Je m’écoulais aux portes de Kumo, quelques mètres après les avoir franchi. J’étais blessé, marqué, et un aimable kumojin nous avait accordé l’hospitalité. Nous nous étions présentés comme de malheureux konohajins et jusque là notre histoire avait parfaitement tenu la route. J’avais cependant remarqué la méfiance des shinobis des nuages lors de notre arrivée. A peine avions-nous approché du village que nous étions repérés et accosté par un représentant et toute une troupe de garde. Ils avaient visiblement peur de quelque chose, ou tout du moins ils étaient sur leurs gardes, et pas qu’un peu. Mais Ozaï et moi étions la pacifiquement. Notre action allait se dérouler dans l’ombre, et j’en étais le principal acteur. Mes pouvoirs héréditaires allaient m’être utiles plus que jamais.

Je perdais connaissance devant Mihawk, celui qui avait pour le moment été le plus raisonné et nous avait accordé le droit de pénétrer dans le village. J’étais parfaitement crédible, mes blessures assuraient un alibi tellement parfait. Une équipe médicale vint à mon secours, me transférant dans l’hôpital le plus proche. Je fus suivis rapidement de mon équipier, qui tout aussi mal en point, était nécessiteux de soins rapidement. Ce que personne ne savait, mis à part mon acolyte qui l’avait très bien compris, c’était que je n’étais pas tombé de fatigue, ni même à la suite de mes maux, mais c’était bien volontaire. Mon esprit avait quitté mon corps pour trouver refuge dans celui d’un petit oiseau à quelques mètres de mon véritable corps. Je possédais alors toutes les capacités motrices de l’animal et je pouvais me préoccuper de ma mission première : l’espionnage.

J’avais tout mon temps, je pouvais scruter le moindre détail dans le paysage de Kumo, m’attachais aux faits et gestes des gardes, des shinobis. Et cette sensation de liberté, cette capacité à voler… c’était jouissif ! Je mettais néanmoins rapidement fin à l’extase afin de me recentrer sur mes objectifs. Je cherchais à savoir quelles défenses étaient mises en place, quels étaient les effectifs aux remparts, mais aussi si il y avait d’autres informations capitales sur l’état du village. Je me doutais bien que je n’allais pas pouvoir m’informer à la hauteur de mes attentes, mais j’espérais déceler des informations inaccessibles par mon commanditaire. Il y avait certainement d’autres mesures de sécurité, une unité d’élite prête à intervenir en cas de coup dur, et puis bien d’autres dispositifs dont je n’avais même pas idée.

Je longeais ce qui s’apparantait à des murailles, je comptais chacun des gardes, faisait l’inventaire de leurs équipements, de leurs armes. Je cherchais aussi à localiser les points les plus stratégiques, ceux où il y avait un manque de garde, ceux où la vue était la moins dégagée. Je cherchais aussi à localiser les bâtiments importants, l’académie et le palais de Raikage, je les avais trouvé facilement : ils étaient proches et une horde de gamins grouillait autour. Je déduisais que la forteresse en bordure d’une falaise avec des meurtrières à barreaux en guise de fenêtres était la prison. Enfin, je faisais en sorte de ne rien laisser au hasard. Je passais plusieurs heures à vagabonder, à écouter les conversations dans l’optique d’y entendre quelque chose, mais rien. Je n’avais que des informations sommaires, mais après tout, je n’avais pas besoin de plus. J’avais tout ce que l’on nous demandait, peut-être même plus.

Je rompais la transposition d’esprit et me réveillait dans un lit d’hôpital. Je tournais la tête vers mon compère, et un simple regard suffit à lui faire comprendre qu’il ne nous restait plus qu’à sortir de là, vivants.