Mizu no Kuni. Voilà, Hasü y était. Mais vous vous demandez sans doute ce que foutait la chanteuse sur cet archipel perdu ? Elle se trouvait à Hi no Kuni lorsque une lettre de sa mère lui parvint. Le pigeon voyageur de la famille du nom de Bonbon lui avait transmit la note de sa génitrice en patte propre. Depuis le début de son périple la Koken, écrivait régulièrement un texte à l'adresse de sa famille, histoire de les tenir au courant de ses rencontres et de son itinéraire. Evidemment, la liaison marchait dans les deux sens, sa famille aussi, lui envoyait de temps en temps des nouvelles de Kawa. Ces dernières étaient d'ailleurs souvent remplis d'anecdotes plutôt inutile. C'était juste histoire de mettre un peu d'encre sur un papier qui aurait dû rester blanc... Un peu ce que j'étais en train de faire là, moi, le Narrateur. Niark. Bref, autant dire que cette lettre avait eu le don d'éveiller la curiosité d'une Hasü qui n'attendait, pourtant, rien de spécial de ce bout de feuille. Ce fut très simple : "N'hésite pas à passer un petit coucou à nos cousins de Mizu." Ce fut un choc. A croire que depuis qu'elle avait quitté le cocon familiale, tout allait de travers. Elle découvrait là, comme ça, tranquillement qu'elle avait probablement des oncles, des tantes et des cousins/cousines. Après sa lecture, sa surprise se mua rapidement en colère. C'est à ce moment que la Koken comprit pourquoi elle avait reçu cette révélation uniquement par la poste. Se connaissant, elle aurait pété une sale crise de nerf qui aurait bien duré plusieurs jours, voire semaines. Pourquoi ses parents ne lui en avaient-ils jamais parlés ? En quoi cette branche de la Famille devait-elle resté caché au point d'en dissimuler son existence ? Hasü aurait pu rentrer au bercail et tenter ce comprendre la raison de ce mutisme durant 21 ans. Mais non, la jeune femme préféra découvrir la vérité par elle même.

Ses pieds foulaient pour la première fois l'herbe du Pays des vagues. Elle se trouvait sur l'île principale. Celle où se trouvait le légendaire village de Kiri. Enfin, si on se fiait aux dires de la populace, la cité des brumes n'était plus qu'un tas de ruines. Mais actuellement, il y avait plus important. Remerciant le marin du ferry, la jeune femme décida de se rendre au centre d'information le plus proche : la taverne. Les rues de cette ville portuaire étaient bondés. De nombreux poissonniers vendaient leurs marchandises à peine pêchée garantissant une qualité parfaite du produit. L'odeur ne manqua pas de donner la nausée à notre protagoniste qui n'hésita pas à se pincer le nez. C'est donc avec une tronche parfaitement stupide qu'elle gagna l'auberge du Dragon Aqueux. Une ambiance joyeuse parcourait l'ensemble de l'établissement. L'amusement ambiant permit à la chanteuse de passer inaperçu. Enroulée dans une cape de voyage, son physique aguicheur ne put donc pas faire loucher les yeux des nombreux hommes présents. S'asseyant en face du comptoir, la jeune femme demanda un verre d'eau. L'air marin lui donnait l'impression de se dessécher, et un récipient remplit d'eau bien fraîche était un bon moyen de faire passer ce problème. Une fois rafraîchie, la DJ commença sa collecte d'information auprès du mec derrière le comptoir:

— S'cusez moi. Je viens juste d'arriver, et je cherche des gars d'un certain clan Koken.

Se grattant la tête, le barman essayait de se rappeler quelque chose qui semblait lointain. C'est alors qu'il reposa les yeux sur la manieuse du Son :

— Ah ouais. J'me souviens d'eux. Des gens réglo'. Mais je les ai plus croisé depuis quoi... 4 ans ? Ouais, dans ces eaux là. J'sais pas ce qu'ils sont devenus.
— 4 ans ?! Wow... Mais vous saviez combien ils étaient à l'époque ?
— Hmmmm... Y'avait le grand gars. Assez vieux. Mais putain, lui, fallait pas le faire chier : Il se trimbalait toujours avec une lame gigantesque sur le dos. J'peux vous dire que personne l'ouvrait quand il était dans le coin. Il traînait toujours avec sa fille silencieuse. Elle devait avoir ton âge. J'crois que je l'ai jamais entendu parler. Enfin... Ils étaient pas bavards, l'un comme l'autre... C'est des amis à vous ?

Voilà qui n'annonçait rien de bon. Suite à cette révélation, Hasü, terrifiée, espérait que le barman faisait erreur sur ces personnes. Elle priait pour ne pas finir en morceaux si elle retrouvait cette branche cachée de la famille.

— En qu...quelque sorte. J'ai un message à leur transmettre... Vous savez où j'peux les trouver ?
— Aux dernières nouvelles, ils vivaient dans une forêt au Nord. Un endroit dangereux. La faune y est ultra agressive, et je ne compte pas le nombre de bandits qui peuplent les environs...
— Super... Merci de me rassurer...

Les bois silencieux étaient à l’image du pays. Plus âme qui vive. Depuis que Kiri n’était plus, l’endroit avait perdu son importance de pôle mondial. De petits malfrats sévissaient sur ces terres dorénavant. Fini les nobles guerriers de la Brume Sanglante. L’un d’eux s’avançait justement entre les arbres, remontant ses fines lunettes sur son nez.

Le regard du nécromancien se posa sur un des troncs. Des traces de sang. La cible n’était plus si loin. Justement l’un des sinistres pirates cité plus tôt. Il ne lui fallut que quelques pas pour arriver sur les lieux du décès. Le cadavre gisait au sol, précédant une traînée de sang. Michiki posa un genou à terre, sortit un parchemin et scella le corps dans le rouleau de papier. Il le rangea ensuite à sa ceinture bardée de bien d’autres. Un véritable collectionneur !

Puis il reprit sa marche silencieuse. Ses nouveaux dons de sensorialité lui permettaient de pouvoir être focalisé sur ses pensées tout en gardant un « œil » sur ce qui se passait autour. Il se demandait comment il avait fait pour tenir tout ce temps sans de telles capacités ! Pas étonnant que Pô se soit autant basé sur ça pour édifier son style de combat. Maintenant, le tandem pourrait au moins rivaliser sérieusement lors d’un duel !

Mais là n’était pas la priorité. Michiki s’était lancée dans une récolte de corps intensive. Il en avait besoin pour les projets à venir. De grands projets. Qui nécessiteraient donc une main d’œuvre, volontaire ou pas. Et puis ça faisait un petit écrémage des déchets qui polluaient les terres de son ancienne nation. Il faudrait qu’il s’attelle également à établir quelques systèmes de sécurité. Le QG du Fumetsu était établi dans le pays et il nécessitait un minimum de prévention et de préparation. Au-delà de la petite grotte dénichée il y a de ça quelques temps. Mais les aménagements viendraient vite. L’idée lui arracha un petit rire solitaire pour le coup.

Une hilarité rapidement calmée par un sentiment de tension. Il avait détecté une source de chakra anormale dans la zone alentour. Anormale car il y avait une source de chakra. Tout ce qu’il avait trouvé ici depuis qu’il s’était lancé dans sa récolte, c’était des petits brigands sans intérêt. Là, un shinobi était proche. Pas d’un niveau dangereux, mais un shinobi tout de même. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. Michiki développait lui-même un moyen pour se faire passer pour un bas niveau auprès de ses amis senseurs. Sans résultat pour le moment mais il ne désespérait pas.

Le Fossoyeur décida donc de se placer en embuscade. Il aurait enfin le droit à plus attrayant qu’un coup de kunaï et pouf, l’ennemi s’effondre. Un peu plus de résistance méritait un peu plus de mise en scène. Perché dans un arbre, il attendit le bon moment pour pouvoir faire face à la mystérieuse cible. A bonne distance tout de même. Au cas où, on ne sait jamais. Armé de sa fidèle faux faite de terre, Michiki surgit de son perchoir pour surprendre la nouvelle arrivante et la gratifier d’un :

- Quelques heures que je traque du pirate et tu es bien la première fille que je croise. Peut-être apporteras-tu quelque chose en plus que tous ces pathétiques brigands.

Le sourire carnassier du nécromancien avide de nouvelles carcasses fit surface, dévoilant une dentition blanchâtre.

C'était avec la peur au ventre qu'Hasü examinait la forêt qui s'étendait à perte de vue devant elle. Silencieuse et menaçante, le bois lui tendait les bras, prêt à la faire disparaître comme les centaines d'aventuriers... Qui s'y étaient aventurés avant elle. Si les dires de l'aubergiste étaient avérés, la DJ allait trouver le repère de son probable oncle et de sa supposée cousine à cet endroit. Déglutissant et après une intense inspiration, la manieuse du Son commença son exploration du massif végétal. Légèrement envahie par la brume, la forêt n'avait rien d'hospitalière. L'hululement des hibous, le bruissement des feuilles emportées par le vent, l'obscurité ambiante de la forêt, le bois sombre des arbres qui craquait sous la houle. Tout cela créait une atmosphère oppressante et effrayante. Hasü commença à se dire si sa quête valait vraiment la peine qu'elle risque sa peau pour débusquer des gens disparus depuis 4 ans. Jetant un regard en arrière, la Koken voyait que plusieurs vingtaines de mètres la séparait de l'extérieur. Elle se demanda si courir vers la sortie provoquerait sa mort. Car oui, si ça se trouvait, elle était déjà épiée par des animaux ou même les fameux bandits dont le barman lui en avait si bien parlé. Scrutant la cime des arbres, la jeune femme eu encore le courage d'avancer. Lentement mais sûrement, la Koken parvint à atteindre se qui semblait être le cœur de la forêt. Les arbres étaient bien plus grand et plus dense que ceux situés aux abords du bois. Un silence de mort régnait en ces lieux. La Koken se félicita intérieurement pour sa petite performance. Elle venait de traverser la moitié de la zone sans avoir croisé un seul putain de prédateur. Coup de chance ou pas, Hasü espérait bénéficier de ce petit "plus" pendant l'autre moitié du chemin ou du moins jusqu'à ce qu'elle trouve la demeure de la branche cachée de sa famille.

Avançant avec les mêmes précautions, la jeune femme progressait à travers le bois. La discrétion n'étant pas son fort, ses pas émettaient de faible craquements. L'Automne avait provoqué une chute massive de feuille. Ces dernières étaient la cause du petit handicap niveau silence cité plus tôt. Mais malgré ce problème, la DJ avait désormais retrouvé espoir. Elle allait peut-être ressortir en un seul morceau de ce putain d'endroit finalement ! C'est alors qu'un homme se trouva soudain devant notre protagoniste, provoquant un cri d'exclamation de cette dernière. Chemise blanche, Lunettes ronde et possédant une chevelure très touffue, l'inconnu faisait tâche dans ce décor de film d'horreur. Ou pas. J'avais oublié de vous mentionner de légère traces d'un liquide écarlate qui s'était répandu de part et d'autres de son haut. Aucun doute, et cela même Hasü l'avait deviné, ce n'était pas du Ketchup. L'apparition avait aussi une arme au tranchant recourbé qui ne devait pas servir qu'à faire joli. Ce gars était sorti de nul part. Il était apparut là, comme ça, OKLM, sans un bruit. Pas de doute, cet homme était dangereux. Et cette idée se confirma suite à sa lugubre déclaration. Paniquée et au bord des larmes, la Koken savait qu'elle n'avait pas beaucoup de temps pour tenter de convaincre cet homme de ne pas la transformer en sushi. Ses maigres bras protégeant son visage, la jeune femme se lança :

— Pi...Pitié Monseigneur ! Je... Je ne faisais rien de mal !

Tentant de respirer et à genoux, elle continua dans sa lancée ridicule pour tenter de sauver sa vie :

— Je ne faisais que chercher le... Le refuge du clan Koken... Ma... Ma famille...

Posant ses yeux rosés sur son assaillant, elle termina :

— P...Pitié...

Alors là s’il s’était attendu à ça… La jeune kunoichi s’effondra à terre, le suppliant de l’épargner. Il n’aurait jamais pensé provoquer une telle réaction. Généralement, à première vue quand on le voit, ses victimes ont tendance à ne pas se méfier de ce binoclard maigrichon et ça peut mener à des petites insultes provocatrices qui ne font qu’aggraver le sort des victimes. Mais là…On passe direct par la case imploration de la clémence inexistante du Shinda !

Elle posa son regard sur lui, les yeux larmoyants. Oh non pitié pas les larmes ça créait des dégénérescences autour des yeux après le décès ! La chair humide putréfie plus vite après c’est du gâchis ! Bon tant pis de la chair à canon ça reste de la chair à canon. Mais certains mots de la demoiselle résonnent encore dans l’esprit du nécromancien. Un nom surtout.

Koken. Il semble bien avoir déjà entendu ce nom dans son ancienne nation. Ce qui justifierait la présence de cette jeune shinobi ici. Ses instincts ne peuvent le tromper elle est shinobi. Mais difficile de dire pour qui elle travaille. Est-elle à la solde de Konoha ? Une Kumojin ? Ou envoyée par Suna ? Les choix et options sont vastes. Ce qui incite à se méfier malgré ses larmes. Elles peuvent être simulées. Pour autant, Michiki a un doute en raison de ce nom qui ne lui est pas totalement étranger. Ce qui retient sa lame. Une faiblesse. Mais la sensorialité lui indique qu’il ne prendrait pas un risque énorme à baisser sa garde.

Mais c’est ainsi qu’on plonge dans la médiocrité. Et la réaction est immédiate. D’un mouvement vif et rapide, Michiki la saisit par le bras. Il la relève alors brutalement. Une fois cette dernière à son niveau, il s’écarte brusquement d’un pas pour reculer et brandir sa lame bien haut au niveau de son visage. Le faciès du Fossoyeur est fermé, dur et aussi froid qu’un bloc de glace. Tout comme sa voix qui claque alors comme un coup de fouet :

- Si tu es encore debout, c’est parce qu’il me semble connaître ce nom. Je n’ai pour autant aucune confiance envers des étrangers. Je ne sais pas qui tu es, ni de quoi tu es capable. Je t’ai donc apposé un sceau qui, si je l’active, enflammera ton bras instantanément. Et crois-moi, la chair ça prend plus vite que le bois. Donc au moindre faux pas ou geste suspect, je te transforme en recrue incandescente pour mon armée. Est-ce clair ?

Difficile de dire le contraire. Celui qui ne comprendrait pas serait bien stupide. Il a fait preuve d’honnêteté en lui disant clairement ce qu’il pensait. Et il a effectivement profité de l’instant où il lui a attrapé le bras pour y déposer un sceau de sa confection. Le symbole aux diverses sigles trône sur son avant-bras. Un excellent moyen de dissuasion. Cela avait déjà fait ses preuves par le passé. Une tactique efficace qu’il avait gardée depuis le temps. Mais pour l’heure, il doit rester focalisé sur l’instant présent. Il garde en visuel la jeune fille et il lui fait signe d’avancer :

- Marche devant et garde un rythme régulier. Si tu accélères le pas tu pars en flammes.

Il tempère alors son ton presque colérique jusque-là pour rester dans la stoïcité la plus totale :

- Bon, où est-ce que tu te rendais comme ça ? Le foyer de ta famille se trouve où ?

Désespérée. Voilà comment on pouvait qualifier la DJ en un seul mot. L'espoir de ne pas trépasser dans ce bois avait totalement disparu. Le plus drôle étant le fait que cet homme n'était sans doute pas un bandit. Non, ce gars n'en avait pas la gueule. Généralement, ces connards étaient plus fana des sabres, couteaux et autres dagues. Et puis qui serait le voleur qui se baladerait avec une chemise. Non. A première vue, le sadique ressemblait plus à la description d'un Shinobi : D'apparence simplette, mais bien plus dangereux. La Koken se souvenait du Mamoru qu'elle avait rencontré à la frontière. Lui aussi s'était avéré être un ninja. Créant une barrière, ce dernier l'avait ainsi protégé d'un groupe de brigand qui avait menacé sa vie. Sur ce coup, Superman ne serait pas là pour la sauver du coup décisif. Quelle conne elle était d'avoir pensé que sa déclaration ferait mouche dans l'esprit d'un homme qui n'en avait strictement rien à foutre de son histoire ou même de son but. Elle allait crever là, en ayant perdu le semblant d'honneur qui lui restait. Personne ne la retrouverait, elle se mêlerait aux nombreux cadavres qui ont vécus leurs derniers instants dans ces bois. Triste. Mais c'était comme ça. Ce monde était sans pitié. Seuls les plus forts pouvaient espérer survivre dans sur cette planète. Les civils n'avaient pas leurs places. De la chair à canon voilà se qu'ils étaient. Pas d'exception pour la DJ qui était agenouillé devant la Mort elle-même.

Soudain, la sensation qu'elle sentie sur son bras n'était pas celui d'une lame. Une poigne ferme l'éleva à la même hauteur que son assaillant. Le visage mouillé de larme, la jeune femme osa porter un regard à son probable meurtrier. Un nouveau cri d'exclamation s'échappa de la bouche d'Hasu lorsqu'elle vit la lame de la faux à quelque centimètres de sa face. L'arme n'avança pas plus loin. C'était un avertissement. L'homme allait la laisser en vie. Un sursis avant l'heure. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi cet homme, qui ne semblait pas avoir une seule once de pitié, aurait-il eu envie de garder la chanteuse vivante ? Peut-être que les mots de la Koken avaient intéressés le binoclard. Les paroles du Shinobi continuaient de défiler. Sa terreur allant crescendo au fur et à mesure que les mots gagnaient ses oreilles. En effet, le binoclard annonça qu'un sceau avait été apposé sur son bras. Le genre de truc qui, lorsqu'il s'activerait, transformerait la Belle en torche humaine. Par contre le titre ne serait pas celui des 4 Fantastiques... Lorsqu'il eut fini son petit discours, l'inconnu demanda à la Dame si elle avait bien compris. Sur ce coup, il n'aurait pas pu être plus clair dans ses propos.

— Ou..Oui !

Rien ne garantissait qu'elle survive à cette putain d'histoire. Mais désormais, elle avait une chance de salut. Il fallait qu'elle s'enfuit dès que ce connard aurait le dos tourné. Elle ne savait pas comment, mais il le fallait. C'est alors qu'elle repensa à la malédiction que ce gars lui avait collé sur le bras. La fuite n'était peut-être pas la meilleure idée finalement... Il allait falloir trouver une autre solution. En tête de file, la jeune femme sursauta lorsqu'elle entendit l'homme lui demander où se trouvait le foyer des autres Koken. La peur remonta d'un cran. La Koken savait juste que le refuge se trouvait dans ces bois. Rien de plus. Cependant, pas question pour elle de sortir cette réponse puante à son geôlier.

— Ce...Ce n'est plus très loin...

Elle espérait réellement que c'était le cas. Car elle n'aurait pas de Try again. Il fallait qu'elle trouve quelque chose dans les prochains kilomètres.

Au bout d'une vingtaine de minutes, la chance souriait à la DJ. A quelques pas du duo se dressait une vieille cabane délabrée. A première vue, elle semblait abandonnée. Les murs de la demeure étaient recouverts de mousses, et une forte odeur de moisi se faisait sentir de cette écorce noire. Aucune lumière n'était visible derrière les fenêtres du refuge. Avançant vers ce qui semblait être la porte d'entrée, la chanteuse frappa trois fois dessus. Aucune réponse. D'une main tremblante, elle se décida à l'ouvrir. Elle n'eut pas le temps d'être surprise qu'une lame, qui n'était pas celle du Ninja dans son dos, se posa sur sa gorge. Du sang coula sous la pression de l'arme sur son cou. C'est alors qu'un visage sortait de l'obscurité. Encapuchonné, des cheveux long, blanc, coulaient de la capuche du nouvel arrivant. Sa respiration était saccadée. Des yeux glacés fixèrent la DJ immobile qui tentait misérablement de ne pas pleurer. Sans succès, les gouttes se mêlèrent à celles qui séchaient sur sa face. Le regard fatigué de l'habitant de la cabane se posa alors sur celui le binoclard. Ses yeux s'agrandirent de surprise. De toute évidence celui à la capuche ne s'attendait pas à cette rencontre. Expiration, inspiration, une voix féminine se fit entendre sous cet accoutrement sombre :

— Michiki ?

De sa main libre, l'habitante de la cabane se dévoila.

La jeune fille obtempéra sans broncher. Un tel comportement commençait à infirmer ce que soupçonnait précédemment l’ex Kirijin. Son niveau n’était pas exceptionnel pour qu’elle se plie ainsi sans broncher. Ceci étant dit, certains Genins étaient capables d’essayer de vous rentrer dans le lard pour des raisons plus stupides qu’ici. Mais la demoiselle avait quelque chose en plus. Du bon sens. Ainsi elle ne tenta pas de fuite idiote pour s’échapper de la bonne garde du nécromancien. L’astuce du sceau sur le bras était une bonne idée.

Le duo marcha donc un moment à travers bois. Michiki ne relâchait pas ses sens pour autant. Il ne voulait pas se faire surprendre par un quelconque quidam ayant fini de pisser derrière un arbre. Il surveillait des yeux sa prisonnière en même temps que ses autres sens s’attardaient à surveiller les alentours. Personne ne semblait décider à venir perturber cette petite balade tendue. Mais un doute assaillit brusquement le Fossoyeur.

Il avait l’impression que le chemin qu’elle prenait ne rimait à rien. Comme si elle essayait de le perdre ou qu’elle ignorait la route. Ce qui veut donc dire que tout ceci était une pure perte de temps. De quoi mettre le Shinda d’humeur maussade et pour le moins désagréable. Il finirait par abandonner ce corps inutile ici si ça continuait. Mais alors qu’il doutait silencieusement, elle lui assura que ce n’était plus très loin. Il l’espérait pour elle. Il en allait de sa survie.

Mais le Destin vint mettre son grain de sel dans l’affaire puisqu’un bâtiment se distinguait parmi les troncs et les feuillages. Enfin un petit cabanon serait plus exact. La demeure n’était pas spacieuse et semblait plus abandonnée qu’autre chose. Etait-ce un simple coup de chance pour la Koken ? Là encore, s’il s’avérait que c’était le cas, il ne chercherait pas plus loin que le bout de sa lame dans ses amygdales.

Personne ne répondant aux trois coups à la porte, l’otage de Michiki prit l’initiative d’ouvrir la porte elle-même. Cette manœuvre lui valut d’avoir la gorge prise en sandwich. Deux lames la bloquaient maintenant. Au moindre éternuement, c’en était fini de son petit cou fin ! Une personne dissimulée dans l’entrebâillement, sous une capuche, avait levé un bras armé pour venir plaquer sa lame sur la gorge de celle qui avait osé tenter de rentrer. Puis l’inconnu sembla remarquer la présence de Michiki. Et là ce fut encore plus bizarre.

Une voix féminine prononça son prénom. Il écarquilla ses yeux derrière ses verres violets. Qui ici pouvait bien le connaître. L’étrangère se découvrit alors. Il fallut un instant au nécromancien pour faire le lien qu’il manquait. Il venait de retrouver où il avait déjà entendu le nom de Koken. La jeune fille qui se trouvait devant eux faisait également partie de cette famille. Mais il l’avait surtout connue comme étant une kunoichi faisant partie de Kiri. Ils avaient croisés le fer à l’occasion brièvement. Un bien sympathique souvenir ! Ou pas !

Son prénom mit un moment à lui revenir en tête. Lorsque ce fut le cas, il put enfin lâcher un :

- Jaden ?! J’ignorais que je pourrais retrouver d’anciens Kirijins ici.

Il allait presque se laisser s’emporter dans des retrouvailles d’anciens camarades. Mais un élément le rappela à l’ordre. La présence menacée de son arme. Il reprit un air fermé et dur. Saisissant le bras de la jeune fille qu’il avait récupéré dans les bois, il tenait à éclaircir un point avant tout :

- J’ai trouvé cette fille rôdant dans les bois. Elle prétend être de ta famille, tu la connais ?

Ses intentions étaient on ne peut plus claires. Un « oui » lui sauvait la vie, un « non » signifiait la condamnation !

Des larmes et encore des larmes. A croire que notre protagoniste n'était qu'une grosse chialeuse et c'était sans doute le cas. Il fallait la comprendre aussi. Elle, qui à l'origine était juste venue faire une visite de courtoisie, était désormais prise en otage. Rien ne s'était passé comme prévu. Et voilà que désormais, la rousse se retrouvait menacée non pas par une, mais deux lames. Depuis son départ de Kawa, la DJ avait frôlé la mort pas mal de fois. Que ce soit dans un incendie, ou dans une embuscade orchestrée par des brigands, elle en avait bavé. Seulement voilà, à chaque fois un super-héros venait à sa rescousse. Mais là c'était différent. Ils étaient en plein milieu d'une forêt, à des kilomètres du plus proche des villages. Il allait falloir qu'elle se démerde.

Mais revenons en à la situation. Le "Michiki" poussé plus tôt par la nouvelle actrice de cette scène avait fait son effet. N'ayant aucune signification pour la Koken, ce mot eu le don de surprendre le binoclard. C'était son nom. Il fallait croire que ces deux là se connaissait. Hasü en eut le coeur net, lorsque l'homme à la faux s'étonna lui même de trouver cette femme dans les alentours. Elle s'appelait Jaden et était une Kirijin. Une Kunoichi du village de la Brume. Pendant un moment, la Rousse crue que ces deux là lui lâcheraient la grappe. Après tout, ils semblaient content de se revoir ! Mais non. Le salopard de binoclard, toujours aussi méfiant à l'égard de notre protagoniste, lui attrapa le bras et demanda à la femme aux cheveux albinos si elle connaissait la Koken. C'est à ce moment que les yeux d'Hasü, recouverts de larmes, s'illuminèrent. Poussant un petit cri d'exclamation, la DJ comprit que cette femme était probablement la fille dont avait parlé l'aubergiste. Sa cousine. Silencieuse, cette dernière observa attentivement le visage fantomatique de son otage. Finalement, après quelques secondes, elle se décida à parler :

— Non.

Une nouvelle goutte de sueur coula le long de la tempe de notre protagoniste. Elle savait pertinemment que son espérance de vie venait de diminuer drastiquement suite à cette réponse. Paniquée, elle tenta de prendre la parole.

— Att...Attendez ! Ma famille vit à Kawa ! Nos pères étaient sans doute cousins ! Le... Le mien s'appelait Ichiwaku... Et... Et puis, il y a ce message...

Lentement, très lentement, elle sortit, de son sac, le message de sa mère. D'une main tremblante, elle le donna à la femme. D'un geste rapide, cette dernière planta son arme dans le sol terreux et s'empara de la note. A cause des ombres, sa lame avait semblé petite mais la vérité était que, ainsi exposé à la lumière extérieure, ce sabre était bien plus gros. Il faisait largement la taille et la largeur d'Hasü. Qui aurait pu croire qu'une femme de son gabarit puisse porter ce mastodonte de métal.

D'une lecture rapide, Jaden se tourna de nouveau vers la Koken.

— Cette note ne prouve rien.

Paralysée par la peur, la Rousse comprenait où cette réponse allait la mener. A la Mort. C'est alors que la Kirijin reprit :

— Cependant. Il s'avère qu'Ichiwaku est un nom que je connais. Si ce que tu dis est vrai, alors oui, tu es ma cousine. Mais si tu es là, c'est que tu attends plus que ce genre d'information.

Toussant un instant, elle continua de nouveau :

— A l'époque de la Grande Guerre, notre clan, un groupe de chasseur, tombèrent sur les restes d'un champ de bataille. Notre grand-Père, Zenryuken Koken trouva cette lame : Kirin. Possédant le pouvoir de la Foudre, Kirin changea la vie d'un clan dit faible. Avec ça, notre famille put se défendre face aux Ninjas et à tous les autres agresseurs. Cependant, les prouesses de cette armes ne passèrent pas inaperçues aux yeux de certaines personnes. Les Koken devaient affronter des gars toujours plus puissants les uns des autres. Ichiwaku Koken, ton père et mon oncle, se rendit compte que le clan disparaîtrait si nous gardions Kirin. Il décida d'emmener des membres avec lui afin de les préserver d'une mort certaine. Zabuza Koken, mon père et nouveau porteur de la Lame Foudroyante, refusa de suivre son frère. Jamais nous n'avons revus Ichiwaku et ceux qui l'ont suivis. Tu es la première que je vois depuis des lustres. En espérant t'avoir aidé. Il y a désormais quelque chose de plus urgent...

Son regard se porta alors sur Michiki :

— J'aimerai que tu sortes un instant, fille d'Ichiwaku. Michiki et moi avons sans doute des tas de choses à se raconter.

Une fois Hasü à l'extérieur et la porte fermée, la Sabreuse alluma une vieille lampe à huile. Crasseuse, cette dernière accomplissait son travail de façon médiocre. Toussant violemment, la jeune femme se tourna alors vers son allié :

— Dis moi tout ce que tu sais. J'ai entendu que Kiri avait été rayé de la carte, mais je veux l'entendre de ta bouche.

La lame faillit trancher dans le vif. Michiki avait fait preuve d’un élan de bonté en la retenant alors que sa prisonnière essayait de convaincre Jaden qu’elle faisait partie de sa famille. D’ailleurs en soit c’était très bizarre. Si elles étaient de la même famille, pourquoi essayer de le prouver. Quand une affaire sent aussi mauvais…

Mais voilà qu’elle sortit une lettre prouvant sa bonne foi à sa prétendue consœur Koken. Michiki assista donc à des retrouvailles plus ou moins particulières. Il était spectateur de tout ça. Tant et si bien que par ennui, il abaissa très légèrement sa lame. Il n’était pour autant pas inconscient et/ou un amateur. Les shinobis de la Brume Sanglante n’avaient pas été formés ainsi. Ils étaient maintenant les derniers héritiers de ces enseignements que Michiki n’avait pas manqué de dispenser autour de lui.

Il ne suivait pas véritablement la conversation, se concentrant pleinement sur sa perception des environs toujours déserts. Mais son regard finit par croiser celui de Jaden qui l’invita à rentrer pour discuter. Il se doutait de ce qui allait se dire. Mais avant de rentrer, comme l’idée de laisser là son otage ne lui plaisait guères, il lui adressa quelques mots :

- Si tu t’éloignes ne serait-ce que d’un mètre de cette maison, d’une part je le saurais et d’autre part, ce ne sera pas moi qui ressortirais de cette cabane. Ce sera une autre facette de ma personnalité qui te fera regretter celle que tu as rencontré jusque-là.

Il ne pouvait pas se montrer plus clair apparemment ! Il laissa donc sans trop de soucis la jeune fille dehors pour s’installer à table avec Jaden, faiblement éclairé d’une lampe posée sur le bois. Comme il s’en doutait, le sujet de cet entretien était Kiri. Elle en avait entendu parler mais elle tenait à l’entendre de vive voix. Et c’était à Michiki de s’y coller. Il prit une profonde inspiration qu’il ponctua d’un soupir tout aussi intense. Pour avoir découvert le désastre de ses propres yeux, il avait affronté la réalité directement de face. Aucune intermédiaire ou rumeur permettant de se préparer à ça. Même si Jaden en avait entendu parler, le fait qu’elle redemande confirmation à Michiki n’augurait pas la meilleure des réactions.

Si le nécromancien était doué dans les discours, ça se saurait. Ca n’avait jamais été un grand diplomate. Sauf si la diplomatie militaire compte ! Mais donc il ignorait totalement comment trouver les mots face à cette jeune kunoichi. Même aujourd’hui, il semblait être resté son supérieur, ce qui lui faisait bizarre. Mais il choisit de parler simplement sans faux-fuyant :

- Avant de te fier aux rumeurs ou de m’écouter, est-ce que tu as été là-bas au moins ?

Le regard de Jaden se posa sur Michiki. Toujours aussi indéchiffrable celui-là... Ils ne s'étaient rencontrés qu'une seule fois, lors d'un bref duel. Mais jamais, elle n'aurait oublié le visage de cet homme. Un frère d'arme. Un binoclard certes, mais un frère d'arme quand même. Ayant averti la rouquine de ne pas s'éloigner de la bâtisse, le membre du Misuto gagna alors la table au côté de la Sabreuse. Et suite à sa question, il ne fit que poser une seconde interrogation. Soupirant, la jeune femme répondit à son interlocuteur d'un simple aller "droite-gauche" de la tête. Non, elle n'avait jamais mis les pieds à Kiri depuis son départ à Hai no Kuni. Elle n'avait pas revu sa patrie depuis deux longue années... Et ça lui manquait. Inori, Setsuna, Yoru, Akishi, Kairi, Yuka, Gin... Ces gens lui manquaient... Qu'étaient-ils devenus ? Seul Michiki pourrait répondre à cela. Elle ne pourrait se fier qu'à ses dires. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle ne pouvait plus bouger. Elle n'avait rien dit jusque là, mais elle ne tarderait pas à révéler ce détail à son voisin.

— Non. Je n'ai pas réussi à atteindre le village. J'essaye juste de récupérer avant de me lancer. Haï no Kuni m'a un peu retardée.

Elle porta alors son regard sur sol. Elle semblait gênée.

— Lors de la grande Bataille contre cette Makka, j'ai été attiré par une sorte d'appel. Une énergie qui agissait comme un aimant. J'ai marché à travers la forêt, et je suis tombé sur une sorte de clairière. Une sorte d'éventail se trouvait en son centre. C'était sans doute cet objet qui m'a appelé... J'étais pas la seule. D'autres Shinobis étaient présents. Je ne me souviens plus très bien de ces gars. Mon esprit semblait embrouillé à ce moment... Mais je sais que nous nous sommes battus pour ça. Plus rien n'avait de sens. Je voulais cet éventail... Et il m'a échappé...

Ayant finalement le courage de regarder Michiki, la jeune femme releva le menton ;

— J'ai passé les deux dernières années à chercher cet objet. J'ai arpenté les terres de la Cendre en long et en large. Je ne l'ai jamais retrouvé. Mais, je suis resté trop longtemps sur ce territoire maudit. J'aurai dû rentrer bien plus tôt... J'ai agi comme une idiote...

Une larme coula le long de la joue glaciale de la Kirijin :

— J'au..J'aurai pu défendre Kiri... Eviter cela... Je... Je m'en veux terriblement...

La jeune femme libéra alors tout son chagrin :

— A...Alors Michiki... Est-ce... Est-ce vrai que Kiri... Yoru-Sensei... Kairi... Yuka... ? Ils sont...

La réponse silencieuse de la Koken arracha un nouveau soupir étouffé au nécromancien. Elle aurait dû commencer par ça. Il appartenait maintenant au Fossoyeur d’annoncer la nouvelle et de lui expliquer. Il n’avait jamais eu à le faire. Enfin d’habitude il embarquait le corps puis se barrait. Il ne servait jamais de corbeau annonciateur de malheur. Aujourd’hui il devrait remplir ce rôle il faut croire. C’était loin de l’enchanter mais il semblait ne pas avoir le choix. Il regarda donc la jeune fille qui continua de parler.

Elle lui expliqua être restée plus longtemps que prévu à Hai no kuni. Depuis tout ce temps, elle se trouvait sur les terres lointaines de l’ancienne kunoichi faisant trembler le monde shinobi. Elle lui raconta alors une histoire bien curieuse. Celle d’un objet mystérieux l’ayant poussé à se battre contre d’autres. Comment un simple éventail avait-il pu provoquer cela ?! Cette anecdote suscita une curiosité dévorante chez le nécromancien. Il pouvait presque ressentir cette envie de l’avoir que Jaden avait dû avoir, à la différence près que lui n’avait jamais vu cette chose. Pourtant, l’intérêt qu’il pouvait susciter ne faisait qu’attiser le sien. Malheureusement Jaden ne semblait pas en savoir plus. Elle lui avait foutu l’eau à la bouche pour lui retirer le pain sous le nez. Très frustrant mais là encore il ne pouvait que subir.

Elle qui avait gardé le regard baissé jusque-là, elle releva enfin la tête. Elle confirma qu’elle était restée pendant tout ce temps sur les terres cendrées. Cet objet avait un pouvoir incroyable pour créer cela. Michiki devrait s’intéresser rapidement à tout ça. C’était dans son intérêt. Maintenant qu’il avait la charge du Fumetsu, il se devait d’être bien informé. D’être le mieux informé même.

La jeune fille exprimait maintenant ses regrets. Elle pensait qu’elle aurait dû revenir plus tôt pour défendre Kiri et empêcher tout cela. Michiki serra les poings malgré ses bras croisés sur sa poitrine. De telles pensées le mettaient hors de lui. Ces sentiments étaient sincères. La larme coulant au coin de son œil l’était également. Mais une telle logique le dépassait totalement. Ou plus exactement, le dégoûtait. Lui-même avait ressenti une grande peine lorsqu’il avait découvert les restes de son village. Il avait pu penser un instant à la même chose que la Koken. Mais il fallait se faire une raison.

Jaden mentionna des noms qui n’étaient pas inconnus au Shinda. Il serra les dents à l’énonciation de certains. La demoiselle demandait encore une fois une confirmation. Comme il le pensait quelques secondes auparavant, rien n’aurait pu sauver Kiri ce jour-là. Ils avaient beau n’être pas présents ce funeste jour, Kiri n’en avait pour autant pas été dépeuplé de bons éléments. Du moins, le Shinda l’espérait. Car s’il retrouvait un seul lâche n’ayant pas tout tenté pour essayer d’éviter cela, il ne donnait pas cher de son cadavre. Face aux Furyous, la présence du Fossoyeur ou de la sabreuse n’aurait absolument rien changé. Mise à part sur le bilan des victimes certainement.

Néanmoins, le nécromancien n’en démordait pas de son idée initiale. Il ferait avec la faiblesse de la jeune fille. Il avait une solution toute trouvée à ça. Il se leva et lui tendit une main indiquant clairement ses intentions. Une fois qu’elle fut debout également, un nuage de fumée les entoura avant de se dissiper. A côté d’eux se tenait un loup. Assez grand. Michiki l’invita donc à prendre place sur cette monture improvisée. Puis ils sortirent en silence. La porte s’ouvrit et ils retrouvèrent l’autre Koken. Michiki s’adressa à cette dernière en aparté :

- T’es toujours sous le joug de ma menace. Néanmoins là ta présumée cousine risque d’avoir besoin de ton soutien alors suis nous sans faire d’histoires.

Son ton n’était plus aussi froid et menaçant. Juste fermé et sérieux. Il se retourna finalement vers la cavalière pour lui répondre enfin :

- Le mieux c’est que tu vois ça de tes propres yeux. C’est plus parlant que les mots.

Michiki ouvrit donc la marche en direction du village, laissant les Koken le suivre. Il ne craignait plus trop pour celle qu’il avait ramassée dans la forêt. De toute façon il sentirait tout de suite si elle fuyait. Il n’avait pas de soucis à se faire. Le chemin menant à Kiri se dessinait et commençait à rappeler des souvenirs aux deux anciens Kirijins qui devaient s’y reconnaître. Puis ils y arrivèrent enfin. Les décombres toujours aussi morbides de l’ancienne nation de la Brume. Michiki resta encore plus silencieux. Mais c’était comme un recueillement. Le loup amena sa cavalière au niveau du nécromancien. Ce dernier se tenant prêt à réceptionner la moindre chute. Il regardait au loin sans vraiment se focaliser sur les ruines. Une fois ça lui avait suffi. Il laissa un moment à la Koken pour gérer ses émotions. Après quoi il brisa ce silence de morgue :

- Tu penses encore que ta présence aurait pu changer quelque chose. Ces noms que tu as cités, s’ils étaient présents, tu penses vraiment qu’ils auraient pu faire mieux. J’ignore ce qu’il est advenu d’eux. Également s’ils étaient là ce triste jour. Je ne l’étais pas. J’ai été absent pendant un moment et c’est ainsi que j’ai retrouvé mon village. Notre village. Face à une telle destruction, penses-tu réellement que notre présence aurait changé quelque chose ? Ce qui a provoqué ça dépasse l’entendement. Il dépasse ce dont nous sommes capables en tant que simples humains et shinobis.

Il s’arrêta une seconde avant de finalement reprendre :

- Je comprends et partage ta peine. Néanmoins, ne dis plus jamais que tu aurais dû être là. Que ce soit toi ou moi, si nous avions été présents, nous ne serions plus que de la poussière similaire à celle que tu as connu à Hai.

Il relaissa le silence s’installer, laissant le soin à la jeune fille de réagir face à tout ça.

Le torrent de larme diminua. Jaden ne voulait pas perdre une miette de ce que le Shinda aurait à dire. Pas question que ses reniflements viennent fausser sa compréhension. Elle n'était pas assez conne pour ça. Pendant tout le long de son discours, elle avait pour la première fois, l'ombre de quelques secondes, vu le véritable visage du Jonin. L'espace d'une larme, le masque de Michiki s'était craquelé. Rien à voir avec l'homme à l'esprit aussi tordu que sarcastique. Non, ce Shinda là était un homme brisé. Une haine incommensurable parcourait ses traits. Quelques chose que ses futurs ennemis allaient bientôt goûter. Une colère partagée par sa soeur d'arme... C'est alors que le Michiki masqué se leva et d'un geste invoqua un loup. Evidemment, rien à voir avec la bête majestueuse au pelage soyeux et éclatant. Non, cette chose n'était plus que l'ombre d'elle même. Un simple cadavre réanimé. Voilà se qui se dressait devant la Sabreuse. L'odeur nauséabonde se répandit dans la cabane, forçant Jaden à plisser le nez. Michiki l'invita alors à monter sur ce quadrupède mi-loup mi-zombie. Ne se posant pas trop de question, la femme aux cheveux blanc attrapa se qu'il restait des poils de l'animal pour se hisser sur sa colonne vertébrale. La peau était très fine, la Sabreuse pouvait clairement sentir la forme irrégulière des os de l'animal.... Rien de bien appétissant en somme... Sortant sur le dos d'un énorme Canidé mort-vivant, la jeune femme paraissait un brin dangereuse emballée comme elle l'était sous sa cape. C'est d'ailleurs d'un regard intimidé qu'Hasü observait la scène.

La Dj ne savait pas de quoi ces deux là avaient bien pu parler, mais elle espérait que sa vie n'avait pas été marchandé ou quoi que ce soit d'autre. Michiki s'adressa alors à elle sur un ton différent. L'autorité n'avait pas disparue, mais la la rouquine ne sentait plus de menace dans la tonalité de sa voix. Il lui demanda de suivre le suivre, lui et Jaden sans broncher. Toujours au courant du sceau sur son bras, la jeune femme n'eut pas d'autre choix que de s’exécuter. Mais il n'était pas question de monter sur cette abomination ambulante. Terrorisée depuis qu'elle avait vue cette chose, Hasü n'osait même pas toucher ce machin. C'est alors qu'une main l'attrapa à l'arrière de son col. Une fois installé à son tour sur le macchabée. Jaden se tourna vers elle :

— Tu crois franchement que tu pourrais nous suivre ? Tu es épuisé. Même si ça te dégoûte, il va falloir faire avec.

La DJ ne vit que le dos de sa cousine pendant tout le reste du voyage. La route fut encore plus longue que la traversée de la forêt. Mais finalement, ils finirent par arriver devant le lieu de toutes tristesse Kirijins : Leur village. Massifs, les débris s'étalaient à perte de vue. Seul le brouillard essayait de cacher comme il pouvait ce qui était autrefois l'une des grandes puissance Shinobi. Les poings de Jaden se sérrerent à la vue de ce triste spectacle. Et à nouveau, comme il devait être de coutume dernièrement, elle repleura. Michiki ne la laissa pas dans son chagrin bien longtemps. D'un discours puissant, il tenta de libérer le fardeau des épaules de la Sabreuse. Ses traits se transformèrent progressivement, et lorsque le binoclard finissait sa déclaration, le faciès de Jaden était consumé par une haine profonde. Respirant avec encore plus de difficultés, la Kirijin se tourna vers les ruines.

— Qui... Sont les enfoirés qui ont commis ça ? Makka ? Kumo ?

Brandissant son arme, elle laissa tomber la pointe métallIque sur le sol rocailleux.

— Je leur ferai payer... Je... LEUR FERAI PAYER !

Tombant à genoux, la Koken retomba dans son chagrin. Tous ses amis... Tous ses espoirs... Son village... Envolés.

Il y avait certaines choses qui demandaient parfois de rester simple spectateur. Comme celles concernant la fierté humaine. Jaden n’avait pas mis longtemps à réagir à la vue des ruines. Mais à peine voulut-elle s’armer et se lancer vers…Dieu seul sait où, elle retomba à genoux, secoué par les sanglots. Michiki aurait pu la relever. Mais il savait que pour l’instant, il devait lui laisser le temps. Ces pleurs étaient un moyen d’extérioriser et d’aider la conscience à fonder un raisonnement logique par la suite. Il attendit quelques secondes.

Ce court laps de temps fut ponctué de plusieurs pensées. Toutes traversaient son esprit en tous sens, se percutant, se répercutant et faisant écho pour s’allier, se désunir. Un pur bordel. Parmi cette cacophonie spirituelle, certaines idées s’imposèrent plus naturellement que d’autres. Alors que son regard se portait sur les cendres du village de la Brume, il tergiversait avec lui-même. Il avait beau avoir déjà assisté à ceci, il en était toujours autant affecté. Et chaque fois la même envie naturelle d’agir. Faire quelque chose pour ne plus être spectateur de…ça. Voilà par exemple une chose pour laquelle il était inadmissible de rester passif. C’était insoutenable. Michiki ne put tenir davantage. il fit un pas pour épauler la Koken et l’aider à se relever.

Il ordonna spirituellement à son cadavre dévoué de se rapprocher d’elle afin de tenir d’appui. Le nécromancien se mit ensuite à genoux pour ramasser la lourde lame qu’il rendit à sa propriétaire. Il la regarda un bref instant histoire de s’assurer qu’elle était prête pour la suite et assez stable pour tenir le coup. Elle semblait prête. Un regard vers le lointain, vers la désolation de la Brume :

- C’est l’œuvre de personnes dépassant notre entendement. Le village que nous avons connu n’a pas tenu face à eux. On les appelle les Furyous. De ce que j’ai pu récolter comme informations, il n’était pas nombreux. Et pourtant leur petit nombre a suffi à faire tomber Kiri tel que nous le connaissions.

Il vint se mettre face à elle, s’interposant avec la vision que pouvait offrir le ravage de ces enfoirés.

- Il n’y a rien de plus qu’on aurait pu faire. Mais ça te donne une idée de l’ampleur du pouvoir de l’ennemi. Tu ne pourrais même pas leur égratigner la joue avec ce qu’ils considèreront comme un cure-dent, dit-il en désignant l’épée massive. Nous ne pouvons pas nous lancer à l’inconnu comme ça et leur faire tout simplement la peau comme il était si simple de le faire à l’époque.

Il marqua un petit temps de pause dans ses dires avant de reprendre :

- Leur pouvoir est sans égal à ce qu’on dit. J’ai tendance à ne croire que ce que je vois mais là je crois en autre chose. J’ai rencontré des shinobis de grands talents dans ma vie. Individuellement déjà. Mais si j’en venais à combiner ces forces, qu’est-ce que ça pourrait donner ?

Il ne lui laissa même pas le temps de répondre puisqu’il le fit pour elle :

- Une chance. Une opportunité de rayer de la carte les responsables de tout cela. Rien de plus normal comme réaction. J’ai ressenti la même chose lorsque je fus à ta place. Mais ensuite ? Cet acte ne nous ramènera pas Kiri pour autant. Les Furyous ne sont qu’une étape dans un projet plus ambitieux. Nous devons agir et montrer à ce monde que Kiri n’est pas enterré pour autant. Les Kirijins existent toujours. Disséminés dans ce monde. La preuve en est, j’en ai retrouvé certains. Désunis, nous ne sommes rien. Mais ensemble…

Son regard se porta de nouveau sur les ruines. Il n’osait exprimer le fond de sa pensée. Il n’osait le formuler de peur d’attiser trop d’espoir qu’il ne saurait satisfaire. Lui-même avait du mal à se le mettre en tête. Ou en tout cas il préférait le garder sous scellé le temps qu’une occasion en or massif serti de diamants doublé en cuir de vachette et saumon ne se présente. Mais pour Jaden qui était encore sous le coup de l’émotion, il devait mettre des gants. Il reprit donc sans trop s’enflammer :

- Nous pourrions au moins avoir une chance de prouver que la Brume est loin d’être morte. Qu’elle tient toujours debout.

Michiki avait toujours été l’expert pour ramener à la vie les morts de toute façon. Qu’en serait-il de Kiri ? Pourquoi ne pas tenter de rassembler les Kirijins encore vivant et d’établir un but commun. Que ce soit dans l’anéantissement pur et simple des Furyous ou dans un autre projet différent, il pourrait parfaitement avoir un espoir fou. Celui d’un nouveau Kiri ?

Les yeux larmoyants rivés au sol, Jaden réfléchissait à la signification de la vie, son but. Elle s'était battue pendant toute son existence. Pour son village, pour ses amis. Désormais, Kiri était en ruine. Une cité fantôme oubliée de tous et de toutes. Pourquoi se battait-elle désormais ? Elle avait perdu sa dernière attache. Sa main effleura alors son bandeau frontal, puis elle le serra, de toutes ses forces. Ce n'était qu'un mauvais rêve ! Et elle allait se réveiller. En réponse à cette pensée illusoire, elle se sentit relevée. Michiki se trouvait à ses côtés. Elle était dans un tel état qu'elle aurait put se blottir contre son ami, espérant chercher une source de réconfort. Mais elle savait que ce serait un geste idiot, remettant en cause sa dignité. Sans compter que le Shinda, pas forcément très câlin, ne l'aurait pas laissé agir sans protester. C'est alors que le cadavre ambulant se posa près de la Sabreuse. Un appui. Comme quoi, le membre du Misuto était loin d'être sans cœur. Les secondes passèrent quand finalement, les paroles du Kirijin se firent de nouveau entendre aux oreilles des deux femmes. Il leur parla des responsables. Furyous. Un mot qui n'avait pas de sens que ce soit pour la DJ ou la Chuunin. Jaden n'avait jamais entendu ce mot, même durant son voyage jusqu'à Konoha. Des questions plein la tête, la jeune femme laissa le Faucheur continuer son discours. Et quel discours ! Durant cette déclaration, Jaden avait frissonné, versé des larmes, et surtout se mettait en colère petit à petit. Elle avait désormais un nom à mettre sur toutes ces têtes à couper. Un cure dent ? Et bien on verrait bien si ces monstres résisteraient à la Lame Foudroyante. Jaden grinça des dents lorsque le membre du Misuto lui disait que les tuer ne serait pas aussi simple. Que ce ne serait pas comme à la bonne vieille époque. En effet, d'après ce qu'il avait apprit ces Furyous n'étaient qu'un petit groupe. Et c'est ce même groupuscule qui avait anéanti la Brume.

Le binoclard continua alors dans sa lancée. Ses paroles furent alors plus floues, comme cryptées... Il abordait des sujets de rassemblements. Il parlait de chance, d'extermination. Des choses qui faisaient sourire la blandasse. Il disait que les Kirijins n'étaient pas tous mort. Qu'il en avait rencontré quelque uns. Les yeux de la Koken s'agrandirent. D'autres ? Des shinobis de la Brume Sanglante, autres qu'elle ? Une vague d'espoir submergea la jeune femme. Si ce que Michiki disait était vrai, alors peut-être que ses amis avaient survécus. Il termina son long discours sur une phrase des plus énigmatiques. Pourtant, ça sonnait clair comme de l'eau de roche. Mais n'était-ce pas trop beau pour être vrai ? Jaden posa alors ses yeux hivernaux sur le Shinda et histoire d'en avoir le coeur net, la Sabreuse posa la question qui répondrait à toutes les autres:

— Que veux-tu dire ?

Quoi que le membre du Misuto avait prévu, c'était sans doute quelque chose de grand. Quoi qu'il en soit, la jeune femme était pendu aux lèvres du Shinda. Elle attendait sa réponse avec une grande impatience mêlée à une importante excitation.

Il semblait que les paroles du nécromancien est apporté du changement dans le cœur de la Koken. Son comportement et son attitude étaient différents. Elle avait laissé les larmes et le chagrin, balayé par une soif de curiosité au vu de ce que lui avait dit Michiki. Lui qui avait tenté de mettre des gants pour ne pas trop en dire, il avait décidemment du progrès à faire en matière de diplomatie. Il n’avait pas le talent de bien d’autres qui pouvaient s’assurer le total soutien de troupes entières.

Jaden le fixait à présent, les yeux presque secs. Elle lui demandait de préciser le fond de sa pensée.il s’accorda quelques instants pour réfléchir et ne pas lui offrir trop d’espoir. Ce sentiment pouvait avoir un grand pouvoir. Bien plus important que celui de la peur. Tout dictateur devrait se ranger de ce côté. Une telle politique lui assurerait une place sans faire couler trop de sang. La peur peut dissuader quiconque de commettre une exaction, à condition qu’elle soit suffisamment importante. L’espoir par contre était une flamme dangereuse qu’il fallait savoir gérer. Laisser lui un peu de mou, et vous obtiendrez une énergie nouvelle qui vous poussera à tout accomplir pour une simple idée. Mais il ne faut pas trop laisser d’oxygène à ce feu. Il pourrait devenir bien trop ardent pour celui qui a craqué l’allumette.

Aujourd’hui se posait ce fameux dilemme pour le Shinda. Devait-il craqué l’allumette qui ferait de la Sabreuse un véritable incendie ? Ou devait-il s’assurer de garder ce feu sous bonne garde pour pouvoir l’utiliser à bon escient ? La réponse semble évidente lorsqu’on formule les deux questions successivement. Mais le nécromancien y voyait un intérêt dans les deux situations. Chacun ayant un contrepoids. Evidemment sinon il ne s’agirait pas d’un dilemme.

Avant même de songer à provoquer un brasier, il craqua l’allumette de sa cigarette qu’il cala dans sa bouche. Il tira une latte qu’il expira longuement. Il tapota le bâtonnet de tabac pour en faire retomber la cendre qui partit rejoindre celle voletant déjà au sol et s’échappant des décombres. Il reporta ensuite son regard sur la jeune fille :

- Lorsque j’ai découvert ça, je me suis longuement demandé ce que je pouvais faire du reste de ma vie. Ma première réaction fut similaire à la tienne. La tristesse. Puis la rage. Un désir de vengeance aveuglant. Dans ma soif de combat j’ai quand même eu la présence d’esprit de regagner les terres de Kaminari. Dans l’espoir fou d’y retrouver celui qui m’a tout offert à Kiri. Et je l’ai retrouvé. Mais entre temps, j’avais changé. Ma volonté n’était plus la même.

Il huma une nouvelle fois une grande bouffée de tabac qu’il garda un peu plus longtemps.

- La vengeance est alléchante. Simple, efficace et tellement réjouissante une fois accompli. Ceux qui disent le contraire sont des hypocrites. Mais il faut également penser à l’après. Une fois les responsables morts, que ferions-nous ? Nous passerions nos journées terrés ici ?!

Michiki s’arrêta un instant, doutant des prochains mots. Il n’avait jamais été connu pour être un tendre, mais c’était un mode opératoire qui fonctionnait plutôt bien. Il n’hésita donc pas plus à enchaîner :

- Nous nous réfugierions dans notre petite cabane miteuse perdue dans le fin fond des bois ?! C’est là l’image que tu veux rendre ? C’est ça ta perspective d’avenir ? Je ne te parle pas de profession ou de choix d’orientation pédagogique. Je te parle d’un but animant ta vie, faisant battre ton cœur et alimentant tes muscles en énergie.

Il laissa un instant pour savourer un peu sa clope. Il regardait alternativement les restes de Kiri puis Jaden, sans pour autant oublier de jeter un coup d’œil par moment à celle qu’il avait ramassé dans les bois. Elle n’avait pas moufeté un mot depuis le début. Mais elle était toujours là, apeurée certainement par la menace pesant sur elle. Il faudrait se charger d’elle aussi par la suite. La priorité pour le moment consistait à guider sa présumée cousine.

- Qu’est-ce qui te faisait « vibrer » avant d’errer à Hai ? Kiri ? Mais il n’est plus ?! Et bien alors c’est très simple. Lorsqu’une chose est détruite, si tu y tiens, tu la reconstruis non ?! Pourquoi en pas en faire de même ? Veux-tu refonder Kiri ? Veux-tu que nous reconstruisions Kiri ?

Cette fois il n’y allait pas par quatre chemins, il la jouait cash. Il ne pouvait pas tourner indéfiniment autour du pot. C’était quelque chose qu’il savait faire mais qu’il n’affectionnait pas particulièrement. C’était dans son caractère, dans sa manière de vivre. Raison également pour laquelle il était si attiré par la Mort. Elle était sincère. Il n’y avait pas de mesure, pas de juste milieu. Dans le domaine, l’antique proverbe s’appliquait à merveille : il ne faut pas tortiller du cul pour chier droit.

Le silence était insoutenable. Pour Jaden, s'en était presque aussi douloureux que de voir les restes de Kiri. Qu'allait dire le Faucheur ? C'était horrible. Si Michiki n'avait pas était un compagnon d'arme, la Kunoichi aurait probablement hurlé sur ce personnage qui était aussi silencieux. Pourtant ce n'était que l'affaire de secondes depuis que la Chevaucheuse de Foudre avait posé son interrogation. Mais comment ne pas être impatiente après un sous entendu qui luisait d'espoir ? Impossible de garder un semblant de sang-froid pour la Koken. Elle avait tout perdu. Toute la suite de son existence allait probablement se jouer sur ce que le Shinda allait prononcer. Conscient de la tension qu'il mettait en place, Michiki se décida à parler après avoir retiré une miette de cendre de son bâton à tabac. Il commença en prenant exemple sur les grands pro du discours : En faisant un énorme tour avant d'entamer le plus intéressant du sujet... La Manieuse de Kirin aurait bien étranglé ce binoclard pour qu'il abrège, mais elle avait peur de louper ne serait-ce qu'un détail important.

Abordant le thème de la vengeance, le Faucheur posa alors une interrogation qui méritait que l'on se penche dessus. Car oui, une fois la besogne accomplie, les responsables de la destruction de Kiri détruits, qu'allaient ils advenir des ex-Kirijins ? Jaden ne s'était pas projeté aussi loin. Pour le moment elle voulait juste faire payer les fous qui avaient crus bon de s'attaquer à la Brume. Mais désormais confrontée à cette question, la cousine d'Hasü devait désormais s'interroger. Les paroles de Michiki se déversaient dans son esprit comme l'eau d'un torrent. Non. Bien sur que non, elle ne souhaitait pas finir ses jours comme une abrutie dans la cabane de son défunt Père ! Elle secoua la tête de droite à gauche, manifestant son désaccord avec cette fin dès plus grotesque et peu honorable. Finalement le Shinda parla d'un nouveau but, le symbole d'un nouveau départ. Jaden n'en pouvait plus. Elle ne tenait plus en place. Le discours n'était même pas fini qu'elle se sentait prête à affronter une armée de Furyous et les 3 grandes puissances Shinobi de sa seule lame. Décidément ce binoclard était aussi intello' et manipulateur qu'il en avait l'air !

C'est alors que la Shinda lui posa une nouvelle question dont il ne lui laissa pas le loisir de répondre. Qu'est-ce qui la faisait vibrer avant Hai ? C'était évident aux yeux hivernaux de la Koken : Ses amis, son Senseï et son village. Finalement c'est le nom de Kiri qui ressortit de la bouche du membre du Misuto. Un mot qui les mettaient d'accord tous les deux. Oui, ils aimaient leur Mère bien aimée. Leur toit. Leur barrière contre le monde extérieur qui était désormais décédée. Finalement ce qui était attendu par la Kirijin tomba. Voulait-elle ressusciter leur Mère et Foyer : la Brume ? La Kunoichi n'eut pas le temps de réfléchir à sa réponse que sa bouche se mit en mouvement toute seule.

— Oui.

La jeune Sabreuse reprit des couleurs presque instantanément. L'espoir et la joie emplissait ses traits. Elle n'hésiterai pas à trancher des tête pour atteindre cet objectif. Ell était prête à suivre le Shinda où bon lui semblerait pour accomplir son rêve. Rectification : Leur rêve.

— Je te suis Michiki. Ma lame t'aidera. Dis moi juste où frapper.

Il n’avait pas fallu longtemps à la jeune fille pour abandonner son chagrin. Il faut dire aussi que la déclaration de Michiki lui simplifiait la tâche. Il avait longuement hésité à lui parler de ce projet un peu fou qui commençait tout doucement à germer dans son esprit et qui croissait de jour en jour. Avec la création du Fumetsu dernièrement, il avait été pris d’une frénésie créatrice. Une volonté incessante de faire bouger les choses. En espérant que tant d’ambition ne le mène pas à sa perte ! Mais il avait bon espoir pour ses nouveaux idéaux.

Dans un premier temps, il espérait pouvoir s’entretenir avec le Daimyô de l’Eau afin de lui faire part de son projet concernant Kiri. Il faudrait au moins son aval, et son soutien, pour y parvenir. Il faudrait ensuite s’atteler à retrouver certains soldats de la Brume. Un village ne serait rien sans sa force armée. A cette annonce, les civils et marchands afflueraient pour réclamer la protection de la nouvelle Brume reformée. Ses terres abandonnées étaient sous le joug des guerres de gangs entre bandits. Une vaste purge s’avérerait donc nécessaire. Un nettoyage qui pourrait servir au nécromancien qui plus est.

Mais toutes ces étapes ne seraient rien sans l’appui d’alliés de confiance. Là-dessus, le Fumetsu serait d’une grande aide. Mais ça ne suffirait pas. Il faudrait également s’appuyer sur les ex-Kirijins éparpillés de par le monde. Entre la purge et la recherche intensive, tout ceci pouvait prendre du temps. Et cela nécessiterait également beaucoup de moyens. Autant de contraintes qui pour autant n’effrayait pas le nécromancien. Les anciens Kirijins comme Jaden devaient être perdus sans leur nation. Tout comme Michiki lorsqu’il avait découvert les ruines.

Maintenant qu’il était pleinement confronté à la tristesse de cette perte, il réalisait la nécessité d’offrir un nouveau foyer pour ces brebis égaré. Remplissant ainsi la charge de berger. Et s’il ne pouvait parvenir à ses fins au final. Disons juste que dans ce cas, Michiki deviendrait le loup traquant et tuant le bétail. Mais il n’en était pas là.

Pour l’heure en effet, il avait la charge d’une seule brebis. Mais elle était déterminée. Prête à devenir le loup tant redouté. Une telle motivation faisait plaisir à voir. Elle encourageait Michiki dans son idée. Mais trop d’impétuosité pourrait la mener à sa perte. D’où l’intérêt du berger, et de son bâton pour remettre dans le droit chemin. Même si la jeune fille ne semblait pas en état d’être trop sévèrement redressé. Il tenta donc d’apaiser ses ardeurs par les mots :

- Du calme. Pour le moment ça ne sert à rien de frapper. Tu voudrais taper où de toute façon ?! Non pour l’instant, nous devons planifier avant d’agir. Suis-moi.

Ils en avaient terminés ici. Pas besoin de s’attarder sur les vestiges de leur passé. Maintenant, Michiki hésitait presque à amener les deux femmes dans l’Antre. Ou au moins la Sabreuse. Mais au moment où il commença à faire demi-tour, il sentit une perturbation de chakra. Comme une source s’épuisant d’un coup. L’utilisation d’une technique ?! Ou autre chose ? Ayant la cousine Koken dans sa ligne de mire, le Fossoyeur en déduit qu’il ne pouvait s’agir d’elle. Il ne restait donc plus que…Jaden ?!

Jaden était remplie d'espoir. Elle avait de nouveau un objectif : Celui de servir Michiki. Elle était prête à passer à l'action. Même sa maladie ne l'en empêcherait pas ! Elle avait le temps. Ce problème s'était aggravé au fur et à mesure des années. La Sabreuse espérait que cette infection ne s'était pas développée au point d'en devenir gênante, voire handicapante.

C'est alors qu'elle entendit son frère d'arme lui dire qu'il n'était pas nécessaire d'être aussi hâtif. La Koken se sentit gênée lorsque le Faucheur lui disait où est-ce qu'elle voulait taper. C'est vrai que pour l'instant, le duo n'avait aucune cible. Mais dans ce cas, qu'allaient-ils faire ? Retrouver les autres Kirijins ? La Guerrière savait que que c'était dans les plans du binoclard. Restait à savoir quand ils allaient se mettre en route. Se redressant en s'appuyant sur la garde de Kirin, Jaden se retrouva sur ses deux pieds. Son manteau poussiéreux et déchiré voleta sous les courants d'air. Ses yeux vert étaient posés sur le paysage apocalyptique qui n'avait pas bougé. Dans quelques temps, ici se dresserait de nouveau le village caché de la Brume. Bientôt, la véritable puissance de ce monde serait de nouveau sur pieds. Un sourire apparu sur le visage lisse de la Sabreuse lorsqu'elle y pensa.

Côté Hasü, elle n'avait pas bougé. Attentive, elle avait écouté toute la conversation : Le projet de reconstruction, l'identité de ces deux personnes. Elle était entrain de mouiller dans quelque chose de gros et elle le savait. Elle, qui à l'origine ne voulait que rencontrer l'autre branche de sa famille, elle était en train d'être le témoin d'un complot dont elle ne comprenait pas tout mais qui allait sans doute faire du bruit dans le monde. Et ça la terrifiait. Car elle ne savait pas le sort que ce binoclard lui réservait. Allait-il la tuer ? Ou est-ce que sa cousine, qu'elle venait juste de rencontrer, allait s'interposer ? La Chanteuse était désormais en possession d'informations très importante qui valait toutes les raisons du monde pour qu'on lui tranche la gorge. Mais bon, il se trouvait que sa neutralisation n'était pas à l'ordre du moment. En effet, le Shinda se détournant des deux demoiselles commença à s'éloigner du groupe. Evidemment, ce dernier les invita à le suivre. Enfin, c'était plutôt Jaden qui était visée par ce "Suis-moi". S’exécutant, cette dernière emboîta le pas du Faucheur.

C'est alors qu'Hasü vit sa cousine tousser. Au départ, que de simples toussotements, la femme aux cheveux blanc fut prise alors de symptômes encore plus violents. Elle retomba à genoux. Une main sur le sol, l'autre sur sa bouche, un liquide rouge, teinté de noir s'écoula de cette dernière, se faufilant à travers les doigts fins de la cousine d'Hasü. Paniquée, la rousse accourut aux côtés de la Sabreuse, toujours dans cet état des plus terrifiants. La maladie de Jaden avait atteint un stade plus grave qu'elle même ne le pensait. Sa crise prit fin et c'est un visage suant, encore plus pâle que d'habitude ainsi qu'une bouche dégoulinante de sang cendré qui se tourna vers Michiki.

— Ce... Ce n'est rien... Ce n'est rien.

Aidée par la chanteuse, la Sabreuse se retrouva sur ses pattes, son corps oscillant légèrement. Crachant les restes de l'étrange hémoglobine, elle termina :

— Continuons...

- C’est ça et moi je suis le prochain Hokage.

Une manière de balayer la vaine tentative de la Koken de dissimuler sa faiblesse. Alors que cette dernière était plus qu’évidente. L’autre Koken était venue l’épauler lorsque Jaden manqua de se remanger le sol. Sa quinte de toux lui avait arraché quelques gouttes d’un liquide rouge sombre. Anormalement sombre pour du sang. Son pèlerinage sur Hai no kuni semblait lui avoir été plus fatal qu’elle ne l’admettait.

Elle avait dit à Michiki ainsi qu’à sa cousine qu’il n’y avait rien et qu’ils pouvaient continuer. D’où la réponse cinglante du nécromancien. il avait beau ne pas être spécialisé dans les sciences médicales, il suffisait pas d’être chirurgien diplômé après sept ans d’études pour comprendre qu’elle allait très mal. Le Fossoyeur se rapprocha des deux jeunes femmes, déposant une main sur l’épaule de la Koken mal en point, l’incitant ainsi à s’asseoir en même temps que lui. D’une pression du pied sur le sol, un petit pan de terre s’érigea derrière Jaden pour lui servir de dossier. Elle pouvait ainsi se ménager.

Il attarda légèrement son regard sur la flaque de sang par terre. Elle était empreinte de plusieurs tâches sombres. Trop pour qu’il s’agisse d’hémoglobine normale. Elle devait avoir des espèces de caillots. Mais quand on connaissait un peu son passé, on pouvait en déduire qu’il s’agissait d’excès de cendres certainement emmagasinés dans ses poumons. Mais là tout de suite à vue, Michiki ne pouvait diagnostiquer quoique ce soit. Il devait l’ausculter un minimum. Même s’il était plus habitué des corps inanimés, il les avait suffisamment étudiés pour en apprendre quelque peu de son côté. Même s’il n’avait pas le talent de ce médecin qu’il avait rencontré peu de temps après son départ de Kiri.

Il devait néanmoins faire quelques manipulations pour être sûr de ce à quoi il avait à faire. Même s’il n’était pas très optimiste sur ce qu’il allait apprendre. Mais il était quelque peu gêné de devoir « manipuler » la Koken. Il se connaissait à peine alors bon. Et puis le rapport homme-femme n’arrangeait en rien la chose. Son regard se porta donc sur l’autre Koken s’inquiétant pour sa cousine. Elle était son seul moyen d’en apprendre un peu plus sur le mal qui rongeait l’ex Kirijin. Il lui attrapa le bras assez fermement afin de l’éloigner. Elle devait le prendre pour une sacrée brute à force !

Une fois assez éloignés, il lui tint un discours à voix basse pour ne pas alarmer la Sabreuse plus que ça :

- Je m’y connais légèrement en médecine. Mais j’ai besoin de quelques manipulations pour être sûr de ce que j’affirme. Je vais pas m’amuser à tripoter celle que tu prétends êtres ta cousine alors je vais te demander de m’aider. Tu vas faire les gestes à ma place. Je te dirais quoi faire ne t’en fais pas. Je vais avoir besoin de toi sur ce coup-là.

Il laissa un bref silence qu’il rompit peu de temps après. il se devait de lui dire :

- Va falloir que tu sois forte si ce que je pense s’avère exact.

Puis le duo retourna auprès de la jeune fille toujours installée par terre. Michiki se mit à son niveau en s’agenouillant avant de la tenir au courant :

- Bon écoutes : ta cousine va se charger de t’examiner pour moi. J’aimerais savoir si ce que tu nous trimbales n’est pas trop grave avant que tu continues. Alors fais pas ta difficile et laisses-toi faire. Tu te sens prête ?

Et l’examen put commencer, épaulé par les indications précises du Shinda pour guider la Koken.

Hasü était là entrain de regarder sa cousine. Sa bouche était encore dégoulinante de sang, et ses yeux étaient devenus vitreux. La rouquine n'y connaissait rien en médecine mais ce qui était sûr c'était que ce qu'il venait de ce passer était grave. Elle était persuadée que l'inconnu aux lunettes partageait son avis. D'ailleurs ce dernier lâcha une phrase dès plus sarcastique montrant bien qu'il ne croyait pas la Sabreuse une seule seconde. Indignée, la DJ ne put s'empêcher de froncer les sourcils suite à cette réplique. L'heure n'était pas à la moquerie, mais bien à celui de trouver un moyen pour soigner sa cousine ! Elle venait juste de rencontrer un membre de sa famille. Pas question qu'elle la perde alors qu'elles avaient encore tant de choses à se dire !

Finalement, la silhouette se dessina aux côtés des deux jeunes femmes. Apposant sa main sur l'épaule de la malade, il l'incita à s’asseoir. Faisant de même, il fit surgir, à la grande surprise d'Hasü, un mur de pierre dans l'angle mort de la Sabreuse, afin qu'elle puisse disposer d'un reposoir. Le visage pâle, la concernée posa un un regard reconnaissant en direction du binoclard et affala son dos sur ce dossier naturel. Sa respiration était lourde, saccadée. La Koken encore en état s'attela à nettoyer le faciès de sa cousine. Sortant un mouchoir en soie de son sac, elle commença à éponger le front suant de la "blandine" pour finir en essuyant les dernières traces de sang qui s'écoulaient de sa bouche. Accueillant cette petite attention, Jaden remercia sa cousine d'un mouvement de tête. Cette dernière le lui rendit par un petit sourire timide qui vint s'ajouter à un air qu'elle voulait doux. Mais au fond, elle avait peur. Peur, pour l'avenir de la Sabreuse. C'est alors que la DJ sentit une pression sur son bras, tournant la tête elle vit que c'était Michiki qui la tirait, l'écartant de sa patiente. Interloquée, Hasü posa ses yeux incompréhensif sur le visage de l'homme. Que voulait-il ?! Le moment n'était pas à la discussion, à la menace ou même à son exécution. Finalement, c'est sans attendre que la Koken fut mise au courant de la raison qui avait poussé le Kirijin à l'éloigner de la malade : Il voulait que la Belle la seconde dans son autopsie. En pur gentleman, le binoclard ne pouvait se résoudre à balader ses mains sur le corps féminin de la Sabreuse. Hasü allait donc être la personne désignée pour manipuler Jaden. Le Faucheur rajouta qu'Hasü allait devoir s'accrocher si ses prédictions étaient exactes. Un regard horrifié accueillit ces paroles.

Une fois que tout était clair, le duo retourna au chevet de la malade. Lui exposant ce qu'il avait expliqué quelques minutes plus tôt à notre protagoniste, Michiki demanda à l’intéressée si elle se sentait prête.

— Je... C'est d'accord. C'est quand vous voulez.

Elle avait été à deux doigts de refuser cet examen. Devenir un poids était quelque chose d'horrible et de dégradant. Malheureusement, la Guerrière ne pouvait pas faire grand chose pour cacher son état. Elle était mal en point, il fallait se faire à l'évidence. C'est donc silencieuse qu'elle attendit que sa cousine commence son autopsie. Cette dernière se tourna vers celui qui guiderait ses mouvements. Recevant le signal de départ, elle commença écarter légèrement les vêtements de la patiente. Respectant l'intimité de sa cousine, Hasü essaya de cacher la poitrine de cette dernière du mieux qu'elle put, dénudant juste les parcelles de peau nécessaire pour cette inspection. Suivant les consignes du binoclard, la Chanteuse vérifia les battements du cœur, sa fréquence respiratoire et un tas d'autres trucs dont la DJ n'en comprit globalement pas le but.

Finalement, l'examen prit fin. Prenant soin de reboutonner la tunique de la malade, la Koken-médecin, à genoux, se retourna vers Michiki en silence. Ses yeux émeraudes étaient perçants : Elle voulait savoir autant que la concernée directe.

Sur les directives du Fossoyeur, la jeune demoiselle un peu perdue guida maladroitement ses mains là où lui indiquait l’ex Kirijin. Elle tentait tant bien que mal de ne pas directement dévoiler la nudité de sa cousine. Michiki ne s’était pas amusé à reluquer la concernée. Il n’était pas intéressé par ce genre de futilités. Les mortes sont bien moins fatigantes. Hum bref passons !

L’examen suivit son cours sur les recommandations et les observations retranscrites au nécromancien. Son regard porté sur le sol était vide, réfléchissant selon ce qu’il entendait pour donner de nouvelles instructions, attendant le verdict. Vint rapidement la fin de tout ce petit cinéma. Il laissa les dames rhabiller la malade tandis qu’il passait en revue tout ce qui venait d’être analysé. Apparemment, la maladie de la Koken prenait le pas sur bien des points. Même si elle ne semblait pas encore fatale. Mais il fallait tout de même surveiller ça de près. Elle aurait eu besoin d’un véritable médecin pour se rétablir comme il faut. Elle avait un espoir par conséquent mais le Shinda n’était pas ce genre de médecin. Ce qui pouvait être préjudiciable. Dire qu’elle pourrait presque être sauvée… Du moins c’est ce qu’il pensait.

Il décida néanmoins d’en revenir à l’instant présent et surtout aux demoiselles attendant son diagnostic. Il choisit avec précaution ses mots avant de les déballer :

- Indubitablement, la maladie a atteint un stade déjà avancé. Néanmoins difficile de dire si elle pourrait être fatale subitement. Pas pour tout de suite en tout cas. Mais il faudra y faire attention. Je ne suis malheureusement pas médecin alors mon « compte-rendu » ne vaut pas non plus comme un renseignement officiel et professionnel. Je ne m’y connais pas assez en sciences de la Médecine pour t’assurer une guérison. Tout au plus retarder la maladie. Avec de la chance…

Il en venait à la partie délicate, même si cette dernière était déjà plutôt explicite dans ses propos précédemment énoncés :

- Je pense donc que tes jours te sont comptés Jaden.

Il ne pouvait pas être plus clair et plus direct. Cela devait être des mots difficiles à entendre pour la Sabreuse mais il ne pouvait se permettre de lui cacher. Elle avait le droit de savoir. Encore il s’était permis de lui cacher certaines choses jusque-là, mais sur ce point il ne pouvait tout bonnement pas utiliser de pirouettes. Il se retrouvait un peu con. Lui qui avait tout fait pour lui procurer une nouvelle envie de combattre, elle risquait d’être fortement handicapé dans cette tâche élémentaire pour un shinobi. Le combat n’était pas conseillé pour elle, si ce n’est prohibé. Là encore, simple supposition de petit amateur à peine expert de la médecine. L’étude des cadavres pouvait offrir beaucoup d’éléments de connaissance, mais la totalité non plus. Il observa donc le duo digérant la nouvelle, ne trouvant rien d’autre à dire que :

- Je suis désolé…

Hasü était plantée là à attendre le verdict de Michiki. Elle ne le quittait pas des yeux. L'air grave que ce dernier arborait ne présageait rien de bon. Mais la Koken ne voulait pas se faire de fausses idées. Sa cousine allait sen sortir et tout reviendrait dans l'ordre. C'est ce qu'elle voulait croire. Elle voulait s'y accrocher de toutes ses forces, priant pour que son vœux se réalise. Un silence pensant s'était instauré dans la zone. Seules les rafales de vent se manifestaient, faisant voleter les chevelures du trio et provoquant les claquements de la cape de voyage de la Koken.

Finalement, ce mutisme de groupe fut brisé par celui qui l'avait instauré : le Faucheur. Soucieux de ne pas brusquer le duo, l'homme aux lunettes parla avec précaution, choisissant ses mots avec des pincettes. D'après ses dires, le Mal qui rongeait la Sabreuse s'était bien développé. Avouant lui même qu'il n'était pas un véritable médecin, sa synthèse n'était pas à prendre totalement à la lettre. Hasü poussa un soupir de soulagement. Elle ne voyait que le bon côté des choses. Certes Michiki ne pourrait pas soigner sa cousine mais il existait bien un gars dans ce monde qui accepterait de s'en occuper ! la DJ voulait y croire. Cependant, ces yeux s'agrandirent sous l'horrible fin que le Kirijin prononça. Il n'était pas passé par quatre chemins pour annoncer son verdict final : Ce n'était plus qu'une questions de jour, voire de mois avant que sa cousine ne passe de l'autre côté du voile. Ses yeux s'humidifièrent lorsque le Shinda manifesta ses excuses. Donner ce genre d'information n'était jamais facile, autant pour celui qui l'annonçait que celui qui le recevait.

Un sourire qui se voulait rassurant s'afficha sur le visage fantomatique de la malade.

— Pas besoin de prendre cet air dramatique... Tout va bien aller. J'ai déjà vu pire...

Une autre quinte de toux, provoquant l'affolement d'Hasü, vint décrédibiliser cette phrase. Les regards émeraude des deux Koken se croisèrent. L'une avait le visage calme malgré la sueur qui coulait de son front, l'autre était morte d'inquiétude. Celle appuyée contre le mur de pierre parla alors à l'adresse de sa pseudo infirmière :

— Aide-moi à me relever... J'ai beau essayer, je n'y arriverai pas seule.

S’exécutant, c'est bras dessus-dessous que les deux Koken se relevèrent. L'attention de Jaden se porta alors sur son frère d'arme :

— Si tu ne peux pas me soigner... Je connais une personne qui le ferait à ta place...

Reprenant son souffle suite à l'effort de s'être remise sur patte, la Sabreuse reprit :

— J'ai connu une Kunoichi autrefois. Une petite gamine blonde qui m'avait soigné de mes blessures lors d'une mission à Ame... Elle s'appelait Amaterasu.

Elle baissa les yeux comme pour mieux se concentrer davantage sur le visage de cette fille mystérieuse qui avait sauvé trois prisonniers d'un pénitencier et qui lui avait fait bénéficier de ses talents en Eisenin. Ça remontait à loin, cependant, Jaden s'en souvenait comme-ci c'était hier. Oui, s'il y avait bien une Médecin, que la Kirijin connaissait, capable de la sauver de cette infection, c'était bien cette gosse. D'un geste balayant de sa main libre, la malade tenta de revenir sur le sujet principal.

— Mais passons... Que voulais-tu nous montrer ?

Spoiler:

La jeune sabreuse s’était dépêché d’assurer que la triste nouvelle ne l’affectait en rien. Il faut dire que vu son état, si elle n’avait pas compris depuis le temps qu’elle traînait quelque chose de grave derrière elle, elle pouvait être qualifiée de stupide. De plus, la fragilité évidente de sa cousine ne devait arranger en rien l’affaire. Il fallait que Jaden ne laisse rien paraître. Mais bon là c’était un peu compliqué de relativiser.

Les deux Koken s’épaulèrent pour relever la malade. Michiki assistait impuissant à ce triste spectacle, ne sachant pas trop quoi faire. Il allait devoir rester spectateur de ce mal qui rongerait progressivement Jaden. Quel dommage… Lui qui avait bien des projets pour elle. Tout partait en fumée. Quel gâchis. Mais l’avantage d’un nécromancien reste qu’il peut trouver son bonheur dans toutes les situations. Le malheur des uns fait toujours le bonheur du Shinda. Ce ne serait qu’une recrue de choix dans sa collection.

Mais pour l’instant la jeune fille était encore bien vivante. Elle ne manqua pas de le faire savoir en s’exprimant à voix haute. Elle semblait connaître quelqu’un capable de la soigner. Tiens, en voilà une information intéressante. Il attendait de voir ça. Il patienta le temps qu’elle finisse par cracher le morceau. Une kunoichi du nom d’Amaterasu. Un nom qui ne lui était pas inconnu. Il l’avait déjà entendu au fil de ses voyages. Il ne se souvenait plus exactement à quelle occasion mais l’énonciation de ce dernier lui rappela certaines conversations éparses. Jaden la connaissait et avait déjà été soigné par elle apparemment. Cette fille serait donc une chance potentielle pour sauver la Koken de son triste sort.

Puis comme si l’information n’avait pas d’importance, Jaden balaya la chose, redemandant où il voulait aller. Le nécromancien calculait sur le moment. Il échafaudait ses plans. Les derniers éléments ne devaient pas être éludés comme l’avaient fait la sabreuse. Il pouvait tirer quelque chose de tout ça. Sa réflexion dura quelques secondes avant qu’il ne finisse par répondre au duo féminin lui faisant face :

- J’allais te proposer de retourner chez toi. Ce périple t’as suffisamment affaibli je pense. Et nous n’irons pas plus loin si tu es dans cet état.

Il ne laissa le temps à personne de décider. Il prit la direction de la cabane de Jaden, profitant de la route pour peaufiner sa stratégie. Sa matière grise en action, ils arrivèrent rapidement sans qu’il ne s’en rende compte. Le petit cabanon n’avait pas bougé d’un pouce ou changé. Toujours aussi miteux et délabré. Michiki sonda l’endroit par précaution et il entra sans attendre la propriétaire qui débarqua par la suite avec sa cousine. Le trio s’installa, même si Michiki préféra rester debout. Il regarda les deux demoiselles, soupesant encore le pour et le contre de ses décisions silencieuses avant de les exposer. Il finit enfin par se décider à parler :

- Dans ton état, tu ne pourras pas aller bien loin Jaden. Si le simple fait d’aller jusqu’aux restes du village est aussi épuisant, je n’ose imaginer si l’on essaye de sortir du pays. Ça tombe bien car je dois rester sur place pour un petit moment. Je vais donc t’épauler et t’aider à te retaper en attendant de voir ce qu’on peut faire. Et je m’attèlerais à retrouverais cette Amaterasu. Quant à toi…

Il fit pivoter son regard vers la jeune Hasü :

- Tu es libre de faire ce que bon te semble. Néanmoins après ce que tu as entendu, je ne saurais que trop te conseiller de ne pas ébruiter toute cette affaire. Si c’est le cas de toute façon, je connais ta signature de chakra, ton nom et ton apparence. Je ne mettrais donc pas longtemps à te trouver et à te tuer. Me suis-je bien fait compris ?

Silencieuse, les deux femmes attendaient la réponse du binoclard. Que comptait-il faire désormais ? Une question que les Koken se posaient intérieurement. Jaden ne connaissait pas assez le Shinda pour connaître ses intentions. C'est contre toute attente que le Kirijin proposa que le trio fasse marche arrière. Retourner à la cabane. C'était ce qu'il voulait. C'est surpris que le groupe féminin accueillit la réponse. Conscient que sa déclaration allait créer l'incompréhension, le Faucheur développa davantage. Et ses propos se tenaient, même s'ils firent grimacer la Sabreuse. Il fallait qu'ils rentrent à la maisonette. La Chunin était fatiguée, faible. La rage commença à monter dans l'esprit vulnérable de la Koken. Les poings serrés, Jaden se maudissait d'être aussi inutile. Elle voulait prouver à Michiki que tout allait bien, qu'elle pouvait encore se débrouiller par elle même. Malheureusement, la volonté était indépendante du corps et malgré tous ses efforts, la Sabreuse dû se rendre à l'évidence : Aujourd'hui, elle ne serait qu'un poids. Mais ce n'était que partie remise. Avant même qu'une des deux femmes ne se décide à parler, Mogura avait déjà tourné les talons. Dans un soupir, Jaden, portée par la frêle Hasü se remit en selle sur le cadavre quadrupède.

Le voyage fut plutôt rapide. Chacuns des êtres présents étaient profondément perdus dans leurs propres pensées. De ce fait, personne ne vit le temps passer. Hasü, elle, se faisant du souci pour sa cousine, était toujours aussi tourmentée. Sa famille avait ignoré ses autres Koken alors qu'ils traversaient une épreuve terrible. La preuve étant que la Sabreuse était tout ce qui restait de cette branche du Clan mineur. Il fallait que la DJ rattrape les erreurs du passé, qu'elle se rachète au nom de ses parents et d'elle même. Si on ne croyait plus en la famille, en quoi pouvait-on croire ? Aider ce Michiki dans sa tâche allait peut-être, être sa marche pour la Rédemption. Avec Jaden malade, le binoclard allait sans doute besoin d'un nouvel élément, un nouveau soldat... Et ce serait elle. Hasü la DJ, la Chanteuse. La rousse qui rechignait à se battre. Qui était aussi fragile que le verre. Qui craignait la Mort comme la Peste. Elle espérait que ce Kirijin décèle en elle un petit atout.

Finalement, ils posèrent pieds à terre. Ne souhaitant pas laisser l'autre Koken se débrouiller seule, la Chanteuse était là à la réception. Doucement mais sûrement, elle aida la Sabreuse à atteindre le sol herbeux de la forêt familière qui les entourait. Ouvrant la porte miteuse de la cabane, la Belle se posa sur le sol au côté de sa cousine. Une fois que les deux femelles furent installées, le Shinda qui s'était tut durant tout le voyage, se remit à parler. Il se justifia davantage sur son refus de continuer plus loin dans son idée. Jaden n'était pas en état de servir à quoi que ce soit. Il annonça à la Guerrière qu'il allait rester ici pendant un moment et qu'une fois qu'il aurait réglé ses emplettes, il partirait à la recherche de cette Amaterasu. Il se tourna ensuite vers Hasü et d'une voix glaciale, lui déclara qu'elle était libre. Mais qu'elle n'avait pas intérêt à divulguer la moindre information, ou elle allait en subir les conséquences... Ce discours déstabilisa la rousse qui en frissonna, une sueur froide coulant le long de sa nuque. Elle se ressaisissait aussi vite qu'elle le put, et de manière solennelle, s'agenouilla devant l'homme qui avait projeté de la tuer. Le front sur le plancher poussiéreux du refuge, elle parla haut et fort :

— S'il vous plaît Monseigneur ! Laissez moi vous servir ! Je suis sûre que je pourrai vous être utile !

Sans bouger, elle attendit la réponse.

Le nécromancien était presque prêt à quitter cette maisonnette délabrée pour retourner à certaines affaires. Ce qui expliquait également le ton assez expéditif qu’il avait utilisé pour révoquer la jeune fille ayant suivi le duo Kirijin jusque-là. Elle qui n’avait rien dit quasiment, il se voyait mal lui demander autre chose que de prendre congé auprès d’elle et de sa cousine Jaden.

Mais la demoiselle en avait décidé autrement. En effet, Hasü se manifesta enfin. Pour tenir tête à Michiki en prime. Enfin pas tout à fait non plus. Il se fit quand même appeler « Monseigneur ». L’appellation ne manqua de hisser un sourcil au-dessus de son conjoint. Cette fille voulait se rendre utile. Elle estimait qu’elle pourrait être utile au service du Shinda. Il ne put retenir un coup d’œil vertical pour la dévisager des pieds à la tête. Son regard dur revint se planter dans le sien pour lui lancer :

- Parce que tu te sens prête à me servir ?!

Il fit quelque pas pour réduire la distance entre elle et lui. Il en vint à être à quelques centimètres d’elle seulement. Il entama alors un petit tour d’inspection à 360°. Il tournait tel un charognard autour de sa proie, attendant le moment de fragilité fatale pour s’élancer et se délecter de son repas. Il cherchait la petite faille qui viendrait démentir cette fausse bonne volonté qu’elle avait tenté de mettre en avant en s’opposant à sa demande. Il continuait de la dévisager pendant qu’il faisait ses cercles. Lorsqu’il repassait devant, il croisait son regard mais restait toujours aussi froid. Il fit ainsi quelques circuits autour d’elle avant de s’arrêter une première fois à sa droite.

- Qui me dit que tu as les nerfs assez solides ? Au vu de ta réaction lorsque je t’ai ramassé dans la forêt, je serais le premier étonné de savoir que tu es une kunoichi.

Ce qu’il savait déjà au vu de sa jauge de chakra. Elle était une shinobi mais elle n’en avait clairement pas le caractère. Comment pouvait-elle espérer lui être utile ? Il continua sa marche de chasseur avant de s’arrêter de nouveau en pleine lancée.

- Qui me dit aussi que tu es digne de confiance ? Tu pourrais très bien faire partie d’un village depuis le début et tu nous l’aurais caché depuis le début.

C’était également une possibilité à ne pas écarter. Il reprit une dernière fois son petit manège. Ce coup-ci, il se replaça bien face à elle, mains croisées dans le dos, le regard accusateur porté sur le visage de celle devant qui il se trouvait. Il prit une légère inspiration, pivota la tête vers Jaden avant d’en revenir à l’autre Koken :

- Néanmoins, j’ai pu voir de la sincérité quand tu as voulu prendre soin de Jaden. Ce qui me laisse supposer que tu la considères beaucoup.

Il prit place sur une chaise, les bras croisés sur le torse. Il se balança légèrement sur son assise, se tenant en équilibre grâce à un pied bien bloqué. Ses yeux violets étaient toujours portés sur la même personne.

- Et qui dit que tu tiens à elle, dit aussi que c’est ta faiblesse.

Son ton était devenu plus froid. Oui c’était possible. Son regard toujours aussi dur ne cillait pas. Il ne lâchait pas sa cible des yeux :

- Je vais t’accorder une chance. Un test pour être plus précis. J’aurais besoin de renseignements pour me lancer dans un projet ambitieux. Sers-moi d’informatrice si tu tiens à être utile. Tu devras te rendre à Suna et y récupérer le maximum d’informations possible. Je ne te demande pas de me faire le détail de leur sécurité. Je ne compte pas les attaquer. Mais je veux en savoir le plus possible sur eux.

Il arrêta de se basculer pour sortir une cigarette. Il l’alluma et la lueur de la flamme apporta une légère teinte orangée à ses traits :

- Tu devras me faire un rapport détaillé de l’avancement de ta mission chaque semaine. Sans quoi je considèrerais que tu m’as trahi. Et si tu as besoin d’une motivation supplémentaire…

Michiki se leva, fit quelques pas en direction de la porte. Jaden se trouvait sur son chemin. Il passa derrière elle, se figea et continua son discours :

- Je ne ferais rien pour l’aider. Apporte-moi ce que je veux, et je ferais venir cette Amaterasu pour qu’elle soigne la seule personne qui te reste de ta famille.

Toujours la clope au bec, il franchit enfin le dernier mètre le séparant de la porte. Il en avait fini ici. ce dernier retournement de situation était plutôt inattendu. Il lâcha un dernier mot avant de définitivement disparaître de la cabane :

- Ne me déçois pas. J’ai le génocide facile quand on me donne une bonne raison et ça me briserait le cœur de devoir éliminer une compatriote pour si peu.

La vapeur de sa cigarette s’évanouit au seuil de la porte lorsqu’il disparut d’un bond agile et rapide à l’extérieur. La nuit reprenait ses droits.

Spoiler:

C'est une Hasü brisée, sans arme, que le Shinda laissa dans la cabane. Encore sous le choc de la mission qu'on lui avait confié, elle restait immobile à genoux. Les yeux grand ouvert presque humide, elle tentait d'assimiler les paroles du Faucheur. Infiltrer Suna. Récolter des informations... Avait-il été sérieux ? Un regard avait suffit pour comprendre que Michiki ne voulait pas déconner. C'était son épreuve. Une mission qu'elle se devait d'accomplir pour le salut de sa Cousine. Cette dernière la regardait d'un oeil fatigué. Sa vie avait été mise en jeu et pourtant sa seule réaction fut de pouffer de rire. Elle savait désormais qu'elle allait y passer.

— Tsss... Tu viens juste de signer ton arrêt de mort, Hasü. Tu aurais dû fuir alors qu'il t'en avait laissé l'occasion.

Son regard hivernal fut aussi perçant qu'une lance.

— Tu ne fais qu'ajouter une deuxième victime sur le rapport des décès.

Horrifiée, la concernée posa un regard désespéré sur sa cousine. Elle ne comprenait pas et la suite s'annonçait encore plus terrible.

— Q-quoi ?! Tu veux dire que... Il ne...
— Bien sur qu'il était sérieux... C'est un Kirijin. Les états d'âmes ne font pas partie de notre mentalité. Actuellement, je suis inutile. Quand une lame est brisée, on la jette. C'est exactement ce qu'il se passe avec moi. Et je l'avais compris... Je l'ai même accepté.

Elle se redressa davantage sur son appui, et approcha la paume de sa main sur son visage, montrant bien son ennui face à cette situation.

— Et voilà que tu veux jouer à l'héroïne. A la fille sauveuse de vie et d'honneur...

Elle soupira.

— Tu croyais quoi ? Qu'il allait te demander de faire un sondage sur le tourisme des villages de Mizu no Kuni ? Du recrutement ? Ne soit pas sotte. Tu te doutais bien qu'il allait te confier une tâche bien plus compliqué. Tu lui as confié ta vie, alors il t'envoie accomplir une mission utile pour ses projets...

Un silence pesant s'installa pendant quelques secondes. Quand Jaden se décida à reprendre.

— Je m'étais faite au fait que je meure. Et toi tu veux me sauver...

Se redressant, elle approcha son faciès de celui de la rousse :

— ... Mais pourquoi ?
— On... On vous a lâchement abandonné, ton Père et toi. Vous aviez besoin de nous... Et le mien ne s'en ai jamais inquiété. Je veux racheter cette erreur... Pour ma famille.

Les larmes commencèrent à couler côté DJ :

— Ma manière de réconcilier notre communauté...
— Tu es trop sentimentale. Tu crois que ça va t'aider à amadouer les Sunajins ? Tu dois faire preuve de sang-froid, d'une capacité d'analyse totale sur le terrain. J'espère pour toi que tu arriveras à appliquer tout ça le moment venu. Sinon, je te jure que tu prieras pour mourir le plus vite possible. Les Ninjas ne sont pas tendre avec les intrus malveillants.

Elle pointa alors son index en direction d'une étagère poussiéreuse :

— J'ai un bouquin qui parle de l'espionnage. Je ne l'ai jamais touché... Mais à toi, il devrait être utile. Ça te fera de la lecture jusqu'à Kaze no Kuni. Allez va... Et tâche de ne pas mourir.

Hasü s'approcha alors du meuble et ôta le livre indiqué : "La vie n'est qu'une pièce de théâtre où seuls ceux qui jouent leurs rôles à la perfection réussissent."