Citation :

Rang A : Une énième guerre au Pays de la Terre
A Tsuchi no Kuni, deux clans s'affrontent depuis des années pour une parcelle de terrain que chacun revendique comme "sainte". Il faut savoir que la guerre entre les deux clans de s'est toujours faite dans les "règles" du combat. C'est-à-dire, en toute honnêteté et sans interférences des autres pays. Cependant, aujourd'hui, un des clan bafoué les règles et a engagé un groupe de puissant mercenaires pour exterminer le clan adverse et ainsi avoir la mainmise sur la fameuse parcelle de terre. Le second clan vous a donc engagé pour vous débarrasser des mercenaires. D'après nos informations, ceux-ci devraient attaquer de front à l'aube afin de décimer les troupes. Une fois-ceci fait, les guerriers du clan adverse devraient arriver afin de conquérir le territoire.

À mes yeux, cette mission présentait bien plus de risques que celle accomplis avec Ikaysaro et Hitomi. Non pas à cause de son objectif, mais à cause de mon compagnon. L’ordre était directement adressée à moi, je ne savais pas trop pour quelles raisons cette fois. Je devrais travailler avec un Kirijin et la situation devenait de plus en plus tendue avec ce Village Caché. Sans craindre une trahison, j’avais bien conscience qu’il était possible que mon allié soit là uniquement pour obtenir des informations sur Konoha. D’ailleurs, moi aussi je devrais jouer à ce jeu. Pourtant, c’était désagréable. Je pliais mon ordre de mission pour la ranger dans mon sac de voyage. Je venais tout simplement de décider. Je ne parlerais pas de Konoha et ne lui poserait aucune question sur Kiri, sauf s’il le faisait lui-même. À moins d’un ordre direct de mes supérieurs, je garderais chacune des informations pour moi. Avec une certaine mauvaise humeur, je lançais mon sac par-dessus mon épaule et ouvrit la porte de ma caravane. Je m’arrêtais sur le seuil de la porte pour observer le Clan qui s’occupait de ses tâches. Franchement, que faisions nous ici, Konoha n’avait pas grand-chose à m’offrir. Les membres du Conseil avaient pris cette décision de façon bien étrange, mais qui étais-je pour m’en mêler ?

En me dirigeant immédiatement vers le Nord, pour rejoindre le Pays de la Terre, je lâchais un sifflement sec et court entre mon pouce et mon majeur. Après quelques secondes, Baku s’éloigna de ses confrères canins pour venir vers moi. Je lui grattais un peu la tête en lui murmurant quelques mots d’encouragement pour lui faire comprendre que ma mauvaise humeur ne le visait pas. C’est à Ta no Kuni que je devais rejoindre le Kirijin. En soit, ce n’était pas une mauvaise décision, la distance entre Konoha et Kiri était semblable, du moins celle à pied. Avec le transport en bateau, mon coéquipier étranger devait être parti un peu d’avance pour arriver en même temps que moi. En une journée de marche, je devrais y être. Le Pays était un endroit neutre, le lieu de rendez-vous était une espèce de restaurant. Nous partirions probablement dès notre rencontre, soit un peu avant la nuit, soit à l’aube, à moins que nous ne couchions sur place. Dans ce cas, nous devrions probablement prendre des chambres différentes.

Après plusieurs heures de marches, du matin jusqu’à une heure assez tardive, assez pour que malgré l’automne encore jeune le ciel ne dévoile ses étoiles, je posais les yeux sur le restaurant. C’était un endroit qui ressemblait plutôt à un bar. Je fronçais les sourcils, un peu surpris, sachant que l’Hokage s’opposait à ce genre de chose. Je savais aussi que Baku ne pourrait pas entrer. Je retirais mon sac de mon épaule et le déposa à terre, près du mur du restaurant latéral, sous une fenêtre qui faisait face au mur de l’édifice voisin. De là, je pourrais camoufler mes affaires et dégagés rapidement en cas d’ennuis, en même temps de pouvoir surveiller par la fenêtre si des gens s’amassaient autour de Baku.

- « Je suis désolé, Baku, mais tu dois rester ici. Tu vas surveiller mes affaires. »

Je fis le tour et entra dans les lieux. Je portais cette fois mon bandeau sur le bras, voulant être sûr d’être reconnu par mon coéquipier provisoire. Je fis le tour de la salle des yeux, à sa recherche moi aussi ou attendant un geste de reconnaissance.

[Désolé, un peu bizarre, mais je savais pas trop comment m’y prendre.]

[On est rendu l’automne, comme tu le voulais.]

J’attendais l’arrivée de mon coéquipier, avec une certaine impatience. Au bout de quelques minutes, mon estomac avait grondé et, avec un regard autour de moi, j’avais demandé un bol de riz frit avec un peu de poisson. Un met local semble-t-il. Contrairement à beaucoup d’établissements du genre, je savais que ce dernier serait frais ici. Je mangeais tranquillement, un œil levé autour pour regarder les gens qui entrait. Un homme s’approcha, alors que je levais la tête de sûr mon assiette. En posant mon dos sur le dossier de la chaise, je repoussais ma nourriture pour lui signaler mon attention. Il avait le visage sévère, plutôt mort, dur. Pourtant, le ton de la voix tranchait avec l’expression de son visage, il semblait aimable, du moins poli. Je ne pus m’empêcher de pousser un soupir devant sa main tendis et sourire. J’étais soulagé, même si les relations avec nos Villages étaient tendues, il ne semblait pas vouloir jouer le jeu de la politique avant que les choses ne soient sérieuses. Je devais rester sur mes gardes, mais je savais que nous pourrions nous concentrer sur notre tâche. Je lui fis signe de s’asseoir, sans lui serrer la main.

- « Je suis Ryôken. Pose tes affaires, assis-toi, on risque d’avoir de la route à faire demain et j’imagine que tu dois avoir faim ? »

Je l’observais en train de s’installer. Il avait une épée, impressionnante, et malgré les quelques regards, il ne semblait pas s’en préoccuper. J’eu un élan de sympathie, de compréhension pour lui, car c’était la même chose avec mon chien. Je refusais de m’en séparer, sauf si c’était absolument nécessaire. Ce devait être la même chose avec son compagnon de fer qu’il devait porter, aimer, comme on aime sa main. Certes, il n’avait peut-être pas la même gratitude pour sa lame que moi pour Baku, mais nous pouvions déjà nous comprendre un peu. Je fis signe à la serveuse de s’approcher pour prendre la commande du Kirijin, je le laissais décliner ou choisir, avant de rapprocher le bol de moi et prendre une nouvelle bouchée. Après quelques avancées dans la réduction de ma gamelle, je me permis de lui parler en relevant la tête.

- « J’imagine que tu as pris connaissance de l’ordre de mission toi-aussi ? Il est clair que la situation va être difficile. Les Clans de la Terre ne doivent pas, comme ceux des Villages, porter des uniformes, si oui, pas aussi distinctive. Les mercenaires ne les auront certainement pas, pour éviter d’être immédiatement associé à leur employeurs devant leurs ennemis, mais avant d’attaquer, il va falloir de solides informations, non ? »

En parlant, je le faisais plu bas, par crainte d’être entendu, mais aussi pour ne pas attirer l’attention sur notre duo. Je pris une bouchée alors qu’il répondait, me redressant ensuite sur mon dossier pour essuyer mes lèvres avec ma main, puis ma main sur l’espèce de torchon qui servait de serviette. Je savais que juste avec le peu d’informations que nous devrions franchement en découvrir plus sur nos proies. Pourtant, j’étais heureux d’avoir un guerrier avec moi pour le côté plus martial, puisque les combats à longs termes et de masse n’étaient pas ma spécialité. J’espérais qu’en cas de problème, Kiru ne le remarquerais pas, mais je ne me faisais pas grands soucis de le cacher.

- « Si on s’en prend aux mercenaires alors qu’ils sont regroupés, ce qui est le plus simple, il faut le faire avant l’arrivée du Clan. Il faut au minimum les disperser et les dissuader de revenir… Regroupés pour l’attaque, on risque moins d’en laisser un grosse partie continuer, mais on risque plus de se retrouver coincer entre deux feux. J’opterais, à première vue, pour les isoler avant l’assaut et les neutraliser, surtout les mercenaires qui ont un rôle spécifique à jouer dans l’assaut, pour désorganiser leur stratégie, et ensuite laisser faire le reste. Qu’en penses-tu ? »

Je discutais, de moins en moins fort dans la salle. Je savais qu’il y avait peu de chance d’avoir des espions, mais je ne désirais pas le moins du monde qu’un homme entende nos projets, risque d’avertir nos proies, même si c’était honnêtement probable, à moins que les Nukenins ne nous surveillent. À cette pensée, je regardais vers la salle, à la recherche d’un homme qui se lèverait et sortirait ou écouterait de trop proche. Aucun signe. Je me retournais vers Kiru, pour l’écouter, avant de me pencher un peu pour faire mine de manger en l’écoutant.

[Désolé de l’attente, mais c’est les examens]

Je l’écoutais parler et j’étais plutôt satisfait. C’était un homme très terre à terre que j’avais devant moi. Je ne pouvais m’empêcher de trouver ça rassurant. Je m’imaginais bien pouvoir travailler avec lui et, après la mission, si nos Villages respectifs le permettaient, travailler de nouveau avec. Il semblait tout aussi inquiet d’avoir été suivi. L’idée lui avait aussi effleuré l’esprit. Le Pays de la Terre était aux prises avec des conflits entre Clans, surtout depuis la militarisation. Chaque Clan qui avait la force économique nécessaire avait des objectifs, autant profitables que « culturels ». Son idée de visiter le Clan Taïro était une bonne idée. On ne recourait pas à la présence d’un Village Caché pour éliminer les adversaires mercenaires du Clan d’en face pour ensuite attaquer les Shinobi des Villages. Nous attirer ne leur apporterait rien et on ne piège pas si on ne veut pas quelque chose. Je hochais la tête en repoussant mon assiette.

- « Je suis bien d’accord, avec de la chance les Taïro auront des informations sur les mercenaires. Sinon, leurs ennemis ont sûrement engagé des Nukenins capables de vaincre les Taïro, donc avec des capacités adaptées pour ne pas prendre la chance qu’ils survivent et que leur guerre gonfle en importance jusqu’à devenir incontrôlable. Si on s’informe des compétences du Clan Taïro, nous pourrons nous faire un meilleur portrait des mercenaires dans le pire des cas… Au moins, plus de chances… »

Je l’écoutais ensuite parler du plan de l’attaque et je ne pus m’empêcher de plisser un peu le nez. Je voyais bien que cet homme était un vrai guerrier, comme ceux du Clan Inuzuka dans le passé. Il voyait tout de manière à se battre, à prendre l’avantage sur ses adversaires. Ce n’était pas un défaut, mais je n’étais pas très à l’aise avec ça. En plus, je devrais dévoiler beaucoup trop de mes techniques de combats et l’idée d’un affrontement avec lui me semblait de mauvaise augure, car je voyais bien que dans un face à face, c’était lui qui gagnerait. Au lieu de me mettre mal à l’aise, ce constat l’éleva dans mon estime. Il provoquait la situation sur son terrain, j’espérais pouvoir lui montrer de quoi je suis capable moi-aussi. Mais pour le moment, nous allions bien trop loin dans nos prévisions, tout pouvait changer au fil des informations recueillies. Je mis de côté ma fierté en soupirant, avant de me permettre de commenter ses paroles.

- « Ne t’inquiète pas, je me fout un peu de la parcelle de terre. Je vois comment on peut s’approprier une terre, on ne fait que l’occuper. Non, ce que je veux dire, c’est que si les mercenaires ne sont pas avec le Clan adverse ou qu’on peut les cibler. Je préfère m’en prendre à eux avant qu’ils n’arrivent préparés au combat… »

Je me levais ensuite en lui faisant signe de me suivre. En passant la porte, je soufflais entre mon pouce et mon index, doucement, avant de tourner le coin et d’approcher Baku qui battait la queue en restant sur place, dubitatif face à l’inconnu. Paume vers le sol, je lui fis un petit battement de main pour lui signaler que tout allait bien avant de me pencher et jeter mon sac sur mon épaule, avant de me retourner vers Kiru. Nous partions dès ce soir, pour une nuit de marche, nous aurions plus de temps pour nos reposer une fois là-bas et être frais. En sortant du petit village, un nom presque trop important pour ce regroupement de pêcheur, je jetais un regard vers Kiru. Le reste du voyage se fit lentement. Il nous fallait maintenant longer le Pays du Feu, traverser Ta, Tetsu et Taki no Kuni avant de border les frontières de Tsuchi no Kuni. Nous entrerions alors dans un territoire beaucoup plus dense, avec des montagnes et des Clans souvent militarisés depuis la Grande. Il faudrait ensuite se rendre jusque chez nos clients….

En voyant sourire mon coéquipier à la vue de mon chien, je m’amusai un peu de la situation. Il était clair que Baku fournissait une excellente indication sur mon appartenance aux Inuzuka. Comme son épée fournissait une excellente indication sur le style de combat de mon compagnon. La nuit tombait, le soleil devenait presque orange, comme j’en avais pu dans ma vie nomade, surtout loin des côtes. Plus nous nous éloignions, plus le ciel semblait tendre vers le bleu avant de devenir sombre comme le terrier du lièvre. À moins que ce ne soit simplement la nuit plutôt que l’éloignement avec les côtes. En traversant les frontières, presque sans me rendre compte de ce passage, je remarquais un changement important. Autour, il y avait des Villages, mais comme à l’habitude, du moins, selon les rares souvenirs de nos toutes aussi rares visites près des montagnes, ils étaient entourés d’une petite palissade et la lueur des flammes trahissaient la présence de quelques guetteurs. En approchant du Village, je sentis un léger trouble chez mon chien. Je fronçais les sourcils en le voyant se plaquer contre une de mes jambes. J’allais m’approcher de Kiri pour lui en faire part, quand une lance se planta devant nous.

Après une brève surprise et les questions des gens du Village, Kiru se tourna vers moi, en silence. J’avais cru qu’il cherchait mon avis, mais il semblait plutôt vérifier que j’allais bien vu la vitesse avec laquelle il prit parole. Il y alla court et simple, on ne peut plus simple. Quand un homme s’approcha, je pris la peine de le regarder de haut en bas, en donnant un petit coup d’index sur la tête de mon compagnon canin. Ce dernier, curieux, mais obéissant, fit mine de se lever pour renifler avant de se rassoir et continuer ses spasmes de truffes, curieux de faire connaissance avec notre interlocuteur. Alors qu’il nous demandait des preuves, je levais lentement les mains pour les plonger dans ma veste de cuir et sortir mon bandeau frontal. Je regardais la maison avec une certaine curiosité, mais rapidement le spectacle m’ennuya. Je cherchais des traces du Clan Taïro, avant de me rendre compte que les Clans des Villages Cachés étaient les seuls à pouvoir capitaliser sur leur pouvoir, ceux d’ailleurs, surtout en guerre comme ici, devait lutter. J’approchais de la carte, curieux, silencieux et examina le papier.

En regardant la topographie des lieux, je pris conscience que dans le Pays de Tsuchi, il faut connaître les montagnes. L’homme nous pointa différent lieu, en prenant la peine d’expliquer les hauteurs des cols ou la largeur des petits canyons. Je hochais fréquemment la tête. Quand il leva les yeux vers nous, je me mis à parler, avec précaution.

- « Loin de moi l’idée de vous insulter… Mais une vingtaine semble être un gros nombre pour vous. J’imagine qu’ils espèrent avant tout vous déborder ? Si on pouvait déclencher un assaut avec eux, dans le Col Irukian, c’est bien ça ? On réduirait l’efficacité en grand nombre, non ? »


Je connaissais les lieux, mais pas assez pour appuyer une stratégie sur mes propres connaissances. À ce sujet, je préférais que le membre du Clan natif d’ici me confirme mes informations. Je me souvenais que le Clan avait déjà, une fois je crois, emprunter le Col, pour éviter des conflits. En effet, les armées évitaient de trop s’en approcher, car, à part le passage, il n’y avait presque pas de chemin de retraite.

J’espérais aussi que Kiru serait d’accord. Il fallait avouer que notre arrivée tardive posait un problème de préparation. Il voulait attaquer un camp tout de même, un camp qui se préparait à se battre. Néanmoins, une fois le terrain connu… À cette pensée, je secouais un peu la tête. Jamais un groupe de mercenaires engagé par un Clan qui connaissait la région n’irait se loger dans un endroit qui facilite l’attaque, sauf s’ils étaient persuadés du secret de leur présence… Non, j’aurais préféré les prendre sur un terrain choisi d’avance, mais en même temps, si nous les attaquions juste avant les combats, nous risquions d’avoir des adversaires préparés. Je regardais un peu la zone sur la carte. Une grande colline à la pente prononcée, le bout protégeant les Nukenins de la vue des Taïro, un ruisseau au pied de la colline serpentait sur la carte.

Je pris une grande inspiration. Il valait mieux s’informer sur les Taïro maintenant, pour déterminer quel genre de mercenaire leur adversaire avait le plus de chance d’engager. Pourtant, je voyais mal comment aborder la question et, avant de les rendre nerveux, je préférais que Kiru pose ses questions.

Je commençais à craindre que nous ne puissions être prêts à temps, mais j’aurais préféré abandonner une mission de la sorte que de risquer de me retrouver pris entre deux feux, mal préparé, et, surtout, provoquer encore plus de violence entre les deux Clans. J’étais plutôt content que mon coéquipier de Kiri ne soit pas une tête de noeud impulsive. Il y avait de la préparation dans cet homme, un souci de mettre toutes les chances de son côté autant que possible. Je ne pouvais que hocher la tête et donner mon assentiment. La pression se faisait ressentir, mais, comme lui, je ne tenais pas à nous précipiter inutilement. Nos clients nous livraient des informations importantes. J’écoutais discuter mon coéquipier alors que mon chien battait un peu le sol avec sa queue. Je suivais la discussion en tournant la tête de gauche à droite. Chaque détail me semblait important, mais étrangement insuffisant.

La logique du Kirijin me semblait bonne et je ne trouvais rien à y redire, en faite, j’avais presque l’impression qu’il me devançait. Je regardais la carte alors qu’un silence s’installait. Nous avions l’avantage de rendre leur nombre inutile, cependant, ils seraient prêts à une attaque. Cependant, nous avions l’avantage du terrain. Franchement, c’était la meilleure solution, préférable à la surprise, mais elle ne serait peut-être pas possible si nos ennemis envoyaient des éclaireurs tôt et surprenait nos préparatifs. Dans ce cas, nous serions nettement en infériorité. Soudainement, je pris conscience du long silence, je relevais la tête, interrogatif vers le Kirijin.

- « Il va falloir prévoir des éclaireurs. S’ils nous trouvent, nous perdrons toutes les avantages du Col. Il vaudrait mieux s’y installer, mais les attirer à un point précis et tenter de les prendre à revers lorsqu’ils s’en approcheront. »

Soudainement, je pris conscience que ce n’était pas la raison du malaise. Le silence venait de Kiru qui réfléchissait. Je me tus rapidement, conscient que je venais peut-être encore une fois de faire preuve de mon incapacité à comprendre certaine situation plus ordinaire. Je secouais lentement la tête pour moi-même, presque imperceptiblement, avant de comprendre la raison du malaise. Une dernière question n’était pas venue avec nos alliés et c’était la plus important. En attendant mon compagnon la poser, j’eus un rictus en coin. C’était bien tourné. La réponse ne me satisfaisait pas cette fois, carrément. Elle donnait si peu d’informations sur leur capacité que s’en était de la mauvaise volonté. Je plissais le nez, me préparant à parler, avec la même franchise que je respectais depuis ma promotion.

- « D’accord, mais ça n’aide pas beaucoup. Je vais être franc. Qu’est-ce qui vous avantage des autres sur la moyenne et la longue distance ? Vos jutsus ou votre expérience ? Parce que dépendant des détails, vos adversaires peuvent avoir engagés des mercenaires rapides ou défensifs ou capables de couvrir une grande distance sans entrer en contact, etc. Il va falloir plus d’informations. »

Il y eu un froid, mais je restait impassible. J’avais volontairement évité de parler de faiblesses, mais je savais que mes paroles pouvaient provoquer des réactions. Je prévoyais déjà quelques arguments, comme appuyer sur le fait que nous cacher des informations serait dangereux, puisque de toutes façons, il avait recouru à des mercenaires, malgré leur code, ce qui signifiait qu’ils n’avaient plus le choix. Heureusement, après plusieurs secondes, ils se regardèrent et prirent la parole. Baku s’était relevé, un peu nerveux à cause de la tension. Je lui tapotais la tête pour lui signifier de se calmer. Je continuais à m’en occuper, jusqu’à ce que Mako reprenne la parole après un regard avec ses confrères.

- « Nous… nous avons une technique de lancée… Théoriquement, tout projectile lancé par nous peut être guidé avec force et précision, même sur de très longue distance, hors vue. »

Je regardais mon compagnon, enfin satisfait. Nous savions maintenant comment nous protéger du Clan Taîro, comment les attaquer efficacement, donc comment nos adversaires agiraient. C’était les bases de la traque, trouver des indices de la proie, comprendre ses mouvements et les buts. Je savais que le malaise venait d’augmenter, mais les informations que nous possédions n’étaient pas difficiles à obtenir pour un autre groupe. Je me redressais en pouvant enfin mettre la stratégie au point.

- « Nos adversaires savent que vous pouvez diriger les projectiles, même hors vue. Par contre, si vous ne les voyez pas, ça devient moins efficace. Ils vont probablement privilégier des gens vifs physiquement, capable de se camoufler, plutôt que des gens capable de couvrir de grandes distances en peu de temps. Le col pourra réduire leur mouvement, la surprise les rendra imprécis. »

En parlant, je regardais surtout mon coéquipier, pour vérifier s’il était d’accord. Il restait toujours le problème de savoir où nous déclencherions les assauts, mais comme il l’avait dit, il fallait le faire sur place, après avoir vérifier que les circonstances ne s’y prête. Je devais tout de même avoir une préférence pour le Col, après tout, l’avantage du nombre était neutre là bas.

Mon compagnon sentait bien que le moment venait. Il n’y avait pas à retarder plus longtemps en discussion futile. Je devais bien avouer qu’au début, j’étais loin de partager son enthousiasme en m’approchant d’une bataille qui était construite sur des hypothèses et risquait plus de devenir une boucherie. Sans oublier que notre mort provoquerait encore plus de haine contre le Clan Taïro, même si on pouvait considérer que leurs adversaires avaient franchement désobéis, alors qu’eux contournaient la règle. Maintenant, ma principale préoccupation était de vérifier nos plans et l’excitation prenait le pas sur la crainte. En le voyant faire les clones et passer son commentaire, je me contentais de sourire en coin.

- « De toute façon, si tes clones ne les voient pas, ils risquent de se faire attaquer. S’ils meurent, tu le sauras. »

Je laissais Kiru faire ses « singeries », même si je devais avouer qu’un charisme en suintait. Comme un chef, il savait quoi dire pour qu’une mauvaise nouvelle ne soit pas systématiquement mal perçue. Moi, au contraire, je disais les choses crûment. Je le laissais faire, car je savais que ma question avait pu être très mal reçue. Je préférais laisser Kiru clôturer la rencontre avec les Taïro et éviter de me faire une nouvelle fois remarquée pour de mauvaises raisons. Quelques minutes plus tard, nous allions vers le Col d’Irukian, plutôt rapidement. Après quelques minutes, je fis signe à mon compagnon de ralentir en plaçant ma main devant son torse, sans le toucher. Il semblait attendre un signe du genre. Je me contentais de ralentir, puis me calquer sur le rythme du Kirijin.

- « Je crois que le Col reste la meilleure solution. Nous pourrons rendre leur nombre moins efficace et préparer le terrain avant leur arrivée. Ça nous permettra de nous cacher, de piéger et je pourrais toujours servir de renfort. Konoha a malheureusement fait ses preuves en tant que tête fonceuse à ce que j’ai compris, mais j’appartiens avant tout à mon Clan. »


En montant les montagnes rapidement, après avoir repris notre rythme, arrivée juste assez haut pour nous placer sur les bords du gouffre, je sentis le vent devenir plus chaud. Aussi nettement que si on avait ouvert une borde, le son du vent sifflant dans le Col se fit plus fort. J’hochais la tête silencieusement, conscient que nos adversaires seraient certainement discrets, mais que ce serait plus difficile pour eux. Je me mis à chuchoter en me tournant vers mon compagnon. Je savais que maintenant, il fallait parler concrètement du plan d’attaque, mais j’étais certain que le plus gros avait été fait.

- « Voilà ce que je te propose… Tu m’as l’air assez direct dans ton style de combat, arrête moi si je me trompe, alors je me dis que cette position serait intéressante. En plus de pouvoir les voir arriver de loin en laissant Baku ici ou en y restant, tu auras des renforts venant directement du haut. En plus, s’ils sont trop nombreux, leur nombre ne servira à rien. En cas de technique de dissimulation, je peux facilement les retrouver d’ici, mais je devrais quitter les lieux et descendre avec toi. D’ici, je pourrais aussi éviter de mauvaises surprise de l’arrière des mercenaires en les observant, mais aussi en les attaquant. De toute façon, je doute rester longtemps au confort, ici… »

Baku avait aussi toute l’apparence d’un simple chien errant et parviendrait à les approcher. En plus, une masse d’homme de la sorte de nos adversaires seraient aisément détectable, alors que nous, nous étions bien moindre nombreux. Je ne savais pas si le Kirijin m’avait suivit pour la préparation, c’était à lui de décider s’il voulait prendre le gros des risques Je savais aussi que sa présence avec moi présentait des risques. En effet, je ne pouvais pas envoyer Baku trop loin, puisque je venais de me rappeler que Kiri et Konoha étaient en tension. Cependant, même sans ça, le plan que je lui avais présenté me semblait le plus viable, au moins pour déclencher les hostilités. Sous nos pieds, quelques centimètres devant nous, nous pouvions apercevoir le mince Col où, certainement, des adversaires efficaces nous affronterions bientôt. J’aurais tant aimé simplement nous observer, pouvoir tout voir et essayer de comprendre tout ce qui s’y produirait.

Le Kirijin m’avait suivi. Il avait écouté et, maintenant, il donnait son avis. J’étais plutôt d’accord avec lui et, surtout, content de l’avoir cerné. Il y avait eu une brève hésitation, c’est vrai, mais depuis que je réalisais pleinement que les Villages Cachés n’étaient que des outils de guerre, je comprenais que mes alliés pouvaient devenir mes ennemis. Cette idée me semblait terriblement désagréable, agaçant, comme une hypocrisie. Pourtant, comme moi, Kiru avait décidé d’écarter ces considérations et de se concentrer sur ce qu’il avait à faire. Je hochais simplement la tête, sorti de ma torpeur observatrice de quelques secondes. Il prévoyait déjà notre retraite, c’était plutôt brillant de sa part. Je m’étais trop concentré sur l’attaque, à l’avenir, je devrais prendre exemple sur lui.

- « Parfait, je vais m’assurer de les ralentir sur le terrain devant toi, pour te permettre de profiter un peu de la surprise et de gagner quelques secondes à distance où je pourrais agir sans risquer de te blesser. Ensuite, je te rejoindrais. »

Mes derniers mots semblèrent rassurer l’homme. Comme moi, il était conscient que le gros du plan s’appuyait sur une confiance à l’autre. Je ne craignais pas un manque de capacité de sa part, mais une trahison. Pourtant, ses mots parvinrent à me rassurer et, pendant un bref instant, j’eus l’impression d’avoir face à moi mon homologue des Vagues. Sa franchise faisait changement de mes autres expériences. Alors qu’il envoyait des clones un peu plus loin, provocant un étrange soulagement en moi, à l’idée de ne pas avoir besoin de me débarrasser de Baku, je me contentais de regarder le terrain encore une dernière fois. En le regardant se préparer, je pris une décision. Je décrivis les mûdras du Utsushidasu Daichi en désignant une zone à quelques mètres de lui. Ma technique demandait un peu plus que d’habitude à cause du terrain plus large à couvrir. Je sentis la différence presque immédiatement, mais en quelques minutes, j’aurais récupéré vu sa faible puissance. Si mes adversaires passaient là, ils seraient ralentis en marchant sur les « mines » qui, à défaut de provoquer des dégâts, les ralentiraient. Je fis un signe de tête à mon compagnon dans la direction.

Alors que lui se préparait au combat, mentalement, plus que physiquement, je sortis des kunaï. Une dizaine que je déposais le long de mon avant-bras tendu vers l’avant. Je fis les mûdras d’un autre jutsu. Je souris en coin en pensant que je l’avais appris pour la chasse en me disant qu’il serait difficile de l’utiliser au combat. C’était la situation parfaite. J’attendis longuement, je ne devais pas révéler ma position. Je devais toujours garder en vue la leur. Il utilisa une technique, pas très impressionnante, mais dont l’efficacité et l’utilisation me semblait parfaite. Les mercenaires approchèrent, réagissant rapidement, évitant une partie des pieux, mais certainement ralentis. Je soufflais un bref coup sur le kunaï dans ma main. Comme mut par une force invisible, il parti à toute vitesse, en ligne droite, dans un sifflement, avant de frapper un des attaquants de Kiru. Sa tête fut promptement brisée par la force du projectile alors qu’il retombait sur le côté. Comme d’un seul homme, les autres réagirent en s’arrêtant une seconde. Je pris un autre kunai sur mon avant bras, souffla une nouvelle fois dessus.

Encore une fois, le projectile parti avec une vitesse surprenante, mais mes adversaires étaient à l’affût et réagirent au sifflement, certains levèrent des murs de pierre, pour se mettre à couvert. J’eus un sourire en coin, satisfait. Ils venaient de se protéger plus efficacement, mais ils aussi, par eux-mêmes, de créer des obstacles. Baku à côté de moi, grondait et rageait, furieux et excité. Avant même que ma main ne touche sa peau, effleurant seulement un poil, il couru comme une flèche en dévalant la colline. Un simple animal n’aurait pas pu, mais Baku était un chien shinobi. Arrivée à quelques mètres au-dessus de nos adversaires, il s’appuya sur la paroi et se projeta au-dessus de leur tête en urinant. Comme ça, au moins, je saurais où serait nos adversaires si le brouillard se levait. J’entendis un bruit, un caillou, à mes pieds, qui déboulaient le Col. En baissant la tête, je vis un homme, de la même couleur que la pierre, camouflé, qui commençait à monter. À y regarder de plus près, il semblerait qu’avec diverses techniques, les autres s’étaient approchés et voulait me faire descendre…

Je regardais l'homme s'agripper aux rebords pour remonter. Je pris une lame pour lui lancer, mais ses quelques compères qui montaient à leur tour lancèrent une volée de couteaux. Je fis un rapide bond vers l'arrière, en jetant un oeil en direction de Kiru qui se débrouillait bien mieux que moi. Même si sa situation devenait de plus en plus difficile, plusieurs hommes l'entouraient, déjà au sol. Soudainement, il s'arrêta et lança sa lame dans ma direction. Le premier grimpeur devant moi, qui devait certainement m'occuper pendant que les autres finissaient la montée, se retrouva littéralement embroché. Je repoussais son corps en saisissant un de mes kunaï qui devait servir de projectile longue portée. Je visais le rebord et, dès que l'un pointait sa tête, je relâchais avec force les projectiles.

Le premier s'écroula, puis le deuxième, mais l'un d'eux avait réussit. J'entendis Baku aboyer furieusement en courant dans ma direction, mais je savais qu'il serait là bien trop tard, monter la falaise serait difficile. Je lâchais un cri sec, un avertissement, un choc pour Baku, qui perdit sa concentration, et reprit ses esprits. Je pinçais les lèvres, un peu frustré de ne pas y avoir pensé. C'était une vieille technique, mais elle serait parfaitement efficace,peut-être trop. Je décrivis de nouveau mûdras avant de claquer des dents furieusement. Le sol trembla, mes adversaires eurent un instant d'hésitation, le sol se déforma dans une gueule qui se referma sur eux. Un des hommes fut littéralement broyé par le sol mordant, l'un se retrouva le bras coincé dedans. Mais ça, ce n'était rien. La déformation du sol, à cause de la technique, avait fragilisée le bord du Col et le sol s'effritait, entraînant le type au bras coincé et empêchant les autres de monter.

En relevant la tête et en approchant un peu, je vis un gigantesque crocodile, debout, en train de se battre. Baku tournait autour des adversaires en aboyant et se jetais parfois sur ceux restés derrière. Il les mordait alors furieusement à la nuque avant de secouer leur corp comme des poupées. Je tournais un peu mes yeux vers l'arrière des mercenaires en réalisant que d'autres ennemis risquaient de subsmerger mon allié. La grosse créature reptilienne était certainement utile, elle empêchait certainement Kiru d'être entouré, mais sa taille lui nuisait dans le Col. Je pinçais les lèvres, un peu furieux de devoir l'utiliser maintenant, puis je poussais un cri ferme pour attirer l'attention de mon allié et de Baku.

- "L'ORAGE DES VENTS !"

À ces mots, Baku parti directement en direction de Kiru pour s'éloigner. Je sentis le tremblement dans ma poitrine, un engourdissement dans mes membres, alors que le chakra se rassemblait. Je sentis une pression désagréable sur mes poumons, puis, d'un coup, je soufflais dans la direction des quelques adversaires qui risquaient de rejoindre le Kirijin et de ls submerge. Les projectiles de vent sortirent de ma bouche en sifflant lourdement et, en touchant le sol ou à quelques centimètres de celui-ci, explosèrent. L'explosion était suffisante pour ralentir et faire douter nos adversaires. Cependant, je devais bien avouer que la fatigue se faisait sentir. Je devais éviter le corps à corps, de trop m'approcher de mon allié, au cas où il serait un menteur.

Je regardais autour de moi, alors que Baku se retournait en reniflant l'air. Je souris quand je le vis se diriger directement vers la gauche du grand crocodile et bondir après un changement de direction brusque, presque sur une cible invisible. Enfin, je dis presque, parce que les odeurs elles sont difficiles à camoufler. Il sembla s'arrêter, suspendu dans les airs, avant qu'un cri et du sang coule sur son torse. Un homme apparu et s'écroula, manifestement invisibile quelques secondes avant. Un utilisateur de Genjutsu, certainement doué dans ce qu'il faisait, mais pas vraiment ailleurs. Je comprenais que le nombre de nos adversaires étaient dû à leur relative faiblesse individuelle. Je m'approchais de l'arme que Kiru avait jeté vers moi, encore sur le haut du Col. En fronçant les sourcils, après tout ce que j'avais vu, je me contentais de prendre l'arme sans y poser ma peau, juste avec le cuir de mes gants. Utilisant une nouvelle fois ma technique pour projeter des armes, je visais près de Kiru avant de la faire filer dans sa direction, moins rapidement que les kunaï, à cause de sa taille et du manque de chakra.

À partir de là, je m'arrêtais. Je devais me reposer un peu, voir comment Kiru s'en sortait, préserver mes forces en cas de retraite et mettre un nouveau plan sur pieds.

Je reprenais mes forces, mon souffle se faisait rythmé, mais profond. J’avais la gueule sèche à force de vent et de techniques, mais je devais avouer éprouver une énorme fierté. Baku continuait ses attaques en guérilla, tournant rapidement autour de mes adversaires, pour aboyer, parfois en en jetant un au sol en lui sautant dans le dos, avant de repartir aussi vite qu’il était venu. Évidemment, il ne faisait pas de dégâts et ne tuerait pas ses adversaires à ce rythme, mais cette technique de combat les rendait incertains et permettait à mon compagnon de ne pas être dans les jambes de mon coéquipier de Kiri. Ce dernier me lança un regard, dont je ne compris pas la teneur, certainement pour vérifier que je m’en tirais bien. La présence de l’énorme bête reptilienne avait obligée nos adversaires à se concentrer sur lui et me laisser un peu tranquille. Aussi étrange que cela peut paraître, ma fatigue physique n’éteignait pas ma curiosité.

Pour me reposer et observer la fin, je posais mes genoux au sol avant de me laisser retomber et m’asseoir pour observer le résultat. Le Col d’Irukian serait certainement modifié pour des années, les relations avec le Clan Taïro et leurs adversaires aussi. Pourtant, j’avais l’étrange fierté, à travers tous ces morts, de m’être prouvé quelque chose. D’ailleurs, Kiru réussissait bien mieux que moi dans sa tâche, il ne semblait pas faire preuve de signes de fatigues. Soudainement, après des techniques qui me laissèrent une forte impression, il s’arrêta et regarda autour de lui. Je fronçais les sourcils en remarquant que quelque chose n’allait pas. Je me relevais, plus sûr sur mes jambes, avant de m’approcher du rebord de Col. Après un regard vers le bas, je me mis à descendre, d’abord à l’ancienne, avant de me laisser glisser tout en ralentissant ma chute avec mon chakra. Arrivée en bas, je jetais un regard vers Kiru.

- « Un problème ? »

J’eus une hésitation en posant la question, m’interrogeant si c’était un piège, mais surtout, hésitant à dire son nom. Je préférais le taire au cas où des ennemis écouteraient et que le Clan adverse s’en prendrait à lui pour une raison d’honneur. Avant qu’il ne parle, un déclic se fit et je compris que des ennemis manquaient. Je hochais simplement la tête en faisant signe à Baku de se lancer. Il valait mieux pour moi reprendre des forces avant de continuer et, encore une fois, Kiru semblait bien mieux se porter que moi. J’étais plutôt heureux de ne pas l’avoir comme adversaire, même si ce n’était pas encore impossible.

- « Baku peut les sentir, il les a marqué. Même s’ils se camouflent, nous pourrons les trouver. Tu me suis… ? Avec ton crocodile, ça les poussera à la fuite. YAH ! »

Le bruit sec sonna et raisonna dans les oreilles de mon chien et dans le col, comme un claquement de fouet, peut-être un fouet fatal. Le chien prit un bon élan avant de courir vers l’endroit d’où venait les nukenins. Je bondis à sa suite, espérant que la course ne durerait pas longtemps. Si nos adversaires fuyaient, la guerre entre les deux Clans serait plus sanglante encore. La course avançait rapidement, je savais que je ne tarderais pas à les rattraper, car les hommes chercheraient avant tout à se camoufler en ignorant que l’odorat de Baku et la mienne pouvait maintenant les situer aussi précisément qu’un panache de fumée dans la forêt. Après plusieurs minutes de course effrénée, Baku lâcha un aboiement. Je me contentais de hocher la tête et de continuer, sachant pertinemment que notre cible était dépassée et qu’elle tenterait de m’attaquer dans mon dos. Encore une fois, je venais de décider de faire confiance à Kiru. L’autres ne devait pas être loin… En effet, à quelques mètres plus loin, Baku aboya de nouveau et l’homme caméléon réagit. Il savait que mon chien aboyait au passage d’une de mes proies et préféra attaquer.

Le kunaï fonça directement vers moi, je me baissais pour l’éviter avec facilité, conscient de la position de l’homme. Mais il avait prévu ma réaction et, à quelques centimètres derrière moi, j’entendis le crépitement d’un parchemin explosif se déclenchant. Sautant vers l’avant en faisant des mûdras, dans un roulé-boulé un peu rude, mais efficace, je mis un peu de distance entre l’explosion et moi. En me retournant, j’élevais un mur de pierre qui prit le gros de l’explosion. L’adversaire se lança sur moi, une arme à la main. De justesse, je pus l’obliger à changer sa position d’attaque pour faire dévier mon shuriken. Cependant, je manquais de temps pour baisser mes mains et son coup de pied m’atteignit en pleine estomac, m’envoyant un peu plus loin. En relevant la tête, j’aperçus son sourire triomphant, prématurément. Il se prépara à sauter en levant son arme, conscient que je ne pourrais pas protéger ma nuque du coup de lame.

Baku lui agrippa solidement la jambe au moment où il tentait de quitter le sol. Cette simple résistance le déséquilibra et il s’écrasa à plein ventre dans le sol poussiéreux. Je bondis à mon tour, une lame dans la main. Il se retourna sur le ventre pour lancer son kunaï vers Baku, mais ce dernier avait déjà dégagé. Il ne vit que mon ombre approcher de son visage et sentis probablement ma lame se planter dans sa gorge. Il eut quelques soubresauts, pendant lesquels je retins son poignet. Quand le souffle lourd et chaud du mort me frappa au visage, je me relevais. Je jetais un regard au corps sans vie avant de me retourner vers Kiru.

- « Le tien de t’as pas fait trop de misère, Kiru… Je crois qu’on a terminé. Déguerpissons, n’allons même pas voir le Clan, qu’il se prépare tranquille à l’assaut, en prévision du pire. Avec tous ces corps, il y a des chances que l’attaque des ennemis soit avortée, mais il vaut mieux les laisser se préparer. Si nous venons et sommes remarqués, la rumeur va envenimé le conflit… Et ce sera plus drôle de les savoir inquiets. »

Je venais de me relâcher, pour devenir moins sérieux, franchement moqueur, malgré les tâches de sang qui me couvraient. Une dérangeait ma vision dans mes lunettes de protection, à tel point que je l’essuyais du bout des doigts, avec un sourire. Non, ce massacre était inutile, j’étais content d’en avoir fini et… le Clan Taïro, ce n’était pas mon problème.

[Tu peux dire ce que tu fais à ton adversaire. Je vais peut-être répondre à ta suite pour clôturer et ce sera bon.]

[Toutes mes excuses pour ce post pas très bien, mais j'ai pas Microsoft Word ici. ]

En me retournant, je pouvais apercevoir un Kirijin, cette fois blessé. Presque immédiatement, une partie de la tension s'envola, car je savais qu'en cas de trahison, nous nous retrouvions à armes égales. Moi un peu plus faible et épuisé, lui blessé au bras alors qu'il utilisait principalement les armes. Je fronçais néanmoins les sourcils, avant de m'apercevoir qu'il tenait bien le choc. Baku s'approcha de moi, non sans un regard prédateur vers ma dernière... Notre dernière victime. Il semblait moins familier avec Kiru qu'avec Shio ou Hitomi. Pourtant, je ne pus m'empêcher de sourire en coin en entendant le Kirijin poser la question. Je me contentais de relever mes lunettes sur mon front, avec un regard autour pour vérifier que la zone était sécuritaire. Je hochais lentement la tête.

- "Ce n'était plus difficile à deviner maintenant, tu ne trouves pas ?"

Comme en réaction à ces quelques mots, mon chien se mit à battre le sol de sa queue. Je le regardais faire d'un petit mouvement circulaire de la tête pour embrasser la zone de combat. Des morts, pas à perte de vue, mais nombreux. Les Nukenins engagés par le Clan Taïro n'étaient pas très efficaces, c'était vrai, mais vu leur spécifité pour contrer les Taïro, ils auraient pu faire beaucoup de dégâts. Je savais que les morts étaient nécessaires, la nature fonctionne comme ça. Certains meurent, d'autres vivent, c'est une loi universelle. Les forts survivent, les faibles meurent. Ce n'était pas une question de force individuelle, mais d'organisation, d'intelligence et de stratégie. Peut-être même de confiance... D'ailleurs, moi et Kiru venions de le prouver. Et vu ce qui se présentera dans l'avenir, les choses se reproduiraient ainsi. Soudainement, je pris conscience de la main tendue de mon... ami.

- "Je ne sais pas ce que c'est cette manie de serrer les mains... Les citadins le font tous. Les Inuzuka ne le font pas entre eux. Mais si tu y tiens tant que ça..."

Je lui empoignais la main, un peu maladroitement. La pression de la sienne sur la mienne me surpris pendant quelques secondes, avant que je ne durcisse la poigne. Je hochais simplement la tête en le regardant longuement. Sans aucun mot de plus, nous nous séparions. En m'éloignant du territoire de Tsuchi no Kuni j'eus la désagréable impression que nous nous reverrions. Malheureusement, pas dans les circonstances espérées. Il parlait de combat, d'honneur et d'affrontements. Je devais avouer que ce constat me rendait un peu triste, mais il avait bien raison. Seulement, il n'y aurait aucune honneur dans les affrontements contre lui, seulement la survie. D'ailleurs, c'était la raison de toutes choses ici.