Natsuki a raison. Il faudrait peut-être que je ralentisse le rythme et que je souffle un peu. Depuis tout à l’heure, j’enchaîne les essaie sans prendre le temps de reprendre mon souffle. Si je continue comme ça, soit ma réserve de chakra va se vider à une vitesse impressionnante, soit mon corps va clairement dire non à cause de la fatigue. Je m’appuie donc sur mes genoux et prends de grande inspiration. Pendant ce temps, je vois Natsuki qui commence à réfléchir à quelque chose. Que va-t-il trouver ? Excellente question.

- Tu as raison, il faut que je souffle un peu. J’étais tellement à fond dedans que je m’y suis mise en extra vitesse…

Puis, la raison de sa réflexion interne m’est dévoilée. Je dois avouer que ce n’est pas bête, vraiment pas bête… Après tout on parle de Natsuki. D’un Nara qui m’a déjà prouvé de nombreuses fois à quel point il est futé. Il arrive même à émettre des suppositions tout à fait plausibles à propos d’un pouvoir qui n’est même pas sien. Le fait que ce soit un clone peut éventuellement poser problème. Comme il l’a dit, c’est un clone, pas un véritable humain. De ce fait, l’esprit est différent. Il y a une manière différente d’utiliser certaine technique Yamanaka sur des clones. La plupart de mes techniques marchent aussi bien sur un clone que sur une véritable personne, mais là, on parle d’une technique d’un autre niveau. Ce n’est pas la même chose.

- Tu as peut-être raison… Le fait que ce soit un clone ne m’a jamais posé de problèmes avec mes autres jutsu, mais là… C’est une technique bien plus poussée et puissante, donc il se peut que cela affecte son efficacité.

Il faudrait que je demande à ma mère plus de détails sur ça une fois que je serais rentrée. S'il y a bien une personne qui peut me renseigner sur ça, c’est bien elle ! Mais pour l’instant, je dois me démerder toute seule. Il faut faire avec ce qu’on a, et ça, Natsuki semble l’avoir bien compris. C’est pour cela qu’il en vient à me proposer de lier le pantin à lui et non au clone. Pour dire vrai, nous n’avons plus qu’à essayer, histoire de savoir si c’est le clone qui pose problème.

- Qui ne tente rien n’a rien comme on dit !

C’est sur ces quelques paroles que je me redresse, en lâchant bien sûr, un petit soupire. Doucement, je me replace encore une fois les bras levés. L’un en direction de Natsuki et l’autre en direction du pantin. Comme précédemment, je ferme les yeux et essaie de connecter l’esprit de Natsuki et le pantin. Étrangement, j’ai plus de facilité à lier l’esprit du Nara plutôt que celle de son clone. On dirait bien que le clone posait bien un problème dans le lot.

Au bout de quelques secondes, j’ouvre les yeux et abaisse les bras. D’un signe de tête, je fais comprendre à Natsuki qu’il est temps de faire sa partie du contrat.

Les mots de Natsuki semblèrent faire tilt dans l'esprit de son amie. Ce n'était jamais évident d'avancer dans un domaine où l'on n'y connaissait rien, ou si peu. Du coup, à part tenter de proposer des pistes hypothétiques et hasardeuses, il était un peu limité dans l'aide qu'il pouvait apporter à la jeune femme. C'était d'ailleurs son problème avec son équipe quelque part. Sur le plan technique, il était déphasé vis-à-vis de ses étudiants. Le taïjutsu constituait son domaine de prédilection, mais le corps-à-corps n'en intéressait aucun des trois. A l'inverse, deux d'entre eux étaient des pointures dans l'art du genjutsu, alors que celui-ci représentait pour lui son plus gros point faible. Au moins ils se complétaient... Heureusement, être un formateur ne se résumait pas à seulement transmettre des techniques à tours de bras, c'était même l'un des dernières choses que l'on attendait de ce rôle dans la liste de ses responsabilités. Avant tout, il devait enseigner le travail d'équipe, la stratégie, mais aussi véhiculer des valeurs. Bien évidemment, il ne pouvait pas changer la nature même de ses élèves, tout comme un garagiste est incapable de transformer une voiture X en modèle Y, mais il pouvait au moins leur offrir l'opportunité d'un nouveau point de vue sur le monde. Quelque chose qu'ils n'auraient pas pu percevoir d'eux-même de part une absence d'expérience de la vie. Et cette relation était bien sûr réciproque : l'histoire de chacun apportait au groupe, Natsuki comprit.

En parlant d'apporter, il était temps qu'il donne un peu de sa contribution. Il se prépara alors au nouvel essaie de Natsumi qui tentait de mettre au point une technique combinée qui tirait partie de leur deux clans respectifs. Cette fois-ci, il n'était plus question de lui offrir des doubles d'ombre en pâture : il allait donner directement de sa personne. Celui qu'il avait créer un peu plu tôt pour servir de cobaye à son amie se dissipa alors, suite à quoi il prit sa place et laissa œuvrer la jeune femme. Elle se concentra à nouveau, puis exécuta le nécessaire après quelques instants : à lui de tester désormais pour découvrir si le résultat sera meilleur que le précédant.

Comme pour la première tentative, il vérifia la connexion entre son esprit et le pantin de bois par strangulation. Si connexion il y avait eu, il n'en ressentit pas le moindre chatouillis. C'est ce qui était redoutable avec les techniques des Yamanaka : lorsque l'on se rendait compte de quelque chose, c'était déjà trop tard. Mais là, rien du tout encore une fois, ni pour elle – c'était un plus -, ni pour lui – c'était un échec -. Il relâcha alors sa prise, et secoua la tête en signe de négation.

« Ce n'est pas encore ça, j'ai l'impression. Remarque, ce n'est pas lui que cela va gêner, cela doit le changer un peu de prendre des coups à longueur de temps. » plaisanta-t-il en désignant de la tête leur partenaire végétal.

Par jeu, il cogna avec force dans le ventre du mannequin, afin de rééquilibrer un peu la chance, et laissa une belle empreinte de son poing dans le bois, lequel se reconstitua bien vite. A force de frapper des troncs et autres joyeusetés en acier durant l'entrainement, l'on arrivait à ce résultat là : des os tellement fissurés et reconstruit qu'ils ne sentaient plus grand chose, si ce n'était l'adversaire se brisant sous les coups. Il soupira, puis adressa un sourire à son amie :

« Allez ne t'inquiète pas, tu vas y arriv... »

Le reste de sa phrase s'étrangla dans sa gorge, alors que la respiration devenait impossible. Instinctivement, il porta ses mains devant son cou, avant de comprendre que cela ne servait à rien. Très vite, l'étreinte étouffante se relâcha.

« L'on dirait qu'il y a comme un décalage dans ta techni... » commença-t-il avec un ton rassurant, signifiant ainsi qu'il allait bien.

Cependant, il s'arrêta encore dans sa phrase, mais pour une raison différente : il venait de réaliser ce qui allait suivre... Les pieds campés dans le sol, les abdominaux serrés, il se prépara à encaisser, et n'eut pas à attendre longtemps. Une vague de douleur fulgurante chassa l'air de ses poumons, et le recroquevilla sur lui-même pour le laisser finalement à tomber à genoux et tousser. C'était stupide, il s'agissait d'une douleur qu'il encaissait, pas d'un coup : impossible d'amortir une information. Agitant vaguement la main, il signala faute de pouvoir parler tout de suite qu'il survivra.

« Je pensais que je frappais un peu plus rudement que ça... » lança-t-il dans une vague tentative de plaisanterie après quelques secondes.

Il en avait subit des plus rudes que cela. Prenant appuie sur son genou, il se releva finalement, et inspira un grand coup.

« Bon, au moins l'on sait maintenant que tu en es capable, même si je n'en ai pas douté un instant. Ne reste plus qu'à travailler sur le décalage maintenant. Mais l'on va se garder cela pour une autre fois je pense. » proposa-t-il en massant doucement d'une main son ventre.

Le résultat était encourageant, même si pour les prochaines fois il préfèrera se trouver du bon côté de la technique.

Bon, on dirait bien que cette fois-ci, la connexion n’a pas du tout fonctionné. Limite, c’est peut-être mieux qu’autre chose, surtout si c’est pour encore que l’un de nous soit blessé. Néanmoins, je commence un peu à perdre espoir… Une technique aussi difficile… Normal que je n’y arrive pas directement, mais vais-je y arriver un jour ? Là et la vraie question et c’est exactement ce que je me demande en ce moment. De son côté, Natsuki semble plus le prendre avec le sourire, allant jusqu’à plaisanter et frapper une nouvelle fois le mannequin au ventre. Une action qui ne peut que me décrocher un petit sourire.

Seulement voilà, voyant la mine dépitée que je faisais deux secondes, plus tôt, Natsuki tente de me rassurer… mais il s’arrête subitement. Exactement comme moi tout à l’heure, une sensation de strangulation le compresse la gorge et l’empêche de respirer. Instinctivement, je m’approche de lui, dans l’espoir de pouvoir faire quelque chose. Encore et toujours dans le but de me rassurer, il m’explique que ma technique à un décalage. Oui bah ça... je pense que je l’avais remarqué. Là n’est plus vraiment le sujet. On dirait bien que lui et moi comprenons en même temps ce qui va se passer…

Il y a quelques secondes, il a frappé d’un énorme coup de poing le pantin… ce qui veut en gros dire… qu’il va se bouffer son propre coup de poing. À peine-je compris ça que je le vois se tordre de douleur. Posant ma main sur son épaule, je reste là, à le fixer impuissante. Est-ce donc ça que ressentent mes adversaires ? Ne rien pouvoir faire à par regarder ou subir ? Mon propre pouvoir commence limite à me faire peur pour être honnête. Heureusement, d’un simple signe de la main, mon sensei m’indique que tout va bien. Il en profite même pour faire une petite plaisanterie. Un petit rire, plus nerveux qu’autre chose, s’échappe de ma bouche.

- Quoi qu’il arrive, tu arrives toujours à placer une petite plaisanterie toi… Ça en deviendrait limite une habitude !

Doucement, le Nara se redresse en s’appuyant sur son genou. Se massant le ventre, il souligne le point positif de toute cette histoire. Maintenant, on sait que j’en suis capable, après il ne reste plus qu’à s’occuper de ce problème de décalage. Cependant, Natsuki propose que l’on en reste là.

- Je suis d’accord avec toi. Je commence un peu à être à court de chakra et on a tous les deux besoin de repos je pense…

Tel un chat, je m’étire au maximum avant de pousser un long soupire. Je reprends ensuite la parole, ponctué d’un petit sourire.

- Merci pour cette journée Natsuki ! J’ai beaucoup appris, comme à chacun de nos entraînements !

Il ne me reste plus qu’à rentrer chez moi et à me prendre un bon bain. Oui, je prends tout le temps des bains, ça vous pose un problème ?

- À bientôt j’espère !