Chaque jour passé à Suna se présentait pour l'Habashi comme une nouvelle découverte, que ce soit de personnes toutes plus amusantes les unes que les autres, ou de lieu mémorable tel que le night club du village. Ce fut d'ailleurs la première fois qu'il apprenait l'existence d'un tel endroit. Il avait toujours été loin d'imaginer que des femmes puissent danser pour des gens et de l'argent.

Il n'aimait pas ce lieu, trop vulgaire pour lui. Ce jour, la question qui taraudait son esprit pur était à peu de chose prés toujours la même : que lui réserverait cette journée ? Il en avait déjà une petite idée. Il savait que sa sœur fréquentait un homme plus jeune qu'elle, qui répondait au nom de Yamada Kasoshi ou Kiboshi... Un truc comme ça. Son objectif quotidien était donc de rencontrer cet homme et de le jauger.

Ce fut ainsi qu'il quitta la petite maison Sunajin de sa sœur. Il avait compris depuis peu que la jeune femme souhaitait qu'il trouve un autre logement, et lui même n'aimait pas spécialement squatter chez elle, ils s'entendaient bien; là n'était pas le problème.

Mais l'intimité voir la confidentialité n'y était pas toujours; comme cette nuit où une jeune kunoichi, Oniri, fut recueillie suite à ce qui semblait être, selon les dires de la Kazekage, une overdose, ou quelque chose dans le genre. L'homme de Yuki no Kuni ne posait jamais de question sur ces sujets, ce n'était pas ses affaire. En revanche, ce qui le concernait un peu plus; c'était bien évidemment ce fameux homme. Le chef du Kakumeigun d'après les informations qu'il avait pu glaner à droite et à gauche. Un homme puissant et important le village.

Il se trouvait maintenant dans le centre ville. C'était son endroit de villégiature par excellence, son informateur principal était le patron d'un petit bar où il avait rencontré un dénommé Kibo, un jeune homme très intéressant et plein d'ambition. La barbu, ainsi appelait-t-il son informateur, devait connaître sa cible. Que lui ne connaisse pas le dirigeant de l'unité spéciale était assez logique au vue du peu de temps qu'il eut passé à Suna, mais celui qui pouvait entendre toutes sortes de rumeurs, de ragots et autre.. Devait un savoir un rayon.

Ainsi, il l'interrogea après de brèves salutations. La discussion finement menée lui permit d'apprendre où trouver l'objet de ses convoitises. Le Yamada été passé par là peu de temps avant son arrivée. Il était blond, assez grand etc. La description l'étonnait un peu, mais qu'à cela ne tienne; les goûts et les couleurs étaient tous dans la nature, non ?

Quelques minutes de marche le menèrent donc la direction indiquée, soit proche du manoir du Kakumeigun. Zanshi lui en avait parlé, un lieu qui fut détruit par l'ennemi capital de Suna, et restauré par la jeune femme lorsqu'elle était à sa tête. Il s'avança, observa. Il y avait là des pierres tombales blanches portant les noms des fondateurs du village. Une façon de rappeler aux membres de cette unité ce qu'ils doivent et à qui.

Un ninja passant par là lui demanda la raison de sa présence. Il s'expliqua. Le jônin lui répondit simplement d'attendre là, que leur supérieur arriverait bientôt. Ok, il le verrait donc dehors; c'était mieux qu'entre les quatre murs d'un bureau, sur un terrain pas si neutre que ça. Il attendit donc et peut être une vingtaine de minutes après arriva un individu répondant à la description.

Anseï ne passa pas par quatre chemins, et interpella sa cible.

"Salut, c'est toi le... Chef de Kakumeigun ?"

Une intervention sans révérence, sans écrin, directe et passablement efficace.

"Je suis Anseï."

Son regard restait figé sur cet homme. Il s'agissait bien du fameux Kioshi. Un bel homme se disait-il, bien qu'un peu trop jeune à son goût. Mais les goûts et les couleurs faisaient tous partie de la nature, alors il ne pouvait pas remettre en cause ceux de sa sœur. Il était assez amusé d'apprendre que le chef des services spéciaux de Suna ne le remettait pas, pourtant la ressemblance avec la Kage était plus que flagrante. Au de là de leur chevelure, de leurs yeux; c'étaient aussi leur corps et leur visage qui présentaient des similitudes. Au bar, dans le centre ville, l'amalgame avait été instantané, néanmoins celle avec qui il avait sympathisé à l'oasis n'avais pas non plus remarqué leur ressemblance. Ces deux personnes, Kioshi et Tsukiko, faisaient certainement partie du même monde, celui des doux rêveurs. Je n'avais contre eux; ils étaient plus fascinants que les autres.

Le physique du jeune homme ne lui parlait pas vraiment, mais il était impossible de le juger uniquement sur ce détail. Il ne s'était jamais à l'apparence d'une personne pour la catégoriser. Il sourit donc légèrement aux mots de sa nouvelle et fraiche rencontre.

- Ah, ça m'étonne que tu n'ais pas entendu parler de moi avant notre rencontre, pourtant tu es le chef d'une unité spéciale. Bien que... ça ne m'étonne pas vraiment.

Il se tut un instant, laissant le temps à son interlocuteur d'assimiler ces premières et maigres informations que le voyageur ne tarderait pas à étoffer. Zanshi n'avait donc pas dit à son ami, petit ami ou tout autre chose, que son frère était à Suna ? Enfin, qu'elle le lui dise ou pas, pour un chef d'unité comme celle du Kakumeigun, il ne savait pas grand chose. Ce n'était pas dramatique de toute façon. L'Habashi se demandait quel genre d'homme il pouvait être, et quel genre de relation ces deux là pouvaient entretenir. En effet, Anseï vivait chez sa soeur, et ne l'avais jamais vu avec celui-ci. Assez étrange à ses yeux. Il se faisait une image assez traditionnaliste des relations amoureuses, et eux; y dérogeaient.

- Zanshi est ma sœur. Sourit-il
- Et j'étais curieux de te rencontrer, à vrai dire. En souriant toujours.
- Tu me parais jeune...

Acheva-t-il avec un certain étonnement.

Ces deux là n'avaient donc pas le temps de se voir. C'était possible. Le voyageur ne releva donc pas, après tout; ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient. Zanshi comme son frère vivaient une relation à l'amour très particulière, comme tous les autres Habashi. Malgré leurs talents innés pour le commerce et l'absence de sentiments lors des négociations, ils demeuraient des personnes empreintes par toutes sortes d'émotions, et souvent plus fortes que la moyenne. En tout cas, l'Habashi ne voulait pas se mêler du déroulement des histoires de sa sœur, son rôle quant celles-ci prenait une toute autre dimension.

Cependant, les quelques mots du Yamada auraient pu le faire rire à cet instant, mais il n'y avait rien de vraiment drôle. Zanshi, la dernière des Habashi ? Était-ce elle qui avait présentée la chose ainsi, ou était-ce un genre d'extrapolation ? Enfin, il allait apporter ces propres informations, sauf que le Jônin en rajouta une couche, parlant d'Akuraï. Le Yukijin se souvenait de ce nom. Il n'avait jamais été très bon en classe, il n'avait jamais appris ses leçons et avait reçu un nombre incalculable de punition dans son enfance, mais ce nom là...

-Zanshi t'a dit ça ? Et bien, non. Il n'y a plus beaucoup d'entre nous et ceux toujours en vie ont pour la plupart renié cette existence de Shinobi. Mais il en reste pas mal quand même, je dirai. Dit-il en esquissant un fin sourire.
-Et Akuraï... Ce n'est pas notre grand père. Ce serait plutôt un grand oncle, ou quelque chose dans le genre. Un homme qui a été banni pour ses idées trop... visionnaires ? Enfin, c'est une histoire de famille. Ajoutait-il en haussant les épaules.

Anseï savait très bien ce qu'avait fait le vieil homme, et ce qu'il avait fait subir à sa sœur; il avait appris tout ceci lors d'une mission durant laquelle ils durent affronter un nécromant s'amusant à contrôler les corps et volonté d'hommes et femmes tombés dans le désert, dont leur jeune sœur, Anka. Enfin, il changea complètement de sujet, ramenant celui-ci au chef de l'unité spéciale de Suna; après tout, qu'en avait il à faire du jumeau de la Kazekage ?

-Assez parlé du passé. Comment se fait il que tu te retrouves avec elle ? Je veux dire, c'est uniquement physique ou il y autre chose ? Rigolait-il.

Un petit rire émana du voyageur. Les réponses du Chef étaient attendues, mais ne perdaient en rien de leur splendide. Physique était une bonne réponse. Si leur relation n'avait été que platonique; cela aurait été d'une tristesse affligeante. Cela aurait été même difficile à imaginer, comment deux adultes tels qu'eux auraient rester uniquement à se regarder ? Anseï savait pertinemment que sa sœur attirait les regards, ça avait toujours été de la sorte. Et lui, le Yamada; il ne trouvait pas grand chose à lui reprocher si ce n'était son apparence "juvénile". En effet, ce jeune homme ressemblait plus un adolescent qu'autre chose, d'où sa première remarque.

-Le physique, c'est important; presque autant que les sentiments. S'il y a les deux, je peux être que "satisfait".

En revanche les derniers mots du Sunajin ne furent pas aussi amusants. Il lui demandait, en gros, ce qui pouvait bien l'amener ici. L'Habashi aurait presque été vexé sur ce coup, mais non; il le prenait plutôt bien, et finalement s'en amusait. Il se demandait si sa présence ici, dans ce pays, dans ce village, à cet instant; pouvait poser problème. Si c'était le cas, alors tant mieux se répondit il. En bon Habashi, Anseï ne put s'empêcher de répondre. C'était un homme franc qui ne se cachait pas derrière les mots, il n'avait pas peur de parler même des sujets les plus tabous. Depuis qu'il avait discuté avec Kibo et Tsukiko, ce sujet était en effet plus abordable.

-Ce que je fais ici en gros ? Bon, comme visiblement nous avons le temps; je vais te donner l'histoire en version longue.

L'histoire serait elle si longue que ça ? Peut-être pas. D'ailleurs, la réaction du Yamada face aux révélations du jumeau serait probablement aussi incertaine que la durée du récit qu'il allait tenir. Alors, le voyageur parla. Son visage s'était un peu assombri, il semblait tout à coup moins enjoué, moins amusé; forcément.

-Je vivais à Yuki no Kuni, sur des terres reculées et isolées. J'étais marié. Ma femme a été assassinée, je me suis vengé. Comme je n'avais plus rien, je me suis mis sur à la recherche d'éventuels survivants de ma famille. Lorsque j'ai rejoins le continent, il y avait la guerre entre tous ces villages, Suna, et les autres. Je ne voulais plus être mêlé aux Shinobi vois tu, alors; je m'en suis tenu éloigné. Mais à la fin de cette guerre, je me suis dirigé vers notre demeure familiale de Kusa. Sur le chemin j'ai entendu parler de beaucoup de choses et notamment d'une Ecarlate de Suna. Je n'y ai pas prêté plus d'attention, jusqu'à ce que j'apprenne que cette personne était une Habashi. J'ai mis du temps à savoir qu'il s'agissait de ma sœur, je la pensais morte. Donc, j'ai utilisé cet anneau. Disait il en montrant un anneau surmonté d'une pierre opaque pendant au bout d'une fine chaîne autour de son cou.
-Cet anneau est un héritage de ma famille, il permet de retrouver toute personne ayant porté une de ces bagues. Que ce soit elle, ma plus jeune sœur ou encore cet Akuraï... Je peux retrouver leur trace assez facilement. Et donc, je suis là pour être à ses côtés, ni plus ni moins. Rien de plus vicieux ne se cache sous la raison de ma présence, et de notre discussion; parce que comme tout frère et encore plus lié par gémellité; je ne veux qu'une chose : son bonheur. Enfin bon... Tu m'as l'air d'être une bonne personne, à première vue, mais il ne faut pas se fier aux apparences, n'est ce pas ?

Le voyageur s'était interrompu, écoutant le Yamada, à son tour. Il n'avait pas grand chose à dire cette fois. Était-ce la longue histoire qui l'avait dérangé ou mis mal à l'aise ? Une question sans importance véritable. Kioshi souleva néanmoins dans l'esprit de l'Habashi une nouvelle interrogation. Pourquoi lui demander ce que l'on ressentait après avoir assoupi un vengeance ? Avait il lui aussi quelque chose dont il souhaitait se venger ? Quelque chose qu'on lui aurait fait à lui ou l'un de ses proches ? La question était tentante, mais dans le fond cela n’intéressait pas encore Anseï. L'homme de Yuki no Kuni était patient, en général il ne posait pas de question, ne demandait pas à apprendre le passé de ses interlocuteurs; tout finissait par arriver à ses oreilles, le moment venu.

Il en avait fait l'expérience avec Zanshi, mais aussi avec ceux qu'il avait pourchassé sur les steppes glacées du pays de la neige. Il se souvenait très bien du jour où il avait tué ces hommes. Un jour froid comme les autres, mais plus sombre. Un de ces jours où l'ont peut sentir que quelque chose va arriver. Une fois qu'il eut ôté la vie des corps des assassins de sa tendre moitié, il n'avait quasiment rien ressenti. La mort des ces barbares ne lui avait pas rendu sa femme, ni le bonheur qu'il éprouvé à chaque instant passé avec elle. Il n'avait pas ressenti de satisfaction ni même de tristesse. Rien que du vide, et de la frustration. La mort n'apportait jamais, véritablement, rien de bon et la vengeance, elle; provoquait plus de mal qu'autre chose. Son accomplissement n'avait pas apaisé ses rêves et ses cauchemars; son cœur restait lourd.

-Rien, la vengeance n'amène rien de bon, elle n'apaise ni l'esprit, ni le cœur. Et, je suis maintenant persuadé qu'elle n'aurait pas voulu ça, plus de sang. Alors, aujourd'hui, je pardonne plus que je ne venge. C'est un travail personnel assez difficile, plus que la vengeance en tout cas. Ça m'a permis d'accepter certaines choses, ça m'a grandi. Enfin...

Répondait-il sur un ton détaché comme si tout ceci n'était qu'une discussion lointaine, sans importance. Il prit l'anneau entre ses doigts et le glissa sous sa veste ninja. Anseï ne pensait pas un instant que le Yamada voudrait lui dérober, mais il n'était pas stupide non plus; d'autant plus qu'il ne s'agissait pas tout à fait du bon anneau.

Il reprit donc la conversation.

-Non. Tu ne pourras pas t'en servir, il te faudrait nos gênes. Plaisantait-il à moitié.
-Et pour Akurai... J'y réfléchirai. Bien, je ne vais pas te déranger davantage.

Souriait-il à nouveau.