Trop d’évènements, trop de discours, trop de lettres. Karasu Tsumei ne se serait jamais douté que les Furyous transformeraient ainsi les choses. Il n’était que trop au courant des aspects politiques et décisionnels des grands pays, et il avait compris que l’époque actuelle n’était plus seulement trouble, mais assassine. Sa Majesté avait choisi avec timing de laisser le choix, mais en même temps, avait offert des opportunités et des informations aux villages shinobis. Et d’un côté, il avait accompli la mission que le Raïkage avait confiée aux deux Seki avant la bataille à Kusa no Kuni.

Une mission qui s’était transformée en échec ? Pas complètement. Des renseignements importants avaient été ramenés, et même envoyés par Sabakyô Seitô, l’un des trois Intendants de Konoha. Et tout ce que l’Ombre de la Foudre pouvait en dire était qu’il se montrait bien plus strict et nationaliste que Myakudou Onpu.

Yamanaka Meia n’était toujours pas venue. Des bruits couraient qu’elle avait combattu contre les Furyous, ce qui pouvait laisser supposer qu’elle n’avait pas refusé de venir, mais qu’elle n’en avait jusqu’ici pas encore eu le temps. Mais le temps était justement le pire ennemi des shinobis à l’heure actuelle. Et Tsumei était un shinobi.

En habits de Raïkage, il se rendit une dernière fois à l’édifice qui servait d’hôte au sceau de Gogyou Makka, caché dans les montagnes. A l’extérieur de Kumo, on pouvait supposer que le village serait épargné en cas d’attaque, mais rien n’était moins sûr. Quelques rares personnes étaient au courant, mais dans tous les cas, le placer dans un endroit situé en dehors de Kumo n’était pas une alternative : c’était une obligation. Sans trop revenir sur sa réflexion, il ôta ses habits blancs d’Ombre, et les rangea dans un sac de voyage, et dévoila des vêtements noirs qu’on lui avait si bien connus à l’époque où il n’était encore qu’un « simple » gradé du village.

Le nécessaire avait été fait pour son départ. Les conseillers sauraient comment s’organiser, mais seuls ceux-là avaient été prévenus. Il n’était pas utile de prévenir tout le monde que le Raïkage s’absentait plusieurs jours. C’aurait même été contreproductif.

Deux jours, c’est le temps que le Karasu mit pour arriver à Hi no Kuni, à dos de chouette. Le voyage était bien plus rapide dans les airs que sur terre, et Tsumei pouvait compter sur des volatiles entraînés et endurants.

Lorsqu’il posa le pied au sol et qu’il vit les grandes portes de Konoha, il repensa à tout ce qui s’était passé. Zennosuke, Seitô, Hasaki, Konoha, Furyous, Kumo, lettre, enregistrements, Meia… Aujourd’hui, il savait qu’une nation pouvait disparaître. Aujourd’hui, il savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur. Il enfila sa coiffe de Raïkage, et approcha des remparts.

Bonjour, je suis Karasu Tsumei. J’aimerais parler à l’un de vos Intendants, ainsi qu’à Yamanaka Meia s’il vous plait.

Seul, comme il l’avait toujours été. En tant que shinobi de l’Ombre, il n’avait eu de cesse que de compter sur lui-même, de remplir seul toutes les étapes des missions que le Shodaime lui avait données. Et même en tant que Kage, il était resté cet homme là. Solitaire, mais se battant pour tout un peuple.

Eh bien voilà quelque chose qui avait le mérite de rendre cette journée intéressante. Quelque chose ou plutôt quelqu’un. Observant tout comme les autres en haut du rempart le grand oiseau qui s’était posé non loin de la grande porte, l’Aburame distingua un homme descendant du volatile. Indiquant à ses compères qu’elle descendait alors qu’on lui indiquait que leur visiteur possédait une signature de chakra élevée, elle rejoignit rapidement l’entrée principale, en empruntant l’escalier de service. Elle avait assuré l’organisation des patrouilles de garde depuis l’envoi de sa lettre à On’, en espérant le voir lui et les deux autres sonner à la porte du village prochainement. Une autre raison pour se concentrer sur la protection du village était que depuis l’évasion de Météora, elle redoutait tout comme la plupart des habitants un acte vengeur de sa part. Une nouvelle pluie de flammes vertes se profilait-elle dans les nuits à venir ?

« Je m’en occupe. »

Assura-t-elle aux gardes campés sous l’encadrement de la porte. L’homme qu’ils avaient en face d’eux arborait la coiffe du Kage de Kumo. Etait-ce vraiment lui ? Rien n’était moins sûr maintenant qu’il avait été confirmé que l’un des Furyous pouvait prendre l’apparence de n’importe qui. La présence de chakra ? Peut-être une tromperie. Sa paranoïa était maladive mais en des temps si troublés mieux valait jouer la sécurité. Ecoutant l’homme décliner son identité et le but de sa visite, elle assimila le nom donné au Raikage actuel. Beaucoup plus humble que ses deux précédents envoyés, Miko ne préféra pas juger trop vite. Il avait peut-être passé le test de la première impression, mais elle en savait trop peu pour affirmer qu’il n’était pas imbu de lui-même comme ses deux envoyés.

« Bonjour Raikage. Miko Aburame en charge des patrouilles, nous n’attendions pas votre visite. »

Il était vrai que d’après ce qu’elle avait entendu dire l’Intendant se préparait à partir pour Kumo, et Meia lui avait déjà fait part de sa volonté de se rendre au Village Caché des Nuages pour y rencontrer le Raikage. Sans doute ce dernier avait-il cru bon d’inverser la tendance et de se présenter lui-même aux portes du village pour régler les différentes affaires en cours.

« Allez chercher Meia Yamanaka et l’intendant Seitô Sabakyô. Meia devrait se trouver à l’Hôpital, l’intendant au Palais. Expliquez-leur la situation. »

Donnant des consignes aux hommes derrière elle qui auraient tôt fait de ramener les principaux concernés, l’Aburame se tourna une nouvelle fois en direction de l’homme qui se présentait devant elle. Il était mal avisé de demander à un Kage un signe, un papier pour vérifier qu’il était bien celui qu’il prétendait être. Et si sa sensibilité était aussi aiguisée que celle de ses comparses, elle provoquerait de nouvelles tensions inutiles.

« Si vous voulez bien me suivre Raikage, peut-être serait-il préférable d’attendre leur arrivée à l’abri des regards indiscrets. Vous comprendrez que dans l’état je préfère vous faire patienter, le temps de recevoir de nouvelles consignes. »

L’invitant à le suivre, elle aurait préféré qu’il attende directement en dehors de l’enceinte du village mais bon l’automne, et les derniers remous avec le village de Kumo avaient raison de son manque d’hospitalité. S’il le désirait il pourrait attendre à l’intérieur même du rempart, dans une salle d’attente le temps qu’au moins l’intendant les rejoigne.

« Intendant Seitô-Sama. »

« Je sais... Merci d'avoir prévenu. »

Il était donc là. Regardant par la fenêtre, j'observais les nuages d'automne s'abatant sur le village caché de la feuille. La foudre et la pluie étaient venues au rendez-vous, comme si le climat lui-même c'était mis en accords afin de faire la parfaite représentation de la rencontre qui allait suivre. L'Ombre de la Foudre venant à la rencontre du Natifs du pays de la pluie... Une réponse à ma précédente lettre. Une réponse pour le renouveau d'une alliance entre Konoha et Kumo.

Masque et cape d'intendant à l'appui, je me dirigeais vers les portes du villages. Les senseurs avaient eu la grâce de me prévenir de son arrivé, et de la fiabilité de son chakra,et Miko Aburame, une nouvelle fois, avait fait son travail à, merveille. Ce n'était ni un Henge, ni un imposteur, mais bien Karasu Tsumei, Yondaime Raikage, venant à l'encontre du village caché de la feuille. Avançant en direction de la porte, j'approchais un des Ninja de la feuille.

« Je viens voir le Yondaime Raikage... Mène-moi à lui. »

« D'après l'analyse des senseurs, il s'agit bien du Yondaime Raikage, Karasu Tsumei. Il a demandé de voir Yamanaka Meia... »

Hochant la tête, j'avais une nouvelle fois confirmation d'avoir le vrai Karasu Tsumei devant moi. Les Senseurs et l'information du désir de voir Yamanaka Meia réduisaient drastiquement les chances d'avoir à faire à un imposteur... Arrivant tranquillement dans la salle d'attente, je m'avançais vers le Raikage avant de le saluer. Si j'avais le titre d'intendant et les pouvoirs décisionnels du village, il avait un titre de Kage, ce que je respectais profondément. D'une voix neutre, modifié par le masque à gaz sur mon visage, je prenais la parole.

« Enchanté de faire votre connaissance, Raikage-dono, je suis Sabakyô Seitô, Intendant du village de Konoha. J'espère que vous avez fait bon voyage. »

Observant les alentours, je comprenais rapidement que je n'allais pas faire attendre plus longtemps le Raikage dans un bureau si hostile. Une alliance était en jeu, mais l'Aburame avait suivi les directives. Et il n'y a d'exception pour personne.

« Dirigeons-nous au palais de l'Hokage, ce lieu n'est pas réellement adapté ... »

Nous dirigeant vers la sortie, je marchais d'un pas assez soutenu. En vérité, je n'avais aucune envie de laisser le Raikage trop exposé... Même si j'avais réduit drastiquement le risque d'avoir des intrus au sein du village, le risque 0 n'existant pas, il suffisait que l'on assassine le Raikage et c'était une guerre déclarée entre deux nations. Une facilité de plus chez les Furyou.

« J'ai appris que vous vouliez voir Yamanaka Meia. Je sais que votre temps est précieux, c'est pourquoi je vous laisse le choix sur l'affaire que vous voulez traiter en premier. La nôtre ou celle qui concerne vous et la Jônin de la feuille, à vous de voir. »

Un choix que je laissais naturellement à l'Ombre... C'était à lui de voir qu'elle affaire il se sentait de traiter en premier, tandis que nous arrivions devant le palais du Hokage...

Aburame Miko ou plutôt la kunoïchi qui avait causé les premiers tords à la mission des deux Seki s’était dévoilée la première. Cependant, elle afficha un visage bien plus humble que ce que le rapport avait indiqué. Tout était parti d’un document officiel et chaque parti était allé trop loin. Mais heureusement aujourd’hui, ou plutôt vu ce que représentait le Karasu, il n’y avait pas de vérification au programme. Les senseurs du village avaient sans doute fouiné sa tension et son chakra pour vérifier qu’il disait la vérité. Et puis de toute façon, Tsumei n’avait pas la moindre envie d’avoir à se justifier. Il n’était pas agacé mais pressé. Le temps lui importait grandement.

Il apprécia la bonne conduite de la Konohajin, et se contenta de suivre cette dernière dans une salle d’attente. Cinq minutes suffirent au premier invité pour se montrer. Sabakyô Seitô, qui se présenta inutilement, tant sa position et son masque parlaient pour lui, venait d’arriver. Le Palais semblait être la prochaine destination. Aussi Tsumei adressa un aimable regard à celle qui était vraisemblablement en charge des patrouilles.

Merci, et bonne journée.

Suivant de près l’Intendant – qu’il ne manqua pas de jauger – le Raïkage ne put s’empêcher de réfléchir une dernière fois. Il savait parfaitement ce qu’il s’apprêtait à faire. D’ailleurs il n’avait jamais été surpris de la tournure des évènements, même pour la mission diplomatique. S’il avait voulu que tout se passe sans le moindre encombre, il n’aurait jamais envoyé Seki Hasaki. Ce dernier n’était pas le plus calme des Kumojins et savait difficilement faire abstraction de ses buts ainsi que de son amour pour son village : blessé par le trop plein de questions et de parades que les Konohajins lui avaient proposés, il s’était tout simplement emporté comme eux.

Mais si Seki Zennosuke était peut-être plus calme, il n’aurait pas pu l’envoyer seul. C’était l’unique shinobi de l’Ombre de Kumo et il ne devait en aucun cas être considéré comme supérieur à un membre « banal » du Satoru. Moins on en savait sur lui et sa relation avec Tsumei, mieux c’était. Voilà pourquoi c’était ce duo-là qui était parti. Et voilà pourquoi c’était Hasaki qui avait été nommé parlementaire.

L’alliance avec Konoha n’apportait que peu de choses désormais, et il était hors de question que Tsumei la rompe de lui-même. Bien entendu, il ne pouvait être sûr que le comportement des Konohajins et de ses deux Kumojins amènerait la fin de cette alliance, mais sa suspension n’était donc pas une surprise. Et comme elle avait été décidée par l’Intendant, le Karasu était satisfait.

Quant à la raison pour laquelle Tsumei avait désiré suspendre ou annuler l’alliance avec Konoha, c’était tout simplement la même que celle qui avait conduit les deux Seki à venir ici. Konoha disposait d’informations à propos des Furyous et désormais, l’Ombre de la Foudre avait toutes les cartes en main pour y avoir accès. Le plan allait se mettre petit à petit en route.

Yamanaka Meia attendra. A vrai dire, j’aimerais lui proposer de venir à Kumo le temps d’une journée ou deux. J’aimerais vérifier la gravité du comportement des deux émissaires que j’ai envoyés ici, afin d’ajuster ma décision vis-à-vis d’eux comme il le faut. De plus, si nos villages doivent redevenir alliés et même si ce n’est pas le cas, il faudra que l’un de vos gradés vienne officialiser la chose à Kumo. Yamanaka Meia pourrait ainsi remplir ces deux rôles.

Ils étaient arrivés au pied du Palais du Hokage. Les choses allaient se mettre en route. Le processus avait été réfléchi, et les informations allaient être obtenues. Car quoi que l’on en dise : Seki Hasaki et Seki Zennosuke avaient accompli leur mission.