La pluie martelait sa vitre quand il se réveilla. Un son plutôt agréable jugés par certaines, mais uniquement lorsque l'on se trouvait du bon côté de la fenêtre. Pour les autres, dehors, cela l'était probablement moins. C'était une de ces chaudes averses d'été, qui accompagnait un climat lourd et une température déjà bien haute de si bon matin. Natsuki repoussa le drap qui le couvrait à peine, et se leva, trempé de sueur autant par la nuit agitée que la fournaise de sa chambre. Son père était déjà dans la salle à manger lorsqu'il sortit de la douche, à profiter enfin de quelques jours de repos chez lui après tant de mois passés à l'extérieur. Enfin, d'un accord tacite, c'était presque devenu '' chez son fils '', lequel faisait vivre la maison et se chargeait de l'entretenir.

Les retrouvailles avaient été tendres la veille. Chacun avait pu raconter quelques unes de ses histoires sur le front, et montrer la poignée de nouvelles cicatrices qui bardaient leur corps, anecdotes de ces souvenirs de missions dévoilés. Et comme à chaque fois que les deux Nara se retrouvaient, ils s'étaient battu dans le dojo familiale. Un combat comme Natsuki en avait toujours vécu avec son père depuis qu'il était en âge de se lancer dans les confrontations physiques. Un moyen pour Tajima, son paternel, d'évaluer les progrès de son fils et de s'assurer qu'il ne s'était pas tourné les pouces depuis leur dernière rencontre – qui celle-ci remontait vraiment – et pour Natsuki de faire ses preuves, démonstration pratique du fruit de ses efforts à l'entrainement comme sur le terrain. En fonction du résultat de ces affrontements, si son père était satisfait, il lui enseignait les bases d'une nouvelle technique secrète issu du clan Nara. A lui de se débrouiller pour la maîtriser.

Toujours est-il que ce combat là avait été particulièrement musclé, le Manipulateur des Ombres tatoué étant devenu parfaitement apte à encaisser et répondre à feu nourrit à chacun des assauts de son père. Tajima redécouvrait son fils avec une fierté grandissante, lequel était devenu un homme, et Natsuki retrouvait son père, le repère qui lui avait beaucoup apprit et l'idéal de droiture qu'il aspirait à devenir un jour. Un projet grandement contrarié par le maléfice qui corrompait son sang...

Ce matin là donc, les deux hommes s'étaient retrouvés avec le sourire, arborant sur leur visage et dans leur posture les restes de la confrontation d'hier : hématomes, ecchymoses, courbatures et jambes boiteuses. Tout autant de sévices qu'ils portaient fièrement, prix à payer pour l'après-midi formidable qu'ils avaient passé ensemble. Natsuki avait retrouvé les bras puissants de son père, dans lesquels il était toujours le petit garçon de jadis élevé, rien d'autre n'avait d'importance. Aujourd'hui encore cependant, il était prévu qu'il se rende dans le dojo du clan mais en compagnie différente cette fois-ci. A sa requête, Natsumi devait l'y rejoindre dans l'après-midi. Une fois n'était pas coutume, il lui avait demandé d'échanger les rôles avec lui, troquant l'un et l'autre leur place respective de formateur et d'étudiant. La raison en était simple : l'une des techniques du répertoire de la jeune femme l'intéressait grandement, aussi il lui avait demandé si à l'occasion elle aurait le temps de la lui enseigner. Convenu sur une date, ils devaient se retrouver chez lui aujourd'hui dans l'après-midi. En fonction de la météo, l'exercice devait se pratiquer soit en extérieur sous le soleil, sous en intérieur à l'abri de la pluie. Le temps ce matin avait choisit.

Enfin, il avait encore plusieurs heures pour se préparer avant que Natsumi n'arrive. Elle savait où il habitait de toute façon, pour être déjà venue le trouver une fois.

Devenir l’enseignant de mon sensei ? Jamais je n’aurais cru qu’une telle chose arriverait. Pourtant, c’est bien ce qu’indique la demande de Natsuki. Lors de notre dernier entraînement, j’ai utilisé sur lui l’un de mes genjutsu basique… Ma technique permettant de faire croire à l’adversaire qu’un brouillard se lève sur le terrain. Cette technique, c’est mon père qui me l’a apprise il y a quelque temps. D’après lui, elle serait inspirée d’un jutsu que beaucoup de Kirijin connaisse. En effet, étant le village caché de la brume, une grande partie d’entre eux savent lever une épaisse brume sur le terrain.

Malheureusement, ce ninjutsu avait un problème majeur. L’utilisateur lui aussi était victime de la visibilité réduite. C’est donc pour cela que mon père en a fait une variante en version genjutsu. Ainsi, seule la cible est prise dans le brouillard. En contrepartie, cela n’affecte qu’une seule personne… Mais je préfère encore ça que de ne plus rien y voir moi aussi. Dans le pire des cas, si je veux réduire la visibilité de tout le monde, les fumigènes sont là pour ça. Au final, c’est mon sensei qui me demande de lui transmettre cette technique, à croire qu’elle va devenir récurrente chez les konohajin si Natsuki l’apprend à son tour à d’autres personnes.

Suite à sa requête, nous avons fixé un rendez-vous chez lui aujourd’hui même. Cette après-midi, je dois me rendre chez le Nara pour lui apprendre cette technique. Je suppose que nous irons au terrain d’entraînement pour cela… enfin je pense. C’est tout de même bizarre qu’il ne m’ait pas demandé de venir directement là-bas d’ailleurs. Pourquoi chez lui ? Boarf, je verrais bien pourquoi tout à l’heure. Pour l’instant le plus important, c’est que je sorte de mon lit pour aller me préparer et manger. Pas le petit déjeuner non, vu que je suis une grosse feignasse qui fait une grasse matinée, je passe directement au déjeuner.

Me glissant hors de mes draps comme une larve, je vais tranquillement me prendre une douche. Une fois cela fait, je me m’habille et me coiffe comme à mon habitude avant d’aller rejoindre mes parents dans la cuisine. Ces derniers me lancent d’ailleurs un regard accusateur alors qu’ils sont déjà à table.

- Ce n’est pas raisonnable de dormir aussi tard Natsumi.
- Rohlala, pour une fois que je m’autorise ça, tu ne vas quand même pas me le reprocher papa !
- Ton cerveau risque de prendre l’habitude de dormir autant et ce n’est pas très recommandé pour une Kunoichi.
- …Okay c’est bon j’ai compris, je vais éviter de faire des grasses matinées à l’avenir…

Je vais juste faire attention d’en faire pendant que vous serrez en mission ouais ! Bref, c’est sur cette magnifique entrée en matière que je m’installe à mon tour autour de la table. Pendant quelques minutes, un silence gênant règne à table. En même temps, ça devait arriver vu qu’ils se sont décidés à me reprocher quelque chose dès le réveil ! Cette fois, c’est ma mère qui brise le silence.

- Tu as prévu quelque chose cet après-midi ? Sinon je pourrais peut-être t’apprendre la dernière technique que j’ai mise au point.
- Natsuki m’a demandé de lui apprendre une technique cette aprèm, donc je ne serais pas disponible… Désolé.
- Ce n’est pas grave, ce sera pour la prochaine fois alors.
- Peut-être qu’un petit aperçu de la technique pourrait me mettre l’eau à la bouche…
- Ne rêve pas trop, tu sais très bien que je ne te dévoile jamais mes techniques avant de te les apprendre. C’est ce qui fait le charme de mes apprentissages d’ailleurs !

Rofl, même pas j’insiste. Ma mère est encore plus têtue que moi et surtout en ce qui concerne les entraînements ! M’enfin pas grave, aujourd'hui mon après-midi est consacré à Natsuki.

Une fois l’estomac plein, je retourne dans ma chambre chercher tout mon matériel Shinobi. Puis, je quitte la maison pour prendre la direction de chez Natsuki. En moins de 5 minutes, je me retrouve devant sa porte. En même temps, le quartier des Nara est juste à côté de celui des Yamanaka et des Akimichi alors bon. Voyons voir si mon sensei est prêt pour l’’apprentissage…

L'après-midi débutait. Natsuki avait fait démonstration à son père de ses progrès dans l'art culinaire à l'occasion du repas, bien qu'il n'avait reprit le tablier que depuis peu. Il s'était arrêté un bon moment, alors que la nourriture n'était plus que mélasse fade dans sa bouche et que son esprit était tiraillé par d'autres préoccupations, une absence de goût total pour la vie étant l'un des principaux. D'après les dires de Tajima, il n'avait pas perdu la main, ce qui était quelque part rassurant pour lui, et confortait son mensonge.

Conformément à la charte tacitement signé par tous les membres de cette famille Nara, '' celui qui cuisine n'est pas celui qui lave ". Ce fut donc Tajima qui écopa de la vaisselle, son excuse '' je n'étais pas à la maison depuis longtemps, laisse-moi me reposer '' étant parfaitement ignorée. Natsuki n'était en conséquence pas davantage occupé que discuter avec son père ayant les bras plongés dans l'évier lorsque l'on frappa à la porte. C'est vrai qu'il n'avait toujours pas fait changer la sonnette. Ce n'était pas trop sa priorité cela dit.

« Bonjour Natsumi. Merci d'être venu. » salua-t-il en ouvrant la porte d'entrée pour y découvrir celle qu'il avait invité.

Risquant un coup d'œil – lequel était entouré d'un hématome violacé qui se mélangeait presque à son tatouage - par dessus la tête de la jeune femme, il pu voir que la pluie avait perdu en intensité dehors. Elle était toujours là, mais au moins elle ne rinçait pas jusqu'aux os sitôt que l'on pointait le nez hors d'un abri couvert. Ayant déjà enfilé ses chaussures avant d'ouvrir, il ne fit un pas en arrière que pour saisir deux parapluies, dont un qu'il lança en passe à son amie dépourvue d'accessoire.

« Vu le temps, je pense que l'entrainement en extérieur tombe un peu à l'eau, si je puis me permettre l'expression. Nous allons nous rabattre sur le dojo de mon clan du coup, nous n'avons pas besoin de grands espaces ouverts après tout je pense. A plus tard Papa. » lança-t-il par-dessus son épaules à la fin avant de refermer la porte.

Il ne proposa pas les présentations, personne n'aimant vraiment en rencontrer d'autres à l'occasion de la corvée vaisselle. Sauf dans la restauration peut-être, trait qui tenait principalement du critère d'embauche.

« C'est par là. » indiqua en ouvrant aussi simplement le chemin que son parapluie.

Au moins une insigne du clan Nara se promena ainsi, brodée sur la toile et tournée vers le ciel, au sein du quartier où vivaient la grande majorité des Manipulateurs des Ombres. Le trajet fut court, et très vite, le duo se trouva en face de l'entrée du dojo dont Natsuki avait parlé. Le bâtiment était on ne peut plus classique, et en présentait tous les clichés les plus connus. Autrement dit, dans une époque où cela était fait courant, il n'avait rien de particulier. C'était un simple établissement sans étage, dont l'escalier menait à un chemin de ronde tout autour et à une large double-porte surmontée de l'enseigne aux kanjis peint à la main. Le Nara tatoué grimpa la demi-douzaine de marches avant de s'arrêter devant la porte où il laissa posé son parapluie. D'une rapide succession de mudras, il attrapa fermement la poignée, et s'immobilisa. Quelques secondes plus tard, le bruit d'un verrou désenclenché résonna, alors que son ombre discrète avait terminé de s'affairer sur les rouages. C'était surtout tape-à-l'oeil comme système, puisque chacun savait qu'une porte verrouillée arrêtait rarement un shinobi motivé.

« Sois la bienvenue en ces lieux, Yamanaka Natsumi. » ponctua Natsuki avec cérémonie et amusement dans la voix en ouvrant en grand le passage, permettant ainsi à la jeune femme d'avoir une vue directe sur l'entrée, laquelle n'était marquée que par deux portes, chacune donnant dans un vestiaire.

Il les referma bien vite une fois son amie entrée, et la guida jusqu'à la salle principale après s'être déchaussés. Là encore, la disposition des lieux tenait dans le commun : des bancs sur les côtés, un petit autel avec le portrait des membres fondateurs des Nara sur le mur du fond, et près de 150m² de lattes de bois montées sur caoutchouc en guise de plancher. De quoi accueillir du monde, mais aujourd'hui, il n'y avait en avait que deux : une jeune femme étrangère au clan, mais fortement lié à lui, et un homme tatoué désireux d'apprendre. Seule la pluie sur le toit brisait le silence qui régnait en ces lieux.

« Je pense que nous serons tranquille ici. » sourit-il simplement en foulant le sol de ses pieds nus. « Si tu es prête à commencer, je le suis à t'écouter. »

Inutile d'ajouter un cliché de plus à la liste en allant s'installer spécifiquement en plein centre de la pièce : le sol n'y était pas plus chauffé qu'ailleurs.

Comme attendu, c’est bien mon sensei qui ouvre la porte. Après de brèves salutations, je remarque que le Nara à quelques hématomes sur le visage. Pas que le visage d’ailleurs. Les rares endroits où sa peau est visible sont couverts d’éraflure ou de bleu. Tout cela est sûrement dû à une mission récente qui ne s’est pas déroulé comme il le voulait, enfin je suppose. Enfin bref. En premier temps, Natsuki m’offre un parapluie afin de contrer ce crachin que nous offre le ciel. Sur le coup, je préfère me taire et accepter gentiment… mais je n’en ai pas vraiment besoin pour dire vrai. Qu’importe que mes vêtements soient mouillés, je peux retirer l’eau qu’il y a dans mes vêtements en l’utilisant pour un jutsu suiton. C’est quelque chose de toute bête que m’a appris mon père…

Tout ça me fait supposer qu’on ne va pas rester chez lui et la suite de la conversation ne fait que confirmer cela. Moi, Natsumi, je vais avoir l’honneur de pénétrer dans le dojo du clan Nara. A vrai dire, je ne sais pas si je dois me sentir honorer ou si c’est quelque chose de tout à fait banal. Vu comment est la relation entre nos deux clans, je suis sûr que je ne suis pas la première Yamanaka à avoir cet honneur.

Après avoir brièvement salué son père, nous nous mettons en route, parapluie à la main. Suivant le guide, nous arrivons devant une bâtisse assez grande qui semble être notre destination. Rien de bien particulier, un dojo tout ce qu’il y a de plus simple. Cependant, quand nous arrivons à l’entrée, Natsuki reste quelques secondes la main sur la porte. Puis, un cliquetis retentit, signe que la porte est ouverte. À mon avis, il doit y avoir un truc spécial pour que personne ne s’introduise dedans sans être un membre du clan. Ouvrant les grandes portes, Natsuki lâche une petite phrase assez prévisible.

- Merci bien, Nara Natsuki.

Oui, c’était plus sur le ton de la rigolade qu’autre chose. Il faut dire que cette entrée fait un peu grand temple où tu vas trouver la sagesse éternelle hein. Sans plus attendre, nous pénétrons dans le dojo après nous être déchaussés. Natsuki nous mène rapidement jusqu'à notre destination finale. Une grande salle tapissée de latte de bois et entouré de bancs. Sans oublier le petit autel qui trône fièrement. Sûrement les membres importants du clan ou quelque chose dans le genre. Le Nara ne tarde d’ailleurs pas à préciser que nous pouvons commencer.

Bien… Je vais devoir apprendre une technique à mon sensei… Plus j’y pense et plus je trouve ça étrange. Je ne sais même pas par où commencer. Il faut dire que je n’ai jamais appris de jutsu à une personne. C’est donc d’une voix hésitante que je prends la parole.

- Alors… Déjà, même si c’est un genjutsu assez simple, il faut que je sache si tu as quelques notions en genjutsu.

On commence donc par la partie théorique.

- Par exemple, comment lancer un genjutsu. Le fait qu’il faut faire pénétrer son chakra directement dans le cerveau de la cible entre autres.

Prenant une grande inspiration, j’essaie d’être le plus clair possible tout retenant au maximum ma nervosité.

- Après, comme tu l’as sûrement deviné, ce genjutsu touche au visuel. Il faut donc s’attaquer à la partie du cerveau qui s’occupe de la vue.

Inutile de s’attaquer à tout le cerveau alors que l’on veut s’attaquer qu’à un sens.

Assit en tailleur à même le sol, Natsuki ne pu réprimer son envie de rire. C'est donc quelque chose d'autre qui se chargea de la dévorer avant même qu'il n'ouvre la bouche, ne laissant qu'un sourire consumé sur ses lèvres.

« Je te sens un peu perplexe Natsumi. C'est le fait que l'on ai échangé les rôles qui te perturbe, ou bien simplement parce que tu ne sais pas trop comment enseigner ? » demanda-t-il d'une voix douce pour la détendre. « Dans les deux cas, tu n'as pas à t'inquiéter : j'apprends de mes étudiants chaque jour plus que tu ne le crois, et tu t'y prends très bien pour le début. Connaître les bases de celui que l'on forme est essentiel pour savoir par où commencer. »

L'air de rien, enseigner n'était pas si évident : apprendre à l'Autre, cela s'apprenait. Natsuki avait fait son expérience sur le tas, ne pouvant décemment compter sur le (non) travail d'apprentissage de celui qui s'était prétendu son formateur. Quant à celui de son père, il était particulier. Efficace, puisqu'il avait de son fils l'homme qu'il était aujourd'hui, mais particulier...

« Bien, assez de pommade. Plongeons-nous dans le vif du sujet. Non, je n'ai pas de notions autre que basiques dans le domaine du genjutsu. Je sais qu'il s'agit d'altérer la perception du monde d'un individu en perturbant le flux de son chakra par le biais de l'un des cinq sens. Les moyens varient en fonction du sens visé, de l'effet attendu et du niveau du lanceur, mais la méthode la plus simple est l'utilisation du son, qui forme un support '' concret '' pour la technique. »

Hochant la tête, Natsuki gratta son menton imberbe alors qu'il réfléchissait à ce que lui avait déjà expliqué Natsumi.

« Bien, s'il faut cibler précisément la partie du cerveau qui concerne le visuel, alors il s'agit du lobe occipital, situé à l'arrière du crâne. J'imagine donc que le moyen le plus simple de perturber le flux de chakra qui y circule afin que des informations erronées soient envoyés est de passer par le sens de la vue. Quel autre chemin prendre, sinon le plus direct ? »

Pour autant qu'il en sache, il n'était pas nécessaire de passer par un sens spécifique pour arriver au résultat escompté. Par exemple, il était tout à fait possible de plonger son adversaire dans une hallucination visuel en passant par le conduit auditif. Cela compliquait simplement la tâche, puisque le réseaux de chakra ne menait pas directement à l'endroit désiré.

« Ma question est maintenant : comment je dois m'y prendre ? C'est peut-être évident pour toi, qui est capable de projeter ton énergie et ton esprit à travers ton corps aussi naturellement que de respirer, mais je t'avoue que je n'en suis pas encore là, malheureusement. » rappela-t-il en passant ses doigts dans ses cheveux avec une moue souriante.

Ouvrant sa main gauche devant lui, paume vers le plafond, il fit apparaître une sphère d'eau que Natsumi connaissait déjà.

« Je sais seulement expulser mon chakra sous forme physique pour le moment. Mais j'apprends vite, ne t'inquiète pas. » précisa-t-il avec un clin d'œil entendu.

Ouais bon d’accord, Natsuki a directement remarqué mon mal à l’aise. Il faut dire que je n’arrive pas à cacher mes sentiments, surtout à une personne qui commence à beaucoup me connaître comme lui. Monsieur se permet même d’en rire, ce qui entre nous, n’est pas très très gentil. Heureusement, c’est d’une voix tendre qu’il reprend la conversation afin de me mettre plus à l’aise. A vrai dire… Je ne sais pas pourquoi, mais quand Natsuki me parle comme ça, ça a toujours le don de me détendre. À force d’avoir été protégé par lui, rien que sa voix me fait me sentir en sécurité. Tant mieux j’ai envie de dire.

Suite à cette petite introduction, Natsuki prend bien el temps de répondre à mes questions. Même s'il déclare ne pas trop s’y connaître au départ, son analyse future me montre bien qu’il s’y connaît bien plus qu’il ne le croit. Sans parler de ses connaissances en anatomie. Rien qu’en lui disant quel sens il faut altérer, il arrive à savoir quelle partie du cerveau il faut viser. Même une utilisatrice de genjutsu telle que moi ne s’y connaît pas autant. Heureusement pour moi, mon élève d’un jour semble être un minimum préparé à recevoir mon enseignement. Voilà qui devrait réduire la complexité de cet apprentissage.

Puis, après avoir répondu à mes questions, le Nara me demande tout simplement, comment altère les sens de l’adversaire. Il n’a pas tort sur un point… Moi je fais ça naturellement, notamment grâce à mon pouvoir héréditaire. Natsuki, lui, ne sait expulser son chakra que sous forme physique. Il m’en fait d’ailleurs une brève démonstration en faisant apparaitre une sphère d’eau. Du suiton hein… La forme de cette sphère me fait penser à mon châtiment des océans… M’enfin bon, nous ne sommes pas là pour parler suiton.

- Tu as beaucoup plus de base que je pensais. Toute la partie théorique semble assimilée de ton côté… De ce côté-là, je n’ai plus grand-chose à t’apprendre à mon avis.

Après une brève inspiration suivie d’un sourire, je reprends pour pointer le problème du doigt.

- Comme tu l’as dit, le gros problème que nous avons est le fait que tu ne sais pas expulser ton chakra sous forme « spirituelle ». C’est compréhensible pour une personne qui ne maîtrise pas le genjutsu, mais c’est sûrement ce qui va être le plus difficile à faire.

A vrai dire, je ne sais même pas comment lui expliquer comment faire. Étant Yamanaka, j’ai appris à expulser mon chakra de façon spirituelle, avant même de voir la façon physique. Voyons voir… Je n’ai qu’à comparer un de mes ninjutsus suitons avec un de mes genjutsu. Je ferme alors les yeux quelques secondes en respirant de façon régulière. Une fois ceci fait, je rouvre les yeux directement en direction de Natsuki.

- Quand tu as créé cette sphère d’eau, tu as d’abord dirigé du chakra dans ta main, tu as changé sa nature et pour finir tu à expulser le chakra en lui donnant la forme que tu voulais.

C’est là que tout change.

- Pour user d’un genjutsu, tu dois changer indirectement sa nature et le « diffuser » lentement. Change sa nature de l’intérieur, sans que ça se voie de l’extérieur et fait sortir ton chakra lentement par tous ton corps.

Voici la première étape. S’il arrive déjà à faire ça, nous aurons fait un grand pas en avant. La suite risque d’être presque aussi dur à mon avis, car après avoir diffusé son chakra, il faut le concentrer sur l’adversaire. Sans parler de la précision pour perturber la vision… On n'est pas sortie de l’auberge j’ai envie de dire.

Pensif, Natsuki bascula sa tête en arrière, et ferma les yeux. Il tritura et retourna dans tous les sens ce que lui avait dit son amie et mentor du jour, cherchant à comprendre comment il devait procéder.

« Je veux bien en changer indirectement la nature, mais pour passer du brut à quoi ? »

Il concevait mal recourir à l'un des cinq éléments naturels pour réaliser un technique d'hypnose. Du coup, il tournait un peu dans le vague pour le moment. Il essaya tout de même, pour ce qu'il croyait en avoir comprit. Le genjutsu faisait partie de la base dans les atouts shinobis après tout, il ne cherchait pas à réaliser quelque chose de compliqué. Certes ce domaine constituait son plus gros point faible, mais rien qu'il ne pouvait parvenir à surmonter : sur le chemin de montagne qu'était l'art de l'illusion, il ne comptait pas aller plus loin que l'auberge au pied du mont.

Il commença par faire ses retrouvailles avec le réseau de chakra qui composait son corps. Il avait beau l'utiliser tous les jours, c'était comme le mode d'emploi d'un micro-onde : l'on se sert régulièrement de l'appareil, mais ce n'est pas un mal que de consulter de temps à autre le manuel, l'on y apprend beaucoup. La respiration tranquille, dans le rythme régulier qui correspondait à celui de la méditation, il prit conscience de la circulation de son énergie. De toutes les techniques qu'il avait apprit et maîtrisé au fil du temps, il avait toujours procédés ainsi en guise de point de départ : repérer comment il devait s'y prendre, et par où passait le chakra pour aboutir au résultat. Une étape importante pour qui voulait se montrer capable de produire les effets désirés le plus rapidement possible. Une seconde de gagnée, cela pouvait paraître peu, mais en plein combat, elle pouvait marquer la différence entre la victoire et la défaite, entre la survie et le trépas...

Ceci fait, et faute de savoir quoi en faire, il s'essaya à la transformation indirecte... sans trop comprendre comment s'y prendre exactement, ni vers quoi. Faute de pouvoir faire mieux, il tenta avec le vent, l'élément le moins physique qu'il connaissait, et avec lequel il était le plus à l'aise. Même si ce n'était pas ainsi qu'il fallait procéder, il l'avait comprit, il était plus simple d'arriver à une finalité en la découpant en plusieurs étapes. D'acquit minime en acquit minime, il finira bien par obtenir un résultat. Il réalisa sa première tentative de malaxer sa puissance autrement qu'à l’accoutumée, mêlant l'air contenue dans son sang et ses poumons à son chakra, puis l'extériorisa doucement par l'ensemble de son corps. Cela, il savait déjà le faire, même si quand il l'exécutait c'était plutôt pour déclencher des bourrasques terribles autour de lui. Il avait assez de contrôle dessus pour que ce ne soit pas le cas aujourd'hui. L'énergie se diffusa alors tout autour de lui, agitant doucement ses vêtements et ses cheveux comme le ferait un courant d'air.

Il ouvrit alors doucement les yeux, continuant de délivrer le chakra qu'il avait préparé, et prit la parole :

« Pourquoi libérer l'énergie par tout le corps d'ailleurs ? C'est en général plus simple de la concentrer en un point unique, à ce que je sache. Cela d'une part, de l'autre je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi le concept de la transformation indirecte. J'ai essayé de faire quelque chose à partir de l'art du Vent là, mais je ne sais pas si c'est l'effet attendu. »

Le ventilateur humain de puissance 1 qu'il était devenu s'éteignit, ses efforts se terminant sur un soupir. Puis il releva les yeux, et sourit en attendant les commentaires et appréciations de Natsumi.

Après une microseconde de réflexion, Natsuki me pose déjà une question qui m’arrête net. Un aspect que je n’avais pas abordé dans ma réflexion. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que je ne sais pas vraiment la réponse non plus. Comme dit précédemment, je fais ça naturellement maintenant donc je ne sais plus trop toutes les étapes avec précision. Quand ma mère m’a appris tout ça, je devais avoir 10 ans… Autant dire que ça commence à faire un peu loin du haut de mes 16 ans.

- Je t’avoue que je ne sais pas vraiment… du moins je ne sais plus.

Peut-être devrais-je prendre le temps de réfléchir à cela de mon côté pendant quelque temps. Tant mieux, mon sensei semble prêt à essayer une première fois. Il ferme délicatement les yeux et commence à se concentrer. De mon côté, je me concentre pour trouver une explication. J’analyse mentalement mes propres souvenirs, ceux où je crée une illusion dans l’esprit de l’adversaire. Après quelques secondes à parcourir mes propres souvenirs sans l’aide d’un quelconque jutsu, je trouve à peu près ce que je cherche.

Comme on peut se le douter, ce n’est pas avec une quelconque affinité qui est nécessaire. Il faut tout simplement passer du chakra brut au chakra illusoire. Un chakra qui lui-même peut être confondu avec un genjutsu. C’est tellement évidemment que je ne m’en souvenais plus. Pour faire une mer de flamme, il faut passer de brut à katon… Il est donc logique que pour faire une illusion, il faut passer de brut à illusoire.

Je me reconcentre sur mon élève d’un jour. Ce dernier se met à émettre du vent de tout son corps. Une brise plus ou moins forte vient tranquillement se mêler à mes cheveux. Je suppose qu’il a essayé avec le vent vu l’absence de réponse de ma part. Seulement, il semble comprendre qu’il n’est pas trop sur la bonne voie puisqu’il arrête de diffuser son chakra après m’avoir une nouvelle fois questionné. La première étape n’est pas aussi facile que ce que je pensais. J’inspire un grand coup et me remets à mes explications.

- J’ai traversé mes souvenirs pour analyser comment je fais pour créer une illusion. En ce qui concerne le type de chakra qu’il faut obtenir avec transformation, il s’agit tout simplement d’un chakra illusoire. Une nature de chakra propre et unique qu’utilisent tous les utilisateurs de genjutsu. Il faut que tu essayes de passer d’un chakra brut à un chakra illusoire donc.

Pour une personne qui n’utilise pas d’illusion, cela risque d’être dur. Mais j’ai confiance en Natsuki. Il est fort et intelligent. Nul doute qu’il va y arriver plus rapidement que je ne l’imagine.

- La raison est simple. Si tu diffuses ton chakra illusoire en un seul point, n’importe quelle personne qui sera à côté de toi sera touché par ton illusion, ce qui utilisera le chakra. Il se peut même que tu te plonges toi-même dans ton genjutsu. En la diffusant tout autour de toi, tu évites qu’elle soit assez concentré pour s’attaquer au plus proche.

Je crois que je n’ai jamais autant donné d’explication à une personne. L’avantage est que ça me fait réviser aussi les bases. Même si je le fais naturellement, ça peut toujours servir de revoir mes bases.

Natsuki afficha un sourire qui ressemblait à une moue, à moins que ce n'était l'inverse. Il est vrai que présenté ainsi, cela ne pouvait être plus facile, tout comme cela l'est d'affirmer que pour gagner un combat, il suffit d'être plus fort que l'autre. Qu'est-ce que c'était exactement, un chakra de nature illusoire ? Il médita un bon moment là-dessus, en potassant les explications de Natsumi. En conclusion, il arriva à l'idée qu'effectivement, c'était peut-être aussi simple que ce qu'elle prétendait. Quelque chose avait fait '' tilt '' dans son raisonnement, il tenait un bout. Ne restait plus qu'à vérifier si c'était bien le bon, et il n'y avait qu'un seul moyen pour s'en assurer.

« Je n'en suis pas sûr, mais je crois que j'ai saisi le principe. J'ai juste besoin d'une mise en pratique. Tu veux bien servir de cible à mon genjutsu ? »

S'il fallait charger son chakra pour en faire une illusion, alors cela devait être dans ses cordes. Il s'essaya d'abord à un effet qu'il pensait plus simple qu'une hallucination de brume : l'inspiration d'un sentiment. Son choix se porta sur celui qui connaissait le plus : la terreur. Une émotion qu'il avait apprit à tuer depuis tout jeune, afin que jamais ce poison froid n'entrave ses mouvements et ne perturbe son jugement. La peur était source de mort, car elle laissait démunie face à celui qui l'inspirait. Une fois dominée, il suffisait de ne pas confondre l'absence de crainte et la témérité aggravée pour espérer vivre vieux. Dans son cas, et malgré sa vie d'entrainement, l'horreur avait réussit à reprendre le dessus voilà près d'un an, quand Machi avait réveillé le monstre qui sommeillait en lui. C'est un souvenir qu'il distilla donc dans son chakra, celui dans lequel la peur dans sa forme la plus pure l'avait tétanisé jadis, le rendant misérable alors qu'il sentait pour la première fois son âme se faire engloutir dans un torrent de haine, et son humanité disparaître au profit de ses pulsions meurtrières, métamorphose monstrueuse et irrémédiable en une entité qui n'existait que pour détruire. La perte de l'homme qu'il était, et l'effondrement de tout ce pourquoi il s'était battu jusqu'à présent. Il n'avait pas d'émotion plus forte, de sentiment plus délétères en mémoire : l'idéal pour son essaie.

C'est donc la peur qu'il insuffla dans le chakra qu'il malaxait en lui, la laissant pénétrer dans l'énergie comme de la crème sous la peau. Lentement mais sûrement, il la chargea jusqu'à ce qu'il sente le moment venu, après quelques minutes de préparation et d'effort psychique puis la projeta vers l'avant, brève déferlante de chakra invisible. Il n'était pas sûr du mode de réception par lequel Natsumi allait être frappé, aussi il visa large, à défaut d'optimiser sa consommation de chakra. L'important était déjà de réussir ce premier palier, pour le reste il aura le temps de se pencher dessus ultérieurement. L'autre versant dont il n'était pas sûr, c'était comment son amie allait réagir sous l'emprise de son esquisse de technique maladroite. Par sûreté, il posa sa main sur celle de la jeune femme, prêt à lui envoyer une dose de rupture d'énergie pour annuler les effets qu'il avait provoqué.

Sur le papier, s'il arrivait au résultat attendu, alors créer l'illusion d'une brume dans l'esprit de son adversaire était à sa portée : il n'avait qu'à mélanger son chakra à l'image d'un brouillard visualisé dans son esprit et à projeter le tout sur sa cible. Viendra ensuite le temps d'apprendre à faire cette gymnastique spirituelle plus rapidement et plus efficacement. Mais une chose après l'autre, d'abord le début.

« Comment te sens-tu ? » lui souffla-t-il sans la lâcher.

J’espère sincèrement que mes explications tiennent la route. Mon cher Natsuki ne sait pas arrêter de m’écouter pendant toute la durée de mes explications. Me lançant des regards un peu perdus de temps en temps. Cependant, une fois toutes les cartes en mains, le Nara affiche une expression de satisfaction. Il confirme ensuite ce que je pensais. Il pensait avoir compris. J’espère sincèrement qu’il a bien compris tout ce que je voulais lui dire. Il termine son intervention orale en me demandant d’être son cobaye.

- Bien sûr. Évite juste de surdoser ton illusion au cas où tu y arrives. Je n’ai pas envie de me retrouver dans une illusion que même toi tu n’arrives pas à contrôler.

C’est quelque chose de rare, mais qui arrive. J’ai déjà plongé mon père dans une illusion beaucoup plus puissante que ce que je voulais. Ça a eu pour effet de mettre K.O mon père pendant quelques heures et moi par la même occasion grâce à tout le chakra que j’avais utilisé. Il serait idiot de reproduire cette scène alors que tout se passe bien jusque-là.

Le Nara commence alors à se concentrer. Fermant les yeux et concentrant son chakra. Moi je reste là, face à lui à attendre de voir s'il arrive au résultat attendu. Je me demande bien s’il va essayer de faire apparaître le brouillard directement ou s’il va passer par une autre illusion plus simple pour démarrer. La base était bien sûr d’insuffler une émotion. Après c’est à lui de voir ce qu’il arrivera le plus à faire et quel chemin est selon lui le mieux adapté. J’ai beau être la prof’ du jour, je ne suis pas là pour lui dire exactement quoi faire.

Je ferme à mon tour les yeux et attend plusieurs secondes que quelque chose arrive. Au bout d’un certain moment, je sens quelque chose s’imprimé doucement dans mon esprit. Je sens la main de Natsuki se poser sur la mienne alors que la sensation augmente lentement mais sûrement. La peur, voilà ce qu’il a essayé de m’inspirer.
Cependant, la sensation arrête sa progression et elle n’est pas assez forte. Il a compris le principe de base en ce qui concerne le genjutsu. Son seul problème, c’est l’associer à la sensation, ou à la vue du brouillard, dans le but final. Ouvrant les yeux, je lui réponds simplement.

- Tu as réussi à m’insuffler une illusion. Seulement, elle n’est pas assez forte... ou du moins, tu n’as pas réussi à bien assimiler la peur à ton chakra.

Formant un simple mudras de la main gauche, je brise la faible sensation de peur qui m’habite. Je reprends ensuite en lui lançant un regard satisfait.

- Tu n’as plus qu’à travailler ça, en t’orientant vers le brouillard au lieu de la sensation de peur. Encore quelque essaie et tu devrais maîtriser cette technique.

Je ne pensais pas qu’il apprendrait aussi rapidement, même si on parle de Natsuki.

Natsuki afficha une expression satisfaite lorsque la jeune femme pu décrire clairement ce qu'il avait voulu lui faire ressentir. En aucune façon dans les dosages espérés, mais il s'y attendait : il savait qu'il n'allait pas réussir du premier coup avec une catégorie de techniques dont il n'avait pas l'habitude. Il avait visé haut pour arriver à une minimum effectif, et c'était le cas. Mais désormais, il avait plus ou moins cerné l'astuce, eu le déclic qui lui permettait de savoir comment s'y prendre. Ne restait plus qu'à avoir le coup de main pour réussir efficacement maintenant, et avec l'illusion qu'il désirait : le brouillard.

« Je ne crois pas que je serai capable de réaliser le genjutsu aussi parfaitement qu'une lame de vent aujourd'hui. Ce sera l'affaire d'une semaine ou deux d'ici que j'y arrive, grand maximum. Je vais faire un ou deux essaies plus concrets avec toi encore si tu le veux bien, puis je pense que ce sera suffisant : j'arriverai à me débrouiller par mes propres moyens pour le reste. » supposa-t-il en retirant sa main de sur celle de Natsumi.

Sans surprise, elle était capable de briser les effets de l'illusion d'amateur qui l'affectait d'elle-même. Le geste du Nara tatoué avait été plus une précaution qu'autre chose. Comme elle l'avait dit elle-même, les accidents pouvaient arriver s'il dosait mal son genjutsu. Bien qu'il savait globalement contrôler précisément chakra, il n'était pas infaillible non plus, surtout dans un domaine qu'il ne maîtrisait pas.

« Je ne vais pas monopoliser ta journée, j'imagine que tu as d'autres prérogatives. »

La vie de shinobi offrait l'avantage – ou infligeait l'inconvénient, selon le point de vue – d'être toujours bien remplie, pour peu que l'on s'en donne les moyens. Natsuki n'abusa donc pas davantage du temps de son amie, et s'en retourna les yeux clos à sa concentration. Même exercice, mais le niveau au-dessus. Ce n'était plus un sentiment qu'il visait cette fois-ci, mais une image, une réalité un peu plus tangible. Il commença par essayer de se souvenir quelles étaient les sensations qu'il avait perçu la veille, lorsqu'il avait été la cible du genjutsu de Natsumi. Il visualisa la brume qui l'avait entouré, comment elle était apparut puis s'était densifiée.

Mais juste avant de faire '' glisser '' cette représentation dans son chakra, il s'arrêta. Cette technique d'illusion ne faisait pas partie des plus courantes, elle '' appartenait '' à son équipière pour ainsi dire. Il lui fallait une marque distinctive, quelque chose afin que le genjutsu reste une propriété spécifique de la jeune femme, tout en restant efficace. Il n'eut pas à chercher longtemps, l'idée s'imposa d'elle-même à son esprit. Il n'avait qu'à appliquer ce filtre écarlate par lequel ses yeux haineux percevaient le monde qui l'entourait lorsque ses instincts sanguinaires et ses pulsions meurtrières reprenaient le dessus. Un sourire sans joie étira à peine ses lèvres sur son visage concentré, tandis que dans son esprit, la transformation de l'illusion s'opérait. Les minutes s'égrainèrent, puis finalement Natsuki fut prêt à libérer le produit de son imaginaire : le brouillard sanguin. Plutôt que de saturer l'air de gouttelettes d'eau, son illusion cherchait à faire croire qu'il avait levé une nappe brumeuse d'hémoglobine. Une nouvelle fois, la vague d'énergie se projeta vers l'avant, en direction de Natsumi.

La conversion n'était pas évidente, il sentait qu'il n'avait pas l'habitude du '' geste ''. C'était comme courir pour la première fois avec soudainement des poids de vingt kilogrammes sur chaque membre, et se retrouver à lancer un rocher lorsque l'on croyait tenir une pierre. Mais il ne s'inquiétait, ce genre de résultats était normal au début. Cela avait été le cas pour chacune des techniques qu'il maîtrisait actuellement.

Natsumi l'avait bien conseillé, le reste était maintenant entre ses mains.

On dirait bien que l’entraînement touche déjà à sa fin. Natsuki sait développer des facultés en un temps-record. Voilà une raison de plus d’être fière d’être son élève. Seulement, lui m’affirme qu’il ne pense pas maîtriser complètement la technique aujourd’hui. C’est plutôt logique en soi. Il est rare de maîtriser totalement une technique en l’espace d’une matinée. On peut connaître les bases, mais il y aura toujours quelque chose à travailler. Le temps d’exécution, la puissance… Tout ça est à travailler dans les prochains jours.

Il propose néanmoins de faire encore quelques essaies ensemble, ce à quoi je suis tout à fait d’accord. Étant celle qui enseigne, je suis la plus à même de dire si ce genjutsu est réussi ou non. Voilà pourquoi mon sensei ne tarde pas à se reconcentrer une nouvelle fois. Cette fois-ci, je peux voir qu’il met un peu moins de temps pour manipuler son chakra illusoire. Ce chakra qu’il ne tarde pas à m’envoyer dans le cerveau.

Seulement, la sensation diffère de la dernière fois. Cette fois, il ne vise pas la peur comme sentiment. Il ne vise pas un sentiment tout court d’ailleurs… il vise le niveau supérieur. Devant mes yeux se lève un petit voile à la couleur étrange. Ce n’est pas de la brume. Il arrive à créer quelque chose qui me bouffe très légèrement la vue, mais ce n’est pas de l’eau. C’est rouge et liquide… Ne me dites pas… Un brouillard de sang ? Étrange mais sûrement tout aussi efficace qu’un brouillard. Au moins, ça peut faire aux petits genins qui n’ont pas encore l’expérience du sang. Vraiment pas mal… Malheureusement, ce n’est pas encore bon. Son nuage de sang n’est pas assez épais.

- Sympa le coup de la brume de sang, mais elle n’est pas encore assez épaisse.

Sur ce petit contre-rendu de son action, il ressaie encore deux trois fois avec moi comme cobaye. Petit à petit, je peux voir une évolution positive dans son illusion. Au fur et à mesure, je vois de moins en moins, mais encore assez pour me battre. Son but est de réduire la vision de l’adversaire à l’état de néant. Lui supprimer purement et simplement un de ses sens. M’enfin, le reste, c’est à Natsuki de le faire. Moi, mon rôle ici s’arrête. Comme il l’a précisé plus tôt, j’ai d'autres prérogative pour la journée.

- Bien… J’espère que cette technique te sera utile dans l’avenir ! Ça a été un véritable plaisir de te l’apprendre.

Je me lève donc, m’incline légèrement en direction de mon sensei par respect, puis me dirige en direction de la sortie.

- Il est temps pour moi de m’éclipser. Passe une bonne journée Natsuki !

Je m’en vais donc, avec pour destination ma propre demeure.