Un seul pas dans le village a suffi à la Dame pour remarquer l'ambiance tendue qu’il y règne. Une multitude de regard se sont tourné dans leur direction. Tous perplexes mais rassuré de voir le retour de deux Jônin du village. Pourtant, et ce même si Meia n’a que faire des regards au vu de l’urgence, elle remarque quelques expressions de compassion la visant elle. Pourquoi cela ? Elle l’ignore mais n’a pas forcément envie de le savoir pour l’instant. L’important, c’est ce qui va se passer dans les prochaines minutes. Faisant un signe pour prévenir sa collègue, la Yamanaka s’arrête un bref instant pour se concentrer. En l’espace d’un instant, elle se connecte avec les esprits de tous les membres de la Racine. Onpu, Iji, Maïka, Aki, Miko et Natsuki… En comptant la chef de clan, ils forment les sept représentants de la force dissimulée du village.

Membre de la Racine, je réclame votre attention. Miko et moi-même sommes de retour et il semblerait que de nombreuses choses se soient déroulées depuis notre départ. Je suppose que certains d’entre vous s’en doutaient, mais il est temps de nous réunir pour une réunion d’urgence. Rendez-vous au bureau d’Onpu dès que possible. Si dans une dizaine de minutes il manque des membres, nous commencerons sans vous. Les problèmes n’attendent pas, il faut agir vite.

Il faut avouer qu’elle semble plutôt autoritaire, voire même directive… mais elle a définitivement décidé de prendre les devants. Vu tout ce qui se passe, si elle ne prend pas d’initiative, qui le fera ? Jamais elle ne laissera Konoha chavirer plus que cela et il est facile de voir sa détermination dans ses paroles. Sans même jeter un regard à Miko qui a elle aussi reçut le message télépathique, la rousse reprend la route avec comme seule destination, le bureau de l’Hokage. S’il se trouve déjà sur place, il a dû préparer le terrain afin qu’ils aient une réunion un minimum digne de ce nom ! Ce qui l’inquiète le plus, ce n’est pas de faire cela assi par terre, c’est surtout de faire en sorte qu’ils ne soient en aucun cas dérangés pendant et qu’aucun mot ne sorte de la pièce. La discrétion est de mise aussi. Faire cela là-bas n’est certes pas très discret mais vu le trouble qui règne dans ce village, tout cela passera inaperçu.

Après encore quelques minutes à marcher à travers les rues du village, la Yamanaka perçoit au loin ce qui n’est autre que le quartier de son clan. D’ici, elle pourrait presque voir sa maison, vide. Elle le sait, personne ne l’attend chez elle et ce, depuis que Natsumi a déserté. D’ailleurs en parlant d’elle, ce que lui a dit Iji par lettre recommence à la titiller. Cette histoire d’Oha et de Natsumi ne peut en aucun cas être bénéfique pour le village. Pourtant, son esprit ne peut que se focaliser sur la réunion. Une chose qui pourrait peut-être bien changer la donne, surtout avec ce qu’a en tête Meia.

Une fois arrivé au lieu tant convoité, les deux Dames s’aperçoivent qu’il manque encore du monde, mais nul doute qu’ils arriveront avant le début.

- Contente de vous revoir Onpu. Je suppose que vous avez déjà pris les précautions concernant la confidentialité de cette réunion, n’est-ce pas ?

Elle connaît bien sûr la réponse, mais elle commence tout d’abord par une première approche amicale au vu des sujets sensibles qu’ils vont aborder sous peu. Surtout concernant un point que Meia veut aborder en premier et qui peut déplaire au Myakudou. Peut, bien évidemment, mais elle pense au plus profond d’elle que le manipulateur de son comprendra la nécessité de cette proposition.

Natsuki se préparait à ouvrir la bouche pour répondre d'un trait d'humour fade lorsqu'il senti un lien télépathique s'établir et le relier à un autre esprit. Il s'interrompit alors, et baissant légèrement les yeux pour se concentrer sur ce qu'il entendait, écouta la teneur du discours justifiant l'intrusion. Enfin, se concentrer était un grand mot : les phrases s'imprimaient dans son cerveau sans passer par les oreilles. Il aurait pu être à côté d'une ponceuse en pleine action qu'il aurait perçu tout aussi distinctement ce que Meïa tenait à lui dire. La magie des Yamanaka, un clan si formidable du moment que l'on se tenait du bon côté de leur esprit.

Aussi autoritaire et sûre de ce qu'elle voulait qu'à l'habitude, son ton révélait cependant qu'il y avait derrière cette petite réunion un peu plus qu'un simple caprice de vouloir tout diriger. Il s'était en effet déroulé ici bon nombre d'événements majeurs depuis son départ pour le Pays de la Foudre, et nulle ne doutait qu'elle avait elle aussi beaucoup à raconter sur la teneur de son voyage. Probablement même plus, puisqu'Iji avait déjà tenu informées par courrier les deux Dames.

Le Nara tatoué reporta alors son attention sur Onpu : un regard suffit pour qu'ils s'entendent.

« Visiblement nous avons entendu les mêmes voix. » confirma-t-il avec sérieux. « Bon, comme il risque d'y avoir du monde dans ton bureau incessamment sous peu, et que ta bouilloire vient de rendre l'âme, je vais voir si je peux emprunter celles des scribouillards à l'étage du dessous. Tu crois qu'ils tiendront deux petites heures sans leur apport caféïné ? »

Éternelle rivalité entre les agents de terrains et de bureaux, ils avaient pourtant besoin les uns des autres pour continuer leurs activités. Mais trêve de plaisanterie. Tandis qu'il descendait à l'étage pour dépouiller les grattes-papiers de la lumière de leur vie ainsi que de suffisamment de tasses pour chacun – sept, s'il savait encore compter - il fit un peu le tri parmi les sujets qu'ils allaient devoir tous aborder. En fonction de ce qu'avait écrit Iji dans sa lettre, Meïa désirera peut-être plus de détails de la part du Nata tatoué, puisque c'est lui qui avait tenue tête à Natsumi pendant le raid nocturne. Pour ce qui était de l'autre complice auquel s'était mesuré Seitô, elle allait devoir se contenter du rapport de mission de ce dernier... Pour le reste, ils décideront peut-être de la conduite à tenir vis-à-vis du Sabakyo et de sa petite bande, ainsi que le comportement à adopter envers les autres Pays. Cela, plus toute la matière qu'auront ramené les deux kunoïchi claniques.

La grosses bouilloire et son socle dans une main, les tasses en équilibre dans l'autre, il remonta les escaliers en direction du bureau de Hokage. Se grattant mentalement le menton faute d'avoir les doigts libres, il se demanda si Miko avait pensé à lui ramener le paquet de céréales qui ne se vendait plus qu'au Pays de la Foudre, comme il le lui avait demandé. Ce n'est pas comme s'il avait encore retrouvé son sens du goût, mais le simple fait dans les manger lui rappelait des souvenirs de bons matins. Des souvenirs d'une époque où il se percevait encore comme un être humain.

« Tiens, vous êtes déjà là ? » lâcha-t-il en guise de salutation en découvrant la présence des deux Dames dans le bureau.

Il n'avait rien entendu depuis l'extérieur – trop concentré pour actionner la poignée avec son petit doigt seulement ? -, preuve que les habituels systèmes de sécurité anti-bruit made in Myakudou étaient déjà en place. A supposer qu'ils ne l'aient un jour pas été.

La réunion allait commencer, il était temps pour lui de switcher son interrupteur sur le vouvoiement : il ne s'adressait plus à une connaissance, mais à son Hokage et ses collaborateurs.

Eh bien, Natsuki avait débarqué plutôt rapidement … Enfin étant donné qu’il n’adressait même pas un regard à On’ et qu’il ramenait toute la quincaillerie pour faire le thé, il devait déjà être sur place. S’adossant contre la fenêtre afin que sa nuque profite de la fraîcheur de la vitre, Miko, toujours drapée dans son manteau de voyage, fit tomber son sac sur le sol, défaisant les lanières pour l’ouvrir, ses cheveux tombant en mèches devant son visage alors qu’elle se baissait.

Désolées de ne pas être sur notre 31, nous venons juste...
* Toc toc toc*

Se retournant alors que la plupart des gens devaient regarder la porte, elle se retrouva nez à nez avec le faciès d’Iji, sa chevelure blonde soufflée par le vent. Si ce n’était ses cheveux, il était méconnaissable avec son visage creusé et ses cernes. Peut-être que le manque de sourire rendait la reconnaissance d’autant plus ardue. Il dut comprendre ce qu’elle avait en tête car il sourit immédiatement de toutes ses dents.

* Toc toc toc*

Le voyant refrapper comme si elle n’avait pas compris la première fois qu’elle devait lui ouvrir, Miko ouvrit le panneau qui servait de fenêtre pour permettre à Iji de s’y engouffrer. L’énergumène avait visiblement voulu parfaire son entrée. Le voyant s’étirer comme s’il venait de courir le marathon, la Jonin termina sa phrase.

Nous venons juste de rentrer.
Yo ! Désolé j’suis pas en retard ? J’ai fait aussi vite que j’ai pu ! Aki pourra pas venir il est en patrouille.

Sortant ce qu’elle voulait sortir initialement, Miko attendit que Natsuki ait les mains bien libres pour lui lancer son cadeau.

Tiens ce que tu m’avais demandé, tes « Princess Teeth » …

Iji l’attrapant au vol car se trouvant entre le deux, il rigola un petit moment en examinant le paquet.

Des céréales sérieux ? … Putain énoooooorme elles sont en formes de dents et de toutes les couleurs … ! Et moi j’ai rien ? Oh mais t’as un autre paquet … tu l’as pris pour toi ? Invitez-moi à vos p’tits dejs quoi !

Refermant son sac en vitesse, l’Aburame un peu embarrassée refusait d’avouer qu’elle avait voulu tester après la demande expresse de Natsuki… Les premiers jours elles avaient eu tout le temps qu’elles voulaient pour faire leurs emplettes alors bon …

Hmm non c’est pour … Ninigi … Et … et Maïka ?

Rhaaa qu’elle était bête maintenant elle allait devoir les donner à Ninigi.

VLAN.

La porte se referma sous le coup de pied délicat et gracieux de la dernière attendue. Sans un bonjour, Maïka répondit à la volée :

- Pas sûre que ça soit une bonne idée, mandibule. Le petiot a encore du mal avec les beignets de sauterelles, je suis pas sûre que ça soit déjà le moment de le mettre aux...

Elle examina de loin le paquet entre les mains d'Iji, d'un œil hagard.

- … "princess teeth"? Sérieusement?

Elle adressa un regard dubitatif autant que complice à l'Aburame. Mine de rien, elle était contente de la voir de retour en une pièce, sans parler de Meia dont le rôle d'otage officieux avait du mettre mal à l'aise plus d'un de ses proches. Du reste, ceux qui respiraient encore.

Onpu, dans toute cette agitation, préparait paisiblement le thé avec la vaisselle que Natsuki n'avait pas hésité à cambrioler chez les administratifs. Il était étonné de voir à quel point l'aspect « pause-goûter » de la réunion semblait acquis pour chacun, sans se douter qu'il était lui-même à l'origine de cet usage.

- Bon, tant pis pour Aki. En attendant, merci à tous d'être là. Meïa, sois rassurée, s'il y a des murs sans oreilles dans le village, c'est bien ceux-ci.
Réunion ouverte.

D'un mouvement vif de l'index, il enclencha l'interrupteur de la bouilloire.

- Avant tout : Meia, Miko, heureux de vous voir de retour. Le vent a transporté des rumeurs inquiétantes venant du Nord, c'est donc un réel soulagement. Je suis très curieux de savoir ce qu'il s'est déroulé là-bas, si on oublie le festival des céréales multicolores.
Euh...

Son professionnalisme hésitant d'Hokage amnésique lui filait déjà entre les doigts dés la phrase d'introduction.

- Par quoi on commence ?

Maïka laissa échapper un râle exaspéré. « C'est bon, occupe-toi du thé, je gère la réunion », se retint-elle de lui envoyer à la figure.

- A ta décharge, c'est vrai qu'il y a beaucoup de sujets à aborder... pour gagner du temps, on va dire que tout le monde est au courant des récents drames successifs survenus au village. Ça devrait être le cas si notre opérateur de chez Iji-télécom a bien fait son boulot.

- Il l'a fait, fit une voix vers la porte d'entrée du bureau. Par courrier 100% sécurisé, faites-lui confiance.

"T'es en retard, milou", grogna Maï dans son coin.:

Aki attendit que son gros chien blanc se soit glissé dans la salle avant de refermer derrière lui.

- J'ai trouvé ce que je cherchais plus vite que prévu, alors je me suis grouillé pour venir.

- Très bon choix, répondit Onpu en le gratifiant d'un sourire. Or donc, le courrier d'Iji à nos dames date de quand ? Il était exhaustif ?

- Bah moi j'en sais rien, j'ai rien pu lire. Tout ce que je sais c'est qu'il leur a mis ton tract en pièce jointe.

Le Rokudaime baissa les yeux. Ce tract, il avait un peu plus mal au ventre à chaque fois qu'il le lisait, comme si les mots engraissaient sa culpabilité.

- OK... ce qu'elles ont pas lu, par contre, c'est le courrier que Seitô m'a envoyé à la suite de l'incident du temple, reprit-il en fouillant dans un tirroir d'une main.

-Ha. Celui où il avouait son crime et prétendait vouloir faire Meïa prisonnière dans le même paragraphe? Paye ta farce...

Il sortit le courrier, et le glissa entre les mains de la cheffe des Yamanaka.

- Tiens, régale-toi, lui fit-il avec un dégoût presque amusé.

Courrier de Seitô:

Les premières bulles se formaient au fond de la bouilloire. Kiba, de tout son poil clair, se faisait discret malgré ses allures de loup sauvage égaré par mégarde au cœur d'un des plus importants centres nerveux géopolitiques du continent.

(j'en profite pour faire une petite photo de famille, merci d'excuser mon sentimentalisme):

Tous s’enchaînent à une vitesse impressionnante. Tous, ou presque, semblent avoir entendu l’appel de la Dame et se trouvent en ces lieux. Face à son regard inquiet, les mots et les réactions simplistes des membres la font quelque peu se détendre. Quand on regarde comme cela, on croirait presque voir une famille. Une véritable ambiance amicale et chaleureuse plane dans cette pièce. Entre ceux qui préparent le thé et ceux qui parlent de céréales, on n’imaginerait jamais qu’une réunion des plus importantes va se dérouler ici. Meia, elle, se contente d’observer toutes ces personnes avec un sourire amusées. Elle-même n’arrive pas à se dire qu’elle est la plus vieille du lot…

Suite à la remarque de la rousse concernant la sécurité des informations confidentielles dont cette réunion va traiter, Onpu lui a confirmé ce qu’elle savait, en théorie, déjà. Il a beau avoir perdu certaines de ses capacités, il n’en reste pas moins prudent et prévenant. Entre ces murs, rien n’est plus secret que la Racine. S’asseyant afin de se reposer un peu, la Yamanaka regarde son supérieur qui lance la réunion, sans le représentant Inuzuka de la Racine. Au même moment, il enclenche la bouilloire qui fait se retarder le fameux thé nécessaire au bon déroulement d’une réunion Konohajin. Cette dernière va d’ailleurs enfin pouvoir commencer, arrachant pour la peine un léger soupire de l’ainé.

Pour bien commencer, l’Hokage en personne souhaite un bon retour aux deux trentenaires, ce à quoi Meia répond avec un signe respectueux de la tête, accompagné d’un rictus d’approbation. Ce qu’il s’est dit à Kumo va donc être rapidement mis sur la table, peut-être même avant que Meia n’ait le temps d’attaquer LE sujet sensible. Cependant, face à l’hésitation du Rokudaime, c’est la soigneuse du groupe qui prend la parole. Comme elle le fait bien remarqué, Iji a tenu au courant les deux Dames des évènements ayant touché Konoha pendant leur absence.

Et le voilà qui arrive. Le dresseur de chiens du groupuscule secret montre enfin ses crocs. Toujours accompagné de son fidèle chien Kiba, il confirme le fait qu’Iji a envoyé une lettre. S’ensuit alors une brève conversation entre lui et le Rokudaime, jusqu’à arriver à un point intéressant au plus haut point. Les trentenaires n’ont pas eu connaissance de TOUS les documents apparemment. Il manque bien évidemment le rapport de Seitô à l’Hokage et il semblerait que celui-ci concerne la cheffe des Yamanaka. Du moins c’est ce qu’ajoute la femme aux cheveux roses avec une pointe d’humour mélangé à un sentiment de dégoût envers le déserteur Sabakyô.

C’est pour cela qu’Onpu offre à Meia ce fameux document, avec une fois de plus une pointe d’ironie. Affichant jusque-là un petit sourire amusé, son expression devient rapidement plus sérieuse au moment où elle lit le rapport. Rien de bien nouveau là-dedans, du moins pas jusqu’au dernier paragraphe. Cet idiot semble avoir rapidement compris que la Dame représentait une grande menace pour son jeu de nationaliste, et il faut avouer qu’il n’avait pas tort. Seulement, il n’a pas compris que On’ était encore plus dangereux pour lui que la cheffe de clan…

- Cet homme est vraiment pitoyable au plus haut point. Son idiotie est d’autant plus choquante qu’il semble être réellement convaincu d’agir en bien pour le village… C’est tout simplement aberrant.

Ayant fini avec cela, elle donne le papier à Miko, l’autre membre de la Racine n’ayant pas encore eu accès au rapport. Puis, après s’être rapidement raclé la gorge, elle prend la parole afin d’attaquer l’un des premiers sujets mis sur la table : Leur voyage à Kumo et plus particulièrement son entrevu avec Tsumei, le Raikage.

- Puisqu’il faut bien commencer quelque part et que le sujet Seitô est déjà lancé, je vais continuer en vous parlant de mon entrevu avec le Raikage...

Se levant de la chaise où elle est assise, elle reprend la parole en regardant les membres chacun leur tour.

- Si Tsumei a désiré me voir, c’est qu’il voulait en quelque sorte… me proposer une alliance contre Seitô. Suite à l’incident du temple et au fait qu’il sait pour l’état de On’, il a rapidement compris que l’ancien intendant voulait prendre le contrôle de Konoha et appliquer une politique bien plus stricte… et ce en profitant de l’état de faiblesse de notre cher musicien.

Laissant une petite seconde pour leur laisser digérer l’information, elle pose son regard sur On', avant de reprendre.

- Il m’a donc proposé une chose que moi-même j’avais déjà pensé : Écarter Seitô du pouvoir afin de régler tous les problèmes. Nous avons alors convenu, dans un accord de confiance, que si le Sabakyô était écarté du pouvoir, l’alliance pourrait de nouveau être rétablie et que Kumo nous soutiendrait au cas où il faudrait traquer Seitô à la suite d’une éventuelle désertion.

Troquant son air sérieux pour un rictus de satisfaction, elle continue.

- Autant dire que vous m’avez mâché le travail, maître Hokage. Même si cela aurait pu être mieux géré de votre part, du moins c’est mon avis, vous avez fait ce qu’il faut pour écarter la menace.

Voilà une première amorce sur le sujet qui tient à cœur à Meia.

- À vous de voir si vous voulez contacter le Raikage vous-même ou si je m’en charge, Onpu. En tout cas, je suis heureuse de vous annoncer que l’alliance avec Kumo sera normalement rétablie sous peu.

Son intervention étant terminée, elle se rassoit, attendant les commentaires de ses camarades.

Les membres attendus arrivèrent au compte goutte, chacun à sa façon, tous en entrée remarquable. Mais au final, Natsuki n'en retiendra qu'une seule : celle d'Iji. Le jeune homme arborait un visage effroyable derrière son sourire, dont les cernes n'avaient rien à envier à celles de Natsuki. La vie n'était facile pour personne en ce moment, et pourtant aucune plainte, l'on s'efforçait de faire comme si tout allait pas si mal.

« Tu peux garder le paquet. » lâcha-t-il à Iji en voyant que Miko ne lui avait pas prit les bonnes. « Tu auras une pensée pour moi demain matin. »

Et vu la quantité de sucre qu'il y avait là-dedans, il en aura une autre en se découvrant un diabète... Mais trêve de plaisanterie, les choses sérieuses débutaient, et devaient être considérées comme. Le premier sujet fut celui du voyage de Meia et Miko dans les quartiers du Raikage. Pour aller vite en conclusion, il s'agissait donc de ressouder les liens mit à mal entre les deux Pays suite aux tristes événements récents. C'était fou de constater à quel point un ennemi commun arrivait à réunir sous une même bannière les Hommes... Sauf que ce n'était pas toujours si simple, et que les alliances provisoires pouvaient aboutir à n'importe quoi une fois leurs intérêts arrivés à terme. Surtout avec le Raikage actuel, qui semblait toujours avec de nombreux coups d'avance sur tout le monde.

« Seitô a été écarté oui, mais l'on ne peut pas vraiment dire que l'opération s'est bien passée vu les conséquences qui en ont découlé. Nous nous sommes sortie d'un trou pour nous y mettre dans un autre. Avec la perte d'une bonne partie de notre puissance militaire, les Hyô, plus tous les partisans du Shoraizen et le massacre de l'autre nuit, nous sommes affaiblit. Et savoir les autres nations au courant ne me rassure pas particulièrement. Je sais qu'il faut apprendre à faire confiance à son prochain pour établir de bonnes relations tout cela, mais je tiens aussi à rappeler que personne ne s'est jamais mouillé pour un autre Pays juste par plaisir de faire le bien et rendre service. »

Ou presque, songea-t-il en tournant l'œil vers Onpu. Un Hokage sagace et intelligent, mais dont le filtre de la vision du bien était peut-être un peu trop rose – à moins qu'il ne tentait de façonner le monde à cette image ?

« Qu'importe l'aide que l'on veut nous apporter, l'intention qui la guide ne sera peut-être pas aussi louable. Dans le meilleur des cas, elle sera intéressée, et dans le pire, nocive. J'imagine cependant que nous n'avons plus trop le choix, nos options étant cruellement limitées. »

Passant son regard fatigué de Miko à Meia, il s'efforça de sourire. Un peu.

« Merci d'être parvenues à faire aboutir votre entretiens avec Tsumeï à cette conclusion. Nous aurions difficilement pu espérer mieux compte tenu de la situation. »

Konoha, un Village en déclin. Combien de temps avant qu'il ne finisse comme Kiri ? Jamais, souhaitait Natsuki, et il œuvrera jusqu'au bout pour. Ses mains souillées de sang n'y parviendront peut-être pas seules, mais justement, il ne l'était pas. Cette réunion le prouvait.

« Puisque l'on parle de situation difficile Meia, cela vous dirait d'avoir quelques nouvelles de votre fille après ? Pour peu que vous la considériez encore comme tel. »

Difficile de dire si Natsuki plaisantait ou non, mais son visage était on ne peut plus sérieux, et son ton parfaitement neutre.

« Iji a sûrement dû vous en parler aussi. C'est moi qui ai tenté de l'arrêter lorsqu'elle a infiltré Konoha avec un certain Oha. Un autre nom qui ne vous est pas inconnu j'imagine. Mais bon, chaque problème en son temps. Et le plus gros que nous avons sur les bras pour le moment est Psycho Mantis et son organisation. »

Si seulement...

« Cela fait un moment que les Furyou n'ont plus donné de signe de vie. Je sais que ce n'est pas un bon présage, mais au moins cela nous laisse le temps de guerroyer un peu avec nos semblables. Mieux vaut étouffer tout de suite dans l'œuf les projets de Seitô avant que son Shoraizen ne prennent de l'ampleur. Nous risquons d'y laisser beaucoup de plumes cela dit, conséquences que nous ne pouvons pas vraiment nous permettre. Mais si le laisser courir nous octroiera un temps de répit momentané, qui sait ce à quoi nous auront à faire face plus tard ? »

Que de problèmes, et pas beaucoup de solutions sûres...

Yeeeeees. Maïka avait sauvé Miko et Natsuki lui avait filé son paquet après y avoir jeté un coup d’œil. Pour une réunion importante ça démarrait bien. Rapidement rappelés à l’ordre par Maïka puis On’, le blondinet se fit plus discret, s’écartant du centre de la pièce pour se rapprocher l’air de rien de Kiba. Ouvrant le paquet dans une petite déchirure qui ne manqua pas d’attirer le regard de plusieurs des membres de la Racine dans sa direction, il plongea sa main dans le paquet et après en avoir croqué une, en proposa à Kiba puis Aki. Être un Inuzuka devait être tellement stylé … pas besoin de marcher à longueur de journée.

Meia ayant fini de lire, le blondinet continua à grignoter son encas lentement attendant de voir comment se déroulait la suite de la réunion. Bien sûr qu’Iji-télécom avait fait le boulot. Comme d’hab quoi. L’écoutant parler il hocha la tête par ci par là… Iji redoutait surtout la fin de la réunion … Le moment où il devrait parler de l’attaque sur le clan Yamanaka à Meia. Être à la tête d’un clan qui avait presque été anéanti … 3 survivants sur 20 en moyenne … ça ne faisait pas beaucoup … Croquant une autre dent, le gamin afficha un visage perdu un instant, ses pensées partant à droite à gauche. Il pensait surtout à son père… Qui avait fait partie des victimes des deux renégats. Natsumi … immortelle ou non il l'aurait cette salope. Sa mâchoire se crispa un instant avant qu’il ne sorte de sa torpeur, revenu à lui par une phrase que Natsuki venait de sortir.

Oui … Euh oui après. À propos de ça … Je l’ai pas encore dit justement, on … on en parle après.

Annoncer de telles pertes par lettre ... il avait cru au moment de rédiger son courrier que cela ne serait pas spécialement fin et que mieux valait pour Meia qu’il lui annonce de vive voix. Il aurait préféré ça pour son père en tout cas. Mais laisser Meia dans l’attente n’était pas bon non plus, et il n'avait pas envisagé qu'ils se réuniraient tous ici avant qu'il ait l'occasion de lui parler seul à seule. Hésitant à aborder le sujet, ce fut Miko qui combla le blanc que venait juste de laisser Natsuki à la fin de son temps de parole. Et Dieu merci elle commençait à lancer une polémique, de quoi occuper la Yamanaka.

Peut-être avant de se lancer à la poursuite de … Psycho Mantis… et de son organisation serait-il bon de savoir quelle menace ils représentent réellement. Nous pourrons après agir en conséquence … Je rejoins Natsuki, il ne faut pas ignorer ces déserteurs mais peut-être qu'il ne faudrait pas expédier non plus l’affaire, il faudrait faire la part des choses avec les autres menaces auxquelles nous faisons face : les Furyous oui mais également les autres villages. De mon point de vue Konoha a été laxiste sur de nombreux points depuis longtemps.

Hmmm…

Sinon, lors de son entretien avec le Raïkage, Meia a appris que cette provocation au temple avait été orchestrée par Kumo dans le but justement de piéger Seito. Et tout aussi important … Il pensait trouver des informations sur les Furyous sous le Temple de Kyuubi … On’ … Qu’y a-t-il là-dessous … Maïka ?

Des infos sous le Temple ? … Pas con de demander à Maïka … On’ avec ses souvenirs défaillants …

Je ne dis pas que Seito est innocent … Il devrait être jugé au contraire. Mais il ne devrait pas être condamné à mort comme insiste Kumo. Ils ont autant de responsabilités dans cette affaire au Temple que lui. Peut-être même plus … Ses raisons … Peuvent être compréhensibles bien que radicales tout comme lui peut comprendre son erreur. Il est impulsif et trop sûr de lui c’est un fait. Le pouvoir a dû lui monter à la tête. Mais il était utile au village. Je ne dis pas que sans lui le village se serait effondré mais il a tout de même mené la barque –seul- dans l’intérêt du village pendant toute son intendance.

L’Aburame était totalement sérieuse à propos de ça. Iji l’écoutait d’une oreille discrète en continuant à manger dent après dent très lentement pour ne pas déranger les autres. Elle avait changé Insectwoman, quand il l’avait rencontré pour la première fois elle aurait approuvé direct la proposition de Natsuki de mettre fin à tout ça.

Et pour sa clique ? Une confiance mal placée pour beaucoup comme les Hyôs et les Sabakyôs qui ont suivi leurs chefs respectifs. Quel sort devrait-on leur réserver ? Encore une fois nous n’avons pas toutes les cartes en main.
*Crunch crunch crunch*

La fin de la tirade de Miko fut magnifiquement ponctuée par le blondinet, eh ben … Elle était … raisonnable … et réfléchie.

- Il pensait trouver des informations sur les Furyous sous le Temple de Kyuubi … On’ … Qu’y a-t-il là-dessous … Maïka ?

La concernée haussa un sourcil.

- Quoi, « Maïka » ?! Me regarde pas comme ça, j'en sais rien.

Onpu, quant à lui, savait ce qu'on avait bien voulu le laisser savoir, n'ayant aucun souvenir de l'affaire. Il savait également qu'il s'agissait d'un secret d'état, dont son co-détenteur avait récemment déserté.
Dans un effort pour sauver les meubles, il se contenta d'un discret non de la tête ; Miko avait l'air bavarde, il la laissa donc changer de sujet et recentrer l'attention de la communauté sur ce qui les rassemblait vraiment.
Après quoi il tenta maladroitement de rebondir sur ses derniers éléments de débat.

- Je... enfin ils... après tout, Seitô a beau avoir disjoncté, n'a pas déclaré la guerre au village, il a juste craché le fond de sa pensée en disant qu'il ne reviendrait pas. Ce n'est pas un ennemi à proprement parler, seulement une menace. Quant à ses partisans, ils ont eu le choix de le suivre ou non, ils ont fait ce qui leur semblait juste. Sans aller jusqu'à dire qu'ils reviendront, il est peut-être un peu tôt pour leur jeter la pierre.

- Là tu deviens drôle, luthier ! aboya Aki d'un coup. A t'entendre, on croirait que le Sabaschyzô va mener ses propres affaires dans son coin, et qu'un nouveau joyeux village caché va voir le jour d'ici un an ou deux sous sa direction. Y'avait que toi pour avoir la naïveté de le laisser partir.

- J'ai jamais eu l'intention de le laisser partir ! Il avait quelqu'un chez les ANBU, ça a joué contre nous...

- Je ne parle pas de ça. Tu n'as rien fait pour le rattraper, comme si tu avais accepté de lui laisser de l'avance, bien docilement, comme il te l'avait demandé dans son message d'insultes.
Mais sois bien conscient d'une chose : tu es le seul à lui accorder un répit. Le village le veut, mort ou vif, et nous avons tous définitivement un compte à régler avec les Hyôs. Certains sont déjà à leur recherche, ceux de mon clan en première ligne.
C'EST un ennemi, malgré lui ou pas. Il a claqué la porte trop violemment pour nous laisser indifférent. Dés l'instant où il l'a fait, il est devenu une proie, et il le sait très bien. On a jamais été aussi loin d'en avoir fini avec lui.
*crunch crunch crunch*

(Le stade où Aki avait arrêté de demander à Iji avant de se servir dans le paquet de céréales était largement dépassé.)

Maïka choisit ce moment pour décroiser les bras.

- Bon, sans vouloir vous brusquer les enfants, il faut prendre une décision. On détruit le Shôraizen dans l'oeuf ou pas ?

- Ça c'est non. Veto.

- Veto ? A la bonne heure. Une meilleure idée alors, chef ? Lui envoya-t-elle avec insistance.

Conscient que sa naïveté et son incompétence commençait à en horripiler plus d'un dans la salle, Onpu se sentit tressaillir.
Maï, soupirant de plus belle, recentra son attention sur les autres membres de l'auditoire.

- En bonne trésorière, je me permets de vous rappeler que nos subventions se meurent dans le coffre fort, il serait peut-être temps d'en faire quelque chose.

- Par exemple ? Se permit Aki. Corrompre un fidèle de Seitô pour infecter le Shôraizen de l'intérieur ? Parce que si c'est à ça que tu pensais, je suis pas convaincu qu'ils soient du genre à tomber dans le panneau.

- N'en sois pas si sûr, Milou. Il y a des jeunes qui l'ont suivi, certains sous la pression de leurs aînés. Les esprits faibles s'achètent facilement, il suffit de...

BAM.
Le poing d'Onpu s'était abattu sur le bois de son bureau, faisant trembler les tasses.

- Il est hors de question ce causer du tort au Shôraizen. Les Kumojins et autres rancuniers s'en chargeront bien avant nous, mais ce n'est pas notre rôle. Du moins, pas avant de savoir ce que Seitô a en tête.
La Racine ne sème pas le chaos, elle anticipe.

Sans laisser qui que ce soit lui reprocher de critiquer sans suggérer de solutions, il se leva d'un bond et reprit, lentement et en articulant bien pour que tout le monde le prenne au sérieux ce coup-ci:

- L'idéal serait une taupe.

La Dame reste là, muette. Elle écoute chacune des propositions et suppositions faite sans faire un bruit. En soi, tous ont de bons arguments pour défendre leur point de vue concernant le Shoraizen. Même si elle s'efforce depuis tout à l'heure à adopter un masque de neutralité, la petite référence à sa fille faite par Natsuki et la réponse d'iji fait tiquer une nouvelle fois Meia. On lui cache quelque chose et elle le sait. Fermant doucement les yeux, elle contient toutes les émotions différentes qui se bousculent en elle au fur et à mesure des discours prononcé. Entre tout ce qui se passe et le manque de fatigue, la patience de la chef de clan commence un peu à atteindre ses limites... Surtout quand vient le moment où On' prend la parole. S'il n'avait pas circonstance atténuante, la Dame l'aurait tout simplement trouvé ridicule.

Joignant les mains, elle attend qu'il ait fini de prendre la parole, essayant de contenir son énervement. Heureusement pour lui, sa seule et unique proposition semble être des plus intéressantes. Voilà qui devraient un peu calmer les ardeurs de la rousse. Contrairement à son supérieur, elle, elle ne va pas taper du poing sur la table. Elle se contente de toussoter légèrement pour attirer l'attention sur elle. Puis, dans un geste quasi religieux, elle se lève avant de poser les yeux sur l'Hokage. Un regard d'une froideur peu commune qu'aucun ici n'a eu le malheur de côtoyer. Elle prend alors un ton tout à fait neutre pour s'adresser à lui.

- User d'une taupe me semble être une bonne initiative en effet... Mais ce n'est aucunement l'idéal, contrairement à ce que vous dites.

Regardant chaque membre de la Racine un par un, elle essaie de leur faire comprendre qu'elle prend tout ceci nullement à la légère.

- L'idéal serait tout simplement que vous arrêtiez de vous voiler la face, Rokudaime ! Votre naïveté et votre façon de tout prendre à la légère vont mener Konoha à sa perte, si ce n'est pas encore fait. Qu'attendez-vous pour traquer un déserteur ? Qu'il massacre tout le village ? Faites-moi rire ! Même s'il faisait tout cela vous trouverez le moyen de le laisser se balader dans la ville avec un vulgaire sceau bloquant le chakra, du moins jusqu'à ce qu'une idiote le libère !

La voilà qui fait bien sûre référence à Meteora, ce monstre qu'On' n'a pas jugé bon d'enfermer avec une dizaine de garde.

- Avec tous les événements de ces derniers temps, les habitants du village n'ont plus aucune confiance en vous. Ils savent pour votre état, ils savent que nous pouvons être anéantis du jour au lendemain vu notre faiblesse, ils savent que c'est vous qui aviez donné autant de pouvoir à une personne aussi dangereuse que Seitô... Regardez la vérité en face Rokudaime, si vous décidez de bloquer les interventions contre le Shoraizen, ce sera la goutte d'eau qui fera déborder le vase. Vous n'aurez plus aucune crédibilité, si ce n'est pas déjà le cas. Qui sait, peut-être qu'en plus, des personnes affiliées au Shoraizen ou voulant redresser Konoha, tenteront un coup d'état. Et nous savons tous ici qu'ils pourraient très bien y arriver sans problème.

Laissant quelques secondes de silence, elle laisse à tout le monde le temps d'assimiler où elle veut en venir.

- Étant une kunoichi du village depuis sa création, je suis lasse de voir que nous sommes sur une pente raide. Je suis lasse de rester là, à rien faire alors que tout dégénère. Je sais pertinemment que vous n'essayez d'agir qu'en bien pour le village Onpu, mais... nous sommes forcés de voir que ça ne peut continuer comme cela plus longtemps. Sous les yeux de tous ici présent, je vous propose donc une alternative à tout cela. Car oui, je ne suis pas là que pour vous pointer du doigt Rokudaime et je vois déjà Maïka venir avec un « T'as une meilleure idée peut-être ? »...

Se rasseyant en soupirant, elle s'apprête à proposer en quelque sorte, un ultimatum à On'.

- Le mieux selon moi est que vous cédiez provisoirement votre place de dirigeant. Je ne vous demande pas de nommer un Nanadaime, mais plutôt un Régent. Une personne en qui nous pouvons avoir confiance et qui saura faire remonter la pente dans laquelle est le village. Vous devez sûrement comprendre où je veux en venir... L'idéal serait l'un de nous. Le peuple reprendra espoir et vous pourrez ainsi vous retirer des hautes sphères pour vous consacrer pleinement à la recherche d'une solution concernant votre amnésie. J'ai d'ailleurs quelques ébauches concernant ce sujet.

La bombe est lâchée.

- Que ce soit Miko, Maïka, Natsuki ou d'autres, cela m'importe peu en soi. Sachez aussi qu'en suggérant une telle chose, je suis prête à assumer mes actes si vous acceptez et me désignez pour. Mon affiliation aux serviteurs ne sera d'ailleurs plus un problème d'ici quelques jours, si jamais vous songiez à cela. Tsumei m'a affirmé qu'en se sectionnant le membre, on retirait l'effet de la marque. Cet obstacle ne sera donc plus.

Soufflant un bon coup, elle pose cette fois-ci un regard plus délicat sur la personne d'Onpu.

- La balle est dans votre camp Hokage. Tâchez de prendre la meilleure décision pour le village...

Il ne reste plus qu'à attendre le verdict de l'altesse On'...

Les engueulades Maïka/Onpu étaient toujours énormes. Peu importait le sujet. Ils se chamaillaient comme un vrai petit couple –Maïka portant clairement la culotte-, puis se donnaient tous les deux l’air d’avoir raison et d’avoir gagné ce petit accrochage. Bon en vrai c’était souvent la pharmacienne qui gagnait –d’un point de vue extérieur-, mais pour quelqu’un de shooté et/ou totalement peace and love (genre un clone d’On’) c’était le luthier qui l’emportait haut la main. Non mais c’était cool. Le cœur et la raison. Au moins tout le monde était content.

Du matos ! Pour mon labo. J’vous jure ça sera bénéfique à tout le monde. En ce moment j’travaille sur le sang noir que Meia a récupéré vous savez à Kusa. J’vous cache pas que jouer les laborantins à la sauvette c’est pas fou, j’arrive à rien. J’ai l’impression de gérer un minable labo de meth j’vous jure. Du nouveau matériel serait pas un luxe, ça me permettrait de me faciliter la vie … Surtout que j’ai d’autres trucs à gérer à côté.

Coup d’œil vers Natsuki alors qu’il balayait juste avant chacun des Racineux de son regard qui tournait au vert terne.

Et que bon niveau concentration … c’est pas ça récemment.

Finissant dans un souffle sa phrase, il poussa un petit soupir avant de s’apercevoir qu’il venait de faire son poète mélancolique à voix haute. Il avait toujours voulu se montrer plus fort qu’il ne l’était vraiment, mais tout ça, tous ces événements c’était trop, et malgré sa fatigue il n’arrivait pas à dormir enchaînant insomnie sur insomnie. Seuls les patchs de caféine qu’il avait inventé lui permettait de garder cette apparence dynamique et cet air plein de vie. À quoi bon déambuler comme un zombie en journée alors qu’il savait pertinemment que s’il fermait les yeux et s’endormait il se réveillerait immédiatement en suant à grosses gouttes, les souvenirs de son père remontant à la surface et le tiraillant dans tous les sens.

Pour un psy, ne pas réussir à surmonter ses propres épreuves était minable. Fallait-il qu’il se shoote et se lance un Genjutsu pour avoir enfin la conscience tranquille et gérer le fait que tout son monde s’était écroulé en l’espace de quelques jours ? Non pas tout son monde. Il avait toujours Konoha, la Racine, et tous les gens qui comptaient sur lui ici, au village ou à l’Hôpital. Yep … Un petit Genjutsu ne pouvait pas faire de mal même s’il risquait de ne pas tomber dans le panneau s’il en était le lanceur. Bah toujours bon d’essayer.

Ouais donc … C’tout c’que j’avais à dire ! Et franchement j’trouve pas qu’On’ est si nul que ça en Hokage perso Meia. Mais clair que faudrait être un peu plus radical envers l’orga des traitres. Ça nous fout mal de se faire victimiser publiquement comme ça. Enfin surtout Onpouille. Mais si faut vraiment quelqu’un pour prendre sa suite j’suis chaud !

Petite blague pour alléger l’atmosphère après avoir parlé de son problème de fric à la con alors que Meia faisait son pamphlet à l’encontre du luthier. Non mais c’est vrai fallait en parler, le glisser subtilement, c’était vraiment utile ! Si y avait des problèmes plus urgents à régler Maïka accepterait plus facilement de lâcher quelques piécettes. Ça faisait tellement asso étudiante leur petite réunion : goûter, demande de subvention auprès de la trésorière et prise de bec entre la nouvelle et l’actuel président. Déjà pressée de passer direct par la case passation. Elle se rendait compte de tout ce qu’Onpu avait accompli pour Konoha High School ? Bon pour Meteora elle n’avait pas eeeeeentièrement tort. Le souvenir de la rencontre Ninigi/Meteora lui faisait froid dans le dos.

Non Meia.

Hmmm ? Miko ? Le gamin aurait parié que ce serait Maïka qui réagirait la première. Zut, heureusement qu’il n’avait pas parié avec Aki ce coup-ci.

Avant toute chose, je ne pense pas qu’aucun d’entre nous puisse vraiment être apte à gérer la situation à la perfection ni être vraiment fiable. Il est facile de jeter la pierre au luthier puisqu’en plus d’être trop passif et gentillet comme à son habitude, il n’est plus en mesure de défendre le village comme il l’a fait à l’époque avec Météora. Cependant … Dis-moi si je me trompe On’, mais tu sembles remonter la pente… Je peux comprendre que toute cette épreuve soit une épreuve pour toi –elle l’aurait sûrement été même si tu étais revenu frais comme un gardon-, mais dans l’immédiat tu me sembles le plus à même de diriger « parmi nous »... Sauf si ton état est plus critique que ce que tu ne laisses entendre.

…

Sans offense. Mais … Maïka tu es trop impulsive.
Aki pas assez responsable.
Iji pas assez crédible.

Ah connasse… C’était bâtard … mais vrai.

Je suis loin d’être particulièrement diplomate.
Quant à Natsuki il serait selon moi le plus apte à part Onpu… Si on pouvait être sûrs de pouvoir compter sur lui sans qu’il ne déroge à ses obligations comme la dernière fois où il a été en charge du village.

Restait la dernière qui ne s’en était pas encore pris dans la tronche.

Meia tu es une très bonne kunoichi et j’ai toujours respecté ce que tu avais à dire. Cependant pour ce coup-ci je rejoins le joueur de banjo. Courir après le Shoraizen aveuglément en les considérant comme une menace n’est pas la meilleure des options. Durant la désertion de masse deux clans sont partis si j’ai bien compris en plus des Konohajins qu’il a dû emporter à sa suite. Est-ce que vraiment Konoha devrait affaiblir d’autant plus sa position en chassant les déserteurs alors que dehors il existe d’autres menaces telles que les Furyous, les autres villages et certains Nukenins tout sauf bienveillants envers le village ?

Micro pause le temps. Ça lui permettait de boire une gorgée de thé, super.

D’autant plus que je n’ai pas l’impression que l’intervention de Kumo dans les affaires du village te dérange réellement. Te rends-tu compte que le Raikage dans son arrogance pour humilier Seitô a ses mains couvertes de sang des civils tués ce jour-là et des Konohajins morts à cause de toute cette histoire d’exode ? Il n’en est pas le seul responsable certes.

Lourd regard en direction d’Onpu.

Mais ce fait demeure. Et pourtant tu sembles adhérer sans aucun problème à tout ce qu’il t’a dit. Après Suna, ce serait donc à Kumo de prendre part un peu trop activement aux actions de notre village ? Un dernier point te concernant : comment en faisant de toi la remplaçante d’Onpu les villageois pourraient se voir totalement rassurés ? Ta fille a libéré à elle seule l’une des plus grandes menaces que ce pays ait connu jusqu’à maintenant...
Sans parler d’Oha ...

Voyant que tous le regardaient pour son intervention subite –surtout Meia-, le gamin enchaîna. Cela semblait être le moment parfait même s’il portait préjudice à la rousse. Tout ce que disait l’Aburame n’était pas totalement faux même si peut-être un peu trop poussé. Comparer la domination de Suna à la visite d’un duo de Kumojins … Et Meia était suffisamment connue au village pour qu’on ne lui reproche pas les conneries de son enflure de mioche. Oha en plus par contre ça commençait à faire beaucoup.

Quand je parlais de … de leur retour à, tu sais, Oha et Natsumi … Eh bien. C’était parce qu’ils se sont infiltrés dans le village il y a maintenant plusieurs jours. Ils ont été arrêtés, d’ailleurs Oha pourri en prison en attendant que tu passes le voir pour … en finir. Par contre, et c’est là que ça se complique. C’est Natsumi. Elle … Elle est devenue immortelle.

Fiouu on souffle. Ses deux mains qui tenaient la tasse s’étaient mises à trembler sans le vouloir juste avant qu’il ne parle de l’immortalité de celle qu’il rêvait de décapiter. Heureusement qu’Aki lui avait volé les céréales juste avant, s’il avait tenu la tasse d’une main, il aurait sûrement détruit la porcelaine en l’éclatant par terre, ruinant ainsi le thé qu’On’ avait sorti de son placard –le top du top des thés.

En aspirant les âmes des habitants du quartier Yamanaka. Au dernier … recensement seulement 10% des membres du clan ont survécu… Je … Désolé.

Voilà, il s’en voulait à mort. Mais … Mais. Meia devait savoir, elle devait être au courant. Il n’avait pas réussi à garder son secret trop longtemps. Quel droit avait-il eu de le garder pour lui, pour eux, aussi longtemps ? C’était la chef du clan quoi. Enfin de ce qu’il en restait. Son père avait perdu son âme en effet, mais presque tout le clan y était passé. Il avait peut-être bien fait au final de couper les liens avec son héritage clanique en s’installant dans un petit appart en centre-ville. Y serait-il passé lui aussi sinon ?

Se tournant vers Miko alors que Meia devait être en train d’accuser le coup, Iji les mains encore tremblantes, écarquilla les yeux devant l’insensibilité dont l’Aburame faisait montre en sortant les quelques mots qui suivirent. Non. Pas insensible. Ce visage fermé…ce n’était pas vraiment elle.

J’infiltrerai le Shoraizen.

Là, il faut dire que la Dame n’a pas eu le temps de souffler deux secondes. Elle qui pensait obtenir une réponse directement de l’Hokage, la voilà qui obtient en premier temps une réponse d’Iji et de Miko. Seulement, au fur et à mesure que leurs arguments apparaissent, Meia conçoit qu’elle s'est fait mal comprendre. Eux l’ont perçue comme une simple attaque à l’encontre d’On’, comme si elle lui jetait la pierre à la gueule en lui rejetant tout dessus. Il faut dire qu’elle ne s’est pas exprimé aussi bien qu’elle l’aurait voulu. Entre la fatigue et qu’elle légèrement sur les nerfs… On peut au moins concevoir qu’elle a du mal.

Seulement, alors qu’elle écoute tous les arguments mis en évidence par Miko, l’arrivée sur le sujet délicat qu’est Natsumi provoque une colère noire dans l’esprit de Meia. Pourtant, elle est loin de se douter de ce qui va suivre. Iji, membre lui aussi du Yamanaka en profite pour prendre la parole timidement en évoquer cette fois-ci le père de Meia. Fixant le blondinet d’un regard insistant, elle obtient enfin une réponse concernant cette histoire du retour de Natsumi et Oha. Une réponse qui a littéralement l’effet d’une bombe dans l’esprit de la rousse.

À ce moment précis, elle pourrait très bien s’énerver et tout envoyer balader, ou encore se mettre à pleurer de désespoir tellement tout cela s’enchaîne contre elle… mais non. Elle reste stoïque, sans changer son expression neutre pointée en direction d’Iji qui finit en s’excusant. C’est comme si… elle n’avait rien entendu. Oui, de l’extérieur, on pourrait croire que tout cela ne la touche aucunement. Puis, passant outre ce que viens de dire Miko concernant l’infiltration du Shoraizen, elle tourne son visage vers l’Aburame d’une façon mécanique. Un robot sans émotion, voilà ce qu’elle évoque sûrement du point de vue des autres membres.

- Je ne sais pas si c’est moi qui suis mal exprimé ou si vous ne m’avez pas comprise mais… Je ne jette nullement la pierre à Onpu. Je reconnais qu’il reste l’un des meilleurs Hokage qu’ait connus le village et qu’il est sûrement le plus à même de diriger le village. Je ne remets pas du tout en cause ses compétences contrairement à ce que vous supposez…

Neutre. Toujours neutre.

- Ce dont je parle, c’est de ce que pensent actuellement les habitants de On’. Les malheurs ne font que s’accumuler et ils sont maintenant au courant de l’état de l’Hokage. Mettez-vous à leur place deux minutes… Sur qui vont-ils rejeter la faute ? Vers qui leur confiance va disparaître après avoir appris tout cela ? Comme je vous l’aie dit, cela pourrait même aller jusqu’à un coup d'État. Ils ont besoin de renouveau… d’espoir.

Tournant son masque de neutralité vers Miko, elle continue sans laisser paraître une seule émotion.

- De plus, tu ne sembles pas comprendre que ce n’est qu’une passation provisoire. Une fois que tout cela se sera tassé et que l’Hokage sera de nouveau en possession de tous ses moyens, il pourra reprendre les reines et diriger le village comme il l’a si bien fait depuis.

Est-il vraiment possible d’être aussi dépourvu d’émotion que l’est actuellement la dame ?

- Ensuite, concernant le Shoraizen, je ne demande pas forcément d’envoyer TOUTES nos troupes à leur poursuite, mais comme je l’ai dit, il faut se mettre à la place des Konohajin. Il faut leur donner l’impression que nous agissons contre cela car c’est ce qu’ils veulent entendre. De l’autre côté, nous aurions notre taupe qui vérifiera si cette organisation est une réelle menace pour Konoha ou non, nous permettant de savoir s’il faut agir ou non contre eux.

Espérant avoir été claire, Meia passe une nouvelle fois à un autre sujet. Il faut qu’elle fasse au plus vite et elle le sait.

- En ce qui concerne Kumo… le Raikage n’a fait que pousser Seitô à faire ce qu’il aurait fait un jour ou l’autre. Certes il a utilisé des moyens plutôt radicaux, mais nous n’avons vraiment pas que ça à foutre que de chipoter sur ce genre de petit détail alors que nous avons plein d’autres choses à nous occuper ! En tant que membre de la Racine, tu dois bien savoir qu’il faut parfois prendre des risques pour préserver le village. Tsumei, lui, l’a fait pour préserver l’alliance entre nos villages que Seitô a mis en péril par pur caprice.

Meia qui commence à devenir vulgaire ? Plus que son masque de neutralité, c’est la politesse légendaire de Meia qui se voit affecté. Il faut qu’elle en finisse au plus vite car si son expression de neutralité venait à disparaître…

- Pour terminer, les habitants me connaissent très bien pour la plupart. Ils savent comment je suis et comment je procède. Je suis Jônin depuis la création de Konoha et j’ai toujours agi en bien pour le village. Même si je ne suis pas connu en dehors du village, dans Konoha par contre, ils savent que je considère tous les habitants comme mes enfants et seront donc en soi rassurés… Si Onpu me choisit, je ne me fais pas de souci concernant la confiance qu’ils m’accorderont. Je devrais juste me montrer plus qu’à la hauteur de leurs attentes qu’ils auront placées assurément haut.

Se levant de sa chaise, elle commence légèrement à trembler…

- Sur ce, vous m’excuserez mais j’ai vraiment besoin de prendre l’air. J’ai dit tout ce que j’avais à dire donc je vous laisse débattre et conclure.

Sans même chercher à avoir des réponses, elle se dirige vers la porte de sortie d’un pas nullement rassuré. Seulement, elle connecte brièvement son esprit à celui d’Iji pour lui faire part d’un seul et unique mot. Une seule chose qu’elle aimerait dire à tous les Yamanaka encore en vie.

Pardon.

Posant sa main sur la poignée, elle se retourne légèrement pour faire face au regard de Miko une dernière fois. Un regard emplit de haine, de froideur et de colère est alors dévoilé à tous les membres de la Racine. Son masque de froideur est enfin tombé.

- Et ne vous avisez plus jamais de dire que ce monstre est ma fille… ou je vous jure que vous verrez une facette de moi jusqu'alors inconnu… Cette pétasse borgne n’est à mes yeux que ma prochaine victime !

Une erreur qui pourrait leur faire rencontrer la meurtrière qu’elle peut être face aux ennemis du village. Cette femme rousse qui, lors des dernières guerres a fait preuve d’un sadisme et d’une cruauté légendaire face à tous ceux osant s’en prendre à ses enfants que sont les habitants de Konoha.

Sortant de la pièce pour regagner le couloir, le corps entier de la dame se met à trembler comme une feuille. Tant bien que mal, elle se dirige le plus rapidement possible sur le toit du palais de l’Hokage. Face à cette vue sur le village entier, elle tombe à genoux dans un élan de désespoir. Pour seul témoin le vide, elle éclate en sanglots sans se retenir. Sa vie n’est-elle programmée que pour être rempli de désespoir… ? Voilà ce qu’elle se demande en ce moment même. Qu’a-t-elle bien pu faire pour mériter tant… Elle ne le sait pas, elle ne le comprend pas. Encore et toujours seule, elle peut enfin laisser ses sentiments éclater. À croire que la Dame n’encaisse pas aussi bien les mauvaises nouvelles que l’on croyait. Elle reste humaine après tout.

« Pas un ennemi ? » répéta Natsuki suite aux mots de Onpu.

Un sourire aussi faux que cruel étira ses lèvres dans un mouvement qu'elles n'avaient plus l'habitude de faire.

« Merveilleux. Je suis ravis d'apprendre que si l'envie me prends de raser un quartier ou deux peuplés uniquement d'innocents civils, je ne serai pas considéré comme un ennemi à proprement parlé, et que je pourrai tranquillement déménager sans avoir à m'inquiéter que les shinobis bien disciplinés de Konoha me poursuivent. »

A part définir un ordre de menaces prioritaires, à quoi serait-ils tous avancés de savoir ce que Seïto avait à l'esprit, quand l'on savait déjà ce qu'il avait sur les mains : le sang de beaucoup de civils de Konoha. Natsuki était le cas parfaitement inverse. Une personne à cette table savait déjà ce qu'il avait en tête, et une autre s'en souvenait peut-être. Pour autant, le Nara tatoué ne déplorait pas encore de victimes inutiles à son macabre palmarès. Il ne se le pardonnerait pas. Il en sera de même pour le Sabakyo : pas de vengeance, rien de personnel, seulement un exemple à faire pour rappeler que l'on ne s'attaque pas à Konoha sans conséquence. Le Village de la Feuille ne savait que riposter, mais il le faisait très bien.

Des idées défilèrent, des propositions se firent, le ton monta. Une réunion habituelle. Évidemment, c'était facile de démonter le raisonnement d'On' lorsque l'on n'était pas celui à la tête d'un Village, chargé de prendre les décisions et surtout, d'en assumer les conséquences. Indubitablement, la question de changement de chef – par interim toujours – fut soulevée. Meïa cita sa liste de candidats, curieusement tous présents dans la salle, et Miko les ponctua chacun de son petit commentaire fleurit. Natsuki fut particulièrement flatté d'avoir droit à la plus longue tirade, à laquelle il répondit d'un haussement d'épaule.

« Mon cancer de la prostate se soigne plutôt bien, je peux rester assit plus longtemps maintenant. Probablement suffisamment pour être capable de remplir toute la paperasse que l'on me filera avec le job. Néanmoins, à moins de chercher à vouloir absolument couler le Village, je vous déconseille de me renominer au poste de Régent. Car contrairement à ce que vous pensez Miko, je suis intimement persuadé d'être le pire parmi nous pour l'assurer. Le mois que j'ai fait en tant qu'Intendant m'a suffit pour m'en convaincre. »

Sa tête bascula vers le Luthier.

« Et puis, Onpu n'est pas un si mauvais Kage que cela. Pour reprendre ses mots ainsi que l'idée de Miko, il a tout comme Seitô fait du bon travail dans l'intérêt du Village par le passé. Ce serait trop facile de lui jeter la pierre maintenant, pour une petite erreur de jugement. »

Autoriser Meteora à se promener dans les rues avec une laisse que n'importe quel gosse en bas-âge pouvait retirer en était aussi une minime, non ?

« Il en souffre comme nous, mais continue d'assurer de son mieux. C'est aussi pourquoi nous sommes ici non ? Pour apporter un peu de noir et d'écarlate au filtre rose qui embrume ses yeux. »

Il soupira.

« A quoi bon choisir de toute façon ? Si l'on ne fait rien, ce sera Kumo qui dirigera bientôt. Alors oui, j'entends bien qu'il faut prioriser les menaces qui nous pèsent sur le coin de la figure, mais il faut aussi agir en conséquence. Parce que concrètement, contre les Furyou, l'on ne fait plus grand chose à part ramener de temps à autre la tête d'un Serviteur – sans offense Meïa -, et avec Kumo, l'on se prépare à subir une collaboration. Donc peu importe ce que l'on va faire, il va falloir que l'on se décide à le faire. Soit gérer les plus gros problèmes invisibles d'abord, et laisser les plus petits mûrir – sans savoir s'ils seront un jour à nouveau une menace ou non – ou au contraire, se retirer de suite les épines du pieds, et laisser les gangrènes que l'on a plus haut vivre leur vie encore un peu. Quitte à devoir se faire amputer d'un bras, manche longue ou courte fait une différence ? »

Réfléchir à ce que l'on fera de Psycho Mantis sera plus simple lorsqu'il sera enchainé et pendu par les pieds dans une geôle, ou tout simplement mort : chacun aura le temps d'y penser, temps que personne n'avait pour le moment...

Du dialogue encore, des faits, des projets, et puis enfin la petite bombe que l'on gardait spécialement pour Meïa. Ce fut Iji qui se chargea de lui annoncer les conséquences de la petite escapade de Natsumi et de son grand-père. Lui qui en avait bavé, ce n'était pas peut-être pas terrible de lui laisser ce sale boulot, mais quelque part, c'était probablement une question de fierté en tant que Yamanaka. Chaque shinobis de la Feuille devait être capable d'encaisser pareil, stoïquement, et de rebondir sans se laisser influencer par ses émotions.

Et à cela, Natsuki aurait pu applaudir la performance de la Dame de Konoha. Il croyait se voir lui-même lorsqu'il entrait dans son état de combat, qui le transformait en une coquille sans âme, sans sentiment, sans pensée parasite, sans hésitation. Un pantin que des cordes faisaient danser. Mais ici, il n'était pas question de tuer, simplement survivre. Meïa y parviendra-t-elle, ou la nouvelle la transformera elle aussi en un monstre avide de vengeance ? Restera-t-elle celle qu'elle a toujours été, ou laissera-t-elle la haine et le désespoir tronquer à terme son raisonnement ? Triste était d'avouer que l'on n'avait ni le temps de pleurer les morts, ni son sort : seulement savoir si elle sera encore capable d'exécuter ce que le Village attendait d'elle.

De savoir si chacun des membres présents à cette table le pouvait aussi.

« Hum... » lâcha-t-il suite au silence laissé par le départ de Meïa. « Je vote pour garder Onpu à sa place. Il a perdu la confiance du peuple ingrat, c'est à lui de la regagner. Laisser un autre accomplir le boulot qu'il devrait faire lui-même n'arrangera rien, bien au contraire. Et entre nous, je le préfère lui avec sa politique de paix à n'importe quel autre Kage aux besoins de conquêtes surdimensionnés. Quant à ce que nous devons décider... bien... Les Furyou se font discrets, et pour les deux Villages et le Shukaï, le comportement à adopter est encore incertain. Autant déployer une partie du peu de force qu'il nous reste contre le Shoraizen. Je me suis chargé de transmettre personnellement mes amitiés à Koheï Hyô, et je suis certain qu'il a fait passer le message au reste de leur petite bande. Et si, ou plutôt lorsque l'on se retrouvera avec un problème plus présent sur les bras, il suffira que l'on rappelle tout ceux qui ne se sont pas fait tuer pendant la croisade. »

Des vies d'hommes et de femmes déployées comme des pions. Pouvait-on se permettre de penser autrement avec des soldats ayant juré leur existence à la défense de Konoha ? Bien sûr que chacun d'entre eux était précieux, non pas seulement en tant que ninja, mais aussi et surtout comme humain. Néanmoins, personne ne pouvait nier que les missions à venir en mèneront certains à la mort. Le tout était de déterminer si cela en vaudra ou non la peine.

Seitô méritait-il que l'on envoie plus de personnes se faire tuer pour sa tête, ou fallait-il attendre qu'il mette fin l'histoire de beaucoup d'autres encore pour se décider à agir ?

A ce point de la réunion, Onpu en était réduit à regarder droit devant lui, accoudé à son bureau, une main masquant sa bouche cousue.
Aki était dubitatif, lui et son chien commençaient à sentait le poids des « princess teeth » dans leur ventre, et la saveur écœurante de leurs colorants au fond du palais.
Quant à Maïka, elle se pinçait le visage, plus adossée au mur que jamais.

Meïa était partie.

- Natsuki... tu es un jônin spécial du village, si tu veux lancer des forces à la poursuite de Seitô, ton grade public t'en donne la possibilité. Mais là, c'est une réunion Racine, donc on cause des projets Racine.

Son regard rejoignit celui de la plus sombre et courageuse du groupe.

- Mandibule, si tu te sens prête pour infiltrer le Shôraizen, tu as mon soutien. C'est courageux de ta part, mais il va falloir que tu sois prudente. Sers-toi bien dans le coffre fort avant de partir.

- … Désolé de rebondir sur un sujet qui n'a rien à voir, se permit Aki, mais tout le monde semble accepter que les Furyou se fassent discrets. Je suis le seul à trouver ça louche ? L'un d'eux possède des capacités de camouflage qui dépassent tout ce dont les meilleurs senseurs du continent ont jamais été capable, la discrétion est leur cœur de métier. Les prédateurs sans odeur sont les plus dangereux.

- Tout à fait. Et à part devenir parano, on peut difficilement y faire quelque chose. Comme l'a dit Natsuki, ils nous laissent une marge de manœuvre pour s'occuper de soucis internes, alors on va pas cracher dessus.

Le Rokudaime était trop silencieux. Elle se tourna vers lui.

- On' ? Quelque chose à ajouter ?

Pas un mot.

- L'infiltration de Miko ? L'indifférence prudente par rapport aux Furyous ? Tu valides tout ça ?

- C'est plus moi le chef Racine, fit-il finalement d'une voix à peine audible. J'ai pas mon mot à dire.

Elle se sentit tressaillir. Tant d'efforts et temps passés à le remettre à jour pour en arriver là ?

- … Qu'est-ce qu'il y a ? T'as un problème ? Meïa t'a convaincu, tu veux passer le flambeau, c'est ça ? Parce que si c'est le cas, c'était pas la peine de t'embêter à revenir au village, ni de compter sur moi pour te rappeler tout ce qu'il t'était arrivé pendant les dernières années, tu pouvais aussi bien rentrer dans ton trou à rat au pays du riz et monter ton business de troubadour là-bas. C'est jamais trop tard pour ça.

On' la regarda avec de grands yeux, pendant un instant elle crut presque y voir le reflet d'un sanglot sur le départ. Elle savait qu'elle avait prononcé des mots durs à entendre, mais elle savait aussi que son message était passé. Aussi brutal et acide qu'était son discours, s'il y avait quelqu'un qui avait toujours cru en Onpu, c'était elle.

Là-dessus, l'Hokage se leva et fit mine de prendre la porte.

- On peut savoir où tu vas ?

- Réfléchir.

C'était un mensonge. Il allait s'entraîner.

Lorsqu'il fut parti, Maïka eut un très long soupir, et s'éclipsa à son tour.

HRP: