Rien. Du sable. Du sable, encore et toujours, et à perte de vue. Décidément, on ne devait pas tant nous aimer que ça pour nous envoyer là-bas, pour notre première mission pour le compte de l’organisation. La destination était bien loin d’être idéale : il faisait chaud, il n’y avait personne, le paysage était toujours le même, et les endroits pour se pauser ne courait pas les rues. Décidément, il y avait bien mieux pour voyager… j’enviais déjà les autres, qui avaient eu des destinations plus appréciables.

M’enfin, un détail m’interpella. Déclic soudain. Alors que les contrées désertiques se voulaient désertes, comme leur nom le laisser penser, une présence au loin attira toute mon attention. Elle était à quelques minutes de marche, et ne semblait pas excessivement puissante. Mis à part ça, je n’en savais pas plus. Il était nécessaire d’aller à la rencontre de cette source de chakra qui se déplaçait tranquillement, pour une raison encore inconnue… qui sait, elle représentait peut-être l’avancée de notre mission.

Il y a une faible source de chakra qui se déplace, pas très loin d’ici, on devrait aller voir.

Dans la foulée, je pris la direction, qui était censée nous mener tout droit vers cette présence repérée. Qui sait… une potentielle future recrue ? Alliée ? Ou peut-être ennemie ? Impossible savoir, tant que nous ne serions pas sur place. En tout cas, ce chakra m’était inconnu, et ne m’inquiétait pas tant que ça. Il reste maintenant à savoir ce qu’il en était de la personne qui portait cette énergie en elle. Il m’était impossible d’en savoir plus pour l’instant…

Nous avançant, nos pas foulèrent le sable chaud de ce pays. Désagréable était la sensation lorsque quelques grains vinrent s’immiscer dans mes godasses… surtout au vu de la chaleur. Ce n’était franchement pas plaisant… le plus chanceux dans l’histoire, c’était la créature que portait Nozomi sur elle. Lui au moins, il n’avait pas à fouler les pattes dans le sable. Si seulement…

La présence s’accentuait, et devenait de plus en plus prononcée. Pourquoi tout ça pour une simple et unique présence ? Tout d’abord, car dans ce désert, les personnes se faisaient rares, et on pouvait passer à côté d’un potentiel bon élément. Le tout était de ne pas se rater, et pour ça je ne m’inquiétais pas forcément.

Nous y sommes…

La silhouette était en vue, toute proche, puis à notre portée.

Eh bien… il y a donc bien des âmes qui vivent, dans ce désert, je n’y croyais plus.

Il est vrai que le lieu n’était pas tellement propice aux rencontres. Je l’observais, et ne vit aucun bandeau attestant son affiliation au village caché de ce pays : Suna. Était-elle, tout comme nous de passage ? Vivait-elle dans le coin ? Bonne question… Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite approche était nécessaire… et puis surtout, un meilleur cadre, si cela était envisageable.

Bonjour, excusez-moi de vous demander cela, mais êtes-vous du coin ? Nous cherchons un endroit tranquille pour nous ravitailler en eau, et nous tournons en rond depuis quelques heures. Pourriez-vous nous aider, s’il vous plait ?

Une simple entrée dans la matière simple et banale, mais qui n’était pas innocente. Il fallait en savoir un peu plus sur cette jeune femme. Et puis, c’était l’occasion pour nous d’éventuellement nous ravitailler… ça ne fait jamais de mal !

Bon bah voilà, j’ai enfin réussi à me faire une amie. Et une très puissante en plus. Oniri Saibogu, d’une des familles les plus influentes parait-il de Suna. Et puis même les gens dans ce village sont sympa. Accueillant, docile, peut-être même un peu trop … Vous croyez que c’est juste parce qu’elle était à mes côtés qu’ils agissaient ainsi ? Naaaaan, ce sont des ninjas tout de même, pas des lavettes qui courbent le dos face à l’adversité.
Mouais, tout ça pour dire que juste avant mon départ, l’un des membres de ce village m’avait indiquer la route à suivre pour atteindre l’oasis le plus proche. Bien que ma gourde soit pleine, par cette chaleur la déshydratation reste la mort la plus courante dans un désert. Vêtue donc d’un turban sur la tête qui pouvait servir d’écharpe, d’une robe beige couvrant des épaules aux chevilles, d’une ceinture de tissu marron à la taille et des sandales. L’équipement de base pour un voyage dans un milieu comme celui-ci. Un sac à bandoulière accroché à une épaule et mon traditionnel sabre dans le dos, je pris la route de l’oasis indiqué.

Selon l’homme, il suffisait de se diriger vers les montagnes qu’on voyait au loin pour tomber dessus au bout de plus miles de marche. Et bien faisons ça, de toute manière, rester plus d’une nuit dans un village qui n’est pas le mien sans véritable raison ni sans vouloir l’intégrer, c’était dangereux. Et soyons franc, chers lecteurs, je suis extrêmement faible face à eux tous. Toutes ces quantités monstres de chakra, même Oniri me surclasse largement, c’est pour dire combien je ne tiendrais même pas une seconde face au moindre adversaire … Il me faut un maitre, un prof, un sensei, appelez-ça comme vous voulez mais il m’en faut un. Je ne vais pas pouvoir survivre longtemps sans gagner en puissance. Et puis retourner me planquer dans la forêt de Kiri, non merci. Je la connais par cœur depuis le temps, sur chaque minuscule île, même les fonds marins qui englobent l’archipel, tellement j’ai dû faire de plonger afin de récupérer du poisson. Donc non, pas moyen.

Cela dit, vous allez me demander pourquoi je n’ai pas accepter l’offre d’Oniri alors. La méfiance, tout simplement. Elle est très sympa, bien un peu trop bourgeoise à mon goût, mais ça reste une bonne amie. Cependant rejoindre son village, recevoir des missions, obéir aux ordres sans bien souvent comprendre pourquoi … Ce n’est pas une vie pour moi.

« Eh bien … il y a donc bien des âmes qui vivent, dans ce désert, je n’y croyais plus. » Fit une voix sans le vent.

Je relevai les yeux de mes sandales et me retrouva en face de deux étrangers. Ça se voyait à leur tenue, qu’ils n’étaient pas de Suna. Ils faisaient comme moi j’aurais fais si je n’avais pas rencontrer la petite Saibogu, à savoir traverser le désert sans protection adéquate. De toute manière le village caché n’était déjà plus en vue. Est-ce que ce serait des brigands ? J’en doute, même les brigands se protègent du soleil. Non eux, ils sont là pour quelque chose en particulier, ou quelqu’un. L’homme, visiblement plus jeune que moi, avait la peau extrêmement clair, des cheveux blancs et des yeux rouges, très rouge. Comme ceux de la copine d’Oniri, comment elle s’appelle déjà ? Ah oui, Yami. Ils sont peut-être de la même famille. Il était vêtu comme n’importe quel citadin, et à voir l’absence de chapeau, je m’étonnais qu’il n’ait pas déjà eu une insolation. Son amie à côté semblait supporter bien mieux la chaleur, malgré qu’elle soit encore moins habillée que lui. Les épaules à l’air, les cheveux aussi blancs malgré une peau aussi mate que la mienne. Ce que je remarquai le plus chez elle, ce sont ses tatouages bleus. De sublimes dessins qui s’entortillent sur toute la surface de son épiderme, ou du moins de qui n’était pas caché par sa tunique rouge au décolleté des plus appréciables. Elle se contenta d’un bonjour poli et d’un sourire. Ouaip, ils ne sont pas d’ici.

« Bonjour, excusez-moi de vous demander cela, mais êtes-vous du coin ? » Reprit le garçon en tout point semblable à un albinos. « Nous cherchons un endroit tranquille pour nous ravitailler en eau, et nous tournons en rond depuis quelques heures. Pourriez-vous nous aider, s’il vous plait ?

- Si vous voulez, je me dirige vers un oasis qui ne devrait plus être bien loin. Vous n’avez qu’à me suivre. Par contre … » Je sortis de mon sac ce qui ressemblait à une serviette à cheveux et la lui tendis. « Garder ça sur votre tête, ce serait dommage de finir cuit comme un lézard dans le désert à cause d’un oubli aussi bête. Même chose pour votre amie, c’est à partager. »

Je leur souris et repris ma route en leur faisant signe de me suivre.

« Pour répondre à la question, non je ne suis pas d’ici, absolument pas. Mais j’ai pu apprendre quelques principes de survie basique dans un milieu comme celui-ci, et il semble que vous les ignorer. Y a pas de mal hein, au moins comme ça j’ai l’impression d’être utile. Je vous conseil également de vous protéger la peau, parce que les coups de soleil ça se chope aussi quand on est bronzée, héhé. »

Nous avancions donc, tranquillement, sans autre rencontre que quelques scorpions s’échappant du sable, et des cactus plantés au milieu de nulle part. Cependant cette rencontre était curieuse. Je ne parle pas des scorpions ou des cactus non, mais des deux étrangers là. ça se sentait qu’ils étaient tous les deux bien plus fort que moi. Tellement plus, et en particulier l’albinos, alors comment est-ce qu’ils peuvent ignorer les points les plus élémentaires d’un village dans un désert, comme la tenue ? C’était étrange … Je leur tendis ma main droite, toujours le petit sourire au coin des lèvres et me présenta :

« Je m’appelle Milly. Et vous ? Vous venez d’où pour espérer survivre dans cet accoutrement au milieu des dunes de Suna ? »

Ce fut le garçon qui répondit le premier. Il se nommait Kohei et était originaire du pays du feu. Konoha ? Étrange il n’a pas le bandeau du village en question. D’après ces dires, il était un indépendant, je vois mal comment c’est possible de faire partie d’un village sans en faire partie en même temps … Cela dit j’y connais rien à toute leur administration donc il a certainement raison. A quoi servirait un mensonge dans notre cas-là ? Rien du tout, à part se faire des ennemis. A présent le jeune homme parcourait les terres ce monde en quête de nouvelle découverte. Un peu comme moi en fait, c’est chouette.
La demoiselle qui l’accompagnait prit ensuite la parole. Nozomi de son petit nom. Elle aussi était originaire du pays du feu, et ce serait au cours de ses voyages qu’ils se sont rencontrer. J’aimerais bien que ça m’arrive moi, la solitude c’est pas marrant du tout.

« Un beau petit couple, héhé. » Laissai-je échapper dans le vent.

Bah c’est vrai, de la façon dont elle en parle, on dirait vraiment qu’ils sont intimement ensemble. Mais bon, ça me regarde pas. La tatouée expliqua aussi que Kohei n’était pas habitué aux déserts mais qu’elle oui, du coup ils savaient se débrouiller, bien que mes infos ne soient pas inutiles. Je lui souris poliment en continuant notre marche.

« Je vois, désolée donc, je pensais que vous étiez comme moi au début de mon arrivée ici. C’est une amie de Suna qui m’a expliquée tout ça justement, que je me suis achetée cette tenue et tout. Je suis née à Kiri donc forcement les dunes de sable, c’est pas une habitude. Même si j’ai énormément voyagé avec ma mère, entre Suna, Konoha et Kiri, des années durant. »

Le silence revint peu après et ce jusqu’à ce que la vue perçante de la demoiselle tombe sur l’oasis désigné comme prochaine destination. On allait enfin pouvoir se désaltérer. J’avais beau avoir ma technique fûton qui remuait du vent frais sur toute la surface de ma peau, sous mes vêtements, ça n’empêchait pas la soif. Et utiliser l’eau récupérée au village maintenant, ce serait stupide. Nozomi gratta quelque chose sur son épaule, et je mis du temps à deviner de quoi il s’agissait. Le temps qu’il nous a fallut pour arriver en fait.

« C’est un caméléon ? Ça doit être cool d’avoir un petit compagnon à trimbaler partout, au moins même si ça cause pas, on a moins l’impression d’être seul. » Lui dis-je en m’adossant contre le tronc d’un des palmiers.

Enfin à l’ombre, je retirai ma capuche et secouai mes cheveux dans tous les sens afin d’effacer les traces du tissu.

« Je vais sans doute paraitre chiante, voir naïve, mais ça fait plaisir d’avoir des gens avec qui parler et voyager. » Je marquai une pause, le regard allant de l’eau aux deux étrangers. « Pff, si ça se trouve en plus vous êtes là pour m’éliminer. Ce ne serait pas impossible, tous les Kirijins ont été exterminés, ça ferait tache que de laisser en vie les rescapées comme moi … » Une nouvelle pause de silence avant de reprendre. « Mais si vous n’êtes pas ici pour ça, c’est pour quoi ? Parce qu’à part du sable, y a rien dans le coin. »

Je me redressai et fis quelques pas afin d’arriver au bord de l’eau et m’asperger le visage.

Spoiler:

La demoiselle s’exclama en revenant sur un détail qui l’avait particulièrement perturbée. Ils n’étaient pas du tout un couple. Pas du tout du tout. Et c’était sacrément mignon de la voir bafouiller une excuse qui ne tenait pas debout. La voir rougir puis chercher ses mots. On dirait que j’ai touchée un point sensible. Je ne dis mot, me contenant simplement de la regarder se calmer. A côté d’elle, le dénommé Kohei n’avait pas l’air aussi troublé. Est-ce que ça cacherait une love story inavouable ? Ahah, ce serait marrant n’empêche, mais se mêler des affaires des autres voilà l’une des meilleures façons pour s’attirer les ennuis. Il faudra donc que je reste silencieuse là-dessus. Wait and see, comme on dit.

Et en parlant d’observation, Nozomi demanda à son non-compagnon s’il pouvait nous laisser seules, car la demoiselle voulait prendre un bain. Mon sourcil droit monta ainsi d’un niveau. Quelle étrange idée, je veux dire c’est pas bête, avec toute cette chaleur et ce sable qui s’incruste partout c’est très tentant. Mais c’est une eau qu’on peut boire, pas forcement pour se laver … La jeune femme ne semblait pas du même avis, enlevant ses vêtements un à un pour ne garder que les dessous, et entra dans l’eau. De toute évidence, elle n’était pudique qu’envers les hommes, et n’a donc certainement pas imaginée que je ne sois pas insensible moi. Bon, je sais tout de même me contrôler hein, elle a beau être ravissante, restons « normale ».

Je mis mon sabre et mon sac à terre, contre le tronc, détachai les nœuds de ma robe du désert, l’enlevai par le haut puisque qu’il n’y a que comme ça que c’est possible. Il me restait encore mon haut blanc et mon pantalon, et les garder pour se baigner risque d’être plutôt mal vu. Pas forcement pour ce que l’on pense de suite, car oui le blanc une fois à l’eau c’est quasi-transparent, nan mais ce serait surtout emmerdant parce que ça prendrait des plombs à sécher ensuite. Je les enlevai donc également, mettant à jour ce qui pourrait sembler bizarre à n’importe qui. Pas de sous-vêtements, mais des os à la place, comme s’ils sortaient de mon propre corps. Bien entendu c’est le cas, mais jusqu’à présent personne d’autre que moi - et vous bien sur - n’était au courant. Maintenant il y a quelqu'un de plus.

Je me glissai dans l’eau à mon tour jusqu’à en avoir à hauteur des épaules. Elle avait raison, ça faisait un bien fou. Et durant mon soupire, Nozomi reprit la parole :

« C'est vrai que c'est agréable d'avoir quelqu'un à qui parler. Nous pouvons discuter un peu toutes les deux, si vous le souhaitez. Et nous ne sommes pas du tout là pour vous éliminer, ne vous inquiétez pas. » Je lui souris, soulagée d’avoir un détail de moins à surveiller. « Ainsi vous n'avez donc plus de patrie ? De famille ? Vous n'avez personne sur qui compter, en ces temps troublés ?

- C’est pratiquement ça oui. Techniquement, si on veut être pointilleux, il me reste encore mon père et une gosse qu’il a eu avec je ne sais qui, qui serait du coup ma demi-sœur. Mais ça fait des années qu’il a disparu de ma vie, et cette sœur je n’ai appris son nom qu’hier. C’est mon amie de Suna qui l’a recueillit en tant que servante. Donc on peut dire oui que je suis toute seule. Désespérément seule, et sans plus la moindre attache. » Je marquai une pause, glissant sur place jusqu’à avoir la moitié du nez sous l’eau et souffler pour faire des bulles.

Qu’est-ce que j’aimerais parfois redevenir enfant. Pouvoir ne plus me soucier de rien d’autre que jouer encore et encore. Mais ce n’est pas possible bien sur. Aussi je remontai à ma position précédente, sourire aux lèvres.

« Enfin bref, c’est mélancolique tout ça, et j’aime pas ça. Changeons de sujet. Vous par exemple, c’est quoi votre histoire ? Et puis vous faites quoi tous les deux ? C’est une équipe comme ce qu’ont les villages ? Avec deux ou trois ninjas et un prof. Cela dit vous n’êtes que deux ça, collerait pas trop à la description … Dites vous voulez pas qu’on se tutoie ? Je pense qu’on peut maintenant, l’intimité n’est plutôt trop à l’ordre du jour, si ? »

Spoiler:

Elle accepta volontiers. Je dois avouer que ça me soulageait aussi, devoir constamment vouvoyer quelqu’un, sans que ce quelqu’un ne soit un personnage très important comme un chef ou mieux un Kage, c’est lourd. Certaines personnes pourraient même en prendre la grosse tête. Heureusement dans son cas, ça ne l’ai pas. Elle est sympathique cette fille, bien que très différente de la petite sunajin d’hier.
Je l’écoutai en silence raconter son histoire. Et ce n’était pas une histoire joyeuse. Famille exterminée, recueillit en secret à Yu no Kuni, pas d’amis ni d’amies. Selon ses mots, elle avait l’air plutôt associable en ne se mêlant pas au groupe. Pourtant avec moi ça semble aller très bien. Elle continua en expliquant que le fils de sa famille d’accueil avait péris lors d’une guerre, qu’elle avait rencontrer et adopter son caméléon – nommé Haru – sur les routes, qu’elle avait retrouvée son père biologique après quinze longues années sans être capable de prendre le même chemin que lui. Et du coup, retour à la solitude … Effectivement, pas marrante du tout cette histoire, mais on sentait la sincérité dans ses propos, alors je ne voulais surtout pas l’interrompre. J’évitais ainsi même de bouger, pour ne pas faire de bruit avec l’eau et ne pas la perturber. Notre regard se croisa, je pouvais y lire ce passé ressemblant plus à un fardeau qu’à autre chose, mais un sourire apparut sur son visage, qui apparut ainsi également sur le même, comme un reflet en guise soutient moral.

« Un homme est venu à moi. » Continua-t-elle. « Il m'a proposé un tout autre chemin. Une voie qui coïncide avec mes désirs et mes rêves. Et j'ai alors suivit cet homme chaleureux ainsi que ses idées. Dans cette nouvelle famille. Kôhei en fait partie également. » Elle marqua une pause, j’en profitai pour vérifier que justement le jeune homme qui l’accompagnait n’était pas dans les parages. Lui ni personne d’autre d’ailleurs. « La famille, c'est celle que l'on se choisit. Celle que l'on choisit d'intégrer, peu importe si notre sang n'est pas le même. Nous sommes tous liés d'une manière ou d'une autre. Et notre mission avec Kôhei, est de chercher des personnes souhaitant la rejoindre. »

Fin du monologue. Je l’observai longuement, comme si je cherchais une réponse sur son visage à une question inexistante. Puis mon regard alla se perdre au-delà des dunes de sables qui s’étendaient devant nous. Je cherchais à me récapituler tout ça, toutes ces infos. Mais c’est au sujet de son dernier point que je butais, et surtout sa dernière phrase. Parce que ce qui s’est passé avant, ça ne me regarde pas franchement, mais la façon dont elle a clôturer son explication, ça sonnait comme si ça m’était destiné.

« Je vois … » Commençai-je, cherchant mes mots. « Hum, arrête-moi si je me trompe, mais ta famille dont tu parles, ça ressemble vachement à une secte, non ? C’est qui ces gens, et cet homme qui est venu à toi, comme tu dis ? Des genre de fanatiques ? Si ça se trouve en fait ils t’ont enlevés sans que tu ne t’en sois rendue compte … » J’étouffai un petit rire et glissant la bouche sous l’eau, créant ainsi de nouvelles bulles. « Non pardon, c’est pas bien de se moquer. Tu dis que toi et Kôhei, vous êtes là pour recruter. En gros c’est bien ça. Est-ce que ce serait une invitation ? C’est quoi comme groupe ? Des mercenaires ? Des idéologistes pacifiques ? Des terroristes ? »

Ça faisait beaucoup de questions en une seule fois, mais si ça pouvait me permettre de couper court à la solitude, je ne dis pas non. Sauf si bien sur ce sont tous des fous dangereux un peu détraqués du ciboulot. M’enfin j’en doute, sinon elle ne serait pas avec eux … Ou alors c’est elle la plus détraquée de tous, à tel point que ça ne se voit même pas.

Elle répondit point par point. D’abord qu’elle était une médecin ninja, comme Takeshi en fait mais en plus agréable à regarder. Ahah, que je suis méchante ! Un sourire s’étira sur mon visage à cette pensée, cependant que je gardai silence pendant que Nozomi continuait son explication. Elle repartit d’ailleurs dans la mélancolie, présentant la nature même de l’être humain comme étant destructrice. Elle en avait perdu la totalité de son clan et avait jouer la carte de la lâcheté en fuyant pour survire.

« Tss … » Laissai-je échapper involontairement.

J’aime pas les histoires tristes, j’aime pas du tout, et la sienne n’est vraiment pas drôle. Parler de la guerre, de la haine, des massacres, rah cette fille a réellement besoin de quelqu’un qui la fasse rire.

« Si je veux accomplir mes objectifs, je ne pourrais pas le faire seule. Et surtout sans me salir les mains. » Continua-t-elle. « Notre groupe est une organisation. Et nous ne sommes pas des terroristes ni des pacifistes passifs. Et oui, c'était une invitation. Alors, si tu te sens prête à rejoindre une famille, et si tu te sens capable de pouvoir assumer cela si le moment vient un jour, alors je peux te parler de tout ça plus en détails. De notre organisation, de nos objectifs. De tout ce qu'il y a à savoir. Et t'accueillir ainsi parmi nous. »

Je restai à nouveau silencieuse, le temps de réfléchir un petit peu. Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Vous savez, ce sentiment au plus profond de vous, représenté en une bestiole semblable à la fée clochette, qui virevolte partout en agitant des panneaux « Fait gaffe ! Fait gaffe ! ». Et du coup le doute s’en mêle, puis la peur, et ça continue. Non le plus embêtant c’était surtout qu’Oniri m’avait fait la même proposition hier-même, et que je lui avais dit non.
Je reportai mon regard sur la demoiselle, mes lèvres s’ouvrant et se fermant sans que le moindre son n’en sorte. Par où commencer ? Voyons voir.

« C’est intéressant tout ça, mais si tu me le permet, j’aurais encore quelques questions avant de donner une réponse franche et précise. »

Je perdis mon attention à la surface de l’eau, sur laquelle se reflétait le ciel et les quelques nuages qui commençaient à apparaitre par endroit.

« Le première, qu’est-ce que cette organisation à de différent, et de mieux, qu’un village caché ? Comment elle s’organise et autour de quel objectif ? Et enfin, pourquoi moi ? Parce que je me doute bien que vous ne recrutez pas n’importe qui non plus, ça ferait moche le genre viens avec nous on a des cookies. Du coup je suppose que notre rencontre n’était pas franchement aléatoire. Alors pourquoi moi ? »

En fonction de sa réponse, ma solitude prendra peut-être fin. Et cette idée m’excitait au plus au point, moi qui en avait franchement marre de toujours trainer toute seule et sans but. Mais comme on dit, parfois il vaut mieux être seule que mal accompagnée.

La jeune femme se leva pour aller chercher ce qui ressemblait à un flacon de savon, et revint ensuite pour s’en nettoyer le corps, de l’eau jusqu’aux hanches. Elle répondit en même temps en détaillant son organisation. Première grosse différence avec un village, on avait le droit de faire ce qu’on voulait, tant que ça n’interfère avec les objectifs de l’équipe. Et cette équipe justement, porte un nom, le Shoraizen. Crée par deux anciens ninja de Konoha, dont Kohei, qui sont à présent pourchassés par cette même partie qu’ils ont anciennement protégés et servit. C’est vrai que ça a un côté révoltant. Mes parents ont subit ça aussi, même si j’ignore ce qu’ils ont fait exactement mais c’était le même schéma. Services rendus, erreurs, déserteurs. Nozomi expliquait que c’était justement cette vision et cette façon d’agir que combattait son organisation.

Elle me tendis le savon, que je pris volontiers et entrepris de me nettoyer aussi, l’esprit autant occupé par toutes les infos de la demoiselle que par son sublime corps couvert de tatouage et de mousse. Bah ouais, elle est quand même très belle, et en plus de ça vraiment sympathique. Forcement je n’y suis pas insensible. Enfin bon, cela ne semblait pas se voir puisqu’elle continua son monologue, et c’est tant mieux. Je l’écoutai, toujours silencieuse, en même temps que rentrer mes os afin de me laver complètement et sous tous les angles.
La ninja décrivit le fonctionnement des villages, et le comportement à la fois lâche et corrompu de ses dirigeants, qui ont oubliés ce qu’étaient les villages à l’origine et ce qu’ils ont permit de faire. C’est sur, m’enfin ça c’est la nature humaine, on finira tous par se bouffer entre nous à un moment donné, alors bon.

« Et enfin il y a ceux qui osent. » Continua-t-elle en se rinçant. « Qui franchissent le pas. A leurs risques et périls. J'ai suivit ces personnes appartenant à la dernière catégorie. Voilà ce qu'est l'organisation du Shôraizen. Des personnes luttant pour la vie et la liberté. »

Des idéalistes. C’est pas ça qui manque dans le monde, mais au moins eux ils se bougent pour faire changer les choses, plutôt que simplement parler et se plaindre. La jeune femme se tourna ensuite vers moi, offrant une vue imprenable sur sa poitrine à présent bien propre, mais je n’osais pas la regarder, encore moins la mater. Ce serait déplacé et puis ça pourrait même la choquer. Elle n’est de toute évidence pas du même bord que moi.

« Milly-chan … Tu as connu cela, toi aussi. Être traquée comme un animal. Je voyage avec Kôhei depuis un moment, et vous n'avez pourtant pas le même comportement tous les deux. Il est méfiant envers tout le monde. Sur ses gardes en permanence. Mais toi tu restes ouverte aux gens, souriante. Insouciante. Nous avons besoin de gens comme toi. Car nous voulons construire quelque chose. Et cela ne pourra pas se faire en étant distants les un des autres. J'aimerais que tu nous partages ta joie de vivre et ta bonne humeur. Pour l'instant, je ne connais que trois personnes de cette organisation. Et sur les trois, aucun de nous ne possède tes facultés … Et pourtant, nous avons tous perdu des proches. Alors pourquoi ne réagis-tu pas de la même façon ? Nous avons quelque chose à apprendre de toi, et nous avons quelque chose à t'offrir en échange. Voilà pourquoi toi, Milly-chan. »

Je ne pus m’empêcher de sourire, de rougir même, face à tant de flatterie. Moi qui me contentait de vivre au jour le jour, en profitant le plus possible de chaque instant comme si c’était le dernier. Voilà que j’avais devant moi des gens qui ne savent plus apprécier le goût de la vie, ou presque. C’est triste quand même, mais d’un autre côté ça me plaisait, ça me donnait l’impression d’être utile.
Elle me rendit mon sourire et me proposa ouvertement de rejoindre sa troupe, son organisation, sa famille. L’hésitation ne put encore bien longtemps me lier la langue, je lui sautai au cou, l’enlaçant et la serrant fort contre moi. Peut importe que je sois nue, enfin je n’étais plus seule ! Et c’est tout ce qui importait.
Le visage enfouit dans son cou et ses cheveux humides, j’articulai ma réponse avec une relative difficulté, tellement j’étais heureuse.

« J’accepte, oh oui j’accepte complètement ! Merci Nozomi, merci beaucoup. »

J’avais sans doute l’air niaise, avec les larmes au bord des yeux, mais pour une fois que des gens avaient besoin de moi, et pas pour de mauvaises raisons en plus. Et puis avec ses dires sur mon comportement, c’était trop.
Il me fallut plusieurs secondes pour enfin me décoller d’elle et m’essuyer les yeux.

« Ahah, pardon je … c’était plus fort que moi … héhé. Hum, comment ça se passe maintenant ? Je dois signer un papier ? Et comment vous vous reconnaissez entre vous ? vous avez un bandeau comme les villages mais avec votre propre logo dessus ? »

La jeune femme me sourit et entreprit de sortir de l’eau avant de répondre. Elle récupéra aussi son savon, ôta l’humidité de ses vêtements en l’absorbant. Ou un truc du genre. Une affinité suiton, sans aucun doute. Puis elle me montra sa main, portant une bague à la fois parfaitement banale mais aussi étrange. Un anneau pour les gouverner tous, un anneau pour les trouver, et dans les ténèbres les lier … Non pardon je m’égare.
Elle m’expliqua que via cette bague, l’un des membres de leur groupe pouvait les contacter, aussitôt je me suis demandée si c’était le genre de personne a te réveiller en pleine nuit juste parce que c’est drôle. Cependant je n’en dis mot. Nozomi se tourna ensuite et me montra un tatouage qu’elle avait dans le bas du dodo. Un cercle noir au-dessus d’un arc de cercle lui-même rattaché à une croix. De loin ça ressemblait vachement au symbole de la femme quand même.

« Ce sceau empêche quiconque de lire mon esprit. A cet emplacement, il est difficile de le trouver. Et c'est le but. Peut-être devrais tu réfléchir où mettre le tien. » Me fit-elle.

Effectivement, vu que cette marque remplace un bandeau comme ont les villages, je vais devoir en porter un aussi. Où est-ce que je pourrais l’avoir moi ? Un endroit difficile à trouver … C’est pas ça qui manque sur un corps, mais pourquoi le cacher ? Je veux dire, Suna et compagnie, ils ne le cachent pas. Alors pourquoi nous on devrait en avoir honte ? Surtout si c’est pour une cause aussi noble qu’elle me la présente.
Hum, faudra se renseigner là-dessus, de toute manière j’ai le temps, d’après ses mots seul un dénommé Seitô a ce pouvoir. Ce serait le chef de l’équipe en plus. Je sortis à mon tour de l’eau, fis une forte brise de vent de chacun des pores de ma peau, afin de sécher quasi-instantanément, et me rhabillai.

« Et si tu deviens un Aizuyake, tu incarneras aussi un animal. » Continua-t-elle. « Pour ma part, je suis le cheval. Il incarne la noblesse, la vitalité et le réconfort. Mon rôle au sein de l'organisation est de maintenir en vie tous les autres membres. Kôhei lui est le rat. Il est la discrétion, l'infiltration et l'information. »

J’émis un petit rire en imaginant le garçon albinos de tout à l’heure en version rat. C’est pas franchement flatteur comme position. Mais gardons ça pour nous, avec le cheval et le rat, ça doit certainement suivre l’horoscope chinois, du coup je pourrais tout aussi bien tomber sur une bestiole pas classe du tout, comme le cochon ou le bœuf …
La demoiselle ajouta qu’elle ne pouvait pas savoir ce que je serais, vu qu’elle était encore nouvelle et que l’organisation était toute jeune. Elle comme son ami aux cheveux blancs étaient là pour recruter. Ça sonne vachement secte occulte quand même … Je lui souris cependant quand elle précisa que j’étais la seule à convenir. J’en doute fort, mais s’ils ont réellement tous perdu la capacité de sourire, effectivement il semble que je sois indispensable ! Héhéhé !

Je terminai de me revêtir et refis face à cette belle jeune femme, de nouveau assise au bord de l’eau, à caresser son reptile.

« Hum, nan c’est bon, je crois que je n’ai plus tellement de question. A part deux, où se trouve le QG et quand est-ce qu’on y va ? Parce que je suis prête moi. » J’avançai ma main vers le caméléon, mais de peur qu’il réagisse mal je me ravisai. « Ah aussi, pourquoi est-ce qu’il faut cacher le tatouage ? Vous en avez honte ? »

Quelques derniers pas, avant de les rejoindre. Elles étaient là, et je pouvais les entendre normalement. Mon chakra cessa alors de se consumer. Elles avaient fini leur baignade, il était temps pour moi de les retrouver.

Il est encore trop tôt pour dévoiler notre existence à ce monde.

M’avançant vers elles, d’un signe de la main, j’arrivais à leur niveau, tout en continuant.

Nous avons pour ordre de rester discret, de ne prendre aucun risque. L’organisation est encore récente, et un village peut se dresser à tout moment contre nous. Konoha. Et il n’est pas à exclure la possibilité que l’alliance que la Feuille a avec Kumo renaisse, pour nous qui ne sommes encore qu’à une phase de stabilisation. Ainsi, trop faire parler de nous risquerait de nous nuire, nous ne sommes pas encore prêts...

Soupir. Bien que je n’avais plus aucune nouvelle de Konoha depuis mon arrivée au Pays du Vent, il était évident qu’ils ne lâcheront pas l’affaire. J’ai réussi à m’échapper une première fois, lorsque Natsuki s’est dressé contre moi. Une chance. Son niveau était supérieur au mien, sans aucun doute. J’aurais pu beaucoup y perdre... Même si l’envie de me mesurer à lui était forte, je ne pouvais pas me le permettre. Oui, notre mission était simple, et l’ordre que l’on nous avait donné l’était également. C’est pour cela que j’ai du fuir, avant de me retrouver dans une situation problématique. Ce n’était que partie remise.

C’est dans cette même idée que l’on restait discret, à cacher le signe de notre appartenance à l’organisation. C’était encore trop tôt, on ne pouvait pas se le permettre...

... mais ça ne saurait tarder. Le jour viendra où l’on pourra afficher avec fierté ce symbole qui nous unit tous, et faire connaître à tous la cause que l’on défend.

Une question devait persister néanmoins, en elles... elles devaient commencer à s’en douter, mais je n’étais pas réellement parti. À vrai dire, ayant compris qu’elles avaient besoin d’intimité, je m’étais éloigné, et n’y avait prêté nullement aucun regard. Mes yeux sont restés bien à leur place. Néanmoins, j’avais aiguisé tous mes autres sens. Dont mon ouïe, qui avait été renforcée à l’aide de mon chakra. Voilà l’explication...

Ha oui. Désolé, mais j’ai écouté votre conversation, tout en me tenant éloigné de vous. Je ne voulais pas prendre le risque de laisser Nozomi toute seule, sans surveiller, ne serait-ce qu’un peu, ce qu’il se passait ici... Malheureusement, on ne peut se fier à personne, tant que l'on ne nous a pas prouvé sa bonne foi. Telle est la règle de ce monde. Et encore, nous ne sommes jamais à l’abri d’une trahison...

La trahison était notre lot. Lorsque son propre village nous trahit, malgré tout ce qu’on a pu faire pour le maintenir haut... comment accorder sa confiance totale en quelqu’un d’autre, suite à ça ? Néanmoins, pour cette fois, je m’étais sans doute trompé. Et pas qu’un peu. Mon regard se tourna vers Milly, notre nouvelle alliée. Elle n’était plus une inconnue dont on devait se méfier... mais bien l’une des nôtres.

Je suis sincèrement désolé d’avoir pu douter de toi. Cela n’arrivera plus, maintenant que tu es l’une des nôtres…

Une pause. Un sourire, ce qui se faisait de plus en plus rare, malheureusement...

Bienvenue dans notre famille, Milly. J’espère que tu t’y plairas !

Une main tendue dans sa direction, toujours avec ce même sourire. Elle l’avait prouvé, cette personne pouvait devenir un élément clé de notre groupe. Mais surtout, une personne sur qui l’on pouvait sans doute se reposer, en toutes circonstances. J’en étais sûr, maintenant. J’étais heureux de voir ça, Nozomi avait bien mené son affaire. Rencontrer quelqu’un qui partageait notre vision, dans un lieu aussi désert que celui-ci... c’était tout bonnement impensable. Et pourtant. Notre famille pouvait maintenant compter une personne en plus. Et qui sait... peut-être qu’elle héritera même d’une place importante, comme Nozomi et moi-même. Ce n’était pas impossible. Surtout qu’elle avait notre appui pour ce faire, je ne pense pas que la médecin soit contre cette idée.

Pour ce qui est du QG, à vrai dire, nous ne nous y sommes encore jamais rendu, et nous ignorons pour l’instant sa position. Bientôt, il sera prêt à tous nous accueillir. Tu découvriras ta nouvelle maison, en même temps que nous, Milly ! Qu’en dis-tu ?

Spoiler:

Contre toute attente, ce ne fut pas Nozomi qui répondit mais Kohei. Le retour du survivant du fantôme du voyeurisme !
Je l’observai avec un air suspicieux pendant qu’il donnait sa réponse. Certes on avait besoin de puissance pour s’affirmer et montrer au monde ce symbole du Shoraizen, mais là tout de suite je me demandais s’il nous avait reluquer pendant notre bain. Ça devait certainement ce voir sur nos têtes, car il ajouta sans attendre que non, il n’avait rien vu, mais tout entendu. C’est pas forcement mieux, pour peu qu’il ait l’esprit un peu mal tourné et de simples bruits peuvent rapidement se transformer en partie de plaisir tout ce qu’il y a de plus érotique.

Je tournais les yeux vers la demoiselle, elle paraissait rassurée. Je me fais sans doute alors des idées, mais gardons cela dans un coin de notre mémoire, juste au cas où. Il pourrait vouloir faire d’autres tentatives d’espionnage la prochaine fois. Surtout si j’en crois sa position dans l’organisation, comme venait tout juste de me le présenter Nozomi. Enfin bon, il me tendis une main, accompagné d’un sourire.

« Je suis sincèrement désolé d’avoir pu douter de toi. Cela n’arrivera plus, maintenant que tu es l’une des nôtres … Bienvenue dans notre famille, Milly. J’espère que tu t’y plairas !

- J’espère aussi, merci Kohei. » Lui répondis-je en prenant sa main pour m’aider à me relever.

Arriva ensuite le sujet du QG. En fait, ni l’une ni l’autre ne savait où il se trouvait, ni même à quoi il ressemblait. Ça la fout plutôt mal quand même. Ça fait genre « Hey ça te dis de rejoindre notre super troupe ? Par contre on a nulle part où aller alors soit on fait ça chez toi, soit c’est dans les poubelles du voisin ! ». Avouez qu’on a fait mieux en terme d’organisation, mais bon je me contentai de sourire et d’acquiescer d’un mouvement de tête. Tout ne peut pas se passer comme dans le meilleur des mondes. La demoiselle avait également hâte d’y aller, et rencontrer les autres. J’en conclus donc que nous ne sommes pas que tous les trois et le dénommé Seito. Nous n’avions plus qu’à attendre l’appel. Nozomi alla s’asseoir sur un rocher, moi je préférai une position plus végétale, contre le palmier qui avait servit à tenir mes affaires un peu plus tôt, les fesses sur les quelques racines qui dépassaient.

« Bon bah puisqu’on a plus que ça à faire … Kohei, quelle est donc ton histoire ? Et vous savez combien on est dans le Shoraizen ? Sans m’inclure dedans. »

Spoiler:

Ainsi, nous avions trouvé une nouvelle alliée, dans ce désert pourtant si vide. Oui, il portait bel et bien son nom. Dans un lieu comme celui-ci, les rencontres se faisaient rares. D’autant plus lorsqu’elles sont intéressantes, comme ce fut le cas là, avec Milly. Oui, on ne pouvait pas dire le contraire. Le Destin avait mit sur notre route un élément très prometteur. Pour ce qui est de la puissance, je n’ai aucune idée de son niveau. Par contre, sa présence nous sera bénéfique : elle partageait nos idéaux, elle était prête à nous rejoindre. Et comme Nozomi l’avait dit, elle a quelque chose que l’on a pas. Que je n’ai pas. J’ai encore beaucoup de choses à prendre sur la vie de Nukenin, d’autant plus lorsqu’ils sont traqués. Comme elle, et moi. Les portes de notre famille lui étaient grandes ouvertes.

Oui, on sera bientôt à la maison. J’ai également hâte !

Oui. Ce désert commençait sérieusement à me taper sur le système. Mais genre, vraiment. La chaleur. Tout ce sable. Ces vastes étendues, vides de tout. Il y avait eu des jours plaisants, des rencontres agréables. Mais aussi, beaucoup de jour à errer, sans ne rien trouver. À plus rechercher un coin d’eau, et un lieu pour dormir, que d’âmes qui vivent. Oui, les conditions n’étaient pas ce qu’il y avait de plus agréable. Encore, la médecin semblait mieux tenir que moi. La chaleur, le désért... ce n’est vraiment pas mon truc. Pitié, que je n’y revienne plus jamais.

Notre nouvelle alliée posa de nouvelles questions, qui m’était bien plus destinées. Mon histoire, et le nombre de membres. Oula…

Hm... Pour être franc, j’ignore combien nous sommes au total. Disons que l’organisation est née suite à un important mouvement de désertion à Konoha, suite à la trahison que nous avons subie. Et parmi eux, deux clans majeurs du village nous ont rejoint, dans presque leur intégralité. Dont le mien, le clan Hyô.

Un soupir. C’est vrai que nous serons beaucoup, une fois à la base. Cela peut paraître étrange de recruter encore, malgré notre monde… mais entre un membre lambda de l’organisation, et un membre en qui on a réellement confiance... il y avait une large différence.

Néanmoins, il y a une légère subtilité. Nozomi t’a expliqué notre fonctionnement, et ce qu’était un Aizuyake. Parmi nous, quelques membres sont plus importants que d’autres, et est représenté par un animal, ainsi que par une bague qui lui est associée. Seulement treize membres peuvent y prétendre... Et aux dernières nouvelles, seulement sept places sont occupées.

Bientôt huit ? C’était une éventualité qui était pour le moins intéressante. Elle le pouvait.

Tu seras peut-être en mesure de récupérer ta propre bague, toi aussi. C’est à voir avec notre leader, mais sache que tu auras mon appui.

Et probablement celui de Nozomi. Ce que j’ai vu -ou plutôt entendu-, m’avais plus que convenu.

Ce qu’elle demandait maintenant... voilà autre chose. Mon histoire. Le trajet que j’ai parcouru, avant de me retrouver face à elle. Elle était en droit de me poser cette question, en effet. Maintenant que nous faisions parti de la même famille, je n’étais plus en droit de lui mentir.

Sinon... comme je te l’ai dit, je suis issu d’un clan de Konoha : les Hyô. Notre pouvoir est simple, mais efficace. Nous contrôlons l’encre. Nous pouvons l’utiliser, et la matérialiser en ce qui nous chante, comme on peut "donner vie" aux dessins que l’on fait. Un pouvoir qui offre pas mal de libertés. Et pourtant, la liberté est tout ce qui m’a manqué, jusqu’à aujourd’hui.

J’y repensais. Tout. L’académie, mes parents, ma soeur... Konoha.

Mes parents, et surtout mon père, n’avaient qu’un seul objectif : faire de moi et ma soeur deux puissants éléments du village. Deux machines infaillibles, invincibles. J’ai été initié aux arts ninjas dès mon cinquième anniversaire, tout comme ça avait été le cas pour ma soeur et moi. Leur objectif était bien simple : se procurer d’armes surpuissantes, sous leur contrôle. J’en ai souffert, mais je m’y suis fait. Le monde ninja est fait ainsi.

Du moins, au sein d’un village. Certes. Petite subtilité, puisque la liberté peut réellement exister… c’est ce que l’on recherche, après tout.

Je suis bien vite devenu un ninja, ayant passé avec une facilité déconcertante les examens de l’académie. Vu mon avance, ça n’avait pas été un réel soucis. Et c’est peu de temps après que ma soeur a disparu, sans ne laisser aucune trace, lors d’une attaque sur Konoha. J’en ai voulu à ce monde extérieur. Je n’avais plus qu’une seule intention : c’était de devenir fort, pour protéger mon village.

Une ambition que j’ai su mener à son terme... néanmoins, cette fin n’avait pas été celle que je m’étais imaginée. En même temps, qui aurait pu anticiper ça, autant de temps avant ? Personne. À moins que nous étions piégés dès le début, ce qui paraissait impossible.

J’ai ensuite rencontré Seitô, mon senseï, et le chef de notre organisation. Pour lui, notre village représentait tout. Il s’est donné corps et âme pour le défendre, et il m’a inculqué ses valeurs. Cela a duré plusieurs années. Je suis même devenu le chef de mon clan, pour le plus grand malheur de mon père, qui visait ce titre. Il n'a pas apprécié que l'outil échappe à son contrôle, et qu'il prenne ses propres initiatives. Mais malheureusement, pour son plus grand bonheur, et sans le savoir, nous nous sommes fait piéger. Piéger par ce en quoi on croyait. Après avoir tout donné, et toujours agi pour le bien de notre peuple, nous avons été trahi. Il a suffit d’une première étincelle, pour que le tout s’embrase. La fuite a été notre seule option, et je suis devenu l’un des fléaux qu’autrefois je haïssais... un déserteur, emmenant avec moi une grande majorité de mon clan. Mon père y est resté, et est devenu le chef de sa "partie" du clan.

La suite était évidente, néanmoins.

C’est de là qu’est né le Shôraizen. C’est de là que mes idéaux ont changé. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été bercé par le système ninja, et tous les principes de loyauté qui en découlaient. On m’a interdit de faire ce que je voulais. On m’a interdit de vivre une enfance paisible. On m’a même interdit de voir ma soeur pendant de longues années. Tout ça pour ma formation. Et ce n’est que maintenant que je me rends compte que c’était une erreur. Les ninjas ne sont pas libres. Ils ne l’ont jamais été. Et mon art a besoin de liberté pour être développé.

C’est tout ce que j’avais à dire sur mon histoire. En même temps, il n’y avait pas grand-chose à dire de plus...

Levant la tête vers le ciel, des étoiles commençait à être percevables. La nuit n’allait plus tarder, et cette journée avait été particulièrement remplie.

J’imagine qu’on va dormir à la belle étoile, cette nuit.

Une journée qui se finissait sur un magnifique ciel étoilé. Que demander de plus ? Rien. Mis à part rentrer peut-être.

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