À combien de verres la flavescente en était-elle précisément ? À une dizaine ou plus ? La belle n'en avait aucune idée et vu où elle en était rendue, cela lui était très franchement égal de savoir le nombre exact de verres qu'elle avait ingurgité. Qu'est-ce qui l'avait conduit à prendre la décision de faire une telle chose ? Une intense mélancolie ou une monstrueuse envie de débauche ? En prenant en compte le fait que notre très chère Aru en avait plus qu'assez de se conduire telle une jeune fille exemplaire, de répondre toujours présente pour tout, de sourire comme si de rien, d'oublier la tristesse qui avait décidé d'élire domicile au plus profond de son être etc...En conclusion, la belle demoiselle à la chevelure ambrée était en plein émoi. Elle avait aussi besoin de changer d'air. Comme à son habitude pour aténuer son chagrin, ne serait-ce qu'un instant, elle prit la décision d'aller le noyer hors du Shozaichi. Plutôt que d'aller encore enquiquiner son cousin avec ses histoires, elle décida d'entamer une virée en solo. Avant cela, elle avait du rassurer sa tante ainsi que son père à qui elle fit la promesse qu'elle ne ferait rien d'imprudent qui la mettrait dans une mauvaise posture. Vu qu'ils s'étaient réconciliés, c'était la moindre des choses.

Son père qui s'était rendu compte qu'elle avait pas mal grandi, n'avait pas insisté pour partir avec elle et ne s'était pas non plus obstiné d'imposer la présence de son bien aimé cousin Ren ou de Shizuka par simple précaution. Autant dire que Shin'nosuke s'était pas mal adouci par amour pour sa fille, qui avait été bluffé par le changement surprenant de son père. Celui-ci craignait constamment pour la sécurité de sa fille malgré tout, il dut à contre-coeur se résigner et se dire qu'elle n'était plus une enfant. Il ne pouvait indéfiniment pas lui interdire de faire ce qu'elle voulait. Et surtout craignant qu'elle s'éloigne à nouveau ou qu'elle lui dise « je ne veux plus jamais te voir », il prit la douloureuse décision de la laisser voler de ses propres ailes. Pour qu'elle devienne une jeune femme totalement épanouie, il fallait qu'elle vive, découvre des choses et fasse des expériences par elle-même. Le moment était enfin venu de la laisser déployer ses majestueuses ailes qui ne demandaient que cela. De ce fait après qu'elle ait reçu la bénédiction de son père, qui avait insisté pour l'aider à préparer quelques affaires, Aru avait embrassé sa tante, son père et était allée dire à son cousin qu'elle partait avant de quitter la maison familial ainsi que le Shozaichi par la même occasion.

Gambadant et sautillant partout comme une alliénée, la belle blonde qui s'était pour une fois sentie totalement affranchie, avait parcourue l'ensemble du reste de l'alliance. Au bout de cinq jours de gambadement, la flavescente qui en avait profité pour laisser son autre personnalité prendre le dessus, s'était rendue dans une taverne à Tori no Kuni. Après qu'elle se soit assurée d'avoir une chambre pour au moins deux jours, elle était partie s'enivrer. Comme elle voulait absolument boire seule, elle n'avait pas manqué d'envoyer balader sur les roses tous les hommes qui étaient venus l'aborder. Aussi bien intentionnés que malentionnés, elle les avait tous rembarré. Elle n'était pas d'humeur à se laisser-aller à la débauche ou du moins, elle n'était pas assez ivre pour se décider à jouer les aguicheuses. À croire que sa personnalité sarcastique tenait mieux l'alcool que sa personnalité douce. Mais comme on le dit si bien, chaque chose à une fin et la belle flavescente ne tarda pas à en faire l'expérience. Croyant qu'elle pouvait boire plus que de raison, sans que son corps ne ressente les effets néfastes de l'alcool, Aru tomba de haut au moment où elle remarqua qu'elle était dans l'incapacité de déloger ses fesses du tabouret où elle était pour se rendre à sa chambre.

Ses jambes refusaient de lui obéïr, pour ses mains il en était tout autant. Rien ne voulait la suivre. Était-ce là la limite de son corps ? C'était vraiment déplorable. Avoir un corps frêle au fond, ce n'était vraiment pas la grande joie, se dit la flavescente qui se mit quelques claques sur le visage histoire de se reprendre. En la voyant faire ceci, la charmante serveuse qui s'était occupée d'elle, la rejoint pour lui demander si tout allait bien. N'étant plus très certaine de rien, la jeune kunoichi qui s'était légèrement avachie sur le comptoir, se redressa tout doucement pour toiser du regard la jeune femme qui lui parlait. Sa voix lui semblait si lointaine.

« - Tout...va bien...je vais très bien ! D'ailleurs...si vous voulez bien me foutre la paix...je m'en vais dans ma chambre ! »

C'est d'une voix déplaisante que la belle blonde s'adressa à la jeune femme, qui n'avait pourtant pas été désagréable avec elle. Après ceci, la flavescente se tint au comptoir pour se relever. Alors qu'elle tenait enfin debout, prête à partir, elle tomba en avant mais heureusement pour elle, elle termina dans les bras d'une personne qui passait par là.

La soirée promettait manifestement d'être longue pour la jeune kunoichi, qui avait décidé de jouer la fêtarde pour fêter son affranchissement. Vu l'état dans lequel elle s'était mise en ingurgitant une quantité astronomique d'alcool, elle n'était pas prête de tenir debout toute seule. Ceci Aru le comprit à une vitesse folle car alors qu'elle était partie pour rejoindre sa chambre, elle échoua piteusement dans les bras d'un inconnu. Si ce dernier n'était pas passé par là, la belle aurait certainement fait la connaissance d'un type nommé Plancher. Et pour sûr, avec lui elle aurait été moins chanceuse et son pauvre corps aurait subi quelques dégâts. En conclusion l'inconnu était une genre de sauveur pour la belle blonde. Il était tombé à pic. N'étant apparemment pas du genre malpoli, il adressa à la flavescente un bonsoir auquel la belle ne répondit pas immédiatement. Légèrement sonné et dans le coltard, la belle flavescente resta quelques instants dans les bras de l'inconnu avant de se redresser pour poser son regard sur lui. Elle fit tout ceci sans pour autant quitter ses bras. Se doutant d'avance que si jamais elle lâchait l'inconnu, elle tomberait en arrière à une vitesse folle. Vu qu'elle n'avait pas spécialement envie de s'ouvrir bêtement le crâne ce soir, elle prit une décision qui lui semblait être très sage. La jeune kunoichi avait incontestablement perdu la notion des choses ainsi que que le contrôle de sa mobilité mais pas son esprit, fort heureusement pour elle si non qu'est-ce qui lui tomberait encore dessus ? Ainsi donc, après avoir dévisagé le jeune homme, Aru lui adressa un sourire charmeur. Elle se redressa ensuite tout doucement en s'appuyant sur lui pour terminer par se mettre à hauteur de son visage.

« - Mademoiselle..Est-ce que vous voulez que je demande à quelqu'un de vous raccompagner jusqu'à votre chambre ?, demanda la serveuse inquiète d'une voix timide.
- C'est bon !...Puis...inutile de s'exciter pour si peu. Ce charmant jeune homme ici présent, dit-elle en mettant ses bras autour du cou de l'inconnu, va se faire un plaisir de me raccompagner jusqu'à ma chambre...N'est-ce pas, mon mignon ? »

Après avoir posé sa question au jeune homme, Aru esquissa un sourire espiègle en approchant un peu plus son visage du sien jusqu'à se placer à une distance déraisonnable. Subséquemment, elle laissa l'une de ses mains parcourir le visage du jeune homme pour finir par remonter vers sa joue pour la lui caresser délicatement. Tout comme sa tante, la belle flavescente n'en ratait décidément pas une quand elle était ivre. Séductrice un jour, séductrice toujours ! Était-elle certaine que le jeune homme allait gentiment accepter de l'emmener jusqu'à sans chambre, comme elle le désirait, sans rechigner ? Bien sûr que non, elle n'était pas certaine mais cela n'était guère un souci. Elle ne s'inquiétait nullement pour la suite car s'il y'avait besoin qu'elle use de ses charmes pour obtenir ce qu'elle voulait, elle le ferait sans épiloguer. Après tout, elle était déjà bien assez en condition pour faire des choses qu'elle faisait en temps normal en présence d'un opposant. Jusqu'où la belle avait-elle l'intention d'aller pour réussir à amadouer le jeune homme et l'inciter à accéder à sa requête sans discuter ? Pour l'instant la belle n'en avait aucune idée mais cela n'allait pas durer. Avant de se décider à faire quoi que ce soit d'invraisemblable dont elle seule avait le secret voire même d'inaccoutumé, la belle blonde attendait patiemment que le jeune homme lui réponde.

Plus saugrenue que la belle flavescente, il devait sans nul doute être très difficile d'en trouver, en tout cas dans les personnes se trouvant aux alentours. Sur ce coup-là, la belle gagnait les doigts dans le nez et remportait brillamment le titre de Reine dans la catégorie des "sans-gênes". Voilà une désignation qui ne manquait pas de convenir parfaitement à sa personnalité effrontée. Non seulement elle ne prit guère le temps de remercier le jeune homme de lui avoir évité de faire une rencontre catastrophique mais en plus, elle eut le culot de lui adresser une requête. Plus présomptueuse que la belle blonde, on ne pouvait pas faire. Mais était-ce mal le fait qu'elle se conduise de manière si irrévérencieuse ? Bien sûr que non et là-dessus nulle n'irait prétendre le contraire ou polémiquer. Elle était une femme avant d'être une kunoichi ou autre chose, donc on pouvait bien lui absoudre son côté maniéré. Si on lui retirait cela, que serait-elle ? Elle ne serait plus elle-même bien sûr, ajoutons aussi qu'elle manquerait autant de charme que de piquant. En conclusion, elle serait un genre de femme fade sur laquelle personne n'aurait envie de poser son regard. Et bien entendu, il était hors de question pour la tumultueuse Aru d'être ce type de femme. Elle qui aimait tant marquer les esprits en effectuant des actions sortant totalement de l'ordinaire, c'était inconcevable qu'elle devienne ainsi.

Pour sûr, ce soir ne serait pas le jour où la belle se laisserait accaparer par l'univers des fadasseries. Oh dieu, non ! Alors qu'elle attendait avec impatience la réponse du jeune homme, la belle se mit à lui caresser délicatement la joue. Le type donna l'impression à la belle que ses caresses ne lui faisaient ni chaud ni froid. Était-ce un insensible fini celui-là ? Allez savoir. Par la suite, l'individu qui retint la belle pour l'empêcher de tomber lui demanda le numéro de sa chambre. Ni une, ni deux, Aru esquissa un large sourire espiègle, en sortant sa clef de chambre de la ceinture entourant sa taille. Elle la montra au jeune homme afin qu'il puisse voir le numéro exact de sa chambre. Non pas que la belle ne se souvenait pas du chiffre, elle n'avait juste pas envie de s'embêter à le dire. Après qu'elle ait montré sa clef au jeune homme, ce dernier l'y accompagna sans se temporiser. Durant le trajet vers la dite chambre, Aru joua la fille sage en se contenta simplement d'offrir des sourires aguicheurs au jeune homme qui resta muet comme une carpe. Ce fut vraiment pesant comme trajet pour la belle flavescente qui avait l'impression d'être en compagnie d'un mur. Il faisait certainement parti de cette catégorie de mecs ne riant pas tous les jours voire pas du tout même. Tout à fait le genre d'homme à qui la belle blonde se garderait de dire "oui" pour le restant de ses jours. Même si elle n'avait aucune idée de ce que l'avenir lui réservait, là-dessus elle était intraitable.

Fort heureusement pour Aru, elle n'était pas obligée de s'attarder sur ce genre de choses. En tout cas pas dans l'immédiat, rien ne pressait vraiment. Laissant son esprit vagabonder un peu, la flavescente revint à elle, au moment où elle se rendit compte qu'ils étaient enfin arrivés devant la porte de sa chambre. Profitant de la présence du jeune homme, la blonde s'adossa légèrement contre lui pour pouvoir tenir debout. Elle plissa ensuite ses yeux pour mieux voir le trou de la serrure. Après quelques essais infructueux, la belle parvint tout de même à ouvrir sa porte sans l'aide du jeune homme qu'elle avait retenu après avoir décrété que sa présence ne serait pas de trop.

« - J'espère que tu n'es pas...attendu, ailleurs ?, demanda-t-elle d'une voix enjouée, en ouvrant grand la porte contre laquelle elle s'appuya pour ne pas tomber. Si c'est oui, tu peux partir je ne te retiendrais pas, si non... »

La belle blonde hocha sa tête de côté pour faire comprendre au jeune homme que si jamais il n'était pas attendu quelque part, il pouvait entrer. N'attendant cependant pas la réponse de l'intéressé, la flavescente qui finit de pénétrer dans la chambre, se rendit difficilement vers un fauteuil qui se trouvait dans la pièce, à quelques pas de l'entrée. Une fois sur place, elle se laissa lamentablement tomber dessus sans retirer ses chaussures. Ceci fait, elle regarda vers l'endroit où se tenait le jeune homme.

« - Alors...Tu restes avec moi ou tu pars rejoindre ta copine ? »

La belle flavescente était tout sauf une simple d'esprit malgré son état d'ivresse. Pour éviter de bêtement se prendre un râteau ou de se retrouver dans une situation aussi fâcheuse que celle dans laquelle elle s'était récemment retrouvée, la jeune kunoichi eut l'idée de faire deux propositions au jeune homme pour s'assurer de quelque chose. Soit il prenait la porte pour aller retrouver une personne qui l'attendait quelque part, soit il restait là avec elle et dans ce cas-ci, la belle ne se gênerait point pour lui faire un accueil hautement chaleureux pour le remercier comme il se devait d'avoir été si charmant envers elle en acceptant de l'accompagner jusqu'à sa chambre. Quelqu'un d'absurde Aru ? Bien sûr que non, notre chère flavescente n'était nullement ce genre de personne. Disons juste qu'elle avait une façon bien à elle de faire les choses, sans se soucier des ragots. Jusque là, elle avait tu ce côté-là d'elle mais maintenant qu'elle était plus ou moins affranchie et prête à abdiquer son innocence, rien ne l'empêchait de le laisser exploser. Peu importe qu'elle ne connaisse rien sur son bienfaiteur. Alors qu'elle terminait de convenablement s'étaler sur son fauteuil, la belle blonde entendit la réponse du jeune homme qui lui répondit qu'il n'était attendu nulle part et qu'il n'avait personne. Bah voyons ! Était-ce vraiment vrai tout ça ou il le disait juste pour embobiner la blonde qui semblait aussi vulnérable qu'un chérubin ?

La flavescente ne fit rien d'extraordinaire après avoir entendu la phrase du jeune homme, qui s'avança jusqu'à sa hauteur. Lorsqu'il fut assez proche d'elle, la belle blonde releva ses yeux pour le regarder. Même si elle n'était pas vraiment lucide, elle eut l'impression de lire de la tristesse dans les yeux du jeune homme à la voix calme et placide. Était-ce son imagination ? Sans aucun doute. Continuant à fixer son interlocuteur, la flavescente se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir ensuite. Cette question qui se développait lentement mais sûrement dans son esprit n'y resta pas longtemps. Alors qu'elle ne s'y attendait absolument, le jeune homme posa l'un de ses doigts sur sa joue pour la caresser. Subséquemment il baissa ses yeux puis les releva aussitôt pour plonger son regard dans celui de la flavescente, qui n'en revenait pas de ce qui était entrain de se dérouler. Vu la carrure du jeune homme, la belle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il fasse une chose. Comme on le dit si bien, il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture et donc il ne faut jamais se fier aux apparences. Un visage placide peut cacher un visage que nulle ne soupçonnerait. Se noyant dans le regard du jeune homme, la flavescente releva tout doucement sa main pour tout d'abord la poser sur celle de l'inconnu avant de redresser le haut de son corps pour placer son visage à une faible intervalle comparé à celui du jeune homme.

« - Que cache ce visage rendu amer ?, elle approcha tout doucement ses lèvres des siennes. Ton visage est semblable à celui d'une personne ayant connu nombreuses déceptions...Raconte-moi ce qui t'est arrivé... »

En même temps qu'elle pose ses questions, Aru remonte sa main le long du cou du jeune homme qu'elle tira légèrement vers elle de façon à ce qu'il se retrouve collée à elle et surtout qu'il prenne place sur la fauteuil. Ceci fait, la flavescente se rapprocha du cou de son invité. Elle le lui caressa délicatement avant d'avancer ses lèvres pour y déposer un baiser. Ne s'arrêtant pas, elle laissa sa main aller caresser sa nuque.

« - Dis-moi...Qu'est-ce qui t'a rendu ainsi ? », lui chuchota-t-elle à l'oreille en continuant ses actions insolites.

Il ne manquait plus que le « Confesse-toi, mon enfant » à la magnifique prestation de la belle flavescente pour qu'elle passe pour une parfaite religieuse. Il n'y avait pas si longtemps, elle avait du s'improviser maman et voilà que maintenant elle était partie pour se mettre dans la peau d'une femme d'église pour les beaux yeux du jeune homme en qui elle pensait avoir trouvé le compagnon idéal pour une nuit de folie. Elle était assurément incorrigible quand elle se lâchait notre chère Aru. Mais bon, elle pouvait bien se permettre de faire ce qu'elle voulait puisqu'elle n'avait aucune attache ailleurs, qui la pousserait à mettre fin à ce qu'elle s'apprêtait à faire. De ce fait, tandis qu'elle continuait ses actes insolites, la belle attendait que le jeune donne une réponse claire à ses questions. Était-ce vraiment important pour elle de savoir ce qui avait aigri son convive ? Bien sûr. Même si elle n'en avait point l'air, elle tenait tout de même à connaître, ne serait-ce, qu'une infime partie de la vie de l'homme à qui elle allait ouvrir les portes de son paradis où aucun homme n'avait jamais mis les pieds. Il était question de son innocence pardi ! Même si elle doutait de revoir le jeune homme plus tard, elle trouvait plaisant qu'il accepte de partager une partie de sa peine avec elle. Au moins pour la forme ainsi que le savoir-vivre. Ce n'est effectivement pas très crédible tout ça, enfin bon...Nous ferons comme il en était ainsi pour ne pas défrayer la chronique encore moins susciter le courroux de Mademoiselle.

Son invitation à la débauche lancée, la demoiselle à la chevelure ambrée se laissa emporter par une vague de folie qui lui susurra de ne penser à rien d'autre, si ce n'est à elle ainsi qu'à ce qu'elle était présentement entrain de faire. Mettant légèrement sa tête en arrière, la flavescente qui savourait les retours de douceur de son invité, fit descendre sa main le long du dos du jeune homme. En plus de ne lui donner aucune réponse, ce dernier lui fit comprendre qu'il n'avait pas très envie de parler en plaçant l'un de ses doigts devant sa bouche. Où est-ce que ce mec avait appris les bonnes manières ? Et si la belle elle avait envie de parler ? Il y avait songé à ça ? Tout de même, ils n'étaient pas des bêtes, ils pouvaient se parler avant d'entamer le chemin vers la Jungle des plaisirs infinis. Non mais ! Resta un peu bouche bée, la belle ne montra nullement sa contrariété du moment, elle sourit simplement avant de répondre fougueusement au baiser de son convive à qui elle retira sa veste pour la jeter au sol. Tout en continuant à l'embrasser, elle lui retira ce qu'il portait en haut de façon à ce qu'il se retrouve torse nu. Ceci fait, la belle mordilla un peu la lèvre du jeune homme par jeu avant de se redresser pour le pousser à s'allonger sur le fauteuil et de prendre une position dominatrice sur lui. Par la suite, la flavescente offrit au jeune homme un sourire espiègle en disant long sur ce qu'elle allait faire.

Aru grande impertinente ? Non, jamais de la vie ! S'il y'avait une chose que la belle flavescente n'aimait pas, c'était bien évidemment se retrouver à la merci de quelqu'un. Et ce dans n'importe quelle situation. Ça la faisait enrager de ne pas être la personne menant la danse. Dès qu'elle se trouvait dans une situation où elle pouvait montrer son fort penchant pour la domination, la belle n'hésitait pas une seule seconde. Elle était en effet pure qu'au niveau du corps, notre très charmante sulfureuse.

« - Puisque tu refuses de me dire ce qui t'est arrivé pour que tu en viennes à te balader partout avec une tête de déterré...Dis-moi, comment tu t'appelles ? »

Elle se pencha vers son torse pour y déposer un bisou avant de laisser ses lèvres glisser le long jusqu'à ses hanches. Elle s'arrêta au niveau de son nombril pour ensuite remonter le long de son torse en se servant de sa langue qui semblait être une experte en la matière. Elle fit ceci sans lui retirer son pantalon, n'étant pas vraiment pressée de rejoindre le Royaume de Venus, la belle offrit à son convive un sourire taquin en défaisant toute seule la fermeture de sa robe. Après l'avoir retiré, elle prit les mains du jeune homme pour les placer au niveau de ses hanches.

« - Et cette fois, n'esquive pas ma question si non…tu vas te retrouver avec un torse couvert de griffures. »

Elle posa ses mains sur le torse du jeune homme avant de descendre le long de celui-ci en faisant mine de le griffer. Bien sûr, le jeune homme ne pouvait par la suite que ressentir la fermeté des doigts de la flavescente parcourant le long de son torse découvert et non des griffures, étant donné que la belle n'en avait pas. Ce qui est d'ailleurs dommage vu qu'on aurait pu lui attribuer le statut de tigresse qu'elle méritait largement...enfin bon, si la demoiselle s'amusait ainsi c'était pour inciter son invité à délier sa langue pour répondre sérieusement à la question qu'elle venait de lui poser.

Couvert de baiser, alors que la jeune femme lui retira rapidement son haut, afin qu’il se retrouve torse nu… Celle-ci, commença rapidement a se placer, pour atterrir sur les jambes du démon… Mais tout aussi rapidement, elle reprit avec une certaine curiosité apparente…

Elle demanda le nom du manieur de temps, puis elle continua plein de baiser, qui faire ressentir un étrange sentiment au jeune homme… Une sorte de frisson… Ca faisait longtemps qu’il n’avais senti une chose pareil, alors que la jeune blonde lui expliqua qu’elle aller le couvrir de griffure, s’il ne répondait pas… Alors que l’homme aux yeux dorés expliqua :

-Demon… Jisetsu Demon, et toi ?

Cela pouvais semblait étrange… Surtout pour lui, un sentiment humain certes… Mais un sentiment commença a le titiller… L’envie… Le désir… Ne le blâmer pas, qui dans se genre de situation n’aurais pas ressenti la même chose ?...

Le manieur de temps repris a embrassé la cou de la belle, afin de lui laisser le temps de répondre, puis il repris a l’embrasser, dans des baisers chaud, et doux… Le démon, n’avais pas un tempérament bestial dans ce genre de situation, il avait le sang froid… Dans n’importe quel situation, celle la compris…

Pourtant, son âme commencée doucement a succombé au désir charnel… Toute réflexion s’en n’étant soudainement aller, afin de laisser uniquement ressentir chaque instant de cette danse sensuel.

Les mains de l’homme aux yeux dorés, sur le corps dénudé de la blonde glissant sur le dos de celui-ci serrant légèrement le corps de celle-ci avec le sien, sous d’innombrable baiser glissé sur les lèvres de la demoiselle.

La passion commencé a envahir le corps du démon, malgré son calme toujours aussi apparemment… Alors que légèrement plus de fouge est d’envie commencé a se faire ressentir dans chacune de ses caresses… Un démon sans émotion ?... Peut-être… Mais peut-être que les émotions, parfois même bien caché, finisse par se faire ressentir.

Le stratagème qu'avait mis au point, notre très chère tigresse, pour obtenir quelconque réponse de la part du jeune homme, obtint un bon résultat. À croire qu'il n'avait pas envie de se faire griffer. En même temps, ça se comprenait, il aurait fallu qu'il soit complètement aliéné ou maso pour accepter qu'on lui fasse du mal. Quoi que, ça aurait pu lui faire un beau souvenir. Se faire profondément marquer par une féline assoiffée de sensations fortes, ça pouvait aussi avoir son charme. D'accord, il n'est pas question de cela ici. Ainsi donc, l'amant de la flavescente déclina son identité et lui retourna ses nombreuses douceurs. L'instant magique vers le palais des joies infinies se poursuivit, la belle offrit au dénommé Demon un moment de tendresse qu'il n'était pas prêt d'oublier. Et elle non plus d'ailleurs. Après lui avoir retiré les vêtements qui restaient sur lui, elle prolongea ses actes plus loin qu'elle n'aurait du dans le but de l'entendre gémir face à l'accroissement de son désir. Le sien quant à lui n'avait pas encore atteint son point le plus culminant malgré les nombreuses caresses provenant du jeune homme. Allez savoir pourquoi la belle ne frissonna pas autant qu'elle l'aurait cru. Elle qui s'était toujours imaginé qu'au moment où elle se déciderait enfin à s'offrir à celui qui la méritait, elle ressentirait une émotion transcendant tout, elle tomba des nues. Elle n'était évidemment pas insensible, loin de là, d'ailleurs elle frémit de tout son être durant tout le temps où ils explorèrent chacun les courbes de l'autre. Dire que ce n'était pas fascinant, nous n'irons pas jusque là, enfin...

Pour en revenir à la belle et son amant, alors qu'elle s'apprêtait à lui offrir son innocence la flavescente fut prise une sorte de douleur qui se déclencha sans prévenir en premier lieu au niveau de son dos. Après ça, la flavescente resta un moment, tête baissée sur le torse de Demon qu'elle caressa avec ardeur alors que la douleur qu'elle ressentait, parcourait l'ensemble de son corps. Elle se poursuivit jusqu'au niveau de son cœur, ce qui poussa la belle à lâcher un petit cri de douleur ressemblant à un gémissement. Mais qui n'en était pas un. La belle mit ensuite sa main au niveau de sa poitrine. Elle pressa légèrement dessus en s'allongeant tout doucement sur le jeune homme. Pour quelle raison la belle avait-elle aussi mal au cœur ? Et pour quelle raison la douleur s'était-elle réveillée juste au moment où elle allait entamer l'étape la plus importante de sa soirée ? S'offrir à quelqu'un c'est quand même un moment très important, surtout si c'est la première fois qu'on le fait. N'êtes-vous pas de mon avis ? Après chacun voit cela comme il veut, bien entendu. Pour ma part je pense que si, c'est une étape très importante dans la vie de chaque personne et en tant que tel, cela devrait être abordé avec plus de bienséance que de coutume. N'est-ce pas ? Après ceci n'est qu'un avis qui n'engage que moi et que je vous exprime. Pour la belle blonde, les choses avaient pris une tournure à laquelle elle ne s'y était absolument pas attendue.

« - Pourquoi... ?, demanda-t-elle tout bas comme si elle s'adressait à une personne qu'elle-seule pouvait voir. Pourquoi a-t-il fallu...que ça arrive maintenant... ? »

Décidant finalement d'écourter l'instant passionnel, la jeune kunoichi se redressa tout doucement pour regarder Demon dans les yeux. Le contemplant longuement sans lui adresser la parole, la belle crut durant l'espace d'un instant apercevoir à la place de son convive, l'homme qui occupait ses pensées. Subséquemment, la flavescente remonta tout doucement sa main le long du corps du jeune homme pour la poser contre sa joue.

« - Tu n'es pas...lui..., formula-t-elle d'une voix mélancolique en lui caressant délicatement la joue. J'aurais beau continué à faire semblant comme si rien ne me touchait, je pourrais même prétendre être une autre Aru, complètement désinvolte...différente de celle qu'il a connu...Rien, rien ne changera, en tout cas pas mes sentiments...Je suis vraiment désolée, Demon... »

Continuant de caresser la joue de Demon, Aru la laissa glisser le long de son visage jusqu'à son cou avant de s'allonger à nouveau sur lui.

Il aura fallu qu'il fasse son apparition, juste au moment où la jeune tigresse s'apprêtait à offrir sa personne. Pourquoi a-t-il fallu qu'il surgisse juste à cet instant-là ? Et pourquoi faisait-il ainsi preuve de scélératesse au moment où la flavescente en avait le moins besoin ? Maudit soit l'état d'âme. La belle flavescente qui pensait qu'elle ne serait point ralentie par lui, fut désappointée. Elle le fut d'autant plus au moment où elle se rendit compte que son cœur était toujours attaché à cet homme qui ne lui offrirait rien d'autre que la peine. Y'avait-il quelque chose qu'elle pouvait faire pour ne plus songer à cette passion qui la dévorait de l'intérieur ? Devait-elle se faire arracher le cœur ? Soit, s'il n'y avait que cela pour que son âme retrouve son calme d'antan, la belle se résoudrait à accepter son sort, sans même rechigner. Quitte à ce qu'ensuite, elle se retrouve à jamais prisonnière du pandémonium. Alors que son corps disparaissait tout doucement dans les ténèbres sans forme, Aru qui sentait son cœur se fissurait, tendit une main en avant comme si elle voulait attraper quelque chose. Subséquemment, elle perdit la notion de tout, même de la douleur. Son corps se mit à vagabonder entre l'espace et le temps. Entendant une faible voix l’interpeller, la flavescente se mit à courir tout doucement vers là où elle crut distinguer la voix. Lorsqu'elle y parvint, elle vit le ciel commencer à s'éloigner d'elle et à se noircir pour finir par se fragmenter.

Après que le ciel se soit morcelé, la belle blonde qui ressentit une forte douleur dans sa poitrine, se mit à genoux. Tête baissée, la belle se laissa accaparer par un sentiment de vide, qui lui donna l'impression que son cœur lui-même était entrain de se parcelliser. Il partait en morceau, tout comme le ciel gris qui avait désormais disparu. Ressentant de plus en plus de la tristesse, la jeune flavescente poussa un énorme cri qui résonna partout et transperça en même temps les ténèbres qui l'entouraient. Lorsque cela se produit, Aru sursauta de frayeur, l'instant d'après elle ouvrit ses yeux pour se rendre compte que ce qu'elle venait de vivre n'était autre que le fruit de son imagination vadrouilleuse. Reprenant tout doucement son souffle, la belle lâcha un soupir de soulagement. Après ça, elle se tortilla un peu dans le lit dans lequel elle dormait et au moment où elle voulut s'étendre, elle remarqua qu'elle n'était pas toute seule. Très surprise, elle balaya du regard la chambre. Ce n'était manifestement pas la sienne. Mais ce n'était pas ça le plus important ! Qui était ce jeune homme ? Plus important encore, qu'avait-elle bien pu faire ? Tentant de rassembler ses esprits, la flavescente poussa un cri de douleur en se tenant la tête où elle avait très mal. À en juger par cela, elle avait ingurgité une quantité colossale d'alcool. Cela expliquerait beaucoup de choses. Écarquillant ses yeux, elle les posa sur le jeune homme qui dormait paisiblement dans ses bras. Par la suite, elle se rendit compte qu'elle ne portait aucun vêtement sur elle. Assez rapidement, elle lâcha le jeune homme puis remonta le drap sur elle pour cacher sa poitrine.

« - Mais qu'est-ce que... ? Qu'est-ce que je fais ici ? Et...euh... »

Rougissant fortement, elle fixa le jeune homme avec un air complètement stupide. Que pouvait-elle faire d'autre de toute façon dans cette situation ? Pas grand chose, pardi. Se réveiller dans un lit avec un inconnu, dans une chambre inconnue...pour la belle qui n'était pas habituée à ce genre de choses, il y'avait de quoi à avoir la frousse. Ça lui apprendrait de boire comme un trou, tiens !

« - Enchantée, dit-elle d'une voix timide en inclinant la tête, moi c'est Aru... Et toi ? »

Plus cruche qu'Aru en cet instant, c'était difficile de faire. Après avoir passé une nuit torride dont elle n'avait pour l'instant aucun souvenir, la voilà qui jouait sa prude.

Le bouton « replay » ne s'étant pas encore enclenché, la flavescente était dans l'incapacité de se souvenir avec exactitude de ce qu'elle avait fait avec le jeune homme qui se trouvait dans le lit avec elle. Mais déjà au vu de ce qu'elle avait sous les yeux, elle pouvait se hasarder à émettre une petite hypothèse. Erronnée ou pas, ça, elle n'en savait rien pour l'instant. Son mal de crane lui indiquait qu'elle n'y était pas allée de mains mortes pour s'enivrer. Sa nudité quant à elle, lui signalait qu'elle avait passé une nuit ardente. Ce ne serait pas impossible. Un homme et une femme, nus dans un lit...il n'y avait vraiment pas besoin de s'appeler Colombo encore moins d'aller chercher loin pour savoir qu'elle avait franchi le cap et n'était de ce fait plus une petite fille encore moins une jeune femme chaste. N'en doutez pas une seule seconde, l'imagination d'une demoiselle effarouchée peut aller très, très loin. Notre très chère Aru, qui était persuadée qu'elle était enfin devenue « une vraie femme », se mit dans tous ses états. Elle savait qu'un jour cela lui arriverait mais ce qu'elle ne savait pas c'est qu'elle n'en aurait aucun souvenir le lendemain. C'était autant angoissant que lamentable de se retrouver dans une telle situation. Limite partie pour se ronger les ongles dans son petit coin de lit et s'enfoncer dans le mur se trouvant en fond, la belle blonde, qui attendait avec impatience la réponse du jeune du jeune homme, lui jeta un regard craintif digne de celui d'une petite fille faisant face à sa pire angoisse.

Si elle avait pu, au moment où le jeune homme posa son regard sur elle, la belle flavescente aurait à nouveau reculé. Mais voilà, elle ne le pouvait plus étant donné qu'elle était déjà contre les barrières du lit. De son côté, le jeune homme qui continuait à la dévisager lui demanda si elle ne se souvenait vraiment pas de lui ? Quel marrant celui-là, elle n'était pas stupide au point de lui demander quelque chose qu'elle savait déjà. Il s'approcha ensuite jusqu'à elle pour l'embrasser en coin avant de décliner son identité. Subséquemment, il lui dit que c'était dommage qu'elle ne se souvienne pas de ce qu'ils avaient fait car il avait aimé leur moment en rajoutant qu'elle embrassait bien. Il posa par la suite un doigt sur les lèvres d'Aru, qui avait les yeux bien arrondis. Dans sa poitrine, les battements de son cœur devinrent de plus en plus forts, son souffle quant à lui devint saccadé, si tant que la belle put ressentir une douleur innommable. Après ça, elle sentit un fort courant électrique parcourir l'ensemble de son corps. Durant l'espace d'un instant, la belle aperçut de nombreuses images défiler devant ses yeux. À commencer par ce qui l'avait poussé à venir s'égarer en ces lieux, ce qu'elle avait fait dans le bar où elle avait été boire, sa rencontre avec le jeune homme et enfin...ce qu'elle avait fait avec lui. Lorsqu'elle se rappela de tout, Aru sursauta de frayeur. Elle ne se savait pas aussi indécente, sa propre personnalité cachée la surprenait.

Il y'a des choses dont on ne devrait jamais se rappeler, se dit la belle en observant le dénommé Demon. En tout cas, elle savait maintenant que même si elle avait fait des choses « osées », son innocence dissimulée était intacte. Si elle était soulagée de ça ? Elle n'en avait que faire. Un jour elle devait bien l'offrir à quelqu'un alors Demon ou un autre, qu'est-ce que ça pouvait changer ? Sans doute beaucoup de choses, surtout que la flavescente savait que son cœur désirait un fantasme. Ce cœur, il faudrait qu'il voie à s'attacher à quelqu'un d'autre un de ses jours. Soupirant fortement de lassitude, Aru qui ramena ses jambes vers son cou, fixa un instant le vide avant de relever ses yeux pour regarder Demon.

« - Je suis vraiment désolée pour hier soir...je n'avais pas l'intention de te mettre dans une situation embarrassante...J'aimerais tellement qu'on me l'arrache ce cœur égoïste..., murmura-t-elle en arborant un visage triste. Je n'ai pas envie de faire souffrir qui que ce soit...si ça continue, je vais...je ne tiendrais pas longtemps ainsi...Je le hais, je le hais... »

Après ses mots, Aru se recroquevilla contre elle-même et enfonça sa tête au creux de ses bras.

À quoi devait-elle s'accrocher pour éviter que la noirceur qui s'était enracinée en elle, ne prenne plus de terrain ? Sur quelle épaule devait-elle se poser pour espérer oublier ses tourments ? La flavescente, qui se laissa doucement monopolisée par la mélancolie, se posa nombreuses questions qui elle se doutait ne trouveraient jamais de réponses claires. Pourquoi l'amour était-il si compliqué ? Ne pouvait-on pas aimer sans ressentir de souffrance en retour quand la personne désirée n'est pas un coeur à prendre ? Est-ce que tout cela valait la peine qu'elle se mette dans de tels états ? Alors que la belle était entrain de littéralement se morfondre dans son coin, elle entendit la voix de Demon retentir. Cette dernière parvint à l'extirper de ses chimères sans forme. Malgré qu'elle n'avait pas la tête à quoi que ce soit, la belle blonde tendit l'oreille pour écouter parler le jeune homme. Celui-ci lui parla de choses et d'autres. Il lui dévoila une bonne partie de l'existence qu'il avait menée jusque là. Il avait manifestement vécu de nombreuses choses difficiles lui aussi et apparemment c'est ce qui l'avait rendu aussi aigri ensuite.

Aru espérait de tout son coeur qu'elle n'en arriverait pas là. Elle était certes entrain de se perdre récemment néanmoins, elle se rassurait en se disant que cela ne durerait point. Il était hors de question pour elle de perdre la face devant le déchirement, avec de la détermination, elle parviendrait à vaincre son chagrin en se concentra sur autre chose. S'attardant sur ce que Demon avait dit sur le fait qu'on finit par accepter la souffrance avec le temps, la belle fixa le vide avant de regarder le jeune homme. C'était très pertinent comme parole, elle devait le reconnaître. Arborant ensuite un visage vide de toute émotion, la jeune flavescente regarda tout d'abord la fenêtre avant de poser ses yeux sur le jeune homme.

« - Je n'ai pas l'intention de rester là à attendre que la déchirure de mon coeur n'engloutisse jusqu'à mon âme pour un homme qui ne me regardera jamais, dit-elle d'un ton mélancolique en quittant le lit pour aller attraper une veste posée sur le dossier d'une chaise pour la mettre sur elle. J'aimerais tellement pouvoir parvenir à transformer ce que je ressens en force… »

Après ses mots, la belle qui se tenait devant la fenêtre, regarda le ciel à travers. Elle leva tout doucement sa main au-dessus avant de la placer contre la fenêtre et de souffler. Faisant cela, elle entendit les mots de Demon résonner en elle et tourner en boucle dans sa tête. Sombrer, ce n'est pas ce qu'elle voulait, non. Criant intérieurement, la flavescente qui sentit des larmes monter en elle, se laissa doucement glisser le long de la fenêtre jusqu'à atteindre le sol. Subséquemment, elle ramena ses jambes vers son visage et les plia ensuite, prenant ainsi une position de recroquevillement. Malgré qu'elle fut dans un état de souffrance, aucune larme ne s'échappa de ses prunelles dorées qui s'assombrirent.

« - Je ne veux pas de ça…non... », formula-t-elle tout bas en mettant sa tête contre ses avant-bras.

Alors qu'elle était en plein état de fragilisation, Aru distingua la voix de Demon. Celui-ci lui sortit une phrase que la belle ne comprit pas tout de suite la signification exacte. Vu comment elle était présentée, la belle flavescente la prit comme une déclaration d'amour. Ce qui fait qu'elle s'affola assez rapidement après l'avoir entendu. En plus de ça, elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'un homme qu'elle venait tout juste de rencontrer lui fasse une déclaration encore moins de ce genre. Dire à quelqu'un qu'on ne connaissait ni d’Ève ni d'Adam « Je possède la force de vivre pour deux », « Ma force pourrait devenir tienne », ce n'était absolument pas banal. C'était vraiment très romantique, en plus de ça. La flavescente qui ne savait pas trop quoi répondre ni comment réagir sur le coup, resta de marbre devant les paroles du jeune homme qui poursuivit son magnifique discours. Quoi que, la suite ne fut pas aussi splendide que le début.

Les paroles suivantes de Demon firent comprendre à Aru qu'elle s'était complètement fourvoyée sur ce qu'il essayait de lui dire. Oui, il n'était pas question de déclaration passionnelle, il lui avait dit ses belles paroles parce qu'il espérait qu'elle prendrait la décision de partir avec lui et de quitter tout ce qui la chagrinait. Redressant la tête pour contempler Demon, Aru s'attarda sur « C'est une liberté totale, d'être libre de tes actes ». Il lui dit ça après lui avoir précédemment sorti qu'elle risquerait de se faire traquer tel un animal sauvage. N'avait-il pas l'impression que ses phrases se contredisaient elles-mêmes ? Cette liberté qu'il lui promettait, où se situait-elle dans tout ça ? La jeune kunoichi ne voyait pas vraiment les choses ainsi, pour elle la liberté totale, serait de vivre comme elle le pensait sans jamais avoir besoin de se soucier de quoi que ce soit d'autre. Surtout pas du fait d'être traquée comme une bête.

« - Ce que tu as dit avant c'était vraiment magnifique, dit-elle en se levant. N'importe quelle fille saine rêverait d'entendre ses mots sortir de la bouche de son bien aimé, elle sourit de manière triste en allant s'asseoir sur l'une des chaises se trouvant dans la pièce. Tu es un shinobi de quel village, dis-moi ? »

Avec tout ça, la belle se rendait compte qu'elle avait complètement oublié de s'intéresser à ce qu'était Demon avant d'être un homme. Il était enfin temps qu'elle s'intéresse à autre chose. Désormais, elle n'allait pas commettre la bourde de se jeter dans ses bras alors qu'elle savait strictement rien à son sujet. Les relations, quelles qu'elles soient devaient toujours commencer par les bases, se dit la flavescente qui attendait impatiemment que Demon lui parle un peu plus sérieusement de lui. Vu qu'il semblait connaître quelques principes du système shinobi, il n'y avait pas besoin qu'elle lui demande s'il en était un. Elle était blonde en apparence mais pas fondamentalement. Heureusement pour elle.

Alors qu'elle attendait avec impatience la réponse de Demon, Aru laissa son esprit gamberger tout doucement vers le Royaume de la méditation. Partir et tout abandonnder derrière elle. Était-ce vraiment la meilleure chose qu'il lui restait à faire afin d'espérer parvenir à vaincre son chagrin qui lui était devenu insupportable ? Était-ce vraiment l'option la plus raisonnable qui lui restait ? Non, ça ne pouvait pas en être ainsi. Il y'avait forcément quelque chose d'autre qu'elle pouvait faire avant d'en arriver à des mesures draconiennes. Tout ne pouvait pas reposer sur la fuite. Se refusant à baisser les armes et déclarer forfait, sans avoir tenté de se battre avant contre le sentiment importun qui la consumait, Aru s'accrocha fortement à l'espérance. Cette dernière l'avait lâché il y'a un moment déjà, malgré tout, la belle voulut croire qu'elle reviendrait vers elle pour l'aider à surmonter tout ça et à la sortir de ce mauvais pas, qui n'avait fait que trop durer. Trop optimiste notre petite blonde ? Sans doute. Mais dites-moi, si nous ne pouvons plus nous accrocher à l'espoir, que nous restera-t-il ? Et où irons-nous ? Assurément vers le début de la fin.

Il n'était pas question pour la jeune flavescente que sa vie qui n'avait même pas encore atteint son paroxysme ne se retrouve brisée par quelque chose d'aussi vain. Elle transcendrait ses émotions. En même temps qu'elle spéculait sur son triste sort, la flavescente écouta avec attention la réponse de Demon, qui lui révéla être originaire du Pays des Vagues. Il lui dévoila ensuite être un ancien Kirijin ayant décidé de renoncer à la vie là-bas pour être libre. Puis il rajouta avoir été traqué jusqu'à la destrcution de Kiri. La conclusion du discours de son interlocuteur surpris beaucoup Aru. Était-il vraiment certain de jouir d'une liberté intégrale ? Il ne pouvait assurément pas vivre des instants de quiétude dans des conditions comme celles qu'il énonçait. C'était tout bonnement impossible qu'il puisse être vraiment heureux. Scrutant l'ancien Kirijin, Aru soupira légèrement en se disant qu'ils n'avaient manifestement pas la même notion du mot « liberté intégrale ».

« - Je suis native d'Ame no Kuni et tout comme toi je suis une ancienne Kirijin. Après la desctruction du village caché de la brume, ma famille et moi-même avons erré un peu partout avant de nous décider à poser nos bagages quelque part... D'ailleurs en parlant de ça, elle arbora un visage triste en se pinçant un peu l'avant-bras, aujourd'hui je me demande si la décision que j'ai pris il y'a quelques temps, de m'installer, est la bonne... Enfin, je verrais bien d'ici peu où tout cela va me mener. Dans tous les cas, ta proposition de partir avec toi est vraiment très alléchante... »

Aru le reconnaissait clairement que la proposition était séduisante cependant, elle ne pouvait aisément pas se permettre répondre « oui » sans avoir pris le temps d'y réfléchir, de peser le pour ainsi que le contre. Il y'avait tout de même pas mal de choses en jeu, voilà pourquoi elle devait être extrêmement prudente. Et puis, elle devait aussi en discuter avec son père et sa tante. Si elle prenait la décision de quitter le Shûkai, il fallait quand même qu'ils soient au courant. Il ne s'agissait pas de partir comme une gamine irresponsable fuyant la maison familiale. Elle avait mûrie alors autant en prendre conscience, agir comme tel et se dire qu'il y'a des décisions qui ne sont pas à prendre sur un coup de tête.

« - Je suis au regret de t'annoncer que je ne vais pas pouvoir te donner de réponse positive immédiatement, je te promets cependant d'y réfléchir... Demon... »

La tonalité de la voix de la flavescente était assez particulière et sérieuse pour faire comprendre à Demon qu'ils se reverraient certainement un de ses quatre. Quand ? La belle n'en avait pas la moindre idée, mais pour sûr, ils se reverraient. Et d'ici, elle aura pris le temps de bien réfléchir à sa proposition et se sera sans doute même décidée à partir suivre le vent. Qui sait ? Songeant à cela, Aru esquissa un sourire mystérieux en contemplant le dehors à travers la fenêtre.

Ils venaient du même village, mais n'avaient pas les mêmes aspirations. D'ailleurs, leur vision des choses étaient totalement contraires, cependant quelque chose les liait indéniablement. Ils avaient vu le village les ayant vu grandir, se faire détruire. Pour l'instant, leur lien se résumait à cela. Pourrait-il y avoir autre chose pouvant les unifier ? La flavescente n'en avait pas la moindre idée et pour le moment, elle ne se posait pas trop la question. Elle avait moult choses qui la préoccupaient alors la question à savoir si autre chose pouvait les unir Demon et elle, n'était pas vraiment en tête de liste. Elle y penserait sans aucun doute, une fois qu'elle aurait pris le temps de mettre de l'ordre dans sa tête. Sachant qu'elle avait besoin de faire le point sur beaucoup de choses et de réfléchir à son alléchante proposition, pour sûr elle n'avait pas fini de penser à lui. Après de quelle nature seraient ses pensées en ce qui concernait le jeune homme, ça la belle blonde elle-même aurait la réponse lorsque viendra le jour où sa décision, de partir ou pas, serait prise.

Aru ne loupa aucun mot du discours suivant de Demon. Ce dernier tentait manifestement de la convaincre de prendre la décision de tout abandonner derrière elle pour espérer étreindre une liberté n'ayant pas de prix. Au vu de ce qu'il avait traversé depuis la destruction de Kiri, il parlait en plus en connaissance de cause en disant que malgré le fait qu'il était traqué, il avait le choix de choisir la façon dont sa vie allait se dérouler et dont elle allait se terminer. C'était séduisant et charmant. À en décocher une larme à n'importe quel être sensible, sauf la flavescente. Ces mots n'étaient pas suffisants. Elle ne pouvait pas se décider à dire "oui" comme ça, sans penser au reste et à ce qui suivrait. C'était impossible. Alors qu'elle continuait à écouter Demon, Aru fut surprise de l'entendre lui dire que si elle le voulait, dans un mois, elle pourrait le rejoindre dans cet endroit. Il lui conseilla de profiter de ce mois pour savoir ce qu'elle voulait au fond d'elle, de quelle façon elle voulait vivre, de quelle façon elle voulait mourir.

Aru resta littéralement suspendue aux lèvres de Demon, sa voix lui parut tout à coup lointaine. Aujourd'hui le boulevard de son destin s'offrait à elle ? Soit mais ce n'était pas une raison pour se laisser distraire. Aru esquissa un sourire mystérieux en dévisageant longuement Demon. Celui-là il n'était visiblement pas le genre de garçon à faire dans la demi-mesure. Plutôt du genre à offrir soit tout, soit rien. Il ne devait certainement pas y avoir de juste milieu avec lui, se dit Aru qui soupira fortement de lassitude en se levant pour aller attraper ses habits.

« - Soit, je vais réfléchir à ta proposition, mais par contre venir ici dans un mois... je ne peux pas t'assurer que ça se fera... »

Comme elle n'avait pas envie de se montrer découverte devant le jeune homme, elle se rendit dans la salle de bain où elle enfila tranquillement ses habits. Dès qu'elle eut fini, elle revint vers la chambre.

« - Ça a été un plaisir d'avoir passé du temps en ta compagnie, Demon. J'espère que nous pourrons nous revoir dans de... meilleures conditions ?, elle se dirigea doucement vers lui pour déposer un bisou sur sa joue. Merci d'avoir pris soin de moi, hier soir. »

Libre de sa destinée. Aru l'était-elle vraiment ? La belle n'était pas vraiment certaine que ce que le jeune homme lui disait était la réalité. Cela pouvait sans aucun doute être certain en apparence mais dans le fond des choses, c'était indéniablement différent. Ceci la flavescente le savait. Il y'avait encore beaucoup trop de choses qu'elle avait laissé en suspens. Avant de tourner la page, faire comme si rien ne s'était jamais passé et aller vers d'autres projets d'avenir, il lui fallait absolument régler ses affaires. Si non, elle n'aurait pas fini de sentir l'accaparement ainsi que la prise de terrain de l'abysse, qui lui chuchotait déjà de nombreux mots splendides et insolites à l'oreille. Tentant de se concentrer, Aru s'attarda sur chaque mot prononcé par Demon. Elle plongea ensuite dans ses réflexions. L'ancien Kirijin lui dit que si elle ne souhaitait pas le rejoindre, il ne s'opposerait pas à son choix. Entendant cela, la flavescente se rendit compte qu'il tenait absolument à ce qu'elle prenne la décision de se libérer de son chagrin. Elle trouva ses dires tout à fait charmants, mais ne put se résoudre à hocher la tête ni même à l'interrompre pour lui annoncer qu'elle partait finalement avec lui, aujourd'hui-même. Elle ne pouvait pas.

Alors qu'elle avait les yeux plongés dans ceux du jeune homme, Aru fut surprise de le voir lui prendre la main pour la déposer au niveau de sa poitrine, plus précisément à l'endroit où se trouvait son cœur. Subséquemment, il lui demanda si elle sentait le froid résonnant dans ce dernier. Après ça, il lui révéla avoir senti, durant l'espace d'un instant, sa chaleur réchauffer son âme. Il finit par la remercier d'ailleurs du geste en lui disant qu'il espérait aussi qu'ils se reverraient. Dès qu'il lui lâcha la main, la flavescente la fit légèrement glisser le long de son torse avant de reculer un peu. Elle lui offrit ensuite un unième sourire, lui dit « au-revoir ». Après ceci, elle quitta la chambre. Dès qu'elle fut hors de l'auberge, Aru s'arrêta en chemin pour regarder sa main. Elle se rappela de la sensation qui parcourut son corps au moment où elle sentit les battements du cœur de Demon. S'en souvenant, la flavescente qui se disait qu'elle n'avait pourtant rien fait de spécial, espérait qu'un jour le cœur de Demon serait réchauffé par une personne capable de lui offrir l'espoir d'une vie meilleure en dehors des conflits permanents. Elle le lui souhaitait de tout son cœur de trouver quelqu'un qui le sauverait.

Elle était dans l'incapacité d'accomplir une telle chose, ne pouvant pas se sauver elle-même. Elle aurait peut-être pu le faire comprendre à Demon et lui dire qu'elle regrettait de ne pas pouvoir faire plus pour lui. Car la belle blonde était persuadée au fond d'elle que si le jeune homme trouvait l'amour, il deviendrait certainement un peu plus... jovial. Il devait certainement être très séduisant avec un sourire aux lèvres, se dit Aru qui esquissa un sourire mystérieux. Il ne savait rien d'elle, pourtant il n'avait hésité à tenter de la convaincre de briser les chaines qui l'empêchaient d'avancer et de vivre pleinement sa vie. Pour quelle raison avait-il fait cela ? La belle ne pouvait qu'émettre des hypothèses sans vraiment être certaine. Peut-être parce qu'il avait connu la même peine qu'elle, tout simplement ou peut-être pour autre chose. Hochant la tête, la blonde se dit qu'elle y réfléchirait plus tard et poserait la question au concerné si jamais le destin décide de les réunir à nouveau. Dans des conditions meilleures, bien entendu. S'enfonçant dans les ruelles de Kusa no Kuni, la flavescente garda en tête l'image de son compagnon de nuit, qu'elle n'oublierait pas de sitôt...