Par quel bout prendre une démone ? La queue ? (PV Sanae)

Précisions:

J’avais beaucoup réfléchi à ce qui se passait récemment au sein de l’équipe Senshi. Les choses ne se passaient pas telles que je le souhaitais. Dans ma vision, un shinobi est quelqu’un d’avant tout discipliné, respectueux envers la hiérarchie, ayant un énorme sens du sacrifice. De ceux composant mon équipe actuelle, seul Kadoria Sho semblait se rapprocher le plus des valeurs que je tentais tant bien que mal de prôner. Lui seul restait discipliné contre vents et marées. Je savais bien que pour avoir le cœur net par rapport à ce en quoi il croyait vraiment, je me devais de le pousser à bout. Afin de connaître ses limites. Mais pour l’heure, là n’était pas ma priorité. Elle se trouvait ailleurs.

J’avais décelé quelques problèmes concernant Shiwoon et Sanae. Deux Genins membres de la même équipe se détestant cordialement. Ce type de phénomènes, je l’avais déjà expérimenté par le passé. Mais les choses n’allaient pas plus loin que des regards qui en disaient long et de petites piques de temps à autres. Une sorte de rivalité à la base de mésentente en somme… Cependant, actuellement la situation se présentait différemment. Si Shiwoon et Sanae ne semblaient pas le moins du monde s’apprécier, chacun d’entre eux éprouvait de sérieuses difficultés relationnelles avec les autres membres de l’équipe : Kadoria Sho et moi-même, le senseï. Évoquer le cas de Shiwoon n’est pas le sujet primordial. Je savais parfaitement qu’il éprouvait un grand désir de m’affronter. Pour quelle raison ? Je n’en savais rien. Peut-être sa grande ambition pour lui-même le poussait à vouloir s’offrir le scalp d’un ninja qu’il estimait, savait bon. Peut-être à contrario se croyait-il si puissant qu’il pensait pouvoir m’étaler… Enfin, même si je ne cautionnais pas son impatience à vouloir progresser rapidement, je comprenais sa détermination à aller de l’avant. Sur ce point nous étions semblables. A la différence que je flairais que le Dentô était loin de ce que je considérais comme quelqu’un de discipliné. Cependant toutes ces questions pourraient être vidées en temps et en heure avec l’intéressé. Que ce soit via une discussion véridique ou à la suite d’une baston qui lui ferait saisir le gap de puissance entre son maître, moi-même et lui..

J’étais assis au bord d’un petit lac au sein même de Kumogakure no Sato. J’étais dans un jardin public, un de ces jardins permettant aux kumojins de pouvoir se relaxer, réfléchir, passer de bons moments en public. Nous étions en plein été et tout autour de moi, la nature semblait chanter sa joie d’offrir ce qu’elle avait de plus beau. Tout autour de moi était plein de couleurs, tout était beau. Pourtant, en mon for intérieur, je savais que ce paysage féérique allait rapidement être bousillé par la venue d’une subordonnée à qui j’avais demandé de me rejoindre en ce lieu.

Sanae… La démone… Je m’adossais au siège froid du banc fait de béton. L’image de ma disciple me revenait en tête. Elle était terrifiante dans ce qui semblait être une voire son apparence réelle. Je m’imaginais quelle serait ma réaction si je l’avais fréquenté étant plus jeune. A l’académie par exemple. Je laissais échapper un soupir. La vie de shinobi est déjà bien assez difficile comme ça pour ne pas qu’on ait à y ajouter une différence aussi… fondamentale. Je comprenais alors ce caractère désagréable. Au fond, il s’agissait d’une carapace. Une sorte de protection de la Genin face au monde. Oui elle était différente. Oui, elle ne devait pas se sentir de ce monde. Et pourtant… Mi-humaine, mi-démone, elle était comme les métis de toutes races : un pied à droite, un pied à gauche, tu n’es ni à droite ni à gauche…

Un second soupir. Mon regard se porta sur la droite, il me sembla que c’était elle qui arrivait là bas au loin, sous sa forme humaine. Qui pourrais imaginer qu’une gamine aussi mignonne, à l’apparence aussi… angélique ? Pouvait cacher un ouragan ? Je posais mes bras sur les rebords du dossier du banc. Tout le long, je prenais mes aises, me relaxant un peu, profitant des derniers moments de paix que j’aurais en cette belle matinée. Le diable arrive…

Rien de bien fascinant. C’est exactement à quoi se résume ma vie actuellement. Moi qui aime avoir de l’action et faire chier le monde, me voilà à enchaîner les petites missions pour pouvoir payer mon loyer. Je jure que je vais péter un câble si ça continue comme ça. Je suis pas fait pour faire comme tous les autres moi ! J’essaie juste de survivre là et moi je veux vivre, pas seulement survivre. Le seul évènement un minimum intéressant qu’il y a eu dans ma vie récente c’est mon affection à une équipe de gros débiles. Des humains sans intérêt et qui, je l’espère, ont bien compris à qui ils ont à faire.

Heureusement, en me levant ce matin, j’ai trouvé un petit mot dans ma boîte aux lettres. Une indication me faisant comprendre que cette journée va peut-être être intéressante. Ça ne fait que quatre jours depuis ma première rencontre avec mon sensei et un de mes camarades. Je dois d’ailleurs vous avouer que je suis plutôt fière de l’impression que j’ai donnée ! Ils devraient se sentir honoré que je leur dévoile ma forme démoniaque dès le départ… Même si c’était pour m’attaquer à mon collègue. Enfin collègue, je devrais plutôt dire « Idiot d’illuminé inutile », ça lui correspond mieux.

Bref, tout ça pour vous dire que ce petit mot vient tout simplement de mon sensei. Monsieur le Seki désire s’entretenir avec moi en privé. À croire que je commence à être demandé ! Pire qu’une princesse ! Enfin bon, il faudrait que je m’active si je veux le rejoindre à temps… ça serait dommage qu’il se casse avant que j’arrive quand même. Car oui, j’ai beau de pas l’aimer, j’aime bien le faire chier et voir son visage se décomposer quand je le renvoie chier ! Un pur plaisir !

C’est donc sans attendre plus longtemps que j’enfile un simple kimono, me donnant un air à la fois gentille et mystérieuse. Un contraste parfait avec ma vraie personnalité bien sûr. Puis, je fonce jusqu’au lieu de rendez-vous, impatiente de savoir ce qu’il me veut. Bon, on devine tous qu’il veut me parler de ce qu’il s’est passé l’autre jour, mais j’ai le pressentiment que ça ne va pas forcément se passer comme nous le prévoyons tous. Déjà, rien que le fait que je sois l’un des interlocuteurs apporte une imprévisibilité hors norme…

Apercevant ce qui semble être le Zennosuke sauvage, je m’avance vers lui avec un sourire des plus carnassiers. Rien de mignon ou quoi que ce soit, je veux que cette expression lui rappelle ce qu’il a déjà vu de moi. Je suis une démone, ni plus, ni moins.

- Oh… serait-ce un tête à tête… ? Vous m’envoyez ravit, mais vous semblez un peu périmé pour moi, désolé !

Lâchant un petit rire, je fais une magnifique introduction à notre conversation ! Bah quoi, fallait pas s’attendre à autre chose hein… Déjà, je l’ai vouvoyé alors m’en demandez pas plus !

Finalement, elle s’était montrée. Toujours aussi impertinente. Une provocatrice dans ses moindres faits et gestes, pire encore lorsqu’elle se laissait aller à quelques propos malheureux. Je l’avais aperçue de loin. Elle se rapprochait avec un large sourire sur le visage. On aurait dit une enfant –ce qu’elle était – prête à faire une énorme bêtise. En y repensant, la chose ne pouvait être différente de cette idée. Elle préparait quelque chose, peut-être même jubilait intérieurement d’avoir quelqu’un à faire chier. Je soupirais à nouveau, me redressant. Je m’asseyais mieux. Comme pour accueillir la nouvelle venue.

D’entrée elle m’avait servi une provocation. Elle essayait de faire passer sa convocation pour un rendez-vous galant. Quel culot ! Je notais néanmoins le vouvoiement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais le sentiment en l’entendent me parler ainsi qu’elle me faisait une fleur. Moi qui étais plutôt à cheval sur le respect de la hiérarchie et du grade, je savais que je ne pouvais appliquer mes méthodes classiques avec elle. Ce serait l’échec total. Elle serait même capable de me ridiculiser. Le déshonneur suprême.

Elle s’était approchée. Je lui faisais un petit sourire. Un peu forcé faut le dire. Elle ne m’était pas sympathique, même si je me sentais un peu responsable d’elle. Déjà. Paternaliste me dira-t-on…

« Comment vas-tu Sanae ? »

Une question simple. Je présentais qu’on allait mal me répondre mais bon. Fallait bien que je sache comme cette jeune fille est capable de réagir face à quelqu’un qui s’intéressait un minimum à son état. Je la scrutais de mes yeux bleus. Détaillant ses gestes et tics sans en donner nullement l’impression. Ma main gauche frappait doucement à petits intervalles le banc à côté de lui. Un signe évident d’invite à s’assoir. Pour une fois, Zennosuke ne souhaitait nullement le grabuge. Du moins, pas en l’état.

D’une voie amicale voir paternelle, sans exagération aucune je questionnais :

« J’ai été étonné la dernière fois. Je dois l’avouer, je n’y m’attendais pas le moins du monde. Depuis quand es-tu capable de changer d’apparence de la sorte ? »

Cette question semblait surement conne, mais je n’en savais pas plus que cela des capacités et sur l’histoire de la gamine. Puis les trucs sur les démons… J’avais bien fréquenté en son temps des manipulateurs d’esprits, capables certainement de faire ce que Sanae venait de faire, mais j’ignorais beaucoup de chose à leur sujet. Cependant, le fait que je sois lié à Sanae, me pousserait nécessairement à explorer plus en avant cette ancienne piste. Ca plus d’autres raisons qu’il est inutile d’évoquer ici.

Mes yeux étaient posés sur la Genin. J’attendais sa réaction et certainement ses désagréables réponses. Il fallait bien que je m’habitue à la démone qu’elle était.

Aucune réaction. Putain mais c’est pas drôle s’il ne réagit pas à ce que j’e dit… Cet idiot de Jonin aurait déjà compris comment éviter que je m’amuse ? Alors là je dis non, clairement. S’il ne se vexe plus quand je l’insulte, s’il ne réagit plus quand je le provoque… quel intérêt je vais avoir à être son élève ? Déjà que c’était plutôt limité mais alors là… Autant dire que c’est zéro bénéfice pour moi. Peut-être est-ce que tester sa patience serait amusant. Après tout, s’il s’amuse à encaisser mes réflexions, il est possible qu’au bout d’un moment il sature…

Non mais le pire, ce n’est même pas le petit sourire qu’il me fait en réponse à ma provocation, non… C’est ce foutu « Comment vas-tu ? » qui me reste en travers de la gorge. S’il croit vraiment que je vais lui répondre en mode ami ami qui on une discussion normale, il peut toujours crever. Surtout que je n’ai pas que ça à foutre s’il ne veut même plus répondre à mes provocations. Quitte à perdre mon temps, je préfère encore le faire en faisant chier des gens un peu plus intéressant, genre l’autre illuminé là.

- Abrégez, on s’en branle de comment je vais, ça se voit assez nan ?

Et le voilà qui m’invite à m’assoir d’un petit geste. Bah tapote autant que tu veux, je ne vais pas m’assoir. Ça reviendrait à dire que j’accepte de gâcher mon temps dans cette conversation débile, ce qui n’est bien sûr pas le cas. Croisant les bras, je soupire assez fort pour qu’il l’entende bien. S’il ne comprend pas qu’il m’emmerde là, je vois pas quoi faire de plus…

Ah bah apparemment il ne le comprend pas. Monsieur le Seki me parle maintenant d’une voix douce, comme s’il essayait d’amadouer un chien ou de me montrer qu’il est prêt à faire un pas vers moi. Laissez-moi rire ! Il est encore plus con que je ne le pensais. Le pire, c’est qu’il lance un sujet me concernant entièrement, à savoir ma vraie nature. Je pose alors mes mains sur les hanches et me penche légèrement vers lui avec un sourire toujours aussi carnassier.

- Déjà, je ne « change pas d’apparence », monsieur le Seki en mousse.

Lâchant à nouveau un rire machiavélique, une légère aura m’entoure avant de changer totalement mon apparence d’un clin d’œil. Me voilà sous ma vraie forme, bien plus classe, plus imposante et… démoniaque ! Je continue alors ma réponse, mais avec une voix à l’aspect plus maléfique, voire même inhumaine.

- Je ne fais que retrouver mon apparence originelle, ma vraie forme. Je suis une démone, et ce depuis ma naissance…

Il a de la chance… Deuxième fois qu’il me voit sous ma vraie forme et ce, entièrement. Je crois que c’est un trop grand honneur pour lui.

- Je ne fais pas partie de votre monde, humain. Nous les démons, nous sommes supérieurs à votre race inférieure !

Clair net et précis. Exactement ce qu’il faut pour faire comprendre tout cela à un cerveau d’humain débile.

Je ne m’étonnais pas le moins du monde lorsqu’elle m’envoyait chier suite aux premiers mots que je lui avais posé. Je savais que cette question élémentaire que n’importe quel humain lambda poserait à n’importe quel autre humain comme lui ne susciterait pas de vague. Cependant, pour un humain rentrant dans le cercle « intime » d’un démon les choses pouvaient être bien plus compliquées. Surtout que je savais que je n’avais aucune part, dans le « cœur » de Sanae. Pas une once d’estime de sa part. Mais cette question n’était qu’une mise en bouche par rapport à ce qui allait suivre.

Mon invite à se rapprocher de moi fut tout aussi bien mal prise par mon interlocutrice. Je m’y attendais également. Si elle s’était assise, je me serais attendu à quelques vacheries de sa part. Pour la suite, sa réaction par rapport à ce que je pourrais taxer de « troisième provocation » n’était pas moins prévisible pour moi. Elle venait de corriger mon erreur en se changeant totalement devant moi… Un démon était apparu devant moi. Là sans crier gare. Dans une autre vie, je me serais probablement enfui. Pourtant même dans cette forme, je ressentais bien que nos niveaux de puissance étaient toujours aussi démesurément distincts.

J’avais le privilège de la revoir sous ce qu’elle considérait d’elle-même comme sa forme véritable. Ce devait être d’ailleurs la réalité. Curieusement, je ressentais l’envie de lui poser tout un tas de questions sur cette forme. J’avais envie de tester des choses…Pas du style de ce à quoi vous pensez non. Plutôt des trucs du genre la martyriser au point qu’elle n’ait plus de chakra histoire de la voir s’évanouir. Quelle serait sa véritable forme lorsqu’elle est dans les pommes ? Au final, cela n’avait pas plus d’importance que cela. Tôt ou tard j’en saurais plus.

« Ah t’es née comme ça ? Tes parents sont démons aussi j’espère, sinon ta mère a dû perdre la vie en te faisant sortir cornes et ailes… »

Je l’écoutais me sortir une assertion qu’elle croyait certainement véridique. Une prétendue supériorité des démons sur les hommes hein ? Un pur fantasme !

« Race inférieure… Tout ça sonne comme du déjà-vu. Peut-être que penser cette grossièreté te permet de garder le moral face aux réactions de nos semblables. »

Je la scrutais de mes yeux bleus. Je venais encore de la provoquer en la rattachant au monde humain. Pour moi c’était évident. Elle était un hybride. Une sorte de métis. Même si elle ne le comprenait pas encore, il y avait de grandes chances que le jour où elle rencontrerait un véritable démon, celui-ci se ferait le plaisir de se lier avec elle afin de la manipuler. Dès l’instant qu’elle appartenait à deux races, elle ne pouvait être totalement considérée par l’une ou part l’autre. Triste sort.

« Ecoute, je te demanderai certainement un jour de m’accompagner voir certains de tes semblables, mais pour l’heure, j’aimerai que tu apprennes à me faire confiance. C’est probablement trop te demander… »

Je la regardais. J’attendais sa réaction.

Ce mec devient encore plus désinvolte que moi. Franchement, même avec ce que je viens de lui présenter, il n’a aucune réaction. Quoique non, il a une réaction que j’aurais préférée inexistante. S’il y’a bien une chose dont j’ai horreur, c’est qu’on s’amuse à vouloir me blesser avec des provocations tapant là où ça fait mal. Pour le dire autrement, je déteste les gens comme moi. JE suis celle qui troll et JE suis celle qui fait chier le monde. Et qu’on ne vienne pas me sortir le coup de l’arroseur arrosé parce que là je vais rapidement me gonfler. D’ailleurs, c’est ce qui arrive assez rapidement quand ce connard s’amuse à lancer une réplique concernant ma naissance.

Pourtant, je le laisse continuer, tout en faisant apparaître une expression de pure haine sur mon visage. Je le hais, clairement et simplement. S’il n’était pas aussi fort et gradé, je le tuerais sans hésiter ! Je me délecterai même de sentir sa chair se déchirer face à mes griffes et mes cornes. Seulement, la suite de son discours me met encore plus en rogne. Comment est-ce qu’il ose me demander cela après ça ? S’il y’a bien une personne dont je ne ferais pas confiance actuellement, c’est lui. Qu’il crève ce bâtard !

Reprenant une forme normale, je reprends la parole après qu’il ait terminé de parler. J’utilise un ton lui faisant clairement comprendre que je lui crache ces mots à la gueule. Il me dégoûte, il m’énerve.

- Je n’ai jamais connu mes parents, connard.

Après un bref regard assassin, je me retourne pour garder un peu de contenance. Puis, dos à lui, je commence à rigoler à gorge déployé. Un rire qui se veut à la fois moqueur et haineux.

- Tu penses vraiment que je vais te faire confiance… ? Tu peux toujours crever, toi, tes valeurs, ton village et ta race toute entière. Vous n'êtes que des merdes.

Un sourire carnassier apparaît sur mon visage. JAMAIS de la vie je ne ferais confiance à la race humaine. Je préfère encore crever que de me mettre de leur côté. Ils sont tous con, débile et aussi illogique que lui. C’est d’ailleurs pour cela que je me retourne encore, lui faisant voir mon sourire carnassier. Puis, avec un ton des plus amusées, je prends une dernière fois la parole. Je vais lui donner une ultime preuve que je ne m’allierais jamais aux humains.

- Je préfère encore leur faire confiance à eux, plutôt qu’à un bâtard comme toi…

Tirant la langue, je laisse ma marque de serviteur apparaître. Quitte à choisir, je préfère encore être du côté des Furyou que du côté des humains !

A ce jeu de dupe, à priori je menais au score. La Genin s’impatientait, s’énervait, se frustrait. La voir passer par tous ses états ne me procurait pas la moindre once de joie. J’aurais de loin préféré que tout se passe autrement. Qu’elle soit une Genin respectueuse de ce que j’étais censé représenter pour elle : un maître, un gradé, un supérieur. Pourquoi les choses n’étaient-elles pas aussi simples que cela ? Il me semblait que la formation à Kumo devenait particulièrement bordélique. Car à bien y réfléchir, il n’était absolument pas concevable que des personnes se disant membres d’un corps militaires ne respectent pas une seconde les basiques. Aberrant. Mais de la matière à réfléchir…

Hop, une insulte ! Une… J’étais assez effaré de la facilité avec laquelle cette gamine parvenait à sortir des gros mots de sa bouche. En me mettant à sa place, je comparais les situations. Avais-je déjà traité de connard un senseï ? Encore de la matière à réfléchir. Peut-être étais-je véritablement… un connard. Envers d’autres, certainement. Mais vis-à-vis d’elle… Peut-être. Je lui servais des excuses tout de même. Elle s’en torcherait pour sûr. Mais elle était ce qu’elle était et j’étais ce que j’étais.

« Je ne savais pas pour tes parents. Désolé. »

Elle avait repris son apparence de base. Elle avait été touchée lorsque j’avais évoqué ses parents. Je comprenais automatiquement que leur absence avait été un des déclencheurs de son mauvais caractère. Elle avait grandi sans avoir la protection et l’amour des seuls êtres dont on peut véritablement être certain qu’ils nous aimaient. J’éprouvais de la compassion envers elle. Je la comprenais sur un point, même si je savais qu’elle, ne me comprenais pas le moins du monde. Moi aussi j’étais orphelin… de père. Un père que je n’avais jamais rencontré, jamais connu. A priori mort au combat, mais jamais son corps n’avait été rapatrié à Kumo. Néanmoins j’avais pu bénéficier de la tendresse d’une mère. J’en disposais encore d’ailleurs. J’avais ce havre de paix qui me permettait de me ressourcer entre deux chaudes missions un peu partout dans le monde.

Inutile de le lui dire. Elle ne comprendrait pas. Ni n’accueillerait à sa juste valeur cette information. D’ailleurs le flot d’insultes continuait. Dans d’autres circonstances, je lui aurait déjà fait fermer son clapet à cette impertinente. Du moins si je ne savais qu’elle était atteinte d’un mal aussi profond. A quoi sert-il de tirer sur un homme laissé pour mort à terre ? Dans le même ordre d’idée, à quoi sert-il de s’en prendre à un fou débitant des insanités à longueur de journée… Descendre à son niveau est même risible. Je savais qu’elle était touchée. Enfance difficile, différence de nature avec les autres personnes de son entourage ; peur, crainte et rejet de leur part… Il fallait la comprendre. Nulle autre voie. Mon regard était toujours posé sur elle. Neutre avec une pointe de pitié. Elle n’aimerait pas. Pour sûr, pourtant je m’efforçais de ne rien laisser paraître.

« Tu idéalises ces démons que tu ne connais même pas… Les vrais démons t’utiliseront comme un sbire. Jamais ils ne te prendront pour un des leurs. Quant à ceux de ce village, pour peu que tu apaises leurs craintes et leur prouve… »

Une très courte pause. Prouver n’était pas le mot adéquat et pourtant je l’avais lâché. Je poursuivais :

« Que tu leur montres que tu es avec eux malgré ta différence tu verras un énorme changement dans ta vie. Je ne suis pas certain que cette nature agressive soit ta nature première. Je veux bien t’aider à apprendre ce qu’est la confiance. Laisses-moi t’aider Sanae. »

Tout se jouait dans mon regard. Il exprimait la vérité. Du moins une sincérité sans faille. Bien entendu, Sanae n’en tiendrait pas compte. C’était prématuré. Cependant, qui ne tente rien n’a rien.

Sanae m’avait sorti sa langue sur laquelle j’avais bel et bien remarqué le fameux sceau des furyous. La première véritable surprise de la journée. Pour autant, par chance, je n’avais fait aucun geste de surprise. Même mon visage ne s’était pas décomposé. Peut-être mon regard lui prouverait que j’avais remarqué. Je savais qu’elle me servait une provocation. Encore une fois.

Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre de ces putains d’excuses ? Il comprend pas qu’il me casse les couilles ? Je savais que j’aurais dû rester chez moi aujourd’hui ! Ce mec ose m’envoyer une vanne et ensuite s’excuser. Dans ce cas-là, il n’avait qu’à fermer sa gueule dès le départ, ça aurait été moins chiant ! Et qu’est-ce que c’est que ce regard de pitié là. Là par contre, je vais vraiment m’énerver. S’il y a bien une chose que je déteste, ce sont les gens qui ont pitié de moi. Je vous jure que s’il continue comme ça, je vais lui montrer pire que des provocations.

Comment peut-il parler de la race démoniaque ? Oh excusez-moi très cher, je ne savais pas que je faisais face à un spécialiste en la matière. Qu’il aille se faire voir lui et ses idées reçus ! Je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de faire un pas vers ces connards de kumojins ! Ils m’ont forcé à être l’une des leur et m’ont ensuite traité de monstre... ! Et ça serait à moi de faire un effort ?! Jamais de la vie ! Je préfère encore être manipulé par des démons qu’être une démone parmi les humains !

Encore et toujours de la pitié. Là ça suffit. je ne vais pas supporter ça plus longtemps. Sensei ou non, jônin ou non, j’en ai rien à branler. Ce mec se prend pour le bon samaritain et ça, ça me gave profond ! Autant dire que cet énervement commence à clairement se lire sur mon visage.

- C’est bon, t’as fini de jouer au sauveur voulant aider la pauvre princesse de merde ?

Croisant une nouvelle les bras, je continue à lui cracher des mots à la gueule.

- Je préfère encore être manipulé par des démons que rester ici, parmi tous ces connards débiles ! C’est vous qui m’avez craché la gueule en premier alors que je n’avais rien demandé ! Et ça serait à MOI de faire un effort ?!

Crève.

- J’EN AI RIEN A FOUTRE DE TA PUTAIN DE PITIÉ, TU PEUX TE LA METTRE OU JE PENSE BÂTARD !

Une larme coulant sur ma joue, j’essaie de lui coller une droite dans la gueule de rage. Si ça ne tenait qu’à moi, je le tuerais ici-même de mes propres mains ! Pourtant, connaissant bien notre différence de puissance, je n’essaie même pas de lui faire vraiment mal. Ce coup de poing est surtout là pour lier mes paroles aux gestes.

Elle le prenait très mal. Ce n’était pas nouveau, la chose ne m’étonnais pas le moins du monde cela dit. Son attitude restait la même. Elle me servait des insultes à nouveau avec la différence par rapport à la situation d’origine que progressivement, elle perdait de sa superbe. J’étais parvenu à mes fins. Enfin, pas totalement, mais je le ressentais, je n’étais plus très loin de mon but. En m’ouvrant comme on s’ouvre à une âme en peine, en montrant une réelle compassion envers elle, je faisais, vis-vis d’elle preuve d’un sentiment qu’elle ne devait plus avoir éprouvé depuis belle lurette. Probablement qu’elle ne devait pas s’attendre à pareil comportement de ma part. Si au départ, j’avais dû prendre sur moi pour ne pas sanctionner ce que j’aurais estimé être une indiscipline caractérisée à mon égard, je commençais de plus en plus à croire que j’avais agi au mieux.

Toujours assis, mon buste s’avançait vers elle. Ma tête reposait sur mes deux mains croisées sous mon menton. Mes doigts cachaient ma bouche, et mon regard bleuté sondait la gamine dans ses profondeurs. Elle n'avait probablement jamais passé un moment aussi désagréable. Mais je la comprenais. Je fermais les yeux lorsqu’elle hurlait sa rage à l’idée de penser une seconde à faire la moindre fleur aux kumojins. Mes estimations s’étaient avérées justes. Elle avait bel et bien souffert dans son enfance à cause des villageois. C’était prévisible. D’autant plus que je me souvenais maintenant qu’elle l’avait dit d’elle-même. La première fois que nous nous étions rencontrés. J’avais cru qu’elle racontait des conneries pour faire son intéressante. Une erreur de ma part. Cependant, j’avais visé juste en la poussant à en dire plus sur ses relations conflictuelles avec les villageois. Je savais par ailleurs que j’avais vu juste aussi, lorsque je lui avais dit tantôt : sa nature première, sa vraie nature n’est pas d’être méchante, d’être telle qu’elle est.

« SANAE ! Réfléchis un peu ! La peur est une réaction des vivants face à quelque chose qu’ils ne comprennent pas ou qu’ils n’aiment pas ! Même les démons éprouvent la peur ! Et sais-tu qui ils craignent ? L’homme ! Nous disposons de pouvoirs qu’ils n’ont pas, qu’ils ne peuvent comprendre : l’amitié, l’amour… Tous ces sentiments sont basés sur la confiance ! Ouvre les yeux ! »

Ma voix portait plus fort. Ce n’était pas le moment de faire des discours. La gamine n’était probablement pas prête à tout entendre, tout comprendre. Pour autant, je savais que tôt ou tard, elle serait confrontée un jour ou l’autre à la manifestation de ces mots que je lui lâchais.

« Je te le redemande ! Ouvres toi à moi ! Je suis ton senseï ! Je suis celui qui est censé t’aider à évoluer à aller de l’avant ! Laisses-moi-t’apprendre la confiance ! SANAE ! »

Je m’étais retrouvé debout, la tenant entre mes mains. Ses épaules se retrouvaient dans mes paumes. J’avais fini par comprendre. Après tant d’années. Tant d’échecs. Je savais. J’avais moi-même évolué, grandi, mûri tout ça, au contact des nombreuses personnalités que j’avais eu à gérer. Sanae n’était pas perdue. Ni elle ni n’importe quel autre des élèves, à priori sans avenir, que j’avais eu. Certains avaient besoin d’être encadrés d’une manière spéciale. Mon rôle était de tout tenter avec celle-ci jusqu’à ce que je sois sûr et certain qu’elle avait définitivement fait son choix de vie.

La sempiternelle question de la désertion me revint à l’esprit. Non, je ne voulais pas y penser. Pas elle. Pas tout simplement parce qu’elle avait été rejeté. Oui sa vie avait dû être difficile, mais le rejet, elle n’a pas été la seule à la connaître. Me laisserait-elle un jour lui compter comment en tant qu’orphelin de père, je fus rejeté par ceux de mon clan à mon arrivée ici ? Me laisserait-elle un jour lui compter combien en tant que Seki je fus chahuté, moqué, sous-estimé à cause de l’histoire d’un de mes lointains cousins (Dédicace Seki Raiken) ?

Je voyais une larme couler des yeux de la gamine. Le temps s’était comme arrêté. Je n’avais pas entendu ses hurlements. Je n’avais pas compris ce qu’elle avait dit si ce n’est un mot : « pitié ». Elle l’avait perçu ! Je voyais son poing plein de rage venir sur moi. Pourquoi je ne parvenais pas à réagir ? Il allait bientôt se fracasser sur moi. IMPACT. Je n’en revenais pas. Ma tête partait sur un côté tandis que mon bras gauche, instinctivement lui empoignait le col. Prêt au combat, comme dans mes années de jeunesse. Comme à l’époque où, venant tout juste de quitter l’académie, je devais par la force de mes poings me faire respecter par mes pairs… Mon poing droit s’était fermé tout seul. Et mon regard assassin s’était porté sur elle. Une autre personne a sa place aurait pris cher. Elle m’avait curieusement désarmé.

Le temps était revenu à la normale tandis que je la relâchais tandis que ma main droite se portait sur ma joue gauche meurtrie.

« Tu penses être la seule à avoir souffert dans ta vie ? Tu penses être la seule à en avoir voulu à mort au monde ? A vouloir te mettre tout le monde à dos… Tu finiras bien plus mal que tu ne peux l’imaginer. »

Mon regard était devenu dur. La salope. Son poing avait réveillé le combattant que j’étais.

Les démons craignent les humains ? Qu’est-ce qu'il ne faut pas entendre ! S’il y a bien une chose dont nous n’avons pas peur c’est de ces créatures débiles qui se croient supérieures à tout le monde. Je vais lui montré à ce connard que nous n’avons nullement peur des gens comme lui… Il faut que je lui montre que jamais ses paroles ne me feront changer d’avis. Il est trop tard. J’ai enfin ouvert les yeux il y a de cela plusieurs années. J’ai cessé de pleurnicher sur mon sort et j’ai enfin compris le sens de ma vie. Alors qu’il ne vienne pas me faire chier avec ses discours et ses idées à la con qu’on lui a bourré dans le crâne depuis qu’il est gosse !

Sous la colère, j’ai élancé mon poing en direction de son visage de vieux con. Pourtant, je dois avouer que je ne m’attendais pas à cela. Lui, un jônin brillamment reconnus dans le village, le voilà qui se prend une tarte par une simple genin ! Là je dois avouer que je suis plutôt fière de moi et pas qu’un peu ! Seulement, la réaction ne se fait pas attendre. Monsieur le manipulateur de chakra m’empoigne par le col comme si il allait me rendre le coup. Face à lui, un énorme sourire satisfait. Jamais tu ne me feras changer connard et encore moins en continuant avec tes discours débiles.

Alors qu’il relâche sa prise il prend une nouvelle fois la parole ce à quoi je réponds d’un rire diabolique. S’il a réussi à me faire verser une larme de rage, maintenant ce n’est plus le cas. Reposant mon regard sur lui, je lui mâche qu’un seul et unique mot après avoir terminé de rigoler.

- Pitoyable.

Croisant les bras, je continue dans mon lancer avec un ton trahissant ma haine et mon envie de défi envers lui.

- Oh mais vous m’avez fait évoluer sensei… Maintenant je suis sûr de mes objectifs. J’ai eu la confirmation que l'humanité ne mérite que d’être dressée. Merci monsieur le jônin en mousse. Vraiment.

Arborant à nouveau un sourire carnassier, je me reprends encore.

- Je sais quoi faire à présent. Je vais patienter, encore et encore. Je vais suivre un minimum vos enseignements… Oui, je vais attendre de devenir plus forte. Et une fois que ce sera fait…

En un instant, je prends mon apparence démoniaque. Ailes, cornes, queue et griffes sont au rendez-vous. Cependant, ce n’est pas la même puissance que lors de ma transformation de tout à l’heure. Là, je dégage une réelle aura démoniaque. Plus que cela, je possède dès à présent mon vraie pouvoir, ma vitesse venant droit des enfers.

- …Vous serez la première victime de la domination démoniaque !

Sur ces belles paroles, je lui offre un dernier petit rictus avant de m’envoler à une vitesse folle. Il faut voir le bon côté des choses… J’ai trouvé un objectif supplémentaire : Celui de devenir plus forte pour tuer mon sensei. Quoi de plus joyeux me direz-vous ? Outre cela, je vais bien m'amuser à me pavaner sous ma vraie forme. Qu'importe, au point où j'en suis, autant montrer à tous ce que je suis directement.

Spoiler:

**Contenu sponsorisé** Informations

» Un soldat ? bah ca trime ! [Sho, Shiwoon, Sanae, Triple S !!!]
» ¤ Entrevue [Sanae]
» Pourquoi...? [Sanaé]
» Les bucherons de Nahel [PV Sanae]
» L'appétit vient en mangeant (Sanae + libre)

Par quel bout prendre une démone ? La queue ? (PV Sanae)

Par quel bout prendre une démone ? La queue ? (PV Sanae)

Sujets similaires

Sujets similaires