Un de mes services à rendre aujourd’hui pour le Shukai est d’aller apporter les différents bols rempli de je-ne-sais-quoi et l’eau aux prisonniers dans les geôles. Les petits sales boulots pour commencer comme on dit toujours, et vu que je viens à peine d’arriver dans cette alliance il faut encore que je leur prouve l’allégeance des Tôhatsu. Une journée bien ennuyante par rapport à tout ce qu’il se passe dans le monde des shinobi, bien que en réalité je n’ai pas trop connaissances de tous les détails. Peu m’importe pour l’instant d’ailleurs, dû à l’égoïsme des grandes nations j’ai quitté mon clan, enfin ce qu’il en reste, et je n’ai qu’une envie : pouvoir m’opposer à eux. Une chose que cette alliance des pays neutres peut m’offrir. J’ai déjà compris que Shukai pouvait m’apporter de nombreuses possibilités et de nombreuses chances d’augmenter mes capacités. Tout cela pour m’emmener à un but : détruire à ces villages ce qui m’a été détruit. Leur faire comprendre quel mal ils ont fait aux petits pays qui ne cherchaient rien à ces shinobis. Qui ne voulaient pas d’une alliance mais qui y ont été forcés. Forcés par la haine, la détresse, la pauvreté ou même la mort. C’était l’unique recours possible pour les écraser de pieds ferme comme eux nous ont écrasés pendant des années. Et puis ils appellent ça un monde qui vit en paix. Une paix qui ne tient compte que d’eux-mêmes et leurs pitoyables grands villages. C’est pour cela que je préfère la guerre à la paix aujourd’hui. Car je n’ai pas le choix. Je dois croire au Shukai pour pouvoir devenir plus forte et pour pouvoir rétablir cet équilibre entre petits pays, clans de ces pays, et les géants. Je n’ai pas le choix que d’aller apporter cette nourriture aux prisonniers qui avaient pour cible notre alliance.

Parfois je me vois, dans mes rêves, trancher les gorges de tous les Kages, Capitaines et autres personnages qui se croient puissants dans ce monde troublé. Leur sang jaillit de partout, éclabousse leur village et l’emmène dans les ténèbres. Enfin ces shinobis et villageois vont voir eux-mêmes ce que c’est de vivre jour après jours dans ces ténèbres, ces ombres et de devoir se débrouiller pour pouvoir survivre indépendamment. Ma liberté, mon indépendance, a été trop de fois mise en péril et j’ai dû moi-même l’abandonner en ce jour pour pouvoir observer un avenir plus grand. J’ai du l’abandonner pour une cause plus grande que j’ai choisie. Chose que mon clan n’a pas su faire par manque de couilles à proprement parler. C’est cela qui a failli nous mener à notre perte, et c’est cela qui m’a obligé à venir ici.

On me fait entrer dans les geôles après vérification de mon identité, la sécurité est très tendue en ce moment. Tu m’étonnes. Les différents plats avec chacun un bol de bouillie qui ressemble étonnamment à du vomi et un bol d’eau fraîche. Ca a l’air vachement dégeulasse, encore plus que ce que le vieux restaurant pourri offre en bas de chez moi. En plus à chaque fois que je passe devant ça pue trop, je ne comprends vraiment les goûts de certaines personnes. Perdues dans mes pensées je prends le premier plat et l’amène à la première cellule, la glisse à travers la petite fente qu’il y a juste en dessous des barreaux. Je ne regarde pas la personne qui se trouve à l’intérieur, et elle ne me remercie pas non plus. Quelle idée d’ailleurs de remercier les personnes qui vous tiennent en otage.

Je continue ma tournée jusqu’au dernier plateau. Celui-ci doit être amené à la cellule qui se trouve tout au fond des couloirs des geôles. L’endroit où se trouvent les cellules encore plus sécurisées que les autres. Mes pas me portent jusqu’au fond, et comme à mon habitude, je glisse juste le plateau par la fente. Je m’apprête à me relever et à partir d’ici, de cet endroit froid et silencieux, où une lourde tension règne à chaque moment quand mes yeux croisent celle de la personne se trouvant dans l'ombre tout au fond de la geôle.

" S'il vous plaît. Voilà votre repas.Par contre personnellement ça m'a pas l'air fantastique donc euh.. bon courage pour manger ça." Lui dis-je en souriant. Je réfléchis. J'avais gardé une pomme dans ma poche pour si j'avais un petit creux mais la bouffe d'ici m'avait tellement coupé la faim avec son odeur que je préférais le lui donner. "Tenez... j'ai encore une pomme ici, c'est pour vous." Je la sort de ma poche et la glisse sur le plateau.

Mes yeux se relèvent et devant moi se tient une jeune...euh...femme? Nul est mon intérêt de me comporter de façon dédaigneuse envers les prisonniers, ils sont sûrement fait des choses en respectant leur propres valeurs à eux. Comme je le ferais moi-même. Puis vu que j'avais du temps à perdre ici autant taper causette et faire connaisance avec des shinobis quelque peu dangereux, non?

"A qui ai-je l'honneur?"

Pas de réponse à sa question. C’était une prisonnière bien asociale qui se trouvait là. Pas très sympa tout ça non. Je lui donne une pomme à l’autre moche et en plus elle me dit pas merci, la garce. Prochaine fois je donne plus rien à personne moi ! Merde alors ! Montrer votre gentillesse et finalement ça ne sert à rien. Enfin si ça sert à quelque chose, à avoir peur. Effectivement j’étais en train d’observer par la petit fente ridicule quand l’autre monstre m’a montré son visage.

Beurk ! Dégeu ! Trop laid ! Je tombe en arrière, la tête blanche comme un mort, et avec des relents de vomi qui veulent absolument sortir. Nan ! Je ne vomirais pas ! Par contre, je me fais bien mal aux fesses en tombant dessus et c’est après quelques secondes assises que je me rends compte d’un truc un peu mouillé entre mes jambes. Ma culotte ? Je ne suis quand-même pas excitée à cause d’elle ? Non non ce n’est pas ça… C’est encore plus humide… Oh putain. Je me suis pissé dessus de peur. A cause de cette garce. Enragée je me lève et retourne ouvrir la petite fente où la moche se trouve encore devant avec son visage. Quelques millisecondes et mon crachat est en route pour atterrir entre ses yeux. Ca lui apprendra tiens ! Je lui donne une pomme et elle, elle me fait pisser dessus comme un animal.

« Ca va pas non morveuse ?! On t’a jamais apprise les bonnes manières ? Crève dans ton sale trou à rat ! »

Je suis énervée, c’est bien une des seules fois d’ailleurs. De nature patiente la plupart du temps je ne supporte pas cette personne, si on peut l’appeler comme ça. Elle me dégoute déjà et pour la première fois j’espère effectivement qu’elle va crépir dans cette cellule moisie. La fente reste ouverte et je fais quelques pas en arrière pour l’observer de plus loin, la rage remplissant mes yeux. Celle-là elle m’avait cherchée. Je me rapproche de nouveau de la fente, la regardant dans les yeux cette fois-ci. Une folie m’empare, une frénésie d’avoir été humiliée comme ça.

« Tu n’es qu’un monstre, à sa place. Ca t’amuse d’humilier les gens comme ça ? Peut-être à cause d’un complexe d’infériorité ? J’en suis sûre, c’est plutôt toi l’animal ! » Ma langue lèche mes lèvres, mes yeux la fixent encore. « Une personne qui ne te veut aucun mal, peut-être la seule dans ce monde, vient t’apporter de quoi survivre et tu te comportes comme ça avec elle. Pas étonnant que tu te retrouves ici. »

Ses yeux me fixent encore et encore. Sûrement une malade mentale celle-là. Comme il y en a tant parmi les shinobis. Elle me dit quelque chose mais je ne l’entends pas, tellement sa voix ressemble à celle d’un serpent. Pour ma part elle peut s’étouffer avec sa pomme. Jamais je n’avais eu à faire avec des gens qui me traitaient comme ça alors que je leur avais fait un geste qui semblait attirer gentillesse ou remerciement. Mais pourtant mes doigts restèrent là, à tenir cette fente ouverte. Bien que j’ai envie de lui planter mon kunaï dans la gorge, même si ce n’est vraiment pas dans ma nature, je ne peux m’empêcher de la regarder. Cette personne m’intrigue au plus profond de moi. Elle m’intrigue car je ne comprends pas comment l’on peut devenir comme ça.

Tout le désespoir et la haine dans le monde peuvent nous changer, oui. Mais de là à devenir un monstre comme ça… Il fallait que quelque chose de grave se soit produit. Mais quoi ?! Qui est-elle réellement ?