Kumo. Te voilà seul, à vagabonder dans les rues de ce village. C’est d’ailleurs bien rare que tu te trouves seul. Normalement, tu as toujours ta sœur à tes côtés, pour t’accompagner où que tu ailles. Elle était néanmoins occupée ailleurs, à ce qu’il paraît. De toute façon, être seul ne te dérangeait pas. Loin de là. Tu te sens tranquille, un peu libre aussi. Il n’y a personne pour surveiller le moindre de tes faits et gestes. Néanmoins, cette sensation de bien-être est loin d’être suffisante pour réussir à faire apparaître le moindre petit sourire sur ton faciès. Il en est de même pour tout ce que tu as pu voir durant cette journée. Les gens, les activités, les boutiques, les marchands de glaces… Rien. Comme d’habitude. Cela ne t’atteint pas, ou plutôt plus.

Tu marches dans les rues. Pour une raison que tu ignores, celles-ci sont bondées. Il y a peut-être un évènement bien spécial aujourd’hui, tu n’en sais rien. Tu n’es pas au courant, et cela ne t’intéresse pas. Qu’il y ait une fête, un enterrement ou encore un nouveau Kage, ce n’est pas ce qu’il te captive le plus. Pour être plus explicite : tu t’en fous. Toi, tout ce que tu remarques, c’est que le trois quart des gens ne semble pas réaliser qu’un lutin se faufile entre leurs jambes. Toi en tout cas, tu réalises bien que tu te prends des coups, dans cette foule. Un passant fini par te remarquer, et te prendre sur lui pour t’emmener un peu plus loin, loin de cette horrible foule. Il te dépose, en souriant, tandis que tu pars sans dire un seul mot. Pas même un remerciement.

Il n’y a qu’un seul endroit où tu peux être tranquille en ce jour : les terrains d’entraînement. Tu estimes que c’est le jour idéal pour se perfectionner dans des pratiques élémentaires, mais tout aussi pratiques. Comme quoi ? Le lancer de kunai, des techniques élémentaires pour s’échauffer, et le développement de tes capacités héréditaires par la suite. Ce n’est en tout cas pas l’échauffement qui va te poser des problèmes. À l’académie, tu as été jugé comme un petit génie, qui a sa route qui est déjà toute tracée. Ce n’est pas pour rien que tu es devenu un Genin à cet âge-là après tout.

Tang.

La lame d’un premier kunai vint se planter sur la cible, en plein centre. Le kunai était droit, le manche bien parallèle au sol, et la pointe s’était plantée dans le point central de couleur rouge de la cible. Délicatement, tu saisis un second kunai entre des doigts, qui se referment sur le manche. Ta main droite s’élève, prête à lancer l’arme. Tu prends de l’élan… Et tu es stoppé. Une main inconnue vint te saisir le poignet, comme pour t’arrêter dans ta course.


- Eh. C’est dangereux de jouer avec ça à ton âge, tu sais ?


Sans lui adresser le moindre regard, tu l’entends rire. Et pas seulement. Deux, non trois. Trois autres rires se font entendre. Tu vois l’un d’entre eux s’avancer du coin de l’œil, pour se mettre devant toi. Il ne doit avoir que quelques années de plus que toi, c’est tout.


- C’est toi qui as fait ça ? Ha, la bonne blague. Vas-y, relance un coup pour voir de quoi tu es capable ?


La main qui te retenait lâcha son emprise, et s’éloigna de toi. Le garçon qui venait de te passer devant avait vu le résultat de ton précédent tir. Intrigué, ou juste stupide ? Tu n’en sais trop rien. En tout cas, tu le vois se placer sur la gauche de la cible, à approximativement trois mètres. Deux de ses potes vinrent le rejoindre, tandis que l’un était resté prêt de moi. Toi, tu les ignores. Tu vas continuer ton entraînement, sans te soucier d’eux. Quoique… Tu n’as pas trop apprécié le fait que l’on t’attrape une main sans prévenir, ce qui a nui à ton entraînement. Tu prends ton temps pour analyser la situation : tu ne comptes pas te rater.

Vzum.

Le kunai est parti. Sa pointe vient toucher précisément le bout du manche de ton premier projectile. Ne pouvant s’y planter, ton second kunai a été projeté… Mais pas n’importe où. Il vint se planter dans l’épaule gauche du gars qui t’a gêné.

Il crie, et t’insulte de tous les noms. Tu ne réalises pas tout de suite dans quel pétrin tu t’es mis. Trop joueur ? Non, tu te considères juste. Tu ne te laisses pas marcher sur les pieds… Même si cela implique des emmerdes. Lui qui était resté près de toi te saisis donc à son tour, mais tes deux bras ce coup-ci. Il ne te laisse plus bouger.

Ton regard devient dur, mais tu ne peux plus faire grand-chose. Quoique. Tu vois le blessé de guerre s’approcher, frappant de son poing la paume de sa main gauche. Tu le regardes s’approcher, tandis que ton chakra s’agite de toute part dans ton organisme.


- Tu vas me le payer... sale môme.


Oh non, c’est lui qui va prendre cher. Tu serais capable de le tuer, si l’envie te prenait. Et il semblerait bien que c’est ce à quoi tu penses.

Bizarrement, quand je me retrouve loin de Kuro, j’ai toujours l’impression que quelque chose va lui arriver. Depuis ce jour, je vis dans l’angoisse perpétuelle que tout se répète. Non, je ne laisserai personne touché à Kuro, qu’importe ce que je dois faire. Mais que puis-je faire en étant si loin de lui à l’heure qu’il est ? Certains diront que je suis une parano. Après tout, il doit être tranquillement à la maison en train de jouer, alors que moi, je stresse comme une idiote. Vous devez surement vous demander où je suis et ce que je fais actuellement… Je suis tout simplement en mission. Rien de bien exceptionnel pour une genin. Une simple mission de rang C dans les alentours de Konoha.

Comme à mon habitude, j’ai fait en sorte de régler cette histoire vite fait bien fait, comme à chaque fois. Pourquoi ? Tout simplement parce que je veux voir Kuro. Je veux voir de mes propres yeux que tout va bien. Plus je reste longtemps de lui longtemps, plus j’ai ce mauvais pressentiment qui m’envahit. Savoir qu’il est en sécurité est comme une drogue pour moi. Il faut que je le sache, il faut que je le voie. C’est pourquoi, après avoir exécuté ma mission en quelques heures, je me suis rendu le plus rapidement possible au village afin de faire mon rapport. Plus vite tout ça sera réglé, plus vite je pourrais revoir Kuro.

- Voici mon rapport monsieur. J’ai récolté toutes les plantes demandées et je les ai déposés chez la vieille dame en passant.
- Parfait, voici votre argent. Au plaisir de vous revoir !
- De même.

Ça, c’est fait. J’attrape mon argent et ne prends même pas le temps de compter combien j’ai gagné. De toute manière, comment puis-je savoir quelle valeur à chaque billet si je ne les vois pas ? Comme d’habitude, je demanderais à ma mère en rentrant. Là, il faut que je le voie. À une vitesse folle, je traverse le village en longeant les longues ruelles. En quelques minutes, je me retrouve dans le quartier Dentô, là où j’habite. Sans même me déchausser, j’entre et tombe nez à nez avec ma mère dans le salon. Cette dernière semble assez surprise de me voir rentrer si tôt.

- Maman ! Kurô est dans sa chambre ?
- Euh… non. Il est sorti en ville tout à l’heure pour prendre l’air. Pourquoi, quelque chose ne va pas ?
- Non, j’ai juste besoin de le voir. Tiens !

Sans plus attendre, je lui donne l’argent que j’ai gagné et repars immédiatement en direction de la porte. Pour moi, il n’est pas difficile de savoir où il a dû se rendre. Tout l’indiffère dans Konoha, sauf les terrains d’entraînement. Il n’est pas devenu genin à 9 ans pour rien. Il aime s’entraîner. Enfin non… disons que c’est une des rares choses qui l’intéressent un minimum, donc par dépit, il passe beaucoup de temps là-bas. Je peux donc quasiment affirmer qu’il s’y trouve. Après… la véritable question est de savoir à quel terrain il est…

Qu’importe, je ferais tous les terrains s’il le faut ! C’est donc dans cette optique que je fonce en direction des terrains, m’essoufflant de plus en plus. Une fois arrivé là-bas, j’entends la voix d’un vieil homme non loin de moi. Instinctivement, je m’approche de lui et l’aborde.

- Excusez-moi monsieur… mais est-ce que vous auriez vu un petit garçon aller vers un des terrains d’entraînement ?
- Huum… Oui en effet... il est allé là-bas.

…Nan mais là-bas où idiot, je vois pas ce que tu me montres…

- Euh… vous pourriez me dire le numéro s’il vous plaît… ?
- Rooh, mais vous êtes aveugle ou quoi ?! Vous ne voyez donc pas ce que je pointe du doigt ! C’est le terrain numéro 5 !
- BAH OUI JE SUIS AVEUGLE JUSTEMENT VIEUX CON. NORMAL QUE JE VOIS PAS TON PUTAIN DE DOIGT !

Bah quoi ? J’en ai marre des gens qui sortent leur phrase à deux francs là ! « Nan mais vous êtes aveugle ou quoi ?! » Est-ce qu’il réfléchisse seulement deux minutes avant de parler ? Bref, il faut que je retrouve Kurô. Heureusement pour moi, je sais parfaitement me repérer ici. Je sais quel terrain à quel numéro. Je me dirige donc vers le terrain numéro 5 sans chercher à savoir ce que marmonne le papy. Seulement, avec mon ouïe particulièrement fine, j’entends des voix venant de ma direction.

- Tu vas me le payer... sale môme.

Kurô. Il est en danger. Immédiatement, j’attrape mon arc et cours en direction des voix. Au même moment, j’active une technique de sensorialité onkyôton pour repérer précisément où ils sont. Je repère directement Kurô, qui est entouré de trois autres personnes. Sans chercher plus à comprendre, je décoche une flèche dans le dos de la personne la plus proche de Kurô. Je prépare immédiatement une autre flèche alors que tous se retournent vers moi.

- Touche à un cheveu de mon petit frère et je te jure que je te transperce la cervelle.

Un cri de douleur, juste derrière toi. La personne qui te maintient te lâche, subitement. Tu es de nouveau libre de tes mouvements. Et tu n’as pas besoin de te retourner pour comprendre ce qu’il s’est passé. Une flèche s’était plantée dans le dos de la personne qui te tenait les bras. Les deux autres, devant toi, sont apeurés par ce qu’ils sont en train de voir. Oui, tu l’imagines très bien. Tu sais très bien que derrière toi se trouve ta sœur, Sayumi, et que celle-ci menaçait l’un des deux autres en face de toi, l’arc tendu et prêt à tirer.

Tout se confirma, lorsqu’elle prit la parole. Cette voix, ces mots… Oui, c’était bien elle. Elle est venue pour toi, pour te sauver. Avait-elle senti qu’un danger planait sur ta tête ? Peut-être bien. Même si elle ne sait pas tout. En effet, tu aurais très bien pu te charger de ses trois-là, tout seul, et ce même dans la situation dans laquelle tu étais. Mais bon, un peu d’aide ne te fera pas de mal. Tu éviteras ainsi d’y aller un peu trop fort. Ce genre de personnes est bien celui qui te répugne le plus. À profiter des gens seuls, d’apparence plus faible, pour se sentir puissant. Eh bah non, c’est raté. Tu ne comptais pas te laisser faire. Celui de derrière toi, qui s’était déjà pris une flèche, rampait au sol, essayant désespérément de s’ôter cette flèche, sans souffrir.

Tu tournes ta tête en sa direction, et ta petite main saisit la flèche. Tu tires d’un coup sec. Le hurlement ne se fit pas attendre. Suite à ça, tu places la pointe au-delà de nuque de celui qui est à terre. Toujours de ce même regard vide d’émotion, tu retournes la tête, en direction des deux garçons devant toi, ne savant plus trop quoi faire. Tu tends ta main vers eux, et des lettres d’ombres se dessinent dans les airs, entre eux et toi.


Partez


Les deux te regardent, paniqué, alors qu’une flèche les menace toujours. Sayumi pouvait la décocher à tout moment. Et toi, tu pouvais achever celui qui était à terre. Tu en serais capable. Mais ce n’est pas sûr que ta sœur accepte.


- Viens, on se casse !
- Non.


Non ? Ah bon. Ton regard est toujours tourné vers lui. Toujours le même, le premier à être venu te faire chier. Celui qui a voulu te frapper. Le premier que tu as voulu tuer. Enfin, vouloir tuer n’est pas le terme exact. C’est plutôt que tu t’en contrefous totalement, si ils venaient par disparaître malencontreusement. Leur perte ne changerait rien pour toi. Ni joie, ni peine.


- Il n’osera pas. Et elle non plus.
- Mais t’es fou ou quoi ??


Tant pis. Ta main se soulève vivement. Tu attends deux secondes précisément. Et tu t’apprêtes à redescendre. La pointe descend.


- Arrête ! C’est bon, on part !


Eh bah voilà. Tu vois les deux autres partir, en espérant sûrement que leur pote va suivre. Celui-ci se lève, et s’enfuit aussi en courant.

De suite après, tu te retournes vers Sayumi, tu t’approches d’elle. Tu lui rends sa flèche, puis tu t’accroches à sa jambe, sans un mot… sans rien. Même si tu ne dis rien, c’est ta manière à toi de la remercier.

Qu’importe qui ils sont, qu’importent leurs grades, qu’importent leurs puissances. Personne ne touche à un seul cheveu de Kuro sans s’attirer les foudres de Sayumi. Tant qu’elle sera de ce monde, jamais elle ne laissera quelqu’un blesser ou s’en prendre à son petit frère, même si elle doit s’en prendre à ses alliés. Certains diront que ça frôle l’obsession, d'autres penseront qu’elle est trop attaché à mon petit frère, mais une chose est sure, personne ne sait de quoi elle est capable dans ce genre de situation. La seule chose qui compte vraiment à ses yeux, c’est de le protéger. Ni plus, ni moins.

Sa première victime se retrouve donc rapidement à terre, couinant face à la douleur de la simple flèche. Une vulgaire flèche a suffi à le calmer. Que ce serait-il donc passé si elle avait en plus usé de son Onkyoton ? Sa flèche aurait tout simplement transpercé sa proie. Mais inutile d’en arriver là. Malgré son caractère psychotique concernant son petit frère, elle sait qu’elle peut s’attirer des ennuis en s’attaquant à des Shinobi de Kumo. C’est pourquoi, elle reste là, prête à tirer d’autres flèches. Se concentrant sur son ouïe, elle suit les mouvements que décrit chaque personne ici présente. Au moindre geste à l’encontre de Kuro, sa flèche fusera, faisant une seconde victime.

Stupide. Voilà l’adjectif qui correspond aux futures cibles de Sayumi. Penser qu’elle n’est pas capable de tirer sur eux est la chose la plus insensée qu’ils aient pu penser. Cependant, elle ignore ce que Kuro est vraiment en train de faire. Sa perception du son lui indique qu’il tient un objet en direction de l’homme, mais ça reste flou. Qu’importe au final. Seulement, un simple geste de son petit frère fait changer d’avis ses adversaires. Elle comprend rapidement qu’il les a menacés pour les dissuader. Ce n’est pas son petit frère pour rien. Aucun des deux n’hésiterait à blesser d’autre kumojin. Une véritable famille sans cœur.

Apeurées, leurs trois victimes s’enfuient en courant, comme de petit lapin ayant croisé le regard du chasseur. Immédiatement, la jeune femme sens son petit frère se rapprocher d’elle et lui tendre quelque chose. Sans aucune méfiance, elle attrape l’objet et comprend rapidement qu’il s’agit de sa flèche. Comme si de rien n’était, elle la range dans son carquois et replace son arc dans son dos. Au même moment, le petit Dentô vient s’agripper à la jambe de Sayumi, la serrant comme si c’était un doudou.

- Merci pour la flèche.

Passant sa main dans les cheveux du jeune garçon, son visage vient s’illuminer d’un grand sourire. Il est là, prêt d’elle. Toute son anxiété s’évapore en un instant. Seulement, elle se doit de le mettre en garde sur ce qui vient de se passer.

- Fais attention tout de même Kuro… Nos supérieurs risquent de ne pas trop apprécier comment on règle les conflits…

Au fond, elle n’en pensait pas un mot. Elle s’en foutait qu’ils les engueulent sur ce qu’elle vient de faire, temps que son petit frère est sain et sauf. Cependant, en tant que grande sœur, elle doit montrer l’exemple, ce quel essai tant bien que mal de faire. Il faut dire qu’elle enchaîne avec une tout autre chose…

- Que dirais-tu d’aller manger une glace ? J’en ai croisé un en venant ici te chercher.

Manger une glace, voilà une chose qui devrait mettre le frère et la sœur d’accord. Après quoi, ils se livreront peut-être à un entraînement, du moins, s’ils ne se font pas arrêter d’ici là. Qui sait, le pauvre pleurnichard peut très bien aller se plaindre pour la flèche de Sayumi.