Nous y sommes presque.

L’un de ses accompagnateurs s’était tourné vers elle, lui annonçant la nouvelle. C’était donc ici. Un endroit reculé dans les montagnes du Pays des Sources chaudes. Pourquoi pas. Le pays n’était pas connu pour son armée colossale ni son rayonnement sur les autres pays. Un endroit discret donc. Mais situé entre deux des grandes nations, particulièrement celles qui étaient les moins enclines à ignorer le Shôraizen. Mais bon. L’endroit avait été probablement été choisi exprès. Qui aurait cru qu’ils resteraient à portée ?

Passez devant.

Invitée à mener la danse, l’Aburame prit la tête de leur petit groupe. Les trois personnes à sa suite avaient beau se montrer courtoises depuis le début, elle savait qu’au moindre écart elles n’hésiteraient pas à attaquer. Toutes étaient spécialisées dans la sensorialité. Inuzuka, Hyuga et un qui ne semblait appartenir à aucun clan du village. Mieux ne valait pas laisser de piste derrière elle pour le moment. Beaucoup trop de suspicion et c’était bien normal. Ils s’étaient manifestés une poignée de jours plutôt alors qu’elle se reposait dans une auberge, le sceau que le Hyô lui avait donné servant de balise pour sa localisation. Efficaces. Son cas avait été réglé rapidement.

Arrivant devant les portes creusées dans la montagne, l’Aburame se figea, laissant l’un de ses accompagnateurs prendre les devants. Quelques instants plus tard il revenait, les gardes à l’entrée lui laissant le passage, leur permettant de rentrer, et de descendre le long d'un tunnel. Une place forte dans la montagne apparemment. Seitô était prudent. Mais et maintenant ? Qu’allait-elle devenir ? Voilà qu’elle se jetait dans la gueule du loup sans aucune idée de ce qui allait lui arriver. Tout ça promettait d’être intéressant.

Et maintenant ?

Seitô-sama aimerait vous rencontrer, seul à seule. Nous avons pour ordre de vous amener jusqu’à lui.

Hochant la tête brièvement, l’Aburame continua à se laisser guider. Seitô ? Avait-il reçu les uns après les autres chacune de ses nouvelles recrues ou était-ce mauvais signe ? Kohei avait douté d’elle, son sensei devait partager ses inquiétudes. Après tout, il n’y avait qu’à voir le comité d’accueil. Soufflant légèrement, Miko sentait qu’elle allait de nouveau devoir sortir son argumentaire. Ce n’était pas gagné. L’un de ses hôtes ouvrit une portes dans laquelle ne se trouvaient qu’une table et deux chaises l’une en face de l’autre, la Jonin sourit légèrement. Une salle d’interrogatoire.

Veuillez l’attendre ici s’il vous plait… J’espère que tout se passera bien et que nous nous reverrons Miko-san.

Hochant la tête en guise de remerciement, elle s’avança dans la pièce, marchant avec dignité avant d’aller s’asseoir sur l’une des chaises, se servant de la table pour poser ses coudes et soutenir sa tête. En espérant que l’attente ne serait pas aussi longue que celle qu’elle avait enduré à Kumo.

J'étais assis, dans mon bureau, l'équipe chargée de récupérer l'Aburame devant moi. Cela avait pris du temps, mais nous étions enfin prêts. Au loin, dans une autre chaîne de montagnes, se trouvait une fausse base. Pour ce faire, un bon nombre de manipulateur Dôton avait était réquisitionné afin de faire une base au sein même de la roche.

« Je n'avais pas prévu cela, mais après quelques informations supplémentaires, je dois absolument m'assurer qu'Aburame Miko n'est pas une traîtresse à la solde de Konoha. L'interrogatoire se fera donc à l'annexe que nous avons spécialement faite pour l'occasion. Toute cette mise en scène ce doit d'être parfaite. Vous avez vos ordres... Dispersion. »

La lettre de Gekei Pô était relativement claire. Le Roi sait tout. Myakudou On' m'avait-il trahi en essayant d'infiltrer une de ses Jônin dans le village ? Au fond, l'histoire de l'Aburame était crédible. Peut-être même un peu trop crédible... Elle était celle qui avait accompagné Meïa à Kumo. Cette femme était mystérieuse, quelle était sa réelle affiliation ? Je l'ignorai. C'était justement ça qu'il fallait savoir...

Il y avait un bon nombre de facteurs à prendre en compte. Le premier étant que son compagnon était une Yamanaka, et que lui fouiller la mémoire serait donc inutile. Que l'abus des techniques de détection de mensonge n'aurait aucun effet. Non, il fallait découvrir la vérité par la ruse. Et c'était exactement ce que je comptais faire...

« Bonjour, Miko Aburame. »

Entrant dans le bureau, juste derrière l'arrivée de l'Aburame, je m'asseyais sur la chaise juste en face d'elle. Je posais ensuite une tasse de thé devant elle avant de reprendre...

« Comme tu le vois, tu n'es ni attachée, ni menottée. Je ne considère pas comme prisonnière... »

Mon regard se reposa sur elle, la fixant avec intensité.

« Mais comme tu as dût t'en rendre compte, beaucoup de doutes plane sur toi. Il va donc falloir me convaincre... Si tu réussis, je pourrais te considérer comme ma soeur. Mais si tu échoues, je te tuerai. Ni plus, ni moins. Je t'écoute. »

Rapide. Elle qui pensait qu’on allait la faire patienter un petit moment afin de lui montrer qu’elle n’était pas si importante que ça. Quelle ne fut donc sa surprise de voir débarquer l’ex intendant aussi rapidement, comme s’il s’était dépêché après qu’on lui eut annoncé qu’elle était arrivée.

Bonjour Seitô Sabakyô.

Pour les formalités. Toujours accoudée, elle regarda la tasse sur la table avant de reporter son regard sur le déserteur. Une seule tasse. Pour elle seulement ? Soit il avait un don pour le sacrifice de soi soit … L’écoutant, l’Aburame sourit légèrement. Elle allait donc à nouveau devoir faire ses preuves. Convaincre son élève n’avait pas été suffisant. Mais bon, elle savait depuis le début qu’elle n’y couperait pas. Sa désertion tardive avait de quoi la rendre suspecte.

Une forme d’emprisonnement tout de même si je ne peux partir d’ici peu importe l’issue de notre discussion. Me tuer ? Sachez que vous n’êtes pas le seul à avoir l’avantage dans un espace clos. Mais peu importe je ne suis pas venue là pour vous provoquer.

Jouant d’une main distraite avec la tasse devant elle, Miko cessa de regarder son interlocuteur et plongea son regard dans le liquide encore fumant. La tasse de thé symbolique qu’offrait Onpu à chacun de ses invités. Celui-ci était-il aussi bon ? Ou avait-il un arrière-goût … empoisonné ?

Je suppose que vous n’avez pas accueilli ainsi chacune de vos recrues, j’en suis à la fois flattée et amusée. Je vous comprends, mon retard pour me manifester et la raison de celui-ci ont de quoi déranger. Je pense que votre élève vous a raconté au minimum succinctement mes raisons, d’où ma présence ici d’ailleurs, excusez-moi d’avance si l’ensemble va vous paraître un peu redondant mais libre à vous de poser des questions si un point vous paraît trop obscur.

Arrêtant de reposer son menton sur ses mains jointes, l’Aburame se recula, dévisageant Seitô avant de commencer son histoire qu’elle avait déjà servi au jeune Hyô, mettant un léger accent sur les choses que le Sabakyô souhaiterait probablement entendre… certaines étant tout de même partagées.

Comme vous devez le savoir, si je n’étais pas au village au moment de votre … appel, c’était tout simplement que j’étais partie en mission –une mission beaucoup plus longue que prévue-, afin d’accompagner Meia Yamanaka, la chef du clan Yamanaka, pour qu’elle aille rencontrer le Raikage. Mais ceci vous devez déjà le savoir, je ne doute pas que vous prêtiez attention à l’issue de cette rencontre.

Des banalités encore et toujours.

Pour passer directement à la partie importante de cette mission d’escorte j’ai appris une fois l’entretien entre les deux fini –et Kyuubi sait que le Raikage aura été long à se manifester-, que peu après notre propre départ, un événement marquant s’était déroulé à Konoha : la … visite de nos amis Sekis. Et comment dire, surprise ! ... Tout l’incident qui en avait découlé avait été orchestré par Kumo pour vous retirer de l’échiquier. Un trop plein d’assurance que j’ai du mal à approuver.

Se raclant la gorge, elle continua, son regard fixé sur le Sabakyô au masque à gaz.

Comprenez-moi bien, je n’approuve pas non plus le meurtre des civils que vous avez commis en usurpant l’identité des Kumojins. Vous avez leur sang sur les mains, comme celui de nombreux Konohajins et déserteurs morts à cause de votre désertion. Mais Kumo a également sa part de responsabilité, Kumo aussi a le sang de Konohajins sur les mains. Je n’ai jamais caché mon … amertume face à ce village dont l’alliance était uniquement soutenue par Konoha. Peut-être vous rappelez-vous la première visite des Sekis à Konoha et ma part de responsabilité dans cette affaire... Et savoir qu’ils ont été les initiateurs de tout ceci... De tant de mises à mort... Mais vous voulez le plus drôle dans tout ça ? La raison qui m’a poussé à quitter Konoha ?

Elle s’avança à nouveau, au moins son interlocuteur avait le mérite de ne pas la couper en plein récit.

Ce je-m-en-foutisme ambiant de la part des personnes en charge du village. Savez-vous quelle a été la première réaction de la chef Yamanaka ? Elle a juré de s'occuper personnellement de votre cas, comme si la culpabilité de Kumo ne la dérangeait absolument pas. Onpu ? Aucune réaction également, l’alliance a été maintenue sans qu’aucune demande d’explications n’ait remis en question ce … partenariat. Enfin pas à ma connaissance, mais étant donné l’état de faiblesse du Rokudaime… Ils ne considèrent en rien les vies innocentes. Ou que trop peu. Le Rokudaime connu pour être un homme proche du peuple a changé, et plusieurs shinobis convoitent à présent son titre. Vous l’avez probablement fait lors de votre intendance, tout comme Meia Yamanaka l’a sûrement envisagé à maintes reprises. Mais elle n'est sûrement pas la seule.

Petite pause. Elle en voyait la fin

J’ai mis longtemps à réaliser ce pour quoi je me battais : je me battais pour ceux qui ne pouvaient pas combattre, afin de faire en sorte que le plus de gens possible puisse vivre en paix, afin que plus aucun enfant n’ait à souffrir les affres de la guerre. Je ne me suis jamais engagée afin d’assouvir les désirs politiques d’une poignée de personnes, pour participer à leurs complots et trahir les civils dont nous devons pourtant assurer la protection en les manipulant à souhait. Votre cas en est un parfait exemple : pointé du doigt par tout un village pour le bien duquel vous avez œuvré. D’autres solutions existaient. Mais vous serviez de bouc-émissaire, aviez probablement trop d’influence.

Le brosser dans le sens du poil ne jouerait pas en sa défaveur.

Je suis partie car je refusais de continuer à n’être qu’un simple pion pour de vulgaires politiciens. J’ai choisi d’être libre, de suivre ma propre voie. Mais quel avenir est-ce là quand on œuvre seule ? C’est pour cette raison que je vous ai cherché. J’ai remonté votre piste jusqu’à Shimo no Kuni avant d’apprendre votre capture par Kumo. Je suis heureuse de constater que vous avez pu vous enfuir ou chose plus … improbable, qu’ils vous aient relâché. J'aimerais insiter sur le fait que je désapprouve certaines de vos actions … au Temple … ou ces rumeurs d’épidémie … Mais soyez bien conscient que votre recherche de liberté et de mettre un terme à cette mascarade a su trouver en moi une oreille attentive. J’aimerais vous rejoindre Seitô. Veuillez m’excuser pour mon monologue sûrement lacunaire, je n'ai pas l'habitude de parler autant, mas comprenez ceci : je suis prête à vous suivre.

Ayant laissé glisser ses doigts sur la tasse qui avait tiédit quelque peu le temps de son discous, l’Aburame porta le breuvage à ses lèvres. Un signe de soumission qu’elle s’était acceptée de démontrer. Après tout, elle n’avait plus le choix.

L'Aburame regardait la tasse avec suspicion. Pensait-elle qu'elle était empoisonnée ? J'aurai pu le faire. J'aurai pu y mélanger un puissant sérum de vérité, ou y mettre des bactéries ayant le pouvoir de l'obliger à dire la vérité. Mais ce n'était pas ce que je voulais ? Non. Une partie de moi voulait croire au fait qu'Aburame Miko était sincère. Qu'elle avait ouvert les yeux sur ce que j'avais vus. Qu'elle avait compris qu'il était nécessaire de quitter ce que nous aimions afin d'accomplir notre mission...

La suite m'emplit d'un sentiment de colère froide. Non, c'était plus brûlant, destructeur, déstabilisant. La dernière fois que j'avais eu le même sentiment, c'était quand... Ma propre soeur jumelle fut sacrifiée afin de me permettre de vivre. Cette révélation était la pièce de puzzle manquante... J'avais eu tort de croire que Kumo était au courant des informations sous le Temple de Kyûbi. Non, il espérait que je chasse les Seki afin de me mettre hors circuit. Et le pire ? Tout ceci avait parfaitement marché.

Je reculais sur ma chaise, adossant mon dos à cette dernière. J'avais mal. Comme si l'Amour que je portais à Konoha, je le sentais, enfin, mourir. J'étais devenu un Paria, était-ce de l'amour ? Était-ce de la haine ? De la colère ? De la peur ? Ce torrent me dévorait. Il s'emparait, peu à peu, de moi. Je le sentais me détruire, pièce par pièce, lentement et sûrement. J'avais eu raison et tord à la fois. J'avais réussi à percevoir la vérité dans un torrent de mensonge et de tromperie. Qu'est-ce qui me faisait le plus mal ? Le fait que l'on cherche à me traquer à mort, ou le fait que mes assassins soient désormais aux côtés de ceux que j'aime ?

Je détournais mon regard de l'Aburame. La douleur était si forte, si intense... J'avais l'impression de perdre ce qui m'était le plus cher, une seconde fois. Alors que je pensais que ceci était une décision personnelle, et souhaitée, je me rends compte que je fus une nouvelle fois manipulé. Je sentis une petite et légère goutte d'eau descendre de mon oeil droit. Ma main effaça ce trait qui scellait définitivement m'a destiné, tandis que ma tête se replaça en direction de l'Aburame.

Avais-je désiré le poste du Hokage ? Non. Je fus fidèle à lui jusqu'à qu'il ne me tourne le dos. Je fus fidèle à ce village jusqu'à qu'il ne m'enlève mon honneur en donnant l'illusion que ma vie ne leur à jamais appartenue. C'était probablement ça, une de mes plus profondes blessures qui resteraient à jamais enfouies dans mon cœur.

« Je serai toujours avec toi... »

Cette femme murmurait encore dans mon esprit. Une phrase qui était, dans un sens, réconfortante. C'était ce que je voulais entendre... Je n'avais pas peur de la solitude. Mais avoir quelqu'un qui sera avec vous, peu importe ce qui arrive, était un sentiment qui m'était vital. Peut-être que c'était cela, que j'essayais de reproduire autrefois avec Konoha ? Je l'ignorai. Je n'avais pas besoin de savoir...

Mon regard se replaça ensuite sur l'Aburame. J'écoutais ses raisons, le pourquoi de sa recherche. Elle n'approuvait pas ce que je faisais, les méthodes que je prenais, mais elle souhaitait, comme moi, mettre fin à cette mascarade. Je ne pouvais que la comprendre... Son discours était crédible, très crédible... Trop crédible. Lacunaire ? Aucunement. C'était à la fois rassurant et inquiétant...

« Pour répondre à votre question, si j'avais voulu récupérer la place de Hokage, je l'aurais fait dès l'apprentissage de cette faiblesse... »

Attendez une minute. Comment était-elle au courant ? Seul moi et les autres Intendants avions eu vent de cette information. J'avais moi-même garantis au Hokage que cela ne sortirai pas de ce bureau. D'où tenait-elle cette dernière ? La voilà, la faille de votre discours, Aburame Miko. Vous n'aviez aucun moyen de connaître cette information, car même l'Anbu ne l'avait pas reçu. Ou alors, il existe autre chose que je ne connais pas du village de la feuille ?

« J'aimerais vous croire, Miko. Vous m'avez apporté une réponse à mes questions, mais une chose obscure demeure dans votre raisonnement... »

Mon regard se posa dans ses yeux.

« Comment et que savez-vous de l'état du Rokudaime ? »

Presque désaltérée, l’Aburame n’arrivait pas à déceler un quelconque goût étrange dans le thé qu’on lui avait offerte. Le goût était certes un peu fort –une infusion un peu trop longue-, mais n’avait rien d’alarmant. Ses insectes non plus ne détectaient rien d’anormal dans son organisme. Bien. Le Sabakyô s’était donc juste montré courtois ? Comme quoi il ne fallait pas tout le temps se fier à son instinct.

L’écoutant, Miko fut également agréablement surprise de l’homme qu’elle avait en face d’elle. Bien sûr rien ne certifiait son affirmation selon laquelle il n’avait jamais aspiré à devenir Hokage. Elle aurait pourtant juré le contraire au vu de sa période d’intendance où il avait mené le village à lui tout seul, les deux autres ayant totalement disparu de la circulation. Haussant alors un sourcil, elle l’écouta émettre ses doutes … fondés d’après ses dires sur un point d’une futilité déconcertante.

Je suppose que vous plaisantez… Ou bien je suis désolée de vous le dire mais vous êtes bien présomptueux pour penser être le seul à avoir côtoyé le Rokudaime.

Petit air médisant. Il devait quand même se rendre compte que son argument était stupide.

Comme vous pouvez vous en douter j’ai assisté au rapport de Meia Yamanaka au Rokudaime. Malgré ce que vous semblez penser il est d’une facilité enfantine d’être au courant pour son état … problématique pour le village : son inactivité, son air absent… Mais, bon je suppose que ce genre d’explication ne vous satisfera pas. J’ai été la première à accueillir le Rokudaime aux portes car en étant responsable, c’est ce jour même d’ailleurs que le Raikage s’est manifesté au village. Mais peut-être plus important pour l’histoire qui vous intéresse, j’ai également accueilli une …amie qui faisait également son retour peu de temps après : Maïka Haruno, qui a accompagné Onpu lors de son errance, suite à quoi nous avons parlé de ce qui était arrivé au Kage pour qu’il se présente si … perturbé.

Elle en avait plus qu’assez de s’expliquer, même si c’était un rôle qu’elle s’était imposée à tenir.

J’espère que vos craintes sont maintenant quelques peu calmées. Je ne suis pas ici en tant que Konohajin, je suis ici en tant que kunoichi. Je peux comprendre votre scepticisme et je ne vous cache pas que je suis flattée du temps que vous me consacrez. Vous m’avez réconfortée en me certifiant n’avoir jamais souhaité faire un coup d’état. Mais, comment puis-je à mon tour vous assurer de ma bonne foi ?

Hésitant un instant, elle sortit finalement de sa poche une fiole remplie d’un liquide noir.

Peut-être que ceci jouera-t-il en ma faveur. Même un peu. Du sang noir. Du sang de Furyou. Extrait en secret par Meia à Kusa dans le but d’être examiné à Konoha… Disons que la Yamanaka est d’un naturel vantard. Elle devait souhaiter que toute découverte lui permettrait de se mettre en avant d’avantage. Mais laissez-moi vous poser une question à mon tour concernant les Furyous. Le Temple … Quelles informations renfermait-il ?

Si Seitô ne possédait pas les informations du temple lui non plus, c’était tout simplement qu’il n’en contenait pas. Cependant à l’inverse s’il accédait à sa requête et détenait bel et bien des informations inédites … ce serait la preuve que les Kumojins avaient un double objectif et s'en étaient caché. Et autant dire que cela laisserait libre court à son mépris envers le Village Caché des Nuages et surtout envers ses dirigeants : Le Kage, son conseiller et l’autre homme de main.

Je regardais l'Aburame devant moi. Il était vrai que le Rokudaime n'avait plus du tout la même façon d'agir. Où plutôt, la même prestance. Quand bien même j'étais quelqu'un qui ne ressentait plus grand chose à la vue d'un potentiel adversaire, j'avais toujours eu un petit frisson derrière le dos lorsque j'apercevais Myakudou Onpu. Mais cette fois, lorsqu'il était rentré dans ce bureau, je n'avais rien ressenti.

Effectivement, elle avait réussi à calmer mes premières craintes. Calmés ? Oui. Disparues ? Non. Cette femme avait accompagné Yamanaka Meïa, et avait mis du temps à partir du village. Comment la croire ? Ou peut-être étais-je trop focalisé sur une possible trahison que cela entaché mon jugement ? Les deux choses étaient probables.

Mais l'Aburame avait encore un atout dans sa manche... Du sang noir ? Comment avait-elle pu le récupérer sans se faire avoir ? C'était un mystère. En tous les cas, ce petit échantillon était désormais à nous. Une extraction que l'Aburame avait prise de celle effectuée par la Yamanaka à Kusa ? Cette femme, en plus d'être une excellente Shinobi, avait encore des ressources à donner. En tous les cas, un atout parfait pour le Shôraizen. Mais à qui avait-elle juré fidélité ? C'était tout là, la question...

La suite concerna le temple. Ma main se déplaça vers le Sang Noir, avant de l'observer plus attentivement à la lumière. Je restais silencieux à la demande de l'Aburame... Tout ceci pouvait être fait pour savoir de quelles informations je disposais... Mais alors, pourquoi m'avoir fait accéder au Sang Noir des Furyou ? C'était là, toute la question.

« Le Temple... Vous êtes bien perspicace pour avoir compris qu'il ne renfermait pas "rien". »

Mon regard se retourna sur l'Aburame, glissant le sang des Furyou dans la poche droite de mon long manteau.

« Je ne serai pas intervenu sur les Kumojin personnellement si ce n'était pas l'endroit même ou Konoha contenait des informations sur les Furyou. Un endroit à l'extérieur du village pour ne pas le mettre en danger, et un endroit suffisamment sous surveillance pour ne pas laisser la chose à la portée de tout le monde. Car dans les profondeurs du Temple, dans une salle sous-scellée, est l'endroit qui fut celui où les Furyou ont vu le jour. »

Je fis une petite pause...

« Konoha, et les Uchiwa, plus précisément, sont les créateurs des Furyou. Dans ce laboratoire d'immondice se trouve une stèle renfermant toutes les informations que nous avons dessus. Leurs noms, le moyen de création, le pourquoi de leur création, comment sont-ils devenus immortels... Et aussi leurs noms. Nosho, Tsura, Shoka, Shizu et Daken. C'est les informations de cette stèle. C'est pourquoi j'ai voulu arrêter les Kumojin. Et afin de permettre à Konoha d'avoir son indépendance vis-à-vis du Pays de la Foudre, et de protéger les informations, des civils sont morts. Ils sont tous des héros de leurs villages. Et c'est cet héroïsme que l'on a bafoué. »

J'observais l'Aburame... Avant de rendre mon jugement.

« Dans la vision et l'optique du Shôraizen, votre passé en tant que Konohajin et tout ce que vous avez pu faire sous ce titre n'est plus. Votre nom de clan et votre origine ne possèdent aucune importance.« Konoha, et les Uchiwa, plus précisément, sont les créateurs des Furyou. »

Je posais deux doigts sur ma tempe, et un homme rentra dans la pièce, avant de s'avancer vers l'Aburame.

« Nous n'avons aucune règles. Seulement 6 principes que nous suivons jusqu'à notre mort : Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. En acceptant de nous rejoindre, vous serez automatiquement marqué d'un Sceau vous empêchant de divulguer des informations nous concernant... »

Je tendais ensuite ma main vers sa direction. Je n'avais pas tout dit à propos du sceau, mais elle n'avait pas à le savoir.

« Acceptez-vous ? »

Tout ceci était intéressant. Le Temple. Ainsi il contenait des informations ? Un laboratoire, une stèle ? Le laboratoire elle l’avait vu … mais il ne restait rien de celui-ci. Le savait-il ? Avait-il vérifié avant de partir ? En tout cas ce vide n’avait visiblement pas été provoqué par ce dernier. Nosho, Shoka, Shizu, Tsura … Et surtout Daken. Les cinq avaient été créés par les Uchiwas c'était un fait. Et Monwa ? Inclinant la tête légèrement afin de le laisser continuer à monopoliser la parole, l’Aburame écouta attentivement la suite. Il avait été suffisamment poli pour l’écouter jusqu’au bout. C’était à son tour d’en faire de même.

J’accepte.

Enfin. Bien sûr qu’elle acceptait. Un sceau qui empêchait de divulguer des informations ? … Elle connaissait le principe de ce genre de sceaux forte de son expérience dans les rangs du groupe crépusculaire de Konoha. Il existait différents moyens de contrer ce genre de mesures, il y avait toujours des failles. Mais là n’était pas l’urgence. Non l’urgence consistait plutôt à souffler un bon coup. Elle avait très bien cerné la suspicion qu’elle inspirait, et elle allait devoir y remédier sur le long terme. Mais pour le moment, peu importait le doute qu’elle inspirait, ni le fait qu’elle avait eu le droit à son propre interrogatoire avec l’ex intendant lui-même, ni même le coup du sceau qui pour le coup n’était possiblement appliqué qu’à une poignée de personnes suspectes. Décroisant les jambes, l’Aburame se releva, passa une main dans ses cheveux et s’étira quelque peu, un petit sourire au bord des lèvres.

Après avoir fait tout ce chemin je pense qu’il serait difficile pour moi de faire demi-tour Seitô. J’en déduis que l’interrogatoire touche à sa fin ? Pouvons-nous y aller maintenant ? Loin de cet endroit vide de tout être vivant à part la poignée que j’ai croisé jusqu’à maintenant ?

Elle était devenue une très bonne senseuse au fil des années et n’avoir ressenti que peu de monde tous sens confondus depuis son entrée ici … En espérant qu’elle n’aurait pas à aller trop loin. Elle était lessivée de ce dernier voyage de plusieurs jours.

Puisque nous sommes ... alliés maintenant peut-être serait-il temps que je vous fasse un petit aveu … qui compléterait vos propos.

Petite pause.

Lors de mon départ … comment dire, j’ai pu constater par moi-même l’absence de la stèle dont vous venez de parler. Le laboratoire était vide. Je doute que l’Hokage ait pris une quelconque mesure concernant tout ceci. Il faut croire que Kumo aura réussi sa mission malgré tout, passer derrière les gardes n’était pas si compliqué.

Nouvelle pause. Elle se confiait bien trop. Mais le sujet des Furyous semblait intéresser Seitô au vu de son attrait pour le liquide noirâtre.

Pourquoi tenter de me faire capturer à peine partie vous demanderez vous peut-être … J’aimerais que vous le gardiez pour vous Seitô, et ce même si la chose n’a aucune logique ni justification à mes yeux. Mon retour tardif de Kumo pourrait avoir une autre justification que celle de l’absence initiale du Kage… Lors de notre présence, Kumo a été attaqué par des Furyous. J’ai eu … l’opportunité de m’entretenir avec deux d’entre eux … Le Messager et … Sa Majesté, Monwa.

Erreur ou pas, si elle voulait s’intégrer comme elle le voulait il allait falloir mettre carte sur table et se livrer entièrement. Mais peut-être que tout ceci aurait l’effet inverse.

Une discussion très intéressante vraiment. Qui s’est conclue sur un fait … Il se pourrait que je sois Daken.

Erreur ou pas, elle attendait la suite pour conclure cette rencontre. Jusqu’à maintenant seules quelques personnes de Kumo devaient détenir cette information. Ni la Racine ni On’ n’étaient au courant. Elle n’avait pas voulu les alarmer, et avait souhaité porter seule ce poids. Peut-être Seitô comprendrait-il d’avantage la raison qui l’avait poussé à partir, son désir d’œuvrer pour elle-même en tant qu’individu et de trouver des réponses.

Elle acceptait. Étais-ce une erreur ou une bonne chose ? Seul le temps pouvait me le dire. En tous les cas, le Shôraizen pouvait se compter une alliée en plus en son sein. L'Homme s'avança, et déposa le Fuînjutsu sur le corps de la jeune femme. Après quoi, elle fit apparaître un léger sourire avant d'annoncer qu'il était temps de quitter cet endroit. Je me relevais à mon tour, annonçant simplement.

« Effectivement, il est temps pour nous de rejoindre notre Base d'Opération. Allons-y... »

Et je me mettais en route. J'ignorai si je faisais une erreur de lui faire confiance, mais j'espérai que non. J'avais encore espoir qu'elle disait vrai, après tout, beaucoup d'éléments convergeaient vers cette fin. J'espérai simplement qu'elle soit vraie... Et alors que nous avancions en direction de la base, l'Aburame me confia quelque chose d'étrange...

Elle complétait mes propos, la stèle avait probablement dût être volée par Kumo. Mes poings se refermèrent tout à coup, sous l'effet de la rage. Il avait donc réussi ? Une défaite de plus pour Konoha ? Sans doute. Mais ce n'était pas faute d'avoir prévenu. Dans cette petite pause, je lançais un simple :

« Ce n'est pas faute d'avoir essayé de mettre fin à cette collaboration à sens unique. »

Bien que j'essayais d'être neutre, mon ton était relativement sec, trahissant le fait que la situation m'avais fait sentir un sentiment de colère. Mais la suite me fit arrêter ma course. Elle parlait de quelque chose que j'ignorais, quelque chose qu'il se serait passé à Kumo. Attaqué par les Furyou ? Le village de la Foudre ? C'était quelque chose d'intéressant, mais la suite était encore plus choquante que tout.

Elle ? Daken ? Comment cela pouvait-il être possible ? Je la regardais de façon intense. J'avais peut-être devant moi une des clés du plan de Monwa. Une des clés qu'il fallait absolument protéger. Cela expliquait de nombreuses choses à son sujet, et réussissait, malgré moi, à comprendre ses actions. Elle était devenue une arme, un danger malgré elle... Perdue ? Probablement. Je n'étais pas de nature compatissante, mais cette phrase sonnait en moi comme une douloureuse cloche morbide. Être fuie, être crainte pour quelque chose que l'on n'avait pas choisi. Cette douleur particulière de la solitude... Je pouvais le comprendre plus que n'importe qui...

« Miko... »

Je fis une pause, la fixant du regard...

« C'est tout ce que vous êtes pour moi. Une Kunoïchi se nommant Miko, ayant le pouvoir des insectes et se battant pour une cause commune, en plus de suivre son chemin. Une des Ninjas du Shôraizen. Une vie qui possède un passé et des origines qui n'ont aucune importance à mes yeux. Que vous soyez Daken, où que vous ne soyez pas Daken ne change rien au fait que vous êtes désormais de notre famille... »

Je m'avançais vers la trentenaire, avant de mettre ma main sur son épaule.

« Si je dois vous défendre... Te défendre au péril de ma vie, alors je le ferai. Si je dois mourir pour préserver ce que nous avons construit, alors je le ferai. Si je dois te guider à travers les ténèbres parce que tu penses être une arme dangereuse, alors je le ferai. Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. C'est ce que je t'ai dit, et ce n'est pas le fait que tu sois Daken qui remettra nos deux engagements respectifs en cause. »

Je tournais des talons afin de me remettre en route. Je pensais ce que je disais.

« Si l'heure est aux confidences, alors laisse moi t'en faire une. »

Je faisais une légère pause.

« J'aurai accepté le châtiment du Rokudaime si simplement il n'aurait pas dévoilé toute cette histoire et en pensant qu'il pouvait se jouer de ma vie. J'ai perdu ma liberté, à Ame, Konoha me l'a redonné. C'est pourquoi j'ai offert ma vie et mon existence à ce village. Même si je devais tuer, même si je devais faire mourir des enfants, femmes, et bébés de sang-froid, détruire des populations entières, ou même partir pour le bien de mon village, je l'aurai fait. Mais renier ce fait en prétextant qu'il remettait ma vie aux mains du Village... Je ne lui pardonnerai jamais. »

Je continuais, nous approchant toujours plus de l'entrée principale.

« Un chef ne se cache pas. Un chef aide ses Shinobis, les comprend, vit leurs souffrances quotidiennement. Ils les guident, il ne les laisse pas pourrir. Et surtout, il leur accorde plus de crédit qu'à ceux d'un autre village, aussi puissant et respecté qu'il soit. »

Je m'arrêtais devant les grandes portes en fer creusé au sein même de la montagne. Sans perdre un instant, on ouvrait les portes... Nous marchions ensuite sur le pont menant à la ville souterraine... Arrivé au centre de celle-ci, je me retournais vers Miko.

« Bienvenu dans la cité de la paix, et de la liberté. J'espère sincèrement que tu t'y plairas... Va à l'hôtel de ville, on t'offrira une chambre, et de quoi te nourrir, te reposer. Nous avons un hôpital, une Armurerie, des magasins, des pâturages, des usines et tout le nécessaire au bon fonctionnement d'une ville. Si tu as des questions, je t'écoute... Sinon, je te laisse te diriger là-bas. »

Dis-je en pointant du doigt l'hôtel de ville.

Elle était dans l’attente. L’attente d’une réaction. Elle avait fait un pari stupide, mais un pari tout de même. Qu’arriverait-il s’il décidait de la prendre comme otage ? Et à quelle fin ? Utiliser la puissance de Daken ? Et si elle ne l’était pas à quoi cela servirait-il ? Peut-être voudrait-il vérifier ses dires et l’attaquerait, mais pas sûr que cela réveille un possible Furyou endormi. Tant de questions. Elle se sentait stupide d’attendre autant un verdict avec la boule au ventre. C’est pour quoi lorsqu’il commença à se remettre à parler en prononçant son simple nom elle arqua un sourcil, affichant un air de sincère interrogation. Un reproche ? Non. Écoutant la suite, l’Aburame se tut jusqu’à la fin, le laissant s’approcher, avant de le suivre religieusement.

Elle s’affichait légèrement émue mas silencieuse, prenant la pleine mesure des paroles de Seîto. Il fallait admettre que malgré tout, ses paroles sur qui elle était à ses yeux l’avaient quelque peu touchée. Comment Onpu aurait réagi ? Probablement bien également, peut-être l’aurait-il même aidé. Après tout il avait laissé Météora se balader dans le village … Mais elle n’avait pas pu, elle n’avait pu en parler à qui que ce soit, à personne à qui elle tenait un tant soit peu : Onpu, Maïka, Iji, Meia, Cho ou Mizuki … Cho, Mizuki … Son clan … Elle avait fui sans au-revoirs afin de repousser le plus possible une possible traque à son encontre. Elle s’était enterrée dans sa solitude malgré tout, décidant de porter à elle seule les différents fardeaux qu’elle s’était imposée ou qu’on lui avait imposés.

Merci.

Un souffle, un murmure. Pénétrant une nouvelle fois dans la montagne, l’Aburame aux côtés du chef du Shoraizen commença à descendre par le boyau principal, débouchant dans une immense caverne. Un joli petit endroit bien protégé… Facilement défendable. Une forteresse naturelle en quelque sorte. L’écoutant lister quelques-unes des choses présentes ici, Miko ne put s’empêcher de comparer l’endroit à un petit village ninja. En était-ce vraiment un, ou ne serait-ce qu’un énième camp de bandits mais à plus grande ampleur aux yeux des autres villages ?

Je pense que nous avons tous les deux eu notre part de questions pour aujourd’hui. Au plaisir de vous … de te revoir une autre fois et parler plus longuement. Merci pour tout.

Saluant le Sabakyô d’un signe de tête, l’Aburame s’avança donc, seule à nouveau et pourtant … Frottant ses mains, elle caressa distraitement le sceau appliqué sur le dos de sa main droite. Elle avait oublié de demander la signification de cet étrange symbole. Ce dernier avait quelque chose de religieux. Mais bon ici tout le monde devait pouvoir répondre à cette simple question. L’important pour l’instant était de trouver un logement. Admirant la vue et l’activité qui se dégageait de la montagne, Miko ne put qu’admettre l’ingéniosité de la chose et les merveilles d’architectures. Soit. Le tout était plutôt impressionnant. Si Seitô en était l’auteur, il s’était dépassé.

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