Celui qui fera abattre la sentence de la Feuille. Fais tes prières !

Une voix. Une simple voix, ayant titillé toute mon attention. Observant les alentours avec attention, tous mes sens étaient en alerte. Sans aucun mal, je décelai l’origine, et surtout la position de cette voix.

Deux hommes étaient là. Ou plutôt, un homme et un enfant. Cet enfant… oui, il est des nôtres. Il nous a suivi, il fait parti de ceux qui ont rejoint les rangs du Shôraizen, il y a peu. Nous venons d’assister à a réunion d’inauguration officielle de l’organisation, où chacun des membres s’est vu obtenir le sceau, attestant son appartenance à notre groupe. Cette marque, il la possédait également, tout comme moi, et tout comme les autres. Il était désormais un frère, avec qui nous partageons des idéaux similaires. Il était donc hors de question que je le laisse ainsi, dans une situation aussi délicate que celle-la.

L’autre ? Un Konohajin, qui s’apprêtait à commettre l’irréparable. La sentence de la Feuille, comme il l’appelait. Un bête ninja, voulant éliminer l’un des déserteurs. Pas de pitié, pas de recul. Non. Juste un bandeau, et un ordre. Non, ça ne se passera pas comme ça.

Discrètement, je suivais le long de la rivière, menant jusqu’aux cascades, complètement devenu imperceptible à l’oeil nu, grâce à mes tout nouveaux dons sensoriels. Invisible, je me faufilais derrière ma cible : ce Konohajin, qui attentait à la vie de cet enfant. Un kunai se plaça sous sa gorge, menaçant, alors que je recouvrais ma visibilité, pour lâcher les derniers mots qu’il entendrait de sa vie…

La Feuille n’est pas assez puissante pour appliquer une quelconque sentence…

Mon poing se serra autour du manche du kunai.

Démonstration.

La lame de mon arme lui taillada alors avec précision la gorge, le laissant mourir à petit feu, les marguerites baignant maintenant dans un bain d’un sang des plus impurs.

Marchant à côté de ce corps, bientôt inerte pour l’éternité, je m’approchais de l’enfant, m’abaissant légèrement à son niveau.

Tu vas bien ?

Il était question de m’assurer que je ne sois pas arrivé un peu trop tard.

Le coin est dangereux, nous ne sommes plus les bienvenus ici.

Je pense qu’il avait déjà compris, après ce qu’il s’est passé. Néanmoins, il ne devait pas penser que je suis un ennemi. Contrairement à Konoha, je ne lui voulais absolument aucun mal. Bien au contraire après tout. Il a déserté le village, et nous suit depuis le début des opérations. Il a prit des risques pour suivre notre cause, et il pouvait en être fier. Il n’était donc pas question de le laisser en danger, comme ça.

Je regardais donc cet enfant, aux cheveux bruns, et au masque à gaz sur son faciès. Vu ainsi, il me rappelait curieusement Seitô, notamment au niveau de son masque. Bien sûr, en plus jeune, et plus chétif. Il serait aussi de son clan donc ? Possible, qui sait.

Je suis, tout comme toi, un membre du Shôraizen. Mon nom est Hyô Kôhei, le Nezumi. Et toi ? Ton nom ?

Avait-il le droit d'être ici ? Ce n'était pas le genre de question que se posait Natsuki dans l'instant : il avait prit sa décision depuis longtemps. Et il avait flairé un gros poisson. Une variété unique nommée Hyo Koheï. Dissimulé près de la cascade, il n'avait plus qu'à lancer son hameçon. Encore fallait-il qu'il soit capable d'en remonter ensuite la ligne... Mais il avait fait une erreur par le passé, il devait en réparer maintenant les conséquences.

L'affaire de Seitô Sabakyo avait levé un sacré vent de chaos dans Konoha, et vu la situation actuelle, ce n'était pas ce dont le Village de la Feuille avait le plus besoin. Le concerné avait d'ailleurs invité chacun à réfléchir à sa situation au sein du Village, et à rejoindre son organisation nommée le Shoraizen. Ceux qui voulaient le chasser étaient libre de le faire de leur plein gré, indépendamment de la volonté ou des ordres du Hokage. Comme s'il avait le pouvoir de choisir pour la nation qu'il venait de déserter... Mais en effet, la question était restée en suspend. Que faire ? Pour Natsuki, le temps de réflexion était terminée, et la conclusion déjà pliée.

Il est dit qu'un homme qui entreprend quelque chose a contre lui ceux qui veulent faire la même chose, ceux qui visent le contraire, et les plus sévères d'entre tous : ceux qui ne font rien. Le péché de Natsuki avait été d'appartenir à la pire de ces catégories : la dernière. Durant l'incident à l'origine de tout, le massacre au Temple du Feu, il s'était contenté de partir, laissant Seitô gérer seul l'arrestation du duo de Seki. L'Histoire aurait prit un autre tournant s'il était resté, mais pleurer sur le passé ne changeait rien à l'avenir : il devait regarder le futur. Et le futur, c'était l'élimination du Shoraizen, en l'étouffant lentement par la suppression de ses membres clefs. Autant dire que l'ancien chef du clan Hyô était une cible de choix, lui qui était le disciple du traitre et la figure de proue des Utilisateurs d'Encre en fuite.

En son nom de Hokage, Onpu aurait-il accepté la chasse de Natsuki à titre de rédemption ? Aurait-il mieux valut y aller en solitaire ou en équipe ? Toutes ces questions n'avaient plus de sens maintenant, car sous le prétexte noble du Nara tatoué se cachaient les pulsions qui le dévoraient. Un besoin inextinguible de violence, de sang et de destruction qu'il devait tenter d'apaiser. Koheï et le apparemment prénommé Keitarô ne seront au final qu'un moyen d'y parvenir.

Joindre l'utile à l'agréable n'était pas l'expression la plus adaptée, tant Natsuki se répugnait de son propre comportement, mais c'était ainsi : il devait le faire, point final. Et il en avait assez vu comme entendu. Ils étaient arrivés trop tard pour empêcher la mort d'un Konohajin, mais pas encore assez pour ne pas les arrêter. Il était temps de se lancer.

Jaillissant hors de sa planque près de la cascade, Natsuki se réceptionna en un sunshui à quelques mètres seulement des deux nouveaux nukenin. Les yeux éteint, il les dévisagea de son expression vide de vie. Plus d'hésitation ni de doute, il venait de tuer chacun de ses émotions pour ne laisser place qu'à une seule pensée : son objectif. Rien pour dévier son poing ni entraver sa volonté, il ne comptait que deux issus possible à cette rencontre : l'arrestation ou la mort des traitres. Et quoi que l'on en dise, il n'admettra jamais que son sang brûlait tout particulièrement pour la deuxième option.

« Un seul avertissement. Rendez-vous, ou je vous y contraints. » lâcha-t-il d'une voix qui fit chuter la température de plusieurs degrés.

Mais quel imbécile accepterait de se rendre de la sorte ? Rien de bon ne les attendaient à Konoha, mais Natsuki leur souhaitait de ne pas découvrir que bien pire leur était réservé ici.

Du moins, il l'aurait fait s'il n'avait pas déjà revêtu son masque de mort.

Sabakyô Keitarô donc. Tel était son nom. Ainsi, ma supposition, quant à son appartenance à ce clan s’était avérée exacte. Il ne semblait d’ailleurs pas très bien, encore transpirant à son réveil.

C’est bon, c’est terminé. Va, maintenant ; tu as sûrement mieux à faire.

Ou pas. Partir tout de suite n’était peut-être pas une possibilité qui nous était offerte. Oui, un homme nous avait rejoint. Une bien plus grosse pointure que le minable gisant au sol. Et sa tête ne m’était forcément pas inconnue. Voire même, pas du tout. Nara Natsuki. Le voir ici ne m’enchantait guère, autant le dire...

Se rendre, ou y être contraint ? Évidemment, il n’était pas ici pour nous taper la causette. Bien au contraire. Il souhaitait nous taper tout court, et sûrement nous ramener à Konoha. Il en était hors de question. Se battre contre lui donc ? Une proposition alléchante… mais il n’était pas question de céder à cette tentation là. Non, se battre n’était pas vraiment raisonnable, du moins, pas maintenant. Il est clair que j’aurais aimé me frotter à lui, pour me tester, mais le contexte actuel ne me le permettait guère. C’était trop tard. Ou au contraire, encore trop tôt. Il s’est dressé face à moi, au bien mauvais moment.

Mes sens en alerte, mon corps devint en symbiose avec la nature, et tout l’environnement autour de moi. Rien ne pouvait plus m’échapper. En un seul instant, et en restant le plus naturel que possible, mes sens étaient poussés à leur paroxysme. J’étais prêt à tout. Il ne fallait rien laisser au hasard : si je voulais réussir mon coup, je devais prendre énormément de précautions. Dont celle-ci… ainsi que les suivantes.

Je n’aime pas ça. Tout donner d’entrée de jeu n’est pas une chose que j’affectionne particulièrement, mais la situation ne me laissait pas réellement la possibilité d’agir autrement. L’ennui était le petit. S’il n’était pas là, j’aurais pu adopter un plan bien plus simple, et peut-être même plus efficace, et sécurisé. Là l’ennui, c’est que son niveau ne me permettait pas de le qualifier comme étant un atout. Il risquait bien de me gêner plus qu’autre chose. Le Nara était bien loin d’être docile, et simple à abattre. Son niveau était sûrement supérieur au mien… il n’était clairement pas à sous-estimer. D’où l’intérêt d’agir ainsi.

Il pouvait s’estimer heureux. Oui, heureux d’être la première personne à voir cette technique. Sans perdre un seul instant, je jouais la carte de la puissance destructrice de mon art. Le loup éternel, l’aboutissement actuel de mon art. Ma création la plus puissante… qui représentait une menace éternelle, dont on ne pouvait que difficilement s’en défaire. Le loup une fois sur le terrain, occupait un grand espace. Les pattes de celui-ci étant posés au sol, les jambes fléchies, prêtes à se tendre pour faire bondir la bête, dans un hurlement bestial et sanguinaire. Le loup éternel était sans pitié.

Admire.

Une fois invoqué, j'enchaînais immédiatement, attrapant d’une poigne de fer le Sabakyô, le gardant sous mon bras. Une seconde invocation, bien moins prestigieuse fit son apparition. Un oiseau qui apparut sous mes pieds, et qui s’envolait vers d’autres horizons, emportant avec moi le jeune déserteur. Avec ça, j’allais pouvoir m’échapper, tandis que Natsuki aurait à faire à ma bête.

C’est peut-être bête de rater une occasion pareille, mais il n’était pas question de prendre un tel risque dès maintenant. Tout était encore trop récent. Mais en tout cas, si cette opération aboutit, et que je parviens à m’enfuir, le Nara pouvait être sûr que ce n’était que partie remise. Il était nécessaire de fuir face à lui, il n'y avait aucune autre alternative possible, sans trop risquer gros. Je ne comptais pas connaître la défaite, quitte à la fuir. Mais un jour ou l'autre, ce combat se terminera. En attendant, j'ai bien fait de m'échapper, me dirigeant vers un coin plus sûr, avant de partir pour de bon vers Kaze no Kuni.

Résumé: