La nouvelle de Kiri détruite s’était répendue comme un feu sur une poudre et face à ça la Gogyou en restait sans voix, subbitement perdue dans ses pensées...

¤Dix ans plus tôt.

Jeune créature à la mine crasseuse qui suivait un groupe à l’allure farouche, avec sa tignasse si courte, ses vêtements tout bonnement ni de son groupe, ni de sa taille, il était bien difficile de se douter qu’on avait affaire à une jeune fille. Pourtant la nature vendrait sa vraie nature bientôt, autant en profiter tant que ce n’était pas le cas...

-Bon alors tu trouves oui?!!

Grognait d’impatience le chef de cette meute aux airs sauvages et celle à qui il s’adressait ne pouvait que timidement agité sa tête pour une réponse positive. L’atmosphère était humide et l’horizon brumeux, à ce moment-là, la Gogyou n’avait aucune idée de là où elle se trouvait, elle se faisait jamais que suivre, d’une part parce que au moins, elle était plus ou moins bien logé/nourri et d’une autre, elle pouvait cacher sa vraie nature qui lui faisait tant défaut.

-Par ici...

Marmonait-elle à peine en pointant une direction du bout d’un doigt, ceci après s’être longuement concentrée sur un morceau de tissu. C’était une époque où elle avait une vie de chien et la métaphore était drôlement bien choisi. Une longue marche s’en suivait et s’était finalement avec succès que la proie humaine précisons le tout de même, était malheureusement en vue très bientôt.

-Tu restes là ! MONTE LE CAMPS !

Hurlait bientôt au loin le «chef» de l’expédition. Peut-être que c’était une fleur au fond qu’il lui faisait de la laisser là, pas sûr qu’elle avait constamment envie de supporter les spectacles glauques que sa «troupe» lui avait souvent offert. Sans broncher, la traqueuse congédiée s’exécutait, encore que, là exactement, elle ne le pourrait pas. En clair, on lui offrait le droit de trainer tous ses bagages là où, le terrain serait propice au campement. Evidemment, on ne lui avait pas facilité la tâche sur le point de chute.

-Quelle plaie.

Et c’était en trainant son premier boulet, que notre tête bleue s’enfonçait un peu plus en terre inconnue, mais sa quête fut rapidement interrompue. Une présence qui était venue la perturber...

-Qui va là?!!

Car non, rien qui ne lui était familier. Son coeur battait alors à la chamade, quand ses grands yeux scrutaient le décor pour découvrir ce qui l’attendait...

Notre jeune Gogyou avait peut-être sursauté pour rien, se dévoilait sous sa sommation deux jeunes enfants, ils avaient au moins la moitié de son âge, pas pour autant qu’elle se sentait rassurer, encore moins en voyant un gnome à l’air plus féroce qu’elle ne l’aurait jamais. Ce n’était pas le première fois pourtant qu’elle rencontrait ce genre de spécimen là, les guerres et l’ère actuelle, elle-même était de toute façon de cette vermine là justement. Un reflet d’un passé longtemps et elle était probablement le bond dans le futur du jeune duo, finalement rien ne changeait vraiment il faut croire. Il citait des noms de bande ou des chefs, la demoiselle n’avait écouté qu’à moitié, mais un réflexe la poussait à répondre de façon étrange...

-C’est bien pire que ça je crois malheureusement.

Appartenir ou faire partie au/du groupe, la frontière était assez mince au final et pourtant bien consciente qu’on ne lui pardonnerait pas l’idée folle qui l’avait traversée, l’adolescente insoussiante malgré son vécu trop sérieux désignait un sac un peu plus loin, un à peine caché par la brume.

-Y a sûrement de quoi accompagner le pain et su tissu propre et chaud avec un peu de chance pour réchauffer deux petits bouts comme vous.

Pour peu, elle aurait pu fronter le haut de leur crâne comme le faisait son frère avec elle pour la rassurer, si du moins, ils avaient été à sa portée.Tant bien que mal, la jeune Kunoichi tentait de se convaincre qu’elle ne risquait pas grand chose d’un mouflet, ça serait un comble quand même et poursuivant sa route le lourd sac à bout de bras, elle poursuivait son objectif de le traîner vers un terrain assez large et plat, en vue, lui aussi. C’était un larcin qu’elle ferait semblant de ne pas voir que Saho’ venait de suggérer aux gamins? Pas un bon exemple hein? Mais elle qui n’avait connu que cela, ne pouvait pas franchement en donner de meilleur, au moins, elle n’avait pas fini comme ceux qui «l’employaient», c’est à dire, sans plus une once d’humanité parfois, dans certains cas, souvent même d’ailleurs. Peut-être elle réalisait alors qu’au delà la punition qu’elle pouvait craindre, l’occasion qui lui était là tout de suite présentée. Rare ceux qu’elle pouvait cotoyer en libre arbitre, son regard se reporta dans l’iris noir qui l’avait fait fuir par son animosité.

-Au moins jusqu’à tard le soir, largement le temps pour préparer un repas chaud, le temps perdu avant de faire un feu, dommage que je vais sûrement en faire trop et que personne ne sera là pour le manger... Nous ne sommes que de passage ici, je ne sais pas qui sont les gens que tu as cité, mais je sais d’expérience que ton duo et toi, n’avaient aucun intérêt d’attirer l’attention de ceux qui m’employent.

Ses cheveux se liquifiait et au milieu de l’eau, Nemo, un petit poisson rouge bougeait sans s’inquiéter de l’assistance.

-Voici le mien de duo, mais c’est un secret ok? Qu’est ce que vous faites tous seuls au milieu de la nature vous deux, c’est pas un peu dangeureux, vos parents ne sont pas inquiets?

Tristement, elle connaissait la réponse.Il fallait se serrer les coudes entres vermines hein? Dommage qu’elle n’avait pas une grande expérience avec les enfants, en ce temps là, bien qu’elle en était elle-même une...

Il eut très vite le don de la faire rire, ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé, en public du moins, enfin non même. Puisque Nemo avait conquis la petite fille, la Gogyou se décidait à le laisser visible plus longtemps, non pas sans avoir guetté au loin que personne ne la verrait, ce n’était que des enfants, elle refusait de les traîter autrement que comme tel. De la chance dans leur cas au fond, bien que Saho’ n’était pas d’une nature mauvaise comme l’avait fait remarquer la compère de la petite teigne. Des parents hein? En voilà un mâlin certes, mais qui avait encore des cours de comédie à prendre.

-Tu peux m’appeller Saho’ ou Sahori, Nemo m’appelait Nanata quand il était encore humain.

Une sourire de toutes ses dents et de ses étranges dires, seul elle au fond, pouvait comprendre le sens, une longue histoire.

-Bien, bien, vos petites cernes sont sûrement les témoins de vos efforts, je pensais pas le coin si tranquille que ça pour laisser deux enfants se promener seuls, tant mieux après tout non?

Pas pour autant que la conversation l’avait fait stopper son activité, habituée à faire mille chose à la fois, il vallait pour elle de toute façon. Son tour de taquiner les bonnes manières de son cadette.

-Et vous, vous ne me donnez pas vos petits noms?!

Ce qui la ramenait à la dernière question du gamin, comment elle faisait apparaître Nemo?

-Oh, et pour ça, disons que je suis une magicienne.

Le dernier sac et si on regardait bien, on voyait que volontairement ou non, contre le tronc d’un arbre, elle avait oublié un sac au contenu utile probablement. Ce n’était pas la première fois et sa réputation gauche et tête en l’air l’aidait bien dans des cas pareils. L’habitude même dans un endroit si humide, un feu naissait facilement, comme si l’humidité se collait à elle, appeler de force, un tour de magie ? Sous le regard insistant de la petite fille, le poisson fusait d’une couette à l’autre, enchaînant les pirouettes en tout genre, il faisait le beau? Saho’, elle préparait un breuvage chaud très spécial, il était brun et au parfum sucré, elle l’avait volé au dernier pillage de la troupe et dissimulé au milieu de sa tignasse qu’elle pouvait faire naître à volonter. C’était pour une belle occasion avait-elle pensé ce jour-là. On appellait ça du chocolat et d’un signe de la main, elle les invitait à goûter en tendant des cuillières en bois.

-Alors, quel genre de travail vous faites vous deux, vous n’allez pas à l’école?

Amusant venant de la part de quelqu’un qui n'y avait jamais mis un pied, mais dans l'idéal de la jeune fille, c'était ainsi que la vie devrait se dérouler...

Voler, mendier et bien pire encore… Enfin ça s’était pour la suite que ça les attendait. Le Gogyou ne pouvait alors pas s’empêcher de rire, quelque part il lui rappelait le duo tout aussi atypique qu’elle formait autrefois avec son frère, quand ce dernier était encore tout à fait capable de la gérer…

-Ah ouais, on fait à peu près le même métier du coup.

C’était avec un spontané désarmant qu’elle annonçait cela, sans prendre plus de gants que cela, la vérité après tout…

-Enfin, on faisait, j’ai up entre-temps.. Pas sûr que cela soit mieux en fait… Allez venez goûter, raison de plus de dîner ensemble, je déteste manger seule, encore plus que de ne pas manger…

Et le retour de son éternel sourire en glissant dans la bouche de la petite le mélange sucré, qui avait visiblement un sacré succès, le tour du gamin qui lui faisait dos, la Gogyou n’insista pas pour autant, ça ne faisait qu’empirer les choses en général. Alors elle reprenait un bout de la conversation l’air de rien en sortant pour mettre à leur vue des tonnes de cochonneries sucrées qu’elle avait piqué… Encore.

-L’école si ça se mange ? Nan quelle idée ! Par contre parfois ça coute bien plus cher que de manger.

Elle riait un peu avant de reprendre, c’était rare de garder une pareille innocence en de telles conditions, étrangement ça lui faisait du bien de rencontrer des gens disons « différents » de ce qu’elle se traînait sans cesse.

-C’est un endroit où des gens t’apprennent ce qu’ils savent et qu’on apprend difficilement seul… Je n’y ai pas été non plus, mais avec mon grand frère on y jouait souvent avant.. Il faisait le professeur, il m’a appris notamment le tour de magie avec les couettes, comme écrire un peu… et lire… quelques mots.

Une éducation très rudimentaire effectivement, mais une plus suffisante que la plupart de sa bande n’avaient pas en prime… C’était pour dire. Quelques instants Saho’ se taisait pour devenir plus attentive à ce qu’il se passait autour d’elle, son regard se jetait successivement sur plusieurs clochettes tout autour, elles étaient ses alarmes… Pour le moment, leur faible son elles ne le devaient qu’au vent, sauf une qui attirait son attention d’un seul petit son rapide.

-Ah ! Ce soir c’lapin !

Juste le temps de se relever et disparaître un peu plus loin dans la brume, pas fort longtemps, elle revenait avec une bête prise sur un collet… Et subitement, devant le regard de la petite fille, elle détachait l’emprise trop serré du cou de la bête avant de la lui tendre. L’animal apeuré restait figer… Il venait peut-être de gagner sa survie.

-Et vous chassez un peu aussi ? Tu sais comment facilement attraper un lapin ?

Elle trifouillait un petit instant dans sa sacoche avant d’en sortir le matériel adéquat. Ficelle et co… Puis dans un mouvement lent mais agile de ses doigts, à plusieurs reprises elle répétait un nœud pour faire un collet, ce genre de piège était d’une efficacité réputée.

-Tu sais faire ? Tu veux essayer… ? Et toi ?

Finissait-elle par marmonnait pour le gamin plutôt récalcitrant à sa présence… Allons allons, elle ne mordait pas…