L'univers est une expansion de vide dans lequel vivent des étoiles, vivantes ou mortes. Ce qui est fatal avec la conception d'univers c'est qu'il a eu une naissance et que, comme toutes choses qui existent en ce monde, il aura une fin. Indéniablement, un jour lointain, toutes les étoiles tomberont, fautes de combustibles et ne brilleront plus. L'univers tout entier sera plongé dans un chaos total et ce qu'on s'est appliqué à appeler « Lumière » sera balayé par la force universelle. Tout ce que l'on connaît maintenant, n'aura donc plus aucune légitimité dans des milliards d'années. C'est une chose que très peu de personnes intègrent et comprennent. Moi, je l'ai compris très tôt parce que mes récentes expériences m'ont prouvé cette théorie. Il semblerait qu'il y ait un lien entre ce qui se passe sur Terre, chez nous les Shinobis et ce qui se passe dans l'Univers. Nous serions liés comme si à chaque séparation, une étoile s'éteignait.

Nous sommes en octobre et le désert de Suna semble s'être légèrement refroidit. En réalité, c'est le ciel qui était couvert, mais pas assez menaçant pour proposer la première pluie depuis des années. On frôlait donc les 20°C au soleil, une grande première depuis les dix dernières années. Je me suis promené pour l'occasion toute la journée en pantalon - habit très peu de coutume dans le village de Sable - et j'avais enfilé mes lunettes pour reposer mes yeux du soleil. Cela me fascinait qu'un astre aussi lointain puisse à ce point provoquer des dommages si importants sur l'être humain. Bientôt, je ferais des expériences sur les lois d'interactions entre humain et astre, je suis persuadé qu'il y a un lien aussi.
Quand arrive midi moins-le-quart, je me presse dans une ruelle afin de pouvoir trouver une table sur laquelle je déjeunerai, mais manque de chance, aucune n'était libre. Je fis le choix alors de ne pas manger avant de rentrer chez moi, une bonne vingtaine de minutes si l'on comptait le détour que je ferai par le petit spot que j'avais trouvé la veille.
Je m'y dirigeai donc. Il était situé tout près des portes. Je m'y pressai même. Le temps m'était compté parce qu'après midi moins-dix ce serait trop tard. Trop tard pour pouvoir à nouveau observer ce phénomène. J'y arrivai enfin. Je pris mes deux-trois cailloux que j'avais laissé et les disposais comme la vieille. Je fis ensuite quelque signe et insuffla de mon chakra dans le sol pour me tenir immobile et bien droit. Je fermai les yeux et me concentrais. Je devais être capable de pouvoir discerner ce moment à nouveau.
Finalement, il apparut. Aussi soudain et bref, mais il était bien là, devant mes yeux. C'était possible parce que je m'étais concentré. Une grosse bouffée de chaleur s'empara de moi et l'astre devant mes yeux commença à rougir. Bientôt, il devint de plus en plus bleu et il disparu à l'oeil nu. Ensuite, le silence pendant une milliseconde et enfin, un tremblement, pire, un vacarme de Dieu. Une grosse explosion de lumière et puis plus rien le chaos. Le silence à nouveau et le vide. Comme la veille, plus rien ne pouvait être discerné au sein de ce noir terrifiant. Comme si nous étions endormi, mais que nous étions conscients. Comme si nous étions au purgatoire avant de rejoindre les cieux, comme si nous étions punis de toute lumière, peu importe sa forme.

Lorsque je pris la première à droite, je compris alors le sens de toutes choses. Le lien entre astre et humain venait à nouveau d'être prouvé. Ma théorie était vrai et je pourrais le prouver au monde entier. Je courus en direction de ma porte, mais au moment d'en franchir son pas, je pris conscience. Ces vêtements, ce mot, ces pleurs ... C'était à lui. Cela revenait à lui, cet homme qui tout au long de notre enfance nous avait accompagné. A nouveau, la solitude et le manque s'emparait de mon être.

Il était mort.

Tossen avait quitté le commun des vivants. Il n'était plus que poussières et était repartit poussières. Sans pour autant extrapoler, cet homme avait construit la moitié de mon être. Il avait participé au développement de mon savoir-vivre et de mon savoir-être et c'est lui qui avait fait de moi un homme précoce. J'avais torturé pour la première fois avec lui et pour la dernière fois aussi. Il était comme le père que j'avais toujours voulu et c'est lui qui m'avait poussé à faire mes expériences. C'est lui qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Mais toutes ces choses, tous ces moments passés ensemble sont désormais révolus. Ils ne sont plus qu'un douloureux souvenir qui me hantera toute ma vie dans les nuits chaudes de mon pays.

Aujourd'hui est le déclenchement d'une révolution en moins. Il est le déclencheur exact de tous mes changements. Il est celui qui fera de moi ce que je serai. Il me terminera comme son oeuvre la plus aboutie. Il me fera à son image et je serai son image, à tel point que dans mon reflet, je me verrais lui plutôt que moi.

Les mots s'embrouillèrent dans ma tête et les pensées également. Tout se mêlait et s'entremêlait. Qui étais-je et pourquoi j'existais ? Quels étaient désormais mes objectifs, comment le monde pouvait se passer d'un être si facilement ? Si je venais à mourir, aurait-il autant de facilité à me remplacer ?

J'avais fait demi-tour et je me trouvais vers le petit oasis où les amoureux se cachaient pour se donner de l'amour. J'étais au-dessus du petit lac et je me voyais. Je le voyais. Je nous voyais. Qui étions nous désormais ? Je suis ... Ai... Tossen ! Je suis Tossen ! JE SUIS TOSSEN !

Pendant une bonne dizaine de minutes, le jeune Kurusawa cria de toutes ses forces qui il était réellement. A nouveau, il s'était perdu dans les méandres de sa folie et il n'était plus qu'une silhouette de soi-même. Il ne faisait plus qu'un entre eux. L'oncle et le neveu n'étaient plus qu'une seule personne, ils avaient fusionné comme si leurs âmes étaient vouées à rester lier. Aishuu frappa dans l'eau comme pour briser le reflet et dans les vagues qui se calmaient, on ne voyait à présent plus que le visage de Tossen, l'oncle des Kurusawa. Il se leva ensuite et pris la direction de sa maison. Sur le passage, il changea de démarche, modifia son allure, se redressa sur ses jambes pour être droit. On ne voyait plus Aishuu, mais Tossen Kurusawa, l'oncle mafieux de la famille. Bientôt, il menaça des passants qui le fixait un peu trop.



Désormais, l'esprit innocent et gai d'Aishuu semblait s'être perdu. En perdant cet être cher, il s'était perdu lui-même. Et bien plus chère que son identité, il perdait également ce qui lui semblait représenter le plus la « famille ». Son frère, bien sûr qu'il était de sa famille, mais lui c'était son rival. Il ne lui dirait rien, parce que pour lui, Tossen n'était pas mort. Pour lui, Tossen venait de revivre en lui.