C’était bien beau de vouloir aider une famille aux abois dans son commerce des thermes, mais les difficultés ne cessaient de s’entasser. Un bar était simple à gérer car la tâche la plus ardue se limiter à bien prévoir la consommation d’alcools des clients sur le mois ou la semaine ou la journée même. Cependant, les thermes, c’était un tout autre casse-tête. Il fallait comprendre la raison première de la visite de ces hommes et femmes dans les thermes, ce qu’ils recherchaient tous et toutes, ce qui se faisaient ailleurs, entraîner et former le personnel spécifiquement à un type de personnel ou encore être en accord avec les standards attendus par les autorités de Yu no Kuni mais également par les clients.
 
« Le Heaven Night m’a été offert sur un plateau d’or » finit-elle par conclure au bout d’une nuit blanche, plongée dans les documents, comptes et lois sur les thermes. Un travail acharné qui lui avait offert une merveilleuse migraine.
 
- Mademoiselle Kawaguchi, voici un dîner. Vous mangez assez peu, c’est mauvais pour la santé.
- Economisez vos efforts pour votre époux et vos enfants, répondit la blonde à l’égard de la mère de famille. Je m’occupe très bien de moi-même.
 
Sans plus un regard à la matrone, elle quitta ce therme en pleine construction – ou début plutôt – pour aller se balader dans ce pays. Certaines sources étaient « libre d’accès » mais peu de gens s’y trempaient. Il faut avouer qu’il allait faire preuve d’une certaine « immortalité » ou « impudeur » - selon la vision de chacun – pour se mettre à nu au milieu de la rue. Cependant, ce n’était pas pour traquer d’éventuels nudites qu’elle se rendait toujours auprès de ces sources chaudes en « libre accès », mais plutôt pour les petits Shinobis – ou errants, sans lien avec aucune village ninja - qui s’entraînaient à un art bien particulier : la Vapeur.
 
Plus d’une fois, lorsque ces petits bouts d’hommes et femmes avaient quitté ces lieux, elle s’était assise aux abords de ces sources, en y mettant une main juste au-dessus de la vapeur. Elle tentait de comprendre l’intérêt même de maîtriser cette fumée chaude, ou ces gouttelettes d’eau brûlante en suspension dans l’air. Elle essayait également de comprendre ce qui pouvait favoriser une telle maîtrise. En effet, certains semblaient maîtriser la lave ET la vapeur, ou encore d’autres arts comme la glace ET la vapeur.
 
« Deux pouvoirs spéciaux … En voilà une chose curieuse » conclut-elle. « Vapeur, c’est de l’eau et du feu. Ou alors l’eau, la terre et le feu … ».
 
Et suite à ces réflexions, elle s’en allait. Cependant, elle revenait encore et encore la même heure – fin de journée, durant les heures de repas-, pour observer ce pouvoir toujours plus curieux. L’intérêt n’allait que grandissait lorsqu’elle vit qu’un gamin avait réussi à désintégrer entièrement une petite roche, découvrant par-là les propriétés corrosives de ce pouvoir. Un pouvoir spécial qui l’inspirait de jour en jour pour des techniques en complément avec son Sable.
 
« Réapprendre tout depuis le début ? » s’interrogea-t-elle un jour, désireuse plus que jamais d’apprendre ce pouvoir spécial. De fil en aiguille, elle apprit que ce pouvoir était des plus accessibles si, et seulement si, les propriétés de son propre chakra la lui autorisaient. Il fallait « uniquement » avoir les deux affinités suivantes : eau et feu.
 
« Quelle chance, je les ai » conclut-elle. Deux affinités qui avaient à plus d’une reprise attirée l’animosité et le rire de ses semblables. Pourquoi une affinité eau dans un pays si désertique ? Enfin, en bonne Bâtarde du Pays du Feu, elle avait hérité du Feu de cette nation …
 
« Pourquoi m’empêcher d’exploiter ce pouvoir ? Pourquoi m’empêcher d’être une bâtarde dans tous les sens du terme, si j’en suis une de base ? » Conclut-elle.
 
Finalement, un tantinet intimidé du haut de ses vingt-deux ans devant ces gamins plus ou moins experts dans leur domaine, elle tenta d’apprendre les gestes basiques en observant les mouvements attentivement, tentant d’imiter. Si petit à petit, chacun rentrait à la maison, Tsukiko restait encore, cherchant encore et encore à fusionner ses deux affinités pour n’en faire qu’un.
 
« J’aurais également dû apprendre davantage à maîtriser mes affinités, et ne pas me limiter au sunaton … » s’énerva-t-elle, n’ayant produit qu’une petite « buée » entre ses deux paumes.

- Bwaaargh !
- C'est pas comme ça que tu vas y arriver, Matsu.

- Arrête de te tenir les côtes, tes adversaires ne te laisseront pas le temps de respirer. Les deux mains toujours disponibles. Plus vite, en garde.

- Bwaaargh !

* Debout, vite... *

- Pas mal, on enchaîne.

- Ça, c'est parce que t'as fermé les yeux. Qu'est-ce qui t'empêche de préparer une esquive ou une attaque de seconde intention au cas où tu foires ? L'adversaire à la gorge, même si t'es pas le premier à attaquer...

- Oh ben ça alors !

- Hoy, un coup de main mam'zelle ?

La petite blondinette qu’elle était désespérée de minutes en minutes. En l’espace d’une dizaine de secondes, elle était « sur le point » d’abandonner mais elle revenait toujours sur cette ultime décision, préférant encore s’acharner jusqu’à ne plus avoir suffisamment de Chakra. Il faut dire qu’à travailler le feu, ou l’eau, elle avait les mains tantôt noircies par son chakra enflammée, tantôt mouillées par son chakra liquide.

« Eau et Feu … Sérieusement, pourquoi n’aurais-je pas pu avoir le Vent ? Comme le Pays du Vent ? » se demanda-t-elle sincèrement, s’interrogeant le plus sérieusement du monde sur ses origines génétiques pour avoir « l’Eau ». Elle était une fille de la Nation du Feu mais également du Vent, le Feu, le Vent et la Terre étaient les éléments les plus courants et représentatifs. Du moins, c’était ce qu’elle croyait.

Le plus humiliant était de voir tous ces « bambins » réussirent de véritables prouesses avec cette petite vapeur, voire même certains désintégrer une roche avec une ou deux petites concentrations. Pour cette dernière action, elle tentait tout bonnement d’ignorer. En effet, si elle n’arrivait même pas à créer une simple « buée », à quoi bon rêver de maîtriser « l’ultime » mouvement, comme dissoudre tout ce qu’elle touchait ?

Soudainement, une voix l’interpella. Elle releva la tête pour apercevoir un jeune homme au regard un tantinet intéressé. Elle se retint de soupirer devant cet intérêt si « stupide » et si « banal », préférant plutôt profiter de cette situation pour obtenir une ou deux astuces « gratuitement » durant cet apprentissage d’un tout autre genre. Certes, à une époque, elle n’aurait jamais pensé accepter ainsi des services ou accepter de passer pour une fillette banale et stupide, mais il semblerait que cette attitude hypocrite avait son bon et son lot de bénéfices.

- Oh bonjour ! fit-elle avec un petit sourire un tantinet timide – sourire des plus faux mais un sourire qu’elle avait tant arboré pour de « vrai » toute sa vie qu’elle pouvait « recopier » aisément, ou « feindre » si l’on voulait -. J’ai trouvé un certain intérêt pour cette maîtrise, et je tente de l’apprendre, ayant les « affinités » si l’on veut pour combiner. Cependant, il semblerait que je ne sois guère douée, ou qu'il me manque un bon professeur, termina-t-elle avec un petit rire.

Il n’avait guère besoin de savoir que la demoiselle était une pratiquante des plus expertes du sable et qu’une ou deux têtes pour « Popper » d’un simple claquement de doigts. Cependant, et elle s’en était rendue compte bien vite, son « Pouvoir » manquait de rapidité ou de force. Enfin, et plus important, plus d’une fois elle était obligée de rester immobile, la rendant sujette à plus d’une attaque. Il suffira qu’on l’approche pour la « détruire » totalement. Il fallait donc remédier à quelques-uns de ces soucis.

- Merci pour cette proposition mais Je ne voudrai pas vous déranger, vous semblez des plus occupés à l’entraînement du petit là-bas, dit-elle, priant dans le fond que ce « petit » sera ignoré au profit d’elle. Certes, c’était égoïste mais elle avait – à tout casser – un mois pour en apprendre les bases. Ce « Gamin » pouvait y passer toute son existence. A moins qu’il ne reste encore une petite place dans cet entraînement.

Certes, elle se ferait battre très rapidement – elle n’était ni experte au corps-à-corps, ni volontaire à dévoiler tous ses talents – mais tant qu’elle apprenait les bases de ce nouvel art, cela lui était bien égal. Certains jours, il fallait savoir ranger la fierté et l’orgueil disproportionné. Des traits de caractère dont elle devait apprendre à se doter pour s’imposer, ou au contraire à éviter pour garder profil bas.

« En plus de mes compétences militaires, j’ai plus d’une compétences sociales à revoir » ne put-elle s’empêcher de penser … Soupirant devant tout ce « travail » sur soi.

Tsukiko ne pouvait s’empêcher de lancer un regard inquiet vers ce petit « Matsu’ », s’interrogeant sincèrement sur sa situation actuelle. Certes, elle était elle-même passée par des entraînements d’une grande violence mais c’était toujours un autre « effet » que de voir autrui subir de telles choses. Cependant, son attention fut bien vite détournée lorsque l’inconnu altruiste saisit ses poignets – un lieu sensible, ayant transporté plusieurs mois des entraves de chakra, et qu’elle aimait savoir « dégager – pour aussitôt descendre aux mains et doigts. Une douce vapeur finit par s’élever.

« Le clan Jôki, ainsi qu’il se nomme donc … ». Effectivement, elle avait pu deviner qu’un clan résidait là –ou alors une famille ou une branche – mais elle n’avait pas appris dans l’immédiat le nom exact. Avaient-ils un chef de clan comme dans les grandes Nations Shinobis ou est-ce un clan des plus pacifiques qui ne se préoccupaient guère de tout cela ?

La Kunoichi écoutait attentivement, et suivit tout autant avec attention l’échange entre le tuteur et l’élève.

- Alors on devrait aller prendre un bain, que tu puisses t'immerger dans notre élément, dit-il avec un grand sérieux et les yeux « incroyablement » innocent.

Elle resta là, silencieuse, fixant cet homme avec de gros yeux ronds. Etait-il sérieux ? Pensait-il sérieusement faire croire à Tsukiko qu’un tel entrainement allait porter ces fruits ? En fait non, elle savait que de telles expériences portaient leur fruit mais la dernière fois qu’on a voulu lui faire expérimenter le sable, elle avait subi des entraves de chakra de plus de six mois, incapable de se contrôler. Encore aujourd’hui, elle avait un mal fou à maîtriser son chakra, son sable ou encore ses sens et émotions.

Elle ne claqua pas violemment ou ne s’énerva pas avec son sable, se contentant seulement de fixer le pauvre garçon. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait de telles avances – à croire qu’être blonde aidait, encore à Suna pays des bruns et teints basanés, elle comprendrait mais à Yu, le nord même du Yuukan … - et donc elle n’allait pas suréagir.

- J’ai une maîtrise d’un élément et on m’a appris à le maîtriser à la perfection après avoir eu quelques bases. Commençons par le bas, et peut-être bien que je testerai cette fameuse méthode des eaux thermales ! dit-elle d’une voix plus ou moins enjouée. Faussement enjouée mais bien jouée.

Elle lança un petit regard au garçon.

- Que me proposerais-tu pour que j’apprenne les bases de la maîtrise de la Vapeur petit homme ? demanda-t-elle avec un sourire plus ou moins chaleureux. J’y pense, cela ne gênera-t-il pas votre clan qu’une étrangère puisse être intéressée par ce savoir ?

Pour cette dernière réplique, elle s’était retournée vers cet être mature. Oui elle voulait savoir. Savoir si elle perdait son temps, et savoir si elle marchait sur un champ de mine. Si un parfait inconnu désirait apprendre le sunaton, il risquerait fortement de subir … pas mal de choses pour être autorisé à l’apprendre, et à l’utiliser.

La jeune blonde écoutait attentivement son « instructeur » jusqu’à ce qu’une étrange vapeur se forme entre eux. Celle-ci disparut pour laisser voir un homme assez imposant incroyablement franc et autoritaire. Ce dernier échangea longuement avec « l’instructeur », l’un désirant envoyé en mission alors que l’autre souhaitant rester. La Sunajin ne se mêla de rien car, clairement, elle était sur leur territoire et soumise un tantinet à leur autorité – enfin, son maudit bandeau indiquait son village d’origine et pourrait créer des tensions inutiles et ridicules.

Les deux formes finirent par disparaître et vaillamment le petit être indiqua une direction pour Tsukiko. Celle-ci suivit sans rien dire, se contentant seulement d’observer le petit homme qui faisait son petit héros du intouchable, imperméable à la douleur.

- Je m’appelle Tsukiko, introduisit-elle, consciente qu’il ne devait pas le savoir. Et toi, tu es « Matsu » ? demanda-t-elle, curieuse de savoir si c’était le nom exact ou alors un simple surnom.

Et ils continuèrent pour se rendre aux meilleures sources. Que dire ? C’était à nouveau une autre source, mais bien plus grande et bien plus « intense ». La vapeur et le brouillard était telle aux environs qu’elle s’interrogeait clairement sur la possibilité de voir quoi que ce soit à l’intérieur.

- Alors, depuis combien de temps t’entraînes-tu ? demanda-t-elle, fixant malgré tout d’un air un tantinet inquiet cette masse fumeuse blanchâtre peu accueillante.

Devait-elle vraiment se baigner ? Elle finit par s’aventurer dans cette brume blanche et … Tomba pile dans une eau chaude. Une telle baignade apportait toujours bien-être et repos, mais seulement si l’on s’y baignait doucement et en étant conscient de la chaleur. Un plongeon soudain était un trop grand choc pour un corps, et c’est aussi rouge qu’une tomate et trempée qu’elle s’en extirpa. Sans surprise, le froid commença à s’immiscer.

« Si je ne tombe pas malade dans les prochains jours … » se jura-t-elle, consciente que malgré une grande endurance vis-à-vis de la fatigue dans des conditions climatiques extrêmes, elle était sacrément vulnérable à certains coups de froid.

- Et donc ? dit-elle, en espérant que le petit homme ne se moquera pas de sa mésaventure.

Et donc elle suivit les paroles et, ou, instructions du petit. Il était drôle de se dire qu’un enfant donnait des leçons à un adulte, comme quoi il n’y avait pas d’âge pour apprendre … Tout en tentant de faire quelques exercices simples, elle se permit quelques questions.

- Je ne savais pas qu’un clan vouait sa vie à la maîtrise de cet élément. Etes-vous le seul clan de ce pays ?

Une question qu’elle posait plus par curiosité que par intérêt militaire. Suna n’était guère portée sur des conquêtes de territoire, optant davantage pour une relation diplomatique où les deux parties étaient gagnantes.

Savez-vous la grande problématique des Shinobis de toute nation confondue ? Les capacités sociales. Soit le Shinobi mettait un Kunai sous la gorge de l’intrus avec un brin de chakra suspicieux, soit il se montrait d’une très grande méfiance. Les rires, sourires, ou gentilles paroles étaient très rares … Habituée à cet univers depuis longtemps – tantôt dû à son passé d’enfant de la guerre tantôt dû à la culture extrêmement conservatrice de son clan – et ainsi donc broncha à peine devant l’attitude contraire à son aîné de l’enfant.

Elle se contenta juste d’hausser les épaules, sourire et le suivre. Si le petit être n’avait aucune difficulté à trouver son chemin dans cette brume extrêmement épaisse, Tsukiko était tout simplement perdue … D’ailleurs, son pied s’enfonça subitement dans l’eau chaude, lui arrachant un petit cri de surprise, et enclenchant immédiatement une réaction « naturelle » chez la Kawaguchi : le sable se forma sous ses pieds, la maintenant à quelques petits millimètres de distance de ses pieds.

Soufflant, elle annula ces derniers – qui se déposèrent au fond même du bassin -, concentra son chakra et marcha sur cette fameuse eau avant de se poser comme son jeune maître. Si ce dernier pouvait se concentrer dans ce lieu éprouvant et étouffant, ce n’était guère le cas de la Kawaguchi. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien sentir la perturbait au plus haut point. Enfin, elle étouffait avec cette chaleur et cette nuée d’effluves chaudes s’émanant des eaux chaudes.

- Il fait trop chaud, finit-elle par dire. Même Kaze no Kuni n’est pas aussi infernal. Quoique non. Kaze no Kuni est infernal, même dans ses meilleurs jours…

Et l’image de ses coéquipiers s’imposa dans son esprit. Et sa mine s’assombrit soudainement. Un instant total d’inattention et d’abandon de tout contrôle sur son environnement qui mit fin à sa concentration de chakra, la plongeant totalement dans l’eau des sources et l’entrainant au fond. Paniquée un court instant, elle mit un certain temps – se débattant comme un beau petit diable pour se tenir hors de l’eau – avant de comprendre qu’elle avait pied là où elle était. Du moins assez pour avoir l’eau jusqu’au niveau des épaules.

Le pire dans l’histoire était que c’était son chakra qui avait généré une certaine quantité de sable, ayant pris d’assaut un bout du bassin. Mouillé, le sable avait tout de même dominé l’eau chaude grâce à la quantité et servait de point d’accroche à la maîtresse rouge de honte.

- Je crois … que … je vais arrêter l’entrainement pour aujourd’hui, conclut-elle, tentant de soulever le sable pour débarrasser le bassin.

Rien à faire. Alourdit par l’eau, cela demandait un brin plus d’efforts et une toute autre maîtrise que Tsukiko n’avait pas encore.

- Je vais … nettoyer tout ça, finit-elle par promettre. Il y a des pelles dans les environs ? demanda-t-elle sincèrement tout en sortant définitivement de l’eau.

- Laisse le sable, tu n...