Mon retour au village remontait désormais à quelque jours, celui-ci ayant en quelque sorte sonné en même temps que la fin de l'avènement des Furyous. Toute cette histoire était bien obscure et je me devais d'en apprendre davantage à ce sujet. Il était arrivé quelque chose à Monwa, cela, j'en étais certaine. Les informations récoltées dans la mémoire tampon d'Atifiziel avait confirmé la passation de sa servitude. Ses capteurs avaient cherché à retrouver « Sa Majesté » sa y parvenir puis s'était par conséquent tourné vers-moi, sans doute parce que j'étais une Saibogu. Cela confirmait donc ses origines, en sachant que ce dernier devait être lié à mon clan d'une façon où d'une autre.

Pourtant, de mémoire, aucune informations à ce sujet n'avait jamais été communiqué parmi les nôtres. S'agissait-il de recherches menées dans le plus grand secret ? Si tel était le cas, alors la personne la plus à même dans savoir davantage n'était d'autre que mon propre père. Lui-même qui avait ordonné qu'on enferme le Furyou je ne savais où au cœur du Kenkyuujo. Évidemment nul ne pouvait désormais accéder à l'automate car personne ne savait précisément où il se trouvait. Aussi devais-je me contenter d'exploiter le peu de données que j'avais pus acquérir avant que l'on ne saisisse mon nouveau jouet.

D'ici demain il me faudrait reprendre mon voyage, en attendant, je consacrai un peu de mon temps libre à ces recherches. J'avais été profondément rassurée d'apprendre que Yami était sortie sauve de ce face à face avec Monwa. Nous avion tous du mal à y croire. J'aurais souhaitée passer plus de temps avec elle, mais je ne voulais pas remettre en question la promesse que je m'étais faite envers elle. Et puis, elle avait l'air si bien entouré par les autres. Elle n'aurait sûrement pas besoin de moi... Kioshi semblait également y veiller avec attention.

Par ailleurs quand on parlait du loup, le voici qui montrait le bout de sa tête. Jusqu'alors assise, sur une chaise en face d'une table, je prenais mon thé tout en pianotant sur le clavier de mon ordinateur portable. J'avais opté pour ce cadre paisible, revêtissent une robe immaculé pour faire face à l'hardiesse du soleil couchant qui frappait l'immense balcon de ma demeure. Je pouvais attendre plusieurs de mes servants s’affairer en l'intérieur. Continuant de tapoter sur les touches de mon outil de travail, des lignes de sceau apparaissaient puis disparaissaient successivement sur l'écran noir de ce dernier. Je levais un œil en direction de mon supérieur qui, visiblement, avait eut l'autorisation de venir jusque là. Il tombait plutôt mal, je n'appréciais guère d'être dérangée en plein travail. Cependant, en tant qu'hôte je me me devais de l'accueillir comme il se devait. Rabattant l'écran de mon ordinateur, je me redressai de ma chaise pour m'incliner dans une brève, mais respectueuse révérence.

-Bonsoir Kioshi-sama. Que me vos l'honneur de votre présence ici ? Marquant une pause, attendant sa réponse, je repris la parole. Accepteriez-vous de prendre le thé ?

Ce faisant, je me rassis pour servir, en mêlant y l'art et la manière, le chef du Kakumeigun, Dans le même temps je l'avais invité à s'asseoir juste en face de moi. Passé mon agacement initial, je commençai à aviser son arrivé comme étant de bonne augure, car oui, je n'étais pas prête d'oublier tout ce qui s'était passé. Alors que quelques images me revinrent à l'esprit, je me sentis rougir de honte et détournait la tête vers le crépuscule pour qu'il n'ait pas à me voir. Autant dire qu'il y avait de quoi, il ne s'agissait pas vraiment d'une histoire à ressasser et encore moins à raconter...

-Je présume que vous êtes ici afin d'aborder le sujet : Atifiziel. Navrez de vous décevoir, mais je n'ai plus aucune influence sur ce dernier. C'est à mon père que vous devriez vous adresser pour cela.

Je mettais adressée à lui d'une voix qui se voulait neutre pour ne pas laisser transparaître ma gène.

Je fus surprise d'apprendre qu'il n'était pas venu pour aborder le sujet de conversation qui pendait aux lèvres de toutes les personnes au courant de la soudaine servitude du puissant Furyou. Après ces événements, j'étais soudainement devenue aux yeux du village davantage que la simplement la fille de Satoshi Saibogu.

Lorsqu'il posa sa main sur ma tête je me sentis d'autant plus gênée, ne sachant pas comment aviser ce contact aussi directe. A dire vrai je ne savais pas comment aviser Kioshi purement et simplement. Lui, le chef du Kakumeigun, qui avait cherché à m'apporter du réconfort lorsque j'en avais eut tant besoin. Peut-être fusse parce que j'avais une dette envers-lui que j'évitai de le repousser en me contentant de lever les yeux vers lui tandis qu'il me décoiffait.

Le voici qui me réprimandait pour mon comportement aussi formel. Il était vrai qu'il ne me connaissait guère pour ce qui j'étais et ignorai tout du pseudo conditionnement de mon éducation envers ma personne. Je n'y pouvais pas grand chose, j'avais tendance à toujours agir ainsi, surtout devant mes supérieurs. Cependant, ses propos ne manquèrent pas de me faire décocher un petit sourire qui devint rapidement malicieux à l'énonciation des événement ayant eu lieux quelques mois plus tôt.

-Dois-je prendre cela comme une proposition ? Une invitation ? Je vais finir pas croire que tout ceci vous a plut. Fis-je, haussant un sourcil en m'adressant à lui sur le ton de la taquinerie.

Je voulais renverser la situation à essayant de le mettre à son tour mal à l'aise pour, qu'au moins, nous nous rentrouvrions sur un plan d'égalité à ce niveau là.

-Sinon, merci de vous en soucier mais je me porte bien. Et vous ?

Ce n'était pas totalement faux, mais ce n'était pas totalement vrai non plus. Comme toujours ma vie se présentait comme un immense champ de mines sur lequel je n'osai moi-même pas y mettre les pieds. J'attrapai alors ma tasse de thé, buvant quelques gorgées pour me donner contenance, mais retirais aussitôt la porcelaine du bord de mes lèvres, m’apercevant soudainement et bêtement que son contenu était encore bouillant.

-Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Si ce n'est pas pour Atifiziel, pourquoi êtes-vous donc venu jusqu'à moi ?

A cet instant je m'apprêtai à faire une nouvelle remarque pour le décontenancer, mais me ravisai, préférant éviter qu'il commence à croire que je pouvais être sérieuse à l'égard de ces sous-entendus, certes amusant, mais dans le fonds assez mal venu.

Il prit son petit air gêné si mignon, lui qui voulait paraître si indifférent ce fut raté. Après quoi il tenta de reprendre contenance en secouant la tête ce qui, à mes yeux, le trahissait encore davantage. Il s'agissait de ce genre de petit réflexe que l'on avait lorsqu'on cherchait à chasser certaine idée de son esprit. Et au vu des circonstances, cette petite idée ou cette petite image qui lui avait trottée dans la tête me concernait forcément. J'eus un petit gloussement de rire, passant un doigt sur mes lèvres, satisfaite de mon petit jeu et de cette première partie que je venais de remporter.

-Hooo, en l’occurrence il n'est point question de ma personne. Tout dépend majoritairement de ce que vous voulez... Dis-je taquine, en souriant.

J'avais volontairement insistez sur le « vous » encore et toujours curieuse de voir comment allait réagir ce petit blondinet. D'une certaine façon, je commençais à le connaître. Et malgré le respect que je lui devais dû à son rang, je ne pouvais m'empêcher de m'amuser à la taquiner. Tout simplement parce que je ne le trouvais si charmant lorsque je parvenais à le rendre mal à l'aise.

La conversation prit alors un brusque revirement lorsqu'il aborda le sujet de mon amnésie et de ma chute dans le coma. Je me souvenais alors qu'il disait vouloir m'aider à ce sujet, sans doute n'y avais-je pas vraiment cru sur l'instant. A ces paroles, mon attitude prit un brutal virage à cent quatre-vingt degré. Je fronçais des sourcils en lui adressant un regard interrogatif, devenant soudainement plus sérieuse. Il me parla alors de Méphisto ce qui m'étonna. Comme si ce dernier pouvait avoir un rapport avec cette histoire... Était-ce vraiment le cas ?

-Méphisto ? Qu'a-t-il avoir dans toute cette histoire ? Vous n'allez tout de même pas me faire croire qu'il est lié à mon amnésie ? Vous êtes-vous entretenu avec lui ? Que vous a-t-il dit ?

Les idées devenaient confuses dans ma tête. Je n'osai y croire. Mes yeux se perdirent dans le vide un instant, tandis que mon esprit, lui, cherchait à démêler les tenants et aboutissant de tout ceci. Puis, après un instant, incapable de trouver de réponse, je relevais la tête en direction de Kioshi pour le fixer avec intensité de mes yeux ambrés.

-Je vous en prie, racontez-moi tout. Je veux savoir, je veux comprendre ce qui m'est arrivé...

La vérité était-elle vraiment à porté de main ? Voulais-je vraiment l'entendre ? Oui car peut-être que cela finirait par retirer ce poids si lourd sur mon cœur. Les révélations de Yami, bien que douloureuses, s'étaient montrées salvatrice, d'une certaine façon, car cela m'avait permit de mieux comprendre le pourquoi du comment en comprenant le sens et la tournure qu'avait prit mon existence depuis mon réveil. Me dire que ma perte de mémoire n'était pas dû à un hasard, en soit, n'était pas la chose la plus déroutante. Cependant, savoir que le Kuchiyose de Yami pouvait éventuellement être impliqué dans tout ceci m’interpellait. Avait-elle ordonné au félidé d'agir directement ? Si oui, pour quelle raison et dans quel but ? Ce dernier avait également pu s'exécuter de son propre chef, mais là encore tout ceci demeurait si étrange, si incompréhensible.

Toute mon attention était désormais tournée sur Kioshi. Les doigts crispés sur l'attente, l'avisant avec force, j'attendais ses réponses à mes questions.

Musique ♫:

Je restai immobile, assise à ma table, les sourcils froncés tout en le regardant prendre ses aises pour s'en aller. Était-il vraiment sérieux ? Je me mis alors à compter lentement dans ma tête « un... deux... trois » puis il se retourna comme si de rien n'était. A quoi jouait le Yamada ? A croire qu'il ignorait qu'il existait un temps pour tout, autant pour faire des plaisanterie qu'en faisre de pareille en de si mauvaises circonstances... Je ne bronchai pas devant son comportement puéril, prenant sur moi-même bien qu'il m'était difficile de ne pas lui en tenir rigueur. Aussi m'efforçais-je de rester silencieuse tout en buvant une gorgée de thé pour me calmer et malgré que ce dernier fut encore bouillant. Je n'attendais qu'une chose, qu'il me dise la vérité, mais visiblement cette dernière tardait à arriver.

-Dite-moi tout...

Lançais-je d'un ton autoritaire comme si j'avais été sa supérieure et non l'inverse. C'était la peur qui me faisait réagir ainsi. Perdant peu à peu mon sang froid, je sentis mon estomac se nouer. Je faisais tout mon possible pour ne rien laissais paraître tandis que mes grands yeux d'ocres l'avisaient avec toute l'attention du monde. Puis, il en vint dévoiler ce que je soupçonnai depuis ses premiers dire et ce que je redoutai tant. Ainsi Méphisto était l'auteur de toute cette histoire. Comment cela pouvait-il être possible ? Et surtout pourquoi ? Il m'était impossible d'aviser les faits avec calme, tant j'avais jusqu'alors cru que mon amnésie n'était que le fruit du hasard. On fond je ne savais pas si je devais en vouloir à cette créature ou non. Mon oubli était-il une nécessité ? Ou s'était-il simplement amusé en agissant par caprice ? Cela lui aurait tout autant ressemblé, voir davantage....

Depuis que Yami m'avait raconté toute la vérité, pas un seul instant je ne m'étais demandée ce à quoi aurait put ressembler cette vie si je n'avais jamais perdu la mémoire. Du peu des événements de mon passé dont j'avais prit connaissance et de part leurs horreurs, je pouvais sans doute penser qu'à partir de là, je n'aurais sans doute jamais voulut me réveiller pour retourner dans notre monde. Sans doute que toute cette histoire aurait prit fin lors de cette nuit où j'avais attenté à mon existence. Cette même existence qui ne représentait désormais plus grand chose pour moi. Incapable de me débarrasser de cette perpétuel sensation de vertige je ne parvenais pas à trouver un quelconque point d'accroche pour me maintenir dans la réalité. Ma vie était devenue un rêve troublant, continuel et sans fin. Chaque personne, chaque rencontre n'était à mon sens que des apparitions illusoires, des fantôme surgit des méandres du néant qui venait s'entretenir avec moi l'espace d'un instant pour ensuite disparaître en repartant de là où ils étaient venus.

-Je vois...

Ce fut la seule réponse que je donnais après un long instant de silence, baissant soudainement les yeux vers le contenu du fond de ma tasse, perdant courage, n'osant plus affronter le regard de qui que ce soit. Il vint prendre place à côté de moi comme pour se préparer à me réconforter, mais j'ignorai que ce je désirai vraiment. J'avais failli perdre Yami par ma faute et cette éternel conflit serait mené à se répéter entre elle et moi. Selon ses dires, j'avais jadis voué un amour inconditionnel pour sa personne. Étrangement je commençais, sans que je sache comment et ce malgré-moi, à comprendre pourquoi. Cet adage disant que l'on faisait du mal à ceux que l'on aimait n'était jamais aussi vrai et j'estimai l'avoir déjà fait suffisamment souffrir.

Puis le Yamada de sa voix douce, qui se voulait accommodante, m'expliqua comment je pouvais retrouver mes souvenirs. A ces paroles, un petit sourire ironique se fendit sur mes lèvres. Quelques larmes se mirent à couler depuis mes yeux cachés dans l'ombre de ma chevelure d'opale. Au fond de moi j'avais toujours su. Mais quand la solution paraissait aussi simple cela signifiait qu'elle était en réalité beaucoup plus compliquée qu'elle ne la laissait paraître. Je pensai alors que Kioshi devait-être le mieux placé au monde pour comprendre ce que je ressentais à cet instant, ainsi que par ce paradoxe qui me tiraillait. Sa main se posa sur mon épaule pour m'indiquer qu'il souhaitait m'apporter son soutien. Je posai le bout de mes doigts sur la sienne, les caressants fugacement avant de me redresser soudainement de ma chaise.

Malgré ma longue hésitation, ma décision avait prise bien avant que cette étrange vérité ne me soit révélée. Ce stupide rêve dans lequel je continuais d'avancer, je ne voulais en aucun cas qu'il se transforme en cauchemar et ainsi voir ceux auxquelles je tenais devenir à mes yeux des démons. Plus jamais je ne voulais me souvenir. Plus jamais je ne voulais revivre toutes ces atrocités, plus jamais je ne voulais faire souffrir qui que ce soit... Je m'éloignai d'un pas déterminé vers la véranda menant à l'intérieur de ma demeure, m'arrêtant un instant pour soulever les pans de ma robe et m'incliner dans une révérence des plus solennel à l'égard de mon hôte.

-Vous m'aviez fait une promesse Kioshi-sama, et vous vous y êtes tenu. Je vous suis infiniment reconnaissante pour cela. Cependant, à présent, je saurais me prendre en charge par moi-même.

Ce faisant, je m'éloignai le plus rapidement possible comme pour fuir cette situation, dévalant les marches pour aller m'enfermer dans ma chambre. J'avais besoin de rester seule. De faire le point sur cette situation. Mon départ était prévu pour demain à l'aube. Je m'allongeai sur mon lit à baldaquin , fermant les paupières, laissant les larmes couler le long de mes joues pour venir s'échouer sur les draps de soies.