Aujourd'hui n'était pas une journée joyeuse. Je m'habillais comme d'habitude, me coiffait comme d'habitude, prenait mon équipement Shinobi comme d'habitude, mais pourtant cette journée était différente. Aujourd'hui nous allions rendre hommage à l’héroïsme d'un ninja de notre village. Un Shinobi qui, j'avais ouï dire, était mort en sauvant quelqu'un et en protégeant les intérêts de Suna. Je me sentais proche de cet homme que je n'avais jamais connu. Mais je me sentais débile. Je m’apitoyais sur mon sort à cause de mes six années de coma et du fait que j'ai failli mourir, et pourtant certains héros eux périssent et n'hésiteraient pas à refaire de même. J'étais admiratif envers le geste de cet homme qui a donné sa vie pour le village et ses alliés. Je ne connaissais pas les détails de sa mort, aussi je savais que certains seraient énoncés lors du discours du Kazekage. Je ne connaissais pas cet homme, mais rendre hommage à un héros me semblait quelque chose de normal, ne pas m'y rendre signifierait que je ne respectais pas l'acte de cet homme, son geste démesuré qui consistait à protéger une vie humaine était des plus admirable, et pour ça, je me sentais obligé de lui rendre hommage, je ne pouvais pas refuser de donner un dernier merci à cet homme qui a tout perdu afin de nous faire gagner. Dans mon esprit ces quelques mots raisonnaient. "Merci Ao Kuroi." Oui c'était son nom, il s'agissait d'un haut gradé de Suna et d'un des plus puissant Shinobis que l'on pouvait avoir dans nos rangs, autant dire tous de suite que sa perte fut bien plus grande que celle d'une simple vie humaine, on perdit en même temps un homme bien, un héros, et notre force de frappe.

Je sortais de chez moi l'esprit en peine, me dire qu'aujourd'hui on avait perdu une vie d'une valeur inestimable remplissait mon esprit de tristesse, et pourtant, on allait tous devoir aller de l'avant, sans doute connaitrons nous beaucoup d'autres morts par les temps qui courent. Et s’apitoyer sur le sort d'une personne serait une grossière erreur, par contre, lui rendre hommage convenablement en allant de l'avant, en ne gâchant pas la cause du pourquoi de sa mort est la meilleure façon de montrer que ce genre de gestes ne sont pas inutile et qu'il faut au contraire encourager ce genre de comportement héroïques qui peuvent sauver des vies. Avancer aux côtés des passants, tous le monde avait le regard vide, regardaient devant soit sans réellement prêter attention à ce qui ce trouvait autour de nous. Tous le monde savait ce que l'on venait de perdre, et tous le monde le réalisait durant le trajet qui nous menaient aux pieds du Palais du Kazekage. Je ne connaissais réellement pas cet homme, mais je comprenais les sentiments de ceux qui m'entouraient, et je comprenais pourquoi Ao Kuroi avait agit ainsi ayant déjà fait la même chose, mais ayant eu la chance de survivre malgré les douleurs les plus atroces qui soient. Et aujourd'hui je comprenais que je ne devais pas regretter mes agissements, et au contraire en être fier.

J'arrivais aux pieds du palais, le Kazekage ce montrait à la foule et d'un seul coup les regards ce remplissaient de nouveau, la pierre tombale de Ao ne ce trouvait pas loin de moi. Le Kazekage commençait son discours, il expliquait, comme je le savais déjà, que Kuroi était un héros, il expliquait ensuite une chose que j'ignore, l'enjeu de sa mort si ce n'est une vie humaine. Il expliquait que Ao Kuroi était mort afin de laisser un village jouir de sa liberté, qu'il était plus qu'un héros, mais un sauveur. Après ces belles paroles, la pierre tombale du défunt fut soulevé par un pilier de terre à trois mètres de hauteur, de façon à ce que tous le monde puisse la voir correctement j'imagine. Une fois la pierre tombale visible de tous, le Kyoshi Rei, dit ces mots qui raisonnèrent dans mon esprit. " Merci Ao Kuroi." Oui merci, après quoi notre Kazekage applaudit, puis nous ne perdirent pas de temps à tous le suivre, ce fut une vague d'applaudissement sincères qui remercia un héros que nous regretterons tous.

La scène était encore très net dans sa tête : « Que voulez-vous que ça me fasse ? ». Bien que seul dans la pièce, il s’était exprimé à voix haute en jetant à terre le message envoyé par le Palais, comme on jetait un mouchoir après l’avoir utilisé. De l’agacement. C’était ce qu’il avait principalement ressenti après la lecture du papier, acte pour lequel il s’était déplacé. Ces derniers temps, Hayato ne sortait plus. Il restait cloîtré chez lui et quand il n’était pas dans son lit, il bossait sur ses marionnettes à son atelier. Il ne sortait que pour se nourrir ou pour ses obligations de Jonin et de « chef d’équipe ». Une vie que certains ne qualifieraient pas de « saine », mais qu’il menait depuis le retour d’Hai no Kuni. Il ne s’y était pourtant rien passé de grave, il n’avait pas subit de blessure particulière, un ennemi avait été vaincu, un Kazekage avait encore mystérieusement disparu, un autre était alors apparu… Non, rien d’anormal dans sa petite vie de Sunajin.

- Ne vous sentez pas obligé, vous vous faîtes du mal pour rien, Yondaime.

Il ne s’était pas fondu dans la masse – pas pressé d’aller admirer une pierre tombale, non non – mais il n’était pas non plus adossé contre un mur, ou posté sur un toit, pour se donner un genre. Non, il était là, sans vraiment être là. Un peu à l’arrière, pas dans la foule, mais tout comme. Ses yeux n’essayaient pas d’apercevoir la tombe, ils étaient rivés sur l’unique orateur des lieux. Hayato avait parlé à voix haute, mais d’une voix à peine audible. Dans certaines situations, la vie pouvait vraiment ressembler à une pièce de Théâtre. Il était dingue de vivre certains moment tout en sachant pertinemment qu’il ne s’agissait que de jeu, de décors, de textes, de mise en scène. C’était une constatation amusante, d’une certaine manière.
Ao Kuroi ? Un shinobi « grotesque », muni de nombreux Jutsu tape-à-l’œil, soldat sans poésie au style dénué de finesse. Voici sous quels traits notre marionnette se représentait le défunt Sunajin, il ne le connaissait que très peu.

En dépit de tout ce qu’il pouvait penser, Ao Kuroi était un Sunajin très puissant. Dur de penser que quelqu’un comme lui ait pu succomber d’une telle manière et c’était peut-être pour se convaincre lui-même de cette réalité qu’Hayato était tout de même venu, dérogeant alors à ses premières intentions. De toute façon, il ne s’éternisa pas sur les lieux. Les funérailles… il n’avait jamais apprécié ce genre de chose et ne comprenait pas trop ce besoin humain de vouloir souffrir de la sorte. Sur le chemin du retour, Hayato eut une petite réflexion par rapport à tout ça. Il savait parfaitement que s’il venait à mourir dans un futur proche, personne ne viendrait pleurer sur sa tombe. Cette idée de ne l’attristait pas particulièrement… De toute façon il serait mort et ne pourrait donc pas le voir, mais à supposer qu’il soit capable d’observer la scène après son trépas, l’idée de voir des gens se morfondre sur le cadavre enterré qu’il serait ne lui plaisait pas du tout.

- Le jour de ma mort, il devrait plutôt y avoir une grande fête, avec de la danse, des spectacles, à boire à manger… C’est le genre d’image que je veux laisser derrière moi.

Mais pour un casanier solitaire, ça paraîtrait plutôt étrange. S’il voulait arriver à un tel résultat, peut-être devait-il recommencer à « vivre ». Si Ao Kuroi avait pu lui permettre d’arriver à cette conclusion, alors venir ici n’avait pas été vain.

Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres, non aujourd’hui c’était le jour ou le Kazekage avait décidé de rendre hommage à un compagnon, un frère d’arme tombé au combat. Son nom ? Ao Kuroi. Cet homme avait été l’ambassadeur du pays du sable à Konoha après l’accord passé entre Kenji et un certain Suguato il me semble… Mais ce n’était pas en exerçant cette fonction qu’il mourut, non ça mort était honorifique, oui, pour la plupart des shinobis, le but et de mourir au combat, le plus tard est évidemment le mieux. Enfin soit, Kuroi avait cet honneur, celui de s’être battu jusqu’au bout pour protéger ces camarades et servir la nation. Il est mort sur le front comme tout grands shinobi et c’est la raison pour laquelle on l’honorait aujourd’hui. Genre trop la classe quoi… Bon il est mort mais j’aimerais qu’on en fasse autant pour moi.

Je retirai vite mes propos, parce qu’en faite c’était pas très joyeux comme commémoration. C’est vrai un discours grave et monotone pour dire des choses qu’au fond tout le monde savait mais que tout le monde avait besoin d’entendre pour vraiment le laisser partir en paix. A la fin le Kazekage lançait une valve d’applaudissement. Je le suivis assez vite, et la foule amasser devant le palais en fit de même. Ouais bon c’était sympa mais voilà, je trouve que ça aurait pu être un peu plus… Festif. Après tout il n’était pas mort pour rien. Au fond la bataille de Ta s’était soldé par une victoire malgré le revers essuyé sur le front. Donc qui dit victoire, dit fête non ? Personnellement c’est comme ça que je voyais la chose. Puis c’est quand je pensais à ça qu’un homme, je ne le reconnu pas de suite pris la parole.

Hayato. C’est bien lui, le Jonin marionnettiste. Ses cheveux bleus ? Ca ne pouvait qu’être lui. Y’en a pas trente six dans le village des gens avec un style pareil. J’avais envie de l’embêter un peu, détendre l’atmosphère qui me paraissait assez trop… Trop tendu oui tant pis j’ai pas d’autres mots… Je me rapprochais de lui. Ces mots transcrivirent la pensée que j’avais depuis le début de cette réunion collective. Le fait de faire une fête plutôt que ça… Mais soit. Je souriais en m’approchant. Et passant ma main par-dessus son épaule en souriant voir même rigolant je lui teins quelque mots.

« T’inquiète pas on sera tellement content que tu sois mort qu’on va décréter une semaine de festivité. Ahah je te taquine Hayato. Enfin tu n’es pas prêt de mourir allons. »

Je lui tapotai l’épaule avant de continuer d’applaudir. L’hommage était fini. Maintenant il fallait continuer de penser à lui. Ne pas l’oublier, surtout, c’était bien la chose la plus importante…