Ce jour, comme d'habitude, ressemblait aux autres. Néanmoins une petite chose allait égayer cette routine éreintante. Je devais en effet rejoindre quelqu'un dans le désert. Je venais de plier les dernières affaires posées sur mon, je fis quelques étirements et quittai enfin la petite maison où je logeais. Un sourire à peine discernable s'était glissé sur mon visage d'ordinaire fermé. A vrai dire l'idée de ce qui allait s'en suivre me réjouissait plus qu'autre chose. Ce n'était la pensée d'écraser mon adversaire qui me plaisait mais véritable de pouvoir me battre, m'exercer.

Rares étaient ceux qui osaient se mesurer au Kazekage, et c'était bien dommage. Affronter le ninja soit disant le plus fort du village pouvait donner à chacun un aperçu de ses capacités. Je supposai que personne ne franchissait le pas par crainte de ma réaction, comme si je jetais tout et n'importe qui au fon de l'Ergastule pour le moindre mot de travers. Enfin, d'autre part que personne ne se lance me laissait penser que je ne faisais pas une si mauvaise Kazekage. Puis le cas de Kibo était tout autre.

Après quelques minutes je fus finalement dans le désert me retrouvant face au membre du Kakumeigun. Il semblait déterminé, prêt à aller jusqu'au bout. Une légère brise soufflait sur les dunes; le soleil brillait haut dans un ciel bleu dénué de tout nuage. J'approchai du jeune homme et lui adressai la parole. Il devait certainement se douter de ce que j'allais lui dire, mais il était préférable qu'il l'entende directement de ma bouche, au cas où.

"Tu es prêt, Kibo ? Je ne retiendrai pas mes coups, alors j'espère que tu en feras autant."

Je fis quelques pas, lui tournant le dos l'espace d'un instant. Je mis une poignée de mètres entre nous deux avant de commencer. Me retournant, j'ajoutai quelques derniers mots.

"Je te laisse commencer, montre moi ce dont tu es capable." Finis-je en durcissant le regard.

Le combat que nous allions livrer ne serait pas le plus grand des affrontements jamais vu, c'était d'ailleurs pour cette raison que personne n'était invité à y assister, bien que... Cela aurait pu être une bonne idée, comme une démonstration; mais le but n'était pas de ridiculiser le jeune ninja devant l'ensemble de ses paires. J'appréciais vraiment ce jeune homme et j'espérais que ce duel lui donnerait envie d'aller plus loin; et qui sait, peut-être me bâterait il, et deviendrait il le nouveau Kazekage... Peut-être.

Kibo ne dérogeait pas aux entames de mes précédents combats. Ils avaient répété inlassablement le même schéma lorsqu'ils m'affrontaient. Un premier jutsu, de type ninjutsu suivi d'une tentative d'approche. Introduction à laquelle je répondais toujours par le fuinjutsu. Je n'allais pas attendre que sa première approche me fasse de l'effet pour le rejeter. Alors, sitôt en action; j'exécutai un signe et plaçai ma main en opposition face au Sunajin. Le chakra qu'il avait expulsé vers moi fut absorbé dans le creux de ma paume ne laissant pour seule trace qu'un léger filet de fumée. Le jeune homme n'avait pas perdu de temps. Comme la plupart de ses prédécesseurs m'ayant déjà combattu il opta pour une attaque via l'intermédiaire d'une copie. Une choix judicieux qui semblait réfléchit. Mais utiliser un clone si tôt dans notre rencontre n'était il pas trop... Facile ? Qu'à cela ne tienne.

Je décidai, pour une fois, de varier les plaisirs; et d'user moi aussi d'un de mes clones. Ce dernier se lança à l'assaut de l'imitation, un combat de copies s'engagea alors. La question du gagnant ne se posait pas puisqu'en cas de contact ma doublure exploserai dans une onde de chaleur... Cependant, et à l'instar de mon compatriote Sunajin, j'employais une troisième technique. Celle-ci, de visuel, semblait assez quelconque et peut être même inoffensive. D'un geste vif j'extirpai cinq kunai de ma sacoche dorsale. Chacun d'entre eux était relié par un fil d'acier à un parchemin. Les dits parchemins, quant à eux; semblaient être des notes explosives. Je savais l'artifice imparfait mais j'avais bon espoir que le chuunin les considère ainsi, comme de simples notes explosives. Bien sûr, il aurait un doute raisonnable lorsqu'il s'apercevrait qu'aucune détonation n'en découlait mais à cet instant, il serait trop tard.

Enfin, peut être me fourvoyais sur l'incapacité de ce ninja à deviner ce que je préparais. Et puis, même si il comprenait avant que le plan n'arrive à son terme; cela ne constituait pas vraiment un problème. Bref, réflexion faite; j'envoyai de façon approximative ma demie dizaine de lames affublées de parchemins vers le rêveur. Et renouvelai la manœuvre de l'autre main, visant cette fois le clone de mon adversaire. Je doutai que l'un ou l'autre ne se laisse toucher par mes Kunaï, et je doutais aussi que le jeune Kakumeigun parvienne à anticiper la totalité de ma stratégie. Enfin, nous ne pouvions être sûrs de rien; si ce n'était du temps qu'il faisait aujourd'hui...

Spoiler:

Je ne fus guère surprise par la suite des événements. En effet, souvent lors de mes combats mon adversaire venait à modifier le terrain, bien qu'à cet instant il s'agissait d'une transformation mineure, deux simples pilonnes. Un pour lui, un pour moi. Alors que nous étions en pleine ascension, je plaquai une main sur le pilier de roche et de l'autre réalisai un nouveau signe. Ainsi, avant que mon poteau ne culmine. Le Kakumeigun pensait il prendre le contrôle de la situation par ce simple stratagème ? Peut-être, et si il le pensait, tant mieux. Le jeune homme m'envoya un Kunai marqué d'un sceau... Je dégainai un de mes propres Kunai, et l'envoyai dans sa direction, un ricocher et nos deux lame finirent dans le sable, avec les autres.

Aussitôt cette attaque défaite, j'exécutai une nouvelle série de signes. La chaleur environnante, l'atmosphère ambiant; se fit plus pesant, plus chaud; à la limite de l'insoutenable pour un ninja ne pouvant maîtriser sa température corporelle ou celle l'entourant. Mais le but de cette technique n'était si simple, non. La chaleur portée à son paroxysme, je fis un seul signe cette fois. L'un des parchemins reliés à un des nombreux kunai dispersés dans le sable, sur la colonne de Kibo et ailleurs certainement; libéra un faisceau translucide déformant l'air sur son passage dans un crépitement sonore. Ce dernier fendit l'air presque instantanément, ciblant mon adversaire du moment.

En effet, chacun de mes kunai était muni d'un parchemin comportant plusieurs sceaux en un seul; lesquels me permettaient d'utiliser, à distance, n'importe lequel de mes fuinjutsu. Plus il y avait de ces kunai sur le champ de bataille, plus il m'était facile de toucher mon adversaire. Ce fut la seconde fois que j''utilisais cette stratégie en combat, et ce fut la seconde fois qu'elle semblait fonctionner. De plus, les changements de température que j'apportais à la zone impactaient grandement la vitesse de projection du faisceau. Alors, dans ces conditions, le jeune ninja du Kakumeigun pourrait il esquiver ? Dans le doute, je réalisai une dernière suite de mûdra, et pointai la main vers lui avant de décocher sur lui un projectile allongé, un nouveau condensé de chaleur et de chakra... La combinaison était redoutable, mais pas insurmontable; je le savais. Mais après un tel assaut, même s'il en ressortait indemne -ce que je lui souhaitais- il aurait encore du mal à tenir sur ses jambes...

J'observais avec un attention particulière, je n'allais pas non plus le laisser se faire transpercer par mes jutsu, mais en attendant... Je pouvais voir ce dont il était vraiment capable, et lui aussi, pouvait voir ce dont il était capable à cet instant.

Spoiler:

J'observais la combinaison que le jeune homme avait employé pour se soustraire à mes attaques. C'était plutôt bien joué, au moins avait il compris tout l'intérêt du fuinjutsu. J'étais plutôt contente de m'apercevoir que tout ce que je pouvais dire ne tombait pas l'oreille d'un sourd, au moins une personne réfléchissais, c'était un bon début. Mais, pas suffisant pour atteindre ses objectifs et donner vie à ses rêves de paix. Jusque là je restais plutôt soft dans ma stratégie. Le but n'était pas de l'éliminer. Le membre du kakumeigun devait certainement être heureux d'avoir résisté plus de trente secondes, et je n'allais pas briser son bonheur. Seuls mes ennemis subissaient mon courroux dans toute sa puissance.

Il venait de reparaître là où avait échoué son kunai. Je me doutais légèrement de la suite des événements, aussi je n'attendis pas de recevoir son nouveau jutsu pour m'en prévaloir. Quelques signes précis et la chaleur se concentra à la surface de ma peau, se mêlant à mon chakra pour donner naissance à une armure écarlate. L'énergie dégagée par la technique de mon jeune adversaire fut parfaitement amortie par mon bouclier. Dans le même temps, la colonne sur laquelle je me trouvai s'effondra. Le but était probablement de me précipiter dans le sable. A ça aussi j'avais la parade, la parade et le point final à ce duel. L'armure toujours sur la peau, je déroulai le parchemin que je venais de faire apparaître.

Je n'heurtai pas le sable mais une surface plus rugueuse, plus dur et d'une couleur totalement différente, noire. Venait d'apparaître sous mes pieds un gigantesque lézard, ou un varan plutôt, une créature de plus de quinze mètres de haut, plus haute que le pilier de Kibô d'ailleurs. Je me redressai sur son large crâne et regardai en bas. Seiansen projetait son ombre sur le jeune shinobi, et obscurcissant par la même occasion un éventuel avenir victorieux. J'allais interpeler le Sunajin, mais le lézard géant me prit de court et prononça une phrase à laquelle je ne m'étais pas attendue.

"Tu m'invoques encore dans ce désert ? Tu prévois de tuer un Sunajin, à nouveau ?"
"Non, je..."
"Alors pourquoi sus je là ?"

Je fixais toujours Kibo en bas, gardant le silence alors que Seïnsen siffla longuement...

Spoiler:

Du haut des vingt et quelques mètres de Seïansen, j'observais le jeune homme en bas, dans le sable. La phrase de l'animal avait jeté comme un froid, chose assez paradoxale dans un combat. J'étais sûre que l'immense créature avait faire exprès d'en parler. Mais ce qu'il avait dit n'était pas un secret dont je devais me cacher, seulement quelque chose que je souhaitais oublier, quelque chose que je n'avais pas voulu faire. Maintenant que les mots étaient inscrits dans la mémoire du Sunajin, je ne pouvais pas faire mine de rien, faire comme si cet événement n'avait jamais eu lieu. D'un signe je fis s'évanouir l'armure qui me recouvrait des pieds à la tête, et je sautai du haut de la tête du monstre de Gila.

Avec délicatesse j'atterrissais devant Kibo, l'air sombre, le même que l'on abordait lorsqu'on annonçait de tristes nouvelles.

"J'ai tué deux Sunajin."

Dis-je si froidement que la chaleur du soleil aurait pu n'être qu'un vague courant d'air chaud au milieu d'une toundra glacée. L'énorme créature était toujours là, derrière moi. Son souffle était audible et le moindre de moindre de ses frémissements parvenait à faire comprendre l'immensité de sa puissance. J'allais donc dévoiler, contrainte, l'un des plus lourds fardeaux que je n'avais jamais eu à porter au cours de ces trente dernières années de ma vie. Durant ces années j'avais éliminé un nombre conséquent d'individus, si bien que je m'étais arrêté de les compter, et que leur visage ne m'apparaissait que comme de vagues ombres. Aucunes de ces victimes n'avaient eu plus d'importance que ces deux là, et pour cause.

Je commencerai alors par le début, cette histoire tragique prenait ses sources dans l'histoire de ma famille, ni plus, ni moins.

"Ce que je vais te dire, seul Kioshi le sait."

Je marquai une pause et pris une profonde respiration.

"Je suis comme la plupart des membres de mon clan, empathique. Je parviens à ressentir des choses que beaucoup ignore et notamment la haine, l'amour, la tristesse, la joie des autres... Il fut une époque où j'étais instable, émotionnellement. Je vivais de l'amour que l'on m'apportait, de celui de Raïu no Kenji plus précisément. Lorsqu'il a disparu, j'ai perdu plus que ce qu'il représentait pour moi. J'avais alors décidé de me défaire de ces liens qui m'unissaient aux autres, je voulais devenir forte, et froide. Ne plus ressentir est un avantage incomparable pour protéger ses proches. Ce fut quelques temps après qu'un membre de mon clan est entré en contact avec moi. Un homme banni dont je n'avais jamais connu l'existence. Il se disait être mon grand père, il pouvait m'apporter ce que je recherchais."

Il m'était difficile de relater toute cette histoire que je voulais effacer de ma mémoire. Ce que j'avais fait à ma famille était certainement la douleur la plus vive que j'ai eue à endurer, plus profonde et plus vicieuse que la marque que m'eut laissé Météora. D'ailleurs, lorsque je parlais, je fixais le sol. Je ne pouvais pas soutenir les regards lorsque je parlais de cette atrocité. Je fis une suite de signe, et Seïansen disparu comme il était apparut. Je ne savais ce que pouvait penser l'adolescent de ce que je lui racontais, probablement aurait il du mal à comprendre comme la plupart des Sunajin, comme les conseillers.

Et si j'en étais là aujourd'hui, à diriger le village que j'avais trahi; c'était davantage grâce à celui au quel j'avais accordé mes sentiments que grâce aux conseillers, ou même à la population. Je savais pertinemment les habitants du village auraient préféré ma mort. Mais la parole d'un homme parvint à en convaincre la majorité, et le pire dans tout ceci; était que cet homme ne s'en était pas rendu compte. Enfin, comme j'aimais le dire : le passé appartenait au passé, c'était bien mieux ainsi. Je ne remerciai définitivement pas la créature sensée m'apporter son aide d'avoir évoqué mon passé de la sorte. Pourtant, il savait que j'étais bien plus puissante que lui..; mais il ne me craignait pas, non; il me respectait malgré tout... En même temps, j'aurais dû y penser avant de l'appeler...

"Mais cet homme était animé d'une haine sans limite envers les Shinobi, cette haine, il me l'a transmise. Son objectif était de m'utiliser pour détruire Suna, ni plus ni moins et pour y parvenir il devait tuer les dernières personnes qui représentaient quelque chose à mes yeux : l'homme que j'aimais d'un amour sincère, Tsuna; ma petite sœur que j'aimais plus que tout, Anka; Akuzu Mia & Yamada Kioshi, mes seuls amis à l'époque. Sous son emprise j'ai tué les deux premiers, les deux personnes que j'aimais le plus. Ainsi il a pu user de son genjutsu pour me contrôler. Et quelques mois plus tard est arrivé ce que tout le monde connait, la seule chose que tous les Sunajin connaissent. J'ai attaqué Suna, j'ai laissé pour morts Mia et Kioshi."

Une nouvelle pause dans ma longue histoire, et je repris; nous touchions bientôt à la fin.

"J'ai rencontré Kenji après ma désertion, il a tué mon grand père, qui ne l'était pas en fait. Et je me suis rendue compte que je l'avais définitivement perdu, lui aussi, Kenji. J'ai longtemps souhaité ma propre mort pour tout ça, je me suis longtemps dit que ce monde se porterait mieux sans moi. Puis, Kioshi est arrivé, comme un don des dieux et m'a... sauvée en quelques sortes. Ma punition pour avoir commis tant de crime et celle-ci. Je suis la Kazekage, et j'ai fait vœux de protéger Suna jusqu'à mon dernier. Aucun repos pour moi, aucune retraite dans de lointaines montagnes."

Je relevais la tête, l'observant un instant.

"Tu connais maintenant l'histoire du Sunajin. Voilà ce qu'il faut vivre pour être capable d'amener la paix à notre monde. Tu n'as pas besoin de me battre pour y arriver, seulement de me prouver que tu ne recherches pas la puissance à tout prix, car son prix est bien supérieur à ce que tu peux imaginer."

Achevais-je.