Bakushô Kal avait quitté le Palais du Mizukage après des salutations courtoises envers l’Ombre de l’Eau. Cette dernière avait accepté les termes proposés par son homologue, même si une question persistait dans l’esprit de chacun : qu’allait donner la tentative des Kirijins envoyés par surprise sur le transport de prisonniers ? Alors que le Raïkage avait proposé que l’attaque se fasse sur le retour, le Mizukage avait pris les devants et chamboulé les prévisions de son compère mais néanmoins toujours ennemi. Karasu Tsumei avait-il prévu ça ? Probablement pas.

Dans tous les cas, le balafré avait rempli sa première mission. Son message avait été transmis et l’accord que lui avait offert le nouveau chef de Kiri avait fait de sa tentative un succès. C’est ainsi qu’il quitta Kiri avec une satisfaction qu’il ne partagea pas avec les gardes qui l’escortèrent jusqu’au tunnel.

La prochaine étape était connue, la prochaine mission aussi. Mais ça n’allait pas être du même acabit ni même de la même durée que celle qu’il venait d’accomplir. Un nouveau long voyage l’attendait, et il savait depuis son départ de Kumo qu’il ne reverrait plus son village avant quelques temps. Il commençait même à s’y accommoder.

Il lui fallut deux jours pour arriver sur les côtés du Pays du Feu, et un jour pour faire le trajet jusqu’à Konoha. Le village caché de la Feuille. Le village allié… mais pour combien de temps encore ?

Je suis un émissaire de Kumo, envoyé pour parler à Myakudou Onpu ou à l’un de ses conseillers.

Simple mais efficace, le garde à qui il avait dit ça transmit le message sans la moindre question supplémentaire. L’atmosphère était bien différente qu’à Kiri, il n’y avait pas d’animosité, pas de préjugé sur la guerre. Ici, le Bakushô était en paix. Pouvait-il se considérer comme chez lui ? Non, pas encore. Mais au-delà de l’alliance qu’il y avait encore entre son village et celui dans lequel il allait pénétrer, le village shinobi d’Hi no Kuni semblait chaleureux tout en restant sérieux. Mais qu’importe le village, qu’importe le pays, qu’importe le garde à qui il s’adressait, la procédure allait sans doute être la même. Kal allait devoir attendre une probable escorte, qui l’emmènerait là où il devrait accomplir son devoir…

Tout avait commencé comme une journée tout à fait comme les autres. On se lève, on déjeune, on fait un petit réchauffement de routine pour garder la forme. Cela faisait quelques temps que j’étais de garde aux Grands Remparts et que rien ne se pointait à l’horizon. Je dois vous avouer que ce n’était pas comme je m’y attendais. Certes, la vue du haut des Remparts était impressionnante, mais je pensais que ça serait un peu plus… actif. Regardez-moi, en train de me plaindre de la paix qui régnait à la Feuille! N’avais-je pas retenu ma leçon? Voulais-je vraiment que la guerre soit à nos portes? Non, bien sûr que non, seulement… je dois avouer que j’avais hâte de me dégourdir, faire autre chose que marcher le long des Remparts. Je ne parle pas de retourner faire la guerre, mais être utile à mon village d’une autre façon. Jamais je n’aurais cru que cette chance se montrerait devant moi.

C’était en fin d’après-midi, après une journée, comme je l’avais dit, bien ordinaire. C’est là que ma journée passa d’ordinaire à hors de l’ordinaire. Alors qu’Aka et moi longions les Remparts, mon compagnon s’arrêta subitement. Devinant instantanément pourquoi il s’arrêtait ainsi – il ne faisait ça que très rarement, dans une situation bien précise – je mis aussitôt tous mes sens aux aguets, particulièrement mon odorat. Comme Aka, je soulevai soudainement une odeur qui n’était pas familière. À force de passer des jours devant cette forêt sans que rien ne se produise, la moindre variation dans le mélange des effluves me permettait de deviner que quelque chose s’en venait. Je ne la voyais pas, donc il m’était impossible de deviner si c’était un animal, une personne ou quoi que ce soit; c’est pourquoi je me postai au-dessus de la grande porte et attendit que la chose qui venait vers le village soit discernable.

Cela prit quelques minutes avant qu’un point noir apparaisse à l’horizon sous le soleil de fin de journée, puis quelques autres de plus avant que je ne puisse voir qu’il s’agissait d’une personne. Lorsqu’il arriva finalement aux portes, j’avais eu amplement le temps de l’étudier. Le plus important avait cependant été le bandeau jaune qu’il portait. Sans même voir le symbole, la couleur parlait d’elle-même. Alors nos alliés de Kumo nous rendaient une visite surprise? Allons, qui suis-je pour être au courant de ce genre de chose? D’un simple Shunshin, je descendis des Remparts pour rejoindre l’émissaire de Kumo alors que mon ninken me rejoignait d'une façon que seul les ninken étaient capable. Dès notre arrivée, on nous mit au courant des événements, auxquels j’hochai rapidement de la tête. J’étais bien sûr au courant de qui il s’agissait, sans pour autant savoir son nom, mais j’appris tout de même qu’il voulait parler à l’Hokage lui-même ou un de ses conseillers. Pas très surprenant, il n’était certainement pas venu parler au premier venu. Je pris néanmoins la peine de l’accueillir en bonne et due forme en attendant qu’on l’amène voir l’Hokage.

- Sois le bienvenu à Konoha, Kumojin. Je suis Takeo, du clan Inuzuka, et je serai celui qui t’escorterai jusqu’au palais de l’Hokage, lui dis-je en tendant la main.

J’ignorais s’il était coutume de serrer la main à Kumo, mais je tentai ma chance tout de même. Je m’étais dépêché à lui proposer mon aide pour se rendre jusqu’au lieu de résidence de Myakudou-dono, ça me ferait enfin quelque chose à faire de concret. Un émissaire de Kumo… Quel genre d’informations apportait-il à l’Hokage? Même si ce n’était pas mes affaires, je ne pouvais m’empêcher d’être curieux et de vouloir savoir. Peut-être que si je restais assez longtemps, je serais mis dans la confidence…