Un message mystérieux m’était parvenu, en début de matinée, dans les alentours de neuf heures. La tête dans le cul, je m’étais empressé d’en prendre connaissance, pour voir de quoi il s’agissait. Me frottant les yeux, j’ouvris l’enveloppe, pour pouvoir voir le contenu de ce message.

« Rejoins-moi à 11 heures au Colisée. »

Euh… Quoi, c'est tout ? Pas de signature ? Pas plus de détails ? Bah c’est qui lui ? Mon œil droit passa sur chacun de ces mots, presque indéfiniment. Désespérément, je cherchais un signe, une marque d’appartenance, pouvant m’indiquer qui était l’auteur de ce message. Mais rien, strictement rien. L'écriture m'était inconnue, ou plutôt… Je sais pas.L’enveloppe était elle aussi vierge de toute information, si ce n’était que mon nom qui figurait au devant de celle-ci. Ce n’était donc déjà pas une erreur, et j’étais bien le principal concerné dans cette affaire. Mais… Qui était le deuxième ? Cette question me travaillait beaucoup. Deux heures. Deux heures à attendre, avant d’en savoir plus. Parce que, oui, je comptais y aller, au risque d’apprendre que ce n’était qu’une blague. De toute manière, je n’avais pas grand-chose à craindre, au sein même du village. Et puis, je sais me défendre.

J’espère seulement que cela ne va pas m’énerver, puisque je pouvais être très irritable par moment. Surtout le matin. Surtout quand je me réveille parce que j’ai reçu un message du facteur ninja. À mon goût, je n’avais pas assez dormi. Depuis qu’on m’héberge, je dors comme une marmotte, pendant des heures et des heures. Quand je n’ai pas de missions particulières, c’est rare de me voir debout avant l’heure du déjeuner, que je ne peux absolument pas rater. Ha… À croire que Nai a déteint sur moi. Déjà que j’étais gourmand avant, je me sers carrément de mon ventre comme réveil dès à présent. À midi pile, je me levais. C’était assez drôle à voir, j’imagine.

Mais bon, tout cela est bien beau, mais ça ne me donne toujours pas l’identité de la personne qui voulait me voir. Pendant que je me préparais, je cherchais qui ça pouvait être. Il y avait plusieurs possibilités… Pourquoi pas Raki ? C’est rare de le voir prendre des initiatives, mais il doit se douter qu’il faut que je le voie. Non, ça me parait impossible, ce n’était pas lui. Il était maintenant neuf heures et demie. Encore une heure et trente minutes donc. Soupirant, j’exprimais un certain sentiment d’impatience.


- Huuum. Ca fait chier.


C’est le cas de le dire. Bon, j’ai le temps de me prendre une petite douche, bien chaude, histoire de me réveiller complètement. Une fois fini, je  me secouais la tête, comme un petit chien, histoire de faire partir toute l’eau de mes cheveux. Oui, j’ai gardé quelques… Habitudes précaires on va dire. Enfin bref, l’heure était venue de partir, même si j’arriverais en avance. Beaucoup trop en avance.

Je me mis donc en route. Direction : le Colisée. Le rendez-vous était prévu dans encore une heure, mais avec un peu de chance, la personne en question y était déjà. Selon qui c’est, et la raison de ce message… C’était possible. Comme moi qui ait miné tout le terrain avant que mon équipe arrive. Je ne m’en suis pas servi au final d’ailleurs, c’est bien dommage. J’aurais pu flanquer une peur bleue à Sazena, cela aurait été mémorable. Mais laissons un peu mes élèves de côté un moment, ils me prennent tellement la tête que je ne pense qu’à eux après. Ca en devient insupportable. Ils sont insupportables. Mais on s’y attache bien vite, malgré toutes nos belles mésaventures.

Le Colisée était là, j’y entrai donc. Trois quarts d’heure d’avance, eh bien. Je tenais réellement à savoir qui était ce mystérieux expéditeur. Et si ce n’était qu’une blague, je détruis tout à la force de mes poings. M’allongeant sur un rempart, j’observais une statue qui était placé dans ce monument impressionnant. De grands héros de Konoha y étaient représentés. Des personnes que je n’ai jamais connues réellement, mais qui étaient dignes d’intérêt. En regardant tout ça, je sentis que je commençais à somnoler. Un peu. Beaucoup. Boum, dodo.

Cela faisait deux ans que j'avais disparu de la circulation du village caché de la feuille suite à tout ce qu'il m'est arrivé depuis ce terrible jour. Je n'en avais pas conscience, mais j'avais peut-être manqué à pas mal de personnes. Enfin, c'est ce que je dis, mais j'étais assez anti-sociable dans mon genre, je ne m'entendais qu'avec peu de monde. Les autres, je m'en foutais royalement, je ne les avais pas sur mon dos, il n'avait pas de dent contre moi, c'était l'essentiel. Je vivais ma vie pénard avant que tout cela ne se passe. J'avais mon petit chez moi, mes amis et surtout, mon petit frère d'adoption, le petit Aku. Depuis deux ans que je ne l'avais pas revu, il avait dû grandir. Selon les dires, enfin selon le nouveau Hokage que j'avais rencontré alors que je venais tout juste de rentrer au village et qui m'avait expliqué tout ce qu'il s'était passé depuis ma disparition, le jeunot avait bien grandi et était même devenu Jûnin et un membre du village respecté par tous. Quoi de plus normal en même temps puisque j'avais été son sensei et que je l'avais élevé en partie.

Ce petit bout-chou me manquait quand même et personne n'avait encore apprit mon retour dans le coin. Ils pensaient tous que j'avais déserté le village, que j'avais fuis la guerre ou encore que j'étais mort mais il n'y avait rien de tout ça. J'allais lui faire une surprise, la surprise de me revoir. J'espère qu'il allait être content mais le connaissant un minimum, il allait me sauter dessus et me frapper, même si le but ne serait pas méchant, bien au contraire. Après, il avait peut-être changé depuis le temps mais j'avais prévu cette éventualité. Sur les coups de neuf heures, je lui avais laissé un petit mot lui donnant rendez-vous au Colisée à onze heure. Juste avant l'heure fatidique, j'étais passé chez un commerçant et j'avais acheté une énorme glace avec tout les parfums qu'il aimait tant : vanille, chocolat, fraise, menthe, citron, banane, cookies et autres. Grâce à cela, il devrait sauter double fois de joie plutôt que de me sauter au cou. Sait-on jamais, autant avoir toutes les armes de son côté.

Arrivant sur les lieux, je le vis allongé sur un rempart de Colisée. D'où j'étais, je pouvais savoir qu'il dormait dû aux impressionnant ronflement qu'il dégageait. Déjà, ça, ça n'avait pas changé. Je m'approchais de lui tout doucement, sur la pointe des pieds, tel un chat s'approchant de sa victime. Voulant le réveiller avec douceur, je me contentais de lui mettre la glace aux multiples arômes sous le nez, attendant que son flair de prédateur se mette en éveille et le réveille.

L’attente s’était faite interminable, au point de finir endormi. Mes rêves les plus fous allaient me divertir, histoire de faire passer le temps. Ou bien, ces derniers allaient continuer à me détruire. Oui, cette option était récurrente, des cauchemars, j’en fais de plus en plus. Ca ne prend jamais fin. Depuis quelques temps ça me prend. Des fois, je redoute même de dormir, par peur de retomber sur ce rêve. Vous l’aurez compris, c’est toujours le même qui revient sans cesse, comme si mon subconscient me harcelait à la longue. Mon cas devenait peut-être préoccupant, mais je n’ai pas envie de me faire interner pour de simples rêves, pourtant si réels… Mais je vais vous offrir un avant-goût de ce songe qui me tenaille.

Dans cet univers, je ne peux pas parler, je ne me contrôle pas. C’est comme une grande et longue allée interminable. Enfin, il y a peut-être une fin, mais je n’ai jamais tenu jusqu’au bout. Je sais ce qui m’attend, même si c’est toujours différent. Ce que je vois à chaque fois peut être classé sous une seule e t même bannière. Un mélange de surprise et de déjà-vu. De plus, je ne parviens jamais à réellement entrer dans ce rêve. Mon esprit m’en rejette. Je crois que si je ne peux pas parler, c’est à cause de ça. Tout ce que je dis, je le dis dans le monde réel.  En gros, dormir à mes côtés et tout bonnement impossible lorsque je fais ce rêve.

Je marchais donc dans cette grande allée sombre. Rien au départ. Rien. Je savais pertinemment ce qui allait se passer, mais je ne pouvais rien y faire. Je n’arrivais pas à me réveiller de ce rêve. Ca m’était impossible. Quand tout a coup, je sentis quelque chose d’étrange. Une odeur bien connue, de saveurs en tout genre, se mélangeait dans mes narines. Une sensation de froid, de fraicheur. Une odeur bien connue : celle de la glace.


- N-non… Pas lui…


Une fois encore, je n’étais pas parvenu à parler. Mais j’ai eu l’impression de m’entendre. J’ai encore dû parler dans la réalité. Je ne pouvais m’empêcher de tourner la tête, et de voir le marchand de glace, dans son stand. Il y avait une multitude de glaces sur son comptoir, avec son concepteur, derrière, planté au mur par une vingtaine de couteaux.


- C’est pas moi… J’ai rien fait… Arrêtez… !


Mon regard se posa de nouveau sur l’allée, qui était maintenant jonchée d’une multitude de corps, étant dans un état similaire à celui du glacier que j’aimais tant. Tous étaient des personnes que je connaissais. Il faut que je sorte de là, au plus vite.

Un cri de peur résonna dans tout le Colisée, au point d’en ébranler les murs. Je me tirais les cheveux, comme si j’essayais de me les arracher, répétant incessamment cette même et dernière phrase, cherchant à me convaincre moi-même que je n'étais en rien mêlé à ces meurtres sanglants, avant de parvenir à enfin ouvrir un œil. Haletant, transpirant, j’avais l’impression d’avoir couru des kilomètres alors que je n’ai fait qu’un simple cauchemar. Ma vision était trouble, mais je vis une forme bien familière devant ma tête. Une glace. Une vraie. Le glacier était donc toujours vivant, à mon plus grand soulagement. M’asseyant sur le rempart, j’attrapai la glace, comme si elle flottait dans les airs, et je commençai à la déguster. Elle était super bonne ! Y avait tout ce que j’aimais dedans. La personne qui me l’a prise connaissait bien mes goûts. Tiens d’ailleurs, elle sort d’où cette glace… ? Tournant ma tête vers la direction d’où était venu ce bras, j’ai cru que j’allais faire une attaque.

En le voyant, je suis resté con. Totalement hébété. J’ai d’abord pensé que c’était un rêve, et qu’il allait bientôt mourir, vu que dans mes rêves tout le monde meure en ce moment, mais la sensation de froid de ma glace me fit bien comprendre que ce n’était que la réalité.


- K-K… Kenzaku-senseï… ?!


Oui, c’était bien lui en chair et en os. Ah l’enfoiré, pour qui il se prend de m’avoir laissé pendant deux ans tout seul, pour revenir comme une fleur comme ça ? J’étais un peu déçu n’empêche d’avoir fait ce cauchemar juste devant lui, et d’avoir eu des réactions pareilles. J’aurais bien voulu lui montrer que j’avais beaucoup changé, et que je n’étais plus ce gamin inutile et pleurnicheur que j’étais avant. Il allait partir sur une mauvaise impression déjà, tant pis. J’aurais l’occasion de me rattraper. Une fois bien les idées en place, un grand sourire germa sur mon visage. Je sautai sur lui pour m’y agripper, tout en prenant garde de ne pas faire tomber ma glace. Là, ça serait du pur gâchis, et je préférais ne même pas y penser. En tout cas, j’étais très content de le revoir. Ca faisait un poids de moins à gérer dans tout ça, parce que j’étais entièrement convaincu qu’il était toujours en vie. J’en ai toujours eu la ferme conviction, et j’ai bien fait de m’y accrocher, et de refuser tout bonnement sa mort.


- Je le savais que je te reverrai ! Tu étais passé où pendant ces deux années… Pourquoi tu ne m’as pas donné de nouvelles… ? Je ne te cache pas que… Qu’il m’est arrivé de penser au pire… Mais je savais que ça ne pouvait pas être vrai !


J’espérais quand même ne pas avoir pris trop de poids depuis la dernière fois, et qu’il arrivait toujours à me porter. Bon au pire, je descendrais, bien qu’un peu vexé.


- Et heu… On oublie ce qui vient de se passer. D'accord ?

Le gamin tremblait tout ce qu'il savait, il était en sueur, gesticulait dans tout les sens. Il dormait, mais au plus profond de lui se trouvait de sombres rêves. Les secousses étaient peu à peu de plus en plus fortes, il se mettait à présent à se débattre et à s'arracher les cheveux en criant des mots que je ne comprenais pas vraiment. Il criait plus qu'il ne parlait, au point de le comparer presque à une technique On'kyôton. Tout cela ne pouvait pas continuer ainsi, je trouvais ça mignon au début mais il m'inquiétais à présent. Alors qu'avec mon bras libre j'allais le redresser et le réveiller, ses yeux s'ouvrèrent d'un coup. Juste à ce moment, je compris qu'il n'avait pas vraiment changé puisqu'il avait comme tout oublier et ses pensées étaient rivées sur l'énorme glace. Sans gêne, il prit cette friandise glacée et ne fit même pas attention à moi. J'étais assez vexé, cela faisait deux ans que nous ne nous étions pas vu, je lui apporte un petit quelque chose pour me faire pardonner et même pas il me reconnait ou fait attention à moi. Il ne manque pas de culot celui-la tient. Rien a changé, et ce n'est pas pour autant mal.

Il n'avait d'yeux que pour la glace jusqu'à ce qu'il Posa enfin les yeux sur moi. Au départ, il était là, scotché, planté comme un piqué en tenant sa glace, les yeux écarquillés, le regard dans le vide. Cette scène avait duré quelque seconde avant qu'il ne s'écria mon prénom avec interrogation et hésitation. Ouf, il m'avait reconnu. Enfin, en même temps, je n'avais pas vraiment changé, j'avais juste prit une masse musculaire assez conséquente à présent mais également de nombreuses cicatrices sur tout mon corps. Il ne pouvait pas voir ces dernières, cachées sous mes habits et c'était mieux ainsi. Personne ne devait découvrir ce que j'avais, je devais mené ma propre enquête sur ces étranges événements qui m'était arrivé pendant ce trou de deux ans.

J'étais perdu dans mes pensées à mon tour, mais je fus rapidement ramené à la réalité lorsqu'Aku se jeta dans mes bras et grimpa sur mon dos avec sa glace. J'avais fermé les yeux de peur qu'il ne renverse sa glace sur ma chevelure rougeâtre comme autrefois. La catastrophe ne s'était pas produite, c'est bon. Il avait l'air content de me voir, je l'étais aussi. Je retrouvais mon petit protégé, mon petit frère que j'avais élevé quelques temps avant cette terrible guerre d'il y a deux ans. Il me dit alors qu'il n'avait pas perdu foie, qu'il me reverrait tôt ou tard avec un énorme sourire. Mais ce sourire quitta rapidement son visage d'enfant lorsqu'il me demanda pourquoi je l'avais abandonné et où j'étais passé. Trop de questions sans réponses, même pour moi, mais il méritait quand même de le savoir. Aku était celui qui devait avoir toutes les réponses du pourquoi du comment plus que les autres, mais pour le moment, ni eux, ni moi ne pourrait avoir les réponses.

Sans que je ne puisse avoir le temps de répondre, il reprit en me demandant d'oublier ce qu'il s'était passé. Au début, je me demandais de quoi il me parlait, puis je compris que c'était par rapport à ses cauchemars. Chaque enfants, et mêmes adultes peuvent faire ce genre de choses, ce n'est pas une honte. Je me contentais juste de poser mes mains sur ses cuisses pour éviter que le jeune garçon ne tombe, se trouvant sur mes épaules, et tout en commençant à marcher tranquillement, je lui dit d'une voix douce et mielleuse :

« Ne t'en fais pas, je suis là à présent, et plus rien ne pourra nous séparer »

Je n’y croyais pas, ça paraissait tellement irréel comme situation. Kenzaku et moi, nous étions enfin réunis. C’est comme une nouvelle page qui se tournait, un gros souci en moins. Je n’avais plus à me demander incessamment où il était, ce qu’il faisait, ce qu’il lui est arrivé… Il m’avait manqué. Terriblement. Il y a bien des moments que j’ai vraiment cru ne plus jamais le revoir, y penser me rendait mal à l’aise envers ce que j’ai ressenti ces deux dernières années. Mais maintenant que c’était fini, je n’aurais plus de souci à me faire, à ce sujet du moins. J’avais encore quelques problèmes, avec mes élèves, et d’autres broutilles. Mais je n’y pensais même plus après l’avoir revu, je baignais dans la joie et le soulagement le plus total.

Tel un petit singe, je grimpais sur ses épaules, avant de continuer à manger la délicieuse glace qu’il l’avait offert. Cette situation me rappelait bien des souvenirs. Le temps a passé, mais on était toujours là. Ca me touchait beaucoup, rien n’avait changé depuis tout ce temps. Enfin si, un peu. On ne devait plus être exactement les mêmes qu’avant dans le fond, bien qu’il n’en a peut-être pas pris conscience. Bah… Il finira bien voir que son petit protégé et devenu une grande personne. Pas de taille, bien évidemment. Enfin si, un peu. De poids aussi sûrement. D’ailleurs, j’étais rassuré qu’il ne se soit pas effondré sur le sol après que je sois allé sur ses épaules. C’est bon, j’ai su me modérer avec les glaces. Ou alors c’est à cause de mes derniers exercices intensifs causés par la Hayashi qui me sert d’élève.

Il y eut un petit moment de silence, après que j’eus fini de parler. Que quelques secondes en réalité, mais j’étais tellement pressé qu’il me raconte un peu tout que ces quelques secondes étaient aussi longues que des heures. Il prit alors la parole, au bot de ces quelques secondes. Mais il ne répondit à aucun cas à mes questions, ce que je trouvais assez… Etrange. Il ne voulait pas m’en parler ? Pourquoi ? Je n’accepterai pas ça. Il me doit des explications ! Je suis gentil en plus, car je pourrais très bien le forcer à me supplier de le pardonner. Mais l’euphorie de le revoir était tellement forte que je n’y ai pas pensé, et que j’ai sauté dans ses bras. Pourquoi j’ai toujours de bonnes idées quand c’est trop tard… ? C’est nul. Cependant, même s’il ne m’apportait pas les réponses que j’attendais, il m’avait satisfait dans ses paroles. Il venait de m’assurer que plus rien ne pourra nous séparer, et qu’on allait être donc toujours unis. Il n’y a pas à dire, j’étais très content qu’il me dise quelque chose de ce genre. C’est mon sensei à moi, et qu’à moi ! Je n’accepterai plus qu’il s’éloigne une nouvelle fois de moi. Rien qu’à me dire qu’il a dû rencontrer des personnes durant ces deux dernières années, ça me met mal. Je devrais peut-être lui placer un mouchard sur lui, pour le pister en permanence. À ses pensées, je posai mes bras sur sa tête, et je posai la mienne dessus. Une manière un peu à moi de me l’accaparer.


- Tu me le jures ?


J’avais prononcé cette phrase sur le ton de la rigolade, mais j’étais sérieux dans un sens. Il ne sortira pas de ce Colisée tant qu’il ne me l’a pas juré. Vous pouvez y compter. Ma paranoïa se chargera d’elle-même de l’en empêcher. C’était plus fort que moi. D’ailleurs, autre chose était bien plus fort que moi. Après, la paranoïa, voici la curiosité, et les deux mélangés avec une touche de jalousie. Sûrement trois de mes plus grands défauts, car je dois en avoir un paquet, autant l’assumer.


- J’aime pas trop tous ces mystères. Avoue. T’as rencontré un autre enfant, que tu as aussi élevé ? Et là, tu t'en es lassé et tu reviens me voir ? Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? Il est plus gentil ? Plus adorable ? Plus intéressant ? Moins coûteux en glace ? Plus agréable ? Moins capricieux ? Grrrrr. Où est-il ? Comme ça, si je le tue, tu ne seras plus qu’à moi. J’te partage pas moi. C’est clair ? J’vais lui faire la peau, et il me suppliera de l’épargner avant que je ne lui arrache la tête avec mes dents !


Le cocktail est prêt. À consommer avec modération.