Année 11, Printemps. Pays de l'Eau, dans une forêt de l'île centrale.
Le souffle du vent d'hiver était encore à la limite du supportable alors que les premières fleurs du printemps s'ouvrait çà et là dans le monde. Le Pays de l'Eau n'était pas connu pour son temps glacé mais la morsure du froid surprenait souvent les aventuriers de passage. Les légères bourrasque soulevaient la rosée du matin alors que le soleil commençait tout juste à réchauffer l'atmosphère. Un calme étrange régnait en maître sur l'île centrale du Pays de l'Eau. L'ambiance sereine fut alors troublée quelque peu par un bruit fugace : celui que produisait l'herbe en craquant sous le poids d'un individu marchant calmement. De celui-ci, on ne pouvait qu'entrevoir uniquement la silhouette en cette heure peu avancée de la journée. La forêt aux alentours participait également à cette part de mystère qui entourait ce personnage qui semblait savoir vers où il se dirigeait malgré le manque évident d'indications dans cette partie de l'île. Un soupçon de lumière parvint à traverser quelques branches et on put déceler brièvement comme une sorte de long manteau sombre enveloppant notre étrange personne. L'habit frottait également l'herbe à l'occasion, provoquant un sifflement à peine perceptible pour des oreilles peu exercées. En se concentrant plus intensément, on pouvait à présent entendre plusieurs cliquetis réguliers en parfaite phase avec la démarche tranquille qu'avait adopté notre mystérieux individu dans cette forêt aux arbres hauts.
Enfin, la végétation se fit de plus en plus rare pour ne laisser rien de plus que cette herbe toujours craquante à chaque pas. La mystère s'éclaircit légèrement en laissant voir que la silhouette sombre était un homme. Il était plutôt jeune, proche de la trentaine mais ne les ayant pas encore atteint. Son teint basané lui donnait un certain charme mais son regard gris et froid laissait douter d'un passif tumultueux ou d'un remord sans nom. Ses cheveux blancs, proche du blond lorsque la lumière s'y prêtait, étaient repoussés en arrière par le vent léger. Les vêtements qu'il portaient étaient dans un triste état : son pantalon de combat noir était troué par endroits, parfois entaché d'une couleur bordeaux familière, son long manteau à capuche également noir n'avait presque rien mais le débardeur blanc ne semblait plus en voir pour très longtemps compte-tenu de sa teinture qui avait viré au rose pâle durant les heures précédentes et des très larges ouvertures en large dudit haut, uniques témoins de faits violents récents. Les cliquetis entendus plus tôt étaient produits par d'innombrables petits armes placées dans des poches, à la ceinture ou encore sur un gant... Oui, notre étrange garçon avait sur lui au moins une quinzaine de kunaïs de formes différentes, des senbons aux diamètres variées ou bien des shurikens n'ayant pas forcément les quatre branches traditionnelles, une véritables caisse d'armes mobiles en somme. Mais tout cela n'était encore rien face à l'ombre titanesque qui lui collait littéralement à la peau. Un fourreau long d'au moins deux mètres était solidement attaché en bandoulière et un magnifique manche couleur or se laissait voir à quinze centimètres au-dessus de la tête du jeune homme. Ne freinant nullement sa marche, il plongea une de ses mains gantées dans une poche intérieur du sombre manteau pour en sortir un morceau de papier. Celui-ci avait de nombreuses traces de pliures qui paraissaient anciennes. La document avait dû être lu et relu plus d'une fois avant d'être soigneusement rangé au même endroit depuis son obtention. Lui aussi était légèrement tâché de sang et même brûlé par endroits.
Spoiler:
Kiru-sama,
La situation a empiré depuis la dernière fois. Kiri est tombée, vous devriez rev...
Le visage de l'homme se durcit à la lecture de ces quelques mots, comme si ces derniers le grondaient. Il mit alors sa capuche par dessus son visage de façon à ce que l'on puisse seulement distinguer sa bouche impassible et légèrement sèche. L'individu disparut tout d'un coup juste après cela faisant virevolter des brindilles à l'endroit où il se trouvait la seconde d'avant.
Lorsqu'il réapparut quelques minutes plus tard, le jeune homme se trouvait à une bonne dizaine de kilomètres de son dernier emplacement. Il faisait face à ce qui semblait avoir été une grotte ou plutôt un tunnel. Le mystérieux personnage se tenait devant l'une des anciennes entrées du village caché de la Brume. Celle-ci était partiellement effondrée et sous sa capuche, le garçon ferma les yeux quelques instants, comme pour se repentir, avant de les rouvrir avec un regard plein de remords.
? : « Kiri... Je t'ai abandonné... »
Il avait posé une main sur l'une des roches se trouvant à proximité en s'exprimant verbalement pour la première fois depuis un moment. Sa voix était grave doublée d'une pointe de tristesse, sa bouche s'était tordue en une moue de douleur, comme s'il allait se mettre à pleurer. La capuche bougea frénétiquement de gauche à droite comme si le jeune homme chassait ces émotions auxquelles il n'était pas habitué. Il reprit alors son chemin et s'engouffra dans le tunnel en fin de vie. La faible lumière qui se distinguait au bout faisait craindre le pire à l'homme qui était à l'intérieur de cette ancienne entrée. Il craignait ce qu'il allait voir, il ne voulait pas le voir en réalité mais il le fallait...
L'air frais revint bientôt envahir les poumons du ténébreux personnage lorsqu'il s'extirpa du tunnel dans lequel il avait eu tout le temps nécessaire pour se préparer à ce qu'il allait affronter. La vue des ruines de ce village ninjas le heurta au plus haut point. Si bien que ses jambes tremblèrent un peu lorsqu'il tenta son premier pas. Il se reprit encore une fois et marcha dans les décombres. De la neige était encore posée par endroit, des murs entiers s'étaient écroulés et des arbres avaient été abattus. Le jeune homme parcourut ainsi l'ancien village en long et en large, traversant l'ancien palais qu'il avait fréquenté autrefois à en juger par l'assurance de ses pas dans chaque couloir qu'il empruntait. Il s'arrêta dans ce qui semblait être l'une des salles principales où devaient se tenir les dirigeants de ce village.
? : « … pardon chers Mizukages... je n'ai pas su tenir ma promesse et... - il soupire et tourne les talons - A quoi bon de toute façon... Je n'aurais pas dû revenir. »
Ce fut presque sur le ton du reproche qu'il se parla à lui-même à la fin de sa tirade... De toute évidence cet homme avait un passif avec ce village et la raison de sa venue semblait se dévoiler au fil du temps passer dans les ruines. Il quitta l'ancienne demeure des Mizukages d'antan et se dirigeait vers l'entrée du village qu'il avait franchi quelques instants auparavant. L'individu avait l'air fermement décidé à s'en aller lorsque soudainement, son pas se stoppa une nouvelle fois. Il tomba brusquement à genoux et prit une plaque de métal qu'il avait trouvé au sol. Sur celle-ci on pouvait voir quatre petites vagues gravées en dessous de l'inscription « Épéiste ». L'homme déposa la plaque au sol et dirigea sa main gauche vers son épaule droite sous son manteau. Un petit son de métal se fit entendre avant qu'il ne sorte une spalière grise dans laquelle était gravé les mêmes petites vagues visibles sur le support qu'il venait de poser. Une goutte vint heurter ladite spalière, le garçon avait fini par céder à ses émotions et se soulager par la voie des pleurs.
? : « Pourquoi... Pourquoi es-tu parti Kiri... J'avais promis... Je t'avais promis... la protection et la gloire. Et je t'ai perdu... »
Les sanglots du jeune homme déchirait le silence environnant. Il semblait incontrôlable, son corps était parcouru de légers tremblement. Cela dura un moment avant qu'il ne parvienne à se calmer. Il essuya alors ses yeux d'un revers de manche sous sa capuche et se releva en gémissant légèrement sous le poids de ses affaires. L'homme venait de réaliser que son nindô d'autrefois était révolu et qu'il allait devoir se changer profondément pour affronter le dur monde shinobi. Le temps où il jouait les pacificateurs se terminait pour laisser place à l'instinct guerrier qui le transcendait depuis toujours. Il observa une dernière fois la spalière avant de la lancer haut dans le ciel. Un éclair bleuté le parcourut durant une seconde et disparut pour réapparaître un mètre plus loin. Derrière lui, sa spalière tranchée nette en deux parties s'écrasa au sol. Le jeune homme tenait une énorme lame noire, longue de deux mètres à l'allure enflammée et meurtrière. Il venait d'utiliser son arme favorite, celle qu'il avait tenté d'ignorer depuis tellement longtemps. Il la rangea dans son fourreau avec une facilité déconcertante et se remit en marche sans se retourner.
« Es-tu enfin disposé à m’écouter ? Ne penses-tu pas être resté ici trop longtemps mon ami ? Cela fait déjà quelques années que dure ton exil.. Ne ressens-tu pas l’envie ni la curiosité de retourner dans le véritable monde ? » « Si.. » « Et bien dans ce cas, assieds toi, il faut que nous parlions.. »
Je n’étais pas vraiment enclin à retourner dans le monde shinobis.. Il était rempli d’hypocrites et d’égoïstes. Le monde des hommes était bien triste, et j’avais pu le contempler, et ce sur toutes les coutures. En premier, j’avais assisté à la bêtise de Kumo et de Kiri, avec cette saloperie de guerre éternelle qui tuait sans cesse. Moi, j’avais été l’un des ninjas de classe inférieur du village de la brume, mais peu à peu, grâce à mes ambitions et ma détermination, j’avais grimpé les échelons. Je m’étais fais remarquer par le régent de la brume lui même qui m’avait prit dans son équipe. Cependant, j’ai continuer mon ascension seul, jusqu’à devenir le chef des forces spéciales de Kiri, autrement appelée : Le Misuto. Groupuscule que j’avais refondé jusqu’à sa moelle. Malheureusement, après une énième guerre contre Kumo, j’avais décidé d’y mettre fin, et je me suis introduit derrière les lignes ennemies, me faisant passer pour un Kumojin très diplomate. La chance m’avait sourit suite à la disparition du Raikage. Ni une ni deux, à coup de manipulation politique, je pris les rênes de Kumo sous une autre apparence bien entendue. J’avais du jouer sur deux tableaux. J’étais Pô, membre du clan des polymorphes, les Gekei, et de l’autre, j’étais Ishidate Masamune, Nidaime Raikage du village des nuages.
Cependant, j’avais clairement ressenti le besoin de m’exiler pendant quelques temps. Mais avant de partir, je m’étais assuré de laisser mon trône à une personne de valeur, un homme en qui j’avais absolument confiance, et qui connaissait tout de moi. Cet homme se nommait Bakushô Soroshiya. Il avait prit ma place en tant que Sandaime Raikage. Cependant, depuis peu, le vieil homme qui m’accompagnait dans mon exil n’avait pas de nouvelles de lui, alors qu’habituellement, j’avais de nombreux rapports. Je m’étais donc, suite aux complaintes du vieil homme, décidé à revenir mettre mon nez dans les affaires shinobis. Je m’arrachais donc à cette cascade gelée de Yuki no Kuni ou je méditais, torse nu afin de me sécher, de me vêtir pour écouter ce vieil homme. Contre toute attente, il m’expliquait avec douleurs que les choses avaient changées. Tout d’abord, il y avait eu cette fameuse guerre pour l’indépendance où comme d’habitude, Kumo avait été victime de la fourberie des autres nations. Mes yeux s’écarquillèrent lorsqu’il m’apprit que ce n’était plus Soroshiya à la tête de Kumo, et que celui-ci avait tout simplement disparu. Cela m’étonnait, mais ça expliquait aussi pourquoi je ne recevais plus de rapport. Etait-il mort ?
Je voyais bien que le vieil homme mâchait ses mots, qu’il ne voulait pas me brusquer, il semblait extrêmement gêné. Lorsqu’il comprit mon agacement suite à ses chipotages, il me lâcha enfin cette information que jamais je n’aurais cru entendre de ma vie. « Kiri a été rasé..» dit-il les yeux baissés car il connaissait mon attachement à cette nation. Sans attendre la suite, j’attrapais tout mon attirail shinobis, prenant l’apparence de Pô, je me dirigeais avec hâte vers la sortie de cette grotte Yuma pour aller moi-même constater les dégâts sur la nation de l’eau. Si le vieil homme disait vrai, le monde en allait en subir les conséquences. En quelques instants, je disparu, direction Mizu no kuni.
*****
Seulement quelques heures plus tard, j’arrivais sur la principale île de l’archipel de l’eau. Précisément là où se tenait anciennement le village de la brume. Je cessais de respirer prématurément en voyant ce spectacle. Mon cœur s souleva lorsque je contemplais cet amas de poussière, de cendre et de débris en tout genre. Sur le sol gisait des bouts de murs, des papiers volants au gré du vent, mais surtout et c’était le pire, des os, des os humains, complètement carbonisés. Je m’accroupis un instant pour pouvoir reprendre mes esprits. Lentement, je touchais l’os de la main, mais en le soulevant, celui-ci se brisa, il était complètement carbonisé par une chaleur certainement insoutenable. Là, de nombreux souvenirs me revinrent en mémoire, comme un flash back insoutenable, apportant son lot de souffrance. Le premier fut bien entendu mon entrée à l’académie des shinobis, une étape essentiel à chaque shinobis de ce monde. La deuxième fut bien évidemment ma promotion dans le bureau de Ryuzoji Yoru, le régent de la brume, qui m’adulait de sa confiance, me couvrant de compliments. Puis vint ensuite la réforme du Misuto, les nombreuses missions où j’apprenais aux autres membres à chasser comme de véritables tueurs. Mais le plus gros souvenir de tous, fut bien évidemment, mon élève et compère de toujours : Shinda Michiki. J’avais appris sa disparition à lui aussi, mais qu’était-il devenu ? Je n’en savais rien, j’espérais juste qu’il n’était pas passer dans le monde des morts, mais cela n’était que peu probable..
Mon regard tournait encore et encore, essayant de visualiser l’ancienne cité de Kiri, ce village magnifique avec ses odeurs, ses bruits et son paysage, mais de cela il n’y avait plus rien. Le paysage ne valait plus le coup, il n’y avait aucun autre bruit que les restes de feuilles qui volaient au vent et pour l’odeur, je ne vous en parle pas, une odeur immonde de cendre, de poussière, de détresse et de sang. Ce spectacle m’achevait, mais pour une raison dont j’ignorais l’origine, je ne pouvais détacher mon regard de ces débris, j’étais comme captivé par ce spectacle d’horreur. Mais je sentais sans que je le veuille, mes traits se crisper, mon visage devenait sombre. Le monde shinobis m’avait enlevé cette nation que j’aimais tant. Si j’avais quitté Kiri pour infiltrer Kumo, c’était pour le compte de Kiri. Si j’avais conclu une alliance avec Konoha, c’était pour le compte de Kiri. Mais aujourd’hui, tous les efforts et sacrifices que j’ai fais sont vint. Mon regard se levait vers le ciel, j’avais envie de hurler à la mort, de hurler ma haine, mais je n’en fis rien. J’étais trop perturbé pour pouvoir le faire. Mais tout à coup, ne me demandez pas pourquoi, mes objectifs avaient changés. L’altruiste n’était plus, le gentil était mort, l’aimable, enterré avec lui. Le monde souffrirait autant que les Kirijins.
Cependant, je me redressais d’un seul coup, en faisant volte face, au loin, je ressentais un chakra qui m’était familier. Mais lequel ? Je cherchais dans mes plus lointains souvenirs jusqu’à dénicher la personne qui portait cet indicateur de chakra. Si ! Je l’avais ! Sans attendre, je me mis à courir en direction de ce chakra, sans m’arrêter, prenant tout de même soin de ne pas me faire découvrir. Mais lorsque je vis le personnage de dos, je ne pus m’empêcher de dévoiler directement ma présence. Je me glissais à quelques mètres de lui en demandant, avec une froideur incroyable.
Seuls les bruits des pas du dénommé Sensoo Kiru faisaient obstacle au silence environnant. Il marchait toujours d'un pas ferme et décidé vers l'entrée de son ancien village. Ses sentiments de tristesse s'étaient atténués depuis les quelques instants où il avait reprit son chemin. Dans sa tête, une multitude de question se bousculait : qui avait fait du mal à son village et à ses habitants ? Dans quels buts ? Serait-ce un acte d'une guerre dont il ne connaissait rien ? Les autres villages, avaient-ils apporté leur soutien ? Les avaient-ils abandonné à leur sort ? Avaient-ils un quelconque rapport avec la suppression pure et dure du village caché de la Brume ? … Les questions pleuvaient et aucune réponses ne venaient. Le jeune homme au sabre géant ne parvenait pas à trouver le moindre début d'explication quant à ce qu'il s'était passé ici, voilà déjà une année. Sous sa capuche, ses sourcils blancs s'étaient froncés et son regard était devenu dur, son visage à moitié caché par l'ombre laissait apparaître une certaine frustration, voire même de la colère, une colère dirigée tout d'abord contre lui-même pour avoir été absent au point de ne même pas avoir pu réagir face à des menaces capables de mettre en pièce un village shinobi tout entier. Il était temps d'aller trouver des réponses, tel était son nouveau but désormais, et c'était dans cette idée qu'il ne s'arrêtait pas de marcher depuis qu'il avait fait ses adieux au village en détruisant son dernier lien émotionnel qu'était sa fameuse spalière, forgée par ses soins à une époque semblant très lointaine à présent. Une époque où il croyait se souvenir avoir une certaine importance pour le village caché de la Brume, une époque où le pouvoir qu'il détenait était semblable à celui d'un chef de village en personne. Ainsi le jeune homme ne voyait que le sol jonché de divers débris accompagné parfois d'anciennes trace de sang et soudain.
? : « Toi ! Tu es.. Kiru ? N’est ce pas ? »
Le cœur de Kiru accéléra brutalement alors qu'il se trouvait de dos. Il n'avait rien senti jusqu'au dernier moment, une fraction de seconde avant que ces mots ne soient prononcés. Lui qui se croyait seul sur les anciennes terres Kirijins avait été surpris et cela était arrivé suffisamment rarement dans sa vie toute entière pour le mettre dans un état second. Son instinct primaire se réveillait, la curiosité quant à ce nouveau venu était à son paroxysme. Qui était-il pour pouvoir surprendre le jeune ninja ? Même s'il n'était pas spécialement préparé à rencontrer quelqu'un, le ninja félicitait intérieurement l'individu d'avoir réussi ce tour de force. A l'extérieur, cependant, les choses étaient tout autre. Le ton froid qu'avait employé l'inconnu ne plaisait guère à Kiru et celui-ci était suffisamment marqué par la découverte des ruines de son ancien village pour être imprévisible dans ses actes. Il cessa d'être immobile au bout de quelques secondes pour reprendre sa marche. Il ne s'était nullement retourné et laissa échapper quelques mots d'une voix sans émotions particulière.
Kiru : « Vous devez faire erreur... Laissez moi maintenant. »
Kiru avait tout fait pour ne pas se faire reconnaître en revenant ici en mettant par exemple sa capuche dans les zone encore habité ou en dissimulant tout insigne Kirijin visible sur lui. Et cet homme, à en juger par le timbre de sa voix, était parvenu à le percer à jour sans la moindre difficulté. Il réfléchissait rapidement alors que ses pas gardaient un rythme dynamique. Selon lui, il y avait trois options, soit il s'agissait d'un ancien Kirijin, soit il s'agissait d'un éventuel traqueur, puisqu'il était devenu Nukenin ou alors l'individu était un ninja aux capacités sensorielles extrêmement développé. Il ne tint presque pas compte de la première option, la coïncidence serait tout simplement énorme quant à la rencontre de deux Kirijins dans les ruines de leur ancien village. Dans le cas où il pouvait être un traqueur, ce dont Kiru doutait fortement, le jeune homme avait discrètement glissé sa main gauche sur sa cuisse pour saisir un kunaï de sa propre création. Enfin, la dernière possibilité était la plus plausible. L'ancien ninja de la Brume avait connu de nombreuses personnes à l'époque, la personne qui s'était adressée à lui était peut-être une ancienne connaissance après tout.
Le shinobis que j’avais face à mo s’arrêta soudainement à l’entente de son nom. Il me faisait toujours dos, mais il restait ainsi, sans se tourner, ni même prononcer un seul mot. Cependant, j’avais sentis lorsque j’avais prononcé mes mots que ma présence lui avait fait peur, ou bien non, le mot peur est mal utilisé, car un shinobis aussi talentueux que lui ne pouvait pas avoir « peur » de ma soudaine apparition. Il avait très certainement été surpris. J’avais sentis son chakra s’agiter, comme s’il s’apprêtait à combattre. Pourquoi une telle réaction ? J’avais quant à moi plusieurs possibilités sur sa réaction ; premièrement : il ne reconnaissait ni ma voix, ni la signature de mon chakra, ce qui signifiait qu’il n’était en aucun cas un senseur comme moi je pouvais l’être, deuxièmement : il savait qui j’étais, mais sa réaction agressive signifiait que ma présence le dérangeait ou était justement intolérable, et dans ce cas précis, un combat s’engagerait, et l’un de nous deux mourrait. Et troisièmement et dernièrement : il savait qui j’étais, mais il ne voulait en aucun cas me donner des réponses, et dans ce cas-ci, un combat s’engagerait aussi.
Mon cœur était bouleversé, je sentais une grande haine m’envahir, mes objectifs aussi avaient changés en découvrant le champ de ruine laissé par des êtres immondes. Même s’il s’agissait de l’ancien chef des épéistes, je n’hésiterais pas à tirer les informations que je désirais, et ce par la force. Cependant, même tiraillé par la haine, je connaissais la valeur de cet homme, et il serait pour moi d’une bien meilleure utilité s’il était de mon côté. Mon interlocuteur me répondit alors avec dédain que je faisais erreur sur la personne avant de se remettre en marche, tout aussi lentement qu’avant mon interruption. Mais il n’y avait aucune erreur possible, je reconnaissais cette voix, cette odeur et la signature de son chakra, c’était bien lui. Mes traits se durcirent, je plaçais alors ma main droite sur le manche du katana qui se trouvait dans son fourreau, fixé dans mon dos, et je le tirais lentement, émettant alors un doux et long bruit de métal. L’objectif était bien entendu que mon interlocuteur à capuche entende ce bruit, qu’il sache que je ne plaisantais pas. Je plantais mon regard sur mon interlocuteur et je repris, de la même voix froide et dénuée d’émotions.
« Après la vue de ces ruines, mon cœur réclame vengeance pour ma patrie. Si tu as des réponses, donne les moi de suite, ou je viendrais les prendre par la force. Et je ne serais pas le simple chûnin de Kiri que tu as connus.. » Dis-je avec un ton partagé entre la haine envers ceux qui avaient fait ça et la menace que je lui soumettais.
Je gardais cette pose, j’étais prêt à combattre s’il le fallait. Revenir dans le monde shinobis avec le sang de l’ancien chef des sabreurs sur les mains n’était pas vraiment la meilleur façon, ni même celle que j’avais imaginée, mais si ce devait en être ainsi afin d’avoir les réponses à toutes mes interrogations, ainsi soit-il. Le vent soufflait et je sentais toujours cette odeur pestilentielle, je sentais derrière moi le souffle de la nation qui avait disparu, et cette sensation noircissait mon cœur de minutes en minutes.
Après sa courte déclaration le jeune Kiru avait repris sa route sans demander son reste. Toutefois, un doux son familier lui parvint aux oreilles, celui d'une lame se frottant légèrement à son fourreau lorsqu'on la sortait. L'ancien Kirijin ralentit davantage sa marche et l'on vit sa capuche aller de gauche à droite à plusieurs reprises. Il hochait la tête en réalité comme s'il ne parvenait pas à croire ce qu'il venait d'entendre : un défi à l'épée ? Vraiment ? Comme si cela n'était pas suffisant, l'interlocuteur lâcha une nouvelle phrase assurée et pleine de menaces. Il avait également dit être un chûnin qu'il avait connu, l'homme à l'épée géante ne s'était donc pas trompé, lui et cette personne s'était déjà connue à une autre époque. A la fois agacé et curieux, Kiru se décida à arrêter son pas une énième fois. Il avait choisi d'affronter le regard de cette personne qui tenait à l'entendre parler sur des possibles réponses qu'il aurait en sa possession. Lui savait qu'il n'en était rien mais son orgueil l'empêchait de simplement dire la vérité en affirmant ne rien savoir de particulier. Il avait relâché son kunaï son sous manteau et se retournait lentement.
Kiru, en se retournant : « Oser menacer sans preuve n'est pas digne d'un Kirijin, surtout lorsque l'on sait à qui on s'adresse. »
Sa voix avait été glaciale, voire même sombre cette fois-ci. Cette déclaration n'avait plus rien à voir avec sa précédente tirade, on y sentait l'énervement et une pointe d'excitation mêlées à un violent combat interne. Kiru se retenait pour ne pas bondir, c'en était trop pour une seule et même journée mais il devait se contrôler, il l'avait toujours fait. En parlant, il avait fait comprendre à l'homme qui lui faisait désormais face qu'il avouait finalement être celui qu'il avait cru reconnaître. Lui aussi avait porté sa main au manche d'or trônant à quinze centimètres au-dessus de sa tête. D'un geste, il se saisit de la puissante lame et la fit basculer avec son fourreau à l'horizontale avant de la faire lentement sortir de sa prison temporaire en copiant le même bruit mélodieux du métal qu'avait su lui faire entendre l'autre personnage peu agréable. Toutefois, ce chant naturel dura un peu plus longtemps et lorsqu'il eut fini de sortir les deux mètres de métal noir, il laissa son épée à la forme infernale tomber à la rencontre du sol tout en tenant fermement son manche. L'impact fit craquer une petite zone d'environ trente centimètres de diamètre et une chaleur sans nom vint envahir l'environnement proche de Kiru. La Lame de la Reconnaissance s'exprimait d'elle-même en libérant ses mille sept-cents degrés de douleur brûlante d'un seul coup. Cette particularité était discernable seulement lorsque la lame se trouvait à l'extérieur de son fourreau, comme à l'instant. Et comme pour achever ce tableau théâtral, une bourrasque de vent fit tomber la capuche de Kiru en arrière, révélant ses cheveux blancs et surtout son visage fermé et dur. Laissant échappé une légère vague de chakra bleuté, il s'adressa une nouvelle fois à celui qui venait de le menacer.
Kiru : « Alors Gekei Pô, que vas-tu faire maintenant ? »
Il n'avait pas emprunté un ton de défi mais le timbre froid était toujours très présent. Kiru venait de reconnaître à qui il parlait. Tous deux avaient l'occasion d'effectuer une ou deux missions dans le temps et il était vrai qu'il s'agissait encore d'un ninja moyen. Mais le propriétaire de la lame noire était extrêmement satisfait de voir ce qu'était devenu cet homme. Bien sûr, il ne savait absolument pas ce qu'il avait pu accomplir ou non mais pouvait ressentir sa force maintenant qu'ils se faisaient face. Elle était sensiblement égale à la sienne voire plus, et l'âme Kirijin qu'avait Kiru le rendait d'autant plus fier de voir le parcours effectué par cet individu issu d'un clan aussi intéressant qu'était les zoomorphes. Par orgueil, il ne laissa rien transparaître quant à la joie de retrouver un ancien ninja de Kiri qui semblait chercher les mêmes choses que lui. Il le testait en réalité et le laissait le choix de la suite des événements, histoire de voir comment il allait réagir. C'était son instinct sans faille qui le commandait d'agir ainsi, quelque chose lui disait que cette rencontre ne pouvait pas être qu'une simple coïncidence.
Mon homologue se retournait lentement, le son métallique de la menace que j’avais proférée semblait l’avoir retenu dans sa marche. L’ambiance devenait glaciale, et je sentais bien que son chakra entrait dans une phase de concentration, son sang bouillonnait, tout comme le mien. Allions nous combattre l’un contre l’autre ? Cela n’était pas encore dit, mais pour ma part, je n’hésiterais pas à fondre sur lui s’il ne voulait pas me donner les réponses aux questions que je me posais. Quelqu’un devait payer pour ce crime infâme commit contre la nation de l’eau, j’étais déterminé à faire payer les coupables, et je ne m’arrêterais devant rien pour atteindre ce nouvel objectif. En se retournant, je pouvais voir certains mèches de ses cheveux, blancs, avec un visage dur, cela confirmait juste ce que je pensais quant à l’identité de mon interlocuteur. Finalement, je n’avais en rien perdu mes capacités de senseur, ils étaient toujours aussi aiguisés. Mon homologue commença par garder le silence avant de le rompre, d’un ton glacial, qui n’était pas pour me plaire bien évidemment. L’ambiance devenait tout aussi glaciale que le ton qu’il venait d’utiliser, une bataille se préparait, et nous en serons les auteurs.
Dans ses mots, que dédain et arrogance. Il remettait en question la patrie dont je faisais partie, me croyant indigne de l’insigne de la brume, avec un zest d’arrogance, se croyant supérieur. Cependant, comme je l’avais dis précédemment, je n’avais rien du chûnin que cet homme avait connu, j’en avais fait du chemin depuis sa disparition, j’étais devenu un grand de ce monde. Je ne me pensais pas le meilleur combattant du monde, mais s’il arrivait à m’envoyer dans l’autre monde, vous pouvez être certains que je l’y emmènerait avec moi. Je sentis chez mon adversaire une certaine hargne, il semblait très en colère, et je n’étais visiblement pas la raison de cette colère, mais je l’accentuais par la menace que j’avais proférée. Cependant, il en était de même pour moi, ma colère ne cessait de grandir alors que je sentais mon cœur noircir de minutes en minutes. Son absence de coopération ne faisait que m’énerver de plus en plus. Comme je l’avais dis, je lui retirerai moi-même les informations dont j’avais besoin. Kiru tira sa longue épée qu’il avait dans son dos, et je sentais, même à cette distance, la chaleur de son sabre. Il avait été le chef des épéistes de la brume, un homme redoutable je le savais, je ne le battrais pas en combat à l’épée, mais ce ne serait qu’un prémice pour le jauger.
Mais mes yeux s’écarquillèrent lorsqu’il prononça mon nom, me demandant alors ce que j’allais faire maintenant que le combat était sur le point d’éclater. Etait-ce une provocation afin que je me ravise ? Mais ce ne serait certainement pas le cas. En tout cas, j’étais désormais sur d’une chose, il m’avait reconnu. Cependant, je ne savais comment interpréter le fait que malgré cela, il soit toujours dans l’optique de combattre. Mais qu’importe, j’effectuais deux trois mudras avant de placer ma main gauche sur la lame de mon sabre, près de la garde, le tirant d’un seul coup en longeant l’épée. Sous ma main, l’épée s’électrifia, une technique qui permettait d’insérer du chakra Raiton dans le sabre. De toute manière, avec un sabre normal, je ne le battrais pas et j’en étais conscient.
« Je viens de sortir d’exil lorsque j’ai appris la nouvelle de la destruction de Kiri.. dis-je toujours avec le même ton glacial. Je suis venu directement ici pour en avoir la preuve. Je vais tuer ces chiens qui ont commis ce sacrilège, mais j’ai besoin de réponses. Ce que je vais faire ? Faire en sorte que tu me donnes les informations que tu détiens, de gré ou de force avant d’aller accomplir ma vengeance. »
J’avais prononcé ces mots avec une froideur qui ne me ressemblait pas. Kiru pourrait certainement sentir dans ma voix toute la haine que ce spectacle avait engendré chez moi, toute la colère qui montait en moi, noircissant mon cœur et détruisant peu à peu cet idéal de paix que j’avais avant mon exil. J’attendais patiemment sa réponse, mais il devait certainement savoir, que de ses mots, s’engendrerait ou non une bataille sans merci. Le gentil serpent voulant la paix, c’était désormais terminé, désormais, je n’hésiterais pas à commettre les pires atrocités si cela pouvait servir ma vengeance. Vous savez ce qu’on dit : la vengeance est un plat qui se mange froid. J’étais là, debout, face à Kiru, tous les deux armes à la main, prêt à bondir l’un sur l’autre. Je savais que je ne pourrais gagner en force pure contre lui, mais j’avais bien d’autres atouts dans ma poche, mais allais-je m’en servir ?
Le test de Kiru prenait fin aussi vite qu'il avait commencé. Le ninja à la lame noire voulait connaître la réaction de Pô devant son refus de répondre quoique ce soit et c'était chose faite. En effet, ce dernier avait persisté dans son désir de combattre, ce qui signifiait qu'il n'avait pas compris que le sabreur ne savait rien de plus que lui quant au sort de leur ancien village. Une petite moue de déception se fit voir sur le visage dur du garçon aux cheveux blancs... Il la réprima en un soupir avant de s'avancer vers celui qui serait peut-être son adversaire. Kiru faisait traîner sa lame sombre derrière lui produisant des étincelles par moments, faisant fondre le peu de neige présente sur son passage. Il était claire que la haine aveuglait Pô, le ninja manipulateur de lame à pouvoir le savait pertinemment mais voulait que celui-ci s'en rende compte seul. Lui aussi rageait au plus haut point vis-à-vis de l'état actuel de son village de l'époque, mais il se contrôlait tant bien que mal. Il appliquait pour principe qu'un ninja se devait d'être capable de se maîtriser en tout temps. Ce principe bafoué pouvait mener à une guerre, il repensa brièvement à Kumo, ou encore à une bataille inutile entre deux personnes pas si différentes.
Kiru, à quelques mètres : « Que crois-tu que je sois venu faire ici, une année après la destruction totale de ce village ? »
Une question... Une simple question qui ferait peut-être réfléchir son interlocuteur dans un pareil moment. Kiru tenait à ce qu'il comprenne la situation aussi bien que lui l'avait compris. Il n'était plus le chûnin qu'il avait connu, c'était un fait. Toutefois, aux yeux du ninja, Pô révélait une personnalité impulsive, peut-être trop impulsive, à l'image d'un shinobi novice ou tout juste expérimenté, un chûnin en somme. Bien sûr, il savait pertinemment que Pô était à un niveau bien plus élevé. Il savait aussi que les émotions pouvaient prendre le dessus par moments, même pour ceux qui se prétendent puissants et sans rivaux. Lui-même était dans une profonde colère, simplement, il la canalisait pour la libérer une fois le bon moment venu, la bonne cible trouvée... Kiru continuait donc à avancer vers son potentiel adversaire, sans crier gare, il lâcha son arme nonchalamment. Celle-ci s'écrasa au sol avec fracas tout en continuant à produire sa grande chaleur. Le sabreur voulait montrer à Pô qu'il n'était pas un ennemi, il lui laissait le loisir de s'en prendre à lui si cela pouvait le soulager. Si bien qu'il détacha son fourreau sans plus de dynamisme et laissa son bien sur le sol froid. Et maintenant, qu'allait-il se passer ? Allait-il mourir ici même des mains de l'une de ses anciennes connaissances ? Le jeune homme n'était plus qu'à deux mètres au maximum de Pô, plein de haine. Il s'était arrêté et son visage dur sembla s'ouvrir légèrement maintenant qu'il pouvait discerner les yeux du zoomorphe. La tension était palpable entre les deux entités sur place et pourtant, nul ne pouvait prédire ce qui allait advenir du jeune Sensoo.
Kiru : « Je te le redemande Gekei Pô... Que vas-tu faire maintenant ? »
Certains auraient pu le prendre pour un suicidaire, d'autres tout simplement pour un fou. Kiru, lui, se voyait surtout comme étant la seule personne avec qui l'ancien Kirijin qui lui tenait tête pouvait parler, voire se confier. Encore une fois, l'instinct légendaire du basané aux cheveux clairs avait pris le dessus, il ne restait plus qu'à voir s'il avait encore eu raison de l'écouter comme à son habitude.
Les secondes passaient comme des minutes, le vent commençait à souffler légèrement d’un souffle glacial, déplaçant également toujours cette odeur nauséabonde de mort et de cendre. Mon interlocuteur avançant lentement dans ma direction en faisant trainer derrière lui son épée gigantesque et aussi brûlante que le cœur d’un volcan en éruption. Son arme était tellement lourde que lorsqu’elle avait touché le sol, celui-ci s’était déchiré sur une petite zone, prouvant de la force monstrueuse de son utilisateur. Mais cela ne m’impressionnait guère. Je le laissais avancer vers moi sans cligner des yeux, sans me mouvoir d’un seul centimètre. Il ouvrit alors la bouche, me demandant ce qu’il pouvait bien faire ici un an après la destruction de Kiri. A ces mots, mes yeux s’écarquillèrent. Des réponses, il ne devait certainement pas en avoir, mais tout comme moi, il devait en chercher. Ou peut-être me mentait-il tout simplement, qu’il se rapprochait en tenant ces propos pour m’endormir, pour que je baisse ma garde pour me frapper stratégiquement aux points faibles. Je plantais mon regard de glace dans le sien, sans bouger, sans répondre à ses propos.
Mais alors qu’il continuait à avancer, sa rapprochant de plus en plus de moi, je fus surpris de constater qu’il laissa sa lourde épée tomber sur le sol, continuant son approche vers moi, jusqu’à se retrouver à portée de ma lame, dans mon périmètre, périmètre que les samurais appelaient « leur espace ». Je voulais absolument mes réponses, mais ses propos me choquèrent encore. Il me demanda de nouveau ce que je comptais faire, alors qu’il était là, inerte, son arme étant au sol, à ma merci. Je voyais où il voulait en venir, mais il était trop tard pour cela. Fronçant mes sourcils, durcissant de nouveau les traits de mon visage, je levais lentement mon bras en l’air, comme pour faire abattre ma colère sur cet homme visiblement du même âge que moi. Kiru avait une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, mon épée. Je la relâchais soudainement.
« Je vois.. » dis-je alors que ma lame retombait toute seule dans mon fourreau dans un bruit métallique. Son comportement était clair, il ne connaissait pas les réponses et n’avait aucune envie de se battre contre un ancien compagnon. Ce n’était pas non plus mon cas, me battre contre lui ne me ferait absolument rien gagner. Comme je l’avais précisé, je préférais largement l’avoir dans mon camp que dans l’autre. Un allié de choix, mais un ennemi redoutable, quitte à choisir, je préférais le compter dans mes frères. Je soufflais alors de lassitude lorsque mon arme fut rangée. Il fallait que je trouve des réponses, et si lui non plus n’en avait pas, je ne serais pas bien avancé. Faisant comprendre à mon homologue que je ne désirais pas me battre contre lui, je m’assis sur une sorte de rocher qui était très présent avant sur l’archipel de la brume, des rochers érodés par l’eau pendant des centaines et des milliers d’années que les Kirijins ont remontés pour je ne sais quelle raison. Assis sur ma pierre, je lançais un regard en direction de l’emplacement de l’ancien village. Je prononçais des mots toujours légèrement froid, mais non à cause de la présence de Kiru, mais de la situation actuelle, et ma lassitude devrait certainement lui faire comprendre.
« Je viens de voir cette catastrophe, comme je te disais, il me faut des réponses à mes questions. Je tiens à ce que les responsables tombent sous mes coups. Et toi ? Que fais-tu ici ? »
Le zoomorphe avait enfin compris... Kiru ne savait rien sur les événements de l'année précédente mais il eut fallu qu'il aille dans les extrêmes pour éviter un possible bain de sang inutile. Le Gekei sembla alors se calmer un peu et prit place sur une roche répertoriée uniquement au Pays de l'Eau. Il exposa alors le fond de sa pensée. Sa haine était juste, le sabreur aussi pensait comme lui vis-à-vis du ou des auteurs de la destruction du village caché de la Brume. Il y avait longtemps qu'un événement ne l'avait pas mis en colère, même lorsque Kiri existait encore, le jeune homme n'avait jamais ressenti à ce point l'envie de se venger, de venger ceux qui étaient peut-être tombés au combat... Ceux qui étaient tombés au combat... Kiru fronça soudainement les sourcils comme si les choses s'éclaircissaient pour lui. La solution à son problème était là. Si combat il y avait eu alors cela pouvait vouloir dire qu'il y ai des survivants... Dans sa rage naissante, il n'avait pas pensé un seul instant qu'un ancien Kirijin soit encore en vie et pourtant, maintenant qu'il y pensait, il était plus que probable qu'un certain nombre d'habitants du village aient eu l'opportunité de fuir. Pô venait de se dévoiler un peu quant à ses intentions et demanda au sabreur d'en faire autant. Perdu dans ses pensées, Kiru ne répondit pas immédiatement mais secoua vivement la tête pour reprendre ses esprits et articuler quelques mots.
Kiru : « Je suis venu ici lorsque j'ai reçu ce message – il sort le bout de papier plié à l'intérieur de son manteau et le montre à Pô – Et malheureusement, le messager ne savait pas exactement où je me trouvais, il a erré de villages en villages durant presque une année avant de mettre la main sur moi et ensuite... J'ai découvert ça. »
Il se tut dans un silence pesant. Sa façon de parler avait légèrement été modifiée. Le ton froid était toujours présent mais cela commençait à devenir une habitude pour Kiru qui avait pratiqué le silence pendant de nombreux moments. Lorsque le zoomorphe eut lu le message, le sabreur le reprit et le plia soigneusement avant de le ranger convenablement, comme s'il s'agissait d'un bien précieux. Il alla ensuite récupérer sa lame et son fourreau au sol. Il n'y eut aucun autre bruit que celui du métal pendant quelques instants... Puis Kiru revint à la hauteur de Pô et s'exprima une nouvelle fois.
Kiru : « Je compte aller à la recherche de réponses. A la recherche de nos frères... Les trois villages cachés sont ma prochaine destination. »
Il hésita quelques secondes avant de poursuivre. Les mots ne parvenaient pas à s'organiser correctement et le jeune homme ne savait pas ce qu'il devait faire. Il avait envie de compter l'autre homme comme allié mais d'un autre côté, la part impulsive de ce dernier le dérangeait. Kiru avait des projets et ce genre de comportements pouvait tout faire basculer. Après un petit moment, il finit donc par décider de lui faire une proposition. Libre à lui ensuite de choisir entre la solitude ou la compagnie d'un ancien compagnon d'arme.
Kiru : « Que dirais-tu de te joindre à moi pour cette noble quête ? »
Pour sa question, le ton glacé avait disparu laissant place à une neutralité déconcertante. Il n'attendait pas de réponse en particulier, que ce soit positif ou non l'importait peu en réalité. Alors bien sûr, un ami ou une connaissance à ses côté serait préférable mais Kiru était décidé à effectuer ce qu'il avait prévu de faire de toute évidence et cela seul ou accompagné.
La tension de l’air retombait en même temps que la température du vent et du sang dans nos veines. Mon camarade ex-Kirijin et moi avions donc renoncer à nous battre l’un contre l’autre, dans ce qui aurait été un combat spectaculaire pour nous, mais apocalyptique pour le paysage qui avait déjà bien souffert de l’arrogance des hommes. Assis contre mon rocher, je regardais mon compagnon d’arme avant qu’il ne donne sa réponse à mon interrogation. Tout en le faisant, il sortit de sa poche un papier froissé, petit, sur lequel était écrit un message qu’il me tendit, annonçant qu’il avait reçu ça il y avait peu de temps ce cela, et que le messager devant lui donner avait mit plus d’un an pour retrouver sa trace. Puis, lorsqu’il avait enfin reçu le message, il était venu directement pour vérifier l’état de Kiri. C’était ça qui était écrit dans son message, l’état actuel de Kiri. Alors que mon regard de glace était planté dans celui de mon homologue, je sentais dans ses paroles une pointe de tristesse mélangée à de la colère qu’il essayait non sans mal à dissimuler. Comme moi, bien que gradé, il avait du mal à garder son sang froid face à la désolation de Kiri.
« Désolation.. » c’était bel et bien le mot adapté à la situation. Les shinobis de ce monde sont formés à dissimuler leurs émotions, à ne jamais les montrer aux autres car les émotions étaient considérées comme la pire faiblesse des shinobis, ce qu’il fallait absolument cacher aux autres pour ne pas se mettre en danger. C’était vrai, j’étais totalement d’accord avec ça ! Mais là, j’avais choisis de ne pas respecter cette règle, au contraire, j’allais obéir aux émotions que je ressentais face à la désolation de la brume, en tenter de venger celle qui, bien que m’ayant fait beaucoup de mal, m’avait recueillit après la mort de mon paternel. A cette idée, je pensais soudainement à ceux de mon clan qui vivaient ici, et ma rage n’en était que décuplée. Le clan Gekei avait souffert toute son existence à cause de sa différence, à cause de son lien avec la nature, ou plus particulièrement avec la faune. Nous nous pensions plus animal qu’homme, et après une telle démonstration de stupidité des hommes, cela ne faisait que renforcer cette idée. Je n’avais quant à moi plus de famille, plus rien d’autre que les Gekei que j’avais déjà voulu ressouder et rassembler pour vaincre dans le temps ou j’étais encore shinobis de la brume. Aujourd’hui, j’allais recommencer, j’allais faire se rejoindre les shinobis Gekei restant afin d’unir nos forces contre l’adversité. Et mes premières pensées allaient à Gekei Masashi, Gekei Asagoro, Gekei Fujichiro, Gekei Soranamida et bien d’autres que j’avais rencontré dans ma vie. J’étais décidé à reprendre là où je m’en étais arrêté, et la première étape était de retrouver les trois chefs du clan Gekei, ceux qui, sous ma demande, ce sont rassemblés dans les marécages de Kiri pour fonder le « conseil des marais ». Il s’agissait de Masashi et Soranamida.
Alors que j’étais perdu dans mes pensées, je regardais tout de même l’ancien chef des épéistes qui retournait chercher son épée laissée au sol avant de la remettre délicatement dans le fourreau, laissant alors retomber la chaleur pesante de son arme. Celui-ci, après mes mots, semblait pensif avant de dévoiler qu’il voulait lui aussi des réponses à ses questions concernant la désolation de la brume, mais son autre propos me choquait plus encore, me donnant des informations sur son état mental actuel : « à la recherche de nos frères.. ». Cette phrase trompait la grande tristesse de Kiru face à ce spectacle, lui aussi avait renoncé à ne pas écouter ses émotions et chercherai vengeance. Sa première destination était les villages cachés, les trois puissances restantes. A première vue, ce plan était plus que plausible, voir nécessaire pour avoir des réponses. Qui mieux que les kages des autres grandes nations pourraient avoir des réponses à nos questions ? Puis mes yeux s’écarquillèrent légèrement lorsqu’il me proposa de me joindre à lui dans cette « quête ». L’information fit rapidement son tour jusqu’à mon cerveau, observant toutes les possibilités que cette coopération pouvait offrir. Si les villages étaient responsables de la destruction de Kiri, une guerre se préparerait, et il valait mieux que nous soyons plusieurs et bien armés pour s’attaquer aux grandes nations. Je me redressais alors de mon rocher, me mettant debout, face à lui. Je lui tendis mon bras afin qu’il le saisisse. Je voulais lui montrer que j’étais entièrement avec lui dans cette « quête », qu’il pourrait compter sur moi comme sur un frère d’arme.
« Je te suis, nous serons plus efficace à deux. Je pense aussi qu’il serait plus sage de commencer par rendre visite à Konoha. De toutes les nations, c’est la seule qui n’a jamais eu, plus ou moins, de querelles avec Kiri. Si nous voulons de l’impartialité et de l’honnêteté, commençons par la feuille. »
Cependant, juste après avoir prononcés ces mots sur un ton engagé, je sentis une présence à quelques kilomètres de là, ou plutôt, la résonnance d’un chakra qui m’était plus que familier. Il s’agissait d’Asagoro, l’un des Gekei que je connaissais. Le Gekei du Gorille, un puissant allié. Si je voulais refonder le clan Gekei et le ressouder, je devais commencer par retrouver mes anciens alliés animaux. Je plantais alors mon regard de glace dans celui de Kiru : « Il y a une chose que je dois vérifier avant. Commence le voyage, je te rattraperais avant que tu arrives aux portes de Konoha, je suis senseur, j’ai l’habitude de rattraper mes cibles » dis-je avec un petit sourire en coin. Après cela, nous nous séparions, lui, en direction d’Hî no kuni, et moi, à la recherche de ma cible. Asagoro..
