Cela faisait pratiquement deux mois qu'Aru avait retrouvé les souvenirs de son enfance qui lui manquaient. Dire que cela avait été un soulagement pour elle de les retrouver, serait un énorme mensonge car malgré le temps et les années qui s'étaient écoulés depuis leur déroulement, la belle flavescente ne parvenait pas à se résigner ni même à laisser de côté cette partie de son passé. Elle avait beau être remplie d'obscurité, cela n'effrayait guère la belle qui y repensait sans cesse. Les souvenirs éblouissants qu'elle avait passé en compagnie de feu Suzuka, qui lui rappelait beaucoup sa véritable mère, vinrent se rajouter à l'écoulement de certains instants de son enfance lorsqu'elle était une Kazunari. Ce qui eut pour effet d'accroître sa mélancolie. Aru ne pouvait plus continuer à sourire encore moins à faire comme si de rien n'était. Chaque jour, elle s'enfonçait encore et toujours dans la noirceur, si tant que rien d'autre autour d'elle n'avait de l'importance, pas même Ren qui était pourtant devenu son confident. Ce dernier la rassurait sur le fait qu'elle n'aurait plus jamais à vivre des situations aussi funestes, étant donné qu'il serait toujours à ses côtés.

Les mots de son compagnon d'armes étaient remarquablement agréables voire émouvants mais hélas ils ne parvinrent guère à toucher le cœur de la belle blonde qui était hors de portée de tout. Un peu de repos, voilà ce que la flavescente désirait désormais. Après avoir été dire au Sozaichi qu'elle avait une affaire urgente et personnelle à régler, la jeune kunoichi alla sommer son père et sa tante qu'elle voulait être un peu seule quelques temps. Elle leur fit ensuite bien comprendre qu'elle ne voulait pas qu'ils la cherchent avant de prendre la route pour l'inconnu. Par la suite, elle erra avec nonchalance durant une bonne semaine avant de se décider à faire halte dans une forêt située non loin du Pays de la cascade, en début de soirée. Voyant que le ciel commençait à s'assombrir, elle se trouva un coin tranquille sous un grand arbre où elle était certaine de pouvoir méditer en toute tranquillité et où elle serait à l'abri si jamais il devait pleuvoir. Ayant l'esprit tourmenté, la belle avait perdu jusqu'à l'appétit, ce qui fait qu'elle ne partit pas à la recherche d'un quelconque dîner. Elle ne craignait pas non plus qu'une bête sauvage ou même des bandits surgissent pour l'attaquer. Autant dire qu'elle était étanche à tout.

Ainsi donc allongée à même l'herbe, la belle qui contemplait le ciel étoilé à travers les feuilles de l'arbre, soupira longuement de lassitude. Depuis son départ inopiné, elle n'avait croisé ni sa tante ni son père. Non pas que cela l'inquiétait trop néanmoins, elle se demandait pour quelle raison aucun d'eux n'était venu à sa rencontre après une semaine. Y repensant, elle ferma légèrement ses yeux et souffla très fort. Elle leur avait dit des mots très durs avant son départ donc il n'était pas impossible qu'ils lui en veuillent. S'ils avaient désormais une telle attitude à son égard, ce serait totalement justifié après tout, ils l'avaient élevés mais n'étaient pas véritablement sa famille. Ils avaient donc le droit de ne pas la comprendre ni même de la considérer comme membre de leur famille. Ils avaient le droit de la rejeter après ce qu'elle avait fait. Se disant que Shin'nosuke et Shizuka lui en voulaient, Aru plaça ses mains autour de son visage pour le cacher. Après cela, la belle qui se haïssait, poussa un cri strident qui transperça l'obscurité et qui pouvait être entendu de loin. Suite à son cri, Aru se redressa, elle se recroquevilla sur elle-même avant d'enfouir sa tête entre ses bras.

La belle flavescente resta longtemps dans sa position à se lamenter jusqu'à entendre un bruissement. Ce dernier l'obligea à se reprendre assez rapidement et à se relever. Méfiante, elle arbora un air hostile, sortit un kunai de sa ceinture et le brandit en direction de l'endroit où elle avait entendu le bruit. Qu'est-ce qui pouvait bien se trouvait de l'autre côté ? Une bête ou un être humain ? La belle n'en avait aucune idée sur le coup et n'étant pas d'humeur à polémiquer, elle ne pouvait pas se fier à ses sens qui lui disaient que le bruit qu'elle avait entendu ne venait pas d'un animal. Étant dépourvue d'angoisse, elle prit la décision d'aller voir ce qui se cachait devant elle après avoir vu que rien ne venait vers elle. Allait-elle au de-là d'un danger ? Sans doute, mais rester de marbre n'était pas non plus judicieux. Au bout de quelques pas, la flavescente sentit une présence quasi oppressante qui l'empêcha d'avancer. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer cela ? La question que se posait la belle ne resta pas en suspens car quelqu'un bondit sur elle, la faisant ainsi tomber au sol. Après le choc, Aru qui sentit une main venir empoigner sa gorge, perdit son kunai. Incapable de se sortir de l'emprise de la personne qui l'étranglait, la flavescente se mit à gigoter dans tous les sens en essayant de faire lâcher prise à la personne dont elle ne distinguait pas clairement le visage.

Chasse.

Une chasse de plus, une nouvelle traque incessante dans les alentours d'un nouveau pays. Elle ne s'arrêtait plus, ne répandant guère que la mort que sur son passage comme un ange vengeur. Sauf qu'elle en était le stricte opposé, une véritable plaie pour les vivants n'offrant aucun repos aux morts saccageant sans merci et distinction villages et populations. Une nouvelle danse macabre dans lequel le balais effectué en valait la peine. Elle se découvrait avec autant de bonheur que de mépris. Ces capacités enfouis en elle depuis si longtemps, des besoins aussi immémoriaux que sans sens et au milieu de tout cela elle. Elle tentait bravement de reprendre le contrôle de son corps, de ne pas laisser les extrêmes profiter de sa faiblesse et de ne pas vaciller lors des actes répréhensibles et sans nom qu'elle commettait. Mais les traces et indices étaient contre elle, les préjugés parleraient tandis qu'encore une fois on effacerait de la scène la principale intéressée. De toute elle n'avait jamais vraiment prétendue à être une actrice de ce monde et de se maitriser. Laisser des pulsions faire le travail à votre place et se cacher derrière le solide abris de sa conscience en retrait. Une retraite voilà à quoi aspirait vraiment la créature tout en se sachant parfaitement incapable de faire juste le premier pas vers une inactivité qui la tuerait probablement plus que toutes les blessures envisageables.

Les feuilles soufflèrent en sa direction apportant un vent nouveau et une longue plainte s'échappa quelque part immédiatement capté par l'ancienne rousse qui cligna des yeux avant de tourner son corps en direction de la source de cette nuisance sonore. Une source produisant un son si particulier n'était pas un quelconque animal et la sabreur s'en douta, son sabre faisant office de lame tourbillonnante et nettoyant avec autant de précision qu'un boucher devant une carcasse de viande encore sanglante et tremblante pour se tailler la meilleur part du butin. Elle avait si faim, mais pas de nourriture, de rencontre et surtout elle manquait et regrettait amèrement la sensation de peur qu'elle produisait chez ses victimes. Leurs incompréhension avant de rendre l'arme à gauche. Et sans aucun doute la manieuse d'os ne manquerait pas d'essayer de raviver cette étincelle de frayeur chez ses prochaines victimes. Et l'aura d'angoisse qu'elle trainait depuis sa transformation ne semblait pas encore bien présente. Los qu’enfin elle se retrouva à bonne distance de la cible elle attendit en maniant ses sens que cette dernière vienne à elle.

Elle lui bondit dessus dès qu'elle fut trop près, lui faisant lacher son arme du moment. Un misérable kunai tout juste bon à effleurer sa peau, qui dit donc avait la prétention de commettre pareil acte envers la monstre qui se trouvait désormais devant lui? Une femme visiblement et plus que physiquement intelligente et qui dans une autre vie aurait probablement finit dans les draps de l'ancienne rousse. Mais plus maintenant et en resserrant son étreinte sur sa nuque elle traina la dite dissidente jusqu'à un point d'eau proche. Une sorte de jeu s'installant alors rapidement tandis qu'elle lachait encore possiblement engourdie sa proie de cette rencontre sans un regard. Sa main droite concentrant la foudre alors qu'un rictus simplement méchant se dessinait sur ses lèvres et que dans une voix aussi prétentieuse et pourtant douce elle ne s'adresse à la désormais nageuse de force.

-Jouons rapidement veux-tu mignonne? Dans ma main j'ai le pouvoir de te faire devenir une bonne grosse escalope ou un toast grillé. Néanmoins ceci n'arrivera pas bien sur? Bien comme tu es très intelligentes et versatile tu vas me dire ce que tu fais ici pendant que tu enlèves tes vétements trempés. Et n'avise pas de tenter la fuite ou de refuser mes demandes. Je ne suis pas patiente.

Un sourire de carnassier tandis qu'elle observait le ciel. Ah une si belle soirée en perspective.

Alors qu'elle tentait désespérément de sortir de l'emprise de son challenger, Aru porta son regard vers ce dernier qui à première tout comme à deuxième vue, n'avait rien d'humain ni même d'animal. Qu'est-ce que cela pouvait-il être ? Un mutant ? En regardant son opposant, la belle ne mit pas longtemps à comprendre que la paralysie dont elle avait été victime quelques instants auparavant était due à l'aura qui émanait de l'inconnu. Croisant le regard assassin de l'étrange individu qui l'étranglait de plus belle, la flavescente sentit un fort courant électrique parcourir l'ensemble de son corps. Autant dire que l'effet de surprise la rendit plus que craintive, l'espace d'un instant, sans compter que la poigne de son adversaire était d'une puissance à couper le souffle. Ce qui mit la demoiselle dans une rage obscure. Elle maudit son manque de force titanesque. Elle qui croyait avoir enfin réussi à avancer au point de pouvoir affronter n'importe quel danger toute seule, voilà qu'elle tombait de haut. Elle se rendait compte qu'elle était encore très loin du compte et qu'elle avait encore besoin de s'entraîner. Scrutant son adversaire, Aru continua à se débattre tout en cherchant un moyen de lui faire lâcher prise en se servant de toute la force en sa possession. Partie pour faire ceci, la belle blonde capitula au moment où elle sentit l'étreinte de son opposant se resserrer au niveau de sa nuque.

Par la suite, la flavescente se fit littéralement maltraiter par son antagoniste qui la traîna jusqu'à un point d'eau se trouvant non loin de là où ils se trouvaient. La flavescente se retrouva totalement trempée. Après ceci, l'individu concentra dans la paume de sa main ce qui semblait être de la foudre. Il s'adressa ensuite de façon très présomptueuse à la flavescente qui respirait de façon irrégulière. Dès lors qu'elle entendit la voix de son adversaire, Aru se rendit compte qu'elle s'était complètement fourvoyée car il ne s'agissait pas d'un homme comme elle l'avait pensé auparavant, au moment où elle l'avait attaquée mais bien d'une femme. La façon suffisante avec laquelle l'étrangère s'adressa à elle, ne plut guère à la belle blonde qui n'était malheureusement pas en position de force. Son interlocutrice lui proposa une sorte de jeu, qui n'était pas à son goût. Elle était vraiment sans gêne celle-là de lui demander de retirer ses vêtements devant elle sans la moindre hésitation. Non mais pour qui elle se prenait de croire que la jeune kunoichi allait gentiment lui obéir comme un mignon petit toutou sans même rechigner ? Elle ne la prenait pas pour une simplette tout de même ? Visiblement si, du moins un tout petit peu. Soupirant légèrement d'harassement, la jeune blonde se dit qu'elle allait finalement prendre son temps et guetter le moment opportun pour renverser la tendance. Elle arbora donc un air placide en défaisant le haut de sa combinaison.

« - Je suis simplement venue ici pour me changer les idées. Tu vas me tuer pour ça ?, demanda-t-elle d'un ton enjoué. Et toi dis-moi qu'est-ce que tu faisais dans ces bois ? Tu cherches à effrayer les pauvres gens qui s'arrêtent ici ? »

Aru termina de retirer sa combinaison qu'elle alla étendre sur une branche se trouvant pas loin. Ce fut ensuite au tour de sa culotte, qu'elle fit doucement glisser jusqu'à ses pieds avant de la prendre pour aller poser à côté de sa combinaison. Il ne faisait pas très chaud en cette soirée, mais tant pis la belle ferait avec les moyens du bord. Après coup, Aru se regarda, elle gigota un peu sur place avant de s'arrêter pour rire. Si on lui avait dit qu'une telle chose allait lui arriver, la flavescente aurait pris cela pour une bêtise. Obligée de se montrer nue devant une femme, jamais elle n'aurait songé que cela pouvait lui arriver. Devant un homme, elle y aurait cru mais pas un être du même sexe qu'elle. Décidément la vie est bien étrange, ne put s'empêcher de se dire la belle en faisant face à l'étrangère.

« - Voilà ! Pourrais-tu me dire ce que tu espères en me faisant me mettre ainsi ? Et puis, avant de me demander de me déshabiller, tu aurais au moins pu avoir l'amabilité d'allumer un feu. Je te signale que si je suis trempée c'est à cause de toi ! »

C'est sur un ton autant de reproche que d'insolence qu'Aru s'adressa à la jeune femme à qui elle faisait face. Comment cette dernière allait-elle réagir par la suite ? Allait-elle la menacer comme précédemment ou allait-elle allumer un feu ? La flavescente n'avait aucune idée de ce que la jeune femme allait faire, mais pour sûr elle n'allait pas tarder à savoir. En tout cas, prendre ses responsabilités en allumant un feu serait la moindre des choses. Attendant que son interlocutrice lui réponde, Aru plaça ses bras autour d'elle pour se protéger un peu du froid. N'ayant pas ses affaires à portée de main, elle ne pouvait rien faire de plus adéquat.

Amusante.

La créature ne pu s'empêcher d'étouffer un rire qui allait partir d'une manière franche et pourtant la situation ne s'y prêtait pas. Pas du tout même mais comme un miracle elle transformait sa propre anxiété et faisait chuter la tension d'une simple phrase sonnant aux oreilles de la Kaguya comme une boutade, son propre corps se raidit puis un craquement se fit entendre aux extrémités de ses hanches. Deux bras d'armatures osseux sortirent pour aider les taches qu'avait désormais à accomplir la créature avec cette enfant qui visiblement ne tarderait pas à avoir un rhume ou pire. Depuis quand jouait-elle les maman poule? La résonance de sa mort arrivant chamboulait tout et ce n'était plus pour la déplaire, une effusion de sang et elle risquait l'overdose. Simplement se distraire en bonne compagnie.

-Ce que j’espérais? Je ne sais pas. Je ne sais plus...

En effet si elle luttait avec bienveillance et sans broncher contre ses propres démons l'appel de la chair était encore trop vivant, trop sensible pour être refouler. Les bonnes choses ne se refusaient pas et avec les efforts qu'elle faisait elle avait bien le droit à une observation approfondit des courbes de la blonde dont l'âge néanmoins était encore un rempart contre les intentions impurs de l'ancienne rousse. D'un simple mudra elle reprit son ancienne apparence laissant la surprise prendre place dans l'esprit de son interlocutrice et otage du moment. Otage de ses sentiments et de ses doutes, avec monotonie et moins de froideur dans la parole elle s'adressa à l'adolescente.

-Je me revois en toi, jeune et prête à tout même à tenir tête à ce qui ressemble à un monstre. Même à lutter sans omettre une touche d'insolence et d'arrogance et pour cela il ne t'arrivera rien douce enfant.

Ses deux nouveaux bras vinrent prendre les habits de la jeune insolente en pleine force de l'âge avant de le lui lancer non hésitation. Pendant que la rousse se laissait tomber sur l'herbe humide de la terre en fixant toujours de ses prunelles étincelantes la jeune femme mouillée dans le bassin.

-Si je tue? Rassure toi ce n'est plus à l'ordre du jour mais si j'étais à ta place je prendrais néanmoins connaissance de la personne m'humiliant de la sorte histoire de me venger un jour non? Enfin après tout c'est ton propre honneur pas le mien...plus le mien.

Elle se décida à détourner le regard tandis que ses bras suffisaient à la lever et à abattre sans efforts l'arbre le plus proche. Si elle avait froid c'était son problème et l'instinct maternel se dissipa au moment ou le bois agonisant chuta par terre provoquant l'envol des feuilles aux alentours. La sensation des saisons sur la peau de la rousse n'était qu'une illusion. Sa vraie apparence n'était qu'un amas de chair en lambeaux, en loque tenant par une magie supérieur et lui laissant à loisir le contrôle tandis que le sablier se vidait. La sabreur se décida néanmoins à rapidement laisser tomber le sujet trop intense de sa propre fin en provoquant une légère pluie qui s'intensifiait à mesure que l'adolescente s'habillait. Un nouveau jeu, mais dans un sens unique.

-La météo est visiblement de mon côté, dépêche toi donc de faire ton feu avant que tu ne sois entièrement trempée. Ensuite je me présenterais, et vite tu risques d'attraper froid.

La question de l'abri étant rapidement réglé alors que ses bras sortaient de son corps pour devenir en fusionnant un léger et fragile toit au dessus de la tête de la rousse qui ne subissait plus les âpre météorologique en esquissant un sourire, sortant alors de sa veste une cigarette et une bouteille d'alcool un remède agréable lors de cette saison.

-Vient donc te réchauffer à défaut de pouvoir encore parler tu pourrais au moins me donner ton nom? Allons ne fait pas l'enfant.

Une ironie cinglante et non cachée étant donné la vision de la créature pour les jeunes générations. Il faudrait un de ces jours qu'elle arrête vraiment de s'incruster dans la vie des gens.

Dans une autre vie peut être.

Invraisemblabe. Voici le mot parfait pour résumer la situation dans laquelle se trouvait la belle flavescente. Si on lui avait dit, quelques jours auparavant, qu'en décidant de partir de chez elle sur un simple coup de tête, elle se retrouverait dans une telle situation, elle aurait probablement réfléchi à plusieurs fois avant d'aller s'aventurer dans ce coin paumé situé au milieu de nulle part. Mais à quoi est-ce qu'elle pensait, sérieusement ? La prochaine fois, elle prendrait le temps de méditer sur ses futures actions au lieu d'écouter les stupides propositions de sa colère, ça c'était sûr et certain. Bien entendu Aru ne songeait pas à ceci parce que la femme à l'aspect atypique sur laquelle elle venait de tomber l'effrayait, bien au contraire la jeune kunoichi n'était point intimidée par elle. De ce fait, elle agit en sa présence comme à son accoutumée. Cependant, la belle blonde ne pouvait pas se permettre de dire qu'elle était totalement à l'aise. Cela n'était évidemment pas du à l'apparence de son interlocutrice, la belle en avait vu de ses personnes à l'apparence étrange lorsqu'elle était plus jeune alors ce n'est pas cela qui allait lui faire peur. Son malaise n'avait pas non plus quelque chose à avoir avec ce qu'elle eut l'audace de lui demander après l'avoir vu tremper, disons plutôt que l'étrangère éveilla en Aru une sensation plutôt étrange sur laquelle la belle ne put pas mettre de mot spécifique. Cela viendrait plus tard, sans doute.

Resserrant l'étreinte autour d'elle, la belle attendit patiemment que sa partenaire se décide enfin à faire quelque chose pour remédier à la situation. L'attente ne fut pas aussi longue que la belle le pensait. Sa camarade d'infortune ne fit rien d'excentrique encore moins de désagréable qui aurait pu la mettre dans un embarras innommable. Mais avant de lui répondre, elle fit quelque chose d'abracadabrant que la belle n'avait jamais vu auparavant. Ne bronchant pas, elle la regarda agir. Subséquemment Aru se demanda ce qu'elle venait de faire au juste ? Était-ce une technique ninja ? Certainement, la flavescente n'en était pas très certaine vu que c'était la première fois qu'elle voyait cela. Il faudrait d'ailleurs qu'elle songe à lui demander de quoi est-ce qu'il s'agissait. Au moment où sa partenaire ouvrit sa bouche pour lui parler, Aru eut l'impression qu'elle était soucieuse. Était-ce véridique ou son imagination lui jouait encore des tours ? La belle flavescente n'en savait rien, les choses n'allaient pas en rester là, même si elles ne se connaissaient pas, la belle ne manquerait pas d'aller s'assurer si son intuition était juste ou pas. Dès que les choses se tasseraient, naturellement. Dans l'immédiat, il n'y avait nullement besoin d'agir rudement ni même de poser des questions indiscrètes, il fallait laisser le temps au temps. Vu qu'elle s'était décidée à ne pas en finir avec la flavescente, il y'avait peut-être une chance qu'elles fassent connaissance.

Aru était sans aucun doute trop utopiste mais avec tout ce qu'elle avait traversé jusque là, elle savait que le mal n'était pas toujours là où on le pensait. Et puis si sa partenaire refusait qu'elles apprennent à se connaître, tant pis, elle ne polémiquerait pas là-dessus. Soit elles resteraient là à se regarder dans le blanc des yeux pendant des heures soit elles admireraient le ciel étoilé ensemble. Elle le lui proposerait si elle lui en laissait l'occasion pour ne pas terminer la soirée seule comme une esseulée. Aru qui avait l'esprit un peu ailleurs, revint à elle. Posant son regard sur sa tortionnaire, elle resta bouche bée durant un temps qui sembla être une éternité. La belle blonde n'en revenait pas de ce qu'elle avait devant les yeux. L'inconnue avait dorénavant une apparence moins hostile et plus accueillante. Cette apparence, était-elle sa véritable ? La flavescente était totalement interloquée. Une chose était certaine, si elle s'était montrée ainsi dès le départ, les choses auraient assurément démarrées différemment entre elles. Alors qu'elle était partie pour se perdre en cette somptueuse rousse qu'elle admirait depuis un moment maintenant, Aru hocha vivement la tête au moment où la rouquine s'adressa à elle. Elle le fit d'une voix plus douce qui surprit la jeune kunoichi. Cette dernière se rapprocha afin de pouvoir mieux l'entendre mais surtout l'observer. La flavescente entendit la rousse lui dire qu'il ne lui arriverait rien après lui avoir révélé qu'elle se voyait en elle. Quel soulagement, pensa Aru qui soupira légèrement d'aise.

Elle lui parla comme si l'époque où elle avait eu son âge était loin derrière elle. Quelque peu abasourdie, Aru fixa intensément la rousse. Quel âge avait-elle exactement pour parler comme une vieille femme aigrie ? Franchement une frimousse pareille, il n'y avait pas moyen qu'elle ait un âge très avancé comparé à celui d'Aru. Elle devait avoir une vingtaine d'années, à tout casser, vu son visage. Ou même être dans la même tranche d'âge que la tante de la flavescente, ce qui voulait dire qu'elle n'était pas si âgée que ça. Continuant à spéculer, la jeune kunoichi attrapa au vol ses habits qui lui avaient été lancés par la rouquine qui se laissa ensuite tomber sur l'herbe humide. Regardant ses vêtements, qu'elle n'avait pas vraiment envie de remettre vu leur état, la flavescente écouta parler la rouquine sans l'interrompre, ne serait-ce qu'un instant malgré qu'elle en ait eu envie pour lui faire savoir qu'elle avait d'autres habits secs qui étaient dans son sac et que ce dernier se trouvait un peu plus loin de là où elles se trouvaient. Se décidant à remettre ses habits trempés, la belle écouta le discours de la rouquine qui la concernait. Les dires de son interlocutrice n'eurent guère un effet négatif sur la belle blonde qui n'avait que faire de la vengeance. Elle l'avait vu nue et alors ? Elle n'allait pas faire une montagne d'histoires juste pour ça, elle n'était plus comme ça. Kazumi, elle ne se serait pas gênée pour le faire mais Aru non, elle n'était pas le genre de jeune femme à prendre des mesures aussi drastiques pour une histoire aussi futile.

Songeant à ses deux personnalités, Aru qui se surprit, frissonna de tout son être. Pourquoi songeait-elle à la personnalité qui était dissimulée au fond d'elle ? Pourquoi ? Se posant cette question Aru, qui finit de s'habiller, vit sa vision se troubler. Ceci l'obligea à placer sa main devant son œil et à mettre un pied à terre. Partie dans les méandres de son existence sanglante, Aru entendit la voix de la rouquine lui parvenir aux oreilles. Elle lui demanda de vite faire son feu pour éviter d'attraper froid et de se retrouver trempée avant de lui dire qu'elle se présenterait ensuite. Restant sur place, la flavescente ne savait que faire. Elle nageait en eau trouble. Son corps était devant la rousse mais son esprit lui ne l'était pas, il était en pleine vagabondage. Mais cela ne l'empêcha pas de prêter une oreille attentive à la rouquine qui semblait s'être mise entièrement à l'aise, une cigarette ainsi qu'une bouteille à la main. Elle demanda à la flavescente d'aller se réchauffer, ajoutant qu'elle pourrait au moins lui donner son nom avant de lui dire ne pas faire l'enfant. Qu'est-ce que la rouquine voulait insinuer avec ce genre de remarque ? Trouvait-elle vraiment que la belle blonde manquait de maturité ? Réfléchissant un court instant, la flavescente laissa un sourire espiègle venir se dessiner à ses lèvres. Elle avança doucement jusqu'à la rousse, lorsqu'elle fut à sa hauteur, elle se pencha vers elle pour se placer à quelques centimètres de son visage.

« - Je ne suis pas une enfant, il y'a longtemps que j'ai passé le cap de la candeur. Avant d'être la douce et gentille Aru que tout le monde connaît, je suis Kazunari Kazumi. Je ne suis pas une gamine et si tu y tiens je vais te le prouver sur-le-champ, belle rouquine... »

Le sourire auparavant espiègle d'Aru se métamorphosa en un sourire plutôt sadique. Sans qu'elle ne s'en rende compte, la flavescente laissa sa personnalité assoiffée autant d'amusement que de sang prendre le dessus sur elle. Elle poussa violemment la rouquine en arrière, l'obligeant par la même occasion à s'allonger sur l'herbe. A cheval sur elle, Aru se pencha ensuite vers la rouquine pour lui parler d'une voix placide.

« - Et si on jouait à un jeu que j'affectionne, hm ? Si au lieu d'allumer un feu pour se réchauffer, on usait de la chaleur de nos deux corps ? »

La flavescente brisa les quelques centimètres qui restaient entre ses lèvres et celles de la rouquine pour l'embrasser fougueusement sans lui laisser le temps de lui répondre. Allait-elle encore paraître gamine à ses yeux après ça ? Ou allait-elle ensuite se faire trucider par la rouquine ? La jeune kunoichi qui n'était plus elle-même n'avait pas les réponses à ses interrogations mais elle n'allait pas tarder à connaître le fond de la pensée de sa compagne de jeu.

Pourquoi?

Pourquoi elle perdait maintenant le contrôle de la situation? Pourquoi elle tombait forcément à chaque rencontre sur autre chose qu'une simple proie, pourquoi finalement le monde ne tournait pas selon ses propres désirs? Elle reculait allant jusqu'à heurter le bois solide et constitant du tronc sur lequel la cabane hirsute reposait. Sa construction menacait de se casser la figure à chaque fois qu'elle respirait mais ce n'était plus l'important, à chaque pas de la blonde en sa direction sa respiration saccadait comme sensible et prisonnière de la poigne de fer de l'adolescente. La dernière fois qu'elle avait rencontrée une enfant elle s'était amusée. Elle oui mais pas l'inverse! C'était tout simplement impossible et en poussant un léger grognement elle tenta avec ridicule de reprendre le contrôle de la situation autant que possible. Mais c'était déjà hors d'atteinte et son emprise s'arrêtait là, et elle se refusait le simple fait de voir une victime prendre l'ascendant sur celle qui avait été son bourreau.

-Ne...ne bouge plus!

Fébrile plainte s'échappant hors de sa gorge avec angoisse et peur avant que l'amazone n'entame sa chevauchée des valkyries. En plein délire la rousse ne pouvait parvenir à se faire à l'idée que cette gamine venait juste de commencer les préparatifs festifs pour le reste de la soirée. Elle gémissait, elle se débattait autant que possible mais il semblait que sa force vitale quittait son corps tandis que ce dernier s’arque-boutait pour répondre aux pulsions primaires et hormonales de cette sociopathe blonde. En une vision d'intelligence et pour à tout prit reprendre son rôle de dominante dans le duo la créature sous l'apparence de son ancien physique manipula l'eau à proximité et vint faire glisser celle ci jusqu'au corps trop chaud de la flavescente tandis que ses mains chatouillaient les hanches de la blonde pour la faire lâcher ses lèvres, elle ne parvint qu'à provoquer une fusion de leurs deux corps tandis que perdant le contrôle sur sa technique elle finit simplement par arroser les deux parties des femmes tandis que les habits trempés de la nouvelle banshee blonde en prenait encore une dose.

-Nooooon.

Un simple murmure tandis qu'au paroxysme de leurs escapades dans les terres des désirs et pulsions Freya s'avouait vaincue, elle avait été défaite par une inconnue, une proie qui semblait au départ être à sa merci et qui désormais la dominait sur tous les plans. Elle se sépara de la chevelure aux couleurs de l'astre divin aussi rapidement que possible la laissant sur une probable faim et en reste mais qu'importe la rousse haletait, elle était en sueur et plus que l'acte charnelle commit ici c'était la suite qui l'inquiétait. Comme une possédée elle fixait ses paumes et ses mains, non pas maintenant pas devant elle. Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus mais c'était trop tard, son henge prenait désormais une autre allure. Elle rétrécissait? Non pas seulement, elle prenait des allures de chérubins une version de la rousse que elle même ne connaissait pas. Pourquoi les arts ninjas ne marchaient jamais comme elle le souhaitait? Elle pesta et de loin fit ce qui semblait être un caprice en tapant du pieds, puis en regardant avec inquiétude en direction de la blonde elle hésita à faire un pas en sa direction. C'est à dire que être haute comme trois pommes n'aidait en rien sa nouvelle vision du monde. Et en prenant une sage décision elle se plaça derrière l'arbre avec la logique enfantine que si elle était cachée personne ne la verrait. Voilà à quoi menait les désirs de la chair et le bon vivant, une seconde enfance. Dans l'immédiat et désormais vu que la blonde était complétement supérieur à elle la mini rousse avait décidée comme stratégie de sauvegarder ses arrières.

D'ailleurs en parlant d'arrière elle ne voyait plus la blonde à la dernière position connue, et en déglutissant et en enfonçant comme barrière de sécurité son pouce en bouche elle ne daigna pas se retourner ne sachant que trop bien ce que cela causerait.

-Aisse moi tranquille! C'ta faute d'aboreuh!

Pourquoi c'était toujours quand c'était bien partie que cela foirait?

La situation entre la flavescente et la rouquine prit une tournure assez rocambolesque en moins de temps qu'il ne fallait pour dire ouf. Sa personnalité dissimulée au fond d'elle ayant décidé de prendre les choses en main, Aru subit une évolution vraiment improbable. De souffre-douleur, elle prit la place de bourreau pour faire comprendre à la rousse qu'elle n'était absolument pas le genre de personne à se laisser marcher sur les pieds encore moins une gamine, comme elle l'avait précédemment évoqué. Le rôle qu'elle avait interprété jusque là n'était qu'un rôle de composition car véritablement elle était ce genre de jeune femme pour qui on pouvait sortir l'expression « une main de fer dans un gant de velours ». Il fallait aussi qu'elle cloue le bec à cette rouquine qui s'était conduite de façon plus que suffisante jusque là. Après qu'elle ait prit le dessus sur sa camarade de jeu, la belle blonde songea aux éventuelles chose qu'elle pourrait ensuite faire si jamais la rousse décidait de ne pas l'embrocher après son geste très entreprenant. La faire plier à sa volonté, ce serait déjà une bonne chose. Lorsque la flavescente commença à se diriger vers la concrétisation de ses caprices, rien ne lui laissa présager que quelque chose viendrait gâcher ou interrompre cet instant merveilleux qu'elle savourait avec suavité. Pas même la réticence de la rouquine, qui était le cadet de ses soucis, elle s'en moquait royalement de celle-ci. Ses jérémiades quandt à elles ne firent que titiller et accroitre les désirs de la belle blonde.

Au moment où les choses allaient enfin prendre une tournure intéressante, la rouquine fit quelque chose qui brisa l'atmosphère sensuelle qu'avait instauré la flavescente. N'ayant pas réussi à repousser l'exaltation de cette dernière avec des mots, la rouquine usa d'une technique suiton pour lui faire lâcher prise avant de se mettre à la chatouiller. Les actes incertains de la rouquine ne mirent pas longtemps à produire l'effet qu'elle espérait, la blonde interrompit instantanément le baiser fougueux et se recula par la même occasion. Elle qui n'était déjà pas sèche se retrouva à nouveau mouillée par la faute de sa camarade de jeu, qui cette fois eut droit au même traitement qu'elle. Les répercussions de son jutsu ne l'épargnèrent pas. Décidément, ce soir n'était pas le sien, se dit la belle blonde qui rigola légèrement en mettant sa main sur son visage. Pourquoi la rouquine l'avait-elle repoussé alors qu'elle était prête à lui offrir quelque chose de plaisant ? Était-elle prude comme femme au bout du compte et non une impudente ? Tout de même c'était incroyable. Aru qui se remettait tout doucement de ses émotions, s'assied à même l'herbe pour fixer la rouquine, qui semblait être en état de choc. Elle respirait bruyamment en fixant ses mains. Pourquoi faisait-elle cela ? La flavescente n'en avait aucune idée, elle resta là à la regarder sans lui dire quoi que ce soit. La suite de la scène éveilla l'ahurissement de la jeune flavescente. Sous ses yeux abasourdis, la rouquine rétrécit jusqu'à devenir une enfant.

Au départ, la blonde qui crut que cela était un mirage, se frotta légèrement les yeux, lorsqu'elle les rouvrit pour regarder la rousse, elle se rendit compte que ce qu'elle vit précédemment n'était pas une illusion. La rousse s'était bel et bien métamorphosée en une petite fille. Les arts ninjas étaient définitivement semblables aux voies du seigneur, impénétrables. Toisant la jeunette du regard, la flavescente l'entendit ronchonner et taper du pied ensuite. Elle devait certainement ne pas être contente de quelque chose. De quoi ? Aru n'en avait aucune idée et ne comptait pas aller poser la question dans l'immédiat. Il lui fallait tout d'abord retrouver son calme et intégrer l'ensemble de la situation avant de se décider à faire quoi que ce soit. Alors que la blonde était partie pour réfléchir profondément, elle vit les yeux de la petite rousse, semblant intimidée, se poser sur elle. La dévisageant à son tour, Aru ne put s'empêcher de se demander ce qu'elle allait faire ou lui dire. Pensant que la mini rousse allait s'exprimer avec des paroles rageuses, Aru tomba des nues. La fillette alla se dissimuler derrière un arbre. La flavescente écarquilla ses yeux en se disant que la rousse n'avait finalement pas fait que rétrécir, elle était retombée en enfance sous tous les sens du terme. Ses doutes furent confirmés lorsqu'elle entendit la voix de la fillette, qui ne se gêna pas pour lui dire que ce qui venait de se passer était de sa faute après lui avoir dit de la laisser tranquille.

Non mais de qui se moquait cette mioche ? Et que voulait-elle dire en insinuant que la blonde était responsable de la situation actuelle ? Qu'avait-elle à avoir avec sa métamorphose ? Et puis si elle ne s'était pas elle-même comportée désinvolturement envers la flavescente en disant et faisant n'importe quoi, rien n'aurait capoté, non ? Ne comprenant pas trop tout ça, Aru qui était légèrement irritée, arqua un sourcil avant de se lever pour se diriger vers la petite rousse. Elle avait la ferme intention de lui souffler dans les bronches pour lui apprendre à déblatérer des âneries. Au moment où elle arriva non loin de la rouquine, Aru abandonna d'emblée son idée en voyant que la fillette avait son pouce dans sa bouche. La contemplant la belle blonde esquissa un léger sourire avant de s'accroupir.

« - N'aie pas peur, je ne vais rien te faire de mal, promis, formula-t-elle de sa voix douce pour la mettre en confiance. Tu veux bien venir avec moi et t'asseoir pour parler un peu ? »

Aru, qui s'improvisa maman, tendit doucement sa main vers la fillette. Elle ne savait pas trop comment son geste allait être perçu par la jeune rousse néanmoins elle espérait qu'elle ne s'enfuirait pas à nouveau loin d'elle et qu'elle comprendrait que ses intentions n'étaient dorénavant plus aussi mauvaises qu'auparavant. Elle avait largement eu le temps de se reprendre.

Malheureuse.

Elle l'était sans aucun doute, cette apparence frêle et chétive ne lui convenait pas. Elle ne lui convenait plus, elle détestait être faible et à la merci de n'importe qui. Elle détestait la compagnie des autres, elle détestait à avoir à se confier. Elle détestait ce monde et ses habitants, elle détestait la terre entière responsable de son malheur.

Pourtant aujourd'hui alors qu'elle partit pour une nouvelle chevauchée de jeux de jambes elle découvrait une tout autre figure qu'elle n'avait encore jamais rencontrée. Elle découvrait probablement le sens du mot confiance et de l'amitié naissante, encore fragile mais poussant pour bientôt devenir forte et imposante. Elle ne craignait plus la nuit car c'était sa maitresse, elle ne craignait plus la mort car elle n'était rien. Elle ne craignait plus le monde car elle vivait au travers de ce dernier. Et par dessus tout elle ne craignait plus la compagnie des autres. La blonde avait désormais une sorte d'aura rassurante, elle mettait à l'aise l'enfant qu'était Freya.

La petite tête rousse sortit de ses malheurs internes et regarda avec un mélange d'appréhension et d'envie l'adulte qui se tenait devant elle, se mettant à sa hauteur pour la rassurer. Ses paroles n'étaient plus aussi sec et ce fut probablement ce qui décida la fillette à se laisser tenter par une discussion. Elle avança avec prudence et timidité avant de se précipiter au creux de la blonde laissant ses pleurs à chaude larmes couler sur le torse et le buste de cette dernière. Elle ne levait pas les yeux, elle restait là profitant de ce silence apaisant, elle laissait son enfance ressurgir. Aussi loin qu'elle se souvienne elle n'en n'avait jamais réellement eu, deux décennies passer à combattre, à tuer son innocence et les joies que procurait cette période de transition à l'âge adulte.

-Me-merci.

Un simple mot prononcé avec douceur et tristesse, elle ne pleurait plus. Elle ne se forçait plus, elle n'avait plus peur désormais de ses propres démons. Elle était réconfortée et en paix avec elle même et l'extérieur et ce qui suivait allait se dérouler sans accroc. Elle montra sa bouille ruisselante de larmes à la blonde laissant ses iris se perdre sur le visage angélique et ayant désormais un aspect maternel de la jeune femme. Des deux elle était désormais la plus grande elle allait donc devoir avec ce titre. Elle leva ses petits bras comme signaler sa présence et accessoirement le fait que son ancienne proie allait devoir la porter. Après tout quitte à être une enfant pendant un moment autant en profiter par contre rester ici ne serait pas possible, elle avait beau s'auto convaincre que tout allait bien se passer il n'empêche que de dormir à la belle étoile lui faisait tout de même juste un petit peu peur.

-Je...je...je suis Freya!

Et en guise de preuve elle afficha autant que possible une moue joyeuse et pourtant encore timide et tâtonnant entre les différentes possibilité qui s'offraient à elle. Elle essaya de compter quel âge lui donnait ce corps mais lorsqu'elle descendit en dessus de la barre fatidique des six ans elle arrêta, elle préférait de pas tout gâcher par les sordides détails qu'elle avait durant sa petite enfance. Immature? Jamais enfin! C'est d'ailleurs pour ça qu'elle continuait de profiter de son pouce, et de rechercher des vêtements à sa taille.

-Dit, heu tu veux pas qu'on rejoigne un village pour le reste de la journée...c'pas que la foret me fait peur mais voilà quoi...il...fait froid!

S'exclama-elle sur un ton déterminée et emplit d'une envie de paraitre plus grande qu'elle ne l'était maintenant. Déjà elle essayait de jeter les bases d'une bonne relation après tout son propre destin reposait entre les mains(et pas que) de la grande blonde alors autant lui faire confiance jusqu'au bout et pour le moment laisser de la surprise pour la suite des évènements.

-Je préfèrerais qu'on discute de tout ailleurs...je ne suis pas bien ici.

Elle n'avait jamais été aussi bien que dans les bras de la blonde et se sentant protégée par autre chose que son corps et ses aptitudes guerrières. Le reste pouvait attendre, le monde pouvait exploser elle s'en moquait d'ailleurs elle s'endormit en pensant à cela. Une grande soeur ou une maman voilà ce qui lui manquait dans son passé.

-Maman...qui es tu maman...

Un murmure que pouvait entendre audible ment la blonde qui allait pas tarder à devoir prendre des initiatives pour la suite de leurs aventures et si elle voulait reprendre les festivités précocement gâché par la régression temporaire de la rousse.

Rien ne semblait être en mesure de stopper l'exaspération de la belle flavescente qui n'avait qu'une envie : remonter les bretelles de la jeune rousse et lui apprendre par la même occasion qu'avant de débiter des stupidités plus grosses que soi, il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche. Rien excepté la fragilité apparente de la petite rouquine. L'ayant aperçu, la belle flavescente ne put se résoudre à continuer de s'enfoncer dans l'animosité. L'allure enfantine qu'elle arborait, réveilla son instinct maternel. La demoiselle, qui ignorait jusque là qu'elle en possédait un, fut très surprise. Elle ne se serait jamais attendue à être du genre patiente envers une gamine impertinente encore moins le type de personne à revenir sur sa décision, pourtant. Elle se surprenait à se rendre compte, qu'il y'avait certainement beaucoup de choses qu'elle ignorait sur sa propre personne. C'était le comble de tout cette histoire. Après avoir contemplé avec délicatesse la jeunette, Aru se dit que cela ne servirait finalement à rien de l'enguirlander encore moins de l'effrayer plus qu'elle ne semblait l'être déjà. C'était d'ailleurs surprenant de la voir agir de la sorte.

Au lieu de poursuivre sur la voie de l'aigreur, la belle blonde prit rapidement la décision de tout reprendre à zéro avec la mini rousse. Vu qu'elle semblait ne pas être fait du même bois que la furie l'ayant précédemment agressée, elle pouvait bien se permettre de prendre le risque de baisser sa garde voire même de reprendre son autre personnalité qui pouvait faire preuve d'un calme olympien dans n'importe quelle situation. S'attelant à ceci, Aru se mit à la même hauteur que la fillette avant de lui parler avec délicatesse pour finalement lui tendre sa main. Au départ, la belle flavescente crut que la jeune rouquine la rejetterait ou pire encore elle s'enfuirait la laissant ainsi en plan mais contre toute attente, elle ne fit rien de tout cela. Après avoir toisé du regard la flavescente, la rouquine s'avança prudemment vers elle pour finir par se jeter dans ses bras et se mettre à pleurer à chaudes larmes contre elle. Sur le coup, Aru était très stupéfaite néanmoins contente de voir que derrière sa carapace d'impétueuse, se cachait en réalité une jeune fille très charmante et fragile, qui méritait qu'elle s'attarde sur sa personne et qu'elle la protège.

Vu sa façon d'agir, elle devait avoir vécu pas mal de choses affreuses. Ce ne serait pas non plus étonnant que ce soit le cas, étant donné que le monde shinobi n'était franchement pas réputé pour être un monde de tendresse encore moins de Bisounours. La flavescente qui avait aussi vécu des difficultés étant plus jeune, en savait quelque chose et même adulte, elle avait eu des moments difficiles. La rouquine avait certainement du vivre des moments pénibles comme elle, se dit la flavescente qui passa doucement l'une de ses mains dans sa chevelure pour la caresser. L'autre main, elle la plaça autour d'elle, comme pour la rassurer. Faisant cela, Aru entendit la jeune rousse la remercier. En réponse, la flavescente laissa un sourire rayonnant venir se dessiner à ses lèvres. Dès que la fillette eut terminé de pleurer, elle donna ce qui semblait être son prénom. Subséquemment, elle fit une petite moue qu'Aru trouva charmante avant de demander si elles pouvaient rejoindre un village, en ajoutant qu'elle ne disait pas cela parce que la forêt l'effrayait mais plus parce qu'elle avait froid.

Bien entendu, cela se comprenait, sans compter que le temps n'était pas parti pour être au beau fixe vu l'état des nuages. Aru dut reconnaître que rester dehors par un tel temps n'était franchement pas une idée lumineuse. Après qu'elle se soit exprimée de sa voix montrant son assurance, la jeune rouquine, qui n'avait pas quitté les bras de la flavescente, murmura une courte phrase, qu'Aru distingua malgré que la voix de la fillette était vraiment basse. Du peu qu'elle ouït, la flavescente comprit que sa petite compagne d'aventure parlait de sa maman. Elle devait certainement lui manquer. Songeant à sa mère à elle, Aru arbora un visage triste qu'elle se garda de montrer à la rouquine, qui s'était manifestement endormie dans ses bras. Voyant cela, la flavescente se releva tout doucement en faisant attention de ne pas faire tomber la jeune Freya. Elle la plaça sur son dos, qui serait certainement plus confortable que ses bras. Par la suite, la blonde alla récupérer ses affaires qui n'étaient pas très loin avant d'amorcer un voyage vers une auberge qu'elle avait aperçu à quelques pas de là. Freya étant toute fine, elle n'eut aucun mal à la porter aussi loin.

Durant tout le chemin qu'elles parcoururent jusqu'à l'auberge, qui était encore ouverte malgré l'heure tardive, Aru n'entendit pas la jeune rouquine. C'était trop reposant pour elle mais ce qui l'enchanta le plus, c'est le fait qu'elle garda sa taille d'enfant durant le trajet et même lorsque la flavescente l'emmena dans la chambre qu'elle avait loué pour elles. Au moment où elles entrèrent dans la petite chambre où il n'y avait qu'un lit et où il y'avait le strict minimum, Aru déposa délicatement la jeune rousse sur le lit. Après avoir fait ceci, elle la couvrit et s'assura que les fenêtres restent fermées. Dès qu'elle eut la confirmation que rien ne viendrait troubler le sommeil de la jeune Freya, Aru déposa un petit bisou sur le front de la fillette. Par la suite, elle récupéra des affaires dans son sac et se rendit dans la salle d'eau pour se laver. Dès qu'elle eut fini, la flavescente plus détendue, se sécha avec l'une des serviettes qui étaient dans la salle avant de la placer autour de sa taille. Voulant savoir comment se porte sa petite protégée, elle arpenta ainsi le chemin menant vers là où elle dormait.