Rencontre inattendue [Rang B - Samui Kakeshuou]

Citation :: Les villages côtiers bordant l'archipel sont connus pour la variété de poissons qu'ils pêchent et vendent. Depuis quelques jours cependant l'un de ces villages ne répond plus. Rendez vous dans ce village, Haketsu, et voyez ce qui se passe. Tentez de résoudre le problème, si c'est possible.

Le pays de Mizu no Kuni se composait d'un grand nombre d'îles de taille variée en plus de l'île principale qui se situait au centre de l'archipel. Rei n'avait que peu voyagé à travers celui-ci. Outre les diverses missions qu'il se vit confier, le jeune homme ne se déplaça que deux fois hors du village pour aller à Yuki no Kuni. Ce pays maudit cause de tous ces mots. Ces êtres qui le martyrisèrent et le brisèrent encore et encore. Il avait en indignation toute personne venant de cette contrée, de même il avait coupé tout contact avec la famille qui y résidait, tout échange de lettre lui rappelait l'horreur qu'il avait traversé. Qui aurait prédit qu'un jour il rencontrerait l'homme à la tête du Pays de la neige, un Samui qui plus est.

Lorsqu'il se leva de son lit ce jour-là, le jeune homme ne pouvait prédire ce qui l'attendait. Son père, un des plus éminents membres du conseil de son clan lui avait confié une mission toute particulière. Il ne s'était pas étalé sur les détails et Rei se douta d'une possible manigance. Il alla donc en quête d'information auprès des ninjas chargés des missions. Lui qui auparavant n'avait jamais fourni l'effort de s'informer sur son partenaire comprit sans trop de mal que cette consigne se révèlerait différente des autres. Lorsqu'il arriva à bon port, il demanda à la femme qui se tenait devant lui des informations relatives à son ordre de mission.

« Bonjour, j'ai besoin d'une information. Qui sera mon partenaire lors de cette mission ? »

Il tendit alors le morceau de papier à la kirjin qui fouilla dans ses registres après l'avoir lu.

« Voilà c'est lui, Samui Kakeshuou. »

« Merci. »

Kakeshuou, ce nom résonnait dans la tête de Rei alors qu'il tentait de se remémorer ce qu'il avait entendu dire à propos de cet homme. Il était également membre du Conseil du clan, un ninja d'un certain âge, attaché aux vieilles traditions du clan. Intégriste, il s'était dévoué à celui-ci, tout l'inverse de Rei pour qui ni le clan ni le village n'avait d'importance. La seule chose à laquelle il en donnait était lui-même, ses objectifs et les rares personnes chères à ses yeux. Cette quête se trouverait très différentes des autres, autant puisse-t-elle lui être pénible ou bénéfique. Le Samui se dirigea donc près du tunnel Nord du village et attendit son partenaire aux portes de celui-ci sur un banc.

« Ce sera une longue journée.... »

Spoiler:

Une énième mission. Encore une de ces promenades à effectuer en dehors du village pour rassurer le bas peuple, et prouver que l’on était là pour assurer leur protection. Bande de paysans, démerdez-vous donc ! De tout temps, les hommes ont su trouver une solution pour garantir leur sécurité de façon autonome. Recours à des milices, à des mercenaires, la formation d’une armée privée par un paternalisme seigneurial quelconque. Les solutions étaient pléthores ! Mais non ; un village manquait à l’appel, et pour ça, bien évidemment, on fait appel aux meilleurs combattants du temps ! Quoi de plus logique, je vous le demande … !

Bien qu’il raillait intérieurement ce genre de situation, Kakeshuou Samui avait accepté l’ordre de mission sans broncher, et avait préparé son matériel. Pour une fois, inutile d’amener du lourd. Les armes standards et sa vitalité – malgré son grand âge – feraient largement l’affaire. D’autant qu’il agirait aujourd’hui en binôme. Why not … . Cette fois-ci, la chose pourrait être intéressante ; puisqu’il ferait équipe avec un consanguin ! Rei Samui. Un homme étrange, qui venait de refaire son apparition ! Le jour où il s’était présenté aux Portes du quartier clanique avait suscité bien des surprises et de la joie. Il était rare de voir un camarade revenir après un tel temps d’absence. Un an, ce n’est pas rien sur la vie d’un homme ! Surtout lorsqu’il s’agit d’un Ninja, homme devant être prêt à se sacrifier pour son village au cours de guerres et de missions. Les autres membres du Clan lui avaient déjà parlé, comme pour essayer de rattraper le temps perdu. Le vieux briscard, lui, profiterait de cette mission pour en savoir plus.

Ayant rejoint le Tunnel du Nord, lieu de départ pour cette mission d’inspection vers l’Est de l’île, le Lion des Neiges posait pied sur cette petite place d’entrée du village caché du Brouillard. Jetant un œil aux alentours, au milieu des différents passants dont il connaissait grossièrement les visages et les identités qui allaient avec, il localisait enfin son partenaire de mission. D’un pas fort et décidé, il traversait la cour et se postait juste devant son camarade, assis sur un banc. Il se prélassait ? Signe de fatigue avant le signal de départ, ou preuve d’une grande confiance en lui ? Au fond de lui, le vétéran des guerres kiriennes espérait surtout qu’il ne s’agissait pas de quelqu’un de versatile et de nuageux. Il priait pour voir, dans cette mission, un membre fort et renforcé par ses récentes expériences, motivé et rajeuni par son retour au milieu des siens. Le déroulement de la journée lui en dirait plus.

~ Rei ? Je suis Kakeshuou. Bon retour parmi les tiens … . Notre mission a lieu à l’Est du pays, je pense que l’on pourra y être en quelques heures de marche … .

Une interpellation simple, sans agression. Quoi, vous pensez donc tous que le quinquagénaire n’est qu’un vieux papi sans cervelle ? Votre serviteur sait faire preuve de courtoisie, et peut même parfois sourire ! Mais il n’aime pas le faire … . Ca rajoute des rides sur son visage déjà usé par le temps. Trêve de plaisanterie. Les mains sur les hanches, le ninja se permettait une comparaison rapide. Son homologue était assez jeune, mais semblait déjà vêtu d’une certaine expérience. Et puis, on n’envoyait pas un gringalet pour une mission de rang B, même si celle-ci restait au sein du pays. Qu’à cela ne tienne : il fallait désormais avancer.

~ Bon, hé bien … on se lance ? Il ne faut pas traîner non plus. Nous discuterons en route ; tu pourras me demander tout ce que tu veux sur les récents évènements … .

Sur ces mots d’invitation et de mise en route, le Jônin tournait les talons et se dirigeait directement vers les Tunnels. Ils avaient une longue étape à réaliser avant que le soleil ne se perche haut dans le ciel. Le fameux village n’était certainement pas à côté ; mais ils auraient l’occasion de passer par plusieurs bourgades et obtenir plusieurs informations en chemin. Espérons que le voyage ne sera pas trop lassant … .

Spoiler:

L’homme qui se présentait devant lui faisait ressortir une certaine fierté, en plus d’une force de caractère. Il était possible d’analyser un homme rien que par sa posture, qu’elle soit avachie, droite, confiante, arrogante, timide. Sa longue chevelure blanche faisait de lui un digne membre des Samuis, ressemblant à la crinière d’un lion et il possédait également la même taille que son jeune coéquipier. Il ne connaissait pas cet homme outre les dires qu’il avait pu engranger. Il fallait donc qu’il s’en méfie, leurs idéaux semblant être opposés. Kakeshuou vint de placer devant lui et le salua de son prénom, lui souhaitant un agréable retour au village. Il était donc au courant, comme la majorité des personnes de son clan ou le connaissant de sa disparition. Rei espérait que contrairement à la populace, il serait faire preuve de retenue et de respect dans ses mots. Qu'importait, il en avait l’habitude. Les mains posées sur ses hanches, son accueil s’était tout du moins fait dans les règles de la courtoisie. Il l’invita par la suite à prendre route vers leur destination, om ils pourraient faire plus amplement connaissance.

Il se releva de son banc à l’aide de sa main droite qu’il posa contre le morceau de bois, puis se dirigea vers le long tunnel qui menait à la sortie du village. La seule source de lumière qui guidait le chemin des milliers de passant qui empruntaient cette route chaque jour se restreignaient à des plafonniers, étant donné la longueur de cette route creusée dans la roche à la force de l’homme et de ses techniques. Sans maître de la Terre, la tâche se serait révélée ardue, le village en cet époque était à l’aube de sa puissance, il possédait donc bien moins de moyens qu’en ce temps. Puis lorsqu’ils sortirent du dédale, ils se mirent à courir afin de rapidement rejoindre leur point de rendez-vous, Haketsu.

Ce village côtier faisait partie d’une bande d’agglomérations vivant en grande partie de la pèche et du commerce. Il était rare que des pirates osent s’aventurer en ces lieux gardés par le puissante village caché de la Brume sanglante, rares étaient les fou qui osaient s’y frotter. Mais ses habitants n’ayant plus donné de nouvelles depuis quelque jour, le village avait décidé d’envoyer une missive, composé du Jonin Kakeshuou Samui et de Rei afin d’y trouver des réponses. Au bout de quelques minutes de silence, Rei se souvint de son comportement avant sa capture. Depuis tout temps, il ne s’était jamais intéressé au clan ainsi qu’à ses prétentions. La politique était une chose qu’il trouvait inutile, le clan des chaines le liant. Mais à son retour, et grâce au soutien inconditionnel de Aoji’ sa façon de penser changea. La puissance, la connaissance, la force, le pouvoir, tant de choses qui importaient maintenant à Rei. Ses prétentions de paix et sa détermination se trouvèrent renforcé, même si elles reposaient encore sur des fondations instables.

Afin que la mission se déroule dans de bons augures, il ouvrit le dialogue entre les deux hommes, comportement étrange et rare venant de lui.

« Vous devez très certainement posséder des informations sur moi, mais afin que la mission se déroule bien je préfère le préciser. Malgré que fasse partie du clan Samui, je ne maîtrise pas encore la glace, ou tout du moins je n’arrive à refroidir qu’une toute petite quantité d’eau, insuffisant pour se battre. Cependant je suis maîtrise l’Iroujutsu, ainsi que le Suiton et le Fuuton. Mon style est pour l’instant quelque peu déséquilibré. Je me sers de ma vitesse et de la puissance qui en découle afin de combattre grâce à mon katana. »

Son jugement sur ses capacités était, de son avis propre, relativement objectif. Rei savait qu’il n’était pas un ninja aguerri, ainsi qu’un médecin hors pair. Mais il s’entrainait durement afin de progresser en ce sens, pour un jour pouvoir marcher la tête haute en terrain ennemi.

« Je voulais également vous poser quelques questions. Pardonnez-moi si cela vous dérange, mais comme vous le savez j’ai été absent un certain temps dirons-nous. Et malgré le fait que mon père, qui siège au conseil du village, m’ait informé de certains récents événements, il y a encore beaucoup d’éléments qui m’échappent. Quel est la position actuelle du village, tant sa force, que ses idéaux, ainsi que ses objectifs ? »

Comme à son habitude, il parla d’une façon respectueuse à la personne qui se tenait à ses côtés. Il n’aimait pas en temps normal dialoguer inutilement, mais la quête d’information était vitale, in fine cette conversation l’était également.

Spoiler:

Un petit curieux, hein ? Pourquoi pas, il faut être prêt à débusquer des indices pour être un bon ninja. Mais malgré ce soudain bavardage qui n’entrait pas vraiment dans les habitudes de notre senior aux premières rides frontales, Kakeshuou ne voyait pas vraiment de raison de se refermer comme une huitre, et de laisser son interlocuteur dans le néant, sans réponse ni sourire. Attention, pour le sourire, il pouvait toujours se gratter ! Mais discuter un peu ne serait pas nécessairement un mal. En revanche, subsistait un problème … et de taille ! …
Le temps que je fasse ce monologue pour le moins barbant et inutile à lire, la plupart des informations que venait de donner le jeune Rei étaient passées à la casserole sans que le Jônin puisse les retenir ! Il se contentait de retenir quelques bribes : Iroujutsu, vitesse, katana. Okay, ca marche ! Et à l’avenir, le Lion des Neiges serait plus attentif. Une nouvelle série d’informations arrivait en force, avec des questions à la clé. Mais tu veux pas la fermer, deux secondes ?! Le quinquagénaire n’est pas habitué à parler autant en une seule traite ! Si tu ne lui laisses pas le temps de souffler, de tout intégrer et de passer à la partie « Réponses », la discussion risque rapidement de tourner en engueulade, crois-moi, mon bonhomme !!

~ Du calme. Tu veux avoir des informations, je veux bien le comprendre. Mais on va commencer par fixer des règles. Tu laisses au moins trois minutes entre chaque déclaration ; et tu me tutoies. Nous sommes du même Clan, de la même famille. Aucune raison qu’il y ait différence.

Avec cela, quelques secondes de pause, merci ! Cela donnait le temps à notre homme de se reposer quelques secondes, et à son acolyte de se faire une première idée de l’homme qui l’accompagnait pour cette mission. S’ils devaient tous deux se charger d’un village perdu pour X raison, ils devaient apprendre à se connaître. Ce n’était d’ailleurs pas seulement une question de circonstances : ils devaient certes s’entendre pour cette mission, mais aussi pour toute prochaine rencontre où les membres du Clan devraient unir leurs forces. C’était un scénario qu’il ne fallait pas exclure dans un monde où les affrontements se multipliaient sans cesse. En particulier dans cette période de guerre intense, où les attaques surprises et les mauvaises rencontres se font de plus en plus nombreuses.

Cela tombait bien, le jeune homme voulait en savoir plus sur Kiri ! Sa politique, ses forces … . Tant de choses à la fois précises et vagues dans cette époque troublée. Le vieux combattant comprenait l’intérêt de son compagnon du jour pour ce genre d’informations. Mais il ne pourrait hélas ne lui dire que ce qu’il savait. C'est-à-dire très peu de choses en fin de compte. La situation était pour le moins difficile à analyser au Village caché de la Brume. Tâchons d’être le plus concret possible, même si cela représente un véritable défi.

~ La position actuelle du Village … hé bien, personne ne le sait vraiment. Évidemment, nous sommes en guerre aux côtés de notre récent allié, le Village caché du Sable. Outre cela, notre précédent Mizukage a été capturé par Konoha, et on nous a envoyé un homme pour le remplacer … . Un certain Kentaro Hattan. Je n’ai pas plus de détails. Nos forces sont pour l’instant sur le qui-vive, mais sur le point d’entrer en action. Plusieurs de nos frères ont été capturés, il s’agit maintenant de les récupérer. Par tous les moyens possibles … .

Ponctuons cela d’une pause pour l’instant. D’autant que la forêt que le duo avait pénétrée depuis moins d’une heure semblait déjà s’ouvrir sur un autre décor. Un village ne serait pas loin. Une bonne chose que nos jeunes amis soient partis relativement tôt. Le soleil les accueillerait à la sortie de cet espace touffu. Préférant l’ombre en ce qui le concernait – quand on est Ninja, on se sert de l’obscurité pour frapper, pas de la lumière pour bronzer ! – Kakeshuou Samui tenait à finir cette discussion générale avant de rentrer dans le vif du sujet.

~ Quant aux idéaux et aux objectifs … Gagner la guerre ? Devenir un village redouté ? Les grands classiques. Peu importe. Même si le village dirige les actions, rien ne doit dépasser les idéaux de notre Clan. Et nous détourner de notre voie de Ninja … .

Sur ces paroles bien énigmatiques, le couple de Glace s’extirpait de la noirceur de la forêt, et découvrait un doublet de collines, la mer s’étalant sur l’horizon … et dans un brouillard distant, quelques cahuttes se hissant hors de cette purée de pois grisâtre. Le village recherché ? Non, il s’agissait d’un village voisin. Il ne se trouvait à priori qu’à quelques kilomètres du village ciblé. Mais venir ici serait certainement un moyen d’avoir quelques informations. Pour que le village de pêcheurs soit si isolé, les autres devaient soit l’éviter, soit avoir échoué dans un rétablissement des communications. Il fallait commencer par savoir ce que les autres savaient, avant de se lancer soi même dans la gueule du loup.

Un petit test ? Pourquoi pas ? Après tout, le grade ne faisait pas tout. Et en tant que senior de cette équipe, Kakeshuou Samui était intéressé de voir si cette longue année d’absence avait rendu son compatriote totalement incapable et rabougri. Il espérait bien que non, évidemment ! Mais c’était l’occasion rêvée pour voir ce qui se faisait !

~ Alors, je t’écoute ! Que préconises-tu pour cette mission. Je te suis, prends la tête pour l’instant, on verra bien comment tournent les évènements plus tard … .

Pour celui qui n’adressait jamais la parole à moins que ce ne soit nécessaire on pouvait observer un comportement bien étrange. L’aura que dégageait le jonin était notable, Rei la sentait et y prêtait attention. De par sa tenue il imposait un certain respect, ainsi qu’une certaine crainte pour ceux qui oserait l’affronter, que ce soit en combat physique ou moral. Un débat face à une telle personne serait intéressant, car formateur et riche, non pas forcement pas son contenu mais également par sa forme. Une exception dans ses habitudes qui puisait sa source dans des raisons bien précises.

Kakeshuou semblait avoir des difficultés à suivre le rythme de parole de son descendant, lui demandant donc de ralentir tout en articulant. De même il lui proposa de le tutoyer puisque les deux hommes faisaient partie du même clan, ce qui ne dérangea pas Rei. Le tutoiement permettait également le rapprochement des interlocuteurs, en conséquence une plus grande liberté accessible plus rapidement dans une discussion. Pendant les minutes où le quinquagénaire réfléchit à la réponse qu’il allait formuler, leur course en direction de Haketsu se poursuivit. A cause de leur vitesse le vent s’engouffrait dans les tenues des shinobis, provoquant un éclat de tissu dans la tenue complexe que portait Rei.

Lorsque le Jonin reprit enfin la parole, il expliqua que le village était en guerre contre Kumo et Konoha, avec pour allier Sunakagure no Sato. Le défunt Yondaime Mizukage fut capturé par Konoha pendant les batailles qui firent rage. Kentaro Hattan fut envoyé pour le remplacer, même s’il n’avait pas encore été officiellement couronné comme étant le Godaime Mizukage. De même, plusieurs Kirijins restaient entre les mains de leurs ennemis. Samui Yuki et Samui Kyoji pour les principaux, un fait qui entachait le prestigieux clan dominant le village. Un fait qui n’avait pas d’importance pour le jeune homme qui se contentait déjà de réussir à rebâtir sa propre personne. Une courte pause fit suite au discours de Kakeshuou, la forêt dans laquelle ils voyageaient alors se transforma en une clairière parsemée de bosquets. Le Jonin reprit alors son discours, expliquant les idéaux du village dans lequel ils vivaient. Ceux-ci n’avaient toujours pas changés, mais il exprima également sa volonté de primer les objectifs du clan et de la voie de ninja, des concepts étrangers à ceux de Rei. Puis ils sortirent enfin du reliquat de forêt pour rencontrer un paysage fait de collines, la mer s’étalant à perte de vue à l’horizon. Ils purent apercevoir des charrettes se déplacer dans un sentier menant à un autre village que celui de leur destination, un brouillard recouvrait alors les monts, solidement ancré malgré le vent marin. Le chef d’équipe prit part de laisser le Chunin prendre les rênes de la mission, probablement afin de le tester. Ainsi il pourrait se faire une meilleure idée sur son compagnon et ses capacités. Rei marqua donc une pause sur le chemin afin d’exposer son idée sur la démarche à suivre, prenant soin d’articuler avec attention tout en parlant clairement.

« Nous devrions faire une escale à ce village afin de récolter de plus amples informations. A défaut d’en avoir nous pourrions tirer quelques éléments des témoignages des habitants. »

Puis il reprit la route en marchant cette fois-ci, s’engouffrant ainsi dans la brume.

« Dans ce genre de situation il est possible que les gens refusent de parler, mais on est toujours plus bavard lorsqu’on se retrouve seul. Dans tous les cas ce ne sont pas les motivations qui manquent, le maire pourrait aussi nous être d’une certaine utilité. »

Le hameau qui se dessinait devant eux était d’une taille raisonnable, possédant de longs quais au bord de la mer comme tous ceux résidant près de celle-ci. Il vivait de la pêche et du commerce avec les terres, mais échangeait également avec ses voisins. Il devait donc être au courant de la situation là-bas. Lorsqu’ils entrèrent dedans, Rei proposa au Jonin d’aller directement voir le maire avant d’entamer de plus amples recherches.

Pour savoir, viser le maire. Soit. En soi, la proposition était loin d’être mauvaise. Un bon esprit de déduction, c’est bien ça ! Déjà un bon point. Mais restait à voir le reste ! Après tout, il eut été trop facile d’évaluer et de statuer aussi rapidement sur les compétences réelles ou non du jeune Rei. Une fois les idées énoncées, il était important de voir comment elles étaient appliquées. Car le Ninja ne se doit pas seulement de réfléchir : il doit aussi entrer en action !
Ayant approuvé l’idée, le supérieur de l’équipe s’était tu, validant la manœuvre d’un simple hochement de tête, et suivant son compagnon de Clan et de mission. Une petite descente rapide, avant de se trouver aux entrées. Aucun garde, aucun passant réel. Ceux qui étaient visibles ressemblaient davantage à des fantômes, dans leurs silhouettes brumeuses et leur regard vide. Quelque chose d’effacé, de distant. Les gens ici semblaient avoir perdu de leurs couleurs. Il y avait déjà quelque chose de louche. A cette vue, le Jônin restait pensif. Réfléchi, calme, il portait une oreille attentive aux propos de son benjamin.

Montrant du doigt une direction, Kakeshuou Samui fit comprendre qu’il fallait se diriger vers la rue de droite, et emboita le pas sur son indication. Comptant sur son partenaire pour le suivre, le quinquagénaire se servait de quelque indication et panneau à droite et gauche pour se diriger et avancer. Mais son regard restait attentif aux environs. Sa première impression était exacte : alors que la brume semblait s’épaissir, ceux qui s’extirpaient péniblement de cette couette grise montraient plus de fatigue et de morosité qu’une tortue de mer n’ayant pas vu l’océan depuis trente ans. L’air était presque nauséeux, malade. Même le brouillard, pourtant si familier, semblait étranger cette fois-ci. Mouais, il y avait vraiment quelque chose de louche ici.
Le bâtiment administratif du village fut bientôt en vue. Non pas qu’il se distinguait particulièrement des autres, mais les insignes étaient bien suffisantes pour le faire remarquer dans ces nuages gris. Sur cette distance, l’ancien s’était déjà couvert le visage d’une manche, comme pour le préserver de cet environnement nocif. Face à la porte, le vétéran tenta d’ouvrir la porte. Étrange, elle semblait verrouillée de l’intérieur ! Depuis quand le gérant de la ville et garant de la sécurité de ses concitoyens préférait-il s’enfermer plutôt que de s’inquiéter du sort de sa communauté ? Ou l’homme serait-il parti, abandonnant sa charge ou plutôt l’exerçant dans une autre localité ? Se retournant pour poser ses yeux sur le reste du village de pêcheurs, Kakeshuou Samui restait hésitant. Les choses pour l’instant étaient trop floues … .

~ Qui est-ce !

La voix qui émergea soudainement de derrière la porte fut une véritable surprise ; et quelque part un soulagement. Il y avait donc bien un responsable. Enfin quelqu’un qui voudrait bien présenter un autre visage et faire part de ses connaissances et des informations qu’il détient. S’identifiant comme ninja de la Brume, et intimant l’ordre d’ouvrir, la porte grinça pour autoriser les visiteurs étrangers à rentrer. La chose faite, la porte fut immédiatement close derrière eux. Le duo se retrouvait donc dans une pièce de réception, aux allures anciennes et simples. Bin oui, on reste dans un village de pêcheurs, pas dans une cité luxuriante avec des businessmen et des casinos.
L’homme qui se présentait face à eux était un homme d’âge mûr, environ la quarantaine, petit bouc et chevelure sombre et courte. Vêtements ordinaires, sans distinction, et un physique relativement bien formé. Pas vraiment la tête d’un administratif, mais dans ces localités reculées, les garants de l’ordre et de la loi étaient souvent des hommes choisis pour leurs compétences ou leur connaissance, plus que pour leur C.V. imprimé sur papier blanc et cartonné. Toussant légèrement, l’homme – après avoir derechef verrouillé les portes – se tournait vers les shinobis envoyés.

~ Vous êtes un signe du destin ! On n’a certes pas demandé de l’aide, mais la situation devient vraiment préoccupante pour ce village !
~ Doucement, l’ami. Nous ne sommes pas là pour vous. Nous venons pour le village voisin qui ne donne plus signe d’existence. Vous avez des informations ?
~ Et bien … oui ! plusieurs mêmes ! Ce village est à l’origine des maux de la région toute entière ! Mais venez donc …

Présentant les lieux de la main, le responsable prit les devants et invita ses visiteurs à le suivre. Quittant l’entrée principale, le trio montait des escaliers vides, dans une demeure abandonnée sans le moindre personnel. Bon, on ne peut pas s’attendre au grand luxe, soit ; mais un dignitaire ne peut pas s’attendre à gérer un village marin sans personnel ! Il y avait donc des absents … . Une fois à l’étage, la seconde porte fut ouverte pour donner sur un « salon », espace de détente avec deux fauteuils et canapés et une petite bibliothèque ; certainement les archives du village. Proposant aux militaires de s’asseoir, le maire du village se contentait d’un petit siège sur le côté ; Kakeshuou choisissait sereinement le canapé, de façon à être le seul à l’occuper. Son camarade de mission se débrouillerait bien … .

~ Le village voisin n’a pas donné de nouvelles depuis plusieurs semaines … .
~ Vous avez dit qu’il y avait un lieu entre ce village et les récents évènements ici ?
~ Oui … la brume est devenue plus épaisse et nauséabonde … les villageois tombent malade et nous sommes encore sans remède … .
~ Qu’est ce qui vous fait dire que c’est le village voisin ? Êtes-vous parvenus à vous y rendre ? Avez-vous au moins envoyé quelqu’un ?
~ Aucun n’est revenu … seulement les bêtes … mais aucun de nos messagers …

Une situation préoccupante, à n’en point douter. Il y aurait donc quelque chose qui propagerait une maladie dans les environs, et qui couperait le village ciblé du reste du monde ? Était-ce seulement une pandémie, … ou quelqu’un derrière tout ça … ? Doit-on se méfier et demander des renforts, ou chercher à en savoir plus et se rendre sur place … ?

Aucun garde ne surveillait les entrées du village. Rei trouva cela étrange étant donné la conjoncture actuel de la zone, en proie à la peur et au doute. De plus, étant un bourg se situant près de la mer, il arrivait parfois que des pirates et des bandits s’aventurent plus loin qu’ils ne le devraient. Plus ils avançaient en direct du centre, plus les passants semblaient irréels, comme possédés. Un regard vide, des pas lents et incertains. Il ne faisait aucun doute qu’un mal rongeait ce pays. L’ancien s’arrêta au milieu de sa marche, puis après un court instant il indiqua à son coéquipier la ruelle se trouvant à leur droite. Rei le suivit jusqu’à ce qu’ils atteignirent un bâtiment administratif, s’aidant des indications qu’ils purent trouver afin de se diriger. Plus ils avançaient, plus la brume semblait s’épaissir. L’air devint peu à peu difficilement respirable. Une odeur nauséabonde grandissante au fur et à mesure qu’ils progressaient dans ce nuage blanchâtre, d’où les gens ressortaient encore plus pâles qu’au début.

Tout comme son chef d’équipe, Rei avait pris la précaution de se couvrir le bas du visage à l’aide de l’une de ses manches, en prenant soin de l’humidifié. Lorsqu’ils arrivèrent devant la mairie, Kakeshuou tenta d’ouvrir la porte, sans succès. Celle-ci, verrouillée de l’intérieure, plaçait les deux ninjas dans une situation embêtante. Mais peu après avoir frappé plusieurs fois sur la lourde planche en chêne, une voie étouffée leur demandant de décliner leurs identités jaillit de derrière. Les deux Samuis se présentèrent puis on leur ouvrit l’entrée de la bâtisse. Une fois chose faite, elle se referme rapidement derrière eux, comme si l’on craignait de laisser sa personne exposée à l’environnement extérieur. La salle de réception dans laquelle ils se trouvaient était relativement simple, sans les fioritures habituelles de ce genre de pièces. Un homme d’un âge mûr se dressait face à eux, cheveux blancs, portant des vêtements ordinaires et un physique d’un travailleur. Il ressemblait plus à un pêcheur qu’à un bureaucrate.

Ouvrant le dialogue, il remercia l’arrivée des deux ninjas, expliquant que la situation au village devenait préoccupante. Le quinquagénaire lui répondit que la raison de leur présence concernait le village voisin, dont le maire possédait plusieurs informations. Selon les dires du maire, il était à l’origine des maux rongeant la région. Il leur fit une rapide présentation des lieux puis les invita à le joindre dans un salon. Personne d’autre ne trouvait en ces lieux, lui donnant une ambiance glauque et froide. Quand ils entrèrent dans la pièce, deux fauteuils et canapés se trouvaient en son centre. Une bibliothèque était installée sur le mur opposé, enfin un bureau était placé au fond la pièce, près de la fenêtre. Il proposa à ses invités de s’assoir, Kakeshuou choisit le canapé tandis que Rei prit place dans l’un des fauteuils.

« Le village voisin n’a pas donné de nouvelles depuis plusieurs semaines … . »

« Vous avez dit qu’il y avait un lieu entre ce village et les récents évènements ici ? »

« Oui … la brume est devenue plus épaisse et nauséabonde … les villageois tombent malade et nous sommes encore sans remède … . »

« Qu’est-ce qui vous fait dire que c’est le village voisin ? Êtes-vous parvenus à vous y rendre ? Avez-vous au moins envoyé quelqu’un ? »

« Aucun n’est revenu … seulement les bêtes … mais aucun de nos messagers … »

Une situation bien étrange, face à laquelle le jeune homme ne s’était jamais retrouvé auparavant. Il réfléchit un court instant sur la démarche à suivre, puis prit la parole.

« Pouvez-vous me dire depuis quand est-ce qu’ils ont commencé à se montrer ? »

« La brume est arrivée il y a une semaine environ, les gens ont commencé à tomber malades quelques jours après. Au tout début il n’y avait que les vieillards, les malades et les enfants qui se s’entèrent mal, puis ça s’est étendu au reste du village. »

« Et quels sont ces symptômes ? »

« Mal de ventre, maux de têtes, dépression, fatigue. C’est vraiment tout et n’importe quoi, c’est aussi pour ça qu’on n’est pas arrivé à trouver de traitement… »

« Je vois… Kakeshuou, je pense que l’on devrait se répartir les tâches. Je me charge d’enquêter sur cette fameuse maladie en l’analysant et si j’y parviens à soigner les gens, tandis que toi tu te charges de rechercher ses origines. Qu’en dis-tu ? »

Face à la crise, le maire de cette bourgade semblait complètement déstabilisé. Son isolement en était la preuve : il semblait même abandonner toute solution, et ses concitoyens seraient les premiers à en souffrir. Pourquoi cet homme n’avait-il pas dépêché une missive plus tôt au village, plutôt que de se terrer à attendre le mauvais sort ?! Devant une situation aussi grave, il fallait impérativement passer à l’offensive, trouver la source des malheurs et couper le mal à la racine ! Un homme avec peu de motivation, ou plutôt peu de courage. C’était certainement cela qui avait coûté cher à ce petit bourg désormais presque autant isolé que le village ciblé par la présente mission.
Intérieurement, Kakeshuou Samui se retenait de coller une claque à un homme qui semblait tout à coup se réveiller de son cauchemar pourtant bien réel. Mais les hommes ordinaires, provenant du petit peuple et se portant volontaires pour des charges les dépassant souvent, sont rapidement subjugués par des crises inattendues. Et ces personnages, au demeurant puissants dans leur espace quotidien, se révèlent plus frêles qu’un moustique. C’est cette raison qui retint le bras du vieux Jônin. Même si une claque pour ramener cet homme à la réalité n’aurait pas été du luxe … .

Le camarade de Clan se permit une ou deux questions. Pour le moins pertinentes. Il est vrai que ce jeunot avait des compétences en médecine. Il pourrait certainement analyser les effets néfastes de cette brume pour les villageois, et trouver une solution. En soi, le faits que les deux hommes soient passés par là était donc une providence. En peu de temps, Rei arrivait à la conclusion qui s’imposait. Il resterait sur les lieux pour soigner la pandémie, pendant que le Lion des Neiges règlerait le fond de cette affaire. Un deal rondement mené, en quelque sorte !

~ Non. Nous ferons autrement.

La réponse fut à la fois sèche et tranchée ! Mesdames et messieurs, c’est décidé, nous ne ferons donc pas comme le gringalet vient de le dire ! Voilà grosso-modo ce que signifiait cette intervention quasi-monosyllabique de la part de l’ancien. Décidément, la main passée à la jeunesse n’avait pas été tendue longtemps ! Mais le vétéran se basait sur son expérience de longue durée, et était bien déterminé à en faire usage. Ici, se séparer en en envoyant un au grenier et l’autre à la cave ne finirait qu’en boucherie de film de série Z. De la peur ? Non, c’était bien plus que cela. Il s’agissait avant tout de parer la menace la plus importante.

Se tournant vers son compagnon de mission, le quinquagénaire plongeait son regard analytique et tyrannique dans les prunelles de son collègue. Ses bras croisaient démontraient sa détermination. Notre homme savait exactement à ce qu’il fallait faire.

~ La priorité est la mission. Si tu soignes ces gens, cela n’empêchera pas la maladie de se propager. Éventuellement à d’autres villages. Il faut couper le mal à la racine. C’est la priorité.

Explication rationnelle, claire, logique, directe. Simple. Pourquoi chercher plus loin. Si les deux hommes se séparaient, rien ne pourrait contenir la maladie. Kakeshuou Samui pourrait tomber sur la source qu’il ne saurait pas la détruire correctement, ou savoir en limiter les dommages. Il aurait certainement besoin d’un expert pour savoir quoi faire. Chose impossible si son collègue restait sur place pour venir en aide à des personnes souffrant le martyr. Par ailleurs, ces gueux ne figuraient pas dans le profilage de la mission. La priorité était de rétablir le contact avec le village concerné, et de voir si la situation pouvait être réglé. Pour ce bled, on verra après. Mais le bénévolat et l’action gratuite ne font pas partie des activités journalières du ninja. Ce dernier doit se contenir à son devoir ; et sans plus.

Ce qui n’empêchait pas certaines mesures d’être prises. Et sur cette déclaration, le Jônin reportait son intérêt sur le responsable des lieux. Il y avait à faire : rien pour guérir, mais on pouvait encore prévenir. Et pour cela, seul le maire pouvait raisonnablement faire quelque chose. Pendant que les deux Soldats de l’Ombre seraient en chemin, lui devrait contenir la contagion avec les premiers moyens du bord.

~ Enfilez un masque, et faites le faire par tous les habitants. On ignore si cette infection se transmet par les voies respiratoires, mais ce sera déjà un début. Observez qui est malade, et isolez-les dans un quartier. Que les autres restent chez eux, avec interdiction de sortir. … Et brûlez les morts … .

De nouveau vers son Frère de Clan, passons à la mission. Après tout, il faut avancer. On ne peut pas passer des heures dans les environs à attendre d’être atteint.

~ Rei, fais des prélèvements, et vois si tu peux trouver un début d’antidote. Après ça, on part pour le village coupé du monde. Je te laisse dix minutes … .

Et plus bas, pour ne pas être entendu par le maire … .

~ Si antidote il y a, garde le pour nous. La priorité reste la mission … .

Et pendant que le Chûnin s’activait, l’ancien s’activait en poussant l’élu local à l’action … .

Un avis partagé, combat entre son devoir et son mode de pensée. Bien qu’ayant étudié pendant des années l’art de l’Iroujutsu, les êtres vivants, ou plus simplement la vie, Rei n’était pas l’image que l’on pouvait se faire d’un médecin. Antipathique, il n’éprouvait aucun besoin de porter secours aux autres. Seules ses compétences, ses connaissances et la protection des êtres lui étant cher l’importait. Le jeune homme ne naquit pas ainsi, il le devint lors de sa capture dans la région de Yuki no Kuni. Un an et six longs mois de tortures. Traumatisme que ce souvenir difficile lui inspirait, Rei ne parvenait plus à éprouver pitié, empathie, ou autres sentiment humain. Pour autant il n’était pas dénué de sentiments, envers ceux qu’il aimait.

La réponse du quinquagénaire fut brève et sèche. Son refus donné, il se tourna vers Rei afin de lui expliquer les raisons d’une telle réponse. Selon lui, les deux kirijins devaient se concentrer sur le but de leur mission. Soigner ces gens ne leur apporterait rien, il fallait vaincre le mal à son origine. Un petit rictus intérieur naquit dans le jeune homme. Ce n’était pas pour lui déplaire que d’avoir en partenaire de mission quelqu’un ayant une vision de choses semblables aux siennes. Depuis son retour au village, il avait appris à enrober ses dires d’un voile en bon et due forme, afin de ne pas choquer les supérieurs pouvant lui causer des torts à cause de son mode de pensée. Il était nécessaire que Rei trouve un remède à la maladie. Ce serait un miracle qu’elle puisse disparaître une fois la source éradiqué. Kenshi ne croyant pas aux miracles, il s’était donc décidé à proposer cette solution. Cependant il n’avait que faire des personnes vivants dans la bourgade, tant que l’objectif de la mission pouvait être rempli.

« D’accord. »

Acquiesçant d’un hochement de tête, sa réponse fut tout aussi brève que fut celle de Kakeshuou. Les futilités du langage visant à complexifié une réponse afin qu’elle paraisse plus respectueuse était inutile, pour son plus grand plaisir. Le Jōnin recommanda au maire de faire porter un masque à l’intégralité des habitants. En ce sens, les malades devaient être séparés des personnes saines en les isolants dans un quartier. Pour finir il lui conseilla de bruler les corps. Afin que d’autres maladies ne puissent trouver hôte à leurs forces. Se retournant vers Rei, il lui demanda d’effectuer des prélèvements afin de recherche un antidote, en lui chuchotant de bien le conserver pour eux. Une fois réalisé, ils se dirigeraient vers Haketsu afin d’accomplir leur mission. Le seul bémol restait le temps que lui avait désigné Kakeshuou pour effectuer les analyses.

Centrifugation, marqueurs et autres procédés étaient nécessaire afin d’identifier la source du mal. Selon l’hypothèse la plus probable, elle devait être d’origine virale, étant donné sa rapidité de propagation et d’infection. En conséquence le plus efficace serait de trouver un ou des antiviraux efficaces sur celui-ci. La recherche d’un vaccin se trouvant être l’arme la plus efficace, elle restait cependant lente, longue et fastidieuse. Pour autant, dix minutes étaient insuffisantes pour procéder à l’identification de la souche virale afin d’y répondre efficacement.

« Il me faudra bien plus que dix minutes, en plus d’un minimum de matériel. Choses que je n’aurai pas ici vu l’état de richesse de ces villages. »

De ce qu’il savait, une ville portuaire assez importante se trouvait à quelques lieux de cette zone. Il pourrait y trouver les équipements nécessaires à ses recherches, en plus des médicaments appropriés. Cependant cela signifierait perdre un temps considérable à effectuer cette tâche, un temps dont ils ne disposaient pas.

« Il nous reste deux options possibles. Ou je me dirige vers Okita, la ville portuaire la plus importante de cette région, afin d’y effectuer mes analyses. Ou nous recherchons et éradiquons la source du mal. Je privilégie la seconde solution. Même si je ne sais pas à qu’elle vitesse évolue la maladie, celle-ci semble rapide mais stable. Elle infecte un grand nombre de personnes, en les affaiblissants rapidement grâce à sa propagation éclaire. Cependant en biologie il existe un principe assez simple, un système doit être équilibré, comme en chimie. Si elle se propage aussi rapidement que cela, cette maladie est soit très faible, donc facile à vaincre, soit elle n’est mortelle que pour les personnes faibles, âgés, enfants, malades et ainsi de suite. »

Il prit un court temps afin de mettre ses idées en place, tout en effectuant une pause afin que le quinquagénaire puisse comprendre ses dires et les incorporés. Rei avait pris soin d’articuler ses explications tout en les simplifiant au maximum.

« Dans tous les cas, je préconise d’utiliser une batterie d’antiviraux les plus courants et efficaces. Ça ne pourra causer aucun mal et je parviendrai peut-être à ralentir l’évolution de la maladie. Au total il me faudrait au moins une heure pour à peine entrevoir un début de recherche. »

Se tournant vers le maire, il le questionna sur ses citoyens sans pour autant attendre une réponse efficace de sa part.

« Il me faudrait les dossiers médicaux des habitants. Je veux aussi que vous m’ameniez toute personne qui semblerait résistante à la maladie, s’il y en a. Et par là je veux dire qui n’a aucuns symptômes, ou qui en a eu mais qui est maintenant guéris. »

Ne restait plus qu’à recevoir la décision de son homologue.

Les choses semblaient pourtant bien encadrées. Mais Rei Samui ne semblait pas encore prompt au départ. Il fallait pourtant ne pas tarder. Si on restait trop longtemps ici, non seulement la mission n’avancerait pas, mais en plus, on pouvait s’attendre à deux malades de plus. Par ailleurs, bien que les prélèvements sur place soient envisageables, et éventuellement utiles pour faire un pseudo-antidote, rien qui ne puisse véritablement éradiquer la maladie définitivement. Non. Décidément, pour résoudre cette énigme, il n’y avait guère de choix. Lorsque les orties te piquent le cul, une seule chose à faire : arracher les orties (mais pas sans des gants !!).
Pas le temps d’avoir tous les dossiers de chaque patient pour avancer ! Ce sera certainement quelque chose pour le retour, mais pour l’heure, il y avait vraiment plus urgent. Face aux interrogations de Rei, la patience de Kakeshuou commençait à atteindre ses limites. Dix minutes ? Allez ! Dans ma grande mansuétude, je t’accorde une heure pour faire tes recherches, passer un coup de balai et tester les joies de la sodomie ménagère avec tes instruments de travail. NON !! AU BOULOT, ON A PAS LE TEMPS ! Faisant clairement comprendre que ce serait la deuxième option qui serait mise en avant, le Jônin reprenait définitivement les reines de l’équipe en main, et ne ferait plus de cadeaux ni de démocratie. On allait filer droit, et ne plus poser de questions, merci bien !!

Ayant empaqueté quelques affaires, le duo s’était rendu avec le maire jusqu’aux portes du village, et avait donné quelques recommandations avant de prendre leur départ. Que ferait ce dernier ? Préfèrerait-il une nouvelle fois se terrer dans son coin, ou prendrait-il ses responsabilités en main ? Ce n’était plus dans l’intérêt des deux ninjas. Il avait déjà largement contribué sur le plan local ; l’avenir était désormais entre les mains des premières personnes concernées. Désormais, la seule chose qu’ils pouvaient faire était de trouver la raison de pareils maux et d’y mettre un terme. Et ce fut dans cet esprit que l’équipe de Kiri prit la route du Sud ; et à vive allure.

La course effrénée des deux personnages les mena dans une brume bien plus épaisse qu’auparavant. Si on parlait avant de purée de pois, il s’agissait plutôt de marmelade mauve. N’importe qui aurait été repoussé d’instinct par l’apparence des lieux. Mais lorsque l’on destine sa vie à une carrière de Shinobi, on fait rapidement abstraction de ce genre de détails. Et les deux membres du Clan Samui ne pouvaient pas attendre plus longtemps. S’enfonçant dans les lieux, ils ne tarderaient pas à atteindre les lieux. Mais il fallait absolument prendre des gants. Dans les cas de contamination environnementale, on peut s’attendre à différentes maladies. Mais la plus grave est sans conteste l’attaque bactériologique, qui – selon l’évolution du virus – peut s’en prendre dans la minute au nouveau corps et le dévorer en moins d’une heure. Ayant déjà pénétré profondément dans les lieux, le duo devrait donc être très vigilant.

~ Il va nous falloir prendre des précautions extra. Couvre ta bouche, ton nez et tes yeux au maximum. S’il y a le moindre signe de radiation ou d’éléments corrosifs, on vire d’ici à grande vitesse et on reviendra avec de meilleurs éléments !

Ayant dit cela à voix haute, l’ancien espérait déjà qu’il ne venait pas de commettre l’irréparable. Ayant traversé une fumée mutante, qui vira du mauve, au vert, puis au jeune, l’équipe apercevait enfin ! dans la pénombre brumeuse, quelques premières maisonnées. Il devait s’agir du village concerné. Bien, ils étaient sur les lieux. C’était maintenant que la mission allait vraiment commencer. Il y aurait de nombreuses choses à faire : identifier la source, savoir les raisons de son existence, voir quels étaient les dégâts et réfléchir à une solution. Rien ne garantissait que le médecin pourrait régler le problème local sur place … .

Mais les premiers pas laissaient clairement comprendre la gravité de la situation. Pas de malades, pas de personnes au teint huileux et mauvais. Pas de personnes déambulant à l’allure livide. Non ; que des mortd. Jonchés çà et là dans les ruelles, étalés contre terre, sans donner traces de vie. C’était déjà un élément de réponse : exposé trop longtemps à cet air vicié, les hommes en seraient donc victimes de façon irrémédiable. Preuve qu’il valait mieux ne pas tarder.
Marchant entre les cadavres, le quinquagénaire observait les corps. Le corps gris, la peau légèrement fibreuse … . Rien de bon … . Se tournant vers son acolyte.

~ Bon. Lançons nous dans les recherches. Le premier qui repère quelque chose fait sauter une note explosive en l’air. Si d’ici une heure, rien n’est trouvé, on se replie. Go !

Décision que Rei espérait favorable, en dépit de ses craintes, peut-être que ses arguments suffiraient à convaincre son chef d’équipe. Mais les choses ne se passèrent pas comme il l’avait espéré…

Décidant que les deux Kirijins ne disposaient pas d’assez de temps pour que l’Iroujutsu n’ait le temps de ressembler les moyens nécessaires à la recherche d’un antidote, il le fit comprendre à Rei puis l’invita à préparer ses affaires afin de partir en recherche de l’origine de cette brume nauséabonde. Le maire accompagna le duo jusqu’aux portes du village, Kakeshuou en profita pour lui donner des recommandations quant à la marche à suivre pendant leur absence. L’homme, loin d’être un mauvais bougre, avait fui ses responsabilités jusqu’à l’arrivé des Shinobis. La survie du village dépendait maintenant de lui et de sa prise de conscience.

Prenant la route en direction du Sud, les Samui se trouvèrent confrontés à une brume bien plus épaisse que celle dont il avait à faire auparavant. En plus de ne rien distinguer à plus d’un mètre, rendant ainsi les déplacements rapides exténuants en raison de la concentration nécessaire à ceux-ci, le duo ne pouvait se permettre d’attendre que les symptômes du virus de la maladie n’apparaissent dans leur corps. Kakeshuou conseilla à Rei de se couvrir tous les orifices, de même qu’en cas de danger plus important, le groupe devrait faire demi-tour afin d’aller chercher des renforts. Dans un tel milieu, revêtir un tissu sur la bouche et le nez afin de se protéger de l’air environnant ne réduirait qu’infiniment les risques. Cependant ces chances augmentaient en humidifiant ce même tissu, ce que Kenshi fit tout en le conseillant à son ainé. La brume se dégrada en plusieurs couleur, toutes plus étranges et chimiques les unes que les autres. Jaune, bleu, violet, mieux valait ne pas savoir ce qu’il pouvait flotter dans l’air, bien que Rei en eût de forts doutes en raison de ses connaissances en chimie. Au bout d’un certain temps, des maisonnettes firent leur apparition. Aucune âme ne semblait vivre en ces lieux mais ce n’est que lorsqu’ils s’approchèrent de l’un des foyers qu’ils aperçurent les cadavres. Tous les habitants semblaient avoir trouvé la mort, sans aucun doute dû aux vapeurs toxiques. Alors qu’ils traversaient le village, les corps sans vie s’accumulaient sur les bords des routes, jonchant le sol comme si la vie s’était arrêtée alors qu’elle se déroula paisiblement jusqu’alors. Le quinquagénaire se tourna en direction de Rei, donnant le signal de départ pour les recherches. Il disposait d’une heure afin de trouver des traces de l’origine de cette brume, sans quoi ils reviendraient avec des renforts adéquats pour régler cette situation.

Kenshi parti au sud-est de sa position, quêtant la moindre perturbation, il se décida d’utiliser l’une de ses techniques de sensorialité afin de pallier au silence régnant en ces lieux. Un silence morbide, accompagné d’un nuage de couleur comme le jeune homme n’en avait alors jamais vu. Se déplaçant plus lentement qu’auparavant, il parcouru minutieusement par bande de cinquante mètres de largeur la zone ciblée. Ses mouvements devenaient de plus en plus lourds alors qu’il se déplaçait. Sentant que le poison commençait à agir sur son corps, il se décida à prendre une pilule composé de drogue augmentant la concentration et réduisant la douleur. Grâce à sa technique d’Iroujutsu, il serait en mesure d’extraire le mal lorsque la situation l’exigerait, mais fallait-il encore pouvoir le réaliser. Au bout d’une demi-heure de fouille, une présence suspecte l’interpella. Dans une zone qu’il aurait crue désolée de toute vie, au fond d’une forêt se trouvant sur une colline, présence humaine semblait se situer loin en profondeur. Ne pouvant la distinguer avec précision, Rei se décida à avertir son chef d’équipe de sa trouvaille, tout en prenant soin de se munir d’une bombe aveuglante dont il enleva au préalable le système de détonation afin de ne pas éveiller les soupçons, dans la mesure du possible.

Cherchant les environs, le Samui savait pertinemment que l’envolée de Kiri ne pourrait pas passer des heures dans cet épais brouillard nocif. Le tout était donc de trouver très rapidement la personne responsable de cette situation, de la neutraliser et de se carapater avant que les choses ne s’aggravent. Mais à voir les cadavres qui jonchaient le terrain nu, aux herbes mortes et étouffées, il fallait croire qu’il n’y avait plus rien à espérer pour les habitants des environs. Un gaz dangereux, donc. Il fallait rapidement trouver la solution, l’enclencher et se débarrasser de tout élément gênant.
Dix minutes passaient, sans que rien ne puisse se démarquer. Ayant déjà fouillé plusieurs cabanes et habitations abandonnées aux cadavres et aux chairs mortes, Kakeshuou n’avait rien repéré qui puisse le mettre sur la voie. Mais la densification de cette masse verdâtre attira bientôt son attention vers l’arrière de cette grande bâtisse, à peine en place. Qu’il ait été soufflé par une tempête, ou frappé par une attaque terroriste, sa façade nord était comme arrachée par la patte massive d’une bête sans nom. Une expérience chimique, qui aurait mal tournée ? Dans un bled aussi délabré, ce serait des plus surprenants ! Et pourtant, on pouvait tout croire dans cet antre de démons.

Prenant toujours les choses du bout des doigts, le Jônin avançait prudemment, et – un pas devant l’autre – arrivait face à l’objectif. La masse de vapeur couleur vomi de troll était trop épaisse ! Tentant vainement d’écarter l’impalpable, l’homme approchait à tâtons, jusqu’à légèrement buter contre un objet impossible à définir. Encore un macchabée ? Non, cette fois-ci, le contenu était plus feuillu, plus … touffu ! Pouvait-il s’y risquer ? Hésitant un instant, le Ninja finit par composer quelques signes et à souffler une légère brise sur les lieux. Le coup d’air coupa en deux cette brume immonde et révéla … un champ. Un champ immense, rempli d’une herbe étrange. Le vieux Lion des Neiges avait déjà vu de la marijuana, de la drogue sous toutes ses formes, et assez de fleurs en tout genre pour savoir que cette espèce était toute particulière. Était-elle d’une nouvelle espèce ? Fallait-il la redouter ? De plus en plus, il devenait évident qu’elle était à l’origine de ces maux qui martyrisaient humains, animaux et toute espèce vivante dans les environs. Déjà trente minutes, il fallait à tout prix régler cette histoire. Faire sauter l’entrepôt était sans doute le plus judicieux. Mais les vapeurs ne risquaient-elles pas de définitivement contaminer les environs, voire même se répandre ? Merci de ne pas reproduire un nouveau Tchernobil sur SnH, à bientôt !

Pourtant, on ne pouvait pas attendre ici pendant des années. L’homme profitait de la très très trèèèès légère éclaircie qu’il venait de créer pour regarder le ciel. Un orage n’était pas loin. Il fallait en profiter. En créant une explosion, le guerrier de l’Ombre pouvait espérer diriger directement l’évacuation de la fumée vers l’océan, où il finirait dispersé sans avoir fait de pertes. A l’heure actuelle, c’était certainement ce qui était le plus raisonnable. Des retombées, il risquait bien d’y en avoir ; mais que pouvait espérer un homme seul, qui devait prendre une décision ? De toute façon, il n’y a pas assez de temps pour songer à autre chose … . Lorsqu’un danger apparaît sous vos yeux, la première pensée qui vous traverse, c’est la nécessité de s’en débarrasser. N’attendant pas plus longtemps, l’homme commençait déjà à piocher dans ses réserves. Trois notes explosives, ce ne serait pas assez ; il en fallait bien plus pour mettre le feu à un tel espace cultivé. Un petit instant de fouilles et de recherches dans ces lieux maudits. Les sacs de toile remplis de graines, mais surtout d’une farine bleue et de poussière seraient idéaux ! Les ouvrant sèchement d’un coup de kunaï, la petite masse nuageuse bleue s’échappait du sac et se mélangeait à la moisissure d’ensemble. Collant ses trois notes en des lieux tactiques, pour garantir une propagation optimale, le Jônin finissait par sortir à vive allure. Il préférait prendre un peu de distance. Il n’était déjà pas en sécurité, et il espérait que son partenaire ne ferait pas d’erreur. Après tout, il pouvait être dans le coin ! Mais il est des fois où il n’est plus temps d’espérer. Que les choses se fassent, avec les inconvénients que cela pouvait avoir ! Et, après être sorti du bâtiment délabré et avoir marqué une certaine distance, l’homme de l’Ombre activa les sceaux à distance.

L’explosion mêlée à cette fumée nocive et à la poussière en suspension dans l’air eut un effet propice à un rendu hollywoodien. Pris dans le courant d’air qui le frappait en plein visage, Kakeshuou n’en gardait pas moins sa bouche et son nez couvert, pour ingérer le moins de gaz possible. Ce dernier, bien que soufflé, n’en restait pas moins mortel. Mais l’ampleur du feu d’artifice prit bien plus que prévu. Préférant réajuster la distance de sécurité, il recula encore de quelques pas, et contempla l’immense brasier qui ne semblait plus vouloir s’éteindre. Un incendie non contrôlé ? Mieux vaut cela qu’un mystérieux gaz propagé à l’échelle du pays ! Maintenant que le tout était fait, il fallait s’assurer que tout cela prenne la bonne direction. Composant quelques mudras, le Ninja de Kiri Gakure no Sato préparait une nouvelle manœuvre. Prenant autant que possible possession de l’air et des courants – si maigres étaient-ils – des environs, une manipulation audacieuse et très coûteuse en chakra lui permit de donner forme à la chose la plus impalpable de ce monde. Bientôt, une tornade se dressait comme une colonne sans fin, et enveloppait cette couleur immonde. Aspirée, la tempête artificielle entraînait la masse verte vers l’horizon, direction l’océan. Plus qu’à espérer qu’une fois disparue, la tornade ait suffisamment éloignée la menace et que cette dernière disparaisse au contact de l’air marin.

L’opération n’était pas tout à fait achevée, mais la silhouette qui se rapprochait méritait tout l’intérêt du quinquagénaire. Dévoilant là son compatriote, il fallait croire que le vieux guerrier n’était pas le seul à avoir fait quelque découverte. Une fois le champ nocif trouvé, le mieux serait … l’auteur de pareils troubles, par exemple ?
Poropopooo, ton souhait est exaucé ! Le Chûnin, membre de son Clan, avait repéré un homme répondant aux critères de suspicion. Pourquoi ? Parce qu’il était vivant dans ce carnage, tout simplement ! On ne peut voir autant de cadavres et ne pas remettre en cause les activités d’un survivant. Ayant achevé la première partie de sa mission, l’homme âgé s’approchait des lieux, conduit par son camarade de combat. Sortant des environs du village, le duo se dirigeait vers l’orée des bois. L’homme aurait été repéré dans cet antre ? Il serait donc seul … . De quoi laisser croire à un cas exceptionnel, donc ! Mieux valait vérifier … et appréhender la cible ! Mais tout en étant rapide : il ne restait qu’un quart d’heure pour entrer en action ! Après avoir pénétré les lieux, il ne fallut que quelques minutes pour localiser l’impotent. Toujours dissimulés dans son dos, ne restait plus qu’à le neutraliser.

Mais l’individu était, de toute évidence, plus malin qu’on ne pourrait le croire. Se retournant soudainement, il dévoilait un masque lui couvrant la bouche et le nez, des lunettes cachant ses yeux, et son dos cachait cette bouteille d’oxygène qu’il semblait affectionner comme Mr Raines dans la série « Le Caméléon ». Taille moyenne, une chevelure grisonnante, sans pour autant que l’homme ne paraisse âgé. Un effet secondaire de cette atmosphère nocive et pesante ? Peu importe, le fait était qu’il avait compris le danger autour de lui. Un Senseur ? Était-il seulement un Ninja ?

~ Vous avez cru être discret ? J’avais déjà repéré le gringalet il y a peu. Lorsque l’on vit seul sur un laboratoire vivant, on repère rapidement les éléments étrangers incrustés sur les lieux.
~ Et si on allait au principal ? Quel est ce produit, et pourquoi s’est-il développé avec autant d’ampleur ?
~ Cela ne vous regarde pas ! De toute façon, vous serez bientôt morts ! Le poison ne va pas tarder à s’étendre, et d’ici deux semaines, il couvrira la moitié de l’île !

Un léger temps de silence annonçait le glas de cette mission. Bien que couvert, les deux Shinobis ne purent s’empêcher de poser un genou à terre … et de cracher du sang. Ainsi, le poison avait enfin effet sur eux ? Une heure était trop long lorsque l’on était au cœur du problème. Un véritable dilemme. Une situation qui sonnait la perte de deux combattants du Clan Samui, tandis que l’auteur de ce cataclysme jubilait devant sa réussite.

~ Ha ! Je vous l’avais dis ! Alors que j’ai développé un poison aussi virulent, Kiri a préféré me jeter dehors en déclarant qu’il était trop dangereux ! Alors que j’étais le plus brillant de ses scientifiques ! Mais vous comprendrez bientôt votre douleur ! Avec cette arme chimique, j’imposerai mon règne sur la domination du monde scientifique ! Et je pourrais vous regarder plier l’échine devant ma puissance et ma science !!
~ Très bien … ca ira pour les infos … .

Surpris, l’homme n’eut pas le temps de réaliser que le Shinobi entrait déjà en action. Ayant profité de sa basse position, le Jônin avait déjà glacé les environs. Bonne nouvelle, le poison aéroporté ne semblait pas attaquer les éléments alentours. La présence de la Glace serait d’un véritable secours. Le scientifique sentait la sueur de la panique lui couler le long de la nuque. Mais c’était chose futile ; rien ne pouvait stopper les mouvements de mains du quinquagénaire. Kakeshuou Samui avait bien assez d’éléments. Ne restait plus qu’à mettre fin à tout cela.

~ Ta malédiction est déjà pointée vers les océans, et ta rancœur est identifiée. Tout ce qu’il reste à détruire … c’est ta maudite jalousie et ta frustration juvénile. Et je compte bien m’en charger !

Les créatures ne cessèrent plus. Loups, Tigres, Serpents et Pandas vinrent se jeter sur le misérable, taillant, frappant, immobilisant et tiraillant dans tous les sens. L’homme, torsadé, tourmenté, écartelé, tailladé et mordu dans tous les sens, se transforma rapidement en morceaux de chair et lambeaux de peau difformes. Un spectacle des plus dévastateurs, et des plus terrifiants également … . Les bêtes, bientôt calmées, reculaient pour laisser le Maître passer au milieu de leurs rangs. Lorsque ce dernier se trouvait là, elles éclataient en copeaux de cristaux scintillants. Le Jônin, genou à terre, se rapprochait de la bouche – ou de ce qu’il en restait – pour écouter les dernières paroles du vieillard. Mais sans véritablement écouter, l’attention du vieux briscard se portait sur la ceinture du minable. Des fioles. L’antidote assurément ; il serait impossible de vivre dans ces environs sans avoir trouvé une solution pour ne pas subir les effets négatifs. Récupérant les fioles, la lame du katana traversa la gorge sans un mot de consolation ou une dernière pensée. Se retournant, l’une des fioles vola en direction de son compagnon d’armes.

~ Rentrons maintenant. Les effets seront bientôt dissipés la brise venant de l’Océan et le prochain orage qui ne saurait tarder… . Et cette mission n’a que trop duré.

Le duo retournait vers son campement, sans demander son reste. Pour une vieille rancœur, les choses avaient certainement que trop durées.

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