J'arrive en courant à l'Académie. L'exercice est aussi difficile qu'exténuant. En effet, mon bras est dans un plâtre et m'est douloureux. A chaque fois que je rebondis sur le sol, je ressens des vibrations de douleur. Avec ce bras en compote, difficile de faire mes devoirs de garde. Du coup, mon chef de clan m'a envoyé superviser les examens genins à sa place. "Une bonne expérience pour toi" m'a-t-il dit. J'entre dans la classe et je salue humblement les examinateurs qui m'attendaient.

"Bonjour Senpaï, je remplace mon maître aujourd'hui. Faut bien que je serve à quelque chose hahaha ! Les entrainements Hyugas peuvent être assez retoubables et brutaux."

Je lève mon bras dans le plâtre. Oui, je suis casse-cou, casse-genoux, casse-coude et puis surtout casse-pied. Les trois autres examinateurs rient de bons coeurs. Je sais que ce n'est pas très malin de me casser un bras à l'entrainement. En fait, je me suis fait ça lors d'une mission ANBU top secrète. J'étais pas sensé intervenir, toutefois y'avait pas trop le choix. Ma couverture, c'est le dojo. J'ai fait semblant qu'un de mes juniors m'a cassé le bras avec un mouvement brusque. Exécution plutôt réussie, vu que le sale garnement me prend de haut maintenant. Je m'assieds sur le siège en bois et je regarde le petit podium devant moi. Des souvenirs affluent. Bon, j'avais un certain âge quand j'ai fait l'Académie, parce que bon j'avais déjà participé à la guerre et tout. A la création de Konoha, on est tous passé par une "uniformisation" des connaissances, des tactiques et des savoirs. Vous seriez étonnés des connaissances taijutsu des Akimichi, ou les conseils de survie en forêt des Inuzuka. Au début, c'était un peu dur, personne ne se faisait vraiment confiance, en-dehors des alliances. Les clans restaient entre eux. Et puis, finalement, petit à petit, la mixité est arrivée. Les gens ont appris à se connaitre. A discuter. A partager des chips, ou a laisser caresser leur chien. Certains de mes cousins Hyugas gardèrent un semblant de fausse noblesse et d'arrogance, mais je crois que c'était uniquement par mimétisme et que même-eux se plaisaient bien.

Je sifflote un petit air chantant.

"Cela fait un peu étrange d'être de l'autre côté des examinateurs."

On me sourit. Nous échangeons des anecdoctes. Je ne suis pas le plus jeune d'entre nous au bureau, mais presque. Devancé à peine par un shinobi chunin expert en genjutsu et qui donne cours aux petits jeunes. Les élèves passent justement un à un devant nous. Je reconnais certains membres de clans à leur accoutrement et leur comportement. On dira ce qu'on en voudra, mais la plupart des membres de clans sont un peu stéréotypé héhé. Le niveau est plutôt très bon. Je suppose qu'avec tous les troubles que le village à connu, les petits ninjas ont beaucoup de motivations pour se dépasser et surmonter leurs limites. Je préfèrerai qu'ils connaissent la paix. Mais la guerre les prépare sans doute mieux sur le long terme. Je fais un petit geste d'encouragement quand je vois un lointain cousin passer son examen avec brio.

Je lis a voix haute sur la feuille le nom du prochain élève à passer. Histoire qu'il vienne du couloir.

"Aburame Watanabe !" Et puis, plus bas, à mes collègues. "Un fier représentant de son clan je suppose ? Du genre réfléchit et tactique ?"

Les vieux me regardent avec une grimace avant de soupirer. Bon je suppose qu'il n'est pas aussi intellectuel que l'Aburame que j'ai cotoyé de mon temps durant mon court séjour à l'Académie. Je fais signe au jeune adulte qui est entré dans la salle de faire entrer le prochain gamin. Ce n'est qu'après quelques instants que je comprends qu'il s'agit bel et bien du prochain étudiant.

Il doit avoir recommencé quelques fois...

Watanabe entre en sifflotant dans la salle. Main dans les poches on pourrait presque croire qu'il ait confondu le lieu de l'examen avec un stand à goodies. Une voix déclara que d'une certaine façon, ça y ressemblait. Après tout, on finissait par vous y donner des kunai, shurikens et un bandeau alors... pourquoi pas?

-Ça manque de carte postale quand même.

Comme souvent, l'Aburame avait continué ses discussions mentales à haute voix, rebondissant sur des éléments que lui seul pouvait entendre. Depuis le temps un pourrait croire qu'il aurait compris que ses voix n’étaient pas aussi réelles que les voix de personne dans la pièce. Ou un ne pourrait pas traverser aussi facilement le mordor proposa une seconde voix. Celle qui se prenait pour un vieux brun qui décédait dans chaque œuvre d'art.

-C'est dur la vie de héros. Salut !

Le manipulateur d'insecte leva la main gauche, celle que l'un des examinateurs avait dans le plâtre. Sa première intention, toute noble et emplit de politesse se transforma bien vite une remarque appuyée sur sa capacité à l'agité à sa guise. Ce qui provoqua dans son assemblée psychologique une foule de rire et une énième remarque sur un énième recalage. Non pas que cela dérangeait Watanabe particulièrement. Il vivait un peu la belle vie ici. Alors oui, il ne pouvait pas vraiment se promener dans le village dans une sorte de métro-boulot-dodo version Shinobi.. Qu'est-ce qu'était le métro-boulot-dodo? Il n'en savait rien. Une autre phrase que balançaient les voix de temps en temps. Celle-ci venait de la folle qui se disait prophétesse du futur où les hommes auraient abandonné leurs rapports à la nature pour des trucs étranges appelés « machine ». Que voulez-vous débattre avec un illuminé? Aussi le cocon humain avait tendance à la laisser tranquille.

Le fait est que la liberté donnée aux shinobis certifiés était attrayante. Pouvoir aller se balader dans tout le village avec la moindre excuse de mission en était le plus gros. Une certaine reconnaissance de son existence également même si ça lui passait très loin au-dessus de la tête. Et ses réflexes n'étaient pas assez bons pour l’attraper.

-Comme Drax.

Drax c'était un akimichi dans sa classe. Un gros, logique, mais qui se plaisait dans sa position d'élève en surpoids. Un peu comme l'Aburame en fait. Le surpoids en moins. Non, la vraie liberté viendrait plus tard. Chuunin. Le garde d'acceptation dans l'armée de Konoha, la liberté de franchir les larges portes du village. Tout le monde pouvait être chuunin avec le temps. Même le fleuriste du coin. Yamanaka bidule truc. Un grand sourire sur le visage, le cocon humain finit par se désintéresser de l'homme au plâtre, allant se mettre juste devant le pupitre central. Il était prêt. Il était confiant. Pythagore, e=mc2n l'attaque des boulettes géantes, histoire de l'art Shinobi. Tout, vous saurez tout sur le ziz...nobi...

-Peut-être que j'irais au show live s'ils retournent leurs sièges.

Qui sait ? Niveau voix, il était le mieux armé.

Mon premier réflexe ?

Un haussement de sourcil. Ensuite, j'ai tourné la tête vers mes co-juges. J'ai lu dans le fond de leurs rétines un appel au secours, une envie d'en finir avec la vie, et de la douleur à l'état pûr. De la honte du côté du vieux Aburame? Retour au touriste qui parle de carte postale. J'ai un large sourire, je ris sous cape. Rien que pour voir la tête déconfite de ces vieux croulants, cela valait la peine de se ramener ici. Je le scan rapidement de haut en bas. Son style est... flamboyant, tout le contraire des Aburames - à l'exception du port de lunettes. Les mains dans les poches. Il sifflote, comme s'il est sur une autre planète et que rien ne peut l'atteindre. Je prends professionnellement note sur mon calepin qu'il a une excellente résistance au stress. La majorité de ses copains d'académies frissonnaient ou tremblaient sur place. Certains avaient du mal à parler même. Et là, voilà que lui arrive sans aucun souci et est naturel. Bon, son naturel, c'est une autre histoire. Cela promet des divertissements. Je l'entends prendre la parole une nouvelle fois. Drax. Oui, un élève qui est déjà passé tout à l'heure. Je ne laisse pas le temps à mes collègues de soupirer quand je prends la parole allègrement.

"L'akimichi de tantôt ? Oh j'espère que tu feras mieux que lui. Son henge était ... bah j'avais jamais imaginer voir On' aussi gros que ça. Et cela ne lui va pas du tout."

Je retiens un fou rire quand j'entends un juge se frapper au front de sa paume. Drax avait jugé amusant de dépeindre le kage du village en sumo, dans un très simple appareil. Pas l'idée la plus intelligente, et il avait du refaire un henge plus classique suite à cela. Pas un très bon élève, plutôt moyen globablement parlant, mais terriblement monotone. Ennuyeux. Tout le contraire de ce Watanabe. Quant à ma remarque qui va dans la continuité de son trip... Oui, j'ai un passé de garnement moi aussi, ils semblent l'avoir oublié. Je croise un des regards de ces vieux croûtons, et je lis de l'incompréhension. Seulement de l'incompréhension ? Je suis un petit peu déçu. Ils devraient avoir peur de moi, de ce dont je suis capable de leur faire souffrir indirectement. Ha, j'ai l'occasion rêvée entre les mains de leur faire payer tout ce que j'ai subi sur les bancs de l'Académie. En plus, le type en face de moi n'a pas besoin de grand chose pour partir en "live".

"Peut-être que le show en live, c'est maintenant ? Alors vas-y, fait nous rêver. Fait nous un beau henge et quelques pas de danses... heu de taijutsu, je veux dire.

Et là, j'attends patiemment. Je m'enfuis dans le siège comfortable sous des soupirs à côté de moi. Ce shinobi me plait. Je crois que je vais tout faire pour le faire passer légalement. Si seulement j'avais un bon paquet de pop-corn...

-Naaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Le taijutsu c'est pour les nuls.

Ouais. Voilà. Il n'est pas une tapette qui sait...que taper. Il n'est pas un membre du clan d'aveugle qui triche avec les aveugles. Faire des claquettes par contre... voilà quelque chose de fun. Fun et original ! Toutes les voix étaient d'accord sauf la timide au fond à droite. Puis fallait les faire rêver tous ces juges. Alors certes, il aurait été plus simple qu'ils soient allongés sur un divan en train de dormir. Ou partager leurs fantasmes à propos de leurs mères mais ça n'aurait pas été le même genre de rêve.

-Ce serait même plutôt gênant pour moi. Et vous après.

Disons que c'est un peu intime. Est-ce qu'il parle des histoires où des membres de son clan ont couché avec leurs insectes, ces derniers prenant des formes...disons plus humanoïde? Non. D'ailleurs Watanabe frissonna rien qu'à cette pensée. Il y avait des choses qui devaient rester tabou. Coucher avec sa sœur, fantasmer sur sa mère ou apprendre à embrasser avec son père, pourquoi pas. Avoir des relations sexuelles avec ses propres symbiotes. Non. Non. Non.

-Par contre je sais faire des formes avec mes insectes. C'est plutôt cool.

Le manipulateur d'insecte afficha un grand sourire au nouveau membre du jury. Qu'était-il arrivé à Adam La Vigne? Peut-être que l'utilisateur du Mokuton et Onkyoton était parti faire des concerts dans le pays du feu? Peut-être était-il en train de retaper des villages entiers. Dans tous les cas, il avait délaissé son siège tournant et le nouveau aux pupilles dégueulasses l'avait remplacé. Ce qui amena une idée dans la crique mentale qu'était l'esprit de l'Aburame.

-À tout à l'heure !

Disparaissant dans une explosion de fumée, le jeune homme se transformant en vieux croulant avec plein de tache brune sur le visage comme s'il y avait besoin de plus de preuve de son âge avancée. Recouvert de tatouage, l'homme possédait encore de beaux traits malgré la vieillesse et ses cheveux bruns s'étaient transformé en une longue couronne blanche rejoignant sa barbe telle l'auréole animale du lion. Adam La Vigne était rentré.

-Ça veut dire que je fais partie du Jury moi aussi? Si c'est le cas, je veux être payé en kebab double-steak & cordon-bleu. Supplément fromage. Supplément Boursin. Et je veux un Konoha Cola.

Assailli par la maladie des gens vieux, Watanabe effectua quelques pas pour aller s'assoir sur une table derrière lui. Lent, se tenant le dos et prenant appui un peu partout sur son chemin, il était applaudi par les voix à chaque instant pour la performance de sa vie. Mais où était son oscar? Peut-être pourrait-il en acheter un à la boutique d'armement. Ou à la boulangerie.

-Un oscar au chocolat. Ça doit être pas mal ça.

Relevant le nez vers son jury, le « jeune » homme leur effectua un sourire sans dent avant que deux autres versions de lui-même apparaissent, toujours dans un pouf de fumée. Il se mit à tousser quelque peu dans la salle désormais remplie de fumerolles blanchâtre. Des voix déclarèrent qu'on se croirait presque à Londres, peu importe où ça se trouvait. À Kumo, probablement. Où ils devaient y avoir plein d’éventreur s'appelant Jack. Lorsque la visibilité s’améliora, les trois juges purent tomber sur trois versions de leurs anciens collègues dont un était au travers d'une table sans sembler déranger.

-Et si c'était nous les juges maintenant? Mon garçon sans yeux là, aide ton aîné et ouvre la fenêtre veux-tu? C'est enfumé ici. Fais attention à pas te cogner quand même.