Il s'appelait Hayashi Naota.

C'était un jônin de première classe, il avait été nommé responsable d'une des nombreuses légion de Konoha pendant la guerre. Lors de la seconde bataille, son chemin avait croisé celui d'un Sunajin réputé extrêmement dangereux, et son corps avait fini calciné. On distinguait encore les différents membres dans le cercueil, mais aucun de ceux qui n'étaient venus à l'enterrement ne purent admirer une dernière fois son beau visage, celui-ci étant parti en fumée avec l'attaque dévastatrice de son assassin. Ce n'était pas un jour de deuil national, mais cet homme était réputé pour être bon et loyal envers Konoha.

La cérémonie touchait à sa fin, les gens rentraient chez eux. Ce jour-là, On' n'avait pas eu le cœur à faire autre chose que d'y assister. Parmi les autres personnes présentes, il y avait essentiellement des membres du clans Hayashi, la famille du défunt (en larme), quelques membres de feu le conseil, et des villageois curieux qui s'étaient joints au cortège. Onpu fut l'un des derniers à rester devant la tombe, le calme sonore qui s'installait au cimetière au fur et à mesure que les gens partaient était des plus exquis. Les mains dans les poches et l'écharpe volant au vent, il s'approcha de la stèle de quelques pas et soupira.

Il n'avait rien remarqué, mais quelqu'un était encore là, à sa droite. Il portait des vêtements de nomades et un turban bleu d'où s'échappaient quelques mèches d'un bleu sombre. Le mélomane haussa un sourcil.


-"C'est étrange, lui dit-il en dirigeant son regard à nouveau sur la stèle, je croyais que la plupart des sunajins étaient rentrés à Kaze la semaine dernière."

-"En effet, j'ai obtenu une dérogation pour l'occasion."

-"C'était un ami à vous? Une connaissance?"

-"Pas vraiment, non. En fait c'est moi qui l'ai tué."

On' eut un frisson, puis un mouvement de recul, tournant la tête vers l'individu. Son rythme cardiaque fit un bond. L'homme le fixait, sans rien dire.
Puis il tendit son bras vers lui.


-"Yamada Mateo".

Le musicien eut quelques secondes de blocage, tremblant comme une feuille. Puis il se décrispa, bien qu'en restant plutôt sur la défensive.


-"...On ...Onpu." répondit-il finalement en serrant la main froide.

Une profonde mélancolie hantait ses yeux, et le ton de sa voix n'évoquait pas du tout celui d'un meurtrier.


-"Désolé, je... je suis stupide de flipper comme ça."

-"T'inquiète pas, c'est bien normal. Tu ne l'as peut être pas remarqué, mais ma présence à cet enterrement a mis la plupart des gens très mal à l'aise. J'ai décidé d'arrêter de me cacher, préférant honorer l'âme de ton camarade sans me voiler la face. Assumer."

-"C'est... honorable. Mais il aurait fallu y penser avant, non? Je veux dire... pourquoi l'avez-vous tué, pour commencer?"

-"Parce que j'ai voulu jouer au bon soldat, celui qui ne réfléchit pas. Je fais partie de ces gens-là. Mais rassure-toi, à Suna tout comme à Konoha, il y a des shinobis qui rattrapent mon cas, qui savent penser par eux-même.
Comme ce très cher Ao Kuroi," termina-t-il en haussant la voix et en se retournant.

On' fit volte-face à son tour. Ao Kuroi était bien là, devant le cimetière. Le coeur du Konohajin se serra à nouveau. Depuis quand était-il là? Avait-il suivi toute la cérémonie?


-"Allons, ne sois pas timide, Kuroi. Vient te joindre à Onpu-san et moi."

C'était au tour d'Onpu d'assumer. Il sortit les mains de ses poches, enleva les cheveux qui lui tombaient devant les yeux, et regarda l'ambassadeur de Suna, son ancien adversaire d'un jour, droit dans les yeux. "Désolé", "Bienvenue", "Bonjour", "Pardon"... beaucoup de mots lui venaient à l'esprit, mais il était incapable d'en sortir un seul. La culpabilité maintenait sa bouche fermée à double tour, et il avait le sentiment oppressant d'en avoir égaré la clé.

Des morts, ils y en avaient eu des tas durant cette guerre sanglante, des corps démembrés, brûlés ou bien complètement réduit en poussière. La force d’un shinobis permet ce genre d’atrocités, aujourd’hui une cérémonie comme tant d’autres dans ce village avait lieu. Je me résolu à y aller pour faire bonne figure mais aussi pour voir de mes propres yeux la souffrance que provoquait une guerre. Tuer est un acte qui reste à jamais graver en soit mais aussi dans toutes les personnes proches de la victime, sûrement quelqu’un de respecté au vu des larmes qui s’écoulaient lentement des yeux de certains. Se tenant un peu à l’écart, une cigarette en bouche, j’essayais de me faire petit pour ne pas attirer l’attention et peut être la fougue de certain. Je reconnu facilement l’un de mes camarades qui était de l’autre côté, Yamada Mateo, un shinobis puissant qui est d’habitude plus discret que cela. La guerre peut parfois changer un homme, le démolir ou bien le rendre plus fort encore.

La cérémonie terminée, les personnes présentes partaient au fil des secondes laissant place à un silence très profitable pour moi-même. Qu’est ce que j’aimais le silence, rien ne venait me perturber dans mes pensées, j’étais presque en transe avec le mort plongé sous terre. En face se trouvait toujours mon collègue de Suna et un autre individu qui m’étais familier. Après plusieurs secondes de réflexion je retrouvai le lieu ou j’avais rencontré cet homme, sur le champ de bataille. Un shuriken bien placé et une technique très spéciale pour un envoie direct à l’hôpital, ce mec là n’était pas à prendre à la légère et n’avait pas l’air de posséder une certaine haine en lui. Je le voyais discuter avec Mateo, sans doute fut il surprit de voir l’assassin de cette victime présent ici. J’entendais à peu près tout ce qu’ils se disaient, ce fut donc rapidement que je m’approchai d’eux et fut découvert par mon ancien adversaire. Le regard un peu vide, je ne fixais même pas ce fameux Onpu. Je finis par regarder Mateo dans les yeux, le tour d’Onpu viendra après.

-"Tu es toujours aussi calme à ce que je vois Mateo, tu sais très bien que ta présence ici n’était pas souhaité mais tu as quand même eu le culot de venir… C’est bien pour eux de te voir ici, tu as bien fais."

-"Je lui devais bien ça, ce gars était très fort et j’ai rarement eu autant de mal dans un combat, l’honorer me paraissait logique."

Je reconnaissais bien là le caractère de mon ami, toujours prêt à se battre, il est aussi le premier à venir s’excuser auprès des familles du défunt. Il ne fait que défendre son village, obéir aux ordres et se retrouve donc dans des situations délicates quand on lui demande pourquoi il fait cela. La vie d’un shinobis est remplie d’interrogation mais ne vous souciez pas de ce que pense les autres, suivez votre chemin, c’est la seule vérité. Pour ne pas faire l’ignorant, je m’adressai à présent à mon ancien adversaire et nouveau camarade, le regardant à son tour dans les yeux, je m’approchai de lui pour lui serrer la main.

-"Je suis heureux de pouvoir enfin te serrer la main, on n’en a pas eu l’occasion la dernière fois, c’était un peu plus mouvementé disons. Je suis désolé pour ton ami, la guerre a fait de nombreuses victimes dans nos deux camps et je suis ici pour éviter un nouveau massacre. Venez avec moi, j’ai trouvé un endroit un peu plus accueillant pour discuter, un petit verre ne nous fera pas de mal je pense."

Je me retournai après avoir lâché la main du shinobis de la feuille, je pense avoir eu la bonne attitude envers lui et ne l’ai pas trop mit mal à l’aise. Juste avant ce cimetière se trouvait un bar assez spécial et sûrement spécifique à Konoha. Une enseigne extérieur, plusieurs tabourets posés devant une longue planche où était servie boisson en tout genre. Ainsi tous les trois pourraient parler plus simplement et cela rendrait la conversation plus simple pour tout le monde.

Un profond soulagement généralisé. La poignée de main, l'ambiance détendue entre Kuroi et Mateo, le fait qu'il n'aie gardé aucune rancune... il n'y avait que des bonnes nouvelles. Sa proposition de se déplacer dans un lieu plus tranquille était alléchante; sans dire un mot, il acquiesça. Il était toujours un peu crispé, hélas la culpabilité s'évapore rarement en un claquement de doigt. Il avait failli lui répondre quand il était question de Naota, mais il préféra se taire; il ne valait mieux pas qu'il parle de lui, car il ne l'avait connu qu'en tant que collègue de la Racine, or la Racine n'était en aucun cas sensée exister.

Pendant qu'ils suivaient Kuroi, Mateo adressa un regard intéressé au luthier.


-"Vous vous connaissez?"

-"Oui, c'est... compliqué. Je l'ai ... je l'ai blessé, enfin... je lui ai fait du mal à Kawa."

-"Tiens donc, c'est inouï."

-"Euh, je..."

Un moment d'hésitation, pour finalement avorter sa phrase. Il réalisa qu'il était sur le point d'essayer de se justifier, mais le fait de replonger son regard dans les yeux opaques de Mateo lui rappela qu'il fallait assumer. Le nomade resta silencieux, On' aussi. Ils arrivèrent à l'adresse où Kuroi voulait les emmener, en poussèrent les portes. Une modeste auberge aux décors accueillants et aux canapés confortables. Pendant un bref instant, les yeux de quelques clients se tournèrent vers eux; les plus engagés politiquement avaient dû repérer le visage de l'ambassadeur, et les plus curieux celui de l'assassin de Naota. Leur regard n'était pas nécessairement malveillant, mais il reflétait tout de même une certaine appréhension. L'endroit n'en restait pas moins accueillant.
On' fut le dernier à s'asseoir. Une fois installé, Mateo avait commencé à sortir une pipe et à la bourrer de tabac. Comme Suguato, tiens. Il était plus à l'aise que le Konohajin, et donc plus à même de relancer la conversation.


-"Alors Kuroi. Comment ça se passe pour toi? Le nouvel Hokage t'inspire-t-il confiance?
Onpu-san, quel est ton opinion sur lui?"

-"Euh... à vrai dire, il a été mon sensei pendant un temps. Au début je le trouvais vraiment très louche comme bonhomme, mais avec le temps j'ai fini par comprendre qu'il savait vraiment ce qu'il faisait. J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi il a voulu dissoudre le conseil aussi rapidement, j'imagine que c'est une décision commune entre lui et le Kazekage et sur le principe je ne suis pas contre, mais il ne s'est pas fait que des amis en faisant ça le jour de sa nomination."

Il remarqua qu'il monopolisait un peu la conversation, il faisait souvent ça quand il était gêné. Son regard se tourna vers Kuroi.


-"Pas... pas trop noyé dans la paperasse alors?"

C'était la première fois qu'il lui adressait directement la parole, et c'était pour lui dire une telle banalité. Il se sentit profondément superficiel et inintéressant.

Les trois breuvages arrivèrent. Les Sunajins avaient tous les deux pris un Sake, Onpu devait passer pour une fillotte avec son thé du Sud. Mais non, ces deux-là n'avaient plus de préjugés sur les Konohajins, ils ne pouvaient difficilement en avoir sur des choses aussi futiles.
On' pencha la tête. Le métier d'ambassadeur était peut-être moins fastidieux que ce qu'il pensait, en fin de compte. Puis vint la question de Mateo.


-"Shiajin Suguato... est un scientifique. Un chimiste. Un chercheur. La plupart des chercheurs sont un peu excentriques, mais souvent les plus excentriques se trouvent être de véritables génies. Vous pouvez avoir confiance en lui, croyez-moi.
Alors certes, la dissolution du conseil va être une grosse épine dans son pied, là-dessus on est d'accord. La population va être un peu divisée, et ça va être sacrément tendu à gérer pour tout le monde. Mais à mon sens cette décision s'inscrit quand même dans une certaine logique."

Il s'arrêta un instant, souffla un peu sur son thé brûlant, et en but une gorgée. Au fond, il savait que Suguato profitait probablement de ce brusque changement politique pour satisfaire sa curiosité scientifique et mener une "expérience" en regardant comment le peuple allait évoluer, mais ça il valait mieux le garder pour lui. D'autant qu'après tout, il était simplement impossible de savoir ce qui pouvait se passer dans la tête du yondaime.


-"Tu prétends que créer ce clivage entre les Konohajins faisait partie des plans du Kazekage pour "réveiller" les villageois de la feuille?" lui fit Mateo avant de replonger son souffle dans sa pipe.

-"Quoi? Non, non. Enfin... oui et non. J'en sais rien en fait, je ne m'intéresse pas assez à Raiu no Kenji pour essayer de deviner ce qu'il pense. Ce que je voulais dire par là, et c'est là que vous avez en partie raison, c'est que le fait de supprimer le conseil a de grandes chances de donner plus d'influence au peuple directement. Pour le meilleur et pour le pire.
Cela dit, j'ai bon espoir. Les vrais rancuniers envers Suna sont minoritaires, j'ose espérer que globalement les Konohajins ont tourné leur regard vers Hai no kuni. C'est là-bas que la vraie guerre va commencer."

-"Makka... c'est juste. Mais ne penses-tu pas que le fait de donner plus de pouvoir au peuple provoquera une sorte de chaos?"

-"Non! Je ne pense pas. Je suis convaincu qu'en l'absence d'un groupe de dirigeants, les Konohajins commenceront à prendre des initiatives, sous l'impulsion de quelques motivés. D'une certaine manière, la suppression du conseil revient un peu à repartir de zéro, à pousser les shinobis à se prendre en main et monter leurs propres projets. À terme ça ne pourra qu'apporter de bonnes choses au pays du Feu, voire aux autres pays du continent si ça tourne bien.
J'ai moi-même quelques projets en tête, et je pense être capable de me donner les moyens pour les mener à bien."

Mateo ne répondit pas. Il se contentait de fumer lentement sa pipe entre deux gorgées de Sake. En plongeant délicatement les lèvres dans son thé, il comprit qu'il était probablement un peu trop idéaliste. Mais il se demanda ce qu'Ao en pensait.


-"Tu es d'accord avec moi, Kuroi?
Euh... au fait, ton prénom c'est Ao, ou Kuroi? J'ai encore du mal à comprendre, navré."

Enfin voilà mon saké qui arrivait tranquillement devant moi, mon camarade de Suna me suivie sur ce coup là tandis que Onpu avait décidé de déguster un thé. Chacun ses goûts, je n’étais pas du genre à m’attarder sur des détails pareils, la conversation du shinobis de la feuille était beaucoup plus intéressante. J’en apprenais pas ma grâce à lui, Suguato un scientifique… ça ne m’étonnais même pas, ça manière de parler et de voir les choses étaient inévitablement un processus bien réfléchie que seul un être doté de logique pourrait concevoir. Au final il me demanda si moi-même j’étais d’accord avec lui, mon avis devait l’intéresser sur ce point voilà pourquoi je me résolu à lui répondre.

« Kenji n’est pas un scientifique comme Suguato, c’est quelqu’un de très fourbe je dirais qui n’a pas peur de prendre des risques. Pour ma part je pense que ça façon d’agir et sa façon d’être est aussi un risque en soit, laisser la parole au peuple n’est pas sans conséquence. Pour ce qu’il cherche à provoquer en faisant cela, je n’en ai pas la moindre idée et je ne dois pas être le seul. »

« Ouai ça c’est sûr, Kenji n’est pas quelqu’un avec qui tu peux parler dans la rue normalement mais bon, ça reste quelqu’un de très protecteur et je sais que Suna est dans de bonnes mains avec lui. »

Je commençai à boire quelques gorgées de mon délicieux saké, il n’avait rien à avoir avec celui de Suna mais possédait quand même un arôme bien à lui. Une cigarette à côté, je ne me laissais pas tenter par ce vice qu’était le tabac. Sentant la pipe de Mateo, cela devenait de plus en plus dure de résister.

« Ao, car oui c’est son prénom, dit il en regardant Onpu, crois tu que la guerre avec Makka va permettre un rapprochement des nations. Je veux dire, Suna et Konoha se sont ralliés justement pour tenter de vaincre Makka, Kiri et Kumo feront ils de mêmes après leur conflit dévastateur ? »

« C’est souvent après beaucoup de malheurs qu’on se rend compte de nos erreurs et qu’on voie les choses différemment. Suna et Konoha ont réussit à trouver un terrain d’entente malgré leurs profondes différences, pour avoir rencontré certains ninjas de Kiri, je dirais que cela va être plus compliqué. Ce sont des êtres avides de combat et de sang, la dernier que j’ai rencontré me fait encore froid dans le dos rien que d’y repenser. Mais bon, les gens changent avec le temps, le Kage est un personnage important dans un village mais si les shinobis sont en désaccord avec lui rien ne marchera. »

J’entendis un léger bruit derrière moi, la haine rongeait encore ce village et j’étais sûrement leur cible préféré. Je me retournai doucement pour apercevoir un petit garçon qui me regardait avec un grand sourire, c’est à ce moment là que je me suis rendu compte de quelque chose de très important. Je lui souris, me retourna et prit la parole de nouveau.

« Il faut réussir à voir plus loin que le bout de son nez, ce qui est important n’est pas ce qu’il se passe aujourd’hui mais bien ce qu’il y aura demain. Il faut tout d’abord penser aux jeunes ninjas de nos village, leur avenir c’est nous qui allons leur définir. Le Kazekage veut sans doute faire prendre conscience à Konoha que Makka est aujourd’hui la plus grande menace que nous ayons. »

« Mouai… moi je ne sais pas trop qui a raison dans tout cela, mais je sais que la haine ne part pas comme ça et qu’elle existera toujours chez certains. As-tu déjà perdu un être important à t’es yeux Onpu ? Sais tu ce qu’est la souffrance, la vraie souffrance ? »

-"Ah, ça... ouais, j'ai perdu mon grand-père quand j'étais môme. Ha ha."

Le luthier appréciait ce moment autour d'un verre. L'ambiance était loin d'être malsaine, et les deux individus lui inspiraient confiance, même l'odeur du tabac qu'il abhorrait commençait à lui paraître agréable. Aussi, son confort se manifestait sous la forme d'un certain humour noir. Il ne mit cependant pas longtemps à se rattraper.

-"La vraie réponse est non. Je vis sur un petit nuage. Enfin... Raiu no Kenji a assassiné Hyô Misory, et notre ami Mateo a arraché la vie de Hayashi Naota. Ça m'a pas mal brassé, surtout pour Misory, mais je n'ai jamais ressenti chagrin ni souffrance.
Je redoute juste le moment où ça me tombera dessus, le jour où j'apprendrai que les membres de mon clan à Ta no kuni ont été exterminés jusqu'au dernier par des partisans ou un autre groupe de fous dangereux. Là, peut-être que je goûterai à la haine."

Mateo ferma les yeux, buvant les paroles d'Onpu en même temps que ses dernières gorgées de Sake.

-"Je ne te le souhaite pas, mais le jour où quelque chose de semblable arrivera... Vous autres Konohajins possédez une valeur très honorable que vous appelez la volonté du feu; en te l'appropriant, tu devrais trouver la force pour te relever et continuer de protéger ceux qui te sont chers."

-"Je vous arrête tout de suite, je ne crois pas vraiment à cette histoire de volonté du feu, pour moi c'est juste de la déco. Même si ça part d'un bon sentiment, à mon sens ce n'est pas ça qui fait la différence entre un shinobi valeureux et un soldat de base."

-"Qu'est ce qui la fait alors selon toi?"

-"Une somme de paramètres. Par exemple, la faculté à rester lucide et réfléchir en toutes circonstances. Le shinobi qui sait analyser a plus de chances de survie que celui qui dégueulera des ninjutsus de zone à la moindre occasion."

-"Tu t'éloignes du sujet, Onpu-san... de plus cette lucidité dont tu parles n'est pas incompatible avec la volonté du feu. Ce que tu appelles "Déco" est parfois tout ce qui te reste sur le champ de bataille, quand l'ennemi t'a ôté tes précieux outils d'analyse."

Voilà qui cloua le bec au musicien. Il se réfugia dans sa tasse de thé, penaud. C'était vrai, ce pragmatisme ne lui allait pas du tout. On' était un rêveur, un musicien, mais il désirait également acquérir la même rigueur scientifique que Suguato. Au final, il comptait peut-être trop sur ses "outils", et négligeait le mental, sa faiblesse d'humain. Cela causerait peut-être sa perte dans un futur proche.

Mateo vit que le Konohajin était un peu perdu. Il sourit, et prit une gorgée de fumée de pipe.

-"Choisis-toi un ennemi grand, cela t'obligera à grandir pour l'affronter.
C'est Makka qui nous attend, nous avons tous les trois de gros progrès à faire, mes bons amis."

Il se leva lentement, et sortit quelques ryos de sa poche, assez pour payer les trois boissons.

-"Vous reprenez la route?"

-"Elle est longue, je n'ai pas de temps à perdre. C'était un plaisir de bavarder avec vous deux, j'espère pouvoir me battre à vos côtés quand le temps sera venu."

En adressant un sourire à cet homme qui venait de soulever en lui beaucoup de questions qu'il ne s'était jamais vraiment posées, le luthier prit mesure de la chance qu'il avait d'avoir ses deux jambes pour courir et ses deux bras pour former des mudras. Il comprit qu'il ne pouvait pas se permettre de brandir des théories comme "il suffit de réfléchir un peu pour ne pas mourir", que la réalité était bien plus complexe, et qu'il n'en comprenait rien parce qu'il avait été luxueusement épargné sur bien des plans.

-"Je l'espère aussi", répondit-il humblement.

Ao était toujours là, serein.

On’ avait lui aussi connu la souffrance, même si elle était différente de la mienne, on avait quand même tué certains de ses amis et cela ne pouvait pas disparaître en claquant des doigts. Dégustant mon verre de saké, je levai la main pour en demander un autre au serveur qui très amicalement me l’amena immédiatement et me dit, c’est offert par la maison. Mon statut d’ambassadeur intimidait peut être certains commerçant ou bien cela devait il être perçut comme un signe de bienvenu. Ne pouvant refuser ce somptueux présent, je fis un signe de tête pour le remercier, ce bar me plaisait déjà beaucoup. Ne faisant pas très attention à mes deux camarades, j’entendis seulement la fin de la conversation, choisis-toi un ennemi grand, cela t’obligera à grandir pour l’affronter. Mateo était vraiment une personne très sage, on sentait dans sa voix une confiance hors pair chez ce shinobis et cela devait se sentir quand on l’affrontait.

Quelques ryos furent posés sur ce qui servait de repose tête quand l’alcool montait trop vite à la tête, mon camarade de Suna se leva et quitta la zone après quelques remerciements. Ne voulant pas le laisser partir de cette façon j’attrapai son bras quand celui-ci arriva près de moi.

« Fait attention à toi Mat, nous sommes en paix mais la haine est toujours présente et j’ai l’impression qu’elle le sera tout le temps… Je commence à perdre espoir mon ami… »

Sans même me regarder, il m’adressa quelques mots, je ne le savais pas encore mais ça allait être les dernier que j’entendrai de sa bouche.

« Garde la foi Ao, tu es l’ambassadeur de Suna, tu te dois de croire en les shinobis sinon qui le fera ? Tu as maintenant de grande responsabilités ne l’oublie pas, apprend à te comporter comme tel. A bientôt mon ami »

S’en allant tel un vagabond, Mateo se dirigeait vers le cimetière, sûrement avait il encore quelque chose d’important à faire. Je restais à présent seul avec On’, si seulement tous les ninjas du village pouvait être comme lui, ça arrangerait bien les choses. Sans dire un mot j’attrapai mon second verre de saké pour me désaltérer, on pouvait encore sentir l’odeur de la pipe de Mateo qui surfait sur la légère brise de Konoha.

« Alors On’, qu’elle est la suite des évènements selon toi ? Pour être franc avec toi, je sais pas vraiment pourquoi je suis dans ton village, servir d’intermédiaire de communication, c’est franchement pas le top comme job. Plus que l’homme, c’était l’alcool qui parlait à présent. Autant te dire que je vais tenter de rencontrer un maximum de ninja de la feuille histoire de faire quelques connaissances. Pense tu qu’il y a des personnes que je dois absolument rencontrer ? Des shinobis ou bien des dirigeants au dessus du lot ? »

J’avais beau être ambassadeur, je ne connaissais presque rien de Konoha et quelques infos m’aideraient grandement dans ma tâche. C’est lorsqu’on combat quelqu’un qu’on apprend à le connaître, avec On’ j’avais réunis tous les éléments adéquate pour avoir sa confiance. Un combat sans pitié et un bon verre de saké, deux lieux différents mais pourtant si important.

« Ha au fait j’ai oublié de te demander, est ce que certaines personnes sont plus dangereuse que d’autre ici… Non pas que j’ai peur hein, mais bon, il faut connaître ses amis mais encore plus ses ennemis, je pense que tu me comprends haha. »

« Je te laisse réfléchir, mais je vais te quitter en te donnant une piste : des travaux de reconstruction du temple de Kyuubi auraient dû être lancés il y a quelques temps, or ils n'ont jamais commencé. Ce n'est peut-être pas la priorité absolue avec Makka et tout, mais ce temple était un symbole. Le fait de le voir reconstruit permettra peut-être aux villageois de repartir plus facilement sur de nouvelles bases.
Alors là pour le coup, tu risques de nager un peu dans la paperasse, et Suguato a sûrement ses petits plans sur le sujet, mais si tu lui en parles et que tu te montres intéressé, tu marqueras des points ! » termina-t-il avec un sourire malicieux.

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