J'avais rejoint discrètement un bureau de poste sans que mon maître ne puisse me suivre ni même le voir, j'avais tout prévu. J'avais donc déposé deux lettres, une à destination de ma grande sœur et une autre à destination de la Kawaguchi.
Yami,
Je ne t’ai pas donné de nouvelles car je suis en fait parti du village pour quelques mois voir même peut-être un peu plus avec mon maître.
Suite au décès de sa femme il a décidé de prendre le large comme on dit et je l’ai suivi dans son projet. Je ne voulais pas non plus le laisser seul, ça pouvait être risqué. Je tiens à quelque sorte à lui et je ne veux pas qu’il lui arrive du mal.
On est allé à Ki No Kuni dans une petite auberge pour passer la nuit, le lendemain on a fait un entraînement des plus rudes. Je veux revenir plus fort de ce voyage, j’essaie de me rapprocher au maximum de mon objectif.
Concernant ma façon d’avoir quitté le village,elle n’est peut-être pas des plus approprié et j’en suis navré. J’aurais du venir te voir, je ne l’ai pas fait et je sais que c’est regrettable. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. Après peu m’importe mais je me demande tous les jours comment tu te portes, je pense souvent à cela pour être honnête. J’ai l’impression de t’avoir comme abandonné et même si je ne me soucierais pas habituellement de ça avec toi tout est différent. Je ne sais comment t’exprimer mon affection, lors de l’entraînement avec mon maître j’ai ressenti quelque chose à travers son coup comme une profonde peine d’avoir perdu sa fiancé. Je ne sais qu’on parle pas du même amour, cela dit j’ai pensé directement à toi et je pense pouvoir dire que je t’aime grande sœur. Je pense à toi, je ne t’oublie pas;
Je vais continuer mon chemin, je ne peux recevoir des lettres car ma position change beaucoup. Je ne pense que pouvoir t’en envoyer et tu ne pourras sûrement jamais me répondre
Un messager était venu me porter un courrier m'étant destiné. J'ignorais de qui il s'agissait jusqu'à ce que je parcours les premières lignes. Quelle douce ironie que de consulter ce message écrit de mon petit frère alors même que je me trouvais devant le piano avec lequel nous avions partagé et improvisé des morceaux sans répit... Sa sculpture de shoton bleu trônait, impériale, face à moi, m'avisant de ses ailes déployées et de son « Y » sur son poitrail : je n'aurais pas pu choisir meilleur emplacement pour songer à lui.
Il me racontait alors qu'il était parti pour une durée indéterminée avec Kibo bien que je ne comprenais pas pourquoi... Kibo avait disparu du jour au lendemain sans laisser de trace : je me demandais ce qui avait pu lui arriver alors que son absence était lourde et pensante au sein du Kakumeigun. Ogami m'expliquait que sa femme avait trouvé la mort et que le rêveur avait besoin de prendre du recul et de faire le point sur les aspects de sa vie : ce que je pouvais comprendre. Mon petit frère l'avait accompagné pour éviter qu'il n'attente à sa vie et j'espérais qu'il y parviendrait tout en restant prudent lui même. Le Yuukan était rempli de dangers et bien que je le savais fort de caractère, il restait pour l'heure assez inexpérimenté pour affronter ce genre de situations... L'angoisse m'envahissait un instant alors que je craignais pour sa vie. Prends garde petit frère... pensais-je.
Ogami me parlait d'entraînement et de Ki no kuni où je n'avais jamais mis les pieds cependant, je savais qu'il s'agissait du pays natal de Kibo : il avait sûrement besoin de se ressourcer avec ses origines.
Il semblait se sentir coupable de son départ précipité sans m'avoir averti. En effet, j'aurais préféré qu'il vienne m'en parler ne serait-ce que pour le serrer dans mes bras et lui prouver mon soutien, comme il l'avait fait pour moi lors de mon hospitalisation. Maintenant tu n'as pas le choix de rentrer en vie pour que je puisse encore passer du temps avec toi... marmonnais-je. Ogami s'inquiétait également sur ma santé ce qui me faisait étirait un sourire mélancolique : s'il savait... Ma santé était sur le déclin avec ma maladie qui se développait un peu plus chaque jour, gangrenant mon organisme à petit feu... Pour autant je ne laissais rien paraître : je n'aimais pas m’apitoyer sur mon sort et renvoyer l'image de mes faiblesses. Je ne pouvais me le permettre qu'avec les personnes qui m'étaient chères bien que cela ne s'avérait pas des plus simples pour autant. J'avais tellement de choses à lui raconter... Il n'était même pas au courant pour la rencontre de mon père...
Les mots de mon petit frère me réconfortaient. Il était certes parti sans prévenir mais il semblait penser à moi. Je marquais un temps d'arrêt sur sa phrase certifiant qu'il pensait m'aimer... L'amour... Celui-ci était différent de ce dont il avait pu s'agir avec Oniri ou Shinji mais je ne pouvais m'empêcher d'être réfractaire à ce si grand mot qui m'avait apporté tant de souffrances... J'esquissais un sourire néanmoins, car moi aussi je l'aimais d'un amour fraternel qui me permettait de me rappeler pour qui je me battais dans cette lutte sans merci contre ma maladie. Merci petit frère... Je ne t'oublie pas non plus... pensais-je alors que je terminais de parcourir sa lettre, sachant que je ne pourrais pas lui apporter de réponse au vue de sa position changeante.
Toshiro Ogami
Informations
Grade : Nukenin de rang S Messages : 1350 Rang : S
J’espère que tout va bien de ton côté, quant à moi je me porte bien malgré les entrainements intensifs avec mon maître. Ils ne sont pas des plus faciles pour être honnête. J'en ressors que très rarement indemne mais jusqu'à présent je n'ai pas eu de "gros problèmes". J'ai réussi à lui soutirer un sourire récemment, ça reste légèrement dérisoire quand on connait Kibo mais pour le moment c'est tout ce que j'ai pu avoir de cet homme. Je ne suis vraiment pas enchanté par son état, je sais ce que ça fait quand une personne est froide avec moi comme je pus l'être jadis.
Pour le moment nous sommes à Yu No Kuni et je pense pour quelques jours, si tu souhaites me répondre il faut le faire très vite et au centre à Chikagai. Si jamais je pars et que la lettre est déjà envoyée de ton côté, je me débrouillerai pour que le centre me redirige le courrier, il n'y a aucun problème.
Chikagai est un petit village mais très appréciable, j'ai d'ailleurs fait la rencontre surprenante du Nidaime Kazekage, il était lui même de déplacement et par le plus grand des hasards, j'eus l'honneur de faire sa rencontre. Une rencontre bien agitée je dois dire mais j'en ai tiré de bonnes conclusions.
Plus important encore, j'ai quelques faveurs à te demander. J'ai aidé il y a peu, une petite fille qui se faisait agresser dans une ruelle. J'avais suivi les cris pour finalement voir un homme avec une seringue et un autre tenant cet enfant. Ils parlaient d'organes, rien de bon en effet, j'ai donc agi hors de la juridiction de Suna et sans même une once de autorisation. J'ai blessé quelque peu un des deux hommes avant qu'ils ne prirent la fuite. L'affaire était réglée à mon sens mais la miraculée voulut que je l'aide à nouveau en secourant ses semblables. Ils étaient eux aussi retenu dans un camp, je ne voulais pas me mêler de ces affaires mais malgré moi j'y étais impliqué. J'ai résolu à nouveau un problème en détruisant le camp et en empêchant la fuite des bandits. J'ai agité ma lame Azura comme il se devait en ne touchant pas les points vitaux, je n'ai normalement pas causé la mort. Je me suis tout de même permis de détacher les deux mains du "chef" de son propre corps.
Je suis parti avant l'arrivée des gardes du village. Je croyais être débarrassé mais la gamine me suivait toujours. D'ailleurs elle se nomme Mizuki. Je lui avais annoncé mon souhait qu'elle rentre chez elle, seulement elle n'avait jamais eu de maison ni même de famille. Je me revoyais un peu après mon évincement des Toshiro même si la situation diffère un petit peu. Ma gentillesse me perdra sûrement mais je ne pus résister à cela. Je lui ai alors offert une nuit pour réfléchir à une solution, je comptais la placer dans un foyer spécialisé mais elle refusait catégoriquement. Je me devais donc de trouver une autre solution, encore et encore. Jusqu'à que je revienne le lendemain matin en ayant préparé son départ pour Suna. Elle n'a que sept ans et je ne peux la laisser seule livrée à elle même. Je l'ai alors rapatrié à Suna, elle arriva peut-être en même temps que la lettre ou un peu plus tard. La caravane sera plus lente, pour sûr. Je l'ai prévenu d'un possible interrogatoire malgré sa jeunesse, je lui ai dit que j'allais te prévenir pour qu'avec ton influence tu puisses la faire rentrer et régulariser sa situation.
C'est ce genre de faveur dont je te parlais un peu plus haut, j'ai besoin de ton aide pour qu'elle puisse pénétrer dans notre village et qu'elle vive normalement. Je ne suis pas un expert mais j'ai ressenti du pouvoir en elle, elle pourrait intégrer facilement l'académie. Cependant, elle a aussi besoin d'un logement, je ne veux pas qu'elle aille dans un établissement spécialisé. Peut-être il faudrait lui trouver un foyer privé, une famille. Je compte sur toi pour tout ça, tu dois être très occupée et je t'impose cela, je m'en excuse d'avance. Pour l'argent, je lui ai donné de quoi tenir un temps mais ça dépendra de la durée de mon voyage. A mon retour, je veillerai à son bonheur même si je dois pour cela l'adopter quand l'âge me le permettra. Je sais ce que tout cela implique mais tu sais comment je suis, je m'en contrefiche. Elle est brune et a de beaux yeux bleus, tu la reconnaîtras facilement.
Merci et désolé d'avance, j'ai hâte de recevoir un retour pour connaître ta situation qui m'importe bien plus que tout.
Je suis contente de pouvoir te lire de nouveau. Le manque de nouvelle me fait penser au pire et je ne peux que constater de mon impossibilité d'agir pour te venir en aide. Tu as choisi de ton plein gré d'accompagner Kibo et je ne peux nullement m'opposer à cette décision tout à ton honneur, qui, je suis sûre va forger ton caractère. Je t'envie même d'avoir la possibilité de voir du pays pour moi qui n'ai jamais quitté Kaze.
Concernant la fillette ne t'en fais pas. En tant, qu'intendante du Kakumeigun, les informations concernant les arrivées des convois me parviennent et je demanderais aux gardes de m'aviser lorsqu'elle arrivera. Je ferais en sorte de suivre tes consignes et qu'elle se sente bien même si la solitude risque de la gagner un moment avant que tu ne reviennes : tu as donc une raison supplémentaire pour rentrer.
Pour ma part, bon nombre de choses ce sont passées ces derniers temps... Ma relation avec Shinji est arrivée à son terme mais cela tu l'avais peut-être déjà remarqué lors de mon hospitalisation après être rentrée de l'île. Oniri ne voulait plus m'adresser la parole pour des raisons que je comprends et que je t'exposerais peut-être un jour. Etant ma meilleure amie et ayant partagé mon cœur, il m'a été difficile de faire face à cela. Je me suis enfermée sur moi même, m'enfermant au manoir sans espérer revoir la lumière du jour. Cependant ma maladie m'a contraint à me rendre à l'hôpital où j'ai reçu le soutien de Kioshi, mon chef et mon ami. Shinji avait requis ma présence dans le bar dont il a fait acquisition pour me demander de le gérer en son absence durant plusieurs mois mais je n'étais pas moi même. Megami a repris le dessus sur moi et il l'a pertinemment remarqué mais pour autant il n'a pas hésité à profiter de la situation pour abuser de moi alors même que j'espérais obtenir son soutien. Il a trahi la confiance que je lui portais et je me suis retrouvée bien seule... Kioshi était là, fort heureusement et aujourd'hui j'ai su tirer un trait sur cette histoire.
Plus important encore : j'ai rencontré mon père... Il cherchait à se venger de Megami qui lui avait causé du tord et j'ai appris par la même occasion que cette entité démoniaque n'était autre que ma mère... Te rends-tu compte ? Quelle genre de mère pourrait faire subir cela à son enfant ? Je suis restée sous le choc et je n'en reviens toujours pas... Mon père s'est retiré dans la nuit après m'avoir apporté quelques réponses mais nul doute qu'il réapparaîtra un jour ou l'autre. Megami a été scellé par ses soins temporairement, ce qui me laisse du répit : je revis d'être enfin seule dans ma tête sans avoir à me préoccuper d'elle par crainte qu'elle ne puisse reprendre le contrôle.
Cependant, cela s'est avéré plus compliqué puisque en perdant Megami j'ai aussi perdu de sa puissance et donc de ma résistance face à ma maladie... J'aurais préféré t'en parler en face plutôt que de t'en aviser par courrier mais au vue des circonstances je préfère tout de même t'en informer au cas où il m'arriverait quelque chose d'ici avant ton retour. Me voyant faiblir, j'ai consulté le médecin en charge de mon dossier depuis mon plus jeune âge, qui, après plusieurs tests en a conclu le diagnostic suivant : mon organisme se fatigue à renouveler mon sang pour palier à ma maladie et l'utilisé n'arrange pas les choses. Le médecin estime qu'il me reste environ cinq années d'existences si je me ménage mais nous savons tout deux que je n'en ferais rien. Je ne vais pas attendre gentiment que la mort vienne me chercher sans me battre et atteindre mes objectifs. Je sais que la souffrance sera difficile à supporter et même au jour d'aujourd'hui il en est ainsi, cela n'ira pas en s'améliorant mais ce n'est pas la maladie qui m'arrêtera dans mon but. Je dois aviser ma sensei et Kazekage d'un projet de grand envergure pour Suna que j'aimerais mettre en œuvre si elle me le permet. Cela sera sans doute le vestige et la trace que je pourrais laisser de moi sur cette terre.
Ne sois pas triste ni en colère. Je ne veux pas lire de la pitié en toi : les choses sont ainsi... Selon mon père, il existe un moyen de me sauver mais cela imposerait de lourds sacrifices : je ne sais pas si je suis en mesure de les affronter. Il me faut le temps de la réflexion mais en attendant, la vie continue : aussi écourtée soit-elle. La mort ne me fait pas peur. En tant que shinobi nous savons que nous la mettons en jeu à chaque bataille mais quoi de plus glorieux que de mourir pour sa nation. Je préférerais tomber au combat qu'emporter par une maladie qui me ronge depuis ma naissance.
Tu n'as pas a t'excuser, je suis ravie de pouvoir te venir en aide tant que je le peux encore. N'hésites pas à m'écrire ou me demander les services que tu voudras : je serais heureuse de pouvoir me rendre utile.
Je t'embrasse fort et à très vite mon petit frère,
