Le réveil fut difficile pour Yoru. Une nuit agitée, pénible lui avait empêché de profiter d'un sommeil réparateur entre deux missions. Pas même de soirée ordinaire pour profiter du temps avec sa chérie. A la place, un rapide repas, une petite douche fraîche et un bond dans le lit. Le lever fut au contraire bien plus long que lors du soir à la veille. Il faisait à peine jour lorsque le Genin de Kiri quitta la chambre. Le soleil peinait à sortir de l'horizon, et ses quelques rayons diffusaient avec difficulté leur lumière bénéfique. Néanmoins malgré cette obscurité qui ne parvenait à disparaître, Yoru profita de l'air matinal pour prendre un café au balcon de son appartement. La tasse et ses bras apposés au bord de la structure, il contempla les quartiers du village caché, encore endormis dans la brume quotidienne. Ses deux mains étaient disposés autour de la tasse à café, dont la chaleur ardente au milieu de cet air frais réchauffait de façon agréable ses dextres. Le jeune homme finit sa tasse quelques minutes plus tard, profitant de ce laps de temps pour en même temps s'habiller convenablement. Il enfila son pantalon, un tee-shirt, ainsi que son habituel pull accompagné de son bandana encerclant le front du shinobi. Après un coup à la salle de bain, le Kirijin fut enfin prêt. Comme chaque matin, il allait se rendre au palais du Mizukage afin de demander une mission.

Ces derniers temps, Yoru avait de plus en plus besoin d'argent. Raison évidente pour laquelle il se rendait quotidiennement dans le centre de distribution des missions de Kiri. Le loyer avait légèrement augmenté, et les derniers achats du couple pour s'équiper en projectiles pour leur travail avaient considérablement épuisés les économies des deux shinobis. Et évidemment, pour réparer ces quelques soucis, Yoru prit l'initiative de s'investir davantage dans son travail au village. Ayant dans le passé jurer de protéger coûte que coûte sa belle, il avait sous-entendu lui offrir une belle vie. Une belle vie ne pouvait s'accomplir selon lui dans la médiocrité que pouvait offrir un appartement croulant sous quelques petites dettes. Et c'est dans cette optique-là que le manieur de vapeur quitta son domicile, tâchant auparavant d'aller déposer un léger baiser dans le cou de sa belle et de lui glisser quelques mots pour prévenir de son départ:

« Je m'en vais en mission mon cœur. Je risque de ne pas rentrer ce soir, donc ne m'attend pas pour manger. Je penserai fort à toi mon amour. Sur ce, je dois te laisser, passe une bonne journée en absence. Je t'aime Yūna. »

Sur ces derniers mots qui furent accompagnés du fameux baiser, Yoru huma brièvement le parfum agréable de sa princesse. Des odeurs douces vinrent lui monter aux narines, l'apaisant avant de s'en aller travailler. D'une caresse amoureuse, il laissa sa douce profiter encore d'un sommeil qu'il ne put avoir et quitta l'appartement. Tout en dévalant les escaliers séparant sa maison du rez-de-chaussée, il enroula autour de son cou son écharpe favorite, dont les bouts faussement ensanglantés donnaient à Yoru un air d'assassin. Une fois dehors, le ninja s'enfouit dans la brume blanchâtre et se dirigea vers le palais du Mizukage. Là-bas, il fit rapidement la queue - le matin étant synonyme d'absence de foule dans les lieux - et reçut de la part d'un fonctionnaire un rouleau contenant l'ordre de sa mission du jour. Sans trop chercher pour le moment de voir de quoi il en retournait, l'aspirant ninja se contenta de lire entre les lignes pour situer le lieu de sa mission, ainsi que les éventuels ninjas avec qui il risquait de devoir collaborer.

Alors le shinobi mit le cap vers le port de la cité. Sa mission avait lieu selon les indications du parchemin, qui a présent était entreposé dans une de ses deux sacoches, à l'extérieur de Kiri. Plus précisément, Yoru avait été envoyé dans une île situé sur l'archipel de Mizu no kuni. A son plus grand regret, cette île n'était en aucun cas celle où vivaient tranquillement sa famille ainsi que celle de sa bien-aimée. Cela aurait pu faciliter l'accomplissement de la mission, la famille de Yoru ayant connaissances de suffisamment d'informations au sein du territoire insulaire pour pouvoir venir en aide au Kirijin. Au lieu de ça, le shinobi à la chevelure blonde dut faire route vers une île plus grande que celle où se trouvait son clan, située à l'Ouest de l'île principale de la constellation d'îles qu'était la nation de l'Eau. Il embarqua dès lors dans un transport maritime que les ninjas du pays avaient l'habitude de prendre pour exécuter des missions dans l'archipel, et patienta le temps que le bateau arrive à destination. La nuit ayant été trop courte au goût du Ryūzoji, ce dernier en profita pour piquer un petit somme, bravant la houle pour récupérer des forces nécessaires à la réussite de sa mission.

A son arrivée sur l'île, Yoru remercia le marin qui l'avait amené à bon port. Le bateau s'en alla, et disparut dans le brouillard océanique. Les poumons emplis de cet air vivifiant, le shinobi au regard céruléen se dirigea désormais vers la grande ville de l'île. C'était précisément là-bas que l'intégralité de la mission allait avoir lieu. Sur place, il rencontrerait le ninja chargé de faire la mission à ses côtés. Yoru n'avait aucune idée du personnage qu'il risquait de rencontrer. Depuis les ans au cours desquels il avait emménagé avec Yūna, le blond ténébreux eut l'occasion d'avoir à faire avec des ninjas divers et variés, aussi sérieux qu'extravagants. La surprise du shinobi fut tout aussi importante que le risque de tomber avec un Kirijin un peu agité. Une petite demi-heure de marche plus tard, l'adolescent arriva dans la fameuse ville. Un panneau en bois annonçait aux voyageurs leur entrée dans la cité nommée: Chikugo. Le parchemin de la mission avait précisé que la rencontre avec le partenaire de Yoru s'effectuerait dans le centre-ville de la bourgade. Le ninja effectua alors un énième trajet, traversant quelques quartiers habités par de nombreux bourgeois et riches commerçants - ce qui n'était pas étonnant dans une ville aussi importante sur l'île que Chikugo - avant d'arriver sur la place centrale.

De là, il chercha quelques instants le personnage en question, avant de tomber sur quelqu'un qui pouvait prétendre parfaitement au statut de shinobi chargé de mission avec lui. Pour cette mission C, comme à son habitude, Yoru voulait jouer la carte de l'amabilité, de la civilité et aussi du professionnalisme. Il se rapprocha alors de son potentiel partenaire de mission, et voyant que ce dernier réagit à l'entente de son identité, il déclara:

« Vous devez être Kitase Shinichi, je présume ? Je me présente, je suis un Genin répondant au nom de Ryūzoji Yoru et je suis chargé d'accomplir la mission à vos côtés. Est-ce que vous êtes prêt pour que nous puissions commencer ? »

Comme toujours, le Genin avait fait preuve de politesse à l'égard de son pair. Dans le doute, il avait toujours agi ainsi, de sorte de ne pas tutoyer maladroitement un ninja supérieur hiérarchiquement à lui. Et dans le cas contraire, étant au plus bas dans l'échelon, il ne pouvait qu'au pire des cas que ne s'adresser qu'à un autre Genin. Quoiqu'il en soit, tout en attendant une réponse du dénommé Shinichi, le Ryūzoji ajusta son écharpe au milieu de la foule naissante du quartier populaire de la cité.

J'étais de bonne humeur. Non pas que je sois d'un naturel grincheux mais tout de même. En temps normal, lorsque l'on m'envoyait des missions de ce rang genre, je faisais la tête. J'avais toujours mon mot à redire. « Ce n'est pas assez bien pour moi » ; « Qu'est-ce que c'est que cette mission de merde ? ». Enfin bref, autant dire que j'avais vraiment pris la grosse tête c'est dernier temps. Et dire qu'il y avait de cela quelques mois à peine, j'étais fou de joie lorsque je voyais arriver une mission de rang C – Il fallait dire aussi que c'était l'époque où on m'envoyait en mission de rang D pour nettoyer les crottes du cheval d'à coté –. Cependant aujourd'hui, comme dit précédemment, j'étais assez content. Cette mission avait quelques chose de spéciale. Était-ce simplement dû à l'évocation du mot « fantôme » ? Peut-être bien. En vérité tout dans cette mission me semblait étrange. De ce fait, bien que son rang soit bas, la mission m'intéressai. J'avais hâte de voir de quoi il en retournai.

Autre chose que j'avais hâte de faire ; Rencontrer mon partenaire de mission. Un certain Yoru. Je ne le connaissais pas et son nom ne me disait absolument rien. Peut-être était-ce une de ses premières missions en tant que shinobi ? Dans tout les cas, il devait sûrement un genin pensai-je. Envoyer un jonin sur une rang C était déjà suffisant, je doutais fortement que les hautes instances Kirijins aient l'envie d'envoyer plus de hauts gradés sur cette affaire. D'autant que je comptais bien, avec mon partenaire de mission, découvrir le secret de cette fameuse femme fantôme. Pressé d'y être, je partis très tôt afin de prendre le premier bateau pour l'île ou non allions. Étrangement, le point de rendez-vous avait été fixé directement au village et non au port. Enfin, cela n'allait pas avoir de grande inscidence sur la suite de notre mission. J'allai juste devoir patienter quelques instants de plus avant de faire la rencontre du Ryuzoji. Rien de bien dramatique en soi.

Le voyage en bateau ne fut pas spécialement long..Ni spécialement court. En fait j'en savais rien puisque j'avais dormis dès que je fus entré dans ma cabine. Les vols allaient très certainement avoir lieu la nuit tombée. Ainsi, il valait mieux dormir maintenant, quitte à passer pour un paresseux auprès des marins, plutôt que le soir de la mission, là où on allait réellement avoir besoin de mes compétences.
Une fois arrivé dans le petit village nommé Chikugo, je m'empressai de rejoindre le point de rendez-vous. Soit la grand place...Et j'avais qu'une chose à dire :

– La grand-place elle est...Grande.

Vous noterez, je vous prie, toute la réflexion philosophique du maître de dojo que j'étais. Pourquoi les autorités avaient-elles décider de nous faire rencontrer ici ? Non mais je vous jure ; Il y avait bien plus intelligent. L'homme qui avait écrit la mission devait vraiment être bourré pour nous avoir donné un lieu de rendez-vous aussi naze. D'une part car, comme dit précédemment, la place principale était gigantesque, et tout simplement car c'était ici qu'affluaient tout les villageois. Bonne chose pour trouver un shinobi dans ces conditions. Cinq, dix, bientôt quinze minutes passèrent et s'était sans trop de surprise que je n'avais trouvé personne répondant au signalement du jeune homme. A force d'ennui, je m'étais même amusé à demander au premier passant s'il se nommait Yoru et s'il était un shinobi du village de la brume. J'étais pathétique.

Quelques peu perdu dans cette masse, je jetai juste ci et là quelques regards mais rien y faisait. Puis soudainement, un jeune homme s'approcha de moi. C'est non sans une certaine élégance que l'homme se présenta à moi. Le voici donc le fameux Yoru que je cherchai tant ! Face à moi. Finalement, je n'avais pas eu à chercher très longuement puisqu'il m'avait trouvé par ses propres moyens. C'était une bonne chose. Avant de lui répondre, je levai les yeux au ciel tout en passant ma main sur ma chevelure. A en juger par la position du soleil, la nuit ne risquait pas de tomber dans les heures à venir. Nous avions donc encore le temps de nous préparer. Mais trêve de pensées inutiles, je regardai de nouveau le jeune blondinet, lui souris puis lui dit.

« – C'est bien moi oui. Kitase Shinichi, Jonin et sabreur de Kiri. Ah, et nous avons à peu près le même âge tout les deux alors ne t'en fait pas. Jonin ou non, tu peux me tutoyer. Enfin peu importe, pour en revenir au sujet oui ne nous pouvons « commencer » à nous mettre au travail. Vu l'heure qu'il est nous avons tout le temps de nous préparer à protéger le quartier. Le mieux est encore que l'on quadrille des secteurs où l'ont fera des rondes permanente et que l'on pose quelques pièges. Qu'en dis-tu ?

J'attendais avec impatience l'avis du Kirijin. J'aurai bien évidemment pu imposer mes idées du fait de mon grade, cependant jouer au petit chef n'était pas dans mes habitudes. Il allait être tout comme moi acteur de la réussite – ou non – de cette mission, il avait donc son mot à dire. En outre, j'attachai beaucoup d'importance à l'avis de mes frères d'arme. Qui sait ? Peut-être avait-il une meilleure idée ? Auquel cas, il allait sûrement me la faire partager.

Yoru était finalement sur place, dans le centre-ville de Chikugo. Il était dans une île occidentale de Mizu no kuni, car envoyé en mission avec un partenaire qu'il devait justement rencontrer à Chikugo. Après un petit voyage en mer, le ninja s'était aventuré en terre inconnue, n'ayant jamais eu à devoir traversé cette île, et arriva dans la cité. De là, il se dirigea vers la grande place, et y chercha son coéquipier. Quelques instants plus tard, il trouva enfin le personnage en question. Après un léger sourire, il se présenta, confirmant son identité de Kitase Shinichi. Il ajouta bien entendu son grade, qui n'était autre que Jōnin. Le manieur de vapeur allait donc devoir coopérer avec un supérieur. Qui plus est, ce même supérieur hiérarchique s'était déclaré comme étant Sabreur de Kiri, ce qui pouvait se confirmer par la présence de son sabre dans son dos. Par ailleurs, bien que Shinichi était au-dessus de Yoru par rapport à l'organisation des grades ninjas, ce dernier préféra que l'aspirant ninja le tutoie, en raison d'une même appartenance à une tranche d'âge. Cela ne le dérangeait pas, au contraire, il était plutôt satisfait de voir qu'un ninja de rang supérieur ne prenne pas la grosse tête ou choisisse de profiter de ces pouvoirs pour imposer le respect à son confrère. Alors que Shinichi expliqua le fait qu'il veuille qu'on le tutoie, le Ryūzoji acquiesça d'un signe de la tête et accompagna ce hochement de la tête d'un léger sourire.

Sur ce, les deux hommes pouvaient enfin réellement commencer la mission. Le sabreur proposa en premier lieu une approche efficace et stratégique de la zone. En effet, les deux hommes étaient ici pour régler une affaire étrange de cambriolage. Seul soucis de ce vol, l'échec de la capture de la voleuse, une femme d'après la description des gardes du pavillon. Celle-ci ce serait mystérieusement évaporée avec son butin. Comme si cela n'était pas suffisant, la voleuse n'en était pas à son coup d'essai: plusieurs autres familles avaient subi les attaques de la criminelle qui rapidement se fit au sein de Chikugo la réputation de "Femme Fantôme."

Shinichi avait donc proposé à Yoru de quadriller le secteur et de renforcer la surveillance avec leurs propres effectifs: eux. La meilleure solution à adopter pour éviter d'avoir un nouveau crime sur les bras semblait évidente, et pour un esprit expérimenté comme le sabreur, cela n'avait pas manqué à sa réflexion. En outre, il rajouta en plus des rondes permanentes la création de pièges. Dans le fond, ce n'était pas une mauvaise idée, mais puisque le Kirijin avait laissé l'occasion à Yoru de donner son avis...

« C'est une bonne idée en effet. Anticiper les mouvements de cette Femme Fantôme serait très utile afin de pouvoir la capturer. Qui plus est, si l'on parvient à l'intercepter sans qu'elle nous ait repérés serait l'idéal, puisque de cette façon nous pourrions la traquer et découvrir l'endroit où elle abrite son butin. Pourtant... je crois que nous devrions éviter de poser des pièges. Ce serait trop risqué. »

Désormais, afin d'éviter des bavardages pouvant occasionner une perte de temps inutile, les deux coéquipiers mirent le cap vers la maison de Soejima Eikichi, un seigneur de Mizu no kuni, qui était la dernière maison volée en date. Ainsi, tout en discutant le long du trajet, il pourrait accéder au domicile du seigneur Soejima et le questionner sur les circonstances de ce vol. Le tout pour mieux accomplir leur mission. Tandis que le tandem de ninjas quittèrent tout juste la place principale, Yoru lui poursuivit sa conversation.

« Si on en croit le nombre de vols que cette criminelle a pu commettre, cela nous montre bien une chose: son expérience. Cette femme n'en est pas à son coup d'essai, et bien que récemment elle s'est échappée de peu des mains des gardes, elle doit être suffisamment prévoyante pour organiser au bon moment ses larcins. Si elle s'aperçoit que l'on lui tend un piège, cela risque de la dissuader de se relancer ce soir et donc de nous empêcher de la coincer. Mais qu'importe, je pense aussi que tu es le plus à même à décider de ceci, au vu de ton grade. »

Et sur cette réflexion pertinente suivit d'un léger sourire amical que les deux Kirjins arrivèrent à destination. Devant eux, un domaine plutôt vaste, comprenant un jardin zen, parsemé de vieux arbres. Au centre de l'espace vert, une maison digne d'un temple se dessinait. Un chemin en gravier les attendait, les menant droit à l'entrée de la résidence du seigneur. Le ninja manieur de Futton tourna alors sa tête vers celle de Shinichi et lui lança:

« Eh bien nous voilà donc chez le seigneur Soejima. Il ne nous reste plus qu'à y aller pour l'interroger et enquêter sur place. On y va ? »

A chaque saison, je prenais une bonne résolution. Lors de la transition été/automne, la bonne résolution que j'eus faite était de m'entraîner plus souvent – ce que je ne fis pas bien évidemment –. Pour le passage en hiver, c'était décidé, j'allai apprendre à fermer mon clapet. Ça, c'était de la résolution ! Vous ne trouvez pas ? En tout cas, une chose était sûr, j'allai réellement devoir apprendre à me taire sans quoi je passerai pour plus ridicule que je ne le suis auprès de tout les shinobis moins gradé que moi. Tiens, prenons un exemple simple. Lors de cette mission j'avais, comme à mon habitude, trop parlé sans réfléchir. Résultat, le genin avait complètement massacré mon raisonnement. Si j'avais fermé ma gueule, d'une, je lui aurai pas laissé l'occasion de l'ouvrir et de deux, j'aurais évité de déblatérer des absurdités.

Bref, ce qui est fait est fait. Yoru avait démonté mon raisonnement et avait proposé quelques chose de bien plus intelligent à la place. De plus le «  Je pense aussi que tu es le plus à même à décider de ceci, au vu de ton grade. » Avait franchement le don de m'agacer. Le bougre devait jubiler intérieurement ! J'en étais sûr ! Il me laissait choisir compte-tenu de mon grade mais en réalité j'étais bloqué ! En effet, ou bien je choisissais d'adopter ma méthode en invoquant mon grade – Ce qui, disons-le franchement, était minable – ou bien j'acceptai d'avouer qu'il avait raison – et là aussi je passais pour un minable –. En fait, dans tout les cas je passai pour un moins que rien alors autant passer pour un nul honnête. Ainsi, alors que nous étions arrivé devant la grande bâtisse du seigneur, je dévisageai le genin afin de répondre à sa question et par la même occasion de rebondir sur sa proposition.

– Oui nous pouvons y aller...Ah, et pour ce qui est du plan, le mieux est encore que l'on fasse comme tu as dit. Pas de pièges. Cependant cela implique que nous devrons être constamment sur nos gardes. Car si la femme fantôme se manifeste nous n'aurons rien de plus que notre vitesse pour la rattraper. Enfin, faisons comme tu as dis. Dans tout les cas, nous verrons bien le moment venu.

A la suite de mes mots, j'esquissai un large sourire à mon camarade afin de lui montrer que je n'étais en rien blessé par les remarques qu'il avait faites – même si en vérité elles m'agaçaient au plus haut point –. Après tout, je lui avait demandé son avis. Je devais donc en payer les conséquences ! Croyez-moi, on ne m'y reprendra pas deux fois. Enfin trêve de pensées inutiles. Pour l'heure, nous devions entrer dans le formidable domaine de la famille Soejima. Pour ce faire, je frappai délicatement à la porte. C'est au bout d'une à deux minutes d'attente seulement qu'une femme élégante et d'âge mûre nous ouvrit. Il devait sûrement s'agir de la maîtresse de maison, la femme du seigneur Soejima. Celle-ci devait certainement être au courant de notre arrivée toutefois je préférai clairement expliciter nos identités ainsi que le but de notre visite.

– Bonjour madame, je me présente ; Kitase Shinichi, l'homme à mes côtés se prénomme Yoru, Ryūzoji Yoru. Comme vous vous en doutez, nous sommes ici pour élucider le mystère de cette fameuse femme fantôme. Étant donné que vous êtes les dernières victimes de ces vols, nous pensons qu'il est convenable d'enquêter... Puis-je ?

La femme nous laissa donc entrer dans sa demeure. Je fus assez surpris par l'intérieur de celle-ci. En effet,contrairement au jardin, la maison était en somme tout à fait classique. Un long couloir menait vers les différentes pièces principale tandis qu'au second étage se trouvaient les différentes chambres à coucher. Bref ; Rien de transcendant mais qu'importe. La maîtresse de maison nous conduisit jusqu'à la grande salle où se trouvait déjà son mari. D'après ses dires, des bijoux ainsi que des parures avaient été dérobés dans cette même pièce. Je regardai machinalement dans tout les sens. A première vue, il n'y avait rien de suspect. Les affaires étaient en ordre, rien avait été cassé ni saccagé ce qui m'étonna quelques peu.

– Êtes-vous sûr de n'avoir rien touché dans cette pièce ? Ni ranger ni quoi que ça soit d'autre ?

Le vieil homme répondit par la négative tout en bougonnant. Assez étrange, à en juger par l'état de la pièce, c'était à croire que le voleur savait parfaitement ce qu'il cherchait. Ou bien alors qu'il eut suffisamment de temps pour tout ranger par la suite. Je n'avais qu'un mot à dire : Étrange...

Yoru et Shinichi étaient arrivés devant la demeure des Soejimas. Suite à une brève concertation entre les deux shinobis, le tandem s'était dirigé vers le domicile de la dernière victime de la Femme Fantôme, un seigneur, afin d'enquêter pour avoir des pistes pouvant les mener jusqu'à la voleuse. Le sabreur, qui semblait à priori aigri des paroles convaincantes de son homologue Genin, frappa à l'entrée, et environ deux minutes plus tard, ce fut la femme du seigneur Soejima qui vint accueillir la petite équipe de ninjas. En jeune homme bien éduqué, le manieur de Futton remercia la maîtresse de maison pour sa présence. En effet, il s'agissait là d'un honneur plutôt inhabituel que de voir la femme d'un seigneur venir en personne pour les invités, à la place de serviteurs prévu à cet effet. Le Jōnin à la crinière céruléenne se présenta par la suite ainsi que son coéquipier à la sombre tenue. De là, la dame - vêtue d'un traditionnel kimono aux motifs éblouissants - les guida dans la demeure des Soejimas.

Le tandem de Kiri arriva ensuite dans une vaste salle, qui servait de salon et de salle de réception. Le seigneur Soejima était là, l'air dépité du larcin qui avait été commis chez lui. Il y avait de quoi: la plupart des bijoux et autres objets de valeur présents dans la pièce furent tous dérobés. Tout comme son équipier, Yoru fut assez surpris des affirmations du seigneur: malgré les faits, tout portait à croire qu'il n'y avait eu aucune trace d'effraction. Ce fut comme si le voleur eut amplement le temps de faire ses emplettes. Par la suite, Yoru choisit de demander au seigneur Soejima de combien de gardes disposait-il ainsi que leur répartition au sein de la maison. Bien que ce genre d'information devait rester caché au grand public pour éviter qu'un incident comme ceux qui poussèrent Kiri à envoyer des ninjas enquêter se reproduise, le noble homme coopéra avec l'aspirant ninja. Selon lui, sa propre demeure possédait une dizaine de gardes, tous armés, comme pouvait le constater le blond au Futton qui reconnut aux côtés des vigiles une belle lance. Les gardes étaient répartis en binôme dans chaque axe de la maison, répartie en deux étages: le rez-de-chaussée, comprenant la grande salle dans laquelle les convives qu'étaient Shinichi et Yoru étaient actuellement, ainsi qu'une petite pièce dédiée à l'usage d'instruments de musique tel que le shamisen et le premier étage, contenant toutes les chambres de la petite famille seigneuriale. Aucun système d'alarme pouvant alerter la présence d'un intrus, Soejima vantait l'efficacité de ses gardes qu'il avait engagé pour une certaine somme.

« Merci bien pour ses renseignements Soejima-dono, nous comptons en tirer profit afin de résoudre cette affaire. »
« Je l'espère bien jeune homme ! Certains des bijoux que cette mégère m'a dérobé appartiennent à ma famille depuis des générations, je ne peux me permettre de les laisser entre les mains d'une personne malintentionné. »
« N'ayez craintes, justice sera rendue au moment où nous l'aurons capturée et ramenée au village. »

Avant de partir pour débuter la préparation de la capture de la voleuse, le tandem explora une dernière fois la maison, afin d'y repérer d'éventuels traces du passage de la Femme Fantôme. Pour gagner en efficacité, le duo se sépara en deux dans le domicile du seigneur. Les deux shinobis se concertèrent ainsi: Shinichi fouillerait au premier étage, tandis que Yoru se chargerait du rez-de-chaussée. En conclusion de cette recherche d'indices, une conclusion évidente fut tirée, avec néanmoins quelques surprises: au vu des traces d'effraction relevées à divers endroits, différentes de celle de la voleuse volatile, ainsi que du témoignage des gardes ayant poursuivis la criminelle, la Femme Fantôme disposait d'un complice. Cette synthèse paraissait cohérente, et logique: pendant que la Femme Fantôme s'occupait de distraire la sécurité, son associé n'avait plus qu'à se faufiler à travers la surveillance pour dérober tout les biens précieux.

Dorénavant plus éclairés sur les circonstances de ces séries de vols, la petite équipe de Kiri tira sa révérence au seigneur Soejima et quittèrent les lieux. Leur destination: une maison voisine, située dans le même quartier, domaine du seigneur Terazawa. D'après les rumeurs - pour une fois qu'on comptait surement sur elles - la demeure de Terazawa serait la prochaine cible des malfrats. On pouvait notamment relever comme argument en faveur de ce crime anticipé : l'arrogance démesurée du seigneur Terazawa. Ce dernier glorifiait depuis quelques jours sa fortune croissante en exposant à la ville de Chikugo et ses habitants la preuve de sa richesse. De nombreux bijoux pouvaient s'observer dans sa résidence que le public était invité à visiter. Ce fut donc sans aucune hésitation que le tandem de la Brume mit le cap vers l'habitation du drôle de personnage, que la population locale se plaisait à surnommer le Batelier à l’Écume d'Or. Sous ce surnom peu innocent se cachait un certain plaisir à voguer sur les mers avec des bateaux de luxe, exposant au maximum la richesse de l'individu. L'écume sous laquelle il naviguait et sous laquelle son surnom était rattaché n'était pas celle de l'océan, mais bien sa propre fortune; sous cette hyperbole se mêlait ainsi par la même occasion une comparaison entre l'écume et les pièces d'or dont il disposait avec allégresse.
La Nuit était à présent tombé sur l'île. Chikugo de ce fait était plongée dans une obscurité inquiétante, où la crainte du crime grandissait chaque soir dans le cœur des habitants de la cité. Le duo de Kiri était heureusement là, assurant la sécurité du plus riche quartier de la zone. De tour de garde en conversations radios, le tandem s'assurait de l'absence de la Femme Fantôme dans les alentours. Tout était normal, aucune anomalie suspecte; le voisinage paraissait rassuré à l'approche de l'un des deux ninjas de la Brume. Rien... sauf au moment de l'inspection dans le domicile du Batelier Terizawa. Communiquant encore et toujours à l'aide d'émetteurs-récepteurs dont disposaient dans ce genre de situation des shinobis comme Shinichi et Yoru, le tandem explora les vastes couloirs de la demeure de luxe. La majorité des gardes concentraient leur surveillance autour des chambres du seigneur ainsi que de sa femme et de ses trois filles. Les Kirijins eux, durent s'occuper de surveiller attentivement la salle d'exposition, entreposant les plus belles pièces d'art et autres objets de collection prestigieux.

Yoru était aux aguets. La Femme Fantôme s'était forgée une réputation d'insaisissable voleuse, le poussant à redoubler d'efforts, notamment pour égaler son pair aux cheveux bleutés. Afin d'éviter d'être gêner en cas de rencontre soudaine avec la truande, il resserra convenablement son écharpe ainsi que son bandana.

« De mon côté, rien de spécial Shinichi-san, échangea-t-il à la radio, pas de traces de cette Femme Fantôme ni d'un quelconque intrus dans les alentours. »

Puis soudain, brusquement, une fine silhouette apparut de derrière un mur. L'inconnue était vêtue d'une combinaison discrète, aux couleurs sombres. Son visage était couvert d'un tissu noir jusqu'au niveau du nez. Ses cheveux étaient mi-longs, certainement devaient-ils arriver au niveau des épaules de la donzelle, mais pour l'occasion criminelle, elle avait choisi de les attacher en queue de cheval stylisée. Nul doute possible, il ne pouvait s'agir que de la Femme Fantôme. Ayant l'avantage - Yoru avait capté la présence de la femme avant elle - le shinobi se munit d'un kunaï situé dans sa sacoche et fonça discrètement vers elle. Une fois à distance suffisante, il s'interposa brutalement sur sa course, afin de la forcer à faire demi-tour. Dans ce cas précis, elle n'aurait par conséquent que deux possibilités: rester à la merci de Yoru qui pourrait la maîtriser avec sa dague, ou bien se retourner pour rebrousser chemin et tomber nez-à-nez avec Shinichi qui l'attendait. Comme le Ryūzoji l'imaginait, la voleuse sélectionna la seconde option. De ce fait, le Genin avertit son équipier:

« Shinichi-san ! Elle arrive droit vers toi ! Vas-y, je m'occupe de lui bloquer toutes autres issues ! »

Un spectateur de cette scène nocturne aurait pu jouer les mauvaises langues en prétendant que Yoru se donnait le beau rôle: donner la tâche la plus pénible à son camarade de grade supérieur. Pourtant, un autre personnage plus sage aurait préféré suggérer la difficulté de la tâche de Yoru, puisqu'il prenait le risque de devoir couvrir les arrières de son équipier tout en bloquant les éventuelles sorties de la cible.

La nuit était tombée très vite, l'enquête avait plutôt bien avancée, nous étions quasi certain de la présence d'un complice. Il ne nous restait plus qu'à passer la nuit chez le seigneur qui allait, d'après nos pensées et d'après une certaine logique, être la prochaine cible de cette femme fantôme. La maison en soi était relativement grande et comme nous étions persuadé que la criminelle allait sévir ici, nous prîmes soin de nous équiper en conséquence. La soirée se passait parfaitement, Yoru n'avait rien vue de bien dérangeant. Quant-à moi, je n'avais pas à me plaindre puisqu'il n'y avait absolument aucun bruit. En bref, tout portait à croire que la voleuse n'allait pas se manifester. Jusqu'à ce que tout à coup, le genin du pays de l'eau m'interpella. La femme venait vers moi ? Soit ! Qu'il en soit ainsi. Le jeune homme allait bloquer toutes les issues. Ainsi, elle n'avait aucune chance de nous échapper. Du moins, c'était ce que j'espérai.

La jeune femme me fit face et avança droit vers moi sans se préoccuper de ma présence. Une bien mauvaise idée en soi. En effet, je ne comptais pas la laisser avancer comme si de rien était. Afin de la bloquer, je sortis alors mon arme – ou devrais-je dire, la réplique de mon arme – puis d'un geste vif, je tentais de lui assener un coup avec le plat de mon sabre. Oui, je ne comptais tout de même pas la tuer. Un simple coup avec la partie non tranchante de la réplique de l'Eiba Eki Kara allait suffire. Un tel coup, s'il était porté au niveau de l'épaule, allait sans aucun doutes lui causer assez de dommages pour la dissuader de bouger. Oui mais voilà ; Rien ne se passa comme prévu. Mon coup de sabre ? La femme fantôme passa au travers. Une simple fumé semblait émaner de l'épaule touchée. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Je n'en avais malheureusement pour l'instant aucune idée. Encore est-il que la femme ne devait pas s'échapper ! La seule issue pour elle était la petite lucarne qui se trouvait non loin de ma personne.

Étant donné le fait qu'elle ne semblait guère affecté par mes coups, je bloquais simplement de ma présence l'ouverture. Encore une fois, cette manœuvre était vaine puisque cette fois-ci la jeune femme ne tenta non plus de passer à travers mon sabre mais bel et bien de passer à travers mon corps entier. Ce qu'elle réussit à faire avec une grande aisance. La sensation que j'eus ressentis à ce moment précis ? Et bien...C'était assez étrange. A dire vrai, je n'avais strictement rien ressentis. L'étonnement était présent certes. Toutefois je ne me sentais en rien transpercer ou quoi que ça soit de ce genre. Non rien de tout cela. Encore une fois, cela tout à fait étrange mais je n'avais pas réellement le temps de penser. Je devais absolument l'arrêter ou au moins tenter de la suivre. Je passai donc, moi aussi, à travers la petite lucarne tout en criant à mon camarade genin.

– Je la suis sur les toits ! Ne bouge pas ! Si comme nous le pensons la femme fantôme n'est qu'une diversion le complice devrait agir maintenant. Reste sur tes gardes je vais tenter quelques choses.

Peu après ses quelques propos pour le moins...Violent, je suivis la femme. Sautant de toits en toits non sans une certaine agilité. Au bout de quelques minutes d'une course effrénée la jeune femme se trouva de nouveau à porter de moi. La mêlée du sabreur. Croyez-moi, cette femme allait payer cher. Je dégainai mon sabre – Cette fois-ci, plus de pitié, c'était bel et bien l'Eiba Eki Kara – puis le fis liquéfier et s'allonger afin que celui-ci devienne fouet. Sous cette forme, je tentai de ligoter la femme par la taille mais rien y faisait. Cette vieille mégère disparut dans un nuage de fumée peu après mon attaque.

– Elle s'est barrée...De ton coté, rien a été volé j'espère ?

La fin de soirée allait être terrible. Pourquoi ? Tout simplement car j'étais en rogne ! Cette garce m'avait humilié. Je l'ai bloqué, je l'ai attaqué, j'ai couru de toits en toits à la manière d'un voleur. J'ai même sorti mon sabre à pouvoir mais je n'avais pourtant pas réussi à la capturer.

Plongé dans la pénombre, Yoru tentait de rester concentré. Son ninjatō proche de son corps, il surveillait par de vifs coups d’œil la salle d'exposition du seigneur Terizawa. Puis, voyant que la Femme Fantôme ainsi que Shinichi avait disparu de son champ de vision, il s'était déplacé pour surveiller une plus grande partie de la pièce consacrée à l'étalage des biens les plus précieux du Batelier à l’Écume d'Or. Chacun de ses pas étaient marqués par une certaine crainte et une nervosité comblée par une détermination exemplaire. Sa mission consistait non-seulement à attraper les malfrats, mais aussi à protéger les richesses des éventuelles victimes de ces vols. Raison pour laquelle il redoubla d'efforts pour tâcher au mieux d'accomplir la mission qui lui avait été attribué à lui et à ce Shinichi.

Justement, quelques instants après avoir perdu de vue le sabreur à la chevelure bleutée, Yoru retrouva la trace de ce dernier par signal radio. Le ninja de niveau supérieur avait tenté de poursuivre la Femme Fantôme jusqu'à l'affronter sur les toits. Pourtant, malgré les techniques et les aptitudes physiques du garçon, rien n'y fit: comme à son habitude, la voleuse trouva le moyen d'échapper aux mains des gardes. Cette déception se retrouva dans le ton de la voix de l’épéiste, qui demanda à son partenaire de mission, après l'avoir informé de la perte de la truande, si de son côté rien n'avait été volé. Bien que ce ne fusse pas le cas, le blondinet préféra s'assurer que les dires qu'il allait envoyer par radio à son collègue s'avéraient exacts. Il fit alors une dernière ronde dans la salle d'exposition, et confirma la présence de tout les objets de valeur et autres babioles potentiellement susceptibles d'être dérobées.

« Non, aucun vol n'a été commis. On dirait que tu as réussi à faire fuir la Femme Fantôme et à la dissuader de retenter le coup une seconde fois pour ce soir, Shinichi-san. Ni elle, ni son éventuel complice, qui a du fuir. »

De là, le shinobi novice, certifié de l'absence temporaire pour cette nuit de voleurs dans la zone se dirigea en direction de son confrère. Il quitta alors la demeure du seigneur, grimpa de toit en toit, avant d'arriver face à son camarade, qui était là en chair et en os, prêt à lui conter le récit de la course-poursuite qu'il avait effectué contre la Femme Fantôme. Essoufflé par cette course rapide, Yoru se posa un instant. Afin d'être plus opérationnel, il préféra attendre de retrouver un souffle régulier et discret pour engager une conversation bien plus réelle que celles effectués avec de modestes émetteurs-récepteurs radio.

Ceci fait, il resserra machinalement son bandana, l'ajustant dans la lueur lunaire avant de demander à son camarade comment diable la voleuse aurait-elle bien pu s'échapper. Attentif, malgré l'heure tardive, le Genin tâcha d'être un maximum compréhensif. Il voulait avoir un maximum d'informations pour pouvoir traiter toujours plus efficacement sa mission, et si possible, la conclure au plus vite. Après avoir déballer les secrets de l'évasion de la Femme Fantôme au clair de Lune, le moment d'aller se coucher s'improvisa. Demain allait être une journée décisive, car désormais tout semblait suggérer que cette seconde fois serait la bonne. En guise d'introduction gestuelle à sa tirade, Yoru bailla, tâchant par politesse de mettre sa paume devant sa bouche. Puis, il afficha une mine amicale mais fatiguée pour déclarer à Shinichi:

« Bon sur ce, je crois que nous pouvons nous reposer. Demain sera une journée difficile, et je l'espère, la dernière. Cette affaire de cambriolage m'a bien fatigué. Par contre... tu penses qu'on trouvera un endroit où dormir à cette heure-là ? »

Le jeune homme, après s'être assuré que rien n'avait été volé, me rejoignit sur les toits. Je lui contai le récit de ma magnifique soirée. Suite à cela, le Ryuzoji fit une petite remarque quant-au lieu où nous allions dormir. Remarque à laquelle je ne répondis pas puisqu'il était évident que nous allions passer à l'auberge la plus proche – Oui, les genins posent de ces questions parfois, c'en était affligeant et cela démontrait en quelques sortes leurs inexpériences – enfin peu importe. La nuit se passa sans encombres. Nous avions chacun pris une chambre puis, afin de ne pas nous fatiguer plus que nous ne devions, nous partîmes directement nous coucher dans nos pièces respectives. Néanmoins, avant de trouver le sommeil et de succomber aux douces paroles de Morphée, j'avais pas mal réfléchis à ce qu'il s'était passé et au fond, la solution à notre problème semblait être d'une simplicité affligeante. Plus j'y pensais, plus je me disais qu'il n'y avait pas d'autre solutions plausibles à notre soucis de femme fantôme. Le genin du pays de l'Eau avait certainement lui réfléchit au cours de la nuit et, de ce fait, avait lui aussi comprit la supercherie. Du moins je l'espérai. Dans tout les cas, nous nous devions d'attendre la nuit suivante pour agir.

Ainsi, la nuit puis le jour passa à très grande vitesse. Nous n'avions, pour être tout à fait franc, rien fait de transcendant durant la journée si ce n'est que nous préparâmes notre matériel. En effet, émetteur-récepteur et toutes ces choses allaient encore une fois nous être d'une grande utilité. Quant au lieu, nous n'avions plus besoin d'établir un quelconque repérage. Il était évident que si la jeune femme se manifestait, elle tenterait de voler la maison du batelier Terizawa. Je voyais mal la truande abandonner. Elle n'avait certes pas pu réussir le vol la nuit précédente toutefois il me semblait évident que son instinct allait la pousser à retenter sa chance. Nous adoptâmes alors la même stratégie que la nuit dernière. A la seule différence que cette fois-ci, nous allions inverser les rôles. Je m'étais mis d'accord avec mon partenaire. Il allait s'occuper de la vieille mégère. Quant-à moi ? Disons simplement que j'avais quelques comptes à régler.

Les secondes, les minutes puis les heures passèrent. La femme fantôme arriva comme prévu. J'avais réellement une sensation de déjà-vu cependant je me passai de tout commentaire. Je me contentais simplement de lui bloquer la route comme le Ryuzoji l'eut fait la nuit précédente. Ainsi, une fois ceci fait, la garce adopta le même comportement que la nuit dernière. Elle avait de nouveau le choix entre l'affrontement avec ma personne ou bien la fuite. Celle-ci la menant directement là où devait se trouver le Ryuzoji. Le choix qu'elle fit fut bien évidemment le même que la veille. J'en profitai alors pour donner des informations quant-à la position de la femme fantôme à mon camarade.

– Tout se passe comme prévu, elle vient vers toi.

A ces mots, je décidai d'éteindre l'éclairage de la pièce puis de me cacher. Si mon raisonnement était exact, ce qui allait suivre serait intéressant, très intéressant...

Tout était fin prêt. Après une bonne nuit de sommeil bien mérité, Yoru et Shinichi s'organisèrent la journée pour leur plan d'action nocturne. Le tandem de Kiri avait passé la nuit dans une auberge située dans le centre-ville de Chikugo. L'établissement restait modeste, tout comme ses tarifs, d'autant plus que l'aubergiste eut l'amabilité d'accueillir en pleine nuit les deux shinobis. Après avoir payé une chambre relativement médiocre, le blond et le céruléen eurent l'occasion de se reposer et d'étaler leur pause dans leur mission jusqu'à la fin de la journée. L'objectif était de coincer une bonne fois pour toute les auteurs de ces vols. Raison de plus pour bien reprendre des forces avant l'instant fatidique. Yoru se remémorait des paroles qu'avaient énoncé Shincihi la nuit dernière. Toute la journée, il avait gardé en tête ce que lui avait dit le sabreur. Pour lui, cela semblait important, vital. Les indications que lui avaient confié son camarade étaient précieuses pour le déroulement de cette nuit. Ainsi, comme un écho infini, les méandres du blondinet raisonnaient autour des paroles de Shinichi.

C'était ce même Shinichi qui dans l'obscurité nocturne, vint prévenir Yoru de l'arrivée de la Femme Fantôme. La revanche. Même lieu, même moment de la journée. Néanmoins, la donne allait brutalement changer. Le Genin apparaissait comme plus confiant. Il semblait même serein, son visage ne trahissait pas une once de nervosité. C'était comme si toute cette concentration emmagasinée dans les pensées répétitives du garçon empêchait la crainte de le toucher et de l'envahir comme un germe nuisible. Désormais, la menace à neutraliser, c'était cette dame aux allures de félin dont le pelage sombre la confondait avec l'obscurité. Si autrefois elle inspirait le mystère de par sa singularité, elle n'avait à présent plus rien de magique. Son surnom ne prenait plus de sens. Elle ne gardait de fantomatique que son pouvoir. L'air déterminé, sérieux, Yoru resserra vite fait son bandana, tâtant de la main son bandeau ornant le symbole de Kiri.

Soudain, il fonce, s'élance, et court à toute allure sur la silhouette féminine. Ses pas font éclater une sonorité dans le couloir digne d'une locomotive s'élançant à toute allure le long des rails. Il n'a plus peur, plus aucune limite. Il fonce sans hésiter, voire même sans réfléchir. Et pourtant, malgré ce vide mental visant à l'efficacité de sa manœuvre, une pensée persiste: celle qu'il s'est répété sans cesse durant toute la journée suite au discours de Shinichi dans le courant de la nuit dernière. Et alors que la voleuse vint feindre l'indifférence, et s'apprêta à esquiver l'assaut du Genin armé d'un kunaï, elle resta impassible devant les deux mots pleine de puissance et de dynamisme de Yoru:

« Kaï ! Rupture ! »

Une vive impulsion de chakra vint alors traverser l'enveloppe charnelle du shinobi. Comme une onde de choc, elle se propagea à la même allure que Yoru courrait. Alors qu'une technique venait d'être utilisé par le shinobi, ce dernier ne tarda pas à en voir les conséquences. Tel un mirage aux aspects oniriques, la donzelle de l'ombre se dissipa. Elle n'avait pas mis les voiles. Elle n'était pas morte non plus. Tout simplement car elle n'avait jamais existé. L'illusion disparut ainsi, tout comme les mystères qui planaient autour de la Femme Fantôme irréelle. Après sa brève action, le ninja aux yeux de saphir effectua une roulade pour ralentir et se retourna en direction des dernières voluptés du spectre féminin. Depuis le début, cette histoire de voleuse n'était qu'un pur artifice destiné à attirer l'attention des gardes afin que le complice de cette technique d'illusion puisse tranquillement commettre ses crimes. Bien que la majeure partie de l'affaire soit réglée, il restait tout de même encore à capturer la personne qui se cachait derrière toutes ces chimères aux courbes efféminés.

D'un hochement de tête, le regard de Shinichi et de Yoru se croise. Leur confiance mutuelle est à leur maximum, et leur coordination à son paroxysme. Le plan du sabreur était un franc succès, il ne restait plus à ce dernier qu'à agir pour le conclure. Jamais le Genin ne pensait en arriver à une telle entente avec ce personnage. Pourtant, il s'avérait qu'une sympathie s'était installé entre les deux ninjas, et que cette mission était l'occasion de faire connaissance avec un collègue sur qui compter. Une mission qui allait toucher à sa fin.

Tapi dans l'obscurité, j'attendais sagement. Pour l'heure, tout se passait pour le mieux. La femme fantôme avait été intercepté, ou plutôt devrai-je dire qu'elle avait été « détruite » par le Kai. Yoru avait parfaitement accomplie sa mission. C'était désormais à mon tour d'entrer en scène. Enfin pour cela, encore fallait-il que l'homme daigne se montrer. Normalement, il n'y avait rien qui l'en empêchait. Les lumières étaient éteintes. Nous avions fait en sorte que le vrai voleur croit que nous avions été berné. En bref ? Tout était propice à son arrivée puisqu'il était censé penser que nous n'étions plus présent pour assurer la garde de la salle. Il a fallut s'armer de patience, mais après quelques minutes, le loup entrait enfin dans la bergerie.

Enfin ; le loup. Il pensait probablement l'être. Toutefois cette fois-ci il n'allait pas s'en tirer en si bon compte. La porte s'ouvrit délicatement, un homme ainsi qu'une faible lumière tamisé produite par une lampe-torche se fit alors voir. Tandis que je tournai légèrement la tête en direction de mon partenaire, un large sourire se dessina sur mon visage. Il avait mordu à l'hameçon. Je n'avais plus de raison de rester caché. J'allumai donc la lumière puis dans un second temps, je dégainai mon sabre. Le voleur ne semblait guère comprendre ce qu'il venait de lui arriver. Abasourdis l'homme se retourna... Trop tard.

Je m'étais déjà élancé vers lui, quant-à mon coup, celui-ci était déjà partit. Encore une fois, j'avais cette sensation de déjà-vu. En effet, la situation était de nouveau semblable à celle d'hier, je tentai un coup avec la partie non tranchante de mon sabre au niveau de l'épaule de mon adversaire. Seule différence significative, cette fois-ci, ça n'allait pas être un vulgaire genjutsu que j'allai tenter d'abattre mais bel et bien l'homme responsable des larcins.

Sans grande surprise, mon sabre heurta le voleur qui s'effondra de suite. J'en profitai alors pour le ligoter. Tout semblait être réglé. Tout, sauf une chose. Nous devions nous charger de restituer les biens volés à leurs propriétaires respectifs. Pour cela rien de bien compliqué, nous usâmes de diverses moyens de persuasion – oui, je pense à la violence en l'occurrence – , ce qui eut pour effet de faire céder l'auteur des vols. A vrai dire, il ne s'agissait ni plus ni moins d'un petit voleur lambda. Il eut juste la chance, d'après ses dires, de rencontrer, dans un passé lointain, un homme qui lui apprit quelques tours de genjutsu. Ainsi, il se servit de ce savoir à des fins personnelles et inventa de toutes pièces cette histoire de « femme fantôme ».

Une fois que les bijoux ainsi que toutes les babioles furent rendus aux différents seigneurs victime des larcins, le blondinet et moi rentrâmes dans notre beau village. Le voyage retour se passa sans encombres et nous regagnâmes très vite le village de la brume. Là-bas, j'allai me charger de rapporter tout les faits aux dirigeants de notre village.