Alors que les victimes se comptaient par centaine dans ce qui n'était désormais plus que l'ombre de la Kiri d'antan, encore plus de kirijins tentaient tant bien que mal de rejoindre les longs tunnels, c'est-à-dire les seuls lueurs d'espoir au sein de ce véritable enfer. Néanmoins il y avait au moins trois garçons qui se différenciaient de toute cette masse de civils apeurés et saisis par la frénésie du désespoir. En effet le trois frères Kintaro avaient préféré ne pas trop se mêler à ces derniers alors qu'ils s'engouffraient avec empressement dans la seule issue de ce côté du village. Et pour cause puisqu'il ne fallut rien de plus que l'arrivée d'un Furyou pour qu'à peine quelques secondes plus tard le tunnel ne s'effondre sur d'infortunés personnes, juste avant que ce véritable démon ne commence à s'en prendre aux civils et aux shinobis restés du mauvais côté. C'est tout ce qu'avaient pu voir les trois garçons avant de prendre la poudre d'escampette pour aller se réfugier au sein d'une bâtisse en ruine situé à plus d'une centaine de mètres de cette énième scène de carnage. Prenant ainsi le temps de se concerter pour trouver un bon plan dans le but de survivre à cette journée macabre.

Et comme d'habitude la conversation était surtout menée par les deux frères jumeaux alors que le plus jeune était un peu mis à l'écart du fait de son statut de cadet. En effet si Ace et Aizen avaient appris à garder un certain sang froid dans ce genre de situation extrême même si cela ne les empêchait pas d'être à cran et nerveux, un état d'esprit hérité de leur sombre passé familial ainsi que de leurs années de services dans l'armée de la Brume Sanglante; Sosuke était bien plus en proie au doute et à la peur en raison de son âge et expérience moins avancés. C'est donc tout naturellement qu'Aizen prit la parole le premier avec toujours cette même nervosité et hargne le différenciant tant de son jumeau qui lui lui répondit de manière bien plus posée:

"Putain on est vraiment mal là, il faut qu'on trouve une autre issue avant de se faire attraper par l'un des envahisseurs."

"Calme-toi frangin, tu as bien vu ce qu'il s'est passé tout à l'heure, se rendre aux tunnels pour le moment n'est vraiment pas la meilleur solution...", lui répondit Ace.

"Alors qu'est-ce que tu proposes, on ne va comme même pas rester ici jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun kirijin vivant à Kiri ?", lui rétorqua son jumeau en lui coupant la parole au passage.

Au lieu de s'énerver en raison de l'entêtement de son frère, Ace ne lui répondit pas tout de suite non. Il attendit quelques secondes en fixant son interlocuteur qui lui avait rappelé sans le vouloir une chose capitale. En effet ils n'étaient pas obligés de s'enfuir du village alors que les Furyou s'attendaient justement à ce que l'ensemble de la population agisse de la sorte. Et alors qu'il allait reprendre la parole, c'est cette fois-ci Sosuke qui le coupa dans son élan avec sa petite voix afin d'apporter une seconde fois un argument constructif à la discussion, même si pour le coup c'était bel et bien volontaire.

"On pourrait peut-être essayer de se cacher jusqu'à ce que ça se calme dehors."

Néanmoins Aizen n'était pas du même avis et il le fit bien remarquer en reprenant la parole pour sermonner le jeune garçon, une réaction légitime lorsque l'on part du principe que tout shinobi digne de ce nom sait que rester en mouvement dans une telle situation leur donnera bien plus de chances de survie que de rester immobile à attendre gentiment de mourir.

"Aucun endroit n'est sûr, regarde ce qu'ils ont fait au Palais du Mizukage. Et franchement je n'irai pas m'enfermer dans l'un des abris du village, ils doivent déjà être pleins en plus d'être des cibles faciles. Non il faut à tout prix rester en mouvement pour éviter de finir acculer dans un coin sans aucune issue."

Mais alors qu'il terminait sa phrase, les deux aînés grâce à leur sens affûtés de sabreurs purent se rendre compte à temps que quelqu'un ou quelque chose allait surgir d'une faille béante dans les murs donnant directement accès à l'extérieur. Chacun dégainant son sabre avant de saisir le plus jeune pour bondir de plusieurs mètres en arrière tandis qu'un chûnin à moitié en décomposition surgissait de cette sortie pour aller se placer pile au-dessus de leur dernier emplacement. Faisant tout à coup remonter la tension mais surtout l'esprit de coopération des frères jumeaux qui n'eurent besoin de rien d'autre excepté un simple regard pour se mettre d'accord sur la stratégie à adopter pour venir à bout de cette monstruosité. Après tout il n'existait rien de plus synchronisés que deux jumeaux qui avaient passé toutes leur vie ensemble.