Finalement, se donner cette peine n’était vraiment pas nécessaire…Et il s’en rendait maintenant compte. Prendre sur soi pour engager la démarche et se faire remballer comme ce fut le cas quelques instants plus tôt… Il n’y avait donc aucune limite à ce fossé de mentalités qui le séparait lui, de ceux-là qui aujourd’hui se vautraient au sommet du village confortablement aidés par leurs statuquos… Enfin, ce n’était pas comme s’il s’attendait aujourd’hui à un miracle, quand il voyait comment cela avait précédemment dégénéré.

Claqué la porte à leur nez, c’était ce qu’il avait fait, sans une once d’hésitation. Il faut dire que les choses ne s’étaient pas aussi bien déroulés que ce qu’il avait espéré. Lui qui avait espéré obtenir les réponses aux questions qu’il se posait, n’avait eu en retour que des répliques qu’on aurait dit sorti d’un vieil enregistrement. Survoler…. Voilà ce qu’avait fait le Raikage. Survoler les questions et les transformer de manière à étouffer les ardeurs grandissantes du genin, entrainant ce qui devait arriver connaissant le tempérament passionné du garçon, surtout sur ce sujet-là. Des effusions les plus saugrenues aux insultes les plus impardonnables, voilà l’intervalle dans lequel on classerait ce qu’il sortit aux présents à cette entrevue, avant de finir de manière très claire par une phrase des plus simples. "Puisqu’il en ainsi… Je m’en vais!" Les sens d’interprétation pouvaient être nombreux, restait à savoir celui qui siérait le mieux à son excellence Tsumei et à sa clique.

Il avait choisi de rentrer à sa demeure, ne pouvant se résoudre à abandonner la petite truffe poilue qu’on lui avait offerte aux soins de sa cousine. Lui passant un collier particulier au cou avant de le prendre avec lui et de ressortir instantanément. Il devait être déjà dix heures ce soir-là, lorsqu’il atteignit le cimetière du village. Une zone bourrée de souvenirs, des bons, mais surtout des mauvais. L’itinéraire était simple au milieu des tombes, et très vite il se retrouva devant la tombe de son père devant laquelle il s’accroupit et se laissa aller à un élan de mélancolie.

Bonsoir père ! Comment allez-vous aujourd’hui ? J’espère que tout baigne là-bas au paradis… Enfin, je ne peux que l’imaginer, c’est le paradis après tout... Il s’est passé encore beaucoup de choses depuis ma dernière visite ici, j’ai à présent des gens qui comptent presque autant que vous dans ma vie… Surtout une en fait… Haha!.......J’ai croisé quelqu’un qui a dit être mon frère, et maintenant je dois quitter cette terre où je suis née pour en savoir plus. J’ignore encore ce qui m’attend là-bas… Mais, comme vous me le répétiez souvent, agir est toujours mieux que se morfondre… Je vais trahir tout ce que vous m’avez appris, c’est pourquoi je suis venu vous demander de me pardonner mon choix, et de me prêter la force d’aller jusqu’au bout… Enfin, je vais m’arrêter là, la suite on se le dira aux moments de nos prochaines retrouvailles…

Finissait-il ainsi, le visage noir, alors qu’il déposait à présent le louveteau par terre. Ses pupilles étaient dilatées, et très rouge. Il marcha lentement, en se dirigeant à présent vers une autre tombe, un peu plus loin dans le cimetière devant laquelle il s’assit jambe croisées un moment sans rien dire. Oz levait les oreilles en entendant des bruits inhabituels et accourait vers son maitre. Il l’observa un moment avant de se mettre à émettre de légers gémissements en se frayant un chemin sur les jambes de son maitre pour s’y réfugier. À croire que l’animal essayait de réconforter Shiwoon en larmes en recherchant désespérément des caresses. Une attention qui rappela au genin qu’il se devait d’être fort en ce lieu. Caressant lentement l’animal il se mit à caresser la petite boule en faisant de son mieux pour se contenir.

Salut Sanji, ça fait un bail hein ?... Oui je sais, j’ai des mois de retards sur notre rendez-vous habituel… Désolé vieux frère… Je n’ai jamais pu, te dire à quel point j’étais désolé… si j’étais arrivé plus tôt… si j’étais arrivé un peu plus vite…

Il relevait la tête et se mettait à regarder de nouveau les astres alors que son pouls s’accélérait et que les larmes de nouveau venaient baigner ses joues.

Je quitte notre village cette nuit, et je ne pourrais te rendre visite à partir de ce soir ! J’ignore encore combien de temps je ne serais pas là… Enfin…

Il s’arrêta suite à un aboiement du petit animal qui avait vu quelque chose. Shiwoon tourna légèrement le visage sur la droite et put voir celui qui avait fait réagir l’animal. Zennosuke… Il était là debout, non loin, sous un arbre, qui sait depuis combien de temps… On dirait que la dispute un instant plus tôt dans le bureau du Raikage ne lui avait pas suffi, et qu’il en redemandait. Le Dentô porta le chiot et le déposa dans l’herbe à ses pieds, avant de se relever et contempler la tombe de son ami, une image qu’il souhaitait imprimer dans son âme pour longtemps.

Un long et froid instant de contemplation. Pas une pensée ne traversait son esprit, alors que ses yeux regardaient la tombe. Il cherchait à mémoriser cette image, mais ses yeux lui montraient autre chose, le visage d’un Sanji souriant qui lui faisait un signe pour dire que tout baignait. De nouveaux les larmes qui se ramenaient plus intensément que jamais. Il était temps de conclure ce moment de recueillement par ce qui était devenu comme un petit rituel pour lui.

Plongeant sa main gauche dans sa poche, il sortit un paquet de cigarettes, souvenir de l’être endormi pour l’éternité. Il l’ouvrait pour en sortir la dernière cigarette qu’elle contenait. On pouvait toujours ressentir malgré l’odeur du tabac, le parfum du défunt Bakushô. Shiwoon sortait un briquet et mettait la cigarette dans sa bouche. Il fermait les yeux alors qu’il mettait le feu à la clope et prenait une grande bouffée. Il la sortait de sa bouche en toussant comme d’habitude. Décidément, les cigarettes et lui ce n’était vraiment pas le grand amour. Il s’accroupissait en reprenant peu à peu sa contenance pour déposer la cigarette sur la tombe en question.

Même aujourd’hui, j’arrive toujours pas à fumer ton truc… Hmpf… Comment tu fais toi haha ? C’est la dernière de ton paquet donc fait gaffe hein, et prend le temps de bien savourer ! Je t’en rapporterais quand je pourrais.

Il resta encore un moment à contempler la stèle sans rien dire, essayant de contenir le flux d’émotions qui s’entremêlaient en lui, alors que la voix du Seki se mettait à résonner. Shiwoon avait bien suivi, mais ne réagit pas directement, se laissant du temps pour récupérer son froid apparent. Il lui fallut un moment pour que cela soit fait. Il finit par se relever, levant une dernière fois la tête vers les cieux, avant de se retourner pour aller rejoindre le Seki. Il marchait lentement, les yeux fermés et arriva accompagné de la petite bête au niveau de Jônin qu’il traversa avant de s’arrêter et de tourner légèrement la tête vers ce dernier, pour finalement reprendre sa route. Une invitation à le suivre, que Zennosuke comprit car les voilà qui s’éloignaient des tombes pour atteindre une zone avec moins de valeur sentimentale pour le Dentô.

Quand il trouva que la distance qui le séparait de ces tombes était assez grande, il se retourna enfin vers Zennosuke mains dans les poches. Il prit un moment avant d’ouvrir les yeux. Des yeux bien différents de leur état normal, un détail qui n’échapperait surement pas au membre du Satoru au vu de la couleur rouge vive qu’ils arboraient, contrairement à leur brun habituel. Comprendrait-il que le Dentô analysait la zone avec sa vue ? Qui sait… Ses yeux étaient dirigés vers le Seki à présent. Apparemment il était seul et voulait parler encore une fois avec l’étoile. Shiwoon n’attendait plus vraiment grand-chose de lui, mais voulait bien savoir pour quelle raison il avait retiré son espion habituel pour venir lui-même. Si c’était au sujet de la visite à Tsumei, ça risquerait encore de jaser un max entre eux, pour ne rien arranger.

Il finit par sortir les mains de ses poches et faire un signe de la main au louveteau qui s’assit instantanément à leur vue. Le dressage se déroulait vu qu’il se souvint de la signification de ce geste de la main. Il reporta son regard de nouveau sur le Seki alors que ses yeux reprenaient leur teinte normale.

Ok, je t’écoute ! De quoi veux-tu «discuter » ?

Le ton pour dire discuter ne relevait ni du sarcasme, ni de la provocation. Il servait juste à souligner le fait que la dernière fois…Cela ne s’était pas vraiment bien passé.

J’avais suivi du début à la fin tous les gestes de mon ex élève. Je le sentais tendu. Il prenait sur lui, malgré les apparences par ailleurs. Il semblait se retenir, couver une colère qu’il ne souhaitait laisser exploser. Je la sentais, palpable dans l’air ; prête à violemment m’exploser à la figure comme cette fois-là. Alors que Shiwoon continuait à se recueillir, à voix haute, près de la tombe au-dessus de laquelle il se trouvait, je repensais à cette scène déchirante –pour moi- dans la prison de Kumo. Shiwoon était derrière les barreaux, emprisonné et j’étais de l’autre côté, libre. Je me souviens encore de l’énervement qui avait été le sien. Incompréhensible pour moi à ce moment là. Je ne comprenais pas pourquoi il s’était mal comporté envers l’autorité du village, je ne comprenais pas pourquoi il en était venu à faire fi de la hiérarchie et à risquer ce sort qu’il avait mérité… Jusqu’à présent d’ailleurs, la réponse m’était totalement inconnue, bien que je reconnais que je n’avais pas été compréhensif à son égard. Je n'avais pas intégré le mal être logique d'une personne qui se retrouve entravée, limitée dans sa liberté d'action. Je m'étais posé en donneur de leçons, et même si c'était en soi une erreur, la sienne n'en était pas moins excusable.

Cependant, j’avais été entier, réagissant tel que je le pensais juste, même si, je le comprenais avec le recul, j’avais été malgré moi un déclencheur d’un mal être que je n’avais su déceler en cet élève prometteur, sur le point de commettre une erreur monumentale. Aujourd’hui était le grand jour ou plutôt le grand soir. Je le pressentais. Aya était venu me rapporter une situation que je savais forcément liée à une décision lourde de conséquence. De sa part du moins. J’étais venu aussitôt près de cette brebis égarée. Cette brebis dont je n’avais pas su être un bon maître.

Alors qu’il me faisait clairement comprendre qu’il était prêt à répéter le même scénario que la dernière fois, j’essayais de calmer le jeu tout en sachant, qu’une fois de plus, il allait se laisser aller à tout un tas d’inepties. Du moins, il y avait de fortes chances qu’on en arrive là.

« J’aimerai comprendre Shiwoon. Tout simplement. Que comptes-tu faire ? Et pourquoi ? »

Le Dentô n’était pas bête. Nul besoin de lui demander son état. Lui et moi savions qu’il n’était pas au mieux. Puis lui poser la question allait lui laisser une ouverture dans laquelle il n’allait pas manquer de s’engouffrer. Hurler son mal être et trouver les coupables qu’il avait désigné vraisemblablement depuis fort longtemps : le Yondaime et moi-même. Le maître de Kumo et son ancien senseï. Soit. J’étais prêt à entendre toutes sortes de choses. Prêt à supporter… tout caprice d’un jeune Genin qui ne comprend rien à la vie pour peu qu’il accepte de se livrer.

Le monde ninja est complexe au point de ne pas laisser libre cours aux problèmes des uns et des autres. Nous n’étions que des lames, au service de Kumo pour garantir le bien être de populations que nous protégions de la violence et de la sauvagerie du monde. Une lame qui veut être utile doit savoir souffrir d’être aiguisée continuellement afin d’être prête à servir une fois le moment venu. Ca, le jeune homme ne semblait pas l’avoir compris, lui qui semblait croire qu’il était le seul à souffrir. Quelque soit la cause de sa souffrance par ailleurs. J’étais prêt à l’écouter. Il le savait et je le savais tout aussi bien, j’allais à la fin de notre entrevue que j’espérais enrichissante des deux bords, lui rappeler ce en quoi je croyais, ce que j’avais tenter de lui inculquer durant ces moments que nous avions passés ensemble.

Mon regard, neutre au mieux, reflétait mon attitude de shinobi. Stoïque, prêt à subir une souffrance que je n’allais pas manquer de ressentir, pour l’intérêt de Kumo que je servais…

Ses pensées étaient toujours un peu brumeuses, mais maintenant il était calmé, c’était déjà une bonne chose en soi. Maintenant il serait un peu plus détendu et enclin à suivre d’un meilleur œil ce dont souhaitait s’entretenir avec lui le Seki aux yeux bleus. De l’anxiété pouvait se lire sur l’expression plus ou moins neutre qu’essayait d’arborer Zennosuke. Comme si cette fois-ci, il espérait quelque chose lors de ce dialogue. Il restait maintenant à savoir quoi.

Shiwoon qui avait toujours habitué son entourage à ses bavardages carambolesques sans queues ni têtes était encore une fois plus que calme. On pouvait y comprendre plusieurs choses derrière ce calme. Mais en cet instant, ce qu’il fallait surtout comprendre était qu’un seul mot mal placé et ça pouvait lancer les hostilités pour un long moment. Chose qu’avait surement compris Zennosuke qui semblait prendre son temps pour placer ses mots. Il commençait posément par une question à laquelle Shiwoon pouvait s’il le voulait, répondre ou pas.

Sans vouloir être chiant, le moment pour la séance explication est passée je dirais ! Vous avez déjà donné votre point de vue donc faites pas comme si ça vous intéressait maintenant !

Il se voulait dur et intraitable d’entrée. Il y avait de quoi quand on revoyait la scène qui avait eu lieu lors du passage du Seki dans la prison du village. Un moment au cours duquel l’homme avait non pas chuté du podium sur lequel l’avait installé le Dentô, mais s’était plutôt et surtout enfoncé dans les tréfonds des méprisés et des haïs. Shiwoon ne le voyait plus comme un grand-frère, mais comme une simple machine qui obéissait aux ordres d’un abruti. Une nouvelle vision des choses ce soir-là qui éveilla en lui une idée. Si le kage refusait d’écouter ce que voulait lui dire le Dentô, alors il écouterait ce que lui rapporterait surement son meilleur «pion ».

Quant à ce que je compte faire… Et bien c’est très simple Zenno, c’est m’en aller de Kumo juste après notre discussion !

Une halte de quelques secondes était ensuite faite, histoire de permettre au Seki réaliser qu’il avait bel et bien entendu les mots que ses oreilles venaient de lui faire parvenir. Shiwoon rectifiait un peu sa position, répartissant maintenant son poids sur ses deux jambes et regardant de manière plus froide que jamais le Jônin. Un duel de regard ? Non, là n’était nullement le but. C’était tout autre, lui faire comprendre que c’était peine perdue d’essayer de débattre là-dessus.

Pour la raison de ce choix, je dirais que c’est simplement parce que Kumo m’a montré que je n’ai pas ma place ici !

Il savait ce qu’une telle déclaration pourrait entrainer chez le Seki, mais il tenait à la faire. Pour que ce dernier sache clairement dans quel état d’esprit il voyait les choses, afin qu’il fasse plus tard, un bon rapport à cet entêté de Tsumei !

J’écoutais le gamin, j’observais ses réactions. Je sentais bien qu’il était encore… frustré ? Enervé. Il se contenait, essayant tant bien que mal de rester calme. Je le percevais aisément. Chacun de ses mouvements laissait voir son état d’esprit. Je ne pouvais m’empêcher de le juger à l’aune des préceptes que j’avais tant bien que mal essayé de lui inculquer. Mais je sentais bien qu’au moment où nous échangions, tout cela n’était plus dans son esprit. Mes enseignements avaient-ils jamais eu d’ailleurs la moindre emprise sur lui ? Avait-il jamais saisi ce qu’était un réel shinobi ? J’en doutais fortement.

Déjà, il faisait totalement fausse route en estimant que son sort ne m’intéressait nullement. Etait-il aveugle au point de ne pas comprendre que mon déplacement à la prison, le fait que j’ai mis mon amie Aya sur ses pas, ma présence ici, en ce jour que j’avais estimé à juste titre fatidique… Tout cela ne concourrait qu’à un seul et unique but : lui faire comprendre qu’il avait de l’importance au moins aux yeux de son senseï. Je ne pouvais lui dire que je l’aimais. Non. Ce serait parfaitement inutile. Il ne le croirait ni ne le comprendrait. De plus, cela ne changerait rien. Cet entêté s’était fait une idée et il allait s’y tenir contre vents et marées.

Je soutenais son regard en y répondant par un autre d’une froide dureté. A la limite de la haine. Mes défauts sont grossiers tous comme ceux de Shiwoon. Et lui, comme moi, étions pareils sur au moins deux points : la détermination et notre entêtement. Je savais par avance que cette rencontre ne mènerait à rien. Car un fils qui dévie de la voie que son père a souhaité pour lui, ne peut que recevoir les foudres de ce dernier. Entre hommes, fut-il entre père et fils, entre maître et élève, entre frères à la vision du monde différente, l’affrontement est la seule issue.

Le timbre de ma voix laissait entendre toute mon intransigeance habituelle sur les sujets sur lesquels je n’acceptais aucun compromis. La tension allait monter d’un cran. L’un de nous allait craquer, hurler, se taire ou fuir l’opposition. Nulle autre voix. Je tentais une dernière fois de lui ouvrir les yeux :

« Encore une fois tu n’écoutes pas… Tu n’en fais qu’à ta tête Bakka ! »

Je serrais les dents. Il me semblait que j’allais être le premier à craquer. Ce…

« Qui considères-tu comme Kumo ? Uniquement le Raikage ? Es-tu seulement conscient que Kumo est un tout au-delà de l’Ombre ? Es-tu conscient qu’en globalisant tu mets dans le même panier ceux qui ont fait de leur mieux pour que tu puisses t’élever ? Non… Tu ne t’en rends pas compte… Tu préfères la solution de facilité. Trouver un bouc émissaire, un prétexte, une raison… de déserter. Bakka ! »

Je serrais le poing. Je savais qu’en parlant ainsi, le gamin allait encore plus se braquer. Mais je ne pouvais me départir de mes défauts tout autant que lui ne parviendrait pas à élever sa réflexion au point de voir les choses autrement. Le ton de ma voix laissait entendre que j’étais moins intransigeant.

« Toutes façons, j’aurai beau parler, tu ne comprendras pas… »

Je m’approchais de lui. Allait-il le prendre comme une menace ? Je m’en moquais. Je posais ma main sur son épaule. On aurait dit un ami. Mais, au fond, tous deux savions que nous ne l’étions pas ni pour l’un, ni pour l’autre.

« Fais ton choix Shiwoon. Mais assumes en les conséquences sans te voiler la face avec ces prétextes… »

Je tournais le dos, bien conscient que ce gamin était en train de foutre sa vie en l’air. Mais comment faire entendre raison à qui ne veut justement rien entendre ?

J’ignore si vous pourrez imaginer ce qui se passait à cet instant entre ces deux-là malgré le calme apparent. Si un jour vous pourrez voir un balai aussi beau que les frémissements de deux âmes que tout semble séparer mais qui se tendent à chacune la main pour une dernière danse. Un de ces moments que l’on place sous le signe du mystère et que l’on ne comprend véritablement, qu’une fois ce dernier achevé.

Son air de défi ne s’amenuisait nullement alors qu’il voyait peu à peu le rictus de la colère naitre chez le Seki. Un regard froid et haineux qui disait tout. Voilà donc à quoi on allait aboutir en fait. Voilà donc ce sur quoi ça allait finir, entre eux deux ? Si prévisible aussi. Enfin, rien qui ne surprenne réellement l’étoile géante pour l’instant dans les propos passionnés que lui déversait au visage le Seki. Houuuu, il est frustré le petit Zennosuke…. N’est-il pas mignon ? Enfin, écouter était une chose, répondre en était une autre. En l’occurrence ici, répondre se devait d’être une obligation. Il s’avança vers le Seki s’estompa à quelques centimètres de lui.

Je ne te permets pas de me traiter d’imbécile et ton Kage, je m’en contrefiche éperdument.

Dit-il pour commencer, alors qu’il maintint le regard glacial du Seki, avant de laisser paraitre sur son visage un froid sourire.

Le Kumo dont je parle est ce Kumo cachotier et menteur, qui se permet de jouer avec les sentiments et des sujets importants. Ce Kumo-là, je n’ai rien à voir avec lui, aujourd’hui et à jamais ! Ceux qui ont fait de moi celui que je suis ne sont pas de Kumo… du moins, ils ne font pas parti de ce Kumo là, alors je parlerais de Kumo en ces termes là si j’en ai l’envie.

Il se retourna et fit quelques pas en s’éloignant du Seki. Son pas était marqué et lent. Il finit par s’estomper et remettre ses mains dans ses poches avant de relever la tête vers les étoiles qui essayaient d’illuminer du mieux qu’elles pouvaient cette soirée. Leur vision eut comme un effet d’apaisement pour le garçon dont la respiration finit par redevenir lente et douce. Il prit le temps de prendre une grande bouffée d’air, les yeux fermés avant de se retourner vers le Seki, le visage irradiant de calme.

Vous faites fausse route, Zennosuke ! Je ne cherche pas de bouc émissaire. Mon choix de partir est la seule et unique décision qu’il me reste. Avant d’être un ninja de ce village, je suis un être humain. Pour moi, rien n’est au-dessus de la famille. J’ignore totalement si tu as de la famille ou si tu pourras comprendre, mais c’est comme ça. Je dois savoir ce qui est arrivé aux miens. Kumo m’a montré qu’il ne daignera pas me prêter main forte, alors je ne compterais pas sur ce dernier dans mon ouvrage ! Je me débrouillerais seul comme je l’ai toujours fait.

Il prit le temps de regarder le Seki et laissa son être s’embraser en cet instant. Une aura rouge naquit autour de lui et il la dispersa sur un grand rayon. La lumière était chaude, mais rien de bien dangereux pour un homme. Tout le contraire des plantes qui s’asséchèrent rapidement suivant des formes qu’on ne saurait comprendre à proximité. Un message dans la flore entourant le cimetière pour le Seki alors qu’il accompagnait la brume rouge par :

D’un dragon naitra toujours un dragon……

Il finit par estomper la lumière, laissant entrevoir au Seki l’état de l’heure sous leur pieds et s’avança vers lui jusqu’à le traverser d’un pas avant de s’arrêter. Un grand sourire lui illuminait le village alors que lui revenait en mémoire des paroles que lui avait tenu le patriarche et chef du clan Dentô lors de leur dernière entrevue.

Notre nom symbolise notre ligne de conduite. Notre pouvoir représente nos valeurs et ce que nous nous devons d’être ! Chaque homme nait pour accomplir une tâche ! Et si la tienne te conduit sur cette voie…Et bien va mon fils, et brille d’un éclat infini…

Pour la première fois il était détendu et serein, se rendant vraiment compte à quel point c’était bien d’avoir un chez-soi. Il ne trouvait pas vraiment quoi dire au Seki pour lui faire comprendre qu’il comptait évidemment assumer chacune de ses actions, alors il choisit de se rabattre sur ce que lui avait dit le vieux, pensant que le Seki comprendrait le sens caché dans ses propos.

Je suis Shiwoon ! Fils des Dentô ! Prochain dirigeant du village de Kumo !...

Il s'avança lentement de quelques pas avant de s'arrêter de nouveau et de tourner légèrement la tête sur le côté pour regarder l'homme en chuchotant

Merci pour tout Sensei. À la prochaine.... OZ, au pied! Il est temps d'y aller!

Le message dans l'herbe!: