'était certain...

Elle voyait Keitaro le fixer avec intensité. Pourtant, elle n'avait pas l'impression qu'il était vraiment emballé. Est-qu'il allait l'étrangler ? Finalement, le garçon se décida à parler. Et sa justification ne fut pas du tout ce à quoi la Chanteuse s'attendait. En effet, plus mâture qu'il en avait l'air, le jeune homme commença à faire la morale à la rouquine. Un sourcil se haussa côté Hasü. Depuis quand les enfants de 10 ans critiquaient les adultes ? Ce gamin était exaspérant, et malgré la crainte qu'il inspirait à notre protagoniste, cette dernière n'allait pas tarder à le remettre à sa place. Qu'est-ce qu'il croyait ? Que la rouquine était une conne qui n'avait jamais entendu parler de la Grande Guerre ? Certes, la DJ n'avait jamais participé ou subit cet évènement marquant de l'histoire, ni même enduré la perte d'un être cher. Les seules nouvelles qu'elle avait reçu sur le conflit était grâce à l'intermédiaire des voyageurs qui étaient passés dans la taverne familiale lors de cette sombre période... Pourtant, ça ne l'avait pas empêché d'avoir le coeur serré en entendant ce qu'il se passait à l'extérieur.

Voilà maintenant des années qu'un aussi gros conflit ne s'était pas repointé. Le monde était à nouveau en paix. Alors de quoi est-ce que ce garçon voulait parler ? Désespoir ? Est-ce que ce gosse était fou ? Elle avait croisé une myriade de personne depuis son arrivée à Kawazoï et tous avaient l'air heureux. En tout cas, elle n'avait que rarement vu des visages brisés, tristes. Sans compter qu'elle était persuadée de croiser ce genre de joyeux faciès dans les nombreux villages et villes qu'elle traverserait.

Keitaro continuait de lâcher des insanités. Dans son écoute, la Koken se demanda si ce gosse avait-il jamais connu la joie. Il parlait sur un ton défaitiste. Il disait que ces terres n'étaient pas un endroit où l'amusement était toléré et que la DJ devrait dès à présent commencer à apprendre à se défendre. En bon voyant, il annonça qu'un jour, la Belle serait en mauvaise posture, et qu'à ce moment, elle repenserait à cet instant. Dans un cas de mort imminente... Pourquoi pas. Mais aujourd'hui ces mots sonnaient creux dans l'esprit de la jeune femme.

— Keitaro... J'connais rien de ton histoire. Toi même, tu ne connais pas la mienne. Mais c'qui est sûr, c'est que ce monde n'est pas uniquement que douleur et sang. R'garde autour de toi. Tu vois bien qu'à part le bordel que t'as foutu dans l'autre restau', tout le monde ici à l'air heureux. Il faut arrêter de croire que tout va mal.

Le serveur arriva alors avec le même plat que le jeune homme avait commandé quelques minutes plus tôt. Remerciant ce dernier, Hasü attrapa son verre d'eau et mit le récipient à ses lèvres, absorbant ainsi le liquide translucide.

— Et puis, bon, qu'on se le dise... Ca fout le seum c'que tu racontes quand même !

Elle reposa ses yeux émeraude sur son interlocuteur :

— Vois le bon côté des choses ! A ton âge, ce serait normal que tu essayes d'être heureux...

Tout ce que je venais de dire était pour son bien, et lui montrer que le monde n'est pas heureux comme certaines personnes le prétendait, je suis quelqu'un qui accepte la vérité en essayant de la comprendre puis essayer de la changer si j'en avais la possibilité. Je devais un jour ou l'autre en avoir les moyens sinon mes paroles ne changeront rien dans ce monde. Je la regardais avec intensité sans cligner des yeux, j'attendais sa réponse avec impatience, car si elle comprenait que le monde était ainsi, alors peut-être, je lui apprendrai tout ce que je sais, mais si elle renie la vérité encore et encore, je ne pourrai désormais rien faire pour elle à part la convaincre d'accepter mon raisonnement juste.

Elle me répondit... Ce n'était pas cette réponse que j'attendais, mais c'était à cause de cet environnement qui démontrer le contraire de ce que je disais, j'en avais la certitude, elle disait qu'elle ne connaissait rien à mon histoire... Et je ne connais ni la sienne. Elle continua en disant que le monde n'était pas rempli de sang partout, je l'admettais, mais la haine et la souffrance, il y en avait partout. Cette réponse m'inquiétait. Je la fixais avec un regard qui était à présent très expressif : un regard perçant et intimidant.

Le serveur lui donna le même plat que moi, elle but une gorgée d'eau puis me disait que ce que je disais faisait peur avec un mot assez familier. Elle nommait la peur, " le seum ". Puis elle me fixa en disant que je dois voir le bon côté des choses à mon âge. Mon poing se serra et mon regard se faisait intense. Je lui répondis en essayant d'être le plus neutre possible.

« Justement, tu connais rien de la mienne, de toute ma famille et tous les gens qui ont souffert. C'est pour ça que tu réagis comme ça. Je ne connais rien de la tienne, mais en voyant ton regard insouciant et heureux, je peux deviner une histoire heureuse et tranquille. Tout le monde a l'air heureux... Tu vois des gens qui ont l'air heureux, mais tout ça, ce n'est que du théâtre, nous sommes dans mondes remplis d'illusions, comprends-tu cela ? »

Je la fixais avec un regard intimidant.

« Personne ne va dévoiler sa vie à tout le monde, le monde n'est peut-être pas rempli de sang, mais il est rempli de souffrance et de haine, tu ne peux le nier. Nous, les humains faibles, nous avons tous soif de pouvoir et il ne vit que pour ça. Tant que ces personnes existent, il y aura toujours de la haine et la souffrance. »

Je fis une légère pause puis je disais une dernière phrase pour la fin tout en regardant vers les autres clients.

« Grave ces mots dans ta mémoire, même un enfant peut voir ce qu'il y a de mal, on ne peut se cacher la vérité très longtemps. »

Hasü était là, ses yeux perçant croisant ceux du gamin. Elle était désormais silencieuse, attendant la réponse du garçon. Jamais elle n'aurait cru aborder un sujet aussi sensible en présence d'un garnement et encore moins que ce thème soit lancé par ce même garçon ! Qu'il était bizarre d'entendre de telles paroles sortir de la bouche d'un marmot qui n'avait pas connu les bras chaleureux d'une femme autre que ceux de sa mère ou même son premier verre d'alcool... Mais les faits étaient là, et la Koken devait désormais jongler avec.

Finalement, le garnement se décida à parler. Le poing serré, il parla d'un ton qu'il voulait calme, neutre, mais Hasü pouvait sentir une sorte de colère. Ou peut-être était-ce de la frustration ? Dans tous les cas, la DJ pouvait relever les petits tons montant que le jeune homme tentait de dissimuler sous le masque de l'indifférence. Ses paroles étaient violentes. Logique suite à la provocation que la Chanteuse avait elle-même prononcé. Ce que pensait la Belle ne fit que se confirmer suite aux paroles de son interlocuteur : Il avait eu une enfance difficile, remplie de douleur. Sa famille et lui avaient subit le courroux de la Guerre. Sans compter que ce gosse était plutôt observateur et perspicace : Il devinait qu'Hasü n'avait pas eu la malchance de grandir près des champs de bataille. Oui, elle n'avait jamais souffert de cette horreur mondiale... Mais partager sa douleur n'était-il pas suffisant pour montrer qu'elle était tout aussi touchée que le garçon ? Ce dernier continua dans des paroles beaucoup moins fondées. Il prétendait que les gens n'étaient heureux qu'en apparence, que ce monde n'était qu'une illusion sordide. Cette fois, la demoiselle baissa les yeux. Non pas parce qu'il avait raison, mais plutôt parce que ce gamin se trouvait dans une autre réalité de la sienne et qu'elle ne pouvait se résoudre à ce genre de conte grotesque.

Elle le laissa terminer sans l'interrompre. Et finalement ses derniers mots retentirent aux oreilles de la DJ, l'invitant à nouveau à ce qu'elle s'en souvienne. Aucun son ne s'échappa des lèvres de la Belle. Le visage baissé, caché par ses cheveux, la demoiselle choisissait ses prochains mots avec un soin tout particulier. Il fallait qu'elle réveille ce gosse ou il allait très mal tourner. Son coeur était sombre et il ne tarderait pas à devenir un mal d'envergure s'il se maintenait dans cette voie... Les premiers mots prononcés par la Koken furent presque chuchotés :

— Alors... Parce que tu as connu la souffrance, tu penses que le monde entier n'est que meurtre, cris et larmes ? Tu ne serais pas dépressif par hasard ?

Le ton avait monté. Au diable les paroles calmes et posées. Hasü n'était pas du genre à se cacher derrière les apparences. Elle allait, finalement, être cash avec ce garçon quitte à ce qu'il s'énerve pour de bon.

— Tu t'rends compte de ce que tu racontes ? J'sais pas qui t'a lobotomisé le cerveau, mais tu devrais arrêter de croire à tout c'qu'on te dit. Toutes ces choses que tu racontes sur le théâtre, les illusions et autres conneries, ça vient de toi. Juste... De toi. Tu te sens mal, et dans ton petit complexe d'enfant triste, tu te dis que tout bascule vers le chaos et que rien ne pourra changer. Mais tu te trompes...

Accoudée sur la table, Hasü se pencha davantage en direction du gamin, diminuant la distance qui les séparait. Cet enfant ne lui faisait plus peur. Elle ne ressentait que de la pitié pour lui. Si jeune et déjà si adulte dans sa tête... Quelle tristesse.

— ... Retrouve le sourire et tu verras que tout ira mieux. Ta réalité s'en retrouvera changée.