- Qui êtes vous ?!
- Je me nomme Habashi Anseï.
- Habashi ?

Le Sunajin semblait surprit de cette réponse. Elle était pourtant véridique et sans artifices. L'Habashi fit quelques pas vers la muraille, vers son interstice qui devait former l'entrée. Il observait en même temps les hommes à son sommet qui le surveillaient, il en manquait un. Celui-là dut aller informer de l'approche d'un étranger. La sécurité de ce lieu semblait importante. Ça le voyageur le comprenait parfaitement, avec tout ce qui se passait en ce moment. L'un des gardes, prêt à agir, lui demanda de s'arrêter et d'attendre là ou il était. Il s'éxécuta. Ses intentions n'avaient rien d'agressives ou de vicieuses et il était prêt à le montrer. Anseï s'essuya le front et se concentra un instant. Il venait de réguler sa température corporelle. La chaleur ne le dérangeait pas, forcément, mais le sable... Il y préférait la neige et sa froideur. Il attendait là, le temps lui paraissait maintenant lent alors que ses journées ou semaines de voyages lui étaient parues seulement quelques heures.

Il scrutait la structure, elle devait être circulaire; entourer le village. Mais observer atteignait rapidement les limites de sa patience. Pour se passer le temps, il joua avec le sable sous ses pieds, le faisant glisser, crisser, rouler. La texture de ces petits grains, leur son lui rappelait Yuki no Kuni et fatalement sa défunte femme. Il redressa la tête et interpella l'un des gardes. Il parla assez fort pour qu'on l'entende en faisant tout aussi attention à ne pas paraître belliqueux. Il descendait bien de son père pour ça, la diplomatie et le calme.

- Dîtes, pourquoi ne puis-je donc entrer ?
- C'est obligatoire!
- Ah, je vois... Et dans combien de temps pourrais-je entrer ?
- Lorsque vous en aurez l'autorisation.
- Evidemment.. Bien, je ne bouge donc pas d'ici.

Il sourit sympathiquement tout en doutant que les gardes aient pu voir son sourire. Il se laissa finalement soupirer, il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre qu'on vienne à sa rencontre, puis en même temps c'était bien pour ça qu'il était là, pour qu'elle vienne à sa rencontre, pour s'assurer que ce soit bien qu'on parlait dans toutes ces histoires. Dans le cas contraire, il repartirait dans son pays glacial. Le garde l'interpella alors, l'extirpant avec brutalité de ses songes.

- Vous êtes ici pourquoi ?
- Et bien, j'espérais revoir ma sœur, paraît il qu'elle serait ici.
- Votre sœur...

Il semblait toujours surprit.. Qu'y avait de si surprenant à ce qu'il puisse avoir une sœur ?

L'information ne tarda pas à me parvenir. Le chuunin entra dans mon bureau sans frapper, l'air affolé. Il m'expliqua qu'un Habashi se tenait debout devant les portes du village. Un Habashi.. Je lui demandai son prénom, mais il ne sut me répondre, apparemment il ne l'avait pas mémorisé. Génial. Un autre Habashi.. Je fronçai les sourcils et quittai de palais dans l'immédiat. Si je ne reconnaissais pas l'homme qui se présentait à moi, je l'éliminerai directement. Je ne voulais pas revivre la même chose qu'avec Akuraï. Un autre jônin m'accompagnait, en plus du chuunin et de l'avant garde du rempart. Nous serions jamais trop pour abattre un membre de mon clan, enfin, s'il faisait partie de la mauvaise branche... J'arrivai rapidement à la voix illusionnée, nous la traversâmes à toute vitesse. Nous passâmes de l'obscurité à la clarté du désert en quelques secondes. Je m'arrêtai en observant cet homme de loin.

Longue chevelure rougeâtre, assez grand, pâle et jouant avec le sable.. Je plissai les yeux en le fixant puis lorsqu'il releva la tête, que je le reconnus, mes yeux clignèrent plusieurs tous seuls, comme pour tenter de chasser une illusion. Mais les gardes le voyaient aussi, alors il ne pouvait pas être un mirage. Il m'observait aussi, restant immobile. La voix d'un chuunin qui venait de me rejoindre à la porte, un de ceux restés pour le surveiller, atteignit mes oreilles.

"Kazekage-Sama, cet homme dit être un Habashi, un membre de votre famille; il dit aussi être à la recherche de sa sœur. Et, vous vous ressemblez comme..."
"Deux gouttes d'eau... prononçais-je lentement."
"Se pourrait-il que ce soit votre... Frère ?"
"Cela se pourrait.. Mais.."

Je marchai vers lui, d'abord prudemment, puis plus rapidement jusqu'à courir. Et lui sautai au cou. Derrière les Sunajin criaient de faire attention, mais moi, je le ressentais; je savais qu'à cette instant la prudence était inutile. Mon rythme cardiaque accéléra subitement, je sentais les larmes monter, je le serrai.

"Anseï!"

Une joie immense m'envahissait, au équivalente à celle que pouvait me donner ma relation avec Kioshi. Je le lâchai, tenant sa main. Il restait silencieux, il devait être aussi content que moi si n'est plus."
Le jônin, mon ancien second lorsque je dirigeais le Kakumeigun; s'approcha et interrompit brièvement nos retrouvailles.

"J'en conclu que c'est votre frère, Kazekage-Sama ?"
"Oui, mon frère jumeau."

Dans l'obscurité qui nous entourait, arrivait parfois des événements heureux, comme celui-ci...

L'habashi eut bien fait d'attendre. Sa patience allait encore une fois trouver récompense. La bague qu'il portait à son annulaire étincela vivement, comme si les rayons du soleil se concentraient dans sa pierre précieuse, il la frotta de l'index et elle redevint terne. Il ne pouvait s'être trompé. Il observa alors au loin, dans cette fente monumentale qui devait former l'entrée de ce village aux allures de gigantesque château de sable. Une forme accompagnée d'une autre se dessinait peu à peu. Le rouquin était à cet instant incapable de dire s'il s'agissait de ce qu'il attendait, ou bien d'une simple personne passant par là pour quitter l'imposante forteresse. Néanmoins il gardait toujours bon espoir, les anneaux des sept ne mentaient jamais. Les silhouettes s'approchaient toujours, et la lumière dévoila enfin un trait peu commun. La longue tignasse rougeoyante ondulait sous le vent, Anseï s'essuya le front. Il ne souffrait d'aucunes hallucinations, c'était bien elle. Il l'a reconnu en fait au premier coup d'œil, elle avait un peu changé, plus grande, plus féminine et plus sombre.

Cela faisait plusieurs années qu'ils ne s'étaient pas vus, et comme tous les Habashi, ils croyaient l'un et l'autre être les derniers de leur lignée. Même cette pensée à l'esprit, l'expatrié avait toujours gardé l'espoir de la revoir; en fait il sentait qu'elle n'était pas morte. Un lien, dit on, qui unit les jumeaux. Elle courut vers lui, alors que lui restait à sa place. Il souhaitait exprimer la même joie, mais se demandait si les ninjas haut perchés avaient compris la situation, ne risquaient ils pas d'essayer de l'abattre en prenant sa démonstration pour une agression ? L'habashi était assez précautionneux et savait bien de quoi étaient capables les shinobi. L'excès de zèle faisait bonne figure parmi eux, surtout durant ces temps incertains où tout et n'importe quoi peut arriver sans crier gare. Enfi elle était dans ses bras. S'il avait été une femme où elle un homme, l'illusion aurait été parfaite, car malgré leur différence morphologique, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Anseï était ravi, il ne s'était pas trompé, comme l'aurait il pu ?

- Me serres pas si fort, tu vas m'étouffer!

Rigola-t-il. Le voyageur tendit ses bras, la tenant par les épaules et l'observa. Il posa sa main pâle sur le bras de Zanshi.

- Tu as bien changé, et visiblement; tu as dû traverser pas mal de choses. Comme nous tous je suppose. Ah... tu m'as manqué.

Dit-il en souriant. Anseï paraissait vraiment être un homme sympathique et doté d'un bon fond. Et en effet il n'avait aucune intention belliqueuse vis à vis de qui que ce soit. Il s'essuya de nouveau le front, il transpirait maintenant à grosse goutte. Anseï avait du mal à s'habituer à ce milieu. Ce pays était si sec, si chaud; il était bien plus facile pour lui d'user de son don à Yuki qu'ici.

- Sais-tu si on me permettrait de me reposer ici quelques temps ?

Glissa-t-il à l'oreille de la demoiselle. Anseï avait entendu dire qu'elle était la dirigeante militaire de ce village, mais les on dit.. Il n'y prêtait guère d'attention. Et pour ce qu'on disait d'elle, qu'elle était au pays du vent ? La bague a confirmé les dires.

"Toi par contre tu n'as pas tant changé.. Enfin."

Toujours la même tignasse, toujours le même regard. Bien que, quelque chose semblait avoir changé dans ce même regard. Je pouvais le sentir, certainement ce lien qui me disait qu'il était toujours là, quelque part. Enfin, nous venions tout juste de nous retrouver alors je n'allais pas l'assaillir de mes questions, pas maintenant. Malgré toutes ces choses négatives qui remplissaient mon quotidien, certaines restaient porteuses d'espoir. Cette retrouvaille inespérée éclipsa donc la plupart des autres problèmes qui s'opposaient à moi ces derniers temps, comme Kioshi, ou la situation des villages, de cette menace planant au dessus de nos têtes. Je posai un instant les yeux l'anneau qu'il portait et esquissait un sourire à peine perceptible. C'était donc grâce à ce bijoux qu'il avait pu me retrouver ? Anka avait le même... Etais je donc la seule à ne pas avoir hérité d'une de ces pierres ? Ce serait tellement plus simple pour retrouver tous mes congénères... Anseï me glissa quelques mots à l'oreille, il souhaitait se reposer ici... Alors, était il juste de passage, ou... ?

"Je pense que tu pourras te reposer ici, autant que tu le voudras tant que tu ne fais pas de bêtises."

Lui souriais-je. C'était une demie blague, car je me souvenais de lui comme si c'était hier, si moi j'étais la petite fille modèle lui était mon opposé : une énergumène hyperactive. Enfin, il s'était calmé avec le temps, mais j'étais sûre qu'il avait compris mon allusion. C'était histoire de se rappelait de bons moments. Mais maintenant une autre question me venait alors que je l'invitais à me suivre vers la voie illusionnée. Je fis signe aux gardes qu'ils pouvaient reprendre leur activité, soit garder la porte. Nous foulions le sable, et je parlais.

"Alors, tu comptes juste te reposer ici... ou rester ? Enfin, j'espère que.. Tu resteras..."

Oui, je l'espérais très fortement même. Retrouver un membre de famille me ferait le plus grand bien, et surtout pouvoir lui parler, me confier. Cela faisait longtemps que nous n'avions rien partagé ensemble et je me demandais si notre relation était toujours la même ou si notre parcours nous avait trop changé.. Je le découvrirais bien assez tôt en fait. Tout ceci était si inattendu au final, se réjouir un peu dans ces instants si sombres ne pouvait pas me faire de mal même si ça pouvait paraître égoïste dans une outre mesure. Nous marchions maintenant entre les murs de la longue voie et je lui adressai la parole une nouvelle fois. Cette scène devait paraître étrange à bien des personnes...

"Tu pourras t'installer chez moi si tu veux."

Ajoutais-je avec gaieté.

J'avais un peu de mal à réaliser qu'à cet instant je marchais dans ce long corridor obscur cerclé de murs vertigineux sur lesquels étaient perchés une vingtaine d'hommes, aux côtés de ma sœur. En dehors de ma recherche, de mon voyage jusqu'à ces terres désolées, nos retrouvailles s'étaient faites plutôt simplement, plutôt rapidement et sans accroc. Finalement j'avais comme l'impression de ne l'avoir jamais quittée. De prime abord notre relation semblait toujours la même, intacte. Cependant si j'avais appris une chose ces dernières années, c'était bien qu'il ne fallait pas se bercer d'illusions et que tout n'est jamais ce qu'il semble être. Dix ans nous avaient séparés. J'avais beaucoup de choses à raconter, à rattraper. J'étais assez impatient de revoir Tsuna, je supposais que celui là devait être ici.

-Détrompes toi Zanshi, j'ai réellement changé. J'aime toujours rire bien sûr, mais comme toi je suppose, je ne suis plus le même. Ces dix années n'ont pas étaient vides. Je suppose qu'il en a été de même pour toi, non ?

Je considérais déjà sa proposition. M'installer chez elle ? Pourquoi pas ? Néanmoins je ne voulais pas m'imposer alors ce ne serait que de courte durée. Maintenant, j'allais la rassurer sur le dernier point qu'elle avait soulevé, étais-je seulement de passage ? Non, bien sûr que non. Je voulais commencer une nouvelle vie, faire de nouvelles choses, bâtir à nouveau plutôt que détruire, gagner plutôt que perdre. Après quelques pas de plus dans la poussière, je terminai ma réponse.

-Oui, je resterai, ne t'en fais pas. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je resterai chez toi un moment. Je ne voudrais pas non plus te déranger, ou gêner ton éventuel mari.

Prêcher le faux pour apprendre la vérité était l'un de mes jeux favoris. Mais avec Zanshi je n'avais pas besoin de ce subterfuge, j'aurais pu lui poser la question directement. J'étais sûr que ça, ça n'avait changé; la confiance. A l'époque du temple, peu de temps avant la grande guerre, nous étions fusionnels, nous nous disions tout sans détour, sans un seul mensonge. Comment ceci aurait il pu changer ? impossible. De toute façon je sentais arriver une longue discussion que je n'esquiverai pour rien au monde, cela m'avait trop manqué. Nous sortîmes enfin de cette longue voie qui m'était apparue comme interminable, et je vis l'intérieur de cette forteresse. Une gigantesque ville me rappelant la capitale de Yuki, quelque chose d'impressionnant, de magnifique dont l'architecture était des plus surprenantes.

-Cet endroit est... impressionnant.