Plongée dans ma paperasse relative à l'enquête depuis la matinée, une pile de dossier était amassée sur mon bureau tandis que je les parcourais un à un pour établir mon propre rapport sur la situation. De nombreux shinobis, membres du Kakumeigun ou extérieurs, étaient mobilisés sur l'affaire et malheureusement peu étaient les informations réellement utiles pour nous permettre d'avancer et d'éliminer certaines pistes.

Je mis cependant mon travail de côté lorsque l'on frappa a mon bureau. Saibogu Katsuo s'annonça pour mener Samui Yuki et Oge Gin à mon bureau comme le protocole de sécurité l'exigeait désormais pour toute personne influente voulant pénétrer au sein de Suna, les autres étant interrogés par des sunajins senseurs directement sur place, à la Voie Illusionnée. La seconde patienterait dans le couloir pour attendre son tour pour l'interrogatoire. Ils devaient être faits séparément pour ne pas voir les réponses être influencées par la présence de l'autre.

J'avouais tiqué lorsque j'entendis l'identité de l'une des personnes... Samui Yuki... Il s'agissait de la future femme de Kibo pour lequel nous avions célébré l'enterrement de vie de jeune garçon... Cependant, Kibo était parti de longs mois durant des suites du décès de cette fameuse personne pourtant elle se tenait bel et bien devant moi...

Bien que j'avais déjà entendu parlé d'elle je ne l'avais jamais vu. De longs cheveux noirs comme les miens, une peau assez claire, comme la mienne, mais des yeux azurés : comme il fallait sans doute si attendre d'une personne manipulant la glace après tout ma propre maîtrise se reflétait également dans mon regard...

Elle tira la révérence tandis que je la saluais d'un signe de tête. Samui Yuki m'expliqua alors qu'elle était ici en tant qu'émissaire du Shukai, nation qui, je le savais connaissais des temps troubles depuis la montée de l'Empire, et qu'elle souhaitait rencontré le nouveau Kazekage pour évoquer avec lui son alliance passée avec notre Godaime. Je la laissais parler sans l'interrompre avant de l'aviser dans les yeux plus durement lorsqu'elle évoqua « l'état » de Kioshi. C'était un sujet que je n'avais nullement envie d'étayer auprès d'une inconnue et j'imaginais que mon regard en disait long sur la question... Je me reprenais toutefois pour lui expliquer la situation :

« Samui Yuki donc... sauf votre respect : n'étiez vous pas morte ?! Hmm.. Peu importe. »

En effet peu importait pourquoi puisque aujourd'hui elle foulait de nouveau le sol des vivants et que s'il s'agissait vraiment d'elle alors une personne à Suna en particulier serait en mesure de confirmer son identité.

« Tout d'abord, sachez que depuis la mort de notre Godaime Kazekage, les choses ont changés à Suna et cela en de nombreux points. Nous faisons désormais partie d'une démocratie ou le Kage seul ne possède plus le pouvoir décisionnel. En effet, suivant la volonté de Habashi Zanshi, un conseil a été établi en suivant les attentes des sunajins concernant les élus. Il vous faudra donc rencontrer non seulement notre Rokudaime Kazekage mais également les deux conseillers de Suna afin de traiter de toutes discussions d'ordres diplomatique. Toutefois nous ne sommes pas encore là... »

Je marquais une pause avant de reprendre, d'un ton plus sec :

« L'état de notre Kazekage ne vous concerne en revanche nullement. »

Mes yeux rubis soutenaient les siens comme pour accentuer mes propos. Suite à quoi je me redressais davantage contre ma chaise et croisais mes mains entre elles sur mon bureau pour reprendre un ton bien plus courtois :

« Comme cela vous a sans doute été expliqué, au vue des récents événements, la sécurité à Suna à été renforcée et un protocole d'entrée à été mis en place. Si bien que toute personne franchissant la Voie Illusionnée pour pénétrer dans Suna se doit de passer un interrogatoire de formalité sous la vérification d'un senseur afin d'être certains de la véracité des propos tenus. Si aucun mensonge n'est décelé alors vous pourrez pleinement profiter de votre séjour au village. »

Voilà pour les consignes. J'avais à cœur d'expliquer la raison de mes agissements.

« Si vous n'y voyez pas d'inconvénients alors nous pouvons commencer. Asseyez-vous je vous prie. »

Méphisto, mon félidé senseur était posté sur le mobilier à gauche de la pièce, camouflé à la vue de tous de par ses talents de senseurs : il s'apprêtait à user de ses capacités sensorielles pour vérifier la véracité des propos de la Samui. Si jamais elle mentait, je le saurais.

«  Avez-vous rencontré des personnes étant susceptibles de vouloir causer du tord à Suna ? Avez vous l'intention de nuire à Suna d'une quelconque manière ? En avez vous eu l'intention un jour ? Etes-vous venu à Suna avec de bonnes intentions ? »

Je laissais un laps de temps entre chacune de ses réponses desquelles je n'attendais qu'un oui ou un non avant de poursuivre.

« Avez-vous rencontré des personnes faisant partie d'organisations criminelles ? D'organisations en quête d'informations ? »

Je savais de la bouche de Kibo que l'actuel Empereur du Shukai possédait un lien de parenté avec cette femme. Si je ne concédais aucune confiance a l'Empereur qui avait fomenté un coup d'état contre sa propre nation, je n'en possédais guère plus à l'encontre de l'un des membres de sa famille venue nous trouver à Suna, toute ex compagne de l'un des nôtres soit elle... Si elle voulait voir ma méfiance s'amoindrir à son égard, il faudrait qu'elle s'en donne les moyens.

Bien que je ne lui avais guère demandé de précision sur la question, me moquant pas mal de la raison de son retour parmi nous, elle m'expliqua tout de même que Kioshi en avait été averti par courrier. Ce qui me laissa supposé qu'elle avait voulu l'avertir pour qu'à son tour il puisse prévenir Kibo qui n'était autre que son disciple. Or, je constatais bien vite que cela n'était pas l'unique raison puisque en effet, la Samui affirmait que le Yamada était son élève et qu'il était donc légitime qu'elle s'interroge sur son état de santé. Bien entendu, je l'ignorais : comment aurais-je pu le savoir ? Mais au fond je m'en moquais aussi et la nouvelle ne me fit ni chaud ni froid, restant inflexible et imperturbable.

Elle haussait légèrement le ton sur cette indication mais encore une fois je n'étais tenue a lui révéler quoique ce soit sur notre Kazekage, si elle le connaissait elle n'aurait cas le lui demander lui même. Bien qu'au fond même cette simple perspective m’agaçait. Elle n'avait pas vu Kioshi aussi diminué que je l'avais vu. Elle ne lui avait pas prêté chaque jour assistance pour tenter de le remettre sur pieds, de reprendre confiance en lui, en la vie et d'avancer : moi oui. L'idée même que quelqu'un puisse balayer tous ces efforts en évoquant les difficultés qu'il avait eu du mal a surmonter et auxquelles il n'y était pas encore parvenu totalement, me débectait. Il n'avait nullement besoin que l'on lui rappel les faits : il était devenu Kazekage a la place de Zanshi, son quotidien était fait pour lui rappeler sa disparition.

Toutefois je n'en disais rien, toujours aussi imperturbable. Après tout, si cela faisait partie de mon caractère, j'étais également chef du Kakumeigun désormais et ce genre d'interrogatoire faisait partie de mon quotidien et de mon travail. Elle était peut être l'émissaire du Shukai et une personne d'importance là bas mais ici elle n'était rien. Rien de plus qu'une personne extérieure au village voulant pénétrer dans l'enceinte du village et qui se devait de passer les procédures d'entrée suite à la sécurité renforcée.

Malgré son comportement légèrement oscillant, elle eut au moins l'honnêteté de répondre à mes questions sans accrocs : si tel aurait été le cas, Méphisto l'aurait perçu et m'en aurait averti. Ses réponses étaient pour le moins intéressantes. Elle avait rencontré des personnes susceptibles de nuire à Suna : je voulais des précisions pour savoir s'ils figuraient déjà sur notre base de données en tant que menace potentielle pour le village.

« Vous dites avoir rencontré des personnes susceptibles de vouloir nuire à Suna : combien et qui ? »

Je voulais des noms. Kibo aussi en avait rencontré lors de son périple et m'en avait fait part. En revanche elle ne voulait nuire à Suna d'aucune façon, ce qui au fond était la réponse la plus importante et qui faisait quelque peu grimper la confiance et la liberté que l'on pouvait lui concéder au sein du village. Elle était même venue à Suna dans de bonnes intentions ce qui j'imaginais, renvoyait aux propositions d'alliances qu'elle voulait apporter et que le conseil aurait loisir d'étudier.

Une fois de plus elle annonçait avoir rencontré des personnes faisant partie d'organisation criminelle , ce qui se rapportait sans doute a la question sur les potentiels nuisibles pour Suna.

« Vous avez rencontré des membres de quelles organisations criminelles ? »

Avait-elle des noms ? Katano Yusuke était mort entre nos murs face à la menace de Kyoshi Rei. Son plan d'infiltration en tant que Saibogu était intelligent mais comportait quelques failles. En soit j'avais regretté sa mort puisque, même s'il était possible qu'il jouait un rôle, il m'avait paru disposant d'une philosophie et d'un regard sur la vie sensiblement ressemblant à la mienne sur certains points. Puisqu'il était devenu une machine pour des raisons obscures, il était venu quémander des conseils auprès de moi, la Ketsueki appartenant au clan avisé comme monstres même ici au village. En effet, les manieurs de sang n'étaient pas des plus appréciés... Je tentais de redorer mon blason en prouvant la confiance que l'on pouvait m'apporter et quelque part j'avais déjà quelque peu réussi si on en croit la confiance qu'avait placé Zanshi en moi en me prenant comme élève et celle de Kioshi en m'attribuant son ancienne fonction depuis sa promotion. Je devais bien admettre qu'une Ketsueki appartenant aux hautes sphères du village était pour le moins inédit.

Concernant la Samui, j'attendais qu'elle réponde a ses questions pour voir si de nouvelles en découleraient ou si nous pourrions passer à la suite de la procédure.

La Samui était en mesure d'identifier quatre personnes qu'elle avait rencontré et qui auraient pu vouloir nuire à Suna.
Le premier je le connaissais, il était tombé entre nos murs. Toutefois, parmi ces quatre identité, une attira en particulier mon attention : Mamoru Lessa... Il s'agissait là de l'autre nom du Nidaime Kazekage : Aare... Lui aussi je le connais bien. Il m'avait appris de nombreuses choses et avait découvert à travers moi un jeu perfide a base de sacrifice et de sang versé auquel il aimait s'adonner par mon intermédiaire, me noyant presque dans le fluide qui caractérisait ma maîtrise...

Il avait également été bien plus loin en m'emprisonnant dans un genjutsu suite à mes propos sur sa personnes qui ne lui avait guère plu. Son illusion d'un rang particulièrement élevé m'avait conduite au bord du cauchemar et j'étais parvenue à en sortir uniquement grâce à l'intervention de Kioshi et d'Oniri... Ce nom... J'aurais préféré ne plus l'entendre...

«Qu'est-ce qu'il vous fait dire que Mamoru Lessa veuille nuire à Suna ? »

Après tout notre Nidaime avait servi Kaze en son temps et s'était même efforcé d'affronter Kyoshi Rei au péril de sa vie : pourquoi voudrait-il détruire le village pour lequel il avait consacré tant d'années de sa vie ? Cela toutefois, je me gardais bien de le lui dire car peut-être ne savait-elle pas que ce Mamoru n'était autre que Araakoa Aare.

J'observais son comportement : elle semblait quelque peu nerveuse. Etait-ce la situation d'interrogatoire ou autre chose ? Après tout elle avait été honnête jusque là alors de quoi avait-elle peur ? Si Kioshi m'avait bien appris une chose dans l'art de l'interrogatoire c'était de prendre cas de toutes les modifications expressives ou corporelles de l'interrogé...

Toutefois, je laissais les cours de choses se poursuivre, apprenant ainsi qu'elle estimait que Katano Yusuke et Goren étaient issus de la même organisation bien qu'elle ignorait tout de cette derrière : là encore cela s'avérait exact.

« Je vois. »

Me contentais-je finalement de dire après son éventuelle réponse concernant Mamoru Lessa.

« Cette interrogatoire est désormais terminé. »

Clamais-je avant de poursuivre.

« Vous avez répondu honnêtement à toutes mes question et mes fonctions dans la procédure s'arrête ici. Notre conseillère à la défense, qui supervise les interrogatoires de ce type, va désormais procéder à la suite. »

J'attrapais le micro-casque posé sur mon bureau et glissais ces quelques mots :

« C'est à toi.»

Ma meilleure amie se trouvait dans une pièce adjacente et avait, de part son titre, assistée à l'entier déroulement de cet interrogatoire qui s'était déroulé sans encombre.

« Veuillez patienter ici, mademoiselle Samui Yuki, notre conseillère à la défense va régler les dernières formalités. »

Me contentais-je de lui expliquer. D'habitude, Oniri préférait sceller le chakra des personnes de passage au village par mesure de précautions : elle l'avait fait également à Kibo quand ce dernier avait passé l'interrogatoire après son retour à Suna. J'imaginais que la même chose allait être appliqué pour la membre du Shukai. Nul doute qu'elle n'y verrait pas d'inconvénients puisque, comme elle l'avait elle même dit elle saurait se plier à toute nos exigences et cela faisait partie du protocole de sécurité.

Spoiler:

S'il y avait bien une personne que je ne m'attendais pas à passer un jour sous interrogatoire. C'était bel et bien elle. Pourquoi ? La raison était simple, elle était censée être morte. Tout du moins d'après ce que m'ont m'avait dit à son sujet. Lorsqu'on m'avait annoncé sa venue j'avais cru à une blague de mauvais goût. Cependant lorsqu'elle passa dans le champ de vision d'une des nombreuses caméras de surveillances qui parsemaient le village je n'eus d'autre choix que d'admettre cette évidence. Samui Yuki, l'ex-fiancée de Kibô était bel et bien vivante. Plus les années passaient et plus je me rendais compte que ce monde n'avait aucun sens. Dans tous les cas une chose était certaine. J'allais avoir une discussion avec l'ancien Rêveur et il aurait intérêt à me fournir de bonnes explications.

Derrières mes écrans, j'observai l'interrogatoire qui se trouvait dans la pièce adjacentes, analysant chacun des faits et gestes de la Samui. Elle semblait douée de bonne intention, tout du moins tel était ce que le silence de Mephisto laissait sous-entendre. Cependant je ne pouvais concéder à lui faire totalement confiance. Simplement parce qu'elle était la nièce de cet homme. Samui Kakeshuou l'autoproclamé Empereurs, celui qui avait fomenté un coup d'état contre son propre camp et fait assassiné les dirigeants qu'il était censé appuyer. J'ignorai qu'elle était leur véritable but, mais je me doutai que ce ne serait nullement dans l'intérêt de la Nation du Vent.

J'entendis Yami me donner le signal dans mon oreillette. Aussitôt je me levais pour rejoindre le couloir puis entrai sans frapper dans la pièce adjacente. Toutes deux étaient toujours assise l'une en face de l'autre.

-Bonjour. Je me nomme Saigobu Oniri, Conseillère à la Défense de Suna. Je suis ici car, comme l'indique la procédure nous nous devons de sceller votre chakra durant votre séjour au village. N'y voyez-là aucune attaque personnelle, nul n'échappe au protocole.

Dis-je d'un ton neutre qui se voulait presque glacial. Je défis alors le bandage qui entourait mon bras gauche révéla ainsi les sceaux et tatouages qui le recouvraient.

-Veuillez-rester immobile durant la manœuvre...

Je me plaçai dans son dos et posai la paume de ma main au niveau de sa nuque. Les sceaux présent sur mon bras se répandirent sur elle avant de revenir à leur point d'origine. Désormais une marque en forme d'étoile était présente sur la nuque de la Kunoichi, mais également dans ma paume. Cependant contrairement à ce qu'il était facile de penser il ne s'agissait pas d'une simple technique de scellement. Désormais, son pouvoir se trouvait enfermé dans le creux de ma main.

-Vos capacités vous serons rendue lors de votre départ. Un conseil aura prochainement lieu. Nous, ainsi que le Kazekage, écouterons ce que vous aurez à dire. En attendant je vous prierais de profiter de notre hospitalité.

Mon travail accompli je reparti comme j'étais venue. Ouvrant la porte, je m'arrêtai un instant avant de disparaître.

-Soyez la bienvenue à Suna... Yuki-sama!