Jetant un regard devant elle, l’Aburame poussa un léger soupir. Elle apercevait au loin les hauts remparts du village qui lui avait tant apporté ces dernières années et pour qui elle avait tout donné depuis sa création. C’était grâce à ses habitants qu’elle avait réussi à changer autant, à s’ouvrir. Elle n’était plus cette femme frigide et sévère qu’elle avait été depuis la mort de son mari bien avant la construction du village. Elle avait changé, changé en bien. Et maintenant il était temps pour elle de prendre son envol, comme si sa carrière de kunoichi l’avait préparé à cette dure épreuve : celle de sortir de son cocon et de partir.

Elle avait beau se dire que ce n’était qu’une mission comme une autre, elle savait que ce n’était pas le cas. Cette fois elle était seule. Pas de renforts, pas d’aide, pas de foyer ni de gens qui l’attendraient. C’était le prix qu’elle était prête à payer pour protéger son village de la menace qu’elle pouvait représenter. Si Sa Majesté était dans le vrai, il y avait des chances qu’elle puisse être Daken. Et malheureusement nul doute qu’un être aussi puissant pouvait se soustraire à toute technique de détection. Elle s’était accordée toute la journée pour réfléchir à sa situation. Elle s’était déjà portée volontaire pour infiltrer le Shoraizen la veille. Ce n’était pas ça le problème.

Le problème était qu’elle n’avait toujours pas d’informations concrètes sur les Furyous primaires. Et Onpu lui-même n’en savait rien d’après ses dires. Restait une seule solution : trouver ce que Kumo était venu chercher au Temple. Se détournant du village, elle descendit de la cime de l’arbre sur laquelle elle s’était laissée allée à un élan de nostalgie. Il fallait qu’elle passe à autre chose. Mizuki, Chô, la Racine. Elle les reverrait bien assez tôt, elle devait avoir confiance. S’enfonçant un peu plus profondément dans la foret, son sac de voyage en travers de son dos alors que la nuit commençait à tomber, l’Aburame n’avait qu’un objectif le moment. La vérité. Elle se mettrait sur la piste de Seitô le moment venu.

* * * * *

Il faisait nuit quand elle arriva au temple de Kyuubi. Les flammes qui l’illuminaient donnaient un aspect à la fois imposant et inquiétant au lieu. Elle se souvenait des travaux auxquels elle avait participé, encadrant l’équipe de décontamination. Le phosphore. Meteora. Un Furyou encore et toujours, à croire qu’ils faisaient exprès de la tourmenter elle et l’entièreté du village. Le monde shinobi ne connaîtrait donc jamais aucun répit ? Sa technique de camouflage activée, l’Aburame ordonna à ses insectes de scanner discrètement la zone, qu’elle soit aérienne ou sous-terraine. D’après les rapports les Seki étaient descendus directement aux sous-bassements.

Pénétrant discrètement dans le temple en veillant bien à éviter les gardes en patrouilles, la déserteuse débuta la réalisation de son premier plan à la recherche d’informations. Il était temps qu’elle pense un peu à elle, même si cela allait à l’encontre du village. Mais Konoha n’avait rien à craindre d’elle ce soir, elle ne comptait pas faire de victimes. Elle n’avait pas peaufiné ses techniques de sensorialité pour se faire détecter comme une débutante. La protection était cependant doublée au vue des récents événements. Heureusement que pour une intrus elle avait la connaissance du terrain. Se concentrant afin de repérer où se trouvaient les différents shinobis en charge de la protection de cet endroit tout en maintenant son camouflage, l’Aburame fronça les sourcils. Deux gardes en bas. Elle ne pourrait pas éviter ceux-ci.

Attendant le passage d’un des gardes alors qu'elle était cachée derrière l’un des pilonnes, la Jonin se précipita rapidement devant l’entrée permettant d’accéder au sous-sol. Un sceau. Bien sûr. Le brisant avant la prochaine ronde, elle entrouvrit la porte, faisant attention à ne pas déclencher par erreur un mécanisme de sécurité. Entrant, elle referma derrière elle, devant elle un gouffre noir l’attendait. Elle était encore dans la zone réservée au public elle pouvait donc suspecter l’escalier qui s’engouffrait sans fin sous terre. Commençant à descendre à tâtons, elle se sentait petit à petit comme prise au piège, suffoquant dans le noir. Il fallait quand même continuer, la moindre lumière trahirait sa présence en bas des escaliers.

Des voix. Plus discrète elle repéra à nouveau la position des gardes. Ils n’étaient pas loin. Soufflant intérieurement, elle retint sa respiration avant de prendre sa décision. Il était trop tard pour faire marche arrière. Avalant les dernières marches d’un pas rapide, Miko déboula dans la lumière, ses insectes vrombissant déjà furieusement autour d’elle avant de se diriger vers ses cibles. Quelques cris étouffés avant de les voir tomber au sol dans un petit fracas métallique à cause des armes qu’ils avaient eu le réflexe de dégainer. Ils étaient bien entraînés, mais ne s'étaient pas attendus à affronter des insectes. La Jonin enjamba les deux corps qui se convulsaient de moins en moins violemment. Chacun des gardes avait reçu une dose conséquente de poison paralysant dans ses veines, ses insectes ayant priorisé la gorge pour éviter qu’ils n’aient le temps de crier à l’aide.

S’emparant d’une des torches encastrées dans le mur, la membre de la Racine pressa un peu plus le pas. Maintenir son camouflage lui en coûtait niveau chakra et ce petit extra pour s’occuper des gardes n’améliorait en rien la situation. Pire. Elle s’était trahie. S’enfonçant dans le labyrinthe, elle vainquit finalement le dédale, tous ses sens aux abois. Ce devait être là. Allumant les deux torches encadrant l’entrée, elle tâta la paroi, cherchant un moyen de forcer la porte cette fois de pierre et renforcée par du chakra. Reconnaissance auditive, visuelle, chakratique ? Comment cela fonctionnait-il ? Elle n’avait pas le temps. Aux grands maux les grands remèdes. Ordonnant à ses insectes de creuser le mur en se concentrant sur un endroit à la fois, elle parvint à forcer l’entrée, ses réserves de chakra fortement diminuées. Le bloc de pierre s’effondrant avec fracas, l’Aburame commença à sentir les battements de son cœur qui s’accéléraient. Elle y était.

La poussière retombant, elle prêta à peine attention au fait que le bruit sourd risquait d’alerter les gardes en haut. Qu’est-ce que le Temple leur cachait-il ? Des informations sur les Furyous primaires, sur les nouveaux ? Elle regrettait maintenant son désir de n’avoir jamais voulu s’élever dans la hiérarchie du village. Avec un poste plus éminent elle aurait pu avoir un accès moins restreint aux informations qui l’intéressaient. Scrutant à droite à gauche, elle chercha toute information que ce lieu pouvait lui apporter. Mais … Il n’y avait rien.

Non …

Pourtant … Pourtant ses insectes avaient été formels, le reste de l’édifice n’abritait aucun secret. Seule cette salle était scellée … Kumo était-il revenu chercher les informations dont il avait besoin ? Ou peut-être les Seki avaient-ils réussi ? Seitô, On’, les précédents Kages, Meteora … La liste était longue des gens qui auraient pu décider de faire disparaître toute information sensible de la salle.

Non… Déjà des voix s’élevaient au loin derrière elle. Ils descendaient les escaliers. Elle ne pouvait rester là. Se ressaisissant, l’Aburame fit demi-tour, abandonnant les torches où elles étaient. Courant en direction de là où provenaient les voix, elle savait que l’heure n’était plus à la discrétion. L’heure était à la fuite. Sentant le dard de l’un des insectes s'enfoncer dans sa chair, la piqûre eut pour effet immédiat de lui injecter sa plus puissante drogue militaire actuelle alors qu'elle commençait à discerner les silhouettes des gardes qui déboulaient à leur tour de l’étroit escalier. À peine eurent-ils le temps de visualiser leurs camarades encore immobiles par terre qu’elle les dépassa, bousculant au passage l’un des shinobi d’un violent coup d’épaule avant de laisser derrière elle un mur d’insectes. L'essaim ne servirait à rien si ce n’était les faire hésiter avant qu’ils ne s’en débarrassent et donc les ralentir.

Remontant à toute vitesse, elle continua à puiser dans ses ressources pour semer ses poursuivants. Une fois suffisamment éloignée, l’Aburame désenclencha sa technique par une nouvelle injection. Son rythme cardiaque redevenant normal après quelques dizaines de secondes, elle recoiffa une mèche de cheveux qui lui tombait devant le visage, épongeant au passage son front qui suait à grosses gouttes. Infiltrer un endroit si gardé lui avait coûté une grande partie de son chakra. Et tout cela pour rien. Au moins en avait-elle la certitude maintenant. Si elle voulait des réponses à ses questions elle devrait trouver quelqu’un en mesure de les détenir. On’ était désormais inaccessible et ses trous de mémoire s’avéraient encore plus irritants que ce qu’elle croyait. Ne restait qu’une personne actuellement. Celle qui de toute façon elle devait retrouver pour accomplir son deuxième objectif à savoir infiltrer le Shoraizen : l’ancien intendant Seitô Sabakyô.