Les jours passaient mais ne se ressemblaient pas. Le pays du vent était vraiment un lieu très spécial. Ici, les jours ne raccourcissaient pas, les températures ne variaient que très peu, et le paysage changeait constamment sans que le décor ne subisse de réel bouleversement… comme si le temps s’était arrêté. Pourtant, la vie continuait d’avancer avec ses nouvelles surprises de jour en jour. Chaque jour était une nouvelle aventure. C’était pour cette vie que Lucy avait signé. Le ton était donné. Dès à présent, elle devait honorer ses engagements. Les récents événements qui avaient marqué sa vie étaient la preuve d’un changement radical. De nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes mais aussi et surtout, de nouveaux évènements non planifiés. C’est cela qui animait désormais le quotidien de la demoiselle.

Lucy avait désormais confiance en elle et confiance en ses capacités. Elle marchait d’un pas sûr en direction du Palais du conseil souverain. Là, elle y ferait une requête pour servir tel qu’un genin le devait. On appelait cela une mission, lui avait-on dit. Elle voulait se rendre utile mais aussi montrer de quoi elle était capable. Pourtant, malgré une confiance accrue, cela n’empêchait pas non plus un léger stress, lui faisant trouver de nombreuses excuses pour rebrousser chemin, ou du moins ralentir le moment fatidique ou elle devrait franchir ces portes. De bon matin, elle donnait le bonjour à tous ceux qu’elle croisait et rendait service à tous ceux qui le demandaient. La jeune fille se laissait distraire à la moindre occasion. Tout comme lorsque Kwizz fit ressentir son envie de s’amuser un peu, Lucy ne se fit pas prier. Chatouilles, papouilles puis soudain l’écureuil s’était caché pour ne pas réapparaitre. Au début elle croyait à une blague mais rapidement elle comprit que son compagnon ne jouait plus.

A peine avait-elle eu le temps de se faire un sang d’encre, se rappelant un mauvais souvenir, que son animal refit surface comme si de rien était, un rouleau entre les crocs et fier de lui. Il s’approcha de sa maitre et lui confia ce papier sur lequel il avait bavé. Ce dernier était scellé et l’inscription “URGENT“ y était apposé. Mais ce n’est que lorsqu’elle le consulta qu’elle comprit vraiment de quoi il s’agissait. Sa présence était requise pour accomplir une mission. Finalement, elle qui était retissant pour faire le premier pas, n’avait pas eu besoin de le faire. Ce qu’elle cherchait à atteindre depuis tôt ce matin, était directement venu à elle par la force des choses. Maintenant elle n’avait plus d’excuses, et en plus voilà qu’elle était en retard. Elle n’avait plus qu’à féliciter son courage mais surtout accélérer fortement le pas pour limiter la casse.

Elle courait dans les ruelles et restait concentrée pour ne pas se tromper d’itinéraire, si bien qu’elle ne saluait plus personne. Kwizz avait du mal à suivre. Il faut dire qu’i n’était pas vraiment habitué à une telle performance physique de la part de la genin… elle non plus d’ailleurs.
Arrivée face à ce grand palais, elle posa les mains sur ses genoux et récupéra son souffle pendant quelques minutes. En gros, le temps qu’elle avait gagné en courant, elle le perdait à ce moment présent. En même temps il était préférable d’arriver avec l’esprit clair. Elle profitait de cette pause pour parfaire sa présentation. S’excuser puis se présenter ou se présenter puis s’excuser… Dur était le dilemme.

Direction maintenant le bureau des attributions des missions… ou plutôt l’accueil, pour savoir où se bureau se situait. Les indications qu’on lui donna étaient simples : « derrière vous ». C’est là qu’elle vit deux portes qu’elle franchit délicatement, la tête basse. Elle ne remarqua aucune présence qui lui était familière. L’écureuil encerclait la taille de Lucy et cette dernière s’exprimait :

A la prononciation de ce nom, la jeune Hassei lava la tête et confirma la présence de son amie à qui elle adressa un léger sourire. Timide comme elle était, Lucy préféra se rapprocher de la sunajins pour lui chuchoter quelques mots de politesse.

Mais rapidement elle comprit l’idiotie de sa dernière question en entendant le chunin s’exprimer à nouveau.

Au moins elle pouvait se réjouir de la présence d’un autre de ses amis. Il s’agissait donc d’une mission pour trois genins. Même si cela ne s’annonçait pas simple, l’avantage était que notre chanteuse ne serait pas seule pour sa première mission. Et puis, sûrement était-ce également le début d’une belle relation.

L’intervention quelque peu désastreuse de la chanteuse n’avait visiblement pas marqué les esprits. Lucy était ravie que Satsuki s’intéresse à elle, cela prouvait à son goût qu’une amitié existait entre les deux jeunes femmes. Non pas que cela n’était pas flagrant, mais en fait, la fille Hassei avait besoin de créer des relations stables. Elle se réjouissait alors de participer à cette mission avec celle que l’on surnommait l’Acajou des sables. Cette dernière, malgré sa politesse avec Lucy, n’arrivait pas à dissimuler son impatience. Elle semblait légèrement agacée par le retard d’Eichi. Il devait avoir une bonne raison. Après tout, Lucy aussi se trouvait être impatiente. Cependant, cela était provoqué par l’excitation de son engagement.

Finalement le troisième genin de l’équipe ne mit pas beaucoup de temps à rejoindre la salle d’attribution des missions. Bientôt le chunin expliqua la mission qui leur avait été attribuée. Puis, Satsuki taquina Eishi. Cela devenait presque habituel et légèrement amusant. Le Wada prit les choses en main une fois le chunin parti. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, la rivale du jeune homme était du même avis que celui-ci. Tous deux avaient la capacité intellectuelle à analyser rapidement une situation. Cela était un atout précieux. Tout comme leur professionnalisme. A première vue, lorsque le travail en dépendait, l’un et l’autre savaient faire abstraction de leurs querelles. Même si Lucy restait convaincue que le jeune homme n’était que très peu à l’origine de celles-ci. Mais elle pouvait se tromper. Bref, comme ils l’avaient tous deux si bien dit, il fallait désormais agir et éviter tout nouvel enlèvement. C’était au tour de Lucy d’intervenir.

Elle se sentait vraiment investie d’un rôle important. Pourtant elle ne savait pas comment réagir ni si ce qu’elle faisait et proposait étaient de bonnes idées. Elle avait besoin d’être orientée pour cette première mission qu’on lui avait confiée.
En attendant, ils se trouvaient encore tous les trois dans cette pièce, à papoter alors que ces voleurs d’enfants circulaient en ce moment dans les ruelles de Suna. Bien évidement il était difficile de faire la part des choses. Cette petite réunion où l’on réfléchissait au plan d’action était nécessaire pour éviter de partir dans tous les sens et de perdre en productivité. Lucy et Kwizz se sentaient, de cette manière, importants. Importance qui fut amplifiée lorsque Satsuki distribua des rubans munis d’un sceau. Tous étaient semblables et leur utilité était certaine. Avec cet objet distinctif, on pouvait se laisser aller à croire que le trio formait une sorte d’escouade d’élite. Fièrement, mais aussi certaine de l’atout sécurité qu’il procurait, Lucy noua ce ruban autour de son bras droit. L’écureuil, quant à lui, réclamait ses friandises préférées sur l’épaule de la demoiselle. Et cela donna une nouvelle idée à la demoiselle. Elle refusa alors de donner la dernière friandise à son animal, l’obligeant ainsi à venir au contact du visage de la jeune fille. Il s’agissait d’un genre de code qui, en passant, serait trop long à expliquer. En tout cas, elle usa de ce rapprochement pour glisser quelques mots à l’oreille grise et douce de son compagnon. Lequel prit subitement la fuite.

Cela donnait l’avantage d’un effectif supérieur. D’autant plus que ce petit animal n’attirerait aucun doute. Ce choix s’avérait judicieux. Connaissant les tendances gourmandes de Kwizz, Lucy se doutait qu’il focaliserait ses recherches proches des lieux habituellement occupés par des marmots. Et puis, si l’idée n’était pas bonne, la chanteuse était en mesure de rappeler son ami sans aucun problème.

De son côté, elle attendait les indications.
D’un clignement de sils, elle regardait Eishi, puis Satsuki, puis Eishi, puis Satsuki… et ainsi de suite. L’index proche de sa bouche et les yeux plissés, Lucy jouait les enquêtrices. Elle mettait toute son énergie à tenter de rendre sa présence fructueuse. Elle ne voulait pas être un boulet.
La réflexion était obligatoire afin de définir les rôles de chacun. Cette mission n’était pas à prendre à la légère.

On acquiesça les propositions de Lucy puis chacun des deux genins prit la parole pour donner leur point de vue, ainsi que les consignes. Ils avaient un caractère de dominant, et c’était peu dire… Mais au moins, cela éviter de tergiverser pour rien. Il fallait agir au plus vite et découvrir ce qui se tramait derrière ces enlèvements. Aucun n’avait un avis à ce sujet, et cela était préférable pour garder un regard objectif. Satsuki et Eishi ne se chamaillait plus, prouvant la gravité de la mission.

Il ne fallait pas perdre de temps, profiter de ce mouvement de chahut pour se poster et interpréter le rôle que chacun avait. N’étant pourtant arrivée la dernière, la chanteuse se retrouvait encore la seule au milieu des murs qui soutenaient le Palais du conseil souverain. D’autant plus seule que Kwizz lui aussi n’était plus là. Cela faisait un sacré moment que ces deux-là ne s’étaient pas séparés aussi longtemps. Mais ce sentiment de solitude ne devait pas la ronger puisque sous peu elle allait devoir monter un poste de surveillance, et ce pendant sûrement un long moment.

Plus temps à perdre à se morfondre ou à attendre qu’on lui prenne la main pour la guider. Elle se retrouvait seule face à elle-même, dans une situation qu’elle avait choisie. Elle devait se prendre en main, et agir sur ses propres directives. Puisque l’école et la ruelle aux bonbons étaient déjà gardées, il ne restait pas de grandes possibilités de choix pour la demoiselle : le terrain de jeu. Ce lieu n’appelait pas au kidnapping, car généralement très surveillé par les parents des enfants. Cependant, les ravisseurs pouvaient très bien choisir un lieu aussi fréquenté pour faire leur repérage en toute impunité. Lucy s’y dirigea à pas touristique. N’étant pas à l’abri d’indices sur le chemin pour se rendre à son objectif, elle ne pouvait pas se permettre de les ignorer en s’engageant dans ces ruelles à pas de course. Et puis il ne fallait pas oublier qu’un tel comportement pouvait paraître louche, surtout si elle arrivait en courant près du terrain de jeu. Après une telle entrée, il lui aurait été difficile de disparaître aussitôt et de ne créer aucune méfiance chez de potentiels voleurs d’enfants.

Sur le trajet, rien d’alarmant. Aucun comportement louche n’avait été remarqué, aucune trace de lutte (bracelet cassé, morceau de vêtement déchiré…), ni même aucune discussion portant sur le sujet. En soit, rien de croustillant. Soit ces bandits étaient très doués et méticuleux, soit il commettait leur méfaits à d’autres endroits que les ruelles qu’avait emprunté Lucy. Après tout, ce n’est pas ici qu’elle comptait s’installer pour débuter ses observations. Elle n’avait été jusque lors grossièrement attentive pour avoir un comportement professionnel, mais aussi et surtout par bonne conscience.

La chanteuse arriva au point qu’elle cherchait à atteindre. Malgré l’heure de mi-matinée, le terrain de jeu était plein. Il y avait là des enfants, trop jeunes pour être à l’école, d’autres qui avaient dû profiter d’une pause pendant le programme pour venir s’amuser ici, et enfin, quelques plus âgés qui se rejoignaient ici pour flirter. Cela faisait plusieurs types de victimes potentielles. Si seulement l’un des genins avait pris l’initiative de prendre attache avec les familles des enfants, cela aurait peut-être permis d’isoler une tranche d’âge à surveiller, ainsi qu’un mode opératoire bien spécifique utilisé… N’était-ce pas ce qui était prévu au départ ? Tant pis, le trio se débrouillerait sans. Après quelques secondes d’observation, Lucy remarqua une structure balisée car effondrée. Là, personne ne viendrait la perturber, et puis l’angle de vue était parfait. Mimant vouloir s’y intéresser, la jeune fille s’en approcha, puis disparue tout naturellement auprès d’elle, sans attirer l’attention. Confortablement elle se retrouvait assise contre un pilier rendu molletonné par une couche de sable qu’y si était déposé grâce au vent. La chanteuse créa sous peu un filet de chakra à même sa peau. Le système d’écoute mis en place, la surveillance pouvait dès à présent commencer.

Les enfants jouaient, et déjà quelques remarques pouvaient être faites, si ce n’est qu’aucun comportement bizarre n’avait été remarqué. Lucy avait fait le compte des gamins présents, et des adultes les surveillant. Ces derniers étaient beaucoup moins que prévus. Mais ce n’est qu’avec ce qu’elle entendit qu’elle comprit alors qu’il s’agissait majoritairement de nounous. Chacune gardant les enfants de plusieurs couples. Il ne devait pas y en avoir assez quant aux demandes. Aujourd’hui les familles monoparentales étaient de plus en plus nombreuses à cause du désastre de la guerre. Et lorsque cela n’était pas le cas, il était également difficile d’avoir une vie convenable en n’ayant qu’un des deux parents avec un travail. La jeune Hassei en était l’exemple parfait…Enfin, une dernière minorité l’astrista. Il était difficile de rester là à surveiller des enfants que personne n’attendait… Il ne devait y en avoir qu’un ou deux tout au plus, mais il y en avait… Voilà ce qu’était devenu le monde, constat d’une population qui évoluait…
La genin continuait sa surveillance et écoutait les discussions. Elle espérait que bientôt cela allait porter ces fruits…

L’attente se faisait longue. Malgré une liberté presque totale des enfants sous surveillance des nounous, personne ne semblait s’intéresser à ces cibles. Et cela ne venait pas d’un manque d’observation de la part de la ganin. Cette dernière était capable de donner le prénom de chacune des personnes présentes sur le terrain de jeu. Mais elle était aussi en mesure d’écrire un roman sur les relations amoureuses mouvementées des jeunes femmes chargées des gamins. De vraies pipelettes celles-là. Au moins, cela faisait passer le temps. Tout comme les chutes, bien plus ridicules que douloureuse que pouvaient avoir certains d’entre eux. Comme quoi la surveillance pouvait être bien longue lorsque l’on attendait un évènement…

Le temps passait et passait encore. La demoiselle mettait ce temps improductif à contribution pour mettre sur feuille les paroles qui lui venaient en tête. C’est sur ce même calepin qu’elle retranscrivait tout ce qu’elle voyait pouvant avoir une minime importance. Plusieurs exemples pouvaient être cités mais aucun n’avait son importance. Pour autant, l’ennuie ne gagnait pas la genin. Elle se refusait à cette idée. Il s’agissait de sa conscience professionnelle qui prenait le dessus.

En attendant, qu’en advenait-il du rongeur ?
Kwizz continuait à faire des va et vient entre les différentes lieux pouvant accueillir des enfants. Au passage il s’octroyait quelques récompenses pour ses efforts. Néanmoins, il ne distinguait aucun comportement suspect. Jusqu’à ce qu’il aperçut un homme, plutôt balèze, qui courait au travers des ruelles du centre-ville. Il ne cherchait même pas à éviter les gens qu’il bousculait sans rancune. L’écureuil comprit qu’il cherchait à fuir quelque chose, ou plutôt quelqu’un puisqu’il regardait de nombreuses fois derrière lui. Puis il ralentit le pas. L’avait-il semé ? L’animal devait informer Lucy de ce comportement étrange. Bizarrement il s’était rapproché d’elle, il ne devait plus être très loin. A quatre pattes sur le toit d’une cheminé, il vit surgir Eichi, courant à vive allure dans la même direction… Il y avait trop de coïncidences pour rester immobile. Kwizz suivit alors l’ami de la chanteuse qui finalement était venu la rejoindre.

Là, Lucy fut interpellée par le Wada. Il lui expliqua brièvement la venue d’un suspect. Il comptait sur elle pour le stopper, en vue d’un interrogatoire musclé.
Ses dires se confirmèrent lorsque qu’un homme se mêla aux enfants présents sur l’aire de jeu. Il fit quelques pas avant de s’arrêter et de poser ses mains sur ses genoux. Il soufflait, exténué d’une longue course. Il regardait vers l’arrière pour s’assurer qu’il n’avait pas été suivit. Il se redressa alors, inspirant une grande bouffée d’air. Son regard croisa celui des genins face à lui. Il voulait fuir mais ne pouvait plus bouger. Soudain, tout se trouvant autour de lui disparaissait en un tas de cendres soufflé par le vent, dont celui qu’il cherchait à échapper. Il ne pouvait alors que voir une demoiselle danser, tourbillonnant, emportant dans sa ronde toutes les cendres qui voulaient s’envoler. Son odorat pouvait percevoir l’odeur d’un feu tout juste éteint, tout comme il ressentait une légère chaleur au travers de sa peau. Mais depuis le début, il entendait un chant.

Les derniers mots se répétaient sans cesse, rythmant l’enfer dans lequel il se trouvait.
D’un point de vue extérieur, on admirait un homme immobile, le regard rixe et clignant des yeux. Sa cage thoracique se gonflait puis se dégonflait très rapidement montrant le stress de sa situation. Lucy quant à elle se concentrait pour garder le genjutsu en fonction. Elle n’avait plus besoin de chanter, la victime étant prise dans le sort. Mais elle restait elle aussi figée, à genoux, les lèvres pincés et les mains face à elle qui doucement s’agittaient.

L’interrogatoire pouvait commencer. Le bandit pouvait entendre ce qu’on lui disait, et pouvait répondre s’il le voulait. Le jutsu lancé ne permettait qu’une immobilisation. Si la victime refusait de parler, Lucy n’y pouvait rien…

Le genjutsu fit effet à merveille. Cela rassura Lucy dans sa quête pour devenir une genin courageuse et sûr d’elle. Cependant, cela ne convenait pas au Wada qui préféra interroger le brigand à sa manière. La chanteuse ne le prit pas mal et comprenait ses agissements. Ils n’auraient rien pu tirer de cet homme prit sous l’effet d’un tel jutsu, la manière forte était la seule solution. Et là-dedans, Eichi excellait à merveille. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire il avait appris l’endroit où se trouvait la planque des malfrats. Lucy était surprise d’apprendre qu’ils se cachaient au centre même du village. Ceux-là étaient vraiment sans gêne : kidnapper des enfants sans défense dans un village caché, aux yeux de shinobis, et ce en toute impunité. Ils méritaient de payer. Eichi était du même avis que la genin puisqu’il partit en direction de leur repère, sans se poser de question. La demoiselle n’eut pas d’autres choix que de le suivre. En même temps, elle n’était pas du tout retissant à cette idée. Et puis Satsuki ne devrait plus tarder maintenant…

Sur le chemin, à sauter de toit en toit, Lucy réfléchissait à un plan d’action. Ils ne savaient pas à qui ni à quoi ils allaient avoir affaire. “L’ignorance est l’une des plus grande faiblesse lors d’un duel !“ disait le père de la chanteuse. Il lui répétait ceci sans cesse pour que jamais elle ne l’oublie. Depuis, elle avait trouvé réponse à cela. Elle n’irait jamais à l’encontre de son père sur de tels sujets. Son point de vue était bon. Mais pour pallier à cela, elle considérait qu’une bonne observation limitait la casse. De plus, si l’ignorance était une faiblesse, alors la surprise était une force. Si l’adversaire était surpris alors le combat était déjà presque gagné… Elle pensait à cela alors que la situation était grave car c’était son plan d’action. Du moins celui qu’elle soumettrait à ses amis.

Kwizz avait rejoint la demoiselle tandis que le duo arrivait sur place. Aucune présence de Satsuki. Cela n’était pas normal. Dans le même mouvement que son coéquipier, Lucy se stoppa sur l’extrémité d’un toit. Tous deux étaient cachés et avaient un visuel sur un magasin shinobi. Comment savaient-ils qu’il s’agissait du bon ? La genin l’ignorait, elle n’avait fait que suivre Eichi. Là, toujours aucun signe de la troisième de l’équipe… Ils ne pouvaient agir qu’à deux…

Lucy n’aurait aucun mal à retrouver son amie. Elle connaissait son chakra, et cela lui suffisait. Par contre, elle avait peur qu’Eichi ne veuille jouer les héros. Il n’était pas fou, mais avec son tempérament impulsif, on n’était à l’abri d’aucune action insensée. Pourtant la chanteuse connaissait les grandes capacités de son coéquipier. Il était capable de réaliser un vrai plan d’action précis, avec le nombre exact d’ennemis tout comme d’enfants et de pièces... Peut-être pendrait-il mal que la jeune Hassei l’ait conseillé dans sa manière d’agir. Elle espérait que non.
Le problème se trouvait désormais en Satsuki. Cette dernière n’avait pas répondu au dernier sceau. Peut-être était-elle en danger. C’est pour cette raison qu’elle venait à elle sans perdre de temps. Sautant de toit en toit, elle suivait la signature chakratique de l’Acajou des sables jusqu’à arriver à son niveau. En pleine santé, elle poursuivait ses recherches.

Il n’y avait plus de temps à perdre. Il était nécessaire de retourner auprès d’Eichi au plus vite pour lui porter main forte. Courir et sauter, Lucy maîtrisait cela très bien aux vues du nombre de va et vient qu’elle avait fait l’espace de cette après-midi. A son tour, elle avait pris les choses en main. Elle n’avait pas vraiment eu le choix. Cela était arrivé comme un cheveu sur la soupe. Bientôt le trio allait être de nouveau formé pour frapper fort ! Voilà qui devenait intéressant : Lucy gagnait en maturité et chacun commençait à avoir les réflexes de membres d’une équipe. La suite s’annonçait mouvementée !

Sans broncher, Satsuki suivit Lucy. Il ne fallait pas perdre de temps.
Les deux jeunes filles sautaient de toits en toits dans une course effrénée. Les informations se regroupaient et bientôt la mission allait aboutir. Tout se concrétisait. En route jusqu'au magasin shinobi, la chanteuse se laissait aller à ses pensées. Enfin elle donnait de sa personne pour une bonne chose. La joie sur le visage des parents de chaque enfant enlevé serait une récompense inestimable. Et c'était pour accomplir ce genre de choses qu'elle voulait se lever chaque matin. D'ailleurs, malgré ses craintes qu'elle avait depuis le début de cette nouvelle vie, elle se sentait désormais plus forte et plus convaincu de sa réussite. Cela lui prouvait qu'elle était enfin devenue quelqu'un. Avec fierté, la genin imaginait son père la féliciter. Motivée et sûre d'elle, elle se préparait à libérer ces gosses sans qu'aucun ne soit blessé. Les deux mains de son amie sur ses épaules lui rappelaient qu'elle n'était pas seule. D'une légère orientation de la tête, le jeune Hassei croisa le regard de sa coéquipière et lui sourit. Chacune des deux pouvait compter sur le soutien de l'autre. Cette confiance ne serait pas inutile dans la quête qui les attendait...

Leur course les mena jusqu'au point de rendez-vous, mais Eichi n'était plus. Malgré, les précautions que la demoiselle avait prises, celui-ci n'en avait fait qu'à sa tête et avait agis en solitaire. Il était nécessaire d'établir des règles, mais ce point-là serait à traiter plus tard, le moment n'étant pas propice à de telles interrogations. Perché sur un toit, Lucy lança un genjustsu sur deux brutes épaisses gardant visiblement une entrée secrète. Puis, sous l’influence de Satsuki, elle la suivit au travers d'une cale pour rejoindre un souterrain qui semblait renfermer les bandits mais surtout les enfants. Tout était étroit et sombre, le cliché même du repère de méchants. Semblant suivre un chemin indiqué par quelques brides de lumières, les deux jeunes filles se faufilaient à pas léger dans ce lieu inconnu. Il était rare de voir la kunoichi agir de la sorte, si bien que le risque devait vraiment être élevé. Dans cette pénombre souterraine, tous les sens étaient éveillés et les battements de cœur se faisaient plus répétitifs. Elles guettaient le moindre bruit et avançaient en tâtonnant les parois. Un guépard en chasse n’aurait su être aussi discret et prudent…

Bientôt elles arrivèrent dans une pièce renfermant de nombreux enfants. Apeurés et désorientés, ils pleuraient à chaudes larmes. Au moins, cela prouvait que leur état de santé n’était pas critique. Il fallait relativiser et ne pas perdre de temps pour agir. La voix de Satsuki, débitant des mots en respectant une cadence régulière, rassurait Lucy. Cette voix qui lui était familière, rappelait la présence d’une amie. Ni l’une ni l’autre n’était seule. Les bons souvenirs passés effaçaient les peurs. Dos à dos elles se préparaient à combattre quelque chose qu’elles ne connaissaient pas. Etaient-elles prêtes pour ce qui approchait ?

Les pas lourds d’une personne boitant approchaient. Cette dernière semblait souffrir dans sa marche, laissant quelques fois traîner l’une de ses jambes. La silhouette, s’approchant ressemblait à un homme, n’ayant encore que l’apparence d’une ombre. Peu à peu, Lucy distinguait des formes plus précises. Il s’agissait bien d’un homme. Il se tenait la gorge à deux mains. Le dos courbé, il trainait l’une de ses jambes comme un boulet. A première vue, c’était un supplice pour cette personne d’avancer. D’une main, la chanteuse toucha le dos de son amie pour lui signifier qu’elle avançait. Elle voulait rejoindre cet homme, visiblement en mauvais état, et lui porter secours. Arrivée à son niveau, c’était une vision d’horreur qui frappait la demoiselle, alors incapable de laisser échapper le moindre son. Sa voix fut coupée par ce qu’elle venait de voir. Devant elle se rapprochait Eichi, la trachée ensanglantée, à la limite de l’agonie. Le seul reflexe de la genin fut de venir le soutenir pour l’éviter de s’épuiser d’avantage. Ce dernier se laissa tomber en avant. Au contact, le visage s’interchangea, l’espace d’une seconde avec le bandit qu’elle avait immobilisé peu de temps avant pour l’interroger grâce à un genjutsu. Sa vision lui jouait-elle des tours ? Non ! Il s’agissait d’un genjutsu !

Aussi ridicule soit-il, il avait fonctionné. La genin illusionniste s’était fait piégée. Et si Satsuki aussi avait été victime d’un tel sort ? Il fallait venir l’aider. Elle laissa tomber le cadavre d’un des méchants, égorgé qui, soit dit en passant avait été sacrifié (ou punis pour sa trahison) sans le moindre état d’âme. L’ennemi, malgré son incompétence en matière de genjutsu, restait néanmoins un adversaire de taille car sa puissance résidait dans sa haine. Ni une ni deux, la chanteuse tenta de rejoindre l’Acajou des sables pour lui prêter main forte. Mais devant elle s’interposa quelqu’un dont elle ne pouvait même pas distingué son visage. Tant pis pour lui. Lucy cracha deux boules de feu consécutives sur ce qu’elle espérait être sa tête. Il tomba au sol en criant sa douleur. Les mais sur son visage, il se tordait dans tous les sens. Quant à la jeune Hassei, elle avança jusqu’à toucher ce qu’elle croyait être Satsuki. Mais là, elle fut saisit par le bras et subit un coup dans le plexus, la faisant reculer. Essayant de récupérer son souffle, elle se rendait compte que cette obscurité était un désavantage. Peut-être même que son dernier adversaire n’était autre que Kazetaka ou encore Satsuki en personne… Ces sens qui avaient si bien fonctionnés sur le chemin jusqu’à cette salle, agissaient eux-mêmes tels des genjutsus. L’imaginaire prenait le dessus sur la réalité. Troublé et vulnérable, Lucy ne savait plus quoi faire Si elle utilisait le feu, elle risquait de blesser l’un des enfants. Et si elle utilisait sa voix, l’importante densité de personne l’empêcherait à nouveau de se situer. A moins que ! Il fallait filtrer tous les bruits parasites. Quelques minutes de concentrations et voilà que les jérémiades étaient devenus muettes. Là elle frappa d’un coup de coude la gorge une personne qui s’était approchée dans son dos. Les cliquetis de la marionnette en mouvement étaient désormais perceptibles. La situation s’améliorait, l’ennemi tombait. Que serait l’aboutissement de cette mission ? Est-ce que tous les enfants sortiraient, de ces souterrains, indemnes ? Beaucoup de questions, mais bientôt il y aurait des réponses puisque le chahut causé par l’ennemi diminuait, montrant sa perte en effectif, mais surtout sa défaite.