------

Année 5, Automne.
Pays de la Neige.

Le froid était déjà difficilement supportable en cette période de l'année au Pays de la Neige. Le blanc du paysage était magnifique et les montagnes au loin ne pouvaient que donner envie de se prélasser autour d'une cheminée. La plupart des habitations de ce pays en était d'ailleurs équipée et on pouvait ainsi savoir lorsqu'on se trouvait à proximité d'un village en suivant le nombre de petites colonnes de fumée légèrement noircies par le bois qu'un feu consumait lentement. La neige ne tombait pas encore et l'après-midi était plutôt ensoleillée, seul le vent se faisait sentir apportant avec un lui une vague de froid.
Un éternuement particulièrement sonore se fit soudain entendre. L'étrange bruit d'origine humaine venait d'un des nombreux quais de la ville portuaire de Dhartsedo, l'une des plus développées du pays et qui prospérait malgré tout. L'individu qui venait d'éternuer n'était nul autre que Sensoo Kiru, un Kirijin bien réputé qui avait décidé du jour au lendemain de s'effacer un peu de l'administration du village caché de la Brume. L'homme était opposé à la guerre et à la violence gratuite et c'était d'ailleurs ce qui l'avait poussé à s'éloigner du village qu'il aimait tant. Ses relations avec le Nidaime et le Régent actuel lui avaient permis ce retrait sans conséquences. De plus, son ancien poste de Chef Épéiste lui avait valu quelques avantages à sa retraite très anticipé de sa carrière de shinobi. Il en était ainsi, le sabreur de légende et maître forgeron avait quitté Kiri voilà neuf mois déjà. Bien sûr, il avait gardé d'étroits contacts avec les autorités principales, évitant d'être reconnu comme un déserteur, ce qu'il n'aurait probablement pas supporté. L'homme s'aventurait ainsi sur le territoire de son village qui s'était considérablement étendu après la prise de ce pays enneigé. Encore une fois, il avait été contre cette conquête et s'était abstenu de toute participation armée. Kiru avait simplement vu au loin le spectacle, si on pouvait le nommer ainsi...
Un nouvel éternuement de sa part suivi d'un juron propre au forgeron rompit le bref moment de silence qui s'était installé dans la conversation qu'il avait entamé avec deux individus, apparemment shinobis.

Kiru, reniflant : « … désolé... Et donc je disais que le mec me regarde droit dans les yeux et sort un truc du genre : elle chauffe ta lame ! »

Un éclat de rire suivi ce qui semblait la fin d'une histoire assez drôle. Toujours hilare, Kiru retrouva son visage sérieux lorsqu'il vit arriver un messager, parchemin en main. Il fronçait les sourcils et avança vers l'individu lorsqu'il fut assez près pour lui donner personnellement le papier.

Kiru : « Je croyais avoir été clair avec l'autre messager en disant que je ne voulais plus... »
Messager, l'interrompant : « Pardon Kiru-sama. Vous êtes à priori le seul shinobi dans la zone à pouvoir vous en occuper. »

Interloqué, le sabreur sembla d'abord mécontent d'avoir été ainsi coupé en pleine phrase mais il se résigna à prendre l'ordre de mission que lui tendait l'homme qui lui faisait face. Il le lut rapidement et fini par faire un geste de la main pour signaler au messager qu'il pouvait disposer et qu'il prenait les choses en main.

Kiru : « Dîtes-lui que c'est la dernière en ce qui me concerne. »

Cette phrase étrange avait été destiné au messager qui s'avançait vers les quais. Celui-ci leva un pouce en l'air pour affirmer qu'il transmettrai ce message au concerné. En fait, Kiru avait depuis longtemps prévu de sortir complètement des administrations Kirijins et il s'était d'ailleurs entendu avec les autorités et le Régent pour rester encore un peu à sur le territoire de la Brume afin de fournir de l'aide si besoin.
Il se concentra enfin sur ce qu'on venait de lui confier et se félicita intérieurement d'avoir été contre cette idée de conquête au départ. Les problèmes commençaient déjà et c'était avec peu d'étonnement que l'homme au sabre noir commença sa petite réflexion sur la mission. D'après ce qu'il savait, la plupart des conflits relevant d'une possible rébellion se situerait aux alentours de la ville de Lhoka, soit à une centaine de kilomètres de sa position s'il passait par la mer, le double par la voie terrestre. Le jeune homme ne prit pas immédiatement de décision et choisit plutôt d'envoyer à son tour un messager en demandant un soutien humain dans cette histoire. Le sabreur aimait effectuer ses missions avec les jeunes recrues du village pour pouvoir les observer sur le terrain et apprécier leurs éventuels capacités pour le bien du village. En effet, même s'il était sur le point de se faire oublier pour de bon, il aimait profondément Kiri et était presque triste de ce qu'on en avait fait.
Ainsi, le message partit rapidement et Kiru envoya de simples éclaireurs sur place pour le tenir informé de l'évolution de la possible révolte en attendant l'arrivée de l'appui demandé. Les hommes envoyés sur place n'avait aucune réelle capacité au combat, il s'agissait plus de civils que de soldats mais leur statut leur permettrait justement de mieux passer inaperçu.

Toujours dans un lieu réservé aux Kirijins présent sur le territoire du Pays de la Neige non loin des quais, le sabreur qu'était Kiru vit arriver un navire assez tôt dans la matinée. Celui-ci devait normalement ramener à son bord le support demandé. Il s'habilla rapidement pour l'extérieur sortant ainsi son habituel manteau long et sombre muni d'une capuche qu'il avait décidé de ne pas mettre pour le moment. Une spalière de métal était visible sur son épaule droite avec les quatre vagues représentant le village caché de la Brume, il s'agissait du traditionnel bandeau frontal revisité à la façon d'un forgeron. Il prit également soin de placer toutes les armes de sa création aux endroits prévus. Ainsi on pouvait compter pas moins de six kunai de formes différentes sur chaque cuisses, en plus des quatre autres présent au niveau de chaque muscle pectoral et encore trois sacoches ninjas à l'arrière de sa ceinture. Sa réputation de forgeron n'était pas usurpée et Kiru se plaisait à se prendre pour une boutique d'arme ambulante. A cet attirail s'ajoutait bien sûr tout ce qui avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui, la lame noire grande de deux mètres bien à l'abri dans son fourreau empêchant à quiconque de découvrir son pouvoir spécial de chaleur.
Une fois prêt, il attendit la personne qui devait l'accompagner et fut ainsi surpris de voir que celle-ci n'hésita pas à s'agenouiller devant lui. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit elle se présenta et demanda ensuite des informations sur la mission en cours. Kiru l'observa quelques secondes. Elle devait être un peu plus jeune que lui, cela ne posait pas de problèmes, il avait appris à ne juger les gens que sur les aptitudes qu'ils montreraient sur le terrain. Il se doutait également qu'elle devait avoir moins de vécu que lui concernant les missions ninjas et encore une fois, il décida de ne pas se formaliser sur de tels détails. Finalement, il sourit... Il était content d'avoir l'opportunité d'observer un autre sabreur un peu moins expérimenté que lui. Pour commencer, il fit un pas en sa direction et parla d'une voix amicale, non sans sérieux toutefois.

Kiru : « Et bien Shonâ-kun, je suis ravi de te rencontrer même si cela aurait pu se faire dans de meilleures conditions. Aller, relève-toi, je ne suis plus qui que ce soit pour Kiri à présent. »

Il rit un peu à la fin de sa tirade... Il était vrai que le jeune sabreur n'avait théoriquement plus aucun pouvoir sur les contrées de la Brume mais certains, à l'image de cette jeune fille ou des quelques hommes qui s'était mis à son service à son arrivée, gardait encore l'image du premier Épéiste qu'il était et qu'il resterait pour toujours. Après tout, seul son rang de Chef de cette unité si spécial avait été abandonné.
Quoiqu'il en fut, Kiru poursuivit bientôt en entrant dans le vif du sujet. Il retira ce qui semblait être une carte des environs d'une poche intérieur de son manteau. Elle lui avait été rapporté dans la nuit où il avait attendu l'arrivée de Shonâ par les quelques hommes qu'il avait envoyé. Il la déplia soigneusement avant de la poser sur une petite table non loin en faisant signe à sa coéquipière du moment de se rapprocher.


Kiru : « Bien... Voici ce qui m'a été rapporté la nuit dernière. - pointant son doigt sur le carré rouge – Voici d'où proviendrait le début des mouvements suspects. C'est dans cette zone qu'une révolte serait en marche. D'après mes informateurs, un groupe belliqueux serait en marche vers la ville Lhoka qu'il nous faut tenir absolument. Elle représente une population conséquente et un avant-poste précieux. Ainsi notre rôle consistera à nous rendre là-bas par la voie maritime. Tu penses pouvoir tenir la route ? C'est environ une centaine de kilomètres à courir sur l'eau... »

Il s'arrêta un moment laissant à Shonâ le temps de répondre à sa question. Kiru avait en effet prévu d'agir au plus vite en se rendant sur la ville pour faire barrage si les faits été avérés. La suite de son plan consistait à remonter vers la zone apparemment attaqué et de régler le conflit une bonne fois pour toutes. Le sabreur reprit rapidement la parole pour terminer ses explications.

Kiru : « Le problème majeur pour cette mission réside dans ces trois marques que tu vois. Elles représentent les camps des rebelles qui pourraient venir en renfort si l'information de notre présence sur les lieux est diffusée. Nous allons donc devoir agir vite et bien. Tout est clair ? Des questions ? »

Le jeune homme s'était redressé et commençait à replier la carte, ils allaient bientôt se mettre en route pour mettre un terme à ses soi-disant agissements dérangeants. Kiru attendait maintenant les interrogations de la genin avant de partir.