La préparation du plan de défense était en pleine avancée. Et il faut dire que lorsqu’on prévint Karasu Tsumei de l’homme qui venait d’arriver au Sentier Perdu, il ne put s’empêcher de penser que peut-être la providence venait lui apporter un nouvel allié. Car Hakushi Mihawk était tout sauf un inconnu pour le Yondaime, qui avait en mémoire tous les noms des grands Kumojins. Et ce dernier en faisait partie. Sous l’ère de Kadoria Uriô tout du moins. Un homme que l’actuelle Ombre avait toujours respecté. Son seul et unique maître. A jamais.

Il l’attendit dans son bureau, tout en repensant à d’autres choses. Après tout, il avait déjà beaucoup à faire avec l’ensemble des points qu’il avait énoncés à l’Assemblée. Les épreuves d’entraînement intensives des jeunes recrues, la préparation de l’expédition pour Konoha et une équipe d’intervention au cas où. Et ça ne concernait qu’une minorité de Kumojins, le reste était à répartir entre mission et défense/surveillance du village.

L’intéressé entra enfin. Apparemment, c’était Koüga qui s’en était occupé. Il n’avait selon toute vraisemblance fait aucune erreur. Il n’était pas membre du Satoru pour rien. C’est avec un visage sérieux que le Kage se leva pour accueillir l’ancien camarade qu’était le manipulateur du papier.

Bonjour Mihawk, assieds-toi.

Il pointa de la main et du regard l’un des deux fauteuils qui étaient positionnés devant son bureau derrière lequel il se rassit aussitôt. Mihawk était actuellement un Nukenin. Et il n’y avait aucune façon d’être certain de ce qu’il avait pu faire durant son absence. Qu’était-il venu faire seul ? Un espion, un vengeur ou quelqu’un venu se racheter ? Les possibilités étaient si nombreuses que Tsumei tenta tant bien que mal à ne pas trop réfléchir sur la question.

Tout dépendra de ce que tu as à me dire.

Il verrait bien comment évoluerait l’entrevue, après tout. Et puis une chose s’était vérifiée au fil des années – notamment grâce à sa formation de shinobi de l’Ombre – sous les ordres de Kadoria Uriô : Karasu Tsumei savait y faire avec la psychologie. Et il était confiant quant à la question de savoir s’il allait prendre la bonne décision concernant cet homme, comme il avait du le faire pour d’autres.

Un tutoiement logique pour quelqu’un qui avait été tenu éloigné du village si longtemps. Quelque part, Tsumei se retrouvait à travers cet Hakushi qui avait disparu de la circulation une fois la disparition de Kadoria Uriô. Les Nidaime et Sandaime Raïkages n’avaient quasiment rien fait de bon pour le village, c’était clairement la pensée du Yondaime, même si jamais il ne l’avait exprimée en public. Il connaissait trop bien la politique pour savoir que parler ainsi n’engagerait rien de bon. Non, il s’était toujours contenté de vanter les mérites du Shodaime et d’éclipser les détails concernant les deux autres anciennes Ombres de Kumo. Après tout, mieux valait ne pas parler de ceux qui ont été ridicules, cela put parfois les instruire.

Il oublia les politesses, mais ne manqua aucun mot prononcé par celui que l’on pouvait prendre comme un Nukenin actuellement. Cependant, son désir de rejoindre Kumo était marqué, prononcé et affirmé. Sans trop de surprise, il était revenu dans l’espoir de servir le village caché des Nuages comme il avait pu le faire depuis. Les raisons de son départ ne furent que vaguement évoquées, mais lui qui avait bien connu Kadoria Uriô, c’était quelque-part un comportement presque compréhensible qu’il avait adopté. Après tout, comme susdit, Tsumei se retrouvait bien dans cette proximité avec le Shodaime. Plus fidèle bras-droit et meilleur ami, Karasu Tsumei aurait tout fait pour que le premier Raïkage soit toujours de ce monde. Mais les choses ne s’étaient pas passées ainsi.

Aujourd’hui, il y avait une terrible menace. Des adversaires incontrôlables et à première vue impossibles à vaincre. Les sentiments devaient être mis de côté. Et quoi que Mihawk puisse avoir en tête, Tsumei ne pouvait se priver d’un si bon élément.

Le clan Hakushi n’a pas de leader, tout comme le Satoru. Quant à Mugen et Azuko, tu n’as plus à t’en inquiéter, si tu vois ce que je veux dire.

Il se leva, comme il le faisait souvent lors d’entrevues dans son bureau. Se retournant vers sa grande baie vitrée, le Yondaime ferma les yeux et écouta les cliquetis de sa lame Kuchibashi, que seul lui pouvait clairement percevoir.

Les Furyous sont incontestablement la plus dangereuse menace que le monde ait porté. Je ne peux pas priver le village d’un bon élément comme toi. Et que tu doives faire tes preuves, ou que tu aies projeté quelque-chose contre le village, c’est avec le temps que tout cela se saura.

Il releva la tête, rouvrit les yeux, et esquissa un sourire en repensant à son maître. Puis il revint s’asseoir, et plongea son regard dans celui du nouveau Kumojin.

C’est entendu, tu redeviens Kumojin à partir d’aujourd’hui.

Il y avait d’autres choses qu’il aurait pu dire, comme le fait qu’il sera placé sous surveillance éloignée, des choses du genre… mais il préféra en rester là.