Le retour? ou pas [Tatsuo]

Pour comprendre near:

En ces temps de troubles, je ne sais pas comment je trouve encore le temps de me rendre dans le pays des neiges. Après y avoir aguiché Yuki je n’ai pourtant aucune raison de m’y rendre, me diriez vous. Que nenni, vous répondrais-je. J’ai bien une raison de m’y rendre. Cette raison n’a cependant pas de nom. Mais vous semblez perdu et confus à la fois. Vous avez vraisemblablement besoin d’une explication. Alors je vais vous expliquer par quel stratagème je me suis retrouvé à me geler les os dans cet enfer blanc. C’est très simple et très tordu à la fois.

Je me trouvais dans mon bureau, à l’intérieur de ma demeure au Shukai. Yuki était partie faire des courses ou je ne sais quoi d’autre. En tout cas elle n’était pas là. C’est à cet instant que j’ai reçu une communication. Une communication venant de l’extérieur et de très loin. Le Kurai Hikari. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu de nouvelle que j’en avais conclu que mes sbires s’étaient libérés eux-mêmes de leurs chaines. Apparemment je sous-estimais leur loyauté. Mais c’est Near qui m’appela. Je le sentis à la fréquence télépathique qu’il utilisait. Toujours la plus discrète et la plus basse, j’avais souvent du mal à l’entendre distinctement d’ailleurs.

-Grand maitre, vous m’avez chargé, avant votre disparition, de continuer mon travail sur la prospection de nouveaux talents. Je crois bien en avoir découvert un. Je ne sais pas exactement s’il correspond à vos critères mais en tout cas, il à quelque chose de singulier. Il ne m’a pas repéré.

-Bien Near, je suis heureux que tu n’aies pas failli à ton travail. Indique moi sa position actuelle puis retourne à la planque, je ferais parvenir ton salaire jusqu’à toi. Attention à ce qu’il ne te repère pas.

-Bien maitre, la cible est actuellement à Yuki no Kuni, assez visible de loin, elle arbore des vêtements extravagants. Elle a des cheveux bleus. Sexe masculin.

La communication se coupe et je me dirige vers l’armoire. Je me saisis d’un manteau, d’une paire de chaussette chaude et sors mes bottes de leur armoire. Je prends ensuite un crayon et un papier à pense-bête et j’écris a l’intention de Yuki. « Mission à l’étranger, je reviens dès que possible. » Je colle le post-it sur le frigo et prend la porte. Je cours à travers le village, sachant que chaque minute qui passe me rapproche un peu plus de la perte de ma cible. Cela fait si longtemps que je n’ai rencontré personne de nouveau, je suis un peu excité.

Sur le chemin je me demande comment je vais pouvoir approcher mon inconnu. Je ne peux pas tout bonnement m’approcher et lui faire : « Hey salut ça va ? Tu veux prendre un café, ou te prendre mon sabre dans le cul ? » Non, les choses ne sont pas aussi simples. Je dois mettre au point un stratagème malin et surtout indécelable car les cibles ont tendance à avoir peur lorsque je leur annonce que je viens exprès pour elle. Toujours est-il qu’il me faut un moyen assez simple, et qui me permette d’évaluer le niveau de ce curieux personnage dont je ne sais encore rien. Evaluer son niveau et… sa noirceur, ou en tout cas son potentiel de haine. J’aime beaucoup la prospection, c’est un fait.

Voilà donc comment je me suis retrouvé à Yuki no kuni. Je ne sais pas exactement où se trouve ma cible mais une chose est sûr, la nuit commence à montrer le bout de son nez et je vais devoir trouver un abri. Une grotte ou une ancienne excavation, n’importe quoi tant que cela me permet de dormir. J’ai de la chance, j’aperçois au loin une vieille bâtisse en bois. De la fumée s’échappe de la petite cheminée. Je crois me rappeler alors qu’il y a bel et bien une auberge dans les environs. Une auberge de passage. Les prix y sont assez élevés mais en même temps ils peuvent se le permettre. C’est donc là que je vais passer la nuit.
Je fais le chemin jusqu’à l’auberge donc et pousse la porte en bois. A l’intérieur il n’y a que trois personnes : l’aubergiste, sa femme qui lui crie dessus et le sermonne et un garçon aux cheveux bleus assis à une table. Se pourrait-il que…?
Je tends mon sabre hors de son fourreau et le pointe vers le type habillé avec des vêtements classieux. Je le fixe, il ne semble pas m’avoir remarqué.

-Toi, l'homme aux vêtements intrigants, donne moi ton fric.

Voilà donc le rôle que je joue aujourd’hui, celui du voleur de bas étage. Voyons comment ma cible va réagir. L’aubergiste et sa femme eux se contente de rentrer dans leurs chambre sans rien dire, ils doivent être habitués à ce genre de problèmes.

« Gamin insolent ! » disent-ils tous, « Tu finiras seul dans une tristesse morbide, pourriture! » d'autres répliquent.

Et pourtant, je souriais. Qu'est-ce qui pouvait bien me donner cette joie de vivre ? Cette euphorie de pouvoir se lever chaque matin et ainsi pouvoir continuer de respirer et de vivre une vie qui n'était peut-être pas la meilleure de toute. Oui, qu'est-ce qui me permettait de faire cela ? En fait... il n'y avait rien de spécial. Je devais juste constater que oui, j'étais seul, que oui j'étais faible et que personne n'était là pour me soutenir. Qu'en effet je n'avais pas de réel but dans la vie et que je marchais au grès le vent, là où celui-ci pouvait me porter selon son bon vouloir.

Et alors ?

Qu'est-ce que cela pouvait-il bien faire si je n'avais aucun but à ma vie ? Que je n'étais qu'un seul gamin sans parents ? En fait, ça faisait tout. Peut-être qu'auparavant je me moquais de ce doux et étrange pouvoir qu'on appelait la solidarité. Cela n'existait pas, quand on était seul. Devais-je alors me trouver quelqu'un ? Un compagnon de route envers qui je pourrais partager mille et une histoire ? Je n'en sais rien. Ce genre de personne ne se trouve pas en claquant d'un simple doigt et peut-être est-ce bien pour cela que mes petits monstres sont là pour me rassurer du vide qu'il me manque.

Cela n'empêchait rien et ainsi je continuais ma route tranquillement. La jeune fille si étrange de Yuki venant de partir j'avais aussi décidé de prendre la route de mon côté. Ce blizzard infernal était perpétuel et de plus en plus dur à arrêter. C'est alors grâce aux légères lumières d'une auberge très modeste que je décidais de prendre refuge dans celle-ci. Un homme et une femme se tenait alors devant moi, non-mécontent d’accueillir un client perdu dans l'hiver glacial. Le prix était tout à fait élevé et ainsi je m'installais aux contours. Mes vêtements verts étaient trempés mais heureusement ils séchaient plutôt vite. Mon épée et mon bouclier quant à eux avaient bien servies pour les quelques loups que j'ai rencontré.

Mes deux hôtes étaient plutôt sympathiques. Un vieux couple qui avait décidé de prendre leur restant de leurs vies à s'occuper des voyageurs ayant été eux-même des voyageurs dans leur passé frivoles. Ils parlaient avec enthousiasme et grandeur à chaque fois qu'ils évoquaient leur passé ou leur héberge. C'était d'un niais et je m'en laissais très rapidement. L'envie ne me manquait pas de sortir mon jugement de mon fourreau pour qu'ils puissent me laisser tranquille. Que vouliez-vous, ils étaient déjà bien assez vieux, autant qu'ils meurent dans le regret de ne pas m'avoir demander de les tuer.

Doucement derrière-moi, la porte s'ouvre. Un nouveau camarade ? Une personne qui pourra supporter ma place leurs pathétiques discours. Un petit démon venait d'apparaître sur ma table, encore ce chat qui s'invoquait tout seul sans que je lui demande. Il commençait à un peu courir partout, pour m'avertir mais de quoi ?

Et s'est en me retournant que je compris de quoi il s'agissait. Un homme, blond, tenait une épée, un sabre je ne sais pas trop, me demandant de me donner tout mon argent. Mes yeux étaient grands ouverts, tout étonnés puis un rire moqueur survint. Que me voulait-il ? Me piller, moi ? Quelle douce ironie. Non pas que je n'avais pas d'argent, oh bien loin delà. Je possédais de quoi m'acheter n'importe quelle maison et vivre paisiblement pour le restant de mes jours et pourtant je m'amusais à défier plus fort que moi.

Oh bien sûr que oui, il m'était supérieur en tout point. Son chakra, son physique. Mais je me dois juste de respecter mon caractère. Intrépide et infaillible, je ne suis qu'un gosse insolent bouillant de haine contre le monde qui m'a laissé pourrir seul sans jamais me tendre la main.

Ainsi je me levais de ma table, sortant mon épée de mon fourreau.

« Viens chercher. »

Douce comédie.

Near… un garçon plein de ressource et que j’ai bien fait, apparemment de prendre sous mon aile. Ça me fait toujours plaisir de me remémorer la manière dont je l’ai recruté, lui et ses deux compagnons. Booker avait l’air fort à l’époque, je me suis vite rendu compte qu’il ne valait pas tant que ça sur le plan du combat et Elizabeth, elle semblait plutôt sensible. Plus un défaut qu’une qualité lorsqu’on prend part à mes activités mais bon… je ne voulais pas les séparer, ils travaillent mieux lorsqu’ils sont tous les trois. Mais Near est vraiment la pièce maitresse de ce trio. Parmi ses camarades, c’est le seul qui soit réellement fait pour le boulot de prospection d’individus d’exception. Je ne peux que m’incliner devant la vitesse à laquelle il déniche des spécimens intéressants. Surtout que les badass qui recherche les problèmes, ça ne court pas vraiment les rues en ce moment. Tout le monde a peur des Furyous et donc se tient à carreau. Je leur dirais bien, moi, à tout ce beau monde, que si ils ont si peur que ça, ils n’ont qu’à profiter de la vie avant que quelqu’un d’autre ne la leur prenne. Mais je ne dis rien… A quoi bon. Qui m’écouterait et prendrait en compte mon avis ? Pas moi en tout cas.

Mais pour en revenir au sujet principal, car je sens que vous vous égarez et que votre esprit se confond dans mes explications. Mon interlocuteur se lève et me provoque. Inutile de dire qu’une telle réaction provoque chez moi un amusement certain et fait se dessiner sur mon blanc visage un sourire en coin satisfait. Je constate avec enthousiasme en effet que mes techniques d’approches n’ont rien perdu de leur piment et de leur efficacité. Je suis plus qu’heureux d’avoir mis mon petit invité dans de bonnes dispositions, on n’apprend jamais plus que lorsque l’on reçoit une raclée. Mais je constate quelque chose d’autre. Quelque chose qui me rend encore plus heureux et me rappelle que tous les jours de l’année peuvent cacher une bonne surprise. Mon interlocuteur possède un sabre. Moi-même sabreur, je suis toujours réjouit de croiser le fer avec autrui. Je sens soudain monter en moi comme une adrénaline puissante qui s’insinue dans mes veines et dans tous mon corps. Je ferme les yeux, baissant mon sabre vers le sol.
Je laisse alors retomber au sol mes chaines. Ces lourdes chaines que je n’ai pas utiliser depuis longtemps. Peut-être vont-elles me servir au final. Peut-être vont-elle me ramener à ces premières heures d’entrainement lorsque je n’étais encore que Genin et que je cherchais a les utiliser a bon escient. Mais je laisse les chaines tomber à terre, ces même chaines qui sont rattachées au pommeau de mes sabres. Une pour chaque sabre, les chaine pendouille. Aucun de nous deux pourtant, ni moi ni le jeune homme aux vêtements singulier n’émet le moindre mouvement. Nous sondons l’âme de l’autre.

Soudain l’adrénaline redescend et je me sens comme vidé. Je range mon sabre et fait cliqueter mes chaines contre mes chaussures.

-Je suis désolé, je n’ai pas voulu…

Je commençais ma phrase par un sourire puis d’un coup j’exécute une Odura Akuma. Une technique de sabreur que je pratique depuis un certain moment maintenant. Je dégaine donc a une vitesse affolante mon sabre pour couper le torse de mon adversaire et me retrouver derrière lui. Je ne m’arrête pas là cependant car une fois derrière lui, je lui balance un coup de pied arrière chargé de chakra Raiton. Je sens que le coup est puissant et j’en ai la preuve lorsque mon pauvre compagnon se voit propulser à travers la pièce contre un mur. Je range mon sabre et me dirige vers la porte. Je n’ai plus de sourire au visage, mon personnage n’est plus. Je suis de nouveau Katano Yusuke l’insondable et l’indifférent. Un œil lancé vers ma cible, je lui fais signe de la tête tout en ouvrant la porte de l’auberge.
-Allons parler dehors, j’ai hâte de croiser le fer. Je sais que mon attaque n’a pas du te faire trop de mal.

Spoiler:

Quelle ironie ! Voulais-je mourir ? Non bien sûr que non. Ma vie était bien trop précieuse pour la lâcher comme ça. Pourquoi alors je défiais une personne si forte ? Était-ce le rapport entre le maître et l'élève qui s'établissait alors qu'il n'était qu'un inconnu ? Je suis une énigme à moi seul et il faut dire que très peu de fois j'arrive à trouver les réponses aux nombreux problèmes que je me pose. Mais je n'étais pas une personne soumise, non-bien loin delà. C'est peut-être pour cela aussi que j'avais sortit Lambent Light, pour combattre cet homme qui me demandait mon argent, l'air de rien.

Après tout, qu'est-ce qu'un bandit viendrait faire ici, un endroit si perdu qu'il ne serait indiqué sur les routes ? Non c'était bien trop louche et peut-être même qu'il était là pour autre chose. Le couple ? Un objet spécifique ici ? Ainsi serais-je peut-être l'élément inattendu ? Ou alors se pourrait-il que cela soit une sorte de plan avec les aubergistes ? Il y avait tant d'options mais je pouvais me permettre de baisser ma vigilance. Les deux vieux partirent eux dans leur coin, sûrement par habitude d'un bandit..

Le temps s'écoulait avec une lenteur incomparable. Puis l'homme blond en face de moi fit alors les premiers mouvements. Des chaînes apparurent, elles s'écroulèrent par terre. Cherchait-il à m'emprisonner ? Allait-il me les envoyer ou pouvait-il encore les contrôler à distance ? Il y avait bien trop de choix, d'options et d'angles d'attaque. Je n'étais pas forcément préparé pour ce genre de combat, moi qui fut le Premier épéiste de Kiri et l'ami de Yoru. Eux qui m'avaient formés et m'avaient appris à être toujours prêt à n'importe quelle situation.

Qu'est-ce que je devais faire ? Bouger, attaquer ? Non, c'était trop dangereux. Un léger silence et le blond reprit la parole. Il s'excusait, soi-disant de ne pas vouloir. Les faibles s'excusent, les Dieux non. Et cela était clair et net qu'il ne s'excusait pas pour se faire pardonner. Divertir mon attention ? Abaisser ma garde ? Je n'étais pas si stupide après tout. Mon expérience me disait absolument tout. Ainsi j'avançais mon épée bien plus en avant. J'allais devoir commencer.

Et puis... Il ne fallu que d'une seule seconde pour renverser la situation. Il s'était déplacé à une vitesse éclair tout en me frappant le dos et me trancher le torse. Heureusement que mes vêtements prenaient plus le coup d'épée que mon corps. Mais cette douleur, cette puissance. Je me retrouvai alors contre un mur complètement explosé. Du sang coulait de mes lèvres et je relevais ma tête doucement. Il n'avait plus rien de la personne qui me faisait face. Un faussé me séparait de lui, représentant toute sa puissance. Et pourtant je souriais.

Il me demandait alors de le suivre dehors. Il était venu pour moi ? Qu'avais-je de plus et qu'est-ce que je pouvais bien représenter pour lui ? Peu importe, je n'étais pas là pour suivre les ordres d'un auguste inconnu. Pourtant, cela m'attirait, cette situation de puissance. Il semblait si... spécial et impitoyable. Ainsi je me relevai en le regardant.

« Qu'est-ce que tu m'veux ? »

Et pourtant je marchais en sa direction. Je ne savais trop quoi faire d'autres. Ainsi je sortais de l'auberge à moitié détruite. L'homme blond se tenait droit et avait une voix si froide.

Un changement si radicale.

Je vois mon interlocuteur sortir de l’auberge. Quant à moi je l’attend patiemment, à une dizaines de pas de celle-ci, je regarde ses pieds. Il a une manière de marcher assez banale, il va falloir remédier à cela. Je sens aussi que ses bras sont trop léger quand il place son pied gauche et quand il renvoi son pied droit en avant. Il manque cruellement d’équilibre et je sens qu’il ne parviendra pas à bien se servir de son sabre tant qu’on n’aura pas travaillé les bases. Mais qu’est ce qui m’arrive au juste ? Suis-je réellement en train de planifier l’entrainement d’un gamin dont je ne sais encore rien ? Clairement il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi sinon je n’aurais pas de telles pensées. Curieusement, je me prends à continuer de penser à ce que je pourrais améliorer chez ce gosse. L’idée est agréable et je n’ai pratiquement rien à faire tandis qu’il marche vers moi. Mais le jeune homme finit par s’arrêter. Face à moi, il se dresse entre ma personne et l’auberge. Ses pieds légèrement enfoncés dans le sable blanc et froid sous nos pieds, je plonge mon regard dans le sien et tente d’y déceler une faiblesse. Je décide de voir comment ma future potentielle recrue s’y prend pour se débrouiller dans une situation critique et normalement sans issue.

« Soldat, je vois que tu te promènes avec un sabre sur ta personne en permanence. Vois-tu j’aime ce genre d’individu parce que ceux qui choisissent un sabre comme allié en ont dans le crâne. Je ne te dirais pas pourquoi cependant. J’aimerais vérifier quelque chose et je ne te laisse pas le choix. Es-tu digne de ton arme ? »

Mes paroles sont prononcées avec une voix si glaciale et si neutre que l’on aurait pu croire que je m’adressais au mur. Mais que nenni, c’est bien a mon interlocuteur extravagant que je m’adresse et je compte bien voir ce qu’il a dans le ventre. Une fois ma phrase terminée donc, j’effectue des mudras à une vitesse ultra rapide et toute l’eau contenue dans la neige sous nos pieds monte à notre niveau et crée en quelques secondes un épais brouillard. Je commence alors à me déplacer, lentement et discrètement. Je me dirige vers l’auberge et me colle contre son mur. Une jambe pliée contre le bois de la bâtisse, je n’ai fait aucun bruit. Je veux voir si ma future recrue arrivera à me retrouver et à me porter un coup. Je ne me fais pas trop d’illusions cependant, il est clair pour moi que mon adversaire n’a pas le niveau pour me retrouver. Ainsi s’il ne se lance pas à ma poursuite durant les quelques minutes qui suivent, je me ferais un plaisir de lui faire subir l’une de mes danses.

Spoiler:

Me prendre pour plus faible que je ne pouvais l'être était peut-être la pire des idées qui pouvaient venir à quelqu'un. Il le savait sûrement que je n'étais rien d'autre qu'un faible comparé à lui. Son regard de supériorité m'attirait. L'attirance vers le pouvoir ultime. Il était cette représentation de l'homme s'élevant au-dessus des autres que je cherchais depuis des années. Shinichi l'était un peu aussi. Disons que lui était aussi un homme bon et garant de son peuple. Malgré ses airs inintéressant il s'était toujours battu pour son pays et défendre ce qui pouvait lui être chère. Mais là, maintenant, cet homme me faisait fasse, et si différent de tout ce que j'avais pu rencontré auparavant.

Je savais déjà alors qu'est-ce qui me forçait à rester ici. Je savais qu'il fallait que je le comprenne, que je sois une personne comme lui : capable de tout et de rien. Imprévisible. Non il n'était pas mon modèle... Je voudrais simplement pouvoir devenir aussi puissant que lui. Porteur d'un sabre, maîtrise-t-il un pouvoir spécial qui m'est inconnu ? En un seul et unique instant il avait changé mes désires. Je ne m'intéressais plus qu'à lui et mes petits et ridicules projets que j'avais auparavant devenaient de la simple poussière sur laquelle on pouvait souffler.

Un maître ? Ce senseï que j'avais perdu ou que je n'avais jamais eu ? Sûrement. Il me prenait déjà pour un gamin ou pour une arme. « Soldat » avait-il dit en s'adressant à mon auguste personne. Cela m'énervait quelque peu de me faire prendre de haut par un inconnu. Mais un soldat grandit vite, n'est-ce pas ? Colonel, général et ensuite ? Qui était-il pour m'appeler ainsi ? Non, je savais très bien qui il était. Il était une personne qui m'était supérieure en tout point et qui allait sûrement s'amuser avec moi. Après tout, apparemment il était venu pour me chercher.

Ainsi, il commença le jeu dans lequel il était le seul et unique maître. La neige à mes pieds se transforma en une brume épaisse dans laquelle je ne voyais pas plus loin que mes pieds. Il disait alors que ceux qui possédait une épée comme partenaire étaient des personnes intelligentes. Se ventait-il lui-même ou essayait-il à me persuader de quelque chose ? Par ailleurs, il prenait cela comme un test. Ainsi je devais répondre à ses critères pour pouvoir savoir en quoi le porteur de sabre est une personne dite « plus intelligente ».

Et dans la brume la plus épaisse qu'il fut, il avait disparu complètement ne laissant absolument aucune trace de lui. Était-il parti et je le reverrais un jour ? Non, cela était bien trop simple. Il était encore là à sûrement observer ce que j'allais faire. Je devais alors probablement le retrouver dans toute cette brume. Je n'étais pas un ninja sensoriel, et la tâche allait bien être ardue... « Es-tu digne de ton arme ? ». Oui j'en suis digne, elle est le jugement de tout et le cadeau que l'on m'a fait pour punir la vermine qui s'opposerait à moi. Même si son pouvoir avait beau être l'un des plus inconnus pour moi, je savais qu'un jour ou l'autre je découvrirais sa véritable force et je saurais l'exploiter à son paroxysme.

« Pourquoi tu es venu me chercher ? Qui t'a parlé de moi ? »

J'essayais de le faire parler, qui sait peut-être pouvais-je entendre sa voix et le localiser. Mais la seule et unique idée qui me vint était de ramasser des cailloux par terre. Je les chargeais de Chakra comme on nous l'avait appris il y a si longtemps dans les camps de Kiri. Ainsi je les lançais deçà delà. En fonction du bruit que cela ferait, je pourrais peut-être savoir où il se cache. J'en lançais ainsi une dans toutes les directions qui me faisait face et bien sûr, derrière moi dans l'auberge et sur ses côtés. Il avait très bien pu retourner dans celle-ci pour s'installer.

Un spécimen intéressant ce gamin. Non vraiment, je m’étais rarement autant amuser que je le fais maintenant. Il est toujours amusant de voir comment une personne s’en sort en situation critique mais là, j’avais enlevé le côté mort certaine. Ce n’est pas que je veux le mettre en confiance. Bien loin de mon esprit cette idée là. Non, que nenni, bien au contraire. Je veux qu’il tente de trouver des stratagèmes pour se sortir de ce mauvais pas. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je commence curieusement à me sentir comme un professeur et cela n’est pas vraiment pour me déplaire. Je ne sais pas ce que c’est. Peut-être que ce gamin a du charisme et que cela me donne envie de le voir évoluer. En tout cas, accouder à mon auberge, je ne peux pas voir non plus ce qu’il fait. La seule certitude que j’ai est qu’il doit bien être en difficulté s’il ne peut pas distinguer ma position dans cet épais brouillard. Cette technique est faite d’ailleurs exprès pour perturber son adversaire. On le perturbe d’abord psychologiquement puis on atterri derrière lui pour lui porter un coup fatal. Je n’étais pas épéiste de Kiri pour rien, je savais très bien utiliser mes techniques d’assassinat. Se mouvoir dans la brume, sans bruit et sans se faire remarquer. Trouver son adversaire et lui planter un couteau dans la jugulaire. Ce n’était pas très compliqué à l’époque, voyons comment cela va tourner avec cette nouvelle recrue…

Je suis donc accoudé à mon mur de l’auberge. Je commence cependant à percevoir des bruits. Bon, il doit se dire que ce n’est pas très utile de ne pas faire de bruit et que j’ai sans doute déjà enregistré sa position. Il se met à crier quelque chose. Première erreur. Dans un combat dans la brume il faut toujours garder le silence. C’est indispensable si l’on ne veut pas se faire piéger. Il a sans doute voulu me faire parler mais il est surement conscient que je ne suis pas aussi stupide. Sa réaction me fait sourire intérieurement. Jadis j’avais fait la même erreur avec mon propre sensei. Il m’avait beaucoup réprimandé avant de m’enseigner sa technique. C’était agréable alors. Je me battais pour un drapeau, pour une famille que j’avais choisie. Cela fait toujours un peu mal d’y repenser. Tout ce monde qui s’est écroulé en un instant avec sa mort… Shord. Il me manquera toujours celui-là.

Mais je me suis égaré et cela en plein combat. Si bien qu’un caillou vient se ficher dans l’un des pans de ma tunique. Il n’est pas retombé mais en voyant les autres cailloux qui tombent l’un après l’autre dans ma position, je comprends que mon adversaire a trouvé un stratagème ingénieux pour palier à son manque de visibilité. Je le féliciterais bien mais je n’ai pas l’intention de révéler ma position. Je monte donc lentement sur la façade du mur de l’auberge grâce à l’adhésion de chakra. Il ne tentera pas de me cherche là-haut. Une fois sur le toit donc, j’effectue quelque mudras et utilise l’une de mes nouvelles technique de sensorialité. Je perçois alors tout mon environnement et peut alors constater que mon adversaire n’est pas si loin que ça. Je peux aisément le voir grâce à cette cloche de chakra que je viens de créer. Je perçois sa position avec précision. Je n’ai pas à m’en faire, je pense qu’il est autant perdu qu’au début du combat. J’effectue d’autre mudras afin de camoufler le son que peuvent faire mes mouvements et je retombe au sol. Doucement et en prenant bien soin d’attraper tous les cailloux qui tombent vers moi pour les renvoyer ailleurs, je sais qu’il a une idée d’où je me trouve. Mais en un rien de temps je me retrouve derrière lui et son dos m’apparaît. Sa nuque pleine de sang qui n’attend que le blanc de ma lame. Mais il est trop tôt pour le tuer. Il n’a pas encore suffisamment vécu. Il n’a pas encore suffisamment souffert dans la vie. Cela serait si simple de le faire souffrir un peu plus. Juste ce qu’il faut. Mais je n’ai pas besoin qu’il me haïsse. Juste qu’il me respecte. Qu’il respecte ma personne et mon idéologie. C’est la raison pour laquelle en un clin d’œil je dégaine mes deux sabre ce qui émet un bruit purement métallique et bien entendu, bien loin d’être camouflé.

Je ne vous le cache pas, mon mouvement a été rapide. Mes sabres sont désormais sous la gorge de mon protégé et l’autre le long de son torse. Capturé de la sorte, s’il tente quoi que ce soit, il se verra déchiqueté de partout. Je souris, il s’en est pas mal sorti tout de même. Il a trouvé un moyen malin de retrouver ma position et probablement que si je ne possédais pas la capacité de retrouver sa trace il m’aurait eu a la longue. J’approche ma bouche de son oreille tout en faisant tomber le brouillard. Je ne vais pas tourner la scène en porno gai mais disons que la proximité est parfois utile.

« Je suis venu te chercher parce que tu es spécial. Tu es faible pour le moment et je pense qu’à un moment donné de ta vie, tu vas évoluer pour devenir plus puissant. »

Je modélise mes sabres de cendres. Sous les yeux de mon adversaire ébahi la cendre des lames se module jusqu’à créer un collier d’épine sous la gorge du jeune homme et une épée dentée sur son torse. Bien sûr je ne l’entaille pas, il pourrait mourir si jamais je coupais une veine par inadvertance. Mais il est toujours bon de montrer à un futur compagnon de quoi on est capable. Je retire lentement mes bras de son dos et donc mes sabres de près de son corps. Je range mes tranchoirs dé modélisés dans leur fourreau et je me recule de quelques pas. Je fais face à ma recrue qui s’est maintenant tournée. Je plonge mon regard dans le sien. Un regard sans pitié et qui précise bien qu’il n’y a aucune chance pour que je sois un jour tendre avec lui.

« Maintenant c’est à toi de choisir jeune homme. Je suis venu exprès pour toi. Tu peux choisir de m’accompagner dans mes voyages, et donc au Shukai pour le moment. Où tu peux continuer ta route seul, mourir en homme oublié. Sache juste que je ferais de toi un homme a part. On n’oublie pas le nom des types qui ont fait de grandes choses. Cependant si tu viens avec moi tu devras bien te mettre dans la tête l’idée que je ne fais pas dans le sentiment. Tu ne dois t’attacher à aucune patrie. Pas même au Shukai. Un jour où l’autre cette patrie finira par te trahir. Il faut simplement utiliser les moyens du bord avant de se casser. Je t’expliquerais plus en détail si tu choisis de m’accompagner. »

Mon regard se fit plus oppressant, ma respiration plus cadencée. J’avais clairement l’avantage dans cette conversation.

« Alors, que choisis-tu ? »

Et dire que j'étais ici, dans ce brouillard, exactement comme j'avais commencé. Dans un brouillard épais où seul le silence était le maître ultime. J'étais alors devant les portes du village de Kiri, en sang, les larmes aux yeux. Qu'est-ce que je faisais là-bas, qu'est-ce qui m'avait apporter en ce lieu ? Et par la suite je traversais les longs tunnels, je me perdais dans la grandeur de ces lieux. Mes yeux s'émerveillait d'un tout comme d'un rien et ainsi je continuais ma route pour voir des gardes venir m'aider. Je pensais avoir trouvé une famille, un lieu, un foyer où je pouvais compter sur les personnes qui y habitait. Et peut-être que j'avais raison, et peut-être que cette illusion a continué à se jouer de moi quand j'ai rencontré Aoji, Yuki ou encore Tenzô avec qui parlait de fille. Tous des amis, et pourtant maintenant aucun d'entre eux n'est ici. Plus personne n'est là pour me relevé du sol et me dire où aller.

Serait-ce ça, la solitude ?

Non, ce n'était pas ça. Loin de là même. C'était peut-être cette ascension vers une nouvelle ère, un nouveau sentiment de supériorité ou une nouvelle vie. Qui parlait de solitude ? Personne. Après tout, étais-je seul maintenant ? Non, bien sûr que non. J'avais quelqu'un maintenant, qu'il soit un véritable enfoiré, ou un Saint cela m'importait peu, je regardais tout simplement sa puissance démesurée et sa supériorité si imposante. Il me faisait un peu penser à Yoru. Froid, efficace, puissant. Et la situation était encore une fois la même, un test pour entré dans le Satoru, et là, un test pour je ne je sais trop quoi. C'était amusant de voir que ma vie n'était qu'un cercle sans fin et qu'il en venait juste à moi de m'échappe de ce cercle pour vivre quelque chose d'unique, vivre mon « utopie ».

Ainsi je lançais mes cailloux dans toutes les directions. Des bruits de ricochets contre du bois, de la pierre se faisaient entendre en chaîne. Mais aucune réponse de sa part et en même temps il avait bien raison. J'avais peut-être été même un peu stupide de parler moi-même et de croire qu'il pouvait tomber dans un piège si futile et si simple. Après tout son niveau était bien plus impressionnant au mien, même si autrefois je l'étais autant que lui, toute la puissance et que j'ai perdu... Maintenant je ne suis égale qu'à un simple moucheron et lui, il est le Roi des animaux, le fier lion qui se dresse face à tout, marquant son territoire. Étais-je l'intrus ou l'invité d'honneur ?

Puis, un moment, le ricochet de la pierre ne se fit pas entendre. Il était bel et bien dans cette direction. Mais qu'est-ce que je pouvais faire de plus si ce n'était que de marcher vers sa direction. Le brouillard me rappelait cette époque, cet âge d'or de la Brume Sanglante. Une paix incroyable, des victoires qui s'enchaînaient, que ce fut par rapport à la conquête de Yuki no Kuni, des guerres contre Makka et ses sbires... Où j'étais aussi le premier épéiste de l'unité spécial de Kiri, où j'étais l'ami de Shinichi et que mon nom imposait le respect et l'allégeance. Mais tout cela est passé, maintenant je ne suis qu'un pion de cet homme caché derrière ce brouillard.

Mais je n'avais pas eu le temps de mettre un pas devant l'autre qu'autour de ma gorge apparaissait déjà des lames acérées prêtes à me trancher. En une seule fraction de seconde j'avais vu ma vie défilée sous mes yeux. Il était venu uniquement pour ça, pour me tuer ? Avais-je échoué à ce « test » à cette « épreuve » ? Je redevenais le perdant vaniteux ? Non, il n'était pas question que je suis encore ce looser que l'on regarde par terre en train d'agoniser. Il expliquait alors qu'il était venu pour moi. Que j'étais faible mais qu'il se devait de « m'apprendre » des choses. Qui lui en aurait donner cette mission ? Serait-il si narcissique au point de se croire envoyer sur terre pour forger des âmes ?

« Pour qui te prends-tu.... »

Ses lames se transformaient alors en cendre. Noires comme la nuit elles pouvaient à chaque instant transpercer mon cou et me tuer. Je n'avais aucune initiative, j'étais un homme complètement soumis à un inconnu qui était venu pour me recruter. Encore devenir le soldat de quelqu'un ? Devenir l'esclave, la simple recrue ? Ou devenir l'élève, qui aurait plus d'importance ? Une colère montait en moi. J'avais toujours été seul, et les quelques moments que je pouvais passer en compagnie de quelqu'un, je devenais le simple Ninja rêvant d'une utopie où il pourrait être reconnu comme une personne supérieure aux autres.

Cette utopie s'était-elle effondrée ?

Mon souffle se calmait, il me libérait de son étreinte. Il me faisait face, m'expliquait que je pouvais devenir quelqu'un à part. Que j'allais souffrir si je venais avec lui. Il venait m'enseigner, à moi, des choses qu'il connaissait. Une chance, peut-être, une issue de secours, aussi. Mon poing était serré, je baissais la tête en serrant des dents. Une fureur hors du commun, une haine sainte qui s'élevait contre ceux qui m'avaient torturé. Le shukaï, hein ?

Je relâchais mon poing, je levais ma tête, un regard noir.

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