Par une nuit sans étoile, alors que l'air chaud et humide d'un Été appréciable faisait montrer sa loi dans les plaines et montagnes de Yu No Kuni, la Lune régnant seule sur son royaume endormi, Tsubaki pointa le bout de son nez en dehors de la base. Ce n'était pas l'appel d'une quelconque fantaisie qui la forçait à s'aventurer encore une fois hors de son domaine, mais bien une chose qui lui tournait dans la tête depuis voilà un petit moment, lui posant des questions auxquelles elle ne savait ni ne pouvait répondre. Elle avait reçu, il y a quelques temps déjà, une missive qu'elle avait tardé, pour sûr, à ouvrir. Elle avait été déposée à l'exact endroit où s'était situé le campement du groupe archéologique qu'elle avait sorti de la caverne pour les tuer quelques temps plus tard. En premier temps, la jeune femme n'avait pas ouvert l'enveloppe, gardant cette histoire pour plus tard, un trop grand travail l'accablant déjà. Elle aurait sûrement dû remettre la lettre à Azumi, mais l'idée ne lui avait pas vraiment effleuré l'esprit. Et lorsqu'elle en eu la présence et qu'elle lut intégralement le contenu du message, elle avait fait ses affaires en hâte, acheté des équipements d'armement, prétextant quelque ronde de nuit aux alentours, comme s'il lui avait été exigé de rendre des compte aux habitants. Toujours était-il que cette fameuse missive qui lui était destinée était porteuse d'un contenu pour le moins troublant.




Cette lettre n'était pas juste une histoire de sauvetage, il y avait quelqu'un qui la connaissait, elle qui pourtant tentait de se faire discrète, pour ne pas faire prendre de risque inutile à l'organisation. Il y avait eu une faille dans le système, un mouvement erroné sur le tableau, et tout en se dirigeant vers ladite demeure à laquelle elle devait se rendre, elle chercha ce qui pouvait avoir été sa faiblesse. Pendant son temps, la Lune avait pu commencer sa lente déclinaison, annonçant bientôt la mi continuité de la seigneurie nocturne, quand tout à son aise et ses délais la jeune dame franchit la porte du domaine qui arborait déjà à son entrée les marques d'une richesse audacieuse.

En place et lieu de bienvenue accueillait un large portique d'acier forgé dans un motif naturel très inspiré, donnant spirales et formes d'arbres à l'ouvrage, recouvert d'une peinture dorée et argentée qui aurait peut-être pu tromper n'importe qui, mais pas la Buta. L'allée, fraîche et riche en diverses espèces exotiques d'arbres de tous pays, donnait tout d'abord d'être arrivé dans un quelconque domaine écologique ou zoologique, qu'entouraient d'immenses prairies et autres terrains rentabilisés par la culture, l'élevage, ou même la location à plus ou moins long terme. La façade du bâtiment faisait dans les sept ou huit mètres de haut, et les scientistes savaient que celui-ci formait un carré parfait d'une longueur d'une centaine de mètre et moitié plus, et dont le centre était un magnifique chêne millénaire que la famille préservait de tout mal et dont la cime pointait fièrement par-dessus les murs de la maison. L'éclairage perçait à travers les fenêtres de verre trempé, conçues pour préserver la température de l'intérieur et empêcher toute dégradation. Seule une explosion ou un événement perforant pouvait venir à bout des cinq centimètres d'épaisseur des vitraux, qui avaient cependant une faiblesse au dernier étage, plus particulièrement quant à la position dans la chambre du maître des lieux de vitrage composé d'un cristal fondu et poli. Petite touche de fantaisie qui caractérisait bien la folie dépensière des riches propriétaires actuels.

La kunoichi allait enlever la capuche qui masquait les traits de son visage dans la nuit qui continuait de suivre son cours sous les ordres de Tsukuyomi, plongeant le monde mortel dans un sommeil assouvi, quand elle entendit le bruit d'un pas derrière elle. Alors, sans même lui laisser le temps de se retourner pour voir qui avait pris la liberté de l'approcher sans même faire état de sa présence, elle reçut sur la nuque un coup qui la plongea immédiatement dans un état d'inconscience profonde, proche du coma. En effet, son agresseur, peu habile dans la tâche qui lui avait été confiée, avait par mégarde et erreur, qui aurait pu, en passant, être fatale à la jeune femme, frappé dans une base nerveuse particulièrement sensible entre deux vertèbres particulières de sa colonne osseuse. Une microhémorragie avait sollicité l'attention du cerveau d'une manière violente alors que le système nerveux périphérique de la moelle épinière avait envoyé en même temps plusieurs millions de sommations spatio-temporelles de potentiels d'action au cerveau, qui avait cessé d'alimenter la zone de raisonnement de la pauvre kunoichi. Aussi l'esprit de cette dernière se retrouvait confiné dans un état de transe méditative forcée, tandis que la Tsuchi No Serei fut amenée à prendre le contrôle du corps, toujours plongé dans son redémarrage moteur.

C'est donc particulièrement confuse que l'esprit, alors dirigeante du tronc corporel de Tsubaki, s'éveilla dans une pièce haute en lumière, qui l'aveugla et manqua de l'envoyer dans un nouveau séjour dans les doux bras de Morphée. Elle était allongée sur un lit qui lui semblait moelleux au point de l'attirer le plus possible en son sein. Elle avait connu cette sensation à travers son hôtesse, mais elle devait dire que la ressentir directement avait quelque chose de plus agréable. Mais elle s'aperçut rapidement qu'elle s'éloignait d'un sujet important et que quelque chose de peu logique et fort moins appréciable s'était produit à l'insu de son « amie ». Elle leva la tête, frottant ses yeux endoloris, et son regard tomba sur la tête visiblement dépité d'un vieil homme qui se hâta d'ouvrir la bouche pour déclarer :

La gardienne mit un peu de temps à tout assimiler. Un vieil homme, plus petit qu'elle de deux ou trois centimètres, était penché à son chevet, assis sur une chaise, se démontant un dos qui ne devait, par le poids des âges, plus être très droit. Il était à demi-chauve, et ce qui lui restait de son ancien manteau de poils de tête avait passé du côté de la teinte de la pierre qu'elle pouvait observer dans les mines de la cité dans laquelle s'était établi le Shôraizen. Ses petits yeux fatigués perlaient encore en leurs iris les couleurs d'un morceau de lave séché, dans les teintes noirs d'une obsidienne dite flocon de neige. Rien en lui n'évoquait aux yeux de l'esprit la sympathie ou la bienveillance, et elle comprit d'elle-même et à l'instant, malgré un cerveau encore bien flanchant, que le vieil homme ne pouvait qu'être le fameux client qu'elle était venue voir. Elle se redressa lentement, et celui-ci reprit la parole.

Sa voix, son ton, son attitude déjà odieuse faisait mal au crâne de la jeune femme, si tant est que l'on puisse toujours l'appeler ainsi, dans l'état par lequel elle passait actuellement. Elle ne prit guère attention à ses quelques réprimandes, qu'elle aurait volontiers troquées contre des excuses, et répliqua avec autant de mépris qu'un serpent délaissant une proie trop chétive pour être même digne d'intérêt, lui crachant quelques gouttes de venin à la figure avant de s'éclipser.

Le propriétaire, outré par le comportement de la jeune dame, s'empressa d'ordonner à la domestique la plus proche d'aller quérir ce que leur invitée avait commandé. Il ne fallut que quelques instants avant que l'on apporte un citron mûr, un fil de cuivre et une cuillère en zinc aux mains de la kunoichi. Celle-ci, adressant un vif merci à l'employée, n'ayant en quelconque sorte aucune cure de l'employeur, planta fil et couvert dans le fruit, à la plus grande distance possible, et, secouant auparavant l'objet obtenu, en colla les deux antennes dans a nuque, au niveau de là où avait été porté le coup. Elle ne fut en aucun cas surprise de la décharge, néanmoins légère, qui suivit, après laquelle elle pesta et lança l'installation électrique primaire dans les mains de la personne la plus proche, à savoir le grossier personnage, qui imita la jeune femme lorsque le citron, n'ayant été réceptionné, s'écrasa contre le costume de marque de son propriétaire.

Quelques joutes verbales furent échangées par la suite, mais on les passera sûrement outre pour ne pas gêner l'expérience des lecteurs, vous qui devez déjà vous ennuyer devant ce que je vous présente (Oh, oui, je vous plains, mes chers validateurs de missions. ♥ Quoique, juste une, en fait, mouahahah!). Une fois les hormones féminines et la testostérone épuisées, l'explication de la venue de la jeune femme fut mise au jour. Il s'agissait de la jeune fille du maître des lieux, que l'on menaçait de kidnapper durant une réception ayant lieu deux jours à la suite de celui dans lequel ils étaient rentrés. Le vieil homme souhaitait que le kunoichi prenne la place de son enfant afin de mettre les coupables hors d'état de nuire, sans pour autant omettre quelque sarcasme quant à l'accident de la nuit passée, à présent que le soleil annonçait passé le premier quart de la journée. Lorsqu'il lui posa la question quant à la possibilité qu'elle prenne l'apparence de sa descendance, il eut pour réponse immédiate un parfait Henge No Jutsu, qui le laissa dans une satisfaction sans faille.

La réponse fut bien évidemment positive, et elle entreprit d'éparpiller d'identiques notes partout dans les soubassements du bâtiment, prétextant qu'il était plus sûr d'en apposer le plus possible, au cas où on viendrait à les découvrir. Cela permettrait aussi d'opérer dans une stratégie d'encerclement contre les criminels, qui se retrouveraient acculés dans le domaine, qu'elle promit de préserver au plus. Elle partit ensuite en reconnaissance des lieux, trouvant un village plutôt développé dont elle avait la connaissance à trois kilomètres et demi de là. Elle passa ensuite le temps nécessaire à sa transformation en jeune fille de bonne famille, préparant dans sa sacoche, masquée dans le futur par le sort Ninjutsu, divers instruments dont elle aurait la nécessité d'usage dans les moments à venir. Elle étudia les moindres recoins des lieux, distribuant aux endroits stratégiques ses parchemins, et lorsque les deux jours passèrent, et que la foule se tenait enfin rassemblée dans la grande salle de banquet, elle se présenta, camouflée par sa technique, sous les traits magnifique de la fille de son hôte. A présent, c'était à elle de jouer, et elle avait une longue tâche à accomplir.

Elle entra, annoncée par les noms de sa couverture, dans la fameuse salle de banquet, alors que tous se tournaient vers elle avec admiration et intérêt. Il fallait dire que la jeune dame était particulièrement belle, avec ses belles boucles blondes, fines, qui faisaient onduler doucement la cascade de cheveux qui se perdait dans le creux de son dos, un magnifique diadème posé sur sa tête. Ses yeux d'un bleu cristallin éblouissaient tous ceux qui tentaient de plonger leur regard par-dedans et les faisaient noyer dans leur beauté éclatante par les lumières de l'imposante pièce. Elle « portait » une robe de soie blanche, d'un immaculé pareil à celui de l'apparat d'une jeune mariée. Partout on se pressait pour lui faire un baisemain ou pour s'attirer ses salutations, toujours gracieuses, comme la mère de Tsubaki les avait apprises à sa fille, étant enfant et adolescente. Aussi, après quelques rapides discussions inintéressantes dont je vous ferai grâce, tout le monde s'attabla autour des magnifiques pièces de bois massif qui trônaient fièrement près des baies vitrées de la salle.

Mais à peine eut-on commencé à entamer les plats qu'un événement prit présence dans l'assemblée, provoquant stupeur et affolement, et qui allait sûrement marquer les esprits de plusieurs pendant longtemps. Un poignard caressa doucement la gorge de la jeune femme tandis qu'un des ravisseurs avait pris rapidement place à son dos. Pour les invités et le personnel, il ne s'était agi que d'un simple convive qui était passé derrière la chaise de Mademoiselle avant que l'on ne le trouva la menaçant, elle et tout le reste de la maisonnée.

Pour montrer qu'il ne plaisantait pas, il lança la lame qu'il tenait à la main dans le torse d'un des employés, qui s'effondra sur-le-champ, laissant place à une nuée de cris et de larmes parmi l'assemblée, stupéfaite par ce qui venait de se passer. Ce geste arracha une grimace de répugnance et de mépris à l'ancienne entité, qui ne se dérangea pas d'exprimer son dégoût par une insulte. Elle n'obtint pour réplique qu'un regard noir, alors qu'on l'empoignait sans ménagement, laissant un papier sur la table.

Sur ces paroles, il s'éloigna en riant à gorge déployée, emmenant de force, avec d'autres compères, la jeune femme. Celle-ci se demandait jusqu'à quand elle arriverait à maintenir la transformation active, avant de finalement se retrouver exposée pleinement à ses agresseurs. Les bandits quittèrent le domaine pour se réfugier dans une grotte non loin de là, et attachèrent le corps de Tsubaki à un lit de camp, la laissant libre d'un peu de mouvement. Mais alors qu'on accrochait aux liens qui entravaient ses mains la corde qui délimitait son rayon de mouvement, elle n'en put plus et annula le sortilège de métamorphose, sous les yeux ébahis du chef de groupe, qui ne tarda pas à saisir un sabre qu'il pointa vers le visage de la jeune femme. C'était là qu'elle allait devoir jouer son rôle à la perfection, sans se tromper dans un seul mouvement. Le seul pion qu'elle avait et était se trouvait près de sa zone de promotion, et il ne fallait pas gâcher cette occasion. Ses tours, sa reine et son roi l'attendaient de pied ferme dans le riche domaine, à quelques kilomètres.

Sous le regard infiniment méfiant du bandit, elle lui exposa sa version des faits : elle avait accepté cette mission dans le but d'arnaquer le propriétaire, et de récupérer une partie de la rançon, sinon plus. Elle lui indiquerait où se trouvait le coffre-fort tant convoité de M Hoshouzaki, en échange de quoi il la laisserait repartir avec une belle somme et une dette envers lui, précisant qu'un paiement retour lui serait peut-être accordé sous une autre forme.

Il fallait reconnaître que le coup était fort, suffisamment habile pour trouver place d'honneur dans l'esprit faible et idiot du vil homme qui lui faisait face. Aussi ce dernier accepta-t-il le marché, bien décidé à profiter allègrement de la nuit que proposait implicitement la jeune femme. Mais il n'était pas totalement stupide, et, le lendemain, il lui imposa un garde alors qu'il partait quémander, ou plutôt récupérer sur un ton d'ordonnancement, la fameuse somme qui le faisait tant baver, tout en envoyant des hommes chercher l'argent du coffre-fort. Ainsi commençait l'avant-dernier pas de cette danse meurtrière.

Alors qu'on entendit un grand bruit dans la salle de banquet alors que le groupe de criminels revenait chercher ce qu'ils avaient commandé la veille, semant la pagaille dans toute la maisonnée, avec leur violence et leur esprit meurtrier. Tous les employés étaient apeurés à la vue de ces gredins qui envahissaient toute la demeure, cherchant l'argent tant désiré, bousculant meubles et personnes qui se trouvaient sur leur chemin, ne prêtant nulle attention dans les objets de luxe que regorgeait ce magnifique ouvrage que le domaine du riche homme qui se trouvait terrifié, dans l'incapacité de parler, blâmant dans ses pensées la jeune kunoichi qui n'avait pas été fichue de faire ce qu'on lui avait demandé de faire.

Alors que les troupes atteignaient le coffre magnifiquement dissimulé, à quelques pas de là, dans les terres du domaine, on pouvait apercevoir une jeune femme, les mains liées, aux côtés d'un homme à la carrure plutôt ordinaire, que l'on n'aurait pas observé en tant que membre d'un pareil groupe que celui qui était en train de s'agiter dans le bâtiment. Alors qu'il montrait des signes d'impatience dans ses gestes et discussions aux sujets lassants tels le nuage automnal couvrant la douce lumière d'un dernier soleil d’Été, la jeune femme, dont le corps n'était autre que celui de Tsubaki, commençait elle aussi à perdre la patience dont elle pouvait aisément faire preuve en temps normal. Elle finit par passer à l'action.

A ses mots se joignirent ses gestes, qui consistèrent en un déliement de la corde qui entravait ses liens, et, par une pirouette acrobatique, elle lança ses pieds dans la gorge du pauvre homme, qui s'écroula, main sur la trachée, encore chanceux, ou non, d'être toujours vivant après ce coup. Mais cet état de chance ne dura pas longtemps avant que la jeune dame ne lui plante sa propre lame dans la gorge, laissant couler au sol le liquide écarlate qui rendait sa vie à la Terre elle-même dans un long gémissement qui s'éteignit après un dernier râle de mécontentement. Il était temps d'en venir à la suite.

L'esprit, la veille au soir, avait donné, comme garanti, un cristal rouge-orangé au chef du groupe, avant que ce dernier n'aille exécuter son sombre larcin. Ou du moins avait-elle fait entendre qu'il s'agissait d'une garantie de sa loyauté, car en réalité, si on avait pensé à regarder à l'intérieur, on y aurait aperçu un petit bout de parchemin que l'on avait implanté à l'aide d'une minuscule incision. Et bien entendu, la note à l'intérieur n'avait rien de bien sympathique, ayant été placée là pour une raison bien précise.

Si quelqu'un avait pu prendre contact de cette manière avec la jeune fille, alors cela signifiait qu'il y avait un possible danger pour la discrétion de l'organisation, chose que nul ne pouvait se permettre dans les temps qui courraient, plus que jamais. Aussi avait-elle décidé de mettre un terme à la vie et aux manigances de celui qui avait pu prendre science du chemin par lequel passer afin de prendre relation avec sa personne. Il n'y avait pas de place pour la pitié, ici, aussi l'esprit avait été ravie de pouvoir exécuter cette tâche sans les remords de sa jeune hôtesse.

Aussi joignit-elle les mains, dans un enchaînement de mudras, actionna le mécanisme d'explosion de tous ses détonateurs, qu'elle avait pris soin de dissimuler derrière de fausses notes de balises spatio-temporelles. Il ne fallut pas longtemps au cœur pour exploser en plein rez-de-chaussée alors que les autres se chargeaient de réduire en poussière les murs de la résidence du client. Tout partait dans un tonnerre de feu et de fumée qui projeta la jeune femme contre terre, par la violence de cet enchaînement de souffles, et qui provoqua un petit séisme, qui n'eut cependant pas d'effet notoire, après coup.

La jeune dame alla récupérer un peu plus loin la valise qu'elle avait remplie d'argent dérobé au défunt client. En effet, elle n'avait pas uniquement profité de sa visite des lieux pour l'emplir de notes explosives, mais aussi pour dérober quelques millions de Ryôs à leur malheureux propriétaire, qui n'en aurait plus aucune utilité, à présent qu'il était réduit dans le même état que les bandits dont il souhaitait la tête quelques temps plus tôt. Mais la tâche n'était pas encore finie, car elle avait trouvé qui pouvait bien avoir vendu un ancien succès à ce maniaque peu sympathique qu'elle venait de vaporiser. C'était quelque chose qui allait faire mal à Tsubaki lorsqu'elle ressortirait des profondeurs de son esprit, mais qui était nécessaire, et qu'elle allait accomplir avant de reprendre la route du QG, aussi la vit-on disparaître dans les lueurs de l'Aurore.

La Tsuchi No Serei ne put qu'attendre la nuit, et son obscurité propice à ses manigances, avant de pouvoir se faufiler entre les murs et installations des terres sur lesquelles elle faisait intrusion. Elle plaçait les dernières notes explosives qu'elle possédait dans différents endroits, alternant parfois avec des parchemins Katon, qu'elle désirait tester, afin d'économiser quelque peu ses munitions. Décidément, il faudrait, une fois rentrée, que son hôtesse pense à se consacrer un bon budget dans l'achat de feuilles détonatrices, qu'elles n'utilisaient que bien trop en ces temps qui courraient dans le fil inexorable de leur flot continu.

La Lune était presque haute, dans ce ciel aux reflets de saphir qui voyait encore les rayons retardataires du soleil couché déjà il y a quelques heures à la frontière des horizons, limites du monde des vivants et celui des morts, comme le disaient nombre de légendes depuis les lointains coins reculés de la nuit des temps elle-même, que symbolisaient dans leur état les courses de l'astre solaire et du corps céleste lunaire, qui se relayaient tour à tour dans cette immensité sans autre nom que celui de ciel, à présent, qui faisait ressentir un certain apaisement à l'esprit, lorsque, depuis le corps d'une humaine, elle regarda dans les yeux profonds et omniprésents de celui-ci, cherchant à y trouver quelque réconfort dans ce qu'elle s'apprêtait à commettre, et qu'elle aurait sûrement condamné dans sa jeunesse, avant que la vision de la folie des hommes ne pousse son mental à accepter autre point de vue que celui qui fut jadis alors longtemps le sien.

Alors que, debout sur la colline, elle joignit ses mains, et prononça l'incantation vengeresse, qui actionna le mécanisme des parchemins, et provoqua imparablement le rasage du domaine, autrefois magnifique, et dernièrement en réparation, à cause de la précédente explosion qu'elle avait causée dans le but d'éliminer une bande de gredins plus forte et plus lucide que celle dont elle s'était débarrassée plus tôt. La vue lui fit l'effet d'un coup de foudre qui réveilla le conscient de son hôtesse, à qui elle laissa si habilement la place qu'il fallut un petit moment avant que la fleur n'intègre tout ce qui s'était passé, allant dans les détails les plus sombres qu'elle pouvait supporter, ou pas.

On entendit dans une nuit, à présent souillée de sa noirceur par la lumière des flammes dévorantes, qui courraient sans relâche sur les ruines de la propriété, n'épargnant rien du terrain qui l'accueillait à contrecœur, le cri, la plainte déchirante d'une jeune femme dont le moral venait d'être annihilé en quelques instants, après même une émergence suivant une longue transe méditative, si bien que, pour préserver le corps de sa chute, qu'offrait l'évanouissement de la kunoichi, son invitée psychique dût reprendre à nouveau le contrôle du corps commun.

A même ses joues, quel que soit son esprit, on vit, par la deuxième fois, sur la même voie qui menait à sa vie, les larmes de la jeune femme couler dans les ténèbres silencieuses et cruelles de la nuit, dont l'unique lumière à présent visible explosait du corps céleste qui se dressait tristement de par-dessus sa tête, plusieurs milliers de kilomètres plus haut. C'est ainsi que Tsubaki rentra à la base du Shôraizen.