Elle rentrait chez elle … Une certaine honte dans le regard, la jeune femme regardait le paysage monochrome défiler. Eden avait l’impression d’être une fugueuse qui rentrait à la maison après des mois d’absence. Sauf que les mois étaient des années, et la fugue n’avait pas été son choix. Elle avait suivi le mouvement et la décision de ses géniteurs. Mais dorénavant, la Kaguya prenait ses décisions seule, assument les conséquences de chacune d’elle. Pour le moment, elle n’avait pas tellement à payer pour ses voyages. Etant plus discret et introvertie, elle ne s’était pas attiré de problèmes. Du moins pas suffisamment important pour être narré. Ceci étant dit, elle quittait le continent avec quelques rencontres à son actif. Pour commencer, il fallait parler de ce rônin, Takusanken. Elle lui avait offert son aide dans un hameau caché au Pays de la Pluie, elle s’en était fait un ami même. Puis, dans sa route retour vers le Pays du Feu, la jeune femme était tombée sur un drôle d’énergumène. Un manieur d’encre qu’elle devait maintenant nommer ‘sensei’, il avait usé de méthode un peu barbare et peu conventionnelle avec elle. Ce même homme avait tatouée sa chair de sa marque … Plus tard, il y eut un autre blondinet – décidément ils pullulent le monde-. Ce dernier était un criminel apparemment très recherché du nom de Yusuke. On pouvait résumer ces premières instantes dépendances par un titre … Un titre de chapitre qu’elle nomma : Le bon, la brute et le truand. Comment ça s’est déjà pris ?! Vous êtes surs ?... Ma foi … Tant pis ! Ce n’est pas un drame !

Pour terminer, Eden avait suivi le chemin d’une autre Kaguya rencontrée sur la route, non loin de la ‘frontière’ entre le Pays du feu et le vaste océan. De toutes ces rencontres actuelles, cette autrefois-rousse lui semblait la plus apte à l’aider dans sa quête. Quelle quête ? Celle de rassembler leur clan pour reprendre leur due. L’héritage de Tenzô. C’est ainsi que la jeune femme voyait les choses, et c’est ainsi qu’elle avait pris le bateau, en compagnie de Freya et de son cortège. Cependant, elle n’était pas restée collée à son accompagnatrice. Comme bonne solitaire, la brunette s’était isolée sur la poupe, accoudée à la rambarde. Que dis-je, affalée sur la rambarde ! La tête penchée vers la mer, elle regardait le remous à l’arrière de la coque et venait à colorer l’eau …. En regardant de plus près, on remarquait que son teint n’était plus blanc mais vert …. Elle se sentait mal. A sa ‘bonne’ surprise, la jeune femme découvrait son mal de mer, ou peut-être des transports en général. Quel horreur … La mer n’était pas calme, les vagues nombreuses et le bâtiment tanguait. Certains s’amusaient de ces mouvements bringuebalant … D’autres avaient de la peine pour la pauvre ‘carpette’ affalée sur le rebord, recrachant tripes et boyaux. Ou plutôt les daifukus qu’elle avait mangé … Et quand elle avait l’impression d’aller mieux, hé bien ... C’était pire ! Pourquoi elle était ici déjà ? Ha oui … Mizu, le clan toussa toussa. Quelle connerie !! Eden voulait retrouver la terre ferme, le plancher des vaches comme l’on disait. Là, on ne donnait pas cher de sa peau. D’autant plus qu’avec des ballonnements plus forts, elle pourrait presque passer par-dessus bord … Imaginez la scène ! La Kaguya passe de l’autre côté de la rambarde. Un plouf dans l’eau. Elle se prend dans l’hélice du bâtiment et comme ses os sont trop solides, elle stoppe le moteur. Au passage, elle se noie et le bateau reste au milieu de l’océan pendant des semaines, l’approvisionnement se fait moindre, les gens s’entretuent pour se manger entre eux … Je crois qu’elle est maintenant prête pour faire un séjour chez les fous …

Mais passons ! Trouvant le temps long, voyant ses espoirs de survie s’effritant dangereusement. Eden quitta tant bien que mal la poupe pour rejoindre la proue. A l’avant, elle pourrait voir la terre ferme, ainsi que redorer ses espoirs ! Le pas trainant, une main sur la bouche, l’autre sur le ventre, elle arriva à destination, retournant se coucher sur la rambarde de sécurité. L’une des Kaguya jubilait et l’autre prier pour que son calvaire prenne fin … D’ailleurs l’autre manieuse d’os s’approcha pour tape la bavette. « Nous y sommes ». disait-elle … Pas encore, elle ne serait ravie qu’une fois le pied à terre … Un sol ferme et dur, le bonheur ! Mais elle écoutait tout de même la suite. Freya l’interrogeait sur la suite, sur ce qu’elle prévoyait de faire maintenant. « ô femme proche de mes origines mais loin de mon cœur » elle avait le sens de la formule. Eden leva les yeux vers elle, le teint verdâtre. Tiens … Elles se ressemblaient presque pour le coup. Avec difficulté, elle répondit « Trouver les autres Kaguya … Reprendre Mizu. Tuer les Samui. » Clair, simple et précis. Avec hâte, la jeune femme regardait l’approche vers le port … Mais plus le bateau approchait, plus il lui semblait lent. Aller un peu de nerf que diable !! Enfin, le navire s’amarra et l’encre fut jetée à la mer. Le commandant de bord souhaita la bienvenue sur l’Archipel de Mizu à ses voyageurs et les invita à descendre. L’épave-Eden suivit le mouvement pour quitter cet affreux navire. Vite !! De la terre ! Tout en se tenant à la rambarde, elle se guida jusqu’à pont maintenant baissé sur le quai. Et quel fut son soulagement quand elle retrouva la solidité et la stabilité d’un sol de terre, de pierre. Maintenant, elle devait souffler. La brunette se pencha en avant, posant les mains sur ses genoux pour s’appuyer. Plus jamais …. Bateau fini ! Il devrait la droguer ou l’assommer pour la faire de nouveau monter sur un de ces engins de malheur ! Lentement, son teint reprenait de la ‘vie’, si on oubliait le fait qu’elle soit blanche de nature. Enfin, elle se justifia. « Plus jamais … Autant traverser à la nage … Bref, c’est quoi le programme ?... » Demanda-t-elle toujours pliée en deux. Elle se reprenait progressivement, juste deux minutes que sa nausée s’efface.

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